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TTL 138: Le Sceptre d’Ottokar – Hergé

C’est l’heure du Throwback Thursday Livresque ! Cette semaine, le thème est : Un animal sur la couverture

Ca tombe bien ! Je ne vous avais pas encore parlé du tome 08 des aventures de Tintin.

Tintin trouve sur un banc public une serviette appartenant à un certain professeur Halambique. Il s’agit d’un spécialiste de sigillographie qui doit se rendre prochainement en Syldavie pour étudier le sceau du roi Ottokar. Tintin découvre par hasard que le professeur et lui même, sont sous surveillance. Intrigué, il décide d’enquêter. Il est très vite repéré et reçoit plusieurs messages d’avertissement puis est victime d’un attentat à la bombe qui manquera sa cible grâce à l’intervention des Dupond.

Tintin est une madeleine de Proust pour moi.

J’ai passé un bon moment de lecture avec ce tome 8. Impossible de s’ennuyer avec cette mission au plus haut sommet mêlant aventure et action. J’ai été ravie de retrouver les maladresses des détectives Dupont et Dupond. C’est d’ailleurs dans ce tome que leurs patronymes sont indiqués pour la première fois.

Parlant de première fois, Bianca Castafiore, célèbre cantatrice connue internationalement, fait sa première apparition dans ce tome 8 des aventures de tintin.

Petite anecdote, j’ai toujours pensé que les Dupondt étaient jumeaux. En fouinant sur tintin.com, j’ai appris qu’ils n’avaient aucun lien fraternel, juste des sosies !

Quel livre auriez-vous choisi pour ce thème ?

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Washington Black – Esi Edugyan

La Barbade, 1830. À onze ans, Washington Black n’a d’autre horizon que le champ de canne à sucre de la plantation où il travaille avec d’autres esclaves. Quand le destin frappe à sa porte, c’est sous les traits de Titch, un scientifique anglais, jeune frère de son maître qui le choisit comme serviteur. Wash montre un talent inné pour le dessin et une curiosité d’esprit telle qu’il est promu assistant pour le projet fou de l’extravagant inventeur: construire un ballon dirigeable. Lorsqu’un vent mauvais les oblige à quitter précipitamment l’île à son bord, l’aventure prend un cours inattendu. Du pôle Nord à la Nouvelle-Écosse, de Londres à Amsterdam, plus qu’un voyage, c’est un parcours initiatique qui attend le jeune Wash, en ce siècle de découvertes. Mais le chemin le plus dur à parcourir sera celui qui le conduira vers la liberté, une liberté assumée et entière.

 

Mon avis

L’histoire débute à Faith Plantation, la Barbade. De mémoire, je n’ai jamais lu un récit se déroulant à la Barbade en particulier sur l’esclavage. J’ai par conséquent développé un intérêt spécial pour le récit.

Washington est un jeune esclave de la plantation. Le maître vient de mourir mais sa mort ne signifie pas la fin de leurs souffrances. Un nouveau maître arrive et celui-là est pire que le défunt.

Un être qui a toujours appartenu à un autre apprend très tôt à observer les yeux de son maître ; ce que je vis dans ceux de cet homme me terrifia. Il me possédait, comme il possédait tous ceux parmi lesquels je vivais, il possédait nos vies mais nos morts aussi, et il en tirait trop de plaisir. Il s’appelait Erasmus Wilde.

 

Un homme violent qui n’hésite pas à administrer les pires punitions à ses esclaves : brûlé vif, lange coupée, forcé à manger le contenu d’un pot de chambre. 

 

Washington est un « nègre des champs ». Un soir, il est appelé à la Grande maison pour servir, devenir un « nègre de maison ».  Il peut maintenant lécher les assiettes du maître.

« Tu n’y touches pas, nègre », me dit vivement Maria en voyant mon œil se poser sur un plat de pâtisseries près de la porte.
Je la regardai, percé à jour, apeuré. Quelque chose changea dans son expression, s’adoucit.
« Plus tard tu pourras, dit-elle d’une voix moins dure. Quand tu débarrasses, tu peux lécher ce qui reste.
– C’est vrai ? demandai-je.
– Mais seulement ce qu’ils ont laissé, seulement quand tu racles leurs assiettes, ajouta Gaius. Pas question pour toi de manger du frais.
– On a le droit de lécher les assiettes, Kit », dis-je en lui souriant, émerveillé.

