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Les 700 aveugles de Bafia – Mutt-Lon

Couverture Les 700 aveugles de Bafia

Les 700 aveugles de Bafia retrace les trajectoires de deux femmes qui n’auraient jamais dû se rencontrer : Damienne Bourdin, jeune Marseillaise, médecin des troupes coloniales fraîchement arrivée en Afrique pour travailler auprès du Dr Jamot, et Débora Edoa, infirmière auxiliaire indigène, princesse Ewondo.
Nous sommes en 1929 au Cameroun. Le Dr Eugène Jamot, grand nom de la médecine tropicale, dirige la Mission permanente de prophylaxie de la maladie du sommeil. À la tête d’une armée de médecins français et d’infirmiers indigènes, il tente de lutter contre la terrible maladie. Malheureusement une bavure médicale survient dans une subdivision sanitaire, qui produit plusieurs centaines d’aveugles, induisant au passage une révolte indigène. Damienne Bourdin, l’héroïne principale, se voit confier par Jamot la responsabilité d’exfiltrer l’infirmière Débora Edoa, dont la présence sur les lieux de la révolte est sur le point de compliquer la donne en provoquant une guerre tribale.

Ce récit relate une bavure médicale inconnue du grand nombre. Dommage que rien n’ai été écrit sur ce sujet jusqu’ici. On ressent un sentiment d’injustice parce que le vrai coupable n’a pas répondu de ses actes, les victimes n’ont pas été dédommagées par l’administration coloniale.

Ce récit évoque également les tensions tribales mais je n’ai pas réellement perçu les causes de dissension entre les ewondo et les bafia.

La lecture est fluide, la thématique intéressante mais il m’a manqué de la profondeur dans les portraits de certains personnages notamment celui d’Abouem, le chef traditionnel qui va initier la révolte.

Il est vrai que le parcours de Damienne, cette jeune Marseillaise, médecin des troupes coloniales est intéressant à suivre. Il est vrai qu’à travers elle et Edoa, on rencontre des femmes libres, qui ne se laissent pas dicter leurs choix mais j’aurais préféré que l’histoire soit racontée du point de vue des autochtones, des aveugles, de ceux qui ont subi la bavure médicale.

La fan de romance, d’amour avorté que je suis a bien apprécié l’histoire avortée de Rouget.

Entre roman historique et roman d’aventures, Les 700 aveugles de Bafia est une intéressante découverte, un roman qui invite à se souvenir, à ne pas oublier ce qui a été fait.

La citation préférée

Dans chaque famille paisible, on trouve des germes latents de discorde, et il finit toujours par arriver quelqu’un qui excelle dans l’art de les agiter.

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Hadja Binta – Badiadji Horrétowdo

Lorsque la vie de la princesse Binta bascule à Garoua, dans le Nord-Cameroun, Hadja Binta l’ignorait sans doute,« La Halmata holding n’a jamais eu la délicatesse de remettre à l’eau une baleine échouée sur sa plage »!

Badiadji Horrétowdo signe un nouveau roman, plein d’audace et de sensibilité, qui explore l’univers peu connu d’une prostitution qui s’ignore dans le microcosme de la communauté du Sahel à Douala.

l'Afrique écrit

La bêtise a ceci de terrible qu’elle peut ressembler à la plus profonde sagesse. Valery Larbaud

J’aime ces citations de début de roman qui donnent envie de s’aventurer dans les prochaines pages.

Hadja Halmata est le 1er personnage que l’on rencontre. Une musulmane pieuse qui est à la tête d’une … maison close.

Hadja Halmata prend soin de ses protégées, celles qui sont à la source de son entreprise florissante. Elle leur donne astuces, potions pour attirer vers elles les hommes de leurs vies.  Ce rêve que ces jeunes filles miroitent a été le sien il y a des années. 

Le lecteur découvre sa vie de femme, d’épouse 

Elle se souvenait : j’étais une épouse, si l’on veut ! Mais je me voyais surtout en domestique ; une domestique sur qui l’employeur passait ses nerfs, qu’il battait et tapait, violentait et violait, quand cela lui chantait ! Au prix d’un indicible chagrin, elle devait garder le silence, accepter stoïquement la condition qui était la sienne, synonyme d’une femme bien éduquée, digne et exemplaire, une femme authentique ! Un modèle dans le genre. Mais il est des douleurs qui ont des limites ! admettait-elle.
Le chemin du Paradis ne devrait pas être synonyme de l’enfer ! Nul ne mérite la souffrance ! Aucune femme ne naît à dessein de souffrir !

Et pourtant ici, une femme qui dit « non » à son époux n’est qu’une rebelle. C’est l’homme qui règne dans le foyer conjugal, c’est tout naturellement lui qui dicte la mesure, c’est lui qui répudie aussi !
Sa vie dans le Septentrion voguait entre mariages et divorces qui lui valurent au demeurant le titre honni de rebelle ! Celle que l’on ne devrait plus épouser, puisque de toute façon, elle s’enfuirait au premier prétexte, disait-on.

Hadja Halmata quitte le Nord pour le Sud. A défaut d’amour, elle se concentre sur les affaires. Un restaurant où l’alcool n’est point servi puis la maison close où atterrit Hadja Binta. 

Adolescente, elle fut mariée à 14 ans à un homme de seize ans son aîné, l’un des employés de son père, un richissime homme d’affaires.

