La littérature en langue malaise est aujourd’hui reconnue comme «littérature nationale» et ses meilleurs écrivains bénéficient à ce titre d’un soutien de l’Etat, tandis que la littérature anglophone est vue par certains intellectuels comme une littérature de seconde zone, encore soumise aux codes coloniaux. Les auteurs rassemblés ici proposent un questionnement sur le sens de la croissance économique à tout crin qu’a connu le pays dans les années 1980-1990 face aux traditions et aux croyances familiales des différentes communautés.
Une parabole de ce qu’il en coûte parfois d’apprendre à vivre ensemble, de partager ses joies mais aussi ses peines pour mieux se connaître, se respecter et établir ainsi une base de compréhension commune, à l’image de la Malaisie actuelle.
6 nouvelles composent ce recueil :
La rizière de Lahuma par Zurinah Hassan
Un homme qui meurt et laisse sa rizière à sa progéniture. Des filles qui quittent le village pour la ville, conseillent à leur mère de vendre la rizière pour acheter des actions et devenir riches comme d’autres Malais. Le pays se développe, le riz peut être acheté en Thaïlande ou en Chine.
Fin 1997, la situation économique du pays n’est plus florissante. Le public est encouragé à cultiver son jardin potager pour réduire la dépense. Et là, on entend des lamentations des centaines de descendants de Lahuma : « où est la rizière de Lahuma ? Où est sa rizière ? »
L’affaire des briques américaines par Tash Aw
Lan Yunus, le briquetier concurrencé par une entreprise américaine.
Les sangsues par Anwar Ridhwan
Un jour, le téléphone d’un écrivain et rédacteur sonne. Au bout du fil, un malvoyant qui a une histoire à lui raconter. Une histoire qui évoque l’interdépendance économique entre les différentes communautés de la Malaisie.
Les diables frits par Shih-Li Kow
Quand des commerçants chinois font de la cuisine malaisienne et vice versa, les tensions ethniques sino-malaises se réveillent et la légitimité de l’héritage culinaire est revendiquée. Cette nouvelle énonce pas mal de plats malaisiens qui mettent l’eau à la bouche.
Une lumière très étrange par Hasrin Sanin
Serena est une diseuse de bonne aventure. A ses clients, elle invente toujours un avenir radieux. Et elle ? Son avenir amoureux sera-t-il aussi radieux ? Une nouvelle légèrement triste mais j’en attendais beaucoup plus en terme de développement de l’intrigue.
Quelque chose en commun par Preeta Samarasan
Que peuvent avoir en commun la mère de la narratrice, faisant partie de la bourgeoisie indienne et la mère du garçon qui s’appelait K. Murugesu et a été tué dans une prison de Malaisie ?
Une nouvelle qui évoque la perte d’un enfant mais aussi ces préjugés sociaux et raciaux qui n’ont aucun sens face à un drame.
Nouvelles de Malaisie montre en une centaine de pages un pan de la Malaisie, le métissage culturel, linguistique. Une sympathique découverte d’auteurs de la Malaisie même si j’en attendais beaucoup plus des différentes intrigues.