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Tête-à-tête inattendu-tome 1 saga Westmoreland

Après avoir lu Serments interdits, j’ai voulu découvrir un autre roman de Brenda Jackson. Quatre de ses romans ont donc débarqué dans ma PAL.

J’ai commencé par le tome 1 de la saga des Westmoreland.

Delaney Westmoreland est diplômée de la fac de médecine. Après huit années d’études intenses, Reggie, son cousin, a estimé qu’un mois au chalet lui ferait le plus grand bien. Sauf que le chalet est déjà habité par le cheikh Jamal Ari Yassir, prince de Tahran.

Son ami Philip, co-propriétaire du chalet avec Reggie, lui a proposé le chalet par amitié. Il avait besoin de s’isoler quelque temps. Chaque fois que la presse a vent de sa présence aux USA, il est harcelé par les journalistes.

Chacun aimerait que l’autre débarrasse le plancher afin de profiter de la solitude. Ils finissent tous les deux par capituler. Le chalet compte trois chambres avec salle de bains privée. Il devrait donc y avoir assez de place pour deux sans crainte.

Sans crainte ? Et les regards pénétrants et torrides échangés ?

Il y a urgence du désir, nos deux protagonistes sont subjugués par le corps parfait de l’autre.

Il y a urgence du plaisir. Nos protagonistes ne perdent pas le temps. C’est la marque de fabrique de Brenda Jackson selon moi. L’attirance est perceptible dès les premières pages.

Delaney et Jamal ont deux cultures différentes. Jamal est habitué aux femmes dociles, soumises et sans caractère. Dans son pays, les femmes font ce qu’on leur dit. Il est habitué à ce que ses désirs soient exaucés.

Delaney n’est pas une petite nature. C’est une femme forte. Féministe jusqu’au bout des ongles, elle refuse les stéréotypes liés au genre. Petite sœur de cinq grands frères, elle a très tôt appris à ne pas s’en laisser conter par les représentants du sexe opposé. J’ai beaucoup apprécié sa personnalité. 

Jamal opina, puis une autre question lui vint à l’esprit.

– Et ta lingerie ?

– Ma lingerie ? répéta-t-elle, manifestement surprise. Quoi, ma lingerie ?

– C’est le style de dessous, euh… – il toussota avant d’enchaîner- le style qu’une femme porte pour séduire les hommes. Pourquoi avoir emporté une telle tenue pour ton séjour au chalet, alors que tu pensais être seule?

– Même s’il n’y a personne pour le remarquer, j’aime être sexy. J’achète mes dessous pour moi, avant de le faire pour un homme.

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Jamal et Delaney vont s’apprivoiser, s’aimer passionnément, devenir un besoin, une drogue, le destin de l’autre.

Puis une autre émotion, plus forte, plus durable, le submergea. Émotion qui jusqu’à ce jour était restée une donnée abstraite et inconnue, mais qui soudain prenait une ampleur, une épaisseur, au centre même de son cœur…

L’amour.

Il l’aimait.

Ce tome 1 de la saga est une belle romance de couple mixte. Lecture fluide et divertissante. Il n’y a pas de rebondissements complexes. Dans la vraie, je pense que le mariage entre un prince arabe et une afro-américaine aurait engendré des remous.

J’ai noté une incohérence.

« Quel moment sublime que la sensation de ce petit bout de chair rose se durcissant sous sa langue ! »

Delaney est afro-américaine et je ne pense pas que le bout des seins des noires soit rose (rires)

 

Ce tome nous fait découvrir les frères Westmoreland qui feront l’objet des prochains tomes. Ils sont drôles, intéressants.

J’ai maintenant envie de lire le tome 3 afin de découvrir Thorn et Tara, l’amie de Delaney qui a un caractère bien trempé. Leurs deux personnalités m’ont plu. Ils feront des étincelles !

J’ai soif de romance de couple mixte. Si vous les voyez quelque part, signalez-les moi.