Le mariage d’amour, nous n’en connaissons pas et d’ailleurs, que peut-il signifier pour une fille mariée à un âge où elle vient à peine de vivre ses premières menstruations, si ce n’est que l’homme avec lequel elle est amenée à partager sa vie est simplement son amour ?

Hadja Binta a vécu dans l’opulence jusqu’à la déchéance de son père. Une déchéance qui signifie le début des violences conjugales pour Hadja Binta.

Comme Hadja Halmata, elle a quitté le Nord pour le Sud.

Comme les jeunes femmes qui composent le harem de Hadja Halmata, elle rêve d’un mariage digne de son statut qui lui permettra surtout de retrouver les lumières. Mais ce rêve est-il réalisable dans ce réseau de prostitution déguisée ? 

Hadja Binta est une lecture intéressante et révoltante sur le mariage précoce, la condition des femmes au Sahel où elles sont objet, propriété de l’Homme qu’il soit père ou mari.

Pour nous autres femmes, le chemin qui mène au mariage est bien sûr à prendre très au sérieux, c’est notre héritage, et notre destinée de femme. Sans le mariage nous ne valons rien ou pas grand-chose. C’est le mariage qui donne sens et raison d’être à la vie de nos jeunes femmes. N’est-ce pas, ma fille ?

Le narrateur parle sans ambages de l’hypocrisie humaine qui se sert du nom de Dieu comme d’un voile pour cacher ses vilenies. Il expose l’hypocrisie des croyants musulmans qui interprètent les textes sacrés à leur guise, s’adonnent à la fornication mais jugent le musulman qui boit. 

Il dresse le portrait d’une élite qui préfère donner du poisson plutôt qu’apprendre à pêcher au démuni afin de continuer à bénéficier des louanges. 

Hadja Binta offre une écriture fluide au lecteur, un langage courant agrémenté du camfranglais. 

Ce fut une sympathique découverte pour moi.

Christmas

Éditeur : Proximité

Date de publication : Mars 2019

Nombre de pages : 268

Disponible aux formats papier et numérique 

Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020

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Pour une couleur de peau – Journée internationale de sensibilisation à l’albinisme

Je n’étais pas censée publier aujourd’hui mais le 13 juin a été proclamé Journée internationale de sensibilisation à l’albinisme par l’Assemblée générale des Nations Unies depuis 2004 et j’ai récemment lu un livre sur l’albinisme.

Couverture Pour une couleur de peau

Chantal est déterminée à protéger sa fille, Agnès, née albinos au Cameroun, contre les superstitions et craintes. Les trois parties de cet album, par des dessinateurs aux styles fondamentalement différents, retracent les moments décisifs la vie de ces deux femmes, entre rejets, menaces et désir d’une vie normale.
« Pour une couleur de peau » dénonce ainsi les discriminations voire les persécutions subies par les albinos aujourd’hui au Cameroun et Afrique Centrale, malgré une prise de conscience de plus en plus importante de la communauté internationale 

Trois chapitres composent cette bande-dessinée et représentent une période bien particulière de la vie de Chantal et sa fille. Chaque chapitre est singulièrement illustré par un dessinateur.

Chapitre 1, Chantal

Septembre 1997. Chantal donne naissance à une petite fille albinos qu’elle prénomme Agnès. Si elle est sous le charme de sa fille, ce n’est pas le cas de ses parents qui la rejettent aussitôt. Ils lui proposent de la confier à un orphelinat ce que Chantal refuse. Elle assume la différence de sa fille.

Un enfant albinos est synonyme de malchance dans bien des contrées africaines et le Cameroun n’est pas exclu. Un enfant albinos est considéré comme un être maudit, possédé. Chantal n’est pas soutenue par le père de sa fille. Abandonnée de tous, elle va trouver du soutien auprès du pédiatre David. J’ai beaucoup apprécié cet homme très compréhensif, bienveillant qui va aider la jeune mère sans arrière-pensée.

Chantal, mère courage, va arrêter ses études pour s’occuper de sa fille, tenter de refaire sa vie avec un homme. Une nouvelle expérience amoureuse qui va s’écourter brusquement. J’avoue avoir traité Chantal d’idiote. Je pensais que sa mésaventure avec le père d’Agnès l’aurait amené à faire des choix plus judicieux.

Obligée de quitter son logement après des péripéties qui ont viré au drame, Chantal quitte Yaoundé et se rend au village du docteur David.

2e chapitre, Agnès

Agnès a 9 ans et mène une vie paisible au village jusqu’à ce que les préjugés sur l’albinisme fassent de nouveau surface. Que dire de cet homme qui a le SIDA et croit que coucher avec une albinos le guérira de son mal ? Chantal arrivera-t-elle à protéger sa fille de l’ignorance, des superstitions ?

3e chapitre, intitulé pour une couleur de peau

Agnès a 22 ans et est une jeune femme accomplie. Sportive, elle détient le record d’Afrique sur le 800 m. De retour au Cameroun, elle a l’intention de s’impliquer fortement dans une association d’aide aux albinos du Cameroun.

Cette bande-dessinée est une sympathique histoire pour sensibiliser sur l’albinisme. Non, les albinos ne sont pas les remèdes à divers maux. Quant à l’illustration, j’ai beaucoup apprécié ceux des deux dernières parties de l’album.

En ces temps où le racisme est au cœur des débats, j’ai sourcillé lorsque qu’Agnès a dit que toutes les sociétés devraient prendre exemple sur le sport car les sportifs entre eux étaient rarement racistes. Si elle n’était pas une fille de papier, je lui aurais rappelé l’insulte de Ronaldo à Matuidi lors du match Real – Juventus en 2018.

