Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Le moabi cinéma de Blick Bassy : Yéh malé !

Résultat de recherche d'images pour "le moabi cinéma"

«Dites-moi, qui? Répondez-moi, qui donc? Qui a décidé qu’il fallait un visa pour aller d’un endroit à un autre? Est-ce que Jules Verne ou Hergé ont dit ça? De la Terre à la Terre, il n’y a pas besoin de visa. De la Terre à la Lune, il n’y a pas besoin de visa. Hein, mbenguiste, toi qui connais, dis-nous, qui…?
– Qui a fait quoi? s’enquit le costumé tiré au moins à huit épingles.
– Qui est venu ici ramasser nos ancêtres pour les vendre et en faire des esclaves? Qui… mais… qui lui a donné un visa pour entrer dans ce « condrè »? Et qui l’a autorisé à y pourchasser nos héros? Les Nyobè, Wandjié, Félix-Roland Moumié… Qui? Vous allez dire que je radote. Allez dire! Car ces gens dont je parle, ont-ils eu besoin d’un seul visa pour nous humilier et nous ruiner? Ont-ils fait la queue pour prendre un laissez-passer, un sauf-conduit, un sauve-qui-peut? Répondez-moi avant que je ne fasse un malheur.»

Et en avant la musique!… La musique des mots avec notre drôle de héros, le candide et rusé Boum Biboum, et ses amis et sa famille hauts en saveur, qui nous projettent du cœur de la forêt africaine à travers la comédie du monde.

l'Afrique écrit

Mon challenge l’année dernière était de lire des prix littéraires. Le Moabi cinéma, Grand prix littéraire d’Afrique noire 2016, faisait partie de ma wishlist. Je l’ai trouvé dans une librairie ivoirienne cette année. 

L’humour est omniprésent dans ce roman de 240 pages. Boum Biboum et ses 4 amis Kamga, Obama, Rigo, Simonobisick nous invitent à découvrir leurs vies qui espèrent expérimenter l’épanouissement en France. Au Cameroun, ce sont des chômeurs, il n’ y a que les bières et le football qui rythment leurs vies. 

Les camerounais immigrés de France qui viennent en vacances au pays leur exposent une vie parfaite en France, une vie de riche où tout semble accessible. L’herbe est verte en France, le ciel est toujours bleu. La France est exotique, la vie y est excellente, c’est l’avenir. Les jeunes camerounais veulent goûter au rêve européen. Ils s’usent dans les demandes de visa, essuient les refus humiliants, se remotivent, tentent à nouveau. 

dav

La découverte d’un arbre étrange qui diffuse des images de l’Europe va changer la vie de Boum Biboum ainsi que celles de plusieurs camerounais. L’Europe est souffrance, errance, sacrifice, peur, humiliation pour les immigrants. Enfin pas tous, certains réussissent à avoir une vie convenable. 

 

J’ai apprécié ce voyage au Cameroun qu’offre ce roman. Un trajet bien rempli avec l’évocation de thèmes percutants : immigration,  le business des églises de réveil,  la misère du peuple, l’opulence des politiciens, etc…

dav

J’ai apprécié cet humour à la camerounaise, l’usage du camfranglais, un mélange de français, d’anglais et des langues du Cameroun. Cela peut être perturbant pour les non-initiés. Un lexique en fin de page aurait été utile.

Ma lecture a été intéressante dans l’ensemble même si quelques longueurs et répétitions m’ont lassée.

 

La citation à méditer

Comment être soi dans une société où la notion de singularité est brouillée dès notre naissance. « Tu es pluriel, assume-le et tu découvriras tes différentes facettes », disait mon père.

 

fleur v1

 

 

 

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Une proposition surprenante – Gabrielle Kay

Conclure un mariage blanc pour obtenir la nationalité américaine ? Lorsque son avocate lui suggère cette idée, Mélissa est d’abord stupéfaite. Certes, cela fait cinq ans qu’elle vit à Boston et que, en dépit de ses efforts, elle n’a jamais réussi à obtenir le précieux sésame qui lui éviterait de devoir repartir au Cameroun. Pourtant, elle ne s’imagine pas jouer la comédie aux yeux du monde. Et puis, où trouver un Américain qui accepterait une telle proposition ? Sauf que, quelques jours plus tard, elle est le seul témoin d’un accident impliquant Cole Whelan, le riche et séduisant patron de l’un de ses nombreux petits boulots. Et elle comprend qu’elle tient peut-être là sa seule chance d’obtenir ce qu’elle désire le plus au monde…

mon-avis-de-lecture

 

Je ne lisais plus de Harlequin parce que ça manquait de diversité. Quand j’ai vu qu’ils avaient des romances de couples noirs et de couples mixtes, j’ai sauté sur l’occasion !

L’héroïne est noire et africaine ! Comme moi, elle est une immigrée, elle a quitté sa terre natale. Son permis de séjour va bientôt prendre fin et elle doit trouver une solution. Comme elle, on m’a aussi proposé le mariage blanc et si j’étais tombée sur un Cole Whelan, j’aurais dit OUI volontiers ! C’est l’homme idéal : riche, beau et …

Quel plaisir de retrouver une héroïne qui me ressemble ! Enfin pas sur le plan physique. A part les lèvres pulpeuses et le mètre soixante, nos physiques sont à l’opposé.

L’histoire est très courte, je l’ai lu d’un trait. L’auteure est allée droit au but, aucune digression, on n’a pas le temps de s’ennuyer. J’ai passé un bon moment de lecture avec les personnages. Ils sont drôles, déments, attachants.

Pour une fois, j’ai regretté qu’une histoire soit courte. Je voulais encore un peu plus partager le quotidien de Cole et Mélissa.

La narration est à la 3eme personne mais ça ne m’a pas dérangée. J’ai apprécié la sensualité et la pudeur dans les scènes de sexe.

J’espère que l’auteure ne s’arrêtera pas en si bon chemin et proposera d’autres romances. Je les lirai avec grand plaisir.

Christmas

Existe en format ebook uniquement

Collection HQN 

Lien d’achat : ICI

Date de publication : 22 novembre 2013

La phrase qui fait sourire

– Tu admets donc que c’est un caprice ?

Excentricité, Duncan… Quand le type est riche, comme c’est mon cas, on dit excentricité.

 

Gabrielle Kay est une jeune auteure camerounaise qui, si elle n’en est pas à son coup d’essai dans le monde de la littérature, publie pour la première fois une romance. L’édition numérique est également une expérience inédite pour elle et permet à sa prose de traverser bien des frontières et de venir enrichir la francophonie de HQN !

signature coeur graceminlibe

 

 


PS 1 : le jour 20 du Calendrier de l’Avent s’est dévoilé. Cliquez ICI pour le découvrir.

PS 2 : les votes pour les nominations des CPRA s’achèvent dans deux jours ! Cliquez ICI pour voter.

😦 Il n’y a pas assez de participations. Apparemment, vous n’appréciez pas ce