 

veronica lodge please GIF by Camila Mendes

 

PS : Je préfère la couverture en anglais à celle proposée par Harlequin qui n’a rien à voir les héros du roman. La couverture en anglais illustre l’une des scènes du livre. 

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Bon mercredi en lecture les amis !

signature coeur graceminlibe

 

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Drôle de printemps suivi de miniatures

Drôle de printemps

D’une séquence à l’autre, l’auteur nous plonge dans le « printemps arabe » avec ses espoirs, ses enjeux, ses dérives et ses folies. Dans un mélange de réalisme, d’humour, de dérision et de fantaisie, Youssouf Amine Elalamy raconte, dans son style bien à lui, les révolutions qui ont bouleversé le monde arabe. 

La révolution était en marche. A la télé, on avait annoncé 200 mille personnes pour la manif de vendredi. Un homme y va pour vérifier si la télé dit vrai. Il y trouve beaucoup de monde mais pas de révolution. Les 200 mille personnes étaient-elles vraiment venues pour faire une révolution ? N’étaient-elles pas venues vérifier si la télé disait vrai et s’il y aurait effectivement 200 mille personnes à la marche ?

Et ce pauvre gars qui répétait toujours le même mot : »rêve, rêve, rêve… » Savait-il pourquoi il était là ?

Ce pauvre gars nous explique à la deuxième séquence du livre pourquoi il répétait ce mot. Le ton frais avec lequel il s’exprime nous fait esquisser un sourire, ce sourire se mue en rire au fur et à mesure que l’on avance dans les séquences.

Drôle de printemps c’est 330 micro-récits, des récits quelquefois liés (la séquence suivante est une réplique à la séquence précédente), très souvent dissociés.

Les gens du peuple, les forces de l’ordre, le Leader politique à qui le peuple crie: « Dégage », s’expriment tour à tour et dévoilent leurs fantasmes, leurs frustrations.

Les personnages qui se succèdent dans ces récits sont loufoques, un peu schizophrènes sur les bords. Jugez-en par vous-même :

Tous les jours, je fais la tournée des librairies et je leur prends un exemplaire de mon livre comme ça mon éditeur ne pourra pas dire que c’est un bide. Heureusement qu’on n’a pas publié ma photo sur la 4ème de couverture. Les vendeuses m’auraient reconnu sinon.

Ce n’est pas parce qu’on est barbu qu’on est castré. Si Dieu avait voulu qu’on s’abstienne de regarder les femmes, il nous aurait fait pousser la barbe sur les yeux. Et puis il n’ y a pas que les hommes qui ont de la barbe. Les femmes la portent ailleurs, c’est tout.

Que Dieu bénisse Apple, Blackberry, Samsung, Nokia et tous les smart phones de la Terre. Aujourd’hui, avec une bonne charge d’explosifs et un téléphone portable qu’on actionne à distance, chacun de nos hommes est une bombe à distance, chacun de nos hommes est une bombe à usage illimité. On n’arrête pas le progrès.

A mon arrivée là-haut, personne ne savait où me caser. Mon coeur méritait le paradis, mon appareil génital l’Enfer et d’autres morceaux le Barzakh. A la fin, il a fallu recourir à l’arbitrage de Dieu en personne.

Pour ma carrière de pick-pocket, je ne pouvais pas espérer mieux. Avec ce voile intégral, ils me prennent tous pour une femme. J’ai fait coudre plein de poches à l’intérieur pour le rangement. Des grandes pour les Galaxy Note, des plus petites pour les i-phone.

99% ? Quand on me l’avait annoncé, je n’arrivais pas à y croire. Pas la peine d’être voyant pour voir qu’on avait truqué les résultats. J’avais donné mes ordres pour qu’on me retrouve les 1% et qu’on me les ramène tous ici, les poings liés.

Le désir de révolution ne se ressent pas seulement au niveau politique, il se ressent à l’intérieur de la cellule familiale, dans les rapport homme-femme.