Grand merci à Youscribe et Canal+ qui m’ont permis de lire gratuitement cette oeuvre sur la plateforme Youscribe.

Et si vous voulez un autre livre qui évoque l’albinisme, cliquez ICI

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Les jours viennent et passent – Hemley Boum

Au soir de sa vie, Anna se remémore son existence mouvementée dans un Cameroun en pleine mutation. À ses côtés, sa fille unique, Abi, qui a choisi de vivre en France, tente de dénouer ses propres conflits, d’accorder vie amoureuse et responsabilités familiales. Une toute jeune femme, Tina, rescapée des camps de Boko Haram, mêlera sa voix et sa destinée aux leurs. À travers ces trois générations de femmes, Hemley Boum embrasse, en un même élan romanesque, à la fois l’histoire contemporaine du Cameroun et l’éternelle histoire du cœur humain.

 

 

l'Afrique écrit

 

La mère…

Anna est en fin de vie et se souvient. Elle nous mène sur les pas de son enfance. Elle qui n’a pas connu sa mère, a été élevée par Awaya, la paysanne veuve de plusieurs maris qui a elle-même élevé la mère d’Anna.

Anna se souvient de son accession au savoir, son temps de servitude chez les bonnes sœurs, sa rencontre avec le père d’Abi, son mariage, sa difficulté à s’intégrer dans sa belle-famille Bamiléké. 

La fille…

Abi évoque sa vie familiale, sa liaison adultérine qui a causé l’effondrement de sa cellule familiale, les conséquences dans la vie de son fils Max. 

 

La petite-fille….

Tina a le même âge que Max, il est d’ailleurs un proche ami. Elle intervient dans la 2e partie du livre. Une jeune fille dans la légèreté de l’adolescence qui se retrouve embrigadée dans un camp de Boko Haram. 

 

Les jours viennent et passent évoque plusieurs thèmes d’actualité : Boko Haram et les méthodes de recrutement de ces terroristes au Cameroun, l’exode du Nord vers le Sud du pays, la faiblesse du dispositif de lutte contre l’embrigadement des jeunes. L’Etat qui ne joue pas grand rôle, la corruption et cupidité des hommes politiques. 

Leur jihad est la caution morale d’escroqueries, de viols et de meurtres à grande échelle. 

 

Dans notre pays, la bureaucratie, les contrôles judiciaires, la loi, tout ce qui protège l’individu et permet l’éclosion d’une citoyenneté était dévoyé, distordu, même nos frontières étaient poreuses. 

 

Rien n’était mis en place : aucune communication, aucun plan d’action pour prévenir les familles, leur indiquer des relais d’entraide, fournir des outils pour combattre l’embrigadement, tous les embrigadements, qu’il s’agisse du désir d’Europe, via les pays du Maghreb – avec des passeurs ouvertement racistes, négriers des temps modernes –, ou de l’appel au jihad,

 

Les hommes faits envoient des jeunes gens à la guerre, c’est ainsi partout et de tout temps. Les vieux créent les conditions des conflits, nourrissent les hostilités, prétendent défendre des questions essentielles : le bien contre le mal, quand ils ne font que s’arc-bouter sur leurs privilèges en convoitant les richesses des autres. Ils ourdissent des stratégies délétères, puis lancent leurs enfants à l’assaut de l’ennemi.

 

 

Les jours viennent et passent parle de vies de femmes, leurs intimités, leurs challenges quotidiens : la gestion de la belle-famille, la polygamie, la rupture des liens maritaux.

La prison d’une femme ça peut être aussi la maison de son mari ou de son père.

 

Le corps d’une femme est bien plus exigeant que son cœur, l’ai-je déjà dit ? Il n’a qu’une vie et jamais ne l’oublie. Il thésaurise les traces de coups comme le souvenir des baisers, les blessures que l’on s’inflige et celles que la vie nous porte. Il ne guérit pas, ne se renouvelle pas, avance au pas de charge, seuls comptent le passé et le présent, l’avenir ne le concerne pas. Alors il ne peut se permettre aucune hypocrisie, le corps : il se rit de nos subterfuges, balaie d’un revers de la main nos atermoiements, les petits arrangements que l’on fait avec soi-même, il n’écoute pas les excuses et sanctionne
sans appel les impostures que le cœur tolère. 

 

Les jours viennent et passent décrit cette société où l’erreur de l’homme est acceptée, celle de la femme condamnée. 

J’ai découvert via ce roman la culture et le mode de vie des bamiléké, la profondeur de leur attachement aux valeurs ancestrales.

 

Le roman émet une réflexion sur la littérature africaine qui pourrait susciter de vifs débats. 

Je me suis longtemps tenue à l’écart de la littérature africaine, j’y lisais une injonction qui ne me convenait pas. Les auteurs étrangers parlaient à une « moi » intime, eux convoquaient la couleur de ma peau, ainsi qu’une histoire qui me blessait et m’humiliait. J’étais une femme sensible, en proie aux remous de la vie, pas un concept, un combat perdu, un territoire à conquérir, une authenticité à redéfinir. Mon identité ne faisait aucun doute à mes yeux, ou si doute il y avait, leur imaginaire peinait à en restituer la complexité.

 

Ce roman polyphonique à la tonalité lyrique se lit aisément. Il a ses moments de rire et ses moments de peine. Sympathique lecture mais je n’ai pas retrouvé la puissance d’écriture singulière d’Hemley Boum. 

