Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Les jours viennent et passent – Hemley Boum

Au soir de sa vie, Anna se remémore son existence mouvementée dans un Cameroun en pleine mutation. À ses côtés, sa fille unique, Abi, qui a choisi de vivre en France, tente de dénouer ses propres conflits, d’accorder vie amoureuse et responsabilités familiales. Une toute jeune femme, Tina, rescapée des camps de Boko Haram, mêlera sa voix et sa destinée aux leurs. À travers ces trois générations de femmes, Hemley Boum embrasse, en un même élan romanesque, à la fois l’histoire contemporaine du Cameroun et l’éternelle histoire du cœur humain.

 

 

l'Afrique écrit

 

La mère…

Anna est en fin de vie et se souvient. Elle nous mène sur les pas de son enfance. Elle qui n’a pas connu sa mère, a été élevée par Awaya, la paysanne veuve de plusieurs maris qui a elle-même élevé la mère d’Anna.

Anna se souvient de son accession au savoir, son temps de servitude chez les bonnes sœurs, sa rencontre avec le père d’Abi, son mariage, sa difficulté à s’intégrer dans sa belle-famille Bamiléké. 

La fille…

Abi évoque sa vie familiale, sa liaison adultérine qui a causé l’effondrement de sa cellule familiale, les conséquences dans la vie de son fils Max. 

 

La petite-fille….

Tina a le même âge que Max, il est d’ailleurs un proche ami. Elle intervient dans la 2e partie du livre. Une jeune fille dans la légèreté de l’adolescence qui se retrouve embrigadée dans un camp de Boko Haram. 

 

Les jours viennent et passent évoque plusieurs thèmes d’actualité : Boko Haram et les méthodes de recrutement de ces terroristes au Cameroun, l’exode du Nord vers le Sud du pays, la faiblesse du dispositif de lutte contre l’embrigadement des jeunes. L’Etat qui ne joue pas grand rôle, la corruption et cupidité des hommes politiques. 

Leur jihad est la caution morale d’escroqueries, de viols et de meurtres à grande échelle. 

 

Dans notre pays, la bureaucratie, les contrôles judiciaires, la loi, tout ce qui protège l’individu et permet l’éclosion d’une citoyenneté était dévoyé, distordu, même nos frontières étaient poreuses. 

 

Rien n’était mis en place : aucune communication, aucun plan d’action pour prévenir les familles, leur indiquer des relais d’entraide, fournir des outils pour combattre l’embrigadement, tous les embrigadements, qu’il s’agisse du désir d’Europe, via les pays du Maghreb – avec des passeurs ouvertement racistes, négriers des temps modernes –, ou de l’appel au jihad,

 

Les hommes faits envoient des jeunes gens à la guerre, c’est ainsi partout et de tout temps. Les vieux créent les conditions des conflits, nourrissent les hostilités, prétendent défendre des questions essentielles : le bien contre le mal, quand ils ne font que s’arc-bouter sur leurs privilèges en convoitant les richesses des autres. Ils ourdissent des stratégies délétères, puis lancent leurs enfants à l’assaut de l’ennemi.

 

 

Les jours viennent et passent parle de vies de femmes, leurs intimités, leurs challenges quotidiens : la gestion de la belle-famille, la polygamie, la rupture des liens maritaux.

La prison d’une femme ça peut être aussi la maison de son mari ou de son père.

 

Le corps d’une femme est bien plus exigeant que son cœur, l’ai-je déjà dit ? Il n’a qu’une vie et jamais ne l’oublie. Il thésaurise les traces de coups comme le souvenir des baisers, les blessures que l’on s’inflige et celles que la vie nous porte. Il ne guérit pas, ne se renouvelle pas, avance au pas de charge, seuls comptent le passé et le présent, l’avenir ne le concerne pas. Alors il ne peut se permettre aucune hypocrisie, le corps : il se rit de nos subterfuges, balaie d’un revers de la main nos atermoiements, les petits arrangements que l’on fait avec soi-même, il n’écoute pas les excuses et sanctionne
sans appel les impostures que le cœur tolère. 

 

Les jours viennent et passent décrit cette société où l’erreur de l’homme est acceptée, celle de la femme condamnée. 

J’ai découvert via ce roman la culture et le mode de vie des bamiléké, la profondeur de leur attachement aux valeurs ancestrales.

 

Le roman émet une réflexion sur la littérature africaine qui pourrait susciter de vifs débats. 

Je me suis longtemps tenue à l’écart de la littérature africaine, j’y lisais une injonction qui ne me convenait pas. Les auteurs étrangers parlaient à une « moi » intime, eux convoquaient la couleur de ma peau, ainsi qu’une histoire qui me blessait et m’humiliait. J’étais une femme sensible, en proie aux remous de la vie, pas un concept, un combat perdu, un territoire à conquérir, une authenticité à redéfinir. Mon identité ne faisait aucun doute à mes yeux, ou si doute il y avait, leur imaginaire peinait à en restituer la complexité.

 

Ce roman polyphonique à la tonalité lyrique se lit aisément. Il a ses moments de rire et ses moments de peine. Sympathique lecture mais je n’ai pas retrouvé la puissance d’écriture singulière d’Hemley Boum. 

 

 

Christmas

 

Éditeur : Gallimard

Collection : Blanche

Date de publication :  2019

Nombre de pages : 368

Disponible aux formats papier et numérique 

 

Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020

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Auteur :

En décembre 2014, j’ai publié mon recueil de poèmes «Chimères de verre» aux Editions Edilivre. En 2015, finaliste au prix Littérature et musique 2015 organisé par les éditions Souffle Court, je deviens co-auteure du recueil de nouvelles «Une nuit avec Baker » En 2017, mon 1er roman "Tristesse au paradis" voit le jour aux éditions Vallesse et me permet d'avoir plusieurs prix dont le Prix Horizon 2018. Je lis, j'écris et je n'oublie pas de vivre !!!

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