L’abus, la duperie n’ont pas que pour cadre le domaine politique, ils existent également à l’échelle le plus bas de la société.

J’ai apprécié ce livre pour sa fraîcheur, pour les éclats de rire qui effacent les éclats d’obus. Avec ce livre, on imagine ce qui a dû se passer dans les foyers arabes lors de la révolution, tous les non-dits… J’ai apprécié voir le printemps arabe sous cet angle.

Les séquences sont assez courtes  mais on est un peu perdu quand elles sont dissociées.

Beaucoup de séquences tournent autour du sexe, cet aspect m’a un peu gênée.

L’auteur à travers ces micro-récits nous rappelle ceci : il vaut mieux en rire qu’en pleurer…

 

 

Drôle_de_printemps[1]

Miniatures 

« Miniatures » est un recueil de  cinquante portraits dont les histoires se recoupent et forment une fresque de la société marocaine contemporaine. De la petite bonne à tout faire au golden boy de la bourse de Casablanca, du cyberdragueur au professeur intégriste religieux, les personnages miniatures dessinés par Youssouf Amine Elalamy se racontent…

Ils nous exposent des fragments de leur vie et nous laissent y lire leur pauvreté, leur dépit, leur foi, leur compassion théorique, leur fatalité…

Leurs points de vue et attitudes sont souvent hilarants. Prenez pour exemple cet homme qui pense que les techniques de reproduction que sont les pratiques sexuelles en multipliant les exemplaires à volonté, remplacent une oeuvre unique, exclusive, par un phénomène de masse ou encore cette femme qui ne mange plus rien (viande ou céréale) parce qu’étant mère, il est inconcevable pour elle de manger les enfants des autres.

[…] Marcel a perdu, en l’espace d’un mois, son père, puis son fils Aimé. Depuis, Marcel, qui n’a pas perdu la foi pour autant, ne se signe plus qu’Au nom du Saint Esprit.

 

A la maison, son père n’a d’yeux que pour  sa sœur, sa sœur n’a d’yeux que pour son frère, son frère n’a d’yeux que pour sa mère, sa mère n’a d’yeux que pour lui qui n’a plus d’yeux du tout. Une chance que la balle qui l’a touché ne l’ait pas tué.

Il y a du rire dans « Miniatures » mais aussi des larmes. Comme dans la vraie vie, tout n’est pas rose…

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Mille soleils splendides

mille soleils splendides

Ouvre tes oreilles en grand et retiens bien la leçon : de même que l’aiguille d’une boussole indique le nord, un homme qui cherche un coupable montrera toujours une femme du doigt. Toujours. Ne l’oublie jamais, Mariam.

Ce sont les mots que Nana adresse à sa fille Mariam, sa petite fille harami (bâtarde), fruit d’une union illégitime.

Mariam, une enfant que l’on met à l’écart, à qui l’on rappelle dès que l’on a l’occasion qu’elle n’est pas désirée.

Mariam, une enfant qui chérit un père dont l’amour ne se manifeste que lorsqu’ils ne sont que tous les deux.

Mariam, une jeune fille dont on ne considère pas la valeur, une adolescente que l’on vend, que l’on marie de force à Rachid, un homme qui peut être son père.

On assiste impuissante à ce mariage forcé, au calvaire de Mariam incapable de donner la vie, à la violence domestique qu’elle subit, à la multiplication de ses peines, à la soustraction de sa liberté.

– C’est notre lot à nous, Mariam. Les femmes comme nous ne font rien qu’endurer. On n’a pas le choix. Tu comprends ?

Le temps s’égrène, l’Afghanistan est rongé par la guerre et l’occupation soviétique. Le pays se métamorphose sans affecter positivement la vie de Mariam ;  Rachid son mari est toujours aussi méprisant.

La condition de vie de Mariam est un cas isolé ? L’entrée en scène d’une autre jeune fille afghane, Laila, nous apporte une réponse.

La vie familiale de Laila est différente de celle de Mariam. Laila est une enfant légitime, une enfant négligée par sa mère, très aimée par son père. Un père qui ne la mariera jamais de force.

