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TTL 109: Du miel sous les galettes – Roukiata Ouédraogo

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: O comme…

Ouedrago. Roukiata Ouedraogo.

Couverture Du miel sous les galettes

Roukiata est née au Burkina-Faso. De sa plume, légère et nostalgique, elle raconte avec tendresse et humour ses années d’enfance, son pays, ses écrasantes sécheresses et ses pluies diluviennes, la chaleur de ses habitants, la corruption et la misère.
Elle raconte sa famille, sa fratrie, ses parents, l’injustice qui les frappe avec l’arrestation de son père. Mais, surtout, elle raconte sa mère.
Cette femme, grande et belle, un  » roc  » restée seule pour élever ses sept enfants, bataillant pour joindre les deux bouts, en vendant sur le pas de sa porte ses délicieuses galettes. Des galettes au miel qui, pour la jeune Roukiata, auront toujours le goût de l’enfance et du pays natal.

Cette autobiographie de plus de 200 pages est un bel hommage à la résilience de la femme, épouse et mère. La mère de la narratrice ne courbe pas l’échine face à la difficulté, elle n’hésite pas à clamer haut et fort ce qu’elle pense.

La narratrice navigue entre son passé où la mère est racontée et son présent où l’artiste française d’origine burkinabè qu’elle est, est la marraine de la Journée internationale de la Francophonie.

On lit sa fierté d’être marraine d’un tel événement, son attachement à la Francophonie et à la langue française

Je suis le prototype de la francophone qui a réussi grâce au français, grâce à la France aussi. Sans la maîtrise de cette langue, je n’aurais jamais pu avoir un public et j’aurais dû me limiter à mon pays. Sans la puissance des réseaux culturels et des médias français, je n’aurais jamais eu cette audience.

Dans son discours précédant la lecture de la dictée de cette journée internationale, elle évoque ce que représente la Francophonie pour elle : union, communion, outil de partage, héritage commun à faire fructifier.

La narratrice évoque également son expérience personnelle et son engagement face à l’excision en fin d’ouvrage. Hélas, de façon très brève. Ce thème fort et important aurait mérité un développement.

Du miel sur les galettes est un roman accessible à tous. Le niveau de langue est courant, le style sans fioritures.

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TTL 80: Born A Crime – Trevor Noah

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est : J comme…

J’ai pensé à J comme Johannesburg, J comme jeunesse et donc au récit autobiographique de Trevor Noah.

Couverture Born a Crime: Stories from a South African Childhood

Le best-seller du New York Times, fascinant, inspirant et comiquement sublime, sur le passage à l’âge adulte d’un homme, se déroule au crépuscule de l’apartheid et des jours tumultueux de liberté qui ont suivi. Le parcours improbable de Trevor Noah, de l’Afrique du Sud de l’apartheid au bureau du Daily Show, a commencé par un acte criminel : sa naissance. Trevor est né d’un père suisse blanc et d’une mère noire Xhosa à une époque où une telle union était punie de cinq ans de prison. Preuve vivante de l’indiscrétion de ses parents, Trevor a été maintenu la plupart du temps à l’intérieur pendant les premières années de sa vie, lié par les mesures extrêmes et souvent absurdes que sa mère a prises pour le cacher à un gouvernement qui pouvait, à tout moment, le voler.

Born a Crime est l’histoire d’un jeune garçon malicieux qui devient un jeune homme agité alors qu’il lutte pour se retrouver dans un monde où il n’était pas censé exister. C’est aussi l’histoire de la relation de ce jeune homme avec sa mère, intrépide, rebelle et fervente de religion, sa coéquipière, une femme déterminée à sauver son fils du cycle de la pauvreté, de la violence et des abus qui menaceraient finalement sa propre vie. Les dix-huit essais personnels rassemblés ici sont tour à tour hilarants, dramatiques et profondément touchants. Qu’il s’agisse d’être jeté d’une voiture en marche lors d’une tentative d’enlèvement, ou simplement d’essayer de survivre aux pièges de la vie et de la mort que représentent les fréquentations au lycée, Trevor éclaire son monde curieux avec un esprit incisif et une honnêteté sans faille. Ses histoires s’entremêlent pour former un portrait émouvant et terriblement drôle d’un garçon se frayant un chemin dans un monde endommagé à une époque dangereuse, armé seulement d’un sens de l’humour aigu et de l’amour inconditionnel d’une mère.