 

C’est dans la grande maison qu’il va être choisi par Titch le jeune frère de son maître pour être son assistant. Débute alors une aventure humaine et scientifique de la Barbade en passant par la Virginie, l’Arctique, la Nouvelle-Ecosse, Londres et Marrakech. Des voyages intéressants même si le passage au Pôle Nord m’a légèrement ennuyée. Les descriptions des endroits sont réalistes et nous permettent de nous y projeter.

Wahsington Black c’est le récit d’un jeune homme en quête de son identité, d’une liberté, en recherche d’un avenir sûr.

« Liberté, Wash, est un mot qui possède des sens différents selon les personnes », dit-il, comme si je ne savais pas mieux que lui à quel point c’était vrai.

 

 « Il y a plusieurs sortes de bonheur, Washington. Parfois ce n’est pas à nous de choisir, ni même de comprendre, celui qui nous est accordé. »

 

On suit les pas de Wash, son passage d’enfant esclave à celui de jeune homme scientifique.

On découvre des personnages intéressants comme le capitaine Benedikt. J’ai apprécié le lien d’amitié entre Titch et Washington.

La structure narrative simple, la fluidité du ton employé m’ont permis de lire ce pavé de 432 pages en moins d’une semaine. 

Il y a assez de termes scientifiques mais pas au point de lasser le lecteur,  l’ouvrage reste accessible. Ce fut une sympathique lecture, originale dans sa façon d’aborder l’esclavage mais il m’a manqué quelque chose : j’aurais voulu que la reconnaissance de Washington dans le milieu scientifique soit plus développé dans le roman.  

 

détails ouvrage

Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020

Éditeur : Liana Levi

Date de publication : Avril 2019

Nombre de pages : 432

Disponible en grand format, format poche et numérique 

 

fleur v1

 

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La tueuse – Guy des Cars

Venue sans un sou de Hongrie, Sabine a une volonté farouche de réussir sa vie.
Tous les moyens sont bons pour y parvenir, et elle n’hésite pas à épouser à dix-neuf ans un milliardaire, Joseph Kelmann, pour qui elle n’éprouve pourtant pas le moindre sentiment. Épaulée dans sa folle ascension par son demi-frère Paco, elle devient l’une des personnalités les plus en vue de la Côte d’Azur. Qui pourrait alors se douter de la face cachée de cette jeune femme respectée à qui tout semble sourire ?

l'Afrique écrit

Abandonné en 2017, à cause de la taille de la police très petite et du rythme lent du récit, je l’ai repris cette année dans le cadre d’un challenge et j’avoue avoir eu un autre regard sur cette oeuvre.

Sabine Kelmann de son vrai nom Nadia Homir a eu trois proies durant sa vie : la proie qui rapportait gros, la proie qui coûtait cher et la proie qui s’est enfuieLe roman s’articule autour de ses trois proies.

La première proie est son époux Joseph Kelmann qui va faire d’elle une femme de la haute société. Sabine est satisfaite financièrement. Comment ne pas l’être quand on a, à 19 ans, un mari qui vous a offert un yacht, vous a couverte de bijoux et de fourrures ?

Mais cette jeune dame n’est pas une femme comblée. L’argent ne lui suffit pas tant que ça. Sabine voulant allier luxe et luxure a des amants. 

Sa première proie s’éteint grâce à l’action de son frère avec qui elle a une relation qui n’est pas loin de l’inceste. Ce dernier l’aime à en mourir. Il n’a pas de femme, se dévoue corps et âme à l’épanouissement de sa sœur. 

L’histoire devient très prenante à partir de l’entrée en scène de Thierry, la 2e proie. Thierry est l’homme-objet, le jouet de luxe. Il lui appartient. Du moins le croit-elle, jusqu’au jour où… 

Sabine est superficielle, cupide, orgueilleuse. Elle n’hésite pas à se rendre justice quand elle l’estime nécessaire. Sabine est capricieuse et a toujours le dernier mot jusqu’au jour où elle croise M. Pernaud, la 3e proie… Qu’est-ce que j’ai ri dans cette partie !

 

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La tueuse a été un sympathique moment de lecture. La prochaine fois où je n’arrive pas à entrer dans un récit, je le réserverai pour mes lectures des prochaines années. 

L’avez-vous déjà lu ? Avez-vous l’habitude d’abandonner un livre lorsque la lecture vous ennuie ?

 

 

fleur v1

 

 

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Devenez un héros – Kambiré Sié Gérard

N’eût été le fait que l’auteur de ce livre de développement personnel soit un collègue, je n’aurais pas acheté ce livre. Il faut dire que mes envies de lecture actuelles sont la fiction, le roman contemporain.