« Je sais que tu es encore jeune, disait-il, mais je veux que tu comprennes une chose dès maintenant : le mariage peut attendre. Pas l’éducation. […]

Parce qu’une société n’a aucune chance de prospérer si ses femmes ne sont pas instruites, Laila. Aucune chance. »

Laila a des amies, va à l’école, s’éveille à l’amour. est amoureuse de son meilleur ami, Tariq. La vie de Laila n’est en aucun cas calquée sur celle de Mariam. L’avenir de Laila est prometteur…

Ces vies très distinctes vont pourtant s’entrecroiser. Une tragédie fera de Laila, la co-épouse de Mariam.

Deux vies très distinctes vont se mêler et créer une histoire commune, un cocktail de méfiance, de complicité, d’amour, de sacrifice…

Avant que ses parents meurent et que sa vie chavire, Laila n’aurait jamais cru qu’un corps humain puisse endurer tant de violence, tant de cruauté, et continuer malgré tout à fonctionner.

« Mille soleils splendides » est un roman vivant et plein de saveurs.

« Mille soleils splendides » est la photographie de l’Afghanistan de 1960 à 2003, son chaos politique et social engendré par ses différentes gouvernances.

« Mille soleils splendides » représente les 1000 visages de la femme. La femme brave, la femme apeurée, la femme esclave, la femme libre, la femme qui lutte, la femme qui subit, la femme qui souffre mais sourit, la femme qui aime, la femme qui hait, la femme qui donne la vie, la femme qui tue…

Ce roman dépeint toutes les formes de l’amour : amour passion, amour filial, amour-amitié… 

Ce roman attriste, révolte, effraie, émeut. Il nous révèle combien il est difficile d’être une femme en Afghanistan.

« À l’attention des femmes : Vous ne quitterez plus votre maison. Il est inconvenant pour une femme de se promener dehors sans but précis. Pour sortir, vous devrez être accompagnée par un mahram, un homme de votre famille. Si vous êtes surprise seule dans la rue, vous serez battue et renvoyée chez vous. En aucun cas vous ne dévoilerez votre visage. Vous porterez une burqa à l’extérieur de votre maison. Sinon, vous serez sévèrement battue. Il vous est interdit de vous maquiller. Il vous est interdit d’arborer des bijoux. Vous ne vous afficherez pas avec des vêtements aguichants. Vous ne parlerez que lorsqu’on vous adressera la parole. Vous ne regarderez aucun homme droit dans les yeux. Vous ne rirez pas en public. Sinon, vous serez battue. Vous ne vous vernirez pas les ongles. Sinon, vous serez amputée d’un doigt. Il vous est interdit d’aller à l’école. Toutes les écoles pour filles seront fermées. Il vous est interdit de travailler. Si vous êtes reconnue coupable d’adultère, vous serez lapidée. Ecoutez bien et obéissez. Allah-u-akbar. »

Le personnage de Mariam m’a énormément touchée. Cette femme pleine d’amour et si brave a eu une vie inachevée, a touché le bonheur du bout des doigts.

La mort est omniprésente dans « Mille soleils splendides » mais n’arrive pas à étouffer la vie, l’espoir en une vie meilleure…

Envie de découvrir ce livre ? Cliquez ici

Grand merci à la chroniqueuse de Tout ce qui brille qui m’a fait découvrir ce roman.

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Amours sorcières

Tahar Ben Jelloun

Ce recueil offre 4 amours sorcières, 9 amours contrariées, 5 trahisons et 2 amitiés.

Dans ces 20 nouvelles parfumées aux senteurs de l’Orient, Tahar Ben Jelloun dévoile les pans de l’identité culturelle du Maroc : ses mœurs, ses tabous, ses superstitions, ses mille et une dispositions pour faire disparaître le mauvais œil, ses M.A.T (maladies amicalement transmissibles), l’hypocrisie générale et la corruption.

