Mes copines bloggeuses/youtubeuses noires francophones ont décidé de faire un calendrier de l’Avent pour les fêtes de fin d’année !
Chaque jour, vous aurez droit à un article sur la beauté, la mode, le lifestyle …
https://www.myadvent.net/calendars/?id=c4de064e65c3b435beec3eb7f772e298
J’ai d’abord voulu vous présenter une histoire romantique mais ma Muse a décidé de travailler sur le chapitre 4 d’Anémone. (c’est elle la boss) Vous pourrez lire les chapitres précédents ici
Anémone – Chapitre 4
Je suis l’illustration du jour et de la nuit depuis quatre mois, quatre longs mois. Souriante, à l’école maternelle et sombre quand je rentre chez moi.
« La femme sera toujours la matrice et le berceau, mais jamais le tombeau »[1] L’auteur de cette phrase ne m’a pas connue sinon il n’aurait jamais écrit ça.
Pourquoi mon ventre ne veut pas conserver la vie ? Pourquoi de mes entrailles, il ne sort que le néant ? Qu’ai-je fait de mal pour ne pas mériter d’être une mère ?
Ce soir, je ne cuisine que pour lui. Sa table apprêtée, je pars m’étendre sur mon lit, les yeux fixés sur le plafond.
Il est entré et m’a rejoint sur le lit. Il m’oblige à le regarder, je ne peux m’empêcher de penser à ses yeux, ses lèvres dont nos petits auraient hérité. Il est tellement beau mon Lary, sa progéniture doit être assurée. Si je ne suis pas en mesure de le faire, une autre doit le faire.
- Je comprendrai si tu envisages d’avoir un enfant d’une autre
- Je t’arrête tout de suite…
- Ton nom ne doit pas s’éteindre. continué-je. Ta famille ne doit pas remettre en cause ta virilité. Tu ne dois pas te priver du bonheur d’être père parce que ta femme ne peut pas remplir son devoir.
- Mais ce n’est pas ça qui me rend heureux, Jany ! Ce qui me rend heureux c’est de t’avoir à mes côtés, savoir que tu m’aimes.
- Ce n’est pas ce qui te rend heureux ? Arrête de raconter des mensonges, Lary. Ne me fais pas croire que tu es trop romantique, trop amoureux au point de ne pas vouloir d’enfant. répliqué-je le regard incrédule
- Ce n’est pas ce que j’ai dit.
- Oui et ce que tu dis n’est point la réalité. Bref ! Je ne pourrai pas assurer ta descendance, Lary. J’espère que…
Il se dirige vers la salle d’eau, claque la porte. Je fonds en larmes. Il n’y a personne pour porter ma peine.
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Le temps s’écoule sans la moindre considération à mon égard. Il continue son chemin sans prendre la peine de cicatriser ma blessure de femme, d’effacer mon insatisfaction, ma frustration. Avec Lary, la communication est quasi inexistante, j’ai tellement honte de lui parler après avoir perdu ses enfants. Il souffre de me voir si triste, moi je souffre de ne pas lui donner d’enfant.
A l’école, nous préparons la fête de Noel. J’apprends à mes bouts de chou à faire des décorations pour le sapin de l’école. Ils attendent impatiemment leur cadeau. Je me surprends à attendre moi aussi un cadeau du Père Noel…
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Le marché d’Adjamé grouille de monde, difficile de se déplacer parmi les étals. Les Abidjanaises préparent ardemment leurs fêtes de fin d’année, le sourire vissé aux lèvres. Victuailles, tissus, chaussures, sacs à main, cadeaux pour enfants, elles tentent de négocier puis capitulent. A Noël, le client n’est plus roi.
Des enfants portent leurs courses en échange de pièces de monnaie. Des enfants qui n’auront pas de cadeau de Noël pour la plupart. Deux d’entre eux m’abordent, ils doivent être frère et sœur. Ils veulent porter mes sacs. Il n’y a presque rien à l’intérieur : une nappe à motifs boule de Noël, des mètres de lin blanc mais je n’ose pas leur dire non. Un marchand de poki passe à côté de moi. Je l’arrête, lui demande de servir l’équivalent de 200 francs à chacun. Je leur offre, ils hésitent. Je leur dis que le père Noel m’a demandé de leur offrir des glaces et de les couvrir de cadeaux aujourd’hui. Ils ne me croient pas. « Le Père Noël n’existe pas » affirme la fille qui semble être l’aînée. « Il ne nous a jamais donné de cadeaux » renchérit le garçon. Je me retiens pour ne pas verser des larmes. Je leur demande leurs prénoms.
- Naty et Fofié, c’est parce qu’il ne vous a pas oubliés qu’il m’a demandé de venir cette année. Il va vous donner plein de cadeaux. déclaré-je avec un immense sourire
Comme ils ne me croient pas, je leur demande d’entrer dans un magasin de jouets. Fofié se précipite pour y entrer, est stoppé dans son élan par sa sœur. Ce qu’elle exprime me fend le cœur.
- Nous, on a plus besoin de manger que d’avoir des cadeaux. Pourquoi, tu pleures, tantie ?
- Vous êtes les seuls êtres au monde qui ne doivent manquer de rien. réponds-je la voix étranglée Que voulez-vous manger ?
- Du lait, du riz, du sucre. Maman nous fera la bouillie. répond spontanément Fofié. Et du poulet ! On n’en mange plus depuis la mort de papa.
Depuis quand ? Ai-je envie de demander mais les yeux embués de larmes de Naty me défendent de parler. Nous entrons dans une supérette. J’y achète les vivres ainsi que quelques biscuits. Nous partons également au Forum acheter un poulet. Ils me racontent leurs journées au marché durant le trajet. Ils me disent qu’ils vont prier pour que Dieu me bénisse. Dans mon cœur, je Lui demande de veiller sur eux ainsi que sur tous ces enfants qui vivent comme eux…
*C’est Noël, n’oublions pas les démunis, les orphelins, les veuves. Nul n’a le droit d’être heureux tout seul….
[1] Citation de Khalil Gibran
Coucou Grâce merci de nous rappeler que la vie peut être parfois injuste et que certains n’auront pas le luxe de voir la magie de Noel de la même façon que d’autres et qu’il est important de ne pas les oublier , je retiens aussi le sens du partage de tes mots bisous 🙂
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Merci ma belle, contente que mes mots aient eu du sens pour toi. Gros bisous et Joyeux Noël !
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Hello, encore un beau texte. C’est un bon témoignage de nous rappeler qu’il y a autre chose que les cadeaux, que tout le monde n’a pas cette chance pour Noël…
Bisous
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Oui, merci ma belle. Ton passage me fait chaud au coeur
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