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TTL 90 : Seules les bêtes de Colin Niel

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: Mystère

Mystère : Silence, obscurité volontaire faits sur quelqu’un, en particulier…

Synonyme : secret

J’ai pensé à un livre où des vies cachent bien des secrets …

Couverture Seules les bêtes

Une femme a disparu. Sa voiture est retrouvée au départ d’un sentier de randonnée qui fait l’ascension vers le plateau où survivent quelques fermes habitées par des hommes seuls. Alors que les gendarmes n’ont aucune piste et que l’hiver impose sa loi, plusieurs personnes se savent pourtant liées à cette disparition. Tour à tour, femmes et hommes prennent la parole et chacun a son secret, presque aussi précieux que sa vie.

Elle s’appelle Evelyne Ducat. Femme d’un notable du coin parti faire fortune à la capitale et revenu s’installer au patelin, elle a mystérieusement disparu. Elle était partie en randonnée solitaire. A-t-elle fait une mauvaise rencontre ou a-t-elle été emportée par la tourmente qui sévit sur le causse ?

Dans ce roman atypique, on ne suit pas une enquête policière. Tel un psychologue, on voit passer sur notre divan cinq personnages différents les uns des autres qui ont envie de dire quelque chose. Quelque chose en lien avec la disparition d’Evelyne ? Ils nous regardent l’air de dire, laissez les disparus, écoutez ceux qui sont présents. Alors comme un spécialiste, on prend carnet et stylo, on prête l’oreille et on laisse Alice, Joseph, Maribé, Armand et Michel, le mari d’Alice dévoiler les mystères de leurs vies.

De l’assistante sociale en passant par des paysans, une gosse de riche couturière à temps partiel et un aigrefin. Deux femmes, trois hommes qui manipulent ou se font manipuler. Des humains avec des manques à combler. Une solitude qui colle à la peau, une recherche effrénée de l’amour, de l’aisance sociale.

Et parce qu’au fond de nos vies, il y a toujours un morceau de la vie d’un (e) autre, ces cinq voix éclaircissent le mystère de la disparue.

Chacun a eu un contact direct ou indirect de quelques secondes à plusieurs jours avec elle. Un l’a touchée, l’autre l’a goûtée. Un l’a vue, l’autre l’a entendue. Un autre l’a sentie…

Seules les bêtes est un très bon roman choral. J’ai apprécié la fluidité de la plume et le clin d’œil inattendu à ma patrie même s’il est plutôt négatif. Je ne m’attendais pas à un tel retournement de situation. Ca parait de premier abord un peu tiré par les cheveux mais on se laisse prendre au jeu.

Les thèmes abordés sont intéressants: la solitude, les challenges des agriculteurs, la routine conjugale et ce qu’elle entraîne, trahisons et manipulations.

J’ai apprécié la capacité d’adaptation de l’écrivain, le registre littéraire adapté au background de chaque personnage. Je me suis même demandé s’il ne s’était pas fait aider pour la narration d’Armand tant le langage colle à l’histoire et au contexte géographique de ce dernier. 😀

Quel livre auriez-vous proposé pour ce thème ?

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TTL 52 : Buildings sur fondation de sable

Thème de cette semaine : Livre dédicacé

Buildings sur fondation de sable de l’apôtre professeur Tchotche Mel Félix a été une évidence pour ce thème.

Le 25 mai dernier, j’ai été invitée à la cérémonie de dédicace de ses cinq livres spiritualo-religieux à dimension sociale et fondés sur le Bonheur Partagé :

  • Ma Marche avec Israël : une Grâce pour le Bonheur Partagé,
  • Belle épopée du Silence Spirituel,
  • Espérance pour une Afrique au Bonheur Partagé,
  • L’Ultime Alliance ou la Pâque Nègre,
  • Buildings sur Fondation de Sable

 

Ma mère a acheté l’espérance pour une Afrique au Bonheur Partagé et mon père Ma Marche avec Israël : une Grâce pour le Bonheur Partagé. L’Ultime Alliance ou la Pâque Nègre étant déjà dans la bibliothèque familiale, j’ai acheté Buildings sur Fondation de Sable et j’ai bien entendu eu mon exemplaire dédicacé.