Des extraits percutants de cette autobiographie ont été partagés par des amis sur les réseaux sociaux et m’ont donné l’envie de la lire. Trevor Noah nous partage une tranche importante de sa vie. A cœur ouvert, avec beaucoup d’humour, il nous décrit son enfance, son adolescence, les moments passés avec les amis, les incartades, etc…

Il nous dévoile son monde: la société sud-africaine pendant et après l’apartheid. J’avoue qu’il y a certains passages que je n’ai pas trouvés intéressants mais j’ai beaucoup aimé la vision approfondie de l’apartheid que Trevor nous livre ainsi que ses réflexions sur l’héritage culturel des métis.

Tout au long de son récit, Trevor Noah énonce des vérités percutantes qui m’ont beaucoup fait réfléchir sur les histoires personnelles et communes.

« In Germany, no child finishes high school without learning about the Holocaust. Not just the facts of it but the how and the why and the gravity of it—what it means. As a result, Germans grow up appropriately aware and apologetic. British schools treat colonialism the same way, to an extent. Their children are taught the history of the Empire with a kind of disclaimer hanging over the whole thing. “Well, that was shameful, now wasn’t it?”
In South Africa, the atrocities of apartheid have never been taught that way. We weren’t taught judgment or shame. We were taught history the way it’s taught in America. In America, the history of racism is taught like this: “There was slavery and then there was Jim Crow and then there was Martin Luther King Jr. and now it’s done.” It was the same for us. “Apartheid was bad. Nelson Mandela was freed. Let’s move on.” Facts, but not many, and never the emotional or moral dimension. It was as if the teachers, many of whom were white, had been given a mandate. “Whatever you do, don’t make the kids angry.”

There is also this to consider: The name Hitler does not offend a black South African because Hitler is not the worst thing a black South African can imagine.
Every country thinks their history is the most important, and that’s especially true in the West. But if black South Africans could go back in time and kill one person, Cecil Rhodes would come up before Hitler. If people in the Congo could go back in time and kill one person, Belgium’s King Leopold would come way before Hitler. If Native Americans could go back in time and kill one person, it would probably be Christopher Columbus or Andrew Jackson.

J’ai lu le récit en VO et j’ai trouvé le niveau de langue accessible. J’ignore d’ailleurs s’il a été traduit en français.

Et vous, qu’auriez-vous proposé pour ce thème ?

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Devenez un héros – Kambiré Sié Gérard

N’eût été le fait que l’auteur de ce livre de développement personnel soit un collègue, je n’aurais pas acheté ce livre. Il faut dire que mes envies de lecture actuelles sont la fiction, le roman contemporain.

 


 

Kambiré Sié Gérard a bravé tous les obstacles devant lui pour être, à 25 ans, cet écrivain qui veut éclairer la jeunesse ivoirienne et africaine, leur dire à travers sa propre vie que tout est possible.
Cette vie, Kambiré Sié la raconte dans son premier livre, une autobiographie non romancée.
Un ouvrage écrit dans un langage simple et courant afin de motiver et inspirer la jeunesse ivoirienne.

 


 

Scindé en 3 parties, ce livre évoque la vie de l’auteur, les leçons à tirer de son parcours et des clés pour passer du zéro à un héros.

Son parcours de vie est émouvant et montre qu’il y a toujours pire que soi, qu’il ne faut jamais se plaindre et être déterminé à réussir sa vie peu importe les conditions dans lesquelles elle a débuté.

J’ai beaucoup apprécié ces quatre accords de Don Miguel Ruiz

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Les clés pour passer de zéro à un héros concernent les lois de l’univers : La loi de l’unité divine, La loi de vibration, la loi des correspondances, la loi de cause à effet, la loi de l’attraction, la loi de transmutation de l’énergie, etc…

Les ayant déjà lus et relus dans d’autres livres de développement personnel, il n’y a pas eu de valeur ajoutée pour moi dans cette 3e et dernière partie du livre mais cela pourrait être utile à quelqu’un qui n’a jamais lu de livre de développement personnel.

 

 

fleur v1

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Throwback Thursday Livresque 51: Raid-emption

Thème de cette semaine : SPORT

 

J’ai reçu ce livre reçu suite à ma participation à Vendredi Lecture. Merci encore à Vendredi Lecture qui envoie des lots à l’étranger. 😀

J’ai choisi ce livre pour ce Throwback Thursday à cause de la biographie de l’auteur.

l'auteur du mois

David Nguyen est passionné de rollers et d’écriture depuis son plus jeune âge. Il est devenu un homme accompli, en partie grâce au sport

Connu pour ses raids à rollers, il a relié de nombreuses villes comme Paris-Amsterdam, Le Havre-Montpellier, Marseille-Milano, Lausanne-Lyon, Paris-Marseille, Lyon-Bordeaux et sillonné les routes à travers toute la France. 