 

 

Christmas

 

Éditeur : Gallimard

Collection : Blanche

Date de publication :  2019

Nombre de pages : 368

Disponible aux formats papier et numérique 

 

Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020

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Rentrée littéraire chez Grasset: Rouge impératrice de Léonora Miano

Grâce à la plateforme Net Galley, je découvre des romans de la rentrée littéraire 2019.

Je remercie les éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir en avant-première le dernier roman de Léonora Miano

Rouge impératrice

Auteure d’une dizaine de romans dont je n’ai lu jusqu’ici que la saison de l’ombre, cette brillante auteure camerounaise s’intéresse à son continent. Elle explore son passé, expose son présent, anticipe son futur.

Et si le monde tournait à l’envers ? Et si le monde n’était pas dominé par les Etats-Unis, l’Europe mais par l’Afrique, les Noirs ? Et si les dominants devenaient les dominés ?

Et si les immigrants devenaient ceux qui refusaient l’asile ?

Et si nous avions une nouvelle trempe de chefs d’état non dépendants de la Françafrique, assoiffés de justice, non cupides, pensant au bien-être et au développement de l’Afrique ?

Quel africain (e) de l’Afrique subsaharienne n’a pas rêvé du futur glorieux de l’Afrique ? D’une Afrique prospère, maîtresse de son destin, ne tendant plus la main ?

Léonora Miano donne une forme au rêve d’hier et d’aujourd’hui en usant d’une écriture dense et d’un registre soutenu. Elle crée un univers qui met en valeur l’Afrique. Des croyances animistes ancestrales aux programmes télévisés en passant par les mets et le style vestimentaire, les richesses culturelles des tribus et ethnies de l’Afrique sont célébrées.

 

Oubliez Wakanda, entrez à Katiopa !

 

Espace spacio-temporel ?

  • Katiopa, l’Afrique unifié à l’exception des pays nord-africains, se composant de 9 régions.
  • L’an 2124 selon le calendrier des Fulasi (français) et l’an 6361 pour les katiopiens.

 

Ilunga est chef de l’Etat et membre de l’Alliance, une sorte de société secrète. Cela fait cinq ans que l’Alliance est au pouvoir, cinq ans que le Katiopa unifié existe.

Ilunga est déterminé à réussir là où la fédération précédant le Katiopa unifié avait échoué. 

Il rencontre lors de ses sorties Boyadishi. Le prénom Boyadishi est forgé à partir de celui d’une reine des Icènes, guerrière rousse appelée Boadicée.

Ilunga est déjà marié à Seshamani, Boyadishi (Boya) a un amant mais l’amour qu’ils ressentent l’un pour l’autre n’est pas anodin. 

Dans ce couple qu’ils vont former, l’énergie et le spirituel sont mis en avant. Un aspect apprécié durant ma lecture car pour moi il y a d’abord union spirituelle avant une union charnelle. 

Entrer dans l’existence d’un être conférait des responsabilités. On n’y venait pas pour soi-même.

Ilunga et Boya montrent la force que procure l’union du masculin et du féminin.

Boya, enseignante-chercheuse à l’université est passionnée des sociétés marginales notamment les Fulasi. Descendants d’immigrés français qui avaient quitté leur pays au cours du XXIème siècle, s’estimant envahis par les migrants. Afin de préserver leur identité européenne, certains s’étaient dirigés vers le pré carré subsaharien où l’on parlait leur langue, où ils étaient encore révérés et où ils pouvaient vivre entre eux. Mais leur descendance ne jouit plus de son pouvoir d’antan : appauvrie et dépassée, elle s’est repliée sur son identité.

Ces Fulasi refusent d’incorporer les mœurs locales. Selon Ilunga et Igazi (responsable de la sécurité intérieure) leur comportement pouvait constituer une nuisance pour le  Katiopa nouveau qu’Ilunga devait ériger.

Ilunga pense soumettre le projet de leur expulsion au Conseil mais Boya fera son possible pour l’en dissuader. Elle veut qu’on leur tende la main, qu’on les considère comme Katiopiens. L’influence de Boya sur le chef de l’Etat dérange Igazi. Pour ce Katiopien conservateur, il faut écarter Boya avant qu’elle ne dissuade Ilunga…

 

Au-delà de l’image glorieuse de l’Afrique qu’il renvoie, ce roman dense expose ces questions au cœur des débats de la nation française qui embarrassent et confondent souvent les politiques : repli identitaire, pureté identitaire, l’intégration et l’assimilation à une communauté. Sans faux-fuyant, Léonora Miano les aborde avec adresse et bon sens.

 

Rouge Impératrice, un roman à lire et à faire lire en attendant patiemment une adaptation cinématographique.

 

Un amour interdit Alyssa Cole

 

extrait rouge impératrice

 

 

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Le roman est disponible en librairie à compter de ce jour. Pour l’acheter en ligne, cliquez ICI

NB : Si le roman est écrit en français, la langue de nos personnages est écrite dans l’écho de plusieurs cultures et langues africaines diverses. Je vous conseille de lire le glossaire avant d’entamer votre lecture.

 

GM signature

 

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La Kube du romantisme entre joie et désillusion

Ce mois-ci nous vous embarquons dans le thème du romantisme avec la collection &moi, une collection 100% romance !

La Kube

 

Nous étions en février et vous savez mon attrait pour la romance, comment aurais-je pu passer à côté de cette Kube ?

J’ai donc sauté sur l’occasion et passé commande.  