 


 

Kambiré Sié Gérard a bravé tous les obstacles devant lui pour être, à 25 ans, cet écrivain qui veut éclairer la jeunesse ivoirienne et africaine, leur dire à travers sa propre vie que tout est possible.
Cette vie, Kambiré Sié la raconte dans son premier livre, une autobiographie non romancée.
Un ouvrage écrit dans un langage simple et courant afin de motiver et inspirer la jeunesse ivoirienne.

 


 

Scindé en 3 parties, ce livre évoque la vie de l’auteur, les leçons à tirer de son parcours et des clés pour passer du zéro à un héros.

Son parcours de vie est émouvant et montre qu’il y a toujours pire que soi, qu’il ne faut jamais se plaindre et être déterminé à réussir sa vie peu importe les conditions dans lesquelles elle a débuté.

J’ai beaucoup apprécié ces quatre accords de Don Miguel Ruiz

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Les clés pour passer de zéro à un héros concernent les lois de l’univers : La loi de l’unité divine, La loi de vibration, la loi des correspondances, la loi de cause à effet, la loi de l’attraction, la loi de transmutation de l’énergie, etc…

Les ayant déjà lus et relus dans d’autres livres de développement personnel, il n’y a pas eu de valeur ajoutée pour moi dans cette 3e et dernière partie du livre mais cela pourrait être utile à quelqu’un qui n’a jamais lu de livre de développement personnel.

 

 

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L’été – Albert Camus

Pour mon bingo littéraire de l’été, je devais lire un livre où il y a le mot été dans le titre.

Une brève recherche m’a conduite à l’été d’Albert Camus, un roman qui fait moins de 150 pages. Que demander de plus ?

Couverture L'été

Qu’il suive le fil d’Ariane sur les traces du Minotaure pour évoquer Oran et ses alentours, qu’il revisite le mythe de Prométhée à la lumière de la violence du monde moderne, ou qu’il rêve à la beauté d’Hélène et de la Grèce, Albert Camus nous entraîne tout autour de la Méditerranée et de ses légendes.

Un court recueil de textes lyriques et passionnés pour voyager de l’Algérie à la Grèce en passant par la Provence.

 

l'Afrique écrit

Un livre pour voyager au cœur de l’été, voici comment je pourrai L’été d’Albert Camus en une phrase.

De l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui je ne connais pas grand chose. Albert Camus m’a fait découvrir Oran, Alger et Tipasa. Il décrit avec adresse ces villes de caractère.

Les références à la mythologie m’ont un peu perdue mais j’ai apprécié cette balade qu’offre la captivante plume de Camus.

J’ai apprécié ses réflexions sur l’écrivain

Un homme, si j’en crois un de mes amis, a toujours deux caractères, le sien, et celui que sa femme lui prête. Remplaçons femme par société et nous comprendrons qu’une formule, rattachée par un écrivain à tout le contexte d’une sensibilité puisse être isolée par le commentaire qu’on en fait et présentée à son auteur chaque fois qu’il a le désir de parler d’autre chose

 

Un écrivain écrit en grande partie pour être lu (ceux qui disent le contraire, admirons-les, mais ne les croyons pas).

 

L’idée que tout écrivain écrit forcément sur lui-même et se peint dans ses livres est une des puérilités que le romantisme nous a léguées.

 

D’autres citations à méditer

 

Il y a ainsi une volonté de vivre sans rien refuser de la vie qui est la vertu que j’honore le plus en ce monde.

 

Nous vivons pour quelque chose qui va plus loin que la morale.

 

Ce jour-là, je compris qu’il y avait deux vérités dont l’une ne devait jamais être dite.

 

 

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Throwback Thursday Livresque 51: Raid-emption

Thème de cette semaine : SPORT

 

J’ai reçu ce livre reçu suite à ma participation à Vendredi Lecture. Merci encore à Vendredi Lecture qui envoie des lots à l’étranger. 😀

J’ai choisi ce livre pour ce Throwback Thursday à cause de la biographie de l’auteur.

l'auteur du mois

David Nguyen est passionné de rollers et d’écriture depuis son plus jeune âge. Il est devenu un homme accompli, en partie grâce au sport

Connu pour ses raids à rollers, il a relié de nombreuses villes comme Paris-Amsterdam, Le Havre-Montpellier, Marseille-Milano, Lausanne-Lyon, Paris-Marseille, Lyon-Bordeaux et sillonné les routes à travers toute la France. 