Devenu éducateur sportif, il utilise son passé sportif pour enseigner à ses publics les valeurs du sport et celle du dépassement de soi.

 

Raid-Emption par Nguyen

 

Dévasté par les événements, David se laisse envahir par la haine et voit sa vie devenir un enfer. La force des choses lui impose une solution : fuir Paris et avec elle les démons qui le hantent. Quoi de mieux que de revenir dans sa ville natale, Marseille ? Afin de se reconstruire et retrouver sa fierté, David embarque dans un raid à rollers et s’apprête à défier la route au bout de laquelle il espère prendre un nouveau départ.

C’est avec ce témoignage intense et authentique que l’auteur nous entraîne dans une véritable immersion physique, philosophique et poétique saisissante. Nul doute que cet ouvrage ne manquera pas d’inspirer aussi bien les lecteurs qui, confrontés à une brutale perte de repères, pourront effectuer ce même voyage initiatique et salvateur que ceux qui aiment les récits de vie et d’aventure hors du commun.

 


 

Cette autobiographie est le témoignage émouvant d’un homme accusé à tort par son ex-compagne et qui a été victime d’un viol collectif. Un homme qui se sent souillé et va se laisser engloutir par cette souillure.

En une réponse à une question sur ses occupations de vacances, il annonce qu’il va faire Paris-Marseille à rollers.

Il va relever le défi et nous livrer un journal de bord à travers ce roman écrit dans un langage simple, mêlant prose et poème en vers.

 

A quoi bon vivre sans savoir ce qu’est la souffrance,

Puisqu’il n’ y a que d’elle que naît l’espérance

J’ai gravé sur mon corps ses plus belles caresses

Et sur chacune de mes feuilles lui ai dévoué ma tendresse

Parce que j’ai rêvé un jour rendre ses lettres d’or à l’amour,

Mais c’est au prix du mien qu’il s’est envolé ce jour…

Un pied devant l’autre et ainsi de suite.

Qu’importe la douleur, aucune n’était plus forte que celles qui m’avaient transpercé cette nuit-là

Qu’importe l’état de la route, c’était toujours plus propre que mon corps sali

 

On écoute ses doutes, ses angoisses. On participe aux rencontres qu’il fait et on se rend compte que les bonnes âmes sont encore dans ce monde. 

On est fier de lui lorsqu’il arrive enfin à Marseille. On a envie de le prendre dans nos bras et de lui souhaiter des lendemains meilleurs.

 

Vous pouvez écouter l’auteur ICI

 

Quel livre auriez-vous choisi ? Faites-moi sortir des sentiers battus ! 

 

 

fleur v1

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Throwback Thursday Livresque 37 avec Ken Bugul

 

Thème de cette semaine : Famille

J’ai pensé au Baobab fou de Ken Bugul.

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J’ai reçu ce livre suite à une récompense de fin d’année en 3eme. Je l’ai retrouvée dans la bibliothèque de mon père l’an dernier. N’ayant aucun souvenir de ce roman, j’ai décidé de le lire cette année.

Au Sénégal, dans le Ndoucoumane, une petite fille en mal de mère grandit à l’ombre d’un baobab séculaire. Petite dernière, un peu en marge, elle découvre l’école française, comme un chemin de traverse qui va la mener aux études supérieures et au grand départ pour le  » Nord référentiel, le Nord Terre promise ». En Belgique, c’est le choc, le désarroi, les mille et une expériences et la découverte que ce Nord des promesses est aussi celui des allusions et des illusions. Drogue, sexe, prostitution…

Dans ce roman autobiographique, Ken Bugul décrit son cruel manque de la famille. 

Elle souffre d’un mal-être profond. Séparée dès les premières années de sa mère, Ken Bugul se sent abandonnée. Elle vit mal l’absence de la mère, n’a jamais été proche de ses frères et sœurs, son père n’a pas été aussi présent qu’elle le voulait. Il était entièrement consacré à la prière.

Ken Bugul se sent sans l’affection des siens, sans repères émotionnels. Elle se sent seule, terriblement seule. L’Occident va accentuer sa solitude. Sa vie devient un concentré de déboires, de ratures. 

Pour moi qui ai vécu dans un cocon familial rassurant, j’ai éprouvé beaucoup de peine pour elle.

Le mal de mère l’a terriblement marquée car elle en parle également dans De l’autre côté du regard

Le baobab fou évoque également la quête d’appartenance à une communauté, les rapports entre l’Afrique et l’Occident et la condition de la femme.