5 histoires m’ont réellement marquée :

  • L’amour sorcier… Hamza, célibataire endurci tombe amoureux de Najat, n’arrive pas à se débarrasser d’elle comme toutes les autres. Son ami Abdeslam n’y voit qu’une raison : il a été envoûté par Najat.

Dans cette histoire, je n’ai pas été marquée par l’intrigue mais plutôt par le caractère excentrique de Najat. Elle donne un côté intellectuel aux positions sexuelles ! On l’imagine en train d’y réfléchir sérieusement et moi ça m’a fait beaucoup rire. J’ai aussi aimé le regard posé sur les femmes célibataires :

Dans ce pays bien-aimé, il n’y a pas de place pour une femme libre ; ici tu es une maman ou une putain !

  • Séduction… Une femme cérébrale a besoin pour être séduite d’un conteur, un fabuleux diseur d’histoire. J’ai apprécié cette histoire pour  la poésie qu’elle dégage et sa chute brutale et inattendue.
  • Tricinti… Nour Eddine, un employé de la RADE, pour arrondir ses fins de mois décide d’escroquer un village qui réclame de l’électricité. Il est escroqué à son tour et de la pire des façons. J’ai apprécié l’allure de conte et l’humour que dégage cette histoire.
  • L’enfant trahi… un enfant s’adresse à son autre, un adulte qui veut mourir en martyr. Cette nouvelle m’a ramenée à toutes ces fois où j’ai trahi l’enfant en moi, en lui faisant suivre une trajectoire qui brisait ses rêves.
  • Naïma et Habiba… Deux femmes, l’une est borgne, l’autre a la maladie de Charcot, l’une est au service de l’autre… Cette histoire est une très belle leçon sur l’amitié et le courage.

Le courage c’est surtout le fait d’accepter ce qui arrive. Accepter, ne pas nier, vivre malgré tout.

Il n’y a pas eu que des coups de cœur, j’ai eu un coup de pied pour une histoire et devinez comment elle s’appelle ?

Pantoufle !

C’est l’histoire d’un homme qui aime ses pantoufles achetées lors d’un de ses voyages en France, des pantoufles qu’il ne retrouve jamais au même endroit. Il décide donc de ne plus se séparer de ses pantoufles et se rend dans un magasin de maroquinerie demander un cartable de la taille de ces pantoufles.

Quelle est la valeur ajoutée de cette histoire ? 0 J’ai réellement perdu 5 minutes de ma vie en la lisant.

En somme, j’ai apprécié moyennement ce recueil. Certaines histoires m’ont ennuyée parce que j’avais l’impression que c’était l’histoire qui les précédait mais sous une autre forme.

Ce livre a de belles citations que j’ai pris plaisir à noter :

L’amour est si rare que lorsqu’il nous atteint, il ne faut pas s’économiser, il faut s’y donner corps et âme.

Tu as appris que le monde est compliqué, que les mots ne disent pas ce qu’ils devraient dire et signifier.

La musique n’adoucit pas toujours les mœurs comme on dit, mais elle contribue à éduquer l’oreille de l’homme.

Ce que fait l’homme à l’homme, aucun animal, aussi féroce soit-il, ne peut le faire à un autre animal.

On écrit rarement sur la fidélité, la bonté, la paix… En revanche  le mal est un allié essentiel de la littérature ; elle en a besoin ; on pourrait dire que ça stimule l’écrivain.

Cette citation m’a interpellée. Le mal ne stimule pas seulement l’écrivain mais le lecteur. Combien de fois blâme-t-on l’écrivain quand il décrit un monde radieux, paisible ?

Un recueil de nouvelles ne devrait pas comporter plus de 10 histoires, je trouve que ça l’alourdit, modifie le caractère de la nouvelle qui est censée être brève. Et vous, qu’en pensez-vous ?