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Depuis quelques temps déjà, l’atmosphère politico-sociale s’est alourdie dans le carré éburnéen. D’incessants et persistants bruits courent, relatifs à un exceptionnel remaniement ministériel Toute cette ébullition est savamment entretenue par « Radio Treichville  » qui a donné au pays, l’habitude de se positionner en précurseur des grandes et dignes nouvelles régissant la vie nationale. Aussi, toute la population dans cette psychose, commençait-elle à traduire en sourdine au seuil suffisamment perceptible, une naturelle et compréhensible impatience. Et un matin, les nouvelles se sont amplifiées à telle enseigne que l’heure du remaniement a fini par être su de façon officieusement sûre. Ainsi, tous les postes de radio ont été mis en marche dans les champs, dans les usines, dans les bureaux, dans les écoles, etc. Chacun des habitants du pays béni de DIEU qui est lent à la colère et riche en bonté, veut être témoin oculaire et historique de ce qui est annoncé comme du jamais vu depuis dix-huit ans d’indépendance nationale. Ce matin donc du 20 Juillet 1977, la Radio Diffusion Nationale, Radio d’Etat, a volé la vedette à sa consœur Radio Treichville qui n’a ni studio, ni équipement technique, ni techniciens, ni journalistes, ni reporters, ni programme, mais qui demeure sa très vive concurrente circonstancielle n’existant que grâce à la prégnance des rumeurs sur les sujets d’importance capitale diffusés de bouche à oreille.

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La 4e de couverture est trompeuse. Ce n’est pas le résumé de l’histoire en elle-même mais plutôt un préambule au récit. Par conséquent, j’ai été un peu déçue.

Je m’attendais à des remous par rapport au remaniement ministériel annoncé mais ce récit est plutôt celui de Bibem Obognes.

Ce jeune homme, originaire d’un village du sud de la Côte d’Ivoire va être recruté comme tirailleur lors de la 2e guerre mondiale. De retour au pays, il s’installera en ville, aura une ascension sociale bien au-delà de ses compétences. Il va se révéler cupide, ingrat envers sa communauté et se croyant maître des destins de ses enfants. La vie lui donnera une belle leçon….

L’un des personnages secondaires intéressants de ce livre est Ton-n’obouel, l’ami du fils  aîné de Bibem Obognes. Ton-n’obouel, double littéraire de l’auteur, va expérimenter des difficultés, des coups bas, embûches tout au long de son parcours. Il sera victime d’accusations mensongères, de rejet mais va faire preuve de persévérance, d’abnégation et d’un optimisme sans faille. Une force de caractère qu’on ne peut qu’admirer.

« Il compte avec force en l’irréversibilité du triomphe de la vérité sur le mensonge, du bien sur le mal.. ». – page 167

 

 

Ce n’est pas la lecture de l’année mais tout de même une sympathique lecture. Il me tarde de lire les autres œuvres de l’auteur.

Pour en savoir plus sur lui, cliquez ICI

 

Quel livre auriez-vous choisi ? Faites-moi sortir des sentiers battus ! 

 

 

fleur v1

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La tueuse – Guy des Cars

Venue sans un sou de Hongrie, Sabine a une volonté farouche de réussir sa vie.
Tous les moyens sont bons pour y parvenir, et elle n’hésite pas à épouser à dix-neuf ans un milliardaire, Joseph Kelmann, pour qui elle n’éprouve pourtant pas le moindre sentiment. Épaulée dans sa folle ascension par son demi-frère Paco, elle devient l’une des personnalités les plus en vue de la Côte d’Azur. Qui pourrait alors se douter de la face cachée de cette jeune femme respectée à qui tout semble sourire ?

l'Afrique écrit

Abandonné en 2017, à cause de la taille de la police très petite et du rythme lent du récit, je l’ai repris cette année dans le cadre d’un challenge et j’avoue avoir eu un autre regard sur cette oeuvre.