Devenu éducateur sportif, il utilise son passé sportif pour enseigner à ses publics les valeurs du sport et celle du dépassement de soi.

 

Raid-Emption par Nguyen

 

Dévasté par les événements, David se laisse envahir par la haine et voit sa vie devenir un enfer. La force des choses lui impose une solution : fuir Paris et avec elle les démons qui le hantent. Quoi de mieux que de revenir dans sa ville natale, Marseille ? Afin de se reconstruire et retrouver sa fierté, David embarque dans un raid à rollers et s’apprête à défier la route au bout de laquelle il espère prendre un nouveau départ.

C’est avec ce témoignage intense et authentique que l’auteur nous entraîne dans une véritable immersion physique, philosophique et poétique saisissante. Nul doute que cet ouvrage ne manquera pas d’inspirer aussi bien les lecteurs qui, confrontés à une brutale perte de repères, pourront effectuer ce même voyage initiatique et salvateur que ceux qui aiment les récits de vie et d’aventure hors du commun.

 


 

Cette autobiographie est le témoignage émouvant d’un homme accusé à tort par son ex-compagne et qui a été victime d’un viol collectif. Un homme qui se sent souillé et va se laisser engloutir par cette souillure.

En une réponse à une question sur ses occupations de vacances, il annonce qu’il va faire Paris-Marseille à rollers.

Il va relever le défi et nous livrer un journal de bord à travers ce roman écrit dans un langage simple, mêlant prose et poème en vers.

 

A quoi bon vivre sans savoir ce qu’est la souffrance,

Puisqu’il n’ y a que d’elle que naît l’espérance

J’ai gravé sur mon corps ses plus belles caresses

Et sur chacune de mes feuilles lui ai dévoué ma tendresse

Parce que j’ai rêvé un jour rendre ses lettres d’or à l’amour,

Mais c’est au prix du mien qu’il s’est envolé ce jour…

Un pied devant l’autre et ainsi de suite.

Qu’importe la douleur, aucune n’était plus forte que celles qui m’avaient transpercé cette nuit-là

Qu’importe l’état de la route, c’était toujours plus propre que mon corps sali

 

On écoute ses doutes, ses angoisses. On participe aux rencontres qu’il fait et on se rend compte que les bonnes âmes sont encore dans ce monde. 

On est fier de lui lorsqu’il arrive enfin à Marseille. On a envie de le prendre dans nos bras et de lui souhaiter des lendemains meilleurs.

 

Vous pouvez écouter l’auteur ICI

 

Quel livre auriez-vous choisi ? Faites-moi sortir des sentiers battus ! 

 

 

fleur v1

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L’étranger – Albert Camus

Demandez à mon supérieur hiérarchique quel roman il a réussi à terminer et il vous répondra avec une lueur de fierté dans les yeux : l’étranger d’Albert Camus. Le seul roman dont il se rappelle l’incipit.

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Je me devais donc de lire ce roman, l’unique qui a su le captiver. Et en m’immisçant dans la vie de Meursault, je comprends pourquoi mon boss est tant fasciné par ce roman.

 

Résumé de l'oeuvre

Meursault. Sur une plage algérienne, il a tué un Arabe. À cause du soleil, dira-t-il, parce qu’il faisait chaud. On n’en tirera rien d’autre. Rien ne le fera plus réagir : ni l’annonce de sa condamnation, ni la mort de sa mère, ni les paroles du prêtre avant la fin. Comme si, sur cette plage, il avait soudain eu la révélation de l’universelle équivalence du tout et du rien. La conscience de n’être sur la terre qu’en sursis, d’une mort qui, quoi qu’il arrive, arrivera, sans espoir de salut. Et comment être autre chose qu’indifférent à tout après ça ?

 

l'Afrique écrit

Meursault est un être à part. Il mène son existence en dehors du sens commun. Il n’use pas de faux-fuyant, il n’y a aucun filtre entre ce qu’il pense et ce qu’il dit. Il est étranger à la bienséance, aux normes sociales, aux émotions des autres. Il est insensible à tout ce qui lui arrive. 

Meursault est un marginal, un étranger à la vie. Sa singularité fait de lui un être authentique, étrangement attachant. Ses mots, son attitude nous exposent la vanité de l’existence. 

« Tous les êtres sains avaient plus ou moins souhaité la mort de ceux qu’ils aimaient. »

Ici, l’avocat m’a coupé et a paru très agité. Il m’a fait promettre de ne pas dire cela à l’audience,

 

s’il me signifiait que l’interrogatoire était terminé. Il m’a seulement demandé du même air un peu las si je regrettais mon acte. J’ai réfléchi et j’ai dit que, plutôt que
du regret véritable, j’éprouvais un certain ennui. J’ai eu l’impression qu’il ne me comprenait pas. 