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre

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N’oublier jamais

« Vous croisez au bord d’une falaise une jolie fille ?
Ne lui tendez pas la main !
On pourrait croire que vous l’avez poussée. »

 
Il court vite, Jamal, très vite. A cause de sa prothèse à la jambe et autres coups du sort, il a un destin à rattraper. A Yport, parti s’entraîner sur la plus haute falaise d’Europe, il a d’abord remarqué l’écharpe, rouge, accrochée à une clôture, puis la femme brune, incroyablement belle, la robe déchirée, le dos face au vide, les yeux rivés aux siens. Ils sont seuls au monde ; Jamal lui tend l’écharpe comme on lance une bouée.
Quelques secondes plus tard, sur les galets glacés de la plage déserte, gît sous les yeux effarés de Jamal le corps inerte de l’inconnue.
A son cou, l’écharpe rouge. 

C’est la version de Jamal.
Le croyez-vous ?

N'oublier jamais

Je pourrais comparer ce livre à une feuille  de papier posée sur une table et sur laquelle est inscrit un rebut. Curieux, l’on s’approche. Une dose de confiance nous pousse à  tenter de déchiffrer le rebut. Une dose qui diminue… Le rebut est assez compliqué, on se perd … On triture la feuille et l’on s’aperçoit qu’il y a une autre feuille en dessous, une feuille qui elle aussi contient un rebut, une feuille qui en cache une autre plein de rebuts…

Le roman débute par un message de la Brigade Territoriale de Proximité d’Etretat à l’Unité Gendarmerie d’Identification des Victimes de Catastrophes (UGIVC) de Rosny-sous-Bois. Trois squelettes ont  été retrouvés, aucun effet personnel ne permet de les identifier. Des questions demeurent ouvertes : qui sont ces trois individus ? Quand sont-ils morts ? Quelle est la cause de leur décès ?

L’UGIVC pourra sans doute répondre à ces questions.

A ce niveau de lecture, on retourne lire la 4ème de couverture, histoire d’être bien ancré dans le récit.

Jamal et la femme brune apparaissent après la correspondance. On assiste au drame et dès ce moment, nous faisons notre entrée officielle dans l’histoire. Nous découvrons non pas un meurtre mais trois meurtres ! La surprise ne s’arrête pas là, on découvre que ces 3 meurtres ont des similitudes. Sans aucun doute, elles sont l’œuvre d’un tueur en série.

Serait-ce Jamal ?

Ce dernier clame son innocence, interroge le lecteur et veut savoir s’il croit qu’il a tué cette femme incroyablement belle.

On le croit, il a l’air si sincère ! Mais au fur et à mesure que nous avançons dans l’histoire, au fur et à mesure que la couche de mystères s’épaissit, on ne sait plus que penser.

Jamal est-il un tueur en série qui nous manipule ?

Est-il victime d’une machination ?

Est-il victime de lui-même, des relents de son passé, est-il atteint d’un trouble de la personnalité, sujet à la folie ?

On s’interroge et l’auteur prend plaisir à ne montrer qu’une face de l’iceberg, nous voir nous interroger, douter, enquêter.

Lentement, il soulève l’une après l’autre les couches de mystère et la vérité révélée nous fait l’effet d’une bonne douche froide : jamais nous ne pourrons rivaliser avec Hercule Poirot.

N’oublier jamais est un amas de mystères, une histoire surprenante. Un livre à lire et à faire lire.

Ce polar a un côté romanesque qui attendrit. J’ai aimé la rencontre décalée de Jamal et Mona, j’attendais beaucoup de cette relation, hélas …

Ne pas attraper celle ou celui qu’il nous faut est fatal, n’oubliez jamais cela…

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre

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Katiba _ Jean-Christophe Rufin

