Publié dans Arrêt sur une oeuvre

De l’autre côté du regard

Ken Bugul aime la vie ; ce sentiment simple, enveloppant, gouverne « De l’autre côté du regard » et lui confère une aura singulière.

Dialogue subtil entre une fille et sa mère morte, le roman se déroule comme une prière amoureuse où les membres d’une famille sont tour à tour requis, interrogés, décrits, aimés pour ce qu’ils sont. Au-delà de ce que chacun a pu donner ou prendre aux autres, seule compte leur vérité propre, leur trajectoire dans une vie qui se prolonge après la mort, de l’autre côté du regard.

De l'autre côté du regard

Après avoir lu Riwan ou le chemin de sable qui m’a beaucoup intriguée, j’ai voulu connaître  un peu plus  Ken Bugul.

J’ai eu plusieurs retours positifs concernant  Le Baobab fou mais il était indisponible à la FNAC. Sur l’étagère réservée aux livres de l’auteur se trouvait De l’autre côté du regard. La quatrième de couverture étant assez intéressante, j’ai quitté la FNAC avec cette oeuvre en main.

J’ai pris mon temps pour lire cette œuvre parce qu’elle a l’allure d’un long poème qui demande à être analysé, déchiffré.

Je me suis attardée sur chaque phrase pour ressentir chaque mot de la narratrice, pour faire mienne son expérience de petite fille ayant vécu loin de sa mère.

La narratrice décrit la femme qu’elle est : une femme qui a toujours été en manque de l’affection de sa mère ; une femme jalouse de sa nièce qui devrait être la petite-fille de sa mère mais  fut autre chose pour elle !

Ma mère ne m’avait pas beaucoup parlé.

Ma mère ne parlait qu’avec Samanar.

Moi,  ce que je voulais c’était ma mère.

Je voulais que ma mère s’occupât de moi.

Ce que je voulais, c’était détourner ma mère de ma nièce Samanar.

Ce que je voulais, c’était avoir ma mère à moi, enfin.

La narratrice s’interroge sur les raisons qui ont poussé sa mère à l’abandonner sur le quai d’une gare et sur l’amour que cette dernière éprouvait pour elle.

Quand survient la mort de sa mère, les interrogations de la narratrice s’intensifient. Le souvenir de sa mère la hante davantage. Une nuit, au cours d’une  pluie, elle a l’impression d’entendre la voix de sa mère.

Le monologue de la narratrice fait place à un doux murmure, un doux dialogue entre mère et fille…

J’ai aimé lire cette confidence familiale, ce regard porté sur le lien entre une mère et  sa fille, un frère et une sœur, une tante et une nièce…

Moi qui avais vécu la plus grande partie de ma vie sans les miens !

Sans communication, sans complicité.

Sans vécu, sans histoire commune.

Une famille à laquelle j’appartiens, mais qui n’est pas vraiment ma famille.

Comme je le veux !

Je n’ai pas senti les odeurs de la nuit avec ma famille.

Je n’ai pas vécu les moments essentiels avec ma famille.

J’ai jeté un regard vers les miens et j’ai compris que j’étais riche de nos communications, de notre complicité, de notre vécu, notre histoire commune. Ce livre m’a rappelé combien être entouré des siens est si important !

L’histoire est linéaire, les rebondissements sont inexistants mais cela n’empêche pas de  passer un bon moment de lecture. Le ton de la narration rend l’histoire très prenante.

J’ai aussi apprécié les notes d’humour de Ken Bugul.

 

Je n’aime pas la plaisanterie. Elle est souvent de mauvais goût.

Tout le monde ne sait pas plaisanter, à mon avis.

Il faut allier intelligence, finesse d’esprit, raffinement et générosité pour plaisanter.

Une plaisanterie doit faire rire et non faire ricaner.

Avez-vous déjà lu Ken Bugul  ? Lequel de ses livres avez-vous préféré ? 

Quelle autobiographie vous a marqué dans votre parcours de lecteur passionné ?

Auteur :

En décembre 2014, j’ai publié mon recueil de poèmes «Chimères de verre» aux Editions Edilivre. En 2015, finaliste au prix Littérature et musique 2015 organisé par les éditions Souffle Court, je deviens co-auteure du recueil de nouvelles «Une nuit avec Baker » En 2017, mon 1er roman "Tristesse au paradis" voit le jour aux éditions Vallesse et me permet d'avoir plusieurs prix dont le Prix Horizon 2018. Je lis, j'écris et je n'oublie pas de vivre !!!

3 commentaires sur « De l’autre côté du regard »

  1. Je n’ai encore rien lu de Ken Bugul et je compte bien commencer pass  » De l’autre coté du regard ». Dites, est ce un genre autobiographique?

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