Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Trop de bonheur

Le temps n’efface rien. Marlene et Charlene restent hantées par un terrible secret d’enfance, Sally tremble de revoir son fils après des années de silence et Doree a changé d’identité pour oublier le passé. Fortes ou fragiles, belles ou fanées, ces femmes combattent avec courage, inlassablement, pour une accalmie dans la tempête, un instant de bonheur.

« Ce recueil de nouvelles illustre comme jamais le génie subtil d’Alice Munro: celui de célébrer, dans chacune de ses histoires, le mariage de l’inattendu et de l’inexorable » Le Nouvel Observateur

Trop de bonheur

Après ma lecture de Fugitives, j’ai reconnu avoir pris un grand risque en achetant deux œuvres d’Alice Munro. J’ai repoussé ma lecture de « Trop de bonheur » jusqu’à ce qu’il ne me reste pas grand chose à offrir à mon esprit avide de lecture.

Le recueil compte 10 nouvelles que je me permets de classer en 4 catégories:

  1. La cerise sur le gâteau

Les nouvelles qui font partie de cette catégorie ont une particularité: elles suscitent la stupeur. Leurs débuts sont linéaires et puis survint un événement qu’on n’aurait pas du tout soupçonné et qui recrée l’histoire.

  • Dimensions
  • Fiction
  • Wenlock Edge
  • Radicaux Libres

Ces nouvelles sont vraiment le mariage de l’inattendu et de l’inexorable.

2. La dernière cuillère de son plat préféré

J’ai rangé Trous-Profonds, Visage, Des femmes et Jeu d’enfant  dans cette catégorie parce qu’elles sont tristes. Elles évoquent le regret occasionné par une rupture familiale, un malentendu, une mauvaise compréhension de l’attention que l’on portait à l’autre.

3. Un verre de Muscador après du champagne 

Trop de bonheur  raconte les journées qui ont conduit à la mort  de Sofia Kovalevskaïa, romancière et mathématicienne, avec des retours en arrière sur des épisodes précédents de sa vie. Le récit peut être ennuyant pour ceux qui comme moi n’aiment pas l’Histoire et très instructif pour ceux qui comment moi aiment les mathématiques 😀

Les descriptions du sort des femmes en Russie apportent également un attrait au récit.

4. Le grain de maïs dans la salade de fruits

Que fait-elle dans ce recueil? Telle est la question que je me suis posée en lisant Bois. Je n’ai vraiment pas saisi l’utilité de cette nouvelle dans le recueil. J’ai eu l’impression que le but de l’auteur était  de raconter une histoire et non chercher à susciter de l’intérêt ou des émotions.

En somme, je dirais que le livre est intéressant mais pas transcendant. Je crois que je ne tenterai pas de lire une autre oeuvre d’Alice Munro.

Le grand bonheur – aussi provisoire, aussi fragile soit-il – d’une personne peut sortir du grand malheur d’une autre.

Elle s’était convaincue que l’amour n’était pas un sentiment de la vie réelle.

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre

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Juste avant le bonheur

Cela fait longtemps que Julie ne croit plus aux contes de fée. Caissière dans un supermarché, elle élève seule son petit Lulu, unique rayon de soleil d’une vie difficile. Pourtant, un jour particulièrement sombre, le destin va lui tendre la main. Ému par leur situation, un homme généreux les invite dans sa maison du bord de mer, en Bretagne. La chance serait-elle enfin en train de tourner pour Julie?

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Les premières lignes du roman nous présentent Julie, une jeune fille qui fait partie des gens que le destin épargne peu; Paul, un homme seul depuis un mois et qui gère assez bien sa solitude; Jérôme, un homme qui supporte mal sa nouvelle vie depuis un drame et un enfant  plein de vie.

L’enfant plein de vie est le fils de Julie, l’homme plein de solitude est le fils de Paul.

Ces 4 personnes qui se connaissent à peine, se retrouvent à partager un séjour en Bretagne. Au départ, ce n’était que Paul et son fils qui devaient faire ce voyage mais Paul a invité Julie et son fils parce qu’il est  ému par la situation de cette jeune fille mère célibataire. Il a envie de l’épauler, lui venir en aide, la séparer de son porte-monnaie qui ne se remplit pas facilement.