Katiba

Quatre touristes occidentaux sont assassinés dans le Sahara. L’attaque est signée al-Qaïda au Maghreb islamique, une organisation terroriste implantée dans les anciennes zones d’influence française d’Afrique de l’Ouest. Tout laisse à penser qu’elle veut aller beaucoup plus loin et rêve de frapper la France au cœur. L’événement est présenté par les médias comme un fait divers tragique mais il met en alerte les services de renseignements, de Washington aux Émirats, d’Alger à Paris. Au centre de leurs jeux complexes, Jasmine. Jeune fonctionnaire du Quai d’Orsay apparemment sans histoire, elle émerge peu à peu comme la pièce maîtresse d’une opération d’envergure inédite. Quels liens cette Française à l’élégance stricte entretient-elle avec le monde musulman ? Quelle secrète influence pèse sur elle depuis la disparition de son mari, consul de France en Mauritanie ? C’est en démêlant les fils les plus intimes de sa vie que la vérité se fera jour et que le suspense, haletant, trouvera son dénouement. Complice, victime ou agent double, Jasmine incarné le mélange de répulsion et de fascination que le fondamentalisme religieux exerce inconsciemment sur chacun de nous.

Katiba, une fiction qui prend sa source dans des circonstances qui sont d’actualité,

 Katiba… un camp de combattants islamistes en Afrique du Nord,

Katiba…. des agents secrets qui te pistent et veulent percer tes secrets, déjouer tes plans

Katiba… une belle femme intrigante,  pleine de mystères…

Katiba est une nébuleuse, un concentré d’action. A peine débarqué à Nouakchott qu’il nous faut déjà repartir en France avec des escales au Mali, au Sénégal, au Niger  et en Afrique du Sud.

Katiba nous plonge au cœur de l’organisation des services de renseignement, dissèque une cellule terroriste et nous fait découvrir son fonctionnement, ses modes d’alimentation, ses conflits internes, sa destinée…

Le suspense est crescendo au fil des parties et ne laisse pas notre esprit au repos; chaque partie terminée nous laisse avec des points d’interrogation, nous invite à ne pas rester en surface mais à creuser.

Chaque personnage est une pièce du puzzle. Tels des détectives, nous cherchons à dévoiler les non-dits aussi bien des agents secrets que des combattants dans le désert.

L’intrigue est bien ficelée, l’histoire pleine de surprises. On tombe en admiration devant l’auteur: comment il a fait pour imaginer tout ça?!

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J’ai  apprécié la diversité des décors où se déroule l’histoire, cela lui donne un aspect dynamique non négligeable.

La diversité des personnalités qui opèrent sur la scène est également un gros plus.

J’ai surtout apprécié les vérités universelles qui ressortent de ce livre:

Celui qui croit manipuler n’est en fait que celui qui est manipulé.

Les attentats servent souvent à ceux qui se font passer pour les victimes.

Alimente la haine et jamais les conflits ne prendront fin.

Être le fruit de deux nations qui se méprisent est la pire sentence pour un homme.

Les maîtres ne jouent jamais les coups évidents et trop faciles.

Il y a toujours un autre côté. Au moins un. Les choses ne sont pas plates, crois-moi. On peut les retourner. Elles ont toujours une autre face.

J’aimerais bien voir l’adaptation cinématographique de ce livre. En attendant, je vous souhaite une bonne lecture.

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre

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Les anges meurent de nos blessures.

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Il se faisait appeler Turambo, du nom du village misérable où il était né, dans l’Algérie des années 1920. Il avait pour lui sa candeur désarmante et un direct du gauche foudroyant.

Il fréquenta le monde des Occidentaux, connut la gloire, l’argent et la fièvre des rings, pourtant aucun trophée ne faisait frémir son âme mieux que le regard d’une femme.

De Nora à Louise, d’Aïda à Irène, il cherchait un sens à sa vie.

Mais dans un monde où la cupidité et le prestige règnent en maîtres absolus, l’amour se met parfois en grand danger, l’amitié aussi…

Avec des phrases percutantes, Yasmina Khadra déballe une profonde réflexion sur le genre humain.