Sabine Kelmann de son vrai nom Nadia Homir a eu trois proies durant sa vie : la proie qui rapportait gros, la proie qui coûtait cher et la proie qui s’est enfuieLe roman s’articule autour de ses trois proies.

La première proie est son époux Joseph Kelmann qui va faire d’elle une femme de la haute société. Sabine est satisfaite financièrement. Comment ne pas l’être quand on a, à 19 ans, un mari qui vous a offert un yacht, vous a couverte de bijoux et de fourrures ?

Mais cette jeune dame n’est pas une femme comblée. L’argent ne lui suffit pas tant que ça. Sabine voulant allier luxe et luxure a des amants. 

Sa première proie s’éteint grâce à l’action de son frère avec qui elle a une relation qui n’est pas loin de l’inceste. Ce dernier l’aime à en mourir. Il n’a pas de femme, se dévoue corps et âme à l’épanouissement de sa sœur. 

L’histoire devient très prenante à partir de l’entrée en scène de Thierry, la 2e proie. Thierry est l’homme-objet, le jouet de luxe. Il lui appartient. Du moins le croit-elle, jusqu’au jour où… 

Sabine est superficielle, cupide, orgueilleuse. Elle n’hésite pas à se rendre justice quand elle l’estime nécessaire. Sabine est capricieuse et a toujours le dernier mot jusqu’au jour où elle croise M. Pernaud, la 3e proie… Qu’est-ce que j’ai ri dans cette partie !

 

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La tueuse a été un sympathique moment de lecture. La prochaine fois où je n’arrive pas à entrer dans un récit, je le réserverai pour mes lectures des prochaines années. 

L’avez-vous déjà lu ? Avez-vous l’habitude d’abandonner un livre lorsque la lecture vous ennuie ?

 

 

fleur v1

 

 

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L’été – Albert Camus

Pour mon bingo littéraire de l’été, je devais lire un livre où il y a le mot été dans le titre.

Une brève recherche m’a conduite à l’été d’Albert Camus, un roman qui fait moins de 150 pages. Que demander de plus ?

Couverture L'été

Qu’il suive le fil d’Ariane sur les traces du Minotaure pour évoquer Oran et ses alentours, qu’il revisite le mythe de Prométhée à la lumière de la violence du monde moderne, ou qu’il rêve à la beauté d’Hélène et de la Grèce, Albert Camus nous entraîne tout autour de la Méditerranée et de ses légendes.

Un court recueil de textes lyriques et passionnés pour voyager de l’Algérie à la Grèce en passant par la Provence.

 

l'Afrique écrit

Un livre pour voyager au cœur de l’été, voici comment je pourrai L’été d’Albert Camus en une phrase.

De l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui je ne connais pas grand chose. Albert Camus m’a fait découvrir Oran, Alger et Tipasa. Il décrit avec adresse ces villes de caractère.

Les références à la mythologie m’ont un peu perdue mais j’ai apprécié cette balade qu’offre la captivante plume de Camus.

J’ai apprécié ses réflexions sur l’écrivain

Un homme, si j’en crois un de mes amis, a toujours deux caractères, le sien, et celui que sa femme lui prête. Remplaçons femme par société et nous comprendrons qu’une formule, rattachée par un écrivain à tout le contexte d’une sensibilité puisse être isolée par le commentaire qu’on en fait et présentée à son auteur chaque fois qu’il a le désir de parler d’autre chose

 

Un écrivain écrit en grande partie pour être lu (ceux qui disent le contraire, admirons-les, mais ne les croyons pas).

 

L’idée que tout écrivain écrit forcément sur lui-même et se peint dans ses livres est une des puérilités que le romantisme nous a léguées.

 

D’autres citations à méditer

 

Il y a ainsi une volonté de vivre sans rien refuser de la vie qui est la vertu que j’honore le plus en ce monde.

 

Nous vivons pour quelque chose qui va plus loin que la morale.