 

Mais tout le monde sait que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Dans le fond, je n’ignorais pas que mourir à trente ans ou à soixante-dix ans importe peu puisque, naturellement, dans les deux cas, d’autres hommes et d’autres femmes vivront, et cela pendant des milliers d’années. Rien n’était plus clair, en somme. C’était toujours moi qui mourrais, que ce soit maintenant ou dans vingt ans. À ce moment, ce qui me gênait un peu dans mon raisonnement, c’était ce bond terrible que je sentais en moi à la pensée de vingt ans de vie à venir. Mais je n’avais qu’à l’étouffer en imaginant ce que seraient mes pensées dans vingt ans quand il me faudrait quand même en venir là. Du moment qu’on meurt, comment et quand, cela n’importe pas, c’était évident. 

 

Il me disait sa certitude que mon pourvoi serait accepté, mais je portais le poids d’un péché dont il fallait me débarrasser. Selon lui, la justice des hommes n’était rien et la justice de Dieu tout. J’ai remarqué que c’était la première qui m’avait condamné. Il m’a répondu qu’elle n’avait pas, pour autant, lavé mon péché. Je lui ai dit que je ne savais pas ce qu’était un péché. On m’avait seulement appris que j’étais un coupable. J’étais coupable, je payais, on ne pouvait rien me demander de plus.

 

Le style d’écriture sobre, sans artifice, les phrases sèches, courtes et directes apportent une fluidité au récit. Bien plus qu’un roman, on lit un scénario, le film d’une vie. 

J’ai passé un bon moment de lecture.

 

Avez-vous déjà rencontré Meursault ?

Avez-vous lu Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud ?

 

 

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Contes des royaumes de Sarah Pinborough : Beauté et Charme

Après avoir lu la nouvelle d’Aqiil Gopee, une envie furieuse de lire des réécritures de contes est montée en moi. J’ai donc découvert la saga des contes du royaume de Sarah Pinborough. Les couvertures sont superbes !

Couverture Contes des royaumes, tome 1 : PoisonCouverture Contes des royaumes, tome 2 : CharmeCouverture Contes des royaumes, tome 3 : Beauté

Une saga, trois tomes portant sur Blanche Neige, Cendrillon et la belle au bois dormant.

Après avoir consulté les avis de lecteurs sur la saga, j’ai commencé par le 3e tome qui est un préquel aux deux autres.

 

Couverture Contes des royaumes, tome 3 : Beauté

Le prince d’un royaume dont on ignore le nom est jugé puéril selon ses parents. « Il a besoin de vivre une véritable aventure », affirment-ils.

Le roi va lui confier une mission : trouver une ville enfouie. Un terrible fléau s’est abattu sur elle. La forêt, toute vibrante de magie si près des flancs de la montagne, s’est refermée sur elle. Les arbres et les taillis se sont mis à pousser, si hauts et si denses que la cité tout entière et ses habitants se sont retrouvés coupés du monde et engloutis à jamais.

Le prince est accompagné d’un chasseur dans cette mission. Je pensais revisiter l’univers de la Belle au bois dormant mais l’auteure va au-delà. Ce tome est une imbrication de plusieurs contes: le chaperon rouge, La belle au bois dormant, la Belle et la bête, Raiponce…

Au début, ça paraît un peu brouillon. Cela peut perturber car on ignore où l’auteure veut nous mener mais on se laisse porter par son imagination et son audace.

Elle s’est complètement éloignée des contes traditionnels, les a faits à sa sauce au point de mettre des scènes crues de sexe !!!! Elle est dans l’air du temps mais c’est une démarche incongrue pour moi. 

Quid de la forme ?

Narration à la 3e personne, vocabulaire désuet. J’ai trouvé que ça convenait au contexte de l’œuvre.

J’ai passé un bon moment de lecture mais il n’y a pas eu l’étincelle. J’ai trouvé certains passages très lents.

Je ne me suis attachée qu’à deux personnages : le chasseur et Petra, le chaperon rouge. J’aurais voulu qu’ils finissent ensemble mais ils en ont décidé autrement. Que voulez-vous ? Les personnages font ce qu’ils veulent.

Le conte s’achève sur une fin ouverte. Y aurait-il un tome 4 prévu ?

