Ce recueil offre 4 amours sorcières, 9 amours contrariées, 5 trahisons et 2 amitiés.
Dans ces 20 nouvelles parfumées aux senteurs de l’Orient, Tahar Ben Jelloun dévoile les pans de l’identité culturelle du Maroc : ses mœurs, ses tabous, ses superstitions, ses mille et une dispositions pour faire disparaître le mauvais œil, ses M.A.T (maladies amicalement transmissibles), l’hypocrisie générale et la corruption.
5 histoires m’ont réellement marquée :
- L’amour sorcier… Hamza, célibataire endurci tombe amoureux de Najat, n’arrive pas à se débarrasser d’elle comme toutes les autres. Son ami Abdeslam n’y voit qu’une raison : il a été envoûté par Najat.
Dans cette histoire, je n’ai pas été marquée par l’intrigue mais plutôt par le caractère excentrique de Najat. Elle donne un côté intellectuel aux positions sexuelles ! On l’imagine en train d’y réfléchir sérieusement et moi ça m’a fait beaucoup rire. J’ai aussi aimé le regard posé sur les femmes célibataires :
Dans ce pays bien-aimé, il n’y a pas de place pour une femme libre ; ici tu es une maman ou une putain !
- Séduction… Une femme cérébrale a besoin pour être séduite d’un conteur, un fabuleux diseur d’histoire. J’ai apprécié cette histoire pour la poésie qu’elle dégage et sa chute brutale et inattendue.
- Tricinti… Nour Eddine, un employé de la RADE, pour arrondir ses fins de mois décide d’escroquer un village qui réclame de l’électricité. Il est escroqué à son tour et de la pire des façons. J’ai apprécié l’allure de conte et l’humour que dégage cette histoire.
- L’enfant trahi… un enfant s’adresse à son autre, un adulte qui veut mourir en martyr. Cette nouvelle m’a ramenée à toutes ces fois où j’ai trahi l’enfant en moi, en lui faisant suivre une trajectoire qui brisait ses rêves.
- Naïma et Habiba… Deux femmes, l’une est borgne, l’autre a la maladie de Charcot, l’une est au service de l’autre… Cette histoire est une très belle leçon sur l’amitié et le courage.
Le courage c’est surtout le fait d’accepter ce qui arrive. Accepter, ne pas nier, vivre malgré tout.
Il n’y a pas eu que des coups de cœur, j’ai eu un coup de pied pour une histoire et devinez comment elle s’appelle ?
Pantoufle !
C’est l’histoire d’un homme qui aime ses pantoufles achetées lors d’un de ses voyages en France, des pantoufles qu’il ne retrouve jamais au même endroit. Il décide donc de ne plus se séparer de ses pantoufles et se rend dans un magasin de maroquinerie demander un cartable de la taille de ces pantoufles.
Quelle est la valeur ajoutée de cette histoire ? 0 J’ai réellement perdu 5 minutes de ma vie en la lisant.
En somme, j’ai apprécié moyennement ce recueil. Certaines histoires m’ont ennuyée parce que j’avais l’impression que c’était l’histoire qui les précédait mais sous une autre forme.
Ce livre a de belles citations que j’ai pris plaisir à noter :
L’amour est si rare que lorsqu’il nous atteint, il ne faut pas s’économiser, il faut s’y donner corps et âme.
Tu as appris que le monde est compliqué, que les mots ne disent pas ce qu’ils devraient dire et signifier.
La musique n’adoucit pas toujours les mœurs comme on dit, mais elle contribue à éduquer l’oreille de l’homme.
Ce que fait l’homme à l’homme, aucun animal, aussi féroce soit-il, ne peut le faire à un autre animal.
On écrit rarement sur la fidélité, la bonté, la paix… En revanche le mal est un allié essentiel de la littérature ; elle en a besoin ; on pourrait dire que ça stimule l’écrivain.
Cette citation m’a interpellée. Le mal ne stimule pas seulement l’écrivain mais le lecteur. Combien de fois blâme-t-on l’écrivain quand il décrit un monde radieux, paisible ?
Un recueil de nouvelles ne devrait pas comporter plus de 10 histoires, je trouve que ça l’alourdit, modifie le caractère de la nouvelle qui est censée être brève. Et vous, qu’en pensez-vous ?
Auteur de Chimères de verre
J’aime bien tes analyses.
Ca fait plaisir de voir des lecteurs qui prennent du temps déjà pour lire (on devrait toujours avoir du temps pour s’évader entre les lignes) et mieux encore, qui passe chaque phrase à la loupe.
Ceci dit, selon toi, combien d’histoires doit avoir une nouvelle pour ne pas paraître lourd?
Selon moi 10 ca va si les histoires ne s’étendent pas sur des pages kilométriques.
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10 également pour moi si les histoires ne font pas plus de 30 pages. Si les histoires sont très courtes alors on peut faire plus de 10. Je pense qu’il faut surtout garder l’esprit de la nouvelle et ne pas le transformer en roman. Merci d’être passé 🙂
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