Publié dans Arrêt sur une oeuvre

TTL 87 : La reine des souris de Camilla Grudova

 Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: Printemps

Je mets en avant un livre avec une couverture qui contient du vert, couleur que j’associe au printemps

Couverture La reine des souris

Il fit bouillir notre certificat de mariage dans la bouilloire en disant qu’il ne travaillerait pas dans un cimetière le restant de sa vie uniquement pour nourrir les enfants de Mars et, finalement, il partit pendant que j’étais descendue faire des courses, lui acheter de la salade et du café.

Dans un modeste appartement poussiéreux rempli de livres et de babioles vit un couple de latinistes légèrement hors du temps. Quand la femme tombe enceinte de jumeaux, le mari l’abandonne et elle doit élever seule ses deux enfants, dans le plus grand dénuement. Rien que de très banal.
Mais ajoutez à cela un mélange de vos cauchemars les plus sombres. Un croque-mort, le cadavre d’une femme naine aux airs de leprechaun, un orgue hanté, des enfants-monstres, une narratrice-louve assoiffée de sang, dévoreuse de pigeons, de rats et de bébés. Les épouvantails disposés à chaque tournant de cette nouvelle ont de quoi donner le frisson. Ce qui frappe encore davantage, c’est le naturel déconcertant avec lequel Camilla Grudova les brandit, à la manière dont on raconterait les épisodes d’un rêve dès le réveil. Un récit, en fin de compte, d’une implacable simplicité : celui d’une femme aliénée par le couple, le travail et la maternité, de celle qui enfant se rêvait Reine des souris et qui, mariée à un «homme idéal» sentant les fleurs pourries et la pierre froide, est devenue mère, autant dire bête féroce aux désirs infanticides, loup-garou qui trouvera son salut, comme de juste, dans l’écriture.
On ressort avec un rire nerveux de ce court texte qui transforme le réel en fantastique, l’horrible en drôle, et vice-versa.

Deux jeunes étudiants en latin qui se marient. Le versant féminin du couple est d’origine modeste, le versant masculin est issu d’une famille aisée. Le couple vit dans son cocon. Ils ont des projets de vie notamment celui de partir à Rome. Mais dans nos vies, il y a toujours une part d’imprévisible. Une grossesse s’annonce et chamboule tout…

Le versant masculin du couple est de plus en plus étrange, méconnaissable et son départ m’a fait penser à des vers d’Esther Granek

Toi c’est distant…
Toi c’est changeant…
Toi c’est rêvant et esquivant…

Toi c’est pensant…
Toi c’est taisant…
Toi c’est tristesse qui me prend…

Toi c’est fini.
Fini ? Pourquoi ?
Toi c’est le vide dans mes bras…
Toi c’est mon soleil qui s’en va…
Et moi, je reste, pleurant tout bas.

L’homme s’en va, la femme reste. L’homme fuit, la femme assume. Elle élève ses enfants tant bien que mal toute seule avec l’aide de sa mère. A-t-elle trouvé un équilibre après la douloureuse séparation ? On est tenté de dire oui mais des événements invraisemblables se produisent au point où il devient difficile d’établir une frontière nette entre le réel et le fantastique.

La reine des souris est un texte avec de l’humour…

Aucun de nous deux n’avaient de jumeaux dans la famille. C’était le latin qui avait fait ça, décréta Peter, des cygnes ou des dieux barbus me rendaient-ils visite dans mes rêves ? Il se comporta comme si je l’avais trahi de manière mythologique.

Un humour noir, glaçant…

C’est un texte agréable à lire mais très étrange, je ne suis pas sûre d’en avoir saisi toute la quintessence.

Et vous, qu’auriez-vous proposé pour ce thème ?

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Auteur :

En décembre 2014, j’ai publié mon recueil de poèmes «Chimères de verre» aux Editions Edilivre. En 2015, finaliste au prix Littérature et musique 2015 organisé par les éditions Souffle Court, je deviens co-auteure du recueil de nouvelles «Une nuit avec Baker » En 2017, mon 1er roman "Tristesse au paradis" voit le jour aux éditions Vallesse et me permet d'avoir plusieurs prix dont le Prix Horizon 2018. Je lis, j'écris et je n'oublie pas de vivre !!!

5 commentaires sur « TTL 87 : La reine des souris de Camilla Grudova »

  1. Si je sens que je serais incapable d’en saisir la quintessence, j’avoue que tu m’as intriguée avec ce livre dont je n’avais jamais entendu parler ! Et je rejoins sur lespagesquitournent sur ce qu’évoque pour moi la couverture.

    Aimé par 1 personne

  2. C’est amusant : si je comprends ton choix de couverture verte = printemps, ce n’est absolument pas ce qui me vient à l’esprit en voyant cette image !
    Pour moi, c’est la louve qui va allaiter Romulus et Rémus. ^^ Du coup, sans avoir lu le résumé, je m’attendais à un récit mythologique, alors que pas du tout.

    Quoi qu’il en soit, ce texte court semble percutant, engagé et sensible. Merci de la découverte.

    Aimé par 1 personne

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