Qu’est-ce que ce voyage leur apportera? L’occasion de voir la mer pour Ludovic, le fils de Julie; l’occasion pour Paul de retrouver ce rayonnement intérieur qu’il avait perdu depuis 30 ans, l’occasion pour Julie de vivre un conte de fée, l’opportunité pour Jérôme de pleurer et se décharger du poids qu’il traîne depuis qu’elle est morte.

Ce voyage est une grande bouffée d’air pour chacun jusqu’au jour où survint le drame, où l’un d’entre eux va devoir apprendre à vivre sans son rayon de soleil…

Ce roman m’a touchée, m’a rappelé combien la vie est éphémère, combien les rencontres ne sont pas le fruit du hasard, combien il est nécessaire d’être entouré, combien la chaleur d’un animal ne pourra jamais remplacer la chaleur d’un humain.

L’écriture fluide de l’auteur et  les courts chapitres permettent une lecture rapide. Même si la tristesse est le sentiment omniprésent dans l’histoire, le livre est agréable à lire parce qu’il y a des couples qui se forment, des heureux événements qui se préparent.

La vie continue malgré les coups durs que le destin fait subir.

Si je devais résumer le livre en une seule phrase, je dirais: le bonheur est une présence.

Le privilège de la beauté: atténuer le mauvais caractère.

Un bord de mer n’est jamais silencieux, jamais. La vie non plus, ni la vôtre, ni la mienne. Il y a les grains de sable exposés aux remous et ceux protégés en haut de la plage. Lesquels envier? Ce n’est pas avec le sable d’en haut, sec et lisse, que l’on construit les châteaux de sable, c’est avec celui qui fraye avec les vagues car ses particules sont coalescentes. Vous arriverez à reconstruire votre château de vie, parce que la tempête vous a rendue solide. Et ce château, vous le construirez avec des grains qui vous ressemblent, qui ont aussi connu les déferlantes de la vie, parce qu’avec eux, le ciment est solide.

Le passé laisse une trace comme les pas dans le sable, mais c’est vers l’avenir que l’on marche.

Le temps n’aide pas à oublier mais à s’habituer. Comme les yeux qui s’accoutument au noir.

Le commun des mortels s’imagine que plus le temps passe, et mieux ça va, mais ces émotions-là ne suivent pas une ligne droite ascendante, mais une sinusoïde, avec des sommets et des creux de vague.

Si ce livre figure dans votre PAL, n’hésitez pas à le faire sortir sauf si vous êtes ultra-sensible 🙂

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre

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Demain j’aurai vingt ans

Demainjaurai

Pointe-Noire, capitale économique du Congo, dans les années 1970. Le narrateur, Michel, est un garçon d’une dizaine d’années qui fait l’apprentissage de la vie, de l’amitié et de l’amour, tandis que le Congo vit sa première décennie d’indépendance sous la houlette de « l’immortel Marien Ngouabi », chef charismatique marxiste.

Les épisodes d’une chronique familiale truculente et joyeuse se succèdent, avec ses situations burlesques, ses personnages hauts en couleurs : le père adoptif de Michel, réceptionniste au Victory Palace ; maman Pauline, qui a parfois du mal à éduquer son turbulent fils unique ; l’oncle René, fort en gueule, riche et néanmoins opportunément communiste ; l’ami Lounès, dont la sœur Caroline provoque chez Michel un furieux remue-ménage d’hormones ; bien d’autres encore.

Mais voilà que Michel est soupçonné, peut-être à raison, de détenir certains sortilèges…

Mon Mabanckou aimé, mon Mabanckou à moi, toi qui me fais porter la main à la bouche afin d’éviter d’éclater de rire dans le bus

Que pourrais-je dire sur  ce livre que l’on ne sait déjà?

Il fait si doux quand avec ironie tu fais l’état des lieux de la politique africaine, l’impérialisme et la religion.

Je me sens joyeuse, je me sens revigorée quand je parcours tes livres.

D’après Grâce Minlibé

Un poème revisité de Maurice Carême pour exprimer tout le plaisir que m’a procuré la lecture de Demain j’aurai vingt ans.