 

Ce jour-là, je compris qu’il y avait deux vérités dont l’une ne devait jamais être dite.

 

 

fleur v1

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Throwback Thursday Livresque 51: Raid-emption

Thème de cette semaine : SPORT

 

J’ai reçu ce livre reçu suite à ma participation à Vendredi Lecture. Merci encore à Vendredi Lecture qui envoie des lots à l’étranger. 😀

J’ai choisi ce livre pour ce Throwback Thursday à cause de la biographie de l’auteur.

l'auteur du mois

David Nguyen est passionné de rollers et d’écriture depuis son plus jeune âge. Il est devenu un homme accompli, en partie grâce au sport

Connu pour ses raids à rollers, il a relié de nombreuses villes comme Paris-Amsterdam, Le Havre-Montpellier, Marseille-Milano, Lausanne-Lyon, Paris-Marseille, Lyon-Bordeaux et sillonné les routes à travers toute la France. 

Devenu éducateur sportif, il utilise son passé sportif pour enseigner à ses publics les valeurs du sport et celle du dépassement de soi.

 

Raid-Emption par Nguyen

 

Dévasté par les événements, David se laisse envahir par la haine et voit sa vie devenir un enfer. La force des choses lui impose une solution : fuir Paris et avec elle les démons qui le hantent. Quoi de mieux que de revenir dans sa ville natale, Marseille ? Afin de se reconstruire et retrouver sa fierté, David embarque dans un raid à rollers et s’apprête à défier la route au bout de laquelle il espère prendre un nouveau départ.

C’est avec ce témoignage intense et authentique que l’auteur nous entraîne dans une véritable immersion physique, philosophique et poétique saisissante. Nul doute que cet ouvrage ne manquera pas d’inspirer aussi bien les lecteurs qui, confrontés à une brutale perte de repères, pourront effectuer ce même voyage initiatique et salvateur que ceux qui aiment les récits de vie et d’aventure hors du commun.

 


 

Cette autobiographie est le témoignage émouvant d’un homme accusé à tort par son ex-compagne et qui a été victime d’un viol collectif. Un homme qui se sent souillé et va se laisser engloutir par cette souillure.

En une réponse à une question sur ses occupations de vacances, il annonce qu’il va faire Paris-Marseille à rollers.

Il va relever le défi et nous livrer un journal de bord à travers ce roman écrit dans un langage simple, mêlant prose et poème en vers.

 

A quoi bon vivre sans savoir ce qu’est la souffrance,

Puisqu’il n’ y a que d’elle que naît l’espérance

J’ai gravé sur mon corps ses plus belles caresses

Et sur chacune de mes feuilles lui ai dévoué ma tendresse

Parce que j’ai rêvé un jour rendre ses lettres d’or à l’amour,

Mais c’est au prix du mien qu’il s’est envolé ce jour…

Un pied devant l’autre et ainsi de suite.

Qu’importe la douleur, aucune n’était plus forte que celles qui m’avaient transpercé cette nuit-là

Qu’importe l’état de la route, c’était toujours plus propre que mon corps sali

 

On écoute ses doutes, ses angoisses. On participe aux rencontres qu’il fait et on se rend compte que les bonnes âmes sont encore dans ce monde. 

On est fier de lui lorsqu’il arrive enfin à Marseille. On a envie de le prendre dans nos bras et de lui souhaiter des lendemains meilleurs.

 

Vous pouvez écouter l’auteur ICI

 

Quel livre auriez-vous choisi ? Faites-moi sortir des sentiers battus ! 