 


 

La majorité des lecteurs ayant détesté le tome portant sur Blanche Neige, je suis passée au tome 2, dédiée à ma princesse Disney préférée : Cendrillon.

Couverture Contes des royaumes, tome 2 : Charme

Là encore, l’auteure fait à sa guise. J’oublie complètement la Cendrillon qui m’a fait rêver toute petite et reste attentive à la nouvelle version de Cendrillon.

20 ans, rousse, vivant avec son père, sa belle-mère et l’une de ses belles-sœurs pas du tout méchante. C’est une sœur à aimer. Elle est intelligente, déterminée, loin d’être capricieuse.

Cendrillon est la servante de toute la maison mais le père ne dit rien. Il a d’autres choses à faire comme publier son roman. Dès les premières lignes, l’auteur m’a donné un personnage à détester : le père. 

Cendrillon rêve depuis toute petite de se marier au prince mais ne peut assister au bal. Sa fée marraine intervient, lui permet d’y assister mais lui pose une condition une fois qu’elle sera fiancée au prince et amenée au château.

On découvre que cette fée marraine n’en est pas vraiment une et que le prince charmant a bien des secrets…

J’avoue avoir eu un peu de mal avec cette réécriture. Cette Cendrillon est avide de désir charnel, s’adonne au plaisir en solitaire. On est vraiment dans un conte pour adultes libertins. Je n’ai pas du tout apprécié. Ce n’est pas ma vision de la relation sexuelle.

J’ai par contre apprécié sa relation avec le chasseur. J’ai l’impression que c’est le personnage que l’auteure travaille le mieux.

Comme dans le tome 3, l’auteure fait intervenir des personnages d’autres contes tels que Hansel et Gretel, Robin des bois et Blanche Neige !

Je n’ai pas du tout compris l’épilogue avec Blanche Neige, ça n’avait aucun sens pour moi.

Par ailleurs, il y a certaines péripéties comme la disparition des enfants du village qui ne sont pas assez développées.

Ces bémols n’ont pas altéré le côté divertissant de ma lecture mais ils sont assez persistants pour ne pas faire de ce conte une lecture mémorable.

  


 

Pour vous, chers amis, qu’est-ce qu’une réécriture de conte ?

Doit-elle garder les éléments essentiels du conte traditionnel ou être une histoire parallèle à l’original ?

 

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Il est à toi ce beau pays, une oeuvre magistrale

« Il est à toi ce beau pays » présente l’Afrique appétissante, gâteau de l’un, débouché économique de l’autre ;  l’Afrique, ce continent dévisagé, remodelé, privé de sa substance. Mère à qui l’on n’a pas laissé le temps de faire le deuil. Après avoir perdu ses fils, on la prive de ses terres.

« Il est à toi ce beau pays » expose le passé douloureux de l’Afrique, glorieux de l’Europe…

On entend d’abord la voix dépressive d’Ota Benga, Pygmée congolais du peuple des Mbuti qui a été notamment exposé au zoo du Bronx de New York en 1906.

La voix puissante et dominatrice des colons se fait aussi entendre, notamment celle de Léopold, roi des Belges. On découvre (ou redécouvre) toute la stratégie politique de l’Occident pour s’approprier ces terres africaines entre 1873 et 1896.

Entre-temps, pour échapper à la soumission irréversible, il fallait mettre en oeuvre un ensemble de principes : civilisation, christianisation et commerce.

« Et surtout, il faut du temps, pour coloniser, continua-t-il pour lui même. Car il ne suffit pas de préparer les expéditions. Il faut préparer l’opinion ! Il faut persuader le peuple du bien-fondé de nos actions outre-mer. Il faut le pétrir de bons sentiments, lui faire miroiter des actions humanitaires à la pelle ! La civilisation, l’aide au développement, le partage des valeurs de la vieille Europe et autres balivernes…

Le partage de nos valeurs ! s’emballa le petit homme. Comme c’est malin ! Qui pourrait refuser une idée si généreuse ?

« Très bien, cet article, très bien, se félicitait Jules Ferry, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, les favoris traînant sur Le Figaro du jour. Il tombe à point pour l’ouverture de la conférence de Berlin. La chance de l’Afrique, c’est la France ! Pas l’Angleterre, pas la Belgique, mais la France ! Il faut que tout le monde le sache !

“Pour mes cinquante ans, je veux devenir roi du Congo.” Dixit Léopold, roi des Belges

Léopold est un homme abject, Jules Ferry également. Je suis désolée mais je n’ai aucune estime pour ceux qui ont favorisé la suprématie blanche.