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La préface

C’est ma 3e Kube et j’ai trouvé cette préface utile car elle indique les coups de cœur des libraires : trois livres sur l’Amérique des paumés. Il y a également une chronique de Page des Libraires et l’une des nouvelles libraires Kube propose une sélection de cinq romances : 

  • Dévorez Toute résistance serait futile de Jenny Colgan
  • Nos étoiles contraires de John Green
  • La Petite librairie des cœurs brisés d’Annie Darling
  • Un jour de David Nicholls
  • Carry on de Rainbow Rowell

Elle les a classées en 5 thèmes : la romance la plus improbable, la plus longue, la plus magique, la plus triste, la plus littéraire. Sauriez-vous rattacher chaque livre à un thème ?

Vous avez 5 minutes pour le faire 😀

J’ai bien envie de me laisser tenter par les livres de Jenny Colgan et Annie Darling. Et vous ?

 

Le cadeau de l’éditeur du mois

J’ai été déçue. Je m’attendais à des extraits de livre, des nouvelles romantiques personnalisées, hélas ! Je n’ai reçu que trois grandes cartes représentant trois romans des éditions &moi. Elles sont jolies mais je vais sûrement les insérer dans mes prochains swaps ou ma box Aïkan car j’ignore personnellement ce que je peux en faire 😦

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Les goodies

  • Un marque-page

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  • Un joli carnet et un crayon pour écrire nos pensées

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  • Deux sachets Clipper Teas dont un sachet d’infusion bio fleurs de sureau, hibiscus et camomille et un sachet de thé blanc framboise bio aromatisé

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J’ai commencé par le thé blanc car je n’en avais jamais goûté. J’ai apprécié le parfum, doux en bouche mais je l’ai trouvé légèrement acide. J’ai moins apprécié le second.

  • Une carte postale que j’enverrai promis, juré, craché à Sarah, ma libraire spéciale Kube. Elle est mon élue depuis ma première commande car elle est fan de littérature africaine.

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Ici également, j’ai été déçue car ces goodies ne sont pas en accord avec le thème.  Je m’attendais à du sensationnel romantique : un marque-page en cœur ou des bougies parfumées par exemple. 

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Le livre

Je désirais lire une histoire d’amour de couple hétéro mixte (blanc/noir) ou de couples afro. J’ai indiqué la liste suivante à Sarah :

Le sel et le miel de Candy Miller – Cendrillon de Jean-Claude Derey – The hate you give d’Angie Thomas – Le clan des femmes d’Hemley Boum

J’étais sûre de recevoir Le sel et le miel mais Sarah a choisi

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Ce livre mérite un 18/20 ! Il est excellent. Telles sont les phrases que j’ai prononcées en refermant le livre.

J’ai l’habitude de mettre les livres reçus dans la Kube dans ma box littéraire Aïkan mais celui-là je pense que je vais le garder.

J’avais demandé à lire une belle histoire d’amour. Le clan des femmes a obéi à mon souhait.

Je vous l’avoue, en le mettant dans ma liste, je ne pensais pas qu’il s’agissait d’une histoire d’amour. Des amoureuses de littérature afro en ont dit beaucoup de bien et je désirais ardemment le lire.

Merci Sarah de m’avoir envoyé ce livre.

l'Afrique écrit

Hemley Boum nous raconte la vie de la mère de son père, une biographie un peu romancée mais on a la chance d’avoir très souvent les pensées directes de la grand-mère. Elle a décidé de l’appeler Sarah et elle a bien choisi le nom car sa grand-mère_comme Sarah_ va éprouver la stérilité et être obligée de partager son homme.

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Mais l’histoire ne commence pas avec la stérilité. Sarah a été mariée à un sénile lorsqu’elle avait environ 9 ans. Une petite fille qu’on va forcer à grandir. Un mariage précoce et forcé qui met en colère et on espère que les mentalités vont changer pour que cela s’arrête définitivement.

Hemley Boum nous décrit l’organisation de la communauté et la place des femmes dans celle-ci.

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Elle fait le portrait touchant de plusieurs femmes en particulier Première épouse, la première épouse de l’époux de Sarah. Une femme qui va l’épauler, la faire grandir.

Le clan des femmes

 

Hemley Boum

Sarah va avoir la chance de vivre un véritable amour, une réelle intimité avec un homme. Un homme qui n’a aimé qu’elle comme je suis sûre qu’Abraham a aimé Sarah.

J’ai été touchée par sa façon d’aimer Sarah dans le meilleur comme dans le pire. Cet homme est impressionnant. J’espère que mes sœurs et amies connaîtront cet amour.

Un autre portrait admirable est celui de la guérisseuse qui va livrer de belles pensées sur la maternité.

 

Le clan des femmes

citation le clan des femmes

J’ai passé un très bon moment de lecture. Je déclare solennellement que ce livre est à lire et à faire lire.

Pour l’acheter, cliquez ICI

 


 

Pour la première fois, je ne suis satisfaite qu’à 60% du contenu de ma Kube. J’espère que ma prochaine commande me fera oublier ma déception. J’attends d’avoir le coup de cœur pour l’un des prochains thèmes. 

Avez-vous déjà tenté l’expérience Kube ?

 

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Loin de Douala – Max Lobe

Roger est le fils aîné de Ngonda Moussima Bobé, femme dont la parole écrase celle de son mari.

L’école n’est pas son fort. Il a vingt ans et vient d’obtenir le brevet. Jean, son cadet de deux ans vient d’avoir le baccalauréat.