 

 

fleur v1

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Regards de vérité, tome 1 : La candeur entachée

Léa, jeune mère courage n’a qu’une obsession: trouver un nouveau papa pour Moya sa petite orpheline et ainsi fonder un foyer, symbole de respectabilité et synonyme de réussite dans la plupart de nos sociétés africaines.
Au nom du mariage, Léa accepte brimades et humiliations. Au nom de l’amour, elle est aveugle. 
Si aveugle et préoccupée à lécher ses propres blessures, qu’elle ne voit pas ce père trop entreprenant à l’égard de Moya.
Cette histoire, c’est la candeur entachée d’une fillette de 12 ans qui se raconte. C’est le regard de Moya qui découvre douloureusement un monde d’adultes dans toutes ses perversités, ses fragilités et son hypocrisie. C’est l’échec de nos sociétés, l’incohérence de notre justice, le poids de nos traditions…

l'Afrique écrit

Lamazone Wassawaney était l’invitée de Livresque 30. Pendant une heure, nous avons échangé avec elle sur les thèmes de ce premier roman qu’elle offre au public et qu’elle a auto-édité.

Edité au format poche, La candeur entachée _ 1er tome de la trilogie Regards de vérité_ semble avoir été imprimé par un éditeur étranger. L’impression est de qualité, la police d’écriture est assez petite mais pas gênante. 

J’ai désiré avoir ce roman autant pour son aspect visuel que pour son contenu. 

 

L’auteure ne se revendique pas féministe, elle mène un autre combat : dénoncer les violences physiques et psychologiques faites aux femmes, la pédophilie passée sous silence dans notre société en particulier en Côte d’Ivoire et mener des actions concrètes pour qu’elles cessent.

L’auteure par ses mots choisis avec soin nous invite à mener ce combat avec elle. 

La candeur entachée à travers les confidences de Moya et sa mère Léa dresse avec exactitude le portrait de notre société. Une société où le mariage est celui qui donne un sens à l’existence de la femme, une société où la femme doit tout supporter, n’a que des devoirs et aucun droit.

la candeur entachée

 

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Ça a été un réel plaisir de faire la connaissance de Yowl, l’amie de Léa. J’aime parfois dans mes lectures rencontrer des personnages qui me ressemblent. Yowl a la même vision de la vie que moi. Elle n’a ni homme ni bébé mais cela ne l’empêche pas d’être heureuse. 

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La candeur entachée est un roman à lire et à faire lire pour les thèmes d’actualité qu’il aborde avec finesse. Le cliffhanger donne sans contredit l’envie de lire le tome 2. J’espère qu’il ne tardera pas.

Je n’ai noté qu’un bémol durant ma lecture : narré à la 1ère personne, j’ai trouvé que le langage soutenu de Moya était inapproprié même si c’est une jeune fille très mûre pour son âge.

fleur v1

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L’étranger – Albert Camus

Demandez à mon supérieur hiérarchique quel roman il a réussi à terminer et il vous répondra avec une lueur de fierté dans les yeux : l’étranger d’Albert Camus. Le seul roman dont il se rappelle l’incipit.

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Je me devais donc de lire ce roman, l’unique qui a su le captiver. Et en m’immisçant dans la vie de Meursault, je comprends pourquoi mon boss est tant fasciné par ce roman.

 

Résumé de l'oeuvre

Meursault. Sur une plage algérienne, il a tué un Arabe. À cause du soleil, dira-t-il, parce qu’il faisait chaud. On n’en tirera rien d’autre. Rien ne le fera plus réagir : ni l’annonce de sa condamnation, ni la mort de sa mère, ni les paroles du prêtre avant la fin. Comme si, sur cette plage, il avait soudain eu la révélation de l’universelle équivalence du tout et du rien. La conscience de n’être sur la terre qu’en sursis, d’une mort qui, quoi qu’il arrive, arrivera, sans espoir de salut. Et comment être autre chose qu’indifférent à tout après ça ?

 

l'Afrique écrit

Meursault est un être à part. Il mène son existence en dehors du sens commun. Il n’use pas de faux-fuyant, il n’y a aucun filtre entre ce qu’il pense et ce qu’il dit. Il est étranger à la bienséance, aux normes sociales, aux émotions des autres. Il est insensible à tout ce qui lui arrive. 

Meursault est un marginal, un étranger à la vie. Sa singularité fait de lui un être authentique, étrangement attachant. Ses mots, son attitude nous exposent la vanité de l’existence. 

