«Voici un roman qui nous vient du Niger. Oubliez ce que vous savez du Niger. Oui c’est un pays pauvre, peut-être le plus pauvre. Non, y être une femme n’est pas facile. Oui, la faim n’y est jamais loin, et oui il y a des dunes magnifiques, où furent détenus des otages français, près d’Arlit. Idi Nouhou ne va pas radicalement bousculer ce que vous savez. Mais il va tout déplacer, comme les dunes sous le vent.
Le roi des cons est le récit d’un homme partagé entre deux genres de femmes : leur complémentarité semble classique, mais s’avère un peu plus complexe que le schéma occidental de la maman et de la putain. Ne serait-ce que parce que la « putain », selon nos critères, y est voilée comme la maman, et que la maman y est d’une audace redoutable… C’est un Niamey sensuel, érotique et drôle que nous révèle Idi Nouhou ; mélancolique aussi. Et c’est dans la bouche d’une femme que revient la proustienne phrase: « Il n’est pas mon genre. »»
Marie Darrieussecq.
Quelle belle préface de Marie Darrieussecq ! Plaisante à lire, belle entrée en matière qui donne envie de découvrir cette plume qui vient du Niger.
Rappelez-moi de lui proposer de faire la préface de mon prochain roman.
Le roi des cons est un récit à la 1ère personne. Une narration que j’apprécie car elle nous rapproche des ressentis du personnage.
Abdou, notre narrateur a une promise mais il ne ressent rien pour elle. Celle qu’il aime c’est Rakki
Rakki… Comment la décrire ? Élancée et affichant une fausse maigreur qui occultait d’appréciables rondeurs… Un genre de beauté qui vous révèle votre soif d’amour, ou vous la crée…
Et Rakki est aussi intéressé par lui. Abdou est aux anges, fier d’avoir réussi à capter l’attention de la Belle, lui, l’homme commun !
Mais Abdou est contraint d’épouser sa promise Salimata. Son père et sa mère ont fait ce choix pour lui. Il obéit, finit par s’installer dans un triangle amoureux qui lui révélera les véritables caractères de Salimata l’épousé dévouée et Rakki, la femme fatale…
Le roi des cons nous montre Niamey du côté gastronomique, les habitudes de vie des citadins mais j’aurais davantage voulu ressentir l’atmosphère de la ville. Les motivations de Rakki et Salima ne sont pas suffisamment développées.
Le style d’Idi Nouhou est accessible mais très candide voire scolaire. Les courts chapitres donnent du rythme au récit, il y a peu de personnages à suivre ce qui évite toute confusion au lecteur.
Au-delà du mariage convenu et de l’amour contrarié, l’auteur évoque l’intégrisme religieux, la politique au Niger et en Afrique, les conséquences de l’esclavage.
Une lecture sympathique mais non mémorable. J’en attendais, hélas, beaucoup plus.
Éditeur : Gallimard
Collection : Continents noirs
Date de publication : Mars 2019
Nombre de pages : 128
Disponible aux formats papier et numérique
Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020