Mon cœur s’est serré en lisant toute la violence de la colonisation, toute la naïveté des indigènes qui signent des papiers sans lire. Ils avaient confiance, peau noire, cœur blanc…

Jennifer Richard révèle une vérité essentielle :

Peu à peu, il avait compris qu’il n’existait pas de conscience africaine à l’échelle du continent. La solidarité ne fonctionnait qu’à hauteur de tribu. Nombreux étaient les chefs de clan qui effectuaient des rapts dans les villages voisins, en échange de quelques pièces d’étoffe.

 

J’ai constaté une fois de plus avec dégoût que la politique internationale n’a pas changé de 1800 à 2018. 

« Ce que je veux vous dire, c’est que les Européens ont une fâcheuse tendance à dénoncer les atrocités des chefs africains pour donner un vernis de légitimité à leurs invasions. Mais leur immixtion a pour effet de déstabiliser le continent. »

N’est-ce pas ce qui s’est passé avec Kadhafi ?

Ce roman décrit parfaitement la philosophie occidentale :

« Ah, l’Europe ! Bien sûr. Cette entité prométhéenne s’est proclamée juge universel. Et pendant qu’elle accuse, on ne voit pas que ses pieds trempent dans le sang.

– Tu vois l’Europe plus cynique qu’elle n’est.

– Vraiment ? Tu penses que vous avez renoncé à l’esclavage pour le bien-être des Africains ? Vous n’avez fait que supprimer un système qui profitait à certaines nations plus qu’à d’autres. D’ailleurs, vous n’avez pas supprimé l’esclavage. Vous n’avez fait qu’effacer le mot. L’Europe aime les concepts. Enrobe tes meurtres des mots civilisation et liberté, et tu verras, on te pardonnera tout.

“Voyez ? C’est tout le problème avec vous, les Européens. Vous êtes choqués dès qu’on touche un cheveu de vos congénères. Alors, vous vous délectez des supplices qu’ils ont subis, vous vous en repaissez comme des porcs, en faisant semblant d’être traumatisés. Il ne s’agissait pourtant que de sept marchands sans vergogne. Mais les autres ? À l’instant, je vous ai parlé de mille huit cents morts dans notre camp et ça ne vous a fait aucun effet. Pas de réaction, pas le moindre battement de cils. Pourtant, ils ne sont pas morts dans leur sommeil, eux non plus.”

Constat déplorable que j’ai fait ouvertement sur mon blog en parlant de la Somalie.

« Il faisait partie de cette caste de rebuts qui n’avaient pas trouvé leur place en Europe et qui partaient en quête d’aventure, d’argent et de respect. »

N’est-ce pas ce que les migrants font ? Un acte qui a été applaudi hier et qui est désapprouvé aujourd’hui. Comme le dit Emmelie Prophète dans son livre, la libre circulation devrait se faire dans les deux sens !

La communauté occidentale actuelle doit-elle se sentir coupable ? L’un des narrateurs a une réponse : la culpabilité est personnelle, elle n’appartient pas à la communauté.

Chacun devrait donc se poser les questions sur les conditions de vie des personnes qui cultivent les matières premières et nous permettent d’avoir vélo, vêtement, téléphone portable.

 

Jennifer Richard raconte la vie des explorateurs qui ont favorisé cette pénétration en Afrique Centrale : Stanley, Brazza et bien d’autres figures historiques comme David Livingstone, Joseph Conrad.  Elle dévoile leurs obsessions, ambitions, quêtes de gloire, de reconnaissance, de fortune.

J’ai beaucoup appris sur Brazza et Stanley. J’ignorais que le premier était d’origine italienne et que Stanley n’était pas le vrai nom du second.

J’ai perçu une différence d’idéologie entre ces deux hommes. Brazza apparaît plus humain dans ses rapports avec les indigènes.

Jennifer Richard ne parle pas que de l’Afrique, ses enfants partis contre leur gré, ceux qui ont vécu l’esclavage, la ségrégation font entendre leurs voix. Des femmes, des hommes qui doivent survivre, se trouver une place dans une société qui est devenue la leur mais qui ne veut pas d’eux.

J’ai découvert des figures importantes du peuple afro-américain comme W.E.B. Du Bois, Booker T. Washington, George Washington Williams.

L’histoire des Etats-Unis ne pouvant être contée sans la colonisation européenne des amérindiens, l’auteure l’aborde dans ce roman.