« Tous les êtres sains avaient plus ou moins souhaité la mort de ceux qu’ils aimaient. »

Ici, l’avocat m’a coupé et a paru très agité. Il m’a fait promettre de ne pas dire cela à l’audience,

 

s’il me signifiait que l’interrogatoire était terminé. Il m’a seulement demandé du même air un peu las si je regrettais mon acte. J’ai réfléchi et j’ai dit que, plutôt que
du regret véritable, j’éprouvais un certain ennui. J’ai eu l’impression qu’il ne me comprenait pas. 

 

Mais tout le monde sait que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Dans le fond, je n’ignorais pas que mourir à trente ans ou à soixante-dix ans importe peu puisque, naturellement, dans les deux cas, d’autres hommes et d’autres femmes vivront, et cela pendant des milliers d’années. Rien n’était plus clair, en somme. C’était toujours moi qui mourrais, que ce soit maintenant ou dans vingt ans. À ce moment, ce qui me gênait un peu dans mon raisonnement, c’était ce bond terrible que je sentais en moi à la pensée de vingt ans de vie à venir. Mais je n’avais qu’à l’étouffer en imaginant ce que seraient mes pensées dans vingt ans quand il me faudrait quand même en venir là. Du moment qu’on meurt, comment et quand, cela n’importe pas, c’était évident. 

 

Il me disait sa certitude que mon pourvoi serait accepté, mais je portais le poids d’un péché dont il fallait me débarrasser. Selon lui, la justice des hommes n’était rien et la justice de Dieu tout. J’ai remarqué que c’était la première qui m’avait condamné. Il m’a répondu qu’elle n’avait pas, pour autant, lavé mon péché. Je lui ai dit que je ne savais pas ce qu’était un péché. On m’avait seulement appris que j’étais un coupable. J’étais coupable, je payais, on ne pouvait rien me demander de plus.

 

Le style d’écriture sobre, sans artifice, les phrases sèches, courtes et directes apportent une fluidité au récit. Bien plus qu’un roman, on lit un scénario, le film d’une vie. 

J’ai passé un bon moment de lecture.

 

Avez-vous déjà rencontré Meursault ?

Avez-vous lu Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud ?

 

 

fleur v1

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L’Anté-peuple de Sony Labou Tansi

J’ai décidé de découvrir des livres qui ont reçu des prix littéraires en particulier des prix littéraires africains. J’ai débuté avec le Prix Ivoire et aujourd’hui je découvre le Grand prix littéraire d’Afrique noire.

Le Grand prix littéraire d’Afrique noire est attribué chaque année par l’association des écrivains de langue française, l’ADELF, reconnue d’utilité publique depuis le 19 juillet 1952, dont le but est de « promouvoir l’œuvre des écrivains qui, à travers le monde, s’expriment en français ». Le prix est ouvert aux « écrivains de langue française originaires de l’Afrique subsaharienne, ou à un ouvrage concernant cette zone géographique, en excluant les traductions »

J’ai donc lu le lauréat de 1983 : Sony Labou Tansi pour l’anté-peuple.

 

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Résumé de l'oeuvre

Époux et père modèle, fonctionnaire intègre, directeur adjoint de l’Ecole normale d’institutrices de Kinshasa, Dadou est, au Zaïre, un citoyen exemplaire. Mais les charmes de Yavelde, l’une de ses jeunes élèves, mettent sa vertu à rude épreuve… Comment résister à la tentation, en Afrique et ailleurs ? Ainsi recommence pour l’honnête, le tendre et lucide Dadou une aventure à la fois extraordinaire et terrible. Elle le conduira des geôles de son pays au maquis contre-révolutionnaire de l’Etat voisin dont il sera chargé d’exécuter le « Premier » représentant du pouvoir « anté-peuple ». Il s’apercevra alors que sous les régimes les plus différents la « mocherie » règne, identique et indéfiniment renouvelée.

