Roman concourant au Prix des Auteurs Inconnus 2019, catégorie « littérature blanche »
La flûtiste renommée Albane de Morange a tout pour être heureuse : un homme qui l’aime et qui partage sa passion, un appartement chic à Paris, une vie réglée comme du papier à musique. Si elle n’a pas d’enfant, c’est pour une raison bien précise : cette raison même qui fait qu’elle a rompu avec la famille de Morange il y a plusieurs années.
Le jour où, en plein concert, la musicienne frôle la mort, son monde intérieur est bouleversé. Albane éprouve le besoin de renouer les liens, et surtout de régler ses comptes avec les acteurs de ce passé douloureux qu’elle n’a jamais eu le courage d’affronter.
J’ai l’habitude de donner mon avis en commençant par le fond mais ce roman m’intime l’ordre de changer l’habitude.
La plume de Frédérique Hoy est très travaillée et nous rappelle que l’écriture est un art. Chaque phrase est ciselée, soutenue par la poésie. Peut-on d’ailleurs se passer de poésie lorsque l’âme tourmentée décide de s’épancher ?
L’auteure l’a bien compris et cite un vers de Baudelaire dès les premières pages :
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Douleur, mélancolie, sombre, triste sont les maîtres-mots de ce roman. Il y règne une atmosphère lugubre qui amène un malaise durant la lecture.
L’hiver qui me traverse et qui ne me quitte plus, j’apprends à faire sa connaissance : c’est le signe de l’amour qui s’en va.
Albane a eu un choc émotionnel en plein concert suite à une rencontre inopinée. Cette dernière l’oblige à faire un saut dans le passé, 36 ans plus tôt.
Adolescente, Albane a connu l’amour. Un amour que ses parents, des aristocrates froids et distants ont interdit.
Dans l’insouciance que favorise l’émoi amoureux, la jeune fille commet une imprudence. Je lui en ai voulu pour ce manque de vigilance mais aurais-je eu la même réaction que ses parents ? Je les ai trouvés assez sévères.
Albane va recevoir une lourde punition, connaître la solitude, perdre une partie d’elle-même. Malgré les événements bouleversants endurés, elle va tenter de se reconstruire en couvrant ses blessures.
Le passé devient muet jusqu’au jour où le présent lui exige des comptes…
Quand la blessure ne nous tue pas, son souvenir revient finir le travail.
Je pensais avoir toutes les clés du coffre-fort du passé d’Albane. Je pensais que ce n’était qu’une histoire d’amour juvénile qui avait mal tourné. Loin de là, l’histoire d’Albane est beaucoup plus profonde. Elle est faite d’abus, de trahisons, de malentendus, de mensonges. J’ai été choquée par toutes les révélations. Maquillées à outrance par Albane et sa famille, je n’ai su les discerner.
Devine qui est mort ?
Le titre du livre prend tout sens au fur et à mesure qu’on avance dans la lecture.
Si j’ai éprouvé de la peine pour Albane, je n’ai pu m’empêcher de la trouver égoïste envers son mari. Elle fait ses choix sans se soucier de lui, se rend justice elle-même. Est-ce un besoin de revanche sur le passé, un moyen d’affirmation ?
En conclusion
Devine qui est mort est un roman bien écrit qui aborde des thèmes percutants. Il s’inspire d’événements réels ayant eu lieu en Flandre entre 1950 et 1980 et fait réfléchir sur la protection des enfants.
Date de publication : Mai 2018
Existe en version kindle et broché.
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