 

 

Si je le pouvais, je demanderais un standing ovation pour louer son travail colossal. J’étais bouche bée en parcourant la bibliographie utilisée pour ce roman.

J’ai apprécié sa plume sans fioritures, le vocabulaire adapté à l’époque. Les descriptions des lieux sont suffisamment élaborées pour qu’on se les représente.

Le roman comporte trois grandes parties subdivisées en plusieurs chapitres qui correspondent à des dates. Les chapitres sont très courts et permettent de tenir le rythme de ce gros pavé de 756 pages !

C’est un roman magistral, une lecture utile que Jennifer Richard offre au public, dommage qu’il n’ait pas la médiatisation qu’il mérite. 

C’est presque un coup de cœur pour moi. Je vous le recommande vivement.

 

GM signature

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

La parisienne et le highlander, sélection romance – Prix des auteurs inconnus

Roman concourant au Prix des auteurs inconnus 2017, catégorie romance.

Anaïs de Malincourt, jeune femme de 24 ans, vient de perdre son grand-père, l’unique famille qui lui restait. Entourée de sa bande d’amis, la tribu du 54 Ter, ces habitants de l’immeuble situé dans la rue du Cherche-midi à Paris, elle essaie de ne pas broyer du noir. Côté amour, c’est le néant. Elle n’a connu que des flirts.

Iain Mac Kelloch’, jeune homme de 32 ans, aîné d’une dynastie écossaise, est heureux en affaires, en amour par contre c’est autre chose. Une passion a refroidi ses rapports avec les femmes. Il est le maître de Thuata, l’un des plus beaux et des plus mystérieux domaines écossais.

Une femme et un homme, deux mondes distincts qui vont s’entremêler pour une mission commune : retrouver le Stùr Rionnag, la vie sur Terre en dépend. Une mission qui n’est pas sans embûches puisqu’une société secrète, la SEO le recherche également. D’après la légende, le Stùr Rionnag aurait des vertus thérapeutiques insoupçonnables. La société aimerait l’analyser et faire breveter leurs recherches. 

Anaïs et Iain vont alors devoir déchiffrer des mystères pour découvrir des secrets vieux de plusieurs siècles, remonter leurs arbres généalogiques, décrypter les armoiries et biens rares de leurs familles, exercer leurs dons singuliers pour localiser le Stùr Rionnag. Le lecteur est embarqué dans une folle aventure et il ne s’en plaint pas. On remonte le temps, on découvre des faits historiques. Ésotérisme et fantastique se joignent. Mélange intéressant mais on se perd un peu dans les mystères et les longueurs.

Ce roman obéit docilement aux clichés de la romance. Notre héros est riche et beau comme un dieu, il n’a qu’un léger défaut physique, notre héroïne n’est pas en reste. Elle est belle comme une sirène. Elle a des courbes voluptueuses. Homme comme femme salivent à leur passage. La jalousie va d’ailleurs être leur compagne attitrée. Les crises de jalousie du highlander m’ont un peu agacée. 

L’attirance est palpable dès leur première rencontre. On assiste à un coup de foudre “sexuel”, l’amour vient par la suite. L’érotisme est très présent, rêves érotiques et ébats sensuels peuplent le récit et tombent parfois dans le vulgaire. Je déteste le mot « baiser » dans le sens d’ébats sexuels. Je ne le trouve pas poétique.

Je redoutais ma lecture vu que je déteste les gros pavés mais j’ai finalement passé un bon moment de lecture. J’ai beaucoup apprécié le mélange romance / aventure. Le cliffhanger m’a légèrement ennuyée parce que c’est un vieux scénario des novelas. L’auteure a manqué d’originalité sur ce coup selon moi mais ça ne m’a pas ôté l’envie de découvrir le tome 2.  

Que dire de la forme de l’oeuvre ?

Le registre soutenu est utilisé et convient bien au contexte de l’oeuvre. On croise quelques mots familiers et désuets. J’ai ajouté de nouveaux mots à mon dictionnaire personnel.  Les descriptions sont nombreuses et lassent par moment.

Quelques coquilles ont résisté avec force et détermination à l’épreuve de la correction :

  • Si tu tiens à garder ton job dans ton journal, saches que je suis prêt – page 218
  • Tes yeux lancent des éclairs vert – page 389
  • Tu as été notre raison de survivre, ne l’oublies jamais -page 656
  • Ne la perd pas – page 764

 

Christmas

Existe en format Kindle et Broché

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Avez-vous des recommandations  de romans qui mêlent aventure et romance à me faire ?

Merci d’avance.

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