 

 

l'Afrique écrit

Dadou est particulier dans son attitude, ses réflexions. Il pense différemment du commun des mortels, il a un penchant particulier pour le mot « moche », la mocherie. Dadou semble ne pas vivre, il existe tout simplement. Il s’est d’ailleurs marié parce que tout le monde se mariait.

C’est un homme ordinaire mais avec quelque chose de singulier. Cette singularité le rend attachant. Je l’ai encore plus admiré en le voyant lutter contre son attirance pour Yavelde. C’est un homme intègre, vertueux mais ce qu’il ressent pour cette belle jeune fille le ronge. Ne voulant pas succomber à la tentation, il se réfugie dans l’alcool. La gamine comme il aime l’appeler commet l’irréparable, un acte qui va priver Dadou  de sa liberté, sa famille.

Le peuple en effet, décide de faire justice à la jeune fille en privant Dadou des siens. La justice populaire est terrible et je l’ai encore vu ces derniers jours avec le meurtre de ce militaire ghanéen lynché par la foule.

Mais quel est donc ce pays où des citoyens croupissent en prison sans être jugés ? Quel est ce pays où la terreur hante le peuple, où les habitants surveillent chacun de leurs mouvements pour éviter de subir les humeurs du régime dictatorial ?

L’auteur à travers ce roman pointe du doigt l’abus du pouvoir, le chaos social.

J’ai apprécié ses phrases percutantes, philosophiques.

« Mais pourquoi donner un jour de paradis à quelqu’un qui a cent jours d’enfer? Pourquoi enseigner quinze minutes de bonheur à un malheureux à vie? »

 

Tu ne vas pas laisser quelque chose au fond de ta vie, faut tout vider. Il n’ y aura personne pour boire le reste. Chaque vie se doit de vider sa coupe

 

Elle était fort amoureuse de lui. Mais Dadou n’avait plus ce cœur qui aime. Il avait l’autre cœur : celui qui oublie.

 

Mais quoi qu’on dise du cœur, ce qu’est le cœur, seul, le cœur le sait.

– Le cœur, répéta Dadou. C’est le coeur qui peut-être nous trahit. Tout le reste nous est fidèle. […] Oui, le coeur, c’est lui qui nous bouleverse. Le reste est obéissant. Le reste nous comprend, mais pas le coeur.

 

C’était en ces temps troubles où les grandes amours traversent le pont des réalités. Et sur l’autre rive, la tempête, les crises, le sang.

 

J’ai apprécié son langage imagé, l’usage des figures de style comme la personnification, les métaphores :

Dans ce temps, les choses abstraites se personnifient : le temps l’avait trahi et continuait à le trahir ; Le temps lui avait toujours menti, sans vergogne.

 

Avant, je comptais sur le temps. Mais le temps devient impuissant. Le temps ne bande plus.

 

L’attention de l’auteur est focalisée sur le corps. Chair, viande, sang, on ne compte pas le nombre de fois où ces mots apparaissent dans le texte. Ils m’ont fait penser aux sacrifices. Peuple sacrifié, amour sacrifié, dignité sacrifiée ?

 

J’ai également apprécié les notes d’humour :

– Vous, un pêcheur, qu’est-ce que vous iriez faire là-bas ? Pourquoi demandez-vous le chemin de l’enfer ?

– Je connais un démon.

 

J’ai été touchée par l’amour fidèle de Yealdara pour Dadou. Cette jeune femme amoureuse de Dadou s’est donnée à lui corps et âme. Si une femme a causé la perte de Dadou, eh bien une femme lui a offert la rédemption.

J’ai apprécié l’univers présenté par Sony Labou Tansi. C’est un livre à décortiquer, à mâcher…

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Maison d’édition : Editions Seuil
Nombre de pages : 190

Date de publication : Septembre 1983

 

 

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Je remporte un point grâce à ce livre pour la nouvelle édition du CHALLENGE GOURMAND de titepomme sur Livraddict et 5 points pour le challenge des petits livres organisé par Liliaza sur Livraddict.

 

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Vous connaissiez l’auteur ? Que lisez-vous en ce moment ?

 

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