Dans les années 20-30, une race se disait ouvertement supérieure aux autres. Il est dommage de voir qu’en 2015, les choses n’ont pas vraiment changé…

L’auteur peint la vie de misère qui s’attache à nos pas, ces circonstances fâcheuses qui ne nous lâchent pas.  A travers tous ces visages en souffrance qu’il nous fait voir, on lit ceci : le pauvre ne demande rien de mirobolant, il veut juste une vie décente

La quête sentimentale de Turambo nous fait explorer les différents obstacles que rencontre l’amour. Avec Nora, notre héros connaît l’amour pubère, un amour qui lui est arraché par sa famille car il ne peut pas offrir à sa belle le destin qu’elle mérite.

Avec Louise c’est le coup de foudre, un amour qu’on lui interdit de développer parce qu’il n’appartient pas à la classe de la jeune demoiselle.

Avec Aïda c’est l’amour délicat; une affection mal interprétée, un amour qui n’est pas réciproque. C’est un amour que Turambo doit également abandonner car la jeune dame dont il s’est épris ne veut pas dépendre d’un homme, ne veut pas d’une autre vie que ce qu’elle a.

Avec Irène c’est l’amour passion, un amour qu’on lui demandera de mettre de côté parce que carrière et vie de famille ne font pas bon ménage…

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L’auteur décrit des personnes  qui aveuglées par la cupidité et le vice ont perdu leur humanité.  Il nous interpelle sur notre quête de l’ascension sociale, met l’accent sur l’importance d’une famille.

Tu peux avoir autant de patries que tu veux, si tu n’as pas de famille tu n’es personne.

Encore une fois, je n’ai pas été déçue de Yasmina Khadra et je m’apprête à lire une autre de ses œuvres.

J’hésite entre l’Equation africaine et la Part du mort. Quel titre attire votre curiosité?

Grâce Minlibé,

Auteure de Chimères de verre

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L’attentat – Yasmina Khadra

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Subjuguée par «Ce que le jour doit à la nuit », j’ai voulu découvrir une autre œuvre de Yasmina Khadra. Mon choix s’est porté sur «l’attentat » vu sa quatrième de couverture très alléchante et l’avis positif de plusieurs passionnés de lecture.

Il y a des livres qui ne lisent pas mais qui se vivent et Yasmina Khadra a cette facilité à faire vivre les histoires qu’il raconte. Est-ce parce qu’elles ont un fond historique, traitent de sujets d’actualité, de rapports humains ou est-ce dû au langage poétique de l’auteur?

Je dirais que c’est un condensé de tout cela.

A travers ce livre, j’ai été plongée dans un conflit que je regarde souvent de loin parce que je ne suis ni juive ni palestinienne. Combien de fois sommes-nous indifférents à ce qui nous entoure parce qu’on ne s’y reconnait pas…

J’ai été bouleversée par la perte d’Amine,  son amour inachevé,  la vision de la vie de tous ceux qui se considèrent comme des martyrs; j’ai vu jusqu’où la perte de dignité, la rancœur, l’incompréhension, l’ignorance de l’essentiel de l’autre peuvent mener.

Je me suis rendue compte que rien, absolument rien ne peut arrêter la détermination d’un homme ou une femme.

La mort est dans chaque recoin de ce livre mais j’y ai perçu cet appel à protéger notre vie et  à considérer la valeur de celle de l’autre.

J’aurais voulu une autre fin, plus heureuse mais bon vouloir une autre fin c’est fermer la porte à la réalité…

Avez-vous lu ce livre ? Dites-moi ce que vous en avez pensé

Si vous ne l’avez pas encore lu, inscrivez-le dans votre liste. Vous ne serez pas déçus.

Le résumé du livre ci-dessous

Dans un restaurant de Tel Aviv, une jeune femme se fait exploser au milieu de dizaines de clients. Le docteur Amine, chirurgien israélien d’origine arabe, est appelé d’urgence pour examiner le corps de la kamikaze : il découvre avec stupeur qu’il s’agit de sa propre femme. Comment admettre l’impossible, découvrir qu’on a partagé, des années durant, la vie et l’intimité d’une personne dont on ignorait l’essentiel ?