Je me disais que je ne savais pas comment j’arriverais à faire de l’homme un jour cet autre moi-même, celui de qui ma survie dépendrait. Je ne pourrais pas être comme ces femmes, qui le soir, attendaient le mari plus que l’air qu’elles respiraient. 

 

C’était cela l’apprentissage de la femme à l’époque: un être qui acceptait. Quand les vertus de la virginité, les vertus domestiques, les vertus de dépôt de vie, les vertus de la soumission et de l’obéissance étaient acceptées pleinement, on avait atteint le but qui était patience, disponibilité et humilité. 

 

Pour explorer davantage ce thème sur le blog, vous pouvez cliquer ici

 

Quel livre auriez-vous choisi pour ce thème ? Faites-moi sortir des sentiers battus ! 

 

fleur v1

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De l’autre côté du regard

Ken Bugul aime la vie ; ce sentiment simple, enveloppant, gouverne « De l’autre côté du regard » et lui confère une aura singulière.

Dialogue subtil entre une fille et sa mère morte, le roman se déroule comme une prière amoureuse où les membres d’une famille sont tour à tour requis, interrogés, décrits, aimés pour ce qu’ils sont. Au-delà de ce que chacun a pu donner ou prendre aux autres, seule compte leur vérité propre, leur trajectoire dans une vie qui se prolonge après la mort, de l’autre côté du regard.

De l'autre côté du regard

Après avoir lu Riwan ou le chemin de sable qui m’a beaucoup intriguée, j’ai voulu connaître  un peu plus  Ken Bugul.

J’ai eu plusieurs retours positifs concernant  Le Baobab fou mais il était indisponible à la FNAC. Sur l’étagère réservée aux livres de l’auteur se trouvait De l’autre côté du regard. La quatrième de couverture étant assez intéressante, j’ai quitté la FNAC avec cette oeuvre en main.

J’ai pris mon temps pour lire cette œuvre parce qu’elle a l’allure d’un long poème qui demande à être analysé, déchiffré.

Je me suis attardée sur chaque phrase pour ressentir chaque mot de la narratrice, pour faire mienne son expérience de petite fille ayant vécu loin de sa mère.

La narratrice décrit la femme qu’elle est : une femme qui a toujours été en manque de l’affection de sa mère ; une femme jalouse de sa nièce qui devrait être la petite-fille de sa mère mais  fut autre chose pour elle !

Ma mère ne m’avait pas beaucoup parlé.

Ma mère ne parlait qu’avec Samanar.

Moi,  ce que je voulais c’était ma mère.

Je voulais que ma mère s’occupât de moi.

Ce que je voulais, c’était détourner ma mère de ma nièce Samanar.

Ce que je voulais, c’était avoir ma mère à moi, enfin.

La narratrice s’interroge sur les raisons qui ont poussé sa mère à l’abandonner sur le quai d’une gare et sur l’amour que cette dernière éprouvait pour elle.

Quand survient la mort de sa mère, les interrogations de la narratrice s’intensifient. Le souvenir de sa mère la hante davantage. Une nuit, au cours d’une  pluie, elle a l’impression d’entendre la voix de sa mère.

Le monologue de la narratrice fait place à un doux murmure, un doux dialogue entre mère et fille…

J’ai aimé lire cette confidence familiale, ce regard porté sur le lien entre une mère et  sa fille, un frère et une sœur, une tante et une nièce…

Moi qui avais vécu la plus grande partie de ma vie sans les miens !

Sans communication, sans complicité.

Sans vécu, sans histoire commune.

Une famille à laquelle j’appartiens, mais qui n’est pas vraiment ma famille.

Comme je le veux !

Je n’ai pas senti les odeurs de la nuit avec ma famille.

Je n’ai pas vécu les moments essentiels avec ma famille.

J’ai jeté un regard vers les miens et j’ai compris que j’étais riche de nos communications, de notre complicité, de notre vécu, notre histoire commune. Ce livre m’a rappelé combien être entouré des siens est si important !

L’histoire est linéaire, les rebondissements sont inexistants mais cela n’empêche pas de  passer un bon moment de lecture. Le ton de la narration rend l’histoire très prenante.

J’ai aussi apprécié les notes d’humour de Ken Bugul.

 

Je n’aime pas la plaisanterie. Elle est souvent de mauvais goût.

Tout le monde ne sait pas plaisanter, à mon avis.

Il faut allier intelligence, finesse d’esprit, raffinement et générosité pour plaisanter.

Une plaisanterie doit faire rire et non faire ricaner.

Avez-vous déjà lu Ken Bugul  ? Lequel de ses livres avez-vous préféré ? 

Quelle autobiographie vous a marqué dans votre parcours de lecteur passionné ?