Sa passion c’est le sport. Il est né pour le foot. Il s’entraîne clandestinement. Il rêve d’être une grande star du ballon rond. Sa mère s’y oppose catégoriquement.

Nous voulons tous un bon avenir pour nos fils : qu’ils se lèvent le matin, enfilent leur costume-cravate, prennent leur mallette et aillent travailler. C’est ça, avoir un vrai-vrai boulot.

 

L’entêtement du fils provoque la colère de la mère. Elle a pris pour habitude de le tabasser pour un oui ou un non. Entre mère et fils, il y a de la colère, des coups, du rejet, de la souffrance.

Roger souffre de la comparaison perpétuelle entre son frère et lui. Il souffre de la sévérité de sa mère envers lui. Son frère est le préféré, la fierté. Ne l’appelle-t-elle pas Choupi ?

Ngonda a le génotype d’un monstre. Abonnée aux églises évangéliques où satan est aperçu partout, elle voit en son fils un enfant du malheur.

Un jour, Roger est porté disparu. Jean et Simon, leur frère-ami, apprennent que Roger a boza.

Boza c’est l’aventure. Tout un périple complexe qui mène les bozayeurs, par petites étapes, du Cameroun jusqu’en Europe en passant par le Nigéria. Malgré le déprimant retour des bozayeurs machanceux, rien n’entame la ferveur des partants.

Partir s’en aller coûte que coûte. Partir en Mbeng. Partir chez le blanc même s’il faut boza,même si l’on a des diplômes en poche. Surtout si on a des diplômes. Il faut partir pour croire en son avenir. Dans ce pays, doivent-ils se dire, ils ne deviendront rien. Rien du tout.

Jean et Simon vont à la recherche de Roger.

Yaoundé – Ngaounderé – Garoua – Maroua. Dans chacune des villes, Jean nous décrit l’atmosphère des quartiers, l’attitude des habitants. Le narrateur mixe français courant et camfranglais, langage populaire réaliste qui cadre avec le contexte du récit.

On est immergé dans la vie quotidienne des camerounais. On prend une bière, on mange au “tourne-dos” avec eux. On rit beaucoup dans ce roman et c’est l’un de ses points forts.

On s’esclaffe mais on a aussi peur de Boko Haram. La menace terroriste plane et cela effraie Jean au fur et à mesure qu’ils se rapprochent du Nigéria.

Jean est loin d’être téméraire, il se repose sur Simon. Il est encore très loin de s’intéresser aux femmes. Jean est homosexuel, il l’assume en silence.

L’homosexualité n’est pas le sujet favori en Afrique. C’est par contre un thème récurrent chez Max Lobe. Il clame son homosexualité ; il l’écrit aussi.

Loin de Douala est un roman très léger, il se lit vite. Les 25 chapitres qui forment la charpente du livre sont courts et facilitent la fluidité de la lecture.

J’ai apprécié mon temps de lecture mais je suis restée sur ma faim concernant Roger. Je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler.

C’est le premier roman que je lis de l’auteur et je ne pense pas que je lirai délibérément le prochain. Auteur transgressif à sa manière, il promet dans son prochain livre (l’histoire d’un jeune homme noir qui mène une vie de débauche) le retour de scènes d’amour plus crues, à plusieurs.

Dans un article du Jeune Afrique de Mai 2018, on relatait ses propos :

Max Lobe considère aussi son dernier roman comme une entorse à la « littérature africaine », qui privilégie trop souvent, selon lui, les sujets graves tels que la guerre, la colonisation, la sorcellerie, les enfants-soldats, la famine. « Pourquoi faudrait-il occulter les histoires d’amour, s’interdire d’écrire sur une mère qui pleure son fils, sur des filles qui tombent enceintes et sont abandonnées, en somme, sur la vie quotidienne ? interroge-t-il. Les auteurs anglophones tels que Chimamanda Ngozi Adichie sont parvenus à passer outre cette injonction à ne traiter que de sujets graves. Les auteurs francophones devraient eux aussi y parvenir. »

En tant qu’écrivaine de romans d’amour, je plussoie.  Partagez-vous son avis ?

 

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Le moabi cinéma de Blick Bassy : Yéh malé !

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«Dites-moi, qui? Répondez-moi, qui donc? Qui a décidé qu’il fallait un visa pour aller d’un endroit à un autre? Est-ce que Jules Verne ou Hergé ont dit ça? De la Terre à la Terre, il n’y a pas besoin de visa. De la Terre à la Lune, il n’y a pas besoin de visa. Hein, mbenguiste, toi qui connais, dis-nous, qui…?
– Qui a fait quoi? s’enquit le costumé tiré au moins à huit épingles.
– Qui est venu ici ramasser nos ancêtres pour les vendre et en faire des esclaves? Qui… mais… qui lui a donné un visa pour entrer dans ce « condrè »? Et qui l’a autorisé à y pourchasser nos héros? Les Nyobè, Wandjié, Félix-Roland Moumié… Qui? Vous allez dire que je radote. Allez dire! Car ces gens dont je parle, ont-ils eu besoin d’un seul visa pour nous humilier et nous ruiner? Ont-ils fait la queue pour prendre un laissez-passer, un sauf-conduit, un sauve-qui-peut? Répondez-moi avant que je ne fasse un malheur.»

Et en avant la musique!… La musique des mots avec notre drôle de héros, le candide et rusé Boum Biboum, et ses amis et sa famille hauts en saveur, qui nous projettent du cœur de la forêt africaine à travers la comédie du monde.

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Mon challenge l’année dernière était de lire des prix littéraires. Le Moabi cinéma, Grand prix littéraire d’Afrique noire 2016, faisait partie de ma wishlist. Je l’ai trouvé dans une librairie ivoirienne cette année. 

L’humour est omniprésent dans ce roman de 240 pages. Boum Biboum et ses 4 amis Kamga, Obama, Rigo, Simonobisick nous invitent à découvrir leurs vies qui espèrent expérimenter l’épanouissement en France. Au Cameroun, ce sont des chômeurs, il n’ y a que les bières et le football qui rythment leurs vies. 

Les camerounais immigrés de France qui viennent en vacances au pays leur exposent une vie parfaite en France, une vie de riche où tout semble accessible. L’herbe est verte en France, le ciel est toujours bleu. La France est exotique, la vie y est excellente, c’est l’avenir. Les jeunes camerounais veulent goûter au rêve européen. Ils s’usent dans les demandes de visa, essuient les refus humiliants, se remotivent, tentent à nouveau. 

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La découverte d’un arbre étrange qui diffuse des images de l’Europe va changer la vie de Boum Biboum ainsi que celles de plusieurs camerounais. L’Europe est souffrance, errance, sacrifice, peur, humiliation pour les immigrants. Enfin pas tous, certains réussissent à avoir une vie convenable. 

 

J’ai apprécié ce voyage au Cameroun qu’offre ce roman. Un trajet bien rempli avec l’évocation de thèmes percutants : immigration,  le business des églises de réveil,  la misère du peuple, l’opulence des politiciens, etc…

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J’ai apprécié cet humour à la camerounaise, l’usage du camfranglais, un mélange de français, d’anglais et des langues du Cameroun. Cela peut être perturbant pour les non-initiés. Un lexique en fin de page aurait été utile.

Ma lecture a été intéressante dans l’ensemble même si quelques longueurs et répétitions m’ont lassée.

 

La citation à méditer

Comment être soi dans une société où la notion de singularité est brouillée dès notre naissance. « Tu es pluriel, assume-le et tu découvriras tes différentes facettes », disait mon père.

 

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Une proposition surprenante – Gabrielle Kay

Conclure un mariage blanc pour obtenir la nationalité américaine ? Lorsque son avocate lui suggère cette idée, Mélissa est d’abord stupéfaite. Certes, cela fait cinq ans qu’elle vit à Boston et que, en dépit de ses efforts, elle n’a jamais réussi à obtenir le précieux sésame qui lui éviterait de devoir repartir au Cameroun. Pourtant, elle ne s’imagine pas jouer la comédie aux yeux du monde. Et puis, où trouver un Américain qui accepterait une telle proposition ? Sauf que, quelques jours plus tard, elle est le seul témoin d’un accident impliquant Cole Whelan, le riche et séduisant patron de l’un de ses nombreux petits boulots. Et elle comprend qu’elle tient peut-être là sa seule chance d’obtenir ce qu’elle désire le plus au monde…

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Je ne lisais plus de Harlequin parce que ça manquait de diversité. Quand j’ai vu qu’ils avaient des romances de couples noirs et de couples mixtes, j’ai sauté sur l’occasion !

L’héroïne est noire et africaine ! Comme moi, elle est une immigrée, elle a quitté sa terre natale. Son permis de séjour va bientôt prendre fin et elle doit trouver une solution. Comme elle, on m’a aussi proposé le mariage blanc et si j’étais tombée sur un Cole Whelan, j’aurais dit OUI volontiers ! C’est l’homme idéal : riche, beau et …

Quel plaisir de retrouver une héroïne qui me ressemble ! Enfin pas sur le plan physique. A part les lèvres pulpeuses et le mètre soixante, nos physiques sont à l’opposé.

L’histoire est très courte, je l’ai lu d’un trait. L’auteure est allée droit au but, aucune digression, on n’a pas le temps de s’ennuyer. J’ai passé un bon moment de lecture avec les personnages. Ils sont drôles, déments, attachants.

Pour une fois, j’ai regretté qu’une histoire soit courte. Je voulais encore un peu plus partager le quotidien de Cole et Mélissa.

La narration est à la 3eme personne mais ça ne m’a pas dérangée. J’ai apprécié la sensualité et la pudeur dans les scènes de sexe.

J’espère que l’auteure ne s’arrêtera pas en si bon chemin et proposera d’autres romances. Je les lirai avec grand plaisir.

Christmas

Existe en format ebook uniquement

Collection HQN 

Lien d’achat : ICI

Date de publication : 22 novembre 2013

La phrase qui fait sourire

– Tu admets donc que c’est un caprice ?

Excentricité, Duncan… Quand le type est riche, comme c’est mon cas, on dit excentricité.

 

Gabrielle Kay est une jeune auteure camerounaise qui, si elle n’en est pas à son coup d’essai dans le monde de la littérature, publie pour la première fois une romance. L’édition numérique est également une expérience inédite pour elle et permet à sa prose de traverser bien des frontières et de venir enrichir la francophonie de HQN !

signature coeur graceminlibe

 

 


PS 1 : le jour 20 du Calendrier de l’Avent s’est dévoilé. Cliquez ICI pour le découvrir.

PS 2 : les votes pour les nominations des CPRA s’achèvent dans deux jours ! Cliquez ICI pour voter.

😦 Il n’y a pas assez de participations. Apparemment, vous n’appréciez pas ce genre d’articles. 

 

 

 

 

 

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Maman a un amant de Calixthe Beyala

Holà les amis ! Je continue ma découverte des œuvres ayant reçu des prix littéraires. Le lauréat à l’honneur aujourd’hui est Maman a un amant de Calixthe Beyala, Grand prix littéraire d’Afrique noire 1994.

Résumé de l'oeuvre

« On m’appelle Loukoum et j’ai maintenant douze ans. Depuis Le petit prince de Belleville, beaucoup de choses ont changé : j’ai une nouvelle maîtresse, je parle beaucoup mieux le français, je suis plus que jamais amoureux de Lolita, mais la vie n’est pas tous les jours facile.

Surtout quand maman décide de prendre un amant, un Blanc par-dessus le marché, et qu’elle se met à vouloir apprendre à lire et à écrire.

La liberté des femmes, c’est de la mauvaise graine. Elle pousse n’importe où, même entre leurs cuisses. C’est mon papa qui le dit. Et quand tout Belleville a appris la nouvelle, il n’a pas été le seul à le penser. Les Nègres en sont restés la langue dehors, les yeux sortis de la tête… Mais je vais tout vous raconter… » 

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Ah, Loukoum, quel garçon observateur et loquace ! Il nous raconte tout ce qui se passe dans les rues de Belleville et le ressenti des blancs vis-à-vis des immigrés africains.

Tout ce qui les intéresse, c’est de savoir si la crise va prendre fin, si les Nègres vont rentrer chez eux, s’il n’ y aura plus de chômeurs en France. Je me demande bien s’ils seront plus heureux quand ils auront tout cela.

Il nous présente la communauté africaine de son quartier qui vit en France comme elle vit en Afrique et les personnages pittoresques du café de Monsieur Guillaume, la belle tribu nègre : Monsieur Kaba, Tatiana, M’amzelle Esther et bien d’autres que je ne peux pas tous vous citer avant l’an 2000 (parole de Loukoum).

Avec son langage familier teinté d’humour, il nous présente ses premiers émois de jeune adolescent, son grand amour Lolita et surtout la nouvelle qui a créé une certaine sensation, dégringolé les escaliers : sa mère adoptive a un amant.

M’am n’est pas député. Elle ne peut pas se mouiller et rester au sec comme bébé Pampers. 

Loukoum nous raconte comment il a vécu la trahison de sa mère, comment son père l’a aussi vécu.  La belle tribu nègre s’en est aussi mêlée. Les africains prennent à cœur les problèmes de leurs compatriotes surtout quand il s’agit de l’infidélité d’une femme. 

Ce récit évoque l’image et le rôle de la femme dans la société africaine. Une société toujours prête à accuser la femme de tous ses maux, une société qui soustrait les fautes des hommes et multiplie celles des femmes.

La femme n’est bonne qu’à faire à manger, faire le ménage, éduquer les enfants et donner du plaisir à son homme. Basta ! Ce qu’elle désire, ce dont elle a envie ne doit pas dépasser le stade de ses pensées.

« La femme est née à genoux aux pieds de l’homme. Une évidence inscrite autant qu’une liberté. »

Les hommes ordonnaient : « Prends-donne-fais » Les femmes obéissaient. Ainsi allait la vie. 

Une femme devrait porter son mari inscrit sur son visage ou l’annoncer à travers sa première poignée de main.

 

 

– Arrête ton char ! Les gens ont autre chose à faire que de s’occuper de ce qui ne les regarde pas. Nous vivons dans un monde où chacun se cherche : les fourmis, les abeilles, les fonctionnaires et même les femmes mariées…

– Etienne, a fait M’am. Réfléchis avant de dire des âneries. Pour moi, une femme qui se moque de c’que peuvent bien penser les autres, c’est un mystère ou une putain !

 

M’ammaryam, cette femme stérile qui éduque les enfants de son époux, ne sachant ni lire ni écrire se rebelle à sa façon. Elle va chercher ailleurs l’amour et le désir que son homme lui refuse. M’ammaryam va découvrir l’amour dans les bras d’Etienne. Cet amour illégitime mais si tendre et tout ce qu’il a suscité en M’ammaryam m’a touchée. J’ai apprécié la poésie qui émanait de ses mémoires :

J’ai rencontré un homme, mon amour. Un amour comme une saison tardive de fraises et de cerises, puis des confitures soigneusement préparées pour l’hiver. Cela me tient chaud. Dieu merci, cette rencontre chasse l’angoisse passée. La vieillesse n’a pas plus de suite que l’enfance […] La douceur d’aimer remonte, le sourire reprend sur mes lèvres. C’est un rêve, d’autres folies, une fugue, peut-être. […] Comment concilier ma vie avec Abdou et celle de mon amour ?

 

Ce récit montre ce qu’une mère est prête à sacrifier pour ses enfants. 

J’ai beaucoup apprécié ma lecture pour les thèmes abordés et le procédé narratif. Loukoum m’a fait penser au narrateur de Demain, j’aurai vingt ans ou encore l’enfant-soldat Birahima.  

Il y a quelques termes assez crus mais bon c’est l’effet Calixthe Beyala. 🙂

Christmas

  • Broché: 299 pages
  • Editeur : Albin Michel
  • Date de publication: 5 mai 1993
  • ISBN-10: 2226063986
  • ISBN-13: 978-2226063984

 

Avez-vous lu des récits dont le narrateur est un enfant ?

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