Le style de l’auteur est fluide, les personnages attachants, les dialogues vivants; les lignes de ce livre regorgent d’humour, de soleil, de douceur, de tendresse, de vie.

Moi, je te garderai aussi dans mes châteaux qui sont dans mon cœur, là où personne ne viendra te faire du mal…

Maman Pauline m’a d’abord dit d’aller me doucher, de bien frotter les aisselles, les fesses et là où on fait pipi. Je n’aime pas quand elle dit ça. Est-ce que quelqu’un de normal peut se doucher sans laver ses aisselles, ses fesses et là où il fait pipi? Si quelqu’un ne lave pas ces parties, pourquoi donc il se douche?

Avec ce livre, on retombe en enfance, on retrouve l’innocence, on se rend compte combien l’amour , l’amitié et la famille sont si importants pour la construction d’une vie.

Les clins d’œil répétitifs faits à la politique peuvent lasser mais quand on arrive aux passages où la fleur de l’amour éclot, on oublie tout…

Aidez-moi à trouver une oeuvre passionnante à lire sinon je risque de dévorer un autre livre d’Alain Mabanckou 🙂

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre

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Une si douce illusion

Barbara Katts

Quand un homme que vous aimez depuis 3 ans vous annonce qu’il en aime une autre en pleines vacances en Corse (je parle d’un homme au physique peu avantageux, contraint de faire preuve d’esprit pour séduire, un homme qui avait de gros défauts entre autres celui d’être égocentrique, volubile, froid  et sans goût) que faites-vous ?

Ne répondez pas si vite, permettez que j’ajoute d’autres éléments.

Après cette terrible révélation, vous décidez de rentrer chez vous, d’écourter vos vacances. En pleine conduite, vous faites un accident, distraite par le coup d’œil furtif jeté à votre téléphone. Un homme d’une beauté renversante de mauvais garçon a assisté à votre accident, appelle les secours, veille sur vous, vous tient compagnie dans cette chambre neutre d’hôpital , s’occupe des papiers pour les formalités de sortie, se propose d’être votre compagnon de voyage pour le retour et votre assistant à domicile pour vous aider étant donné que vous avez un bras dans le plâtre.

Dites-moi quand un beau gosse s’intéresse autant à vous, la femme de 35 ans au cœur brisé, que faites-vous ?

Celles qui ont lu Cendrillon et croient aux contes de fée ouvriront les portes de leur domicile et de leur cœur à ce magnifique inconnu. C’est ce qu’Amanda a fait.

Elle a donné les clés de sa maison et de son cœur à Paul, une fée du logis, un amant magnifique, un homme qui ne veut rester qu’avec elle, un homme qui la retire du monde extérieur, un homme qui ne parle pas beaucoup de lui et dont le village n’est pas fixe, un homme qui fronce les sourcils dès qu’il entend le mot «police »…

 

C’est une envie de lire une histoire romantique et moderne teintée de mystère, de découvrir un nouvel auteur qui m’a conduit jusqu’à ce livre de Barbara Katts.

L’auteur possède une belle plume, les descriptions des lieux et des sentiments sont réussies, les dialogues sont vivants.

On envie un peu Amanda  et la chance qu’elle a d’avoir un homme pareil à ses côtés. Les notes de mystère laissées çà et là tiennent en haleine, nous transforment en un instant en détective privé. On a envie de percer le mystère qui plane autour de Paul.

On découvre aussi l’attention que le genre humain porte à la beauté extérieure.

J’aurais voulu plus de rebondissements, qu’on fasse abstraction de certains détails, que la révélation des secrets de Paul prenne moins de temps mais bon…

En résumé, l’histoire est assez plaisante à lire, j’ai beaucoup aimé la fin qui est très loin des contes de fée.

Je termine mes propos avec une phrase tirée du livre qui m’a bien fait rire

Cette femme ne sait pas s’y prendre avec les hommes, ça se voit. Quand on n’a rien d’autre à offrir, la cuisine, c’est un minimum.

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre

Ps : Toi qui viens de lire ces lignes, quelle est la plus belle histoire d’amour que tu as lue ?

Publié dans Quand on est célib'

LA VOIE ABSOLUE du bonheur

la voie absolue

«Dans un couple, peut-être que l’important n’est pas de vouloir rendre l’autre heureux, c’est de se rendre heureux et d’offrir ce bonheur à l’autre.»

J’aime beaucoup cette citation de Jacques Salomé parce qu’elle souligne un point important pour moi : se rendre heureux et ne pas léguer cette responsabilité qui est la nôtre à autrui s’applique autant à un célibataire qu’à une personne en couple.

Nous sommes nombreux à vouloir être heureux et certains pensent qu’être en couple est  LA VOIE absolue, strictement nécessaire et suffisante pour connaître LE BONHEUR.

On ne fuit pas le célibat parce qu’on a envie d’être heureux, on décide de quitter le célibat parce qu’on est déjà heureux et qu’on a envie de partager ce bonheur avec une personne qui est déjà heureuse et qui a envie de partager son bonheur avec nous.

Je suis de ceux qui pensent que LE BONHEUR a plusieurs facettes et j’ai décidé de me rendre heureuse même en  étant célibataire.

Dites-moi, elle remonte à quand la dernière fois où vous vous êtes rendu heureux?

Si votre réponse est hésitante, confuse, alors les questions qui suivent sont pour vous. Nous sommes souvent loin de la joie, de la satisfaction parce que nous sommes proches de la tristesse, de la peur, du doute, d’une sous-estimation de ce que nous sommes.

 Pour chacune des questions ci-dessous, énoncez une réponse précise.

  • De quoi avez-vous le plus peur? Pourquoi?
  • Comment vos amis du sexe opposé vous définissent-ils?
  • Quelle est votre plus grande blessure sentimentale?
  • Quel type d’hommes (ou de femmes) vous attendez?
  • Quel est votre plus grand regret?
  • Qu’est-ce qui vous fait baisser les bras?
  • Quelles sont les valeurs importantes pour vous et parmi elles quelles sont celles que vous avez tendance à négliger?
  • Avec qui passez-vous la majeure partie de votre temps?
  • Quel est le sujet de votre dernier dialogue intérieur (quand vous vous parlez à vous-même) ?
  • De quoi êtes-vous fier(e)?
  • A qui est-ce que vous vous comparez?

Vous avez des réponses précises et vous vous demandez à quoi elles vous serviront ? Envoyez-moi un message privé sur ma page facebook

https://goo.gl/ghwLjE

Si des points vous paraissent flous, n’hésitez pas à le dire pour qu’on en discute.

A très bientôt pour une autre découverte de l’univers joyeux des célibataires !!!!

Grâce Minlibé

Auteure de Chimères de verre

Célibataire épanouie

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Verre Cassé

verrecasse

L’histoire « très horrifique » du Crédit a voyagé, un bar congolais des plus crasseux, nous est ici contée par l’un de ses clients les plus assidus, Verre Cassé, à qui le patron a confié le soin d’en faire la geste en immortalisant dans un cahier de fortune les prouesses étonnantes de la troupe d’éclopés fantastiques qui le fréquentent.

Avez-vous envie de passer un pur moment de détente? Vous voulez rire et ne pas voir le temps passer? « Verre cassé » est ce qu’il vous faut.

Je ne peux pas compter les éclats de rire que j’ai eus durant ma lecture. Alain Mabanckou joue avec les sentiments, les idées, les mots.

Lire Alain Mabanckou c’est comme prendre une douche bien froide en pleine canicule. Son style est rafraîchissant et captivant.

Que dire des personnages. Ils sont si grotesques, si sublimes!

Vous serez touché par la persévérance de L’escargot entêté, le langage rythmé et le talent ironique de Verre Cassé, la déconvenue du type aux Pampers, les grands airs de L’Imprimeur et le côté rustre de Robinette.

Attention de ne pas trop vous attacher à eux. Vous finirez par être un habitué du Crédit a voyagé.

J’enchaîne avec un autre livre de Mabanckou. Quand on découvre un auteur talentueux, il ne faut pas le lâcher.

Grâce Minlibé

Auteure de Chimères de verre

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Inassouvies, nos vies

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Betty niche au cinquième étage d’un immeuble, dans un appartement qui lui évoque un bateau renversé, arrimée à la pierre, la coque tutoyant les astres. Les humains l’intriguent, elle ne connait rien de plus mystérieux. Postée devant l’une ou l’autre de ses fenêtres, elle scrute la façade du somptueux immeuble situé de l’autre côté de l’avenue.

Betty s’interroge et prend une décision : savoir quelles existences se cachent derrière les fenêtres d’en face.

« Ô, âmes étriquées, n’agitez pas votre mauvaise langue ! N’allez surtout pas parler de voyeurisme ! Sinon, refermez ce livre et dites ! De quoi se nourrissent vos livres préférés ? C’était tout bonnement de l’espionnage sociologique. Eh oui ! »

Avec une pointe d’humour, Betty nous interroge sur notre conception de l’écriture, du couple, du célibat ; sur nos exigences qui nous font du mal mais qu’on ne lâche pas; elle nous interpelle sur le regard que l’on porte au troisième âge

Vieillir, ruminait Betty, c’est renoncer malgré soi à ce que la vie, créancière implacable, récupère sans crier gare.

Betty parle, se révolte surtout quand il est question du sort de l’Afrique

L’esclavage n’a pas disparu, il a seulement changé de nature ; devenu économique, il avilit et tue en silence. Et on ose dire que l’Afrique est libre ! Enfin, si on veut, elle est libre.

Libre de remercier ceux qui nous affament et se prennent pour nos sauveurs, quand ils ne font que rendre des miettes de ce qu’ils nous volent en permanence.

La véritable aide est celle qui rend autonome pour de bon, pas un sadique goutte-à-goutte.

 

Betty à travers sa fenêtre nous permet de faire irruption dans plusieurs vies et de découvrir ces besoins inassouvis qui ne nous sont pas été étrangers.

Inassouvi, le besoin de couler l’Autre dans un moule !

Inassouvi, le besoin de croquer, durant toute une vie, les fruits d’une même saison

Inassouvi, notre besoin de rapprochement

Inassouvi, notre besoin de modèle pour vivre

Inassouvie, la vie, puisqu’elle a toujours besoin d’un horizon.

Inassouvi, le besoin de moduler la courbe de la vie qui n’en fait qu’à sa tête

Inassouvies, nos questions, quand s’abat le cuisant deuil d’un amour.

Inassouvi, cet avenir enchaîné au souvenir.

Fatou Diome m’a encore une fois fait passer un agréable moment de lecture; j’ai fermé le livre, sourire aux lèvres.

Pour ceux qui veulent découvrir d’autres œuvres  de l’auteure, Celles qui attendent et La Préférence nationale sont très bien. Tous les livres de Fatou Diome sont très bien de toute façon. 🙂

Grâce Minlibé

Auteure de Chimères de verre

Publié dans Psyché

Mes douze sources

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Pour ce semestre qui débute aujourd’hui, 12 citations encadreront mes pas. 

  1. Restez à l’écart des personnes qui essaient de rabaisser vos ambitions. Les gens médiocres font toujours cela, mais les grands vous font sentir que vous, aussi, pouvez devenir grand. – Mark Twain

 

  1. Vous devenez ce en quoi vous croyez. Vous êtes là où vous êtes aujourd’hui dans votre vie à partir de tout ce que vous avez cru. – Oprah Winfrey

 

  1. Essayez de transformer chaque désastre en une opportunité. – John Rockfeller

 

  1. N’attends pas que les événements arrivent comme tu le souhaites. Décide de vouloir ce qui arrive… et tu seras heureux. Epictète 

 

  1. Gardez toujours à l’esprit que votre propre décision de réussir est plus importante que n’importe quoi d’autre. Abraham Lincoln

 

  1. Dans la vie il n’y a pas de solutions ; il y a des forces en marche : il faut les créer et les solutions suivent. Antoine de Saint-Exupéry 

 

  1. Quand on a choisi un chemin, aussi compliqué soit-il, on le poursuit jusqu’au bout. Sinon, on ne saura jamais ce qu’il nous promet. Yasmina Khadra

 

  1. C’est son caractère qui fait à chacun sa destinée. Cornélius Nepos

 

  1. La difficulté attire l’homme de caractère, car c’est en l’étreignant qu’il se réalise lui-même. Charles de Gaulle

 

  1. Si tu veux aller au bout de ton mérite, ne t’attarde pas sur les crottes que tu écrases car il y en aura toujours sur le chemin des braves. Yasmina Khadra

 

  1. Développe en toi l’indépendance à tout moment, avec bienveillance, simplicité et modestie. Marc-Aurèle

 

  1. Ceux qui n’ont pas l’esprit libre ont des pensées toujours confuses. Anton Tchekhov 

Et vous, quelles seront vos sources de motivation?

Grâce Minlibé,

Auteure de Chimères de verre

 

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Les anges meurent de nos blessures.

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Il se faisait appeler Turambo, du nom du village misérable où il était né, dans l’Algérie des années 1920. Il avait pour lui sa candeur désarmante et un direct du gauche foudroyant.

Il fréquenta le monde des Occidentaux, connut la gloire, l’argent et la fièvre des rings, pourtant aucun trophée ne faisait frémir son âme mieux que le regard d’une femme.

De Nora à Louise, d’Aïda à Irène, il cherchait un sens à sa vie.

Mais dans un monde où la cupidité et le prestige règnent en maîtres absolus, l’amour se met parfois en grand danger, l’amitié aussi…

Avec des phrases percutantes, Yasmina Khadra déballe une profonde réflexion sur le genre humain.

Dans les années 20-30, une race se disait ouvertement supérieure aux autres. Il est dommage de voir qu’en 2015, les choses n’ont pas vraiment changé…

L’auteur peint la vie de misère qui s’attache à nos pas, ces circonstances fâcheuses qui ne nous lâchent pas.  A travers tous ces visages en souffrance qu’il nous fait voir, on lit ceci : le pauvre ne demande rien de mirobolant, il veut juste une vie décente

La quête sentimentale de Turambo nous fait explorer les différents obstacles que rencontre l’amour. Avec Nora, notre héros connaît l’amour pubère, un amour qui lui est arraché par sa famille car il ne peut pas offrir à sa belle le destin qu’elle mérite.

Avec Louise c’est le coup de foudre, un amour qu’on lui interdit de développer parce qu’il n’appartient pas à la classe de la jeune demoiselle.

Avec Aïda c’est l’amour délicat; une affection mal interprétée, un amour qui n’est pas réciproque. C’est un amour que Turambo doit également abandonner car la jeune dame dont il s’est épris ne veut pas dépendre d’un homme, ne veut pas d’une autre vie que ce qu’elle a.

Avec Irène c’est l’amour passion, un amour qu’on lui demandera de mettre de côté parce que carrière et vie de famille ne font pas bon ménage…

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L’auteur décrit des personnes  qui aveuglées par la cupidité et le vice ont perdu leur humanité.  Il nous interpelle sur notre quête de l’ascension sociale, met l’accent sur l’importance d’une famille.

Tu peux avoir autant de patries que tu veux, si tu n’as pas de famille tu n’es personne.

Encore une fois, je n’ai pas été déçue de Yasmina Khadra et je m’apprête à lire une autre de ses œuvres.

J’hésite entre l’Equation africaine et la Part du mort. Quel titre attire votre curiosité?

Grâce Minlibé,

Auteure de Chimères de verre

Publié dans Anémone, Histoires

Négatif, chapitre 1 d’Anémone

Anémone – Chapitre 1

Seigneur faites qu’il y ait deux barres,  je vous en supplie faites qu’il y ait deux barres. Je ferme les yeux, respire un grand coup comme si j’allais effectuer le saut de la mort puis je jette un coup d’œil au résultat.

Merde! Ce n’est pas possible! Je me laisse glisser le long du mur des toilettes. J’essuie du revers de ma main les larmes qui viennent de s’écraser sur mes joues. Elles devaient être des larmes de joie, un torrent qui annonçait le début de la moisson, le début de ma vie de femme, de ma vie de mère. Mais ce n’était pas le cas. Elles étaient des larmes de rage, de colère, d’impuissance, de tristesse face à cette énième tentative échouée. J’ai perdu un enfant avant de l’avoir conçu. Avez-vous déjà ressenti pareille frustration? Je ne la souhaite à personne. Je suis enceinte, il doit avoir une erreur. Demain, j’irai acheter un autre test et s’il est encore négatif j’irai voir mon gynécologue.

 

***

-Désolé Janyce mais ce n’est pas la bonne cette fois-ci

Il retire ses gants, je descends ma marinière et vais m’asseoir en face de lui.

Mais c’est impossible que je ne sois pas enceinte Dr Assezo. Vous êtes sûr que je n’ai pas un problème ?

-Vous n’êtes pas stérile, Janyce et votre mari non plus.

-Mais pourquoi ça n’arrive pas alors? On a des rapports aux moments propices. Qu’est ce qui ne va pas ?

-Calmez-vous, Janyce. Arrêtez de stresser. Laissez les choses se faire d’elles-mêmes. Vous êtes en bonne santé, ce bébé viendra au moment opportun.

Pourquoi ce moment opportun ne peut pas coïncider avec maintenant ? Je n’ai plus envie d’attendre. J’ai peur qu’en attendant le contraire se produise. J’ai peur de m’installer dans la passivité, de ne plus désirer un enfant et de m’arrêter dans ma marche.

Je quitte le bureau de mon gynécologue et m’assois dans la salle d’attente. Je passe ma matinée là, à regarder ces femmes qui vivent mon rêve. Je suis arrivée au stade où on aimerait vivre la vie de l’autre.

 

Sur la route qui mène à notre quartier des 220 logements, j’achète des bananes braisées, je n’ai pas la tête à cuisiner.

Je passe mon après-midi à colorier, à repasser des habits et à pleurer. Je veux une autre vie…

-Je suis rentré mon bébé ! Lance Lary

-Je suis dans la douche, j’arrive!

Je me passe de l’eau sur le visage et vais rejoindre mon mari. Je m’efforce de répondre joyeusement à ses câlins, il va dans la douche et moi à la cuisine. Nous sommes mercredi et les mercredis j’ai l’habitude de faire une recette d’un pays étranger. Aujourd’hui ça sera des beignets nigérians aux crevettes.

 

Lary a l’air de manger avec appétit, moi non. Je laisse tomber ma fourchette.

-Quelque chose ne va pas mon bébé?

-J’ai fait un test de grossesse ce matin parce que j’avais un retard mais bon je ne suis pas enceinte. Dans 8 mois, tu ne seras toujours pas papa.

Il pousse sa chaise et vient me prendre dans ses bras. Je n’arrive pas à donner d’enfants à mon mari. Ah Seigneur! Quel terrible supplice!

-Ce n’est pas grave mon bébé. On essaiera encore et encore jusqu’à ce que ça soit bon.

-On a vraiment essayé cette année. Je suis sûre que c’est l’utilisation de la pilule qui provoque cela. Je n’aurais jamais dû la prendre, je n’aurais jamais dû t’écouter.

-Arrête… Dit-il en me faisant une bise dans le cou. Je n’avais pas une situation professionnelle stable et toi non plus. On ne pouvait pas élever un enfant dans ces conditions!

-Quelles conditions? Quelles conditions? Il y a des gens qui vivent dans des conditions pires que celle que nous avons eue mais ils arrivent à élever leurs enfants.

-Mais ils ne savent pas quel sera leur avenir.

-N’importe quoi ! On a raté notre chance, notre opportunité. C’est DIEU qui donne et on n’a pas su discerner le moment où il voulait nous en donner.

Je me mets à pleurer. Nous sommes mariés depuis 3 ans et on n’a toujours pas d’enfant. J’ai pris la pilule pendant 2 ans parce que Lary voulait qu’on ait un CDI  et un minimum d’épargne avant de faire un bébé. Ça fait un an que j’ai arrêté d’en prendre mais il n’y a toujours pas de vie en moi.

 

***

Mon visage est plus souriant aujourd’hui. Ma tristesse n’a pas disparu mais je ne peux pas la montrer aujourd’hui, surtout pas en présence de mes bouts de chou, ces enfants que j’éveille à la vie via le coloriage, la peinture, le dessin et le chant.

Je suis maîtresse de la petite enfance à l’école les poussins d’Adjamé, je m’occupe de la petite section.

Je les aime tous mais particulièrement ceux qui me prennent dans leurs bras en arrivant le matin ou ceux qui me disent que je ressemble à leur maman.

En début d’année, ils étaient tous apeurés et au fil des jours, ils se sont habitués à moi et à tous leurs petits copains. J’aime les enfants, je prends soin des enfants des autres, n’est-ce pas assez suffisant pour que le Ciel m’en accorde juste un?

 

-Allez les enfants, on s’assoit et on mange en silence. On ne parle pas …

-La bouche pleine !!!! Crient-ils en chœur

-Bon appétit !

-Merci maîtresse !

Je m’installe à côté de Kendall qui ne sait pas manger sans s’en mettre partout. Je vais ensuite essuyer les larmes de Noah qui vent de faire tomber ses biscuits. Je remercie Esdras qui lui propose gentiment une part de son gâteau. C’est si mignon, les enfants à cet âge.

 

-Maîtresse, tu veux mon du pain là ?

-On dit : maîtresse, tu veux mon pain ?

Elle répète après moi.

-C’est bien. Merci Mackenzie mais je n’ai pas faim. Bon appétit.

-Merci maîtresse.

Elle repart proposer à ses amies. Qu’est-ce qu’elle est mignonne, Mackenzie ! Et dire que sa mère ne vient jamais la chercher, en tout cas, pas à temps. Elle est la seule à rester avec le gardien à la fin de la journée. Ah ! Si j’avais un enfant, je me pointerais une demi-heure avant. On ne fait pas attendre les belles choses. 

A midi, mon ventre gargouille fortement. J’ai décidé de jeûner. Au lieu de manger, je me nourris des paroles de Dieu qui portent sur l’enfantement. Ce n’est pas facile de rester le ventre vide quand on doit s’occuper d’enfants mais le jeu en vaut la chandelle. Je me suis levée en plein milieu de la nuit et j’ai rappelé au Seigneur la liste des femmes stériles à qui il avait donné un enfant.

« Ouvrirais-je le sein maternel, Pour ne pas laisser enfanter ? Dit l’Éternel ; Moi, qui fais naître, empêcherais-je d’enfanter ? Dit ton Dieu. »

Seigneur ne m’oublie pas tu as dit que tu ne nous éprouveras pas au-delà de nos forces. Je ne suis pas Sarah, je ne pourrai pas attendre 24 ans. Pitié !!!

Le reste de la journée passe avec une sidérante rapidité. On ne voit pas le temps passer quand on fait ce qu’on aime.

Je les laisse prendre chacun leur cartable et vérifie la carte d’identité de ceux qui viennent les récupérer avant de les laisser partir avec eux. Je fais vraiment attention, ça me peinerait qu’une mère soit séparée de son fils. Moi, ça me fendrait le cœur.

Mackenzie est la seule à rester comme de coutume. Mais où est donc sa mère ? Je lui fais signe et elle s’avance vers moi. Je la prends dans mes bras et on se met à chanter.

On chante encore et encore comme pour appeler sa mère, l’aider à hâter le pas, lui rappeler qu’un don précieux ne se fait pas attendre. Mais maman n’arrive toujours pas…

Je refais une de ses nattes et pose le regard sur elle. Ah Seigneur ! Une si belle petite fille et sa mère n’est pas capable de s’en occuper. Pourquoi prends-tu un malin plaisir à donner à ceux qui n’en ont pas besoin ?

Mackenzie n’avait pas l’âge autorisé pour être en petite section mais sa mère avait négocié pour qu’elle soit prise. Voulait-elle se débarrasser d’elle ? En quoi un ange comme elle pouvait déranger ?

-Maîtresse, le bébé !

Je la regarde, surprise.

-Le bébé ? Il est où ?

Elle me touche le ventre et me sourit. Mes larmes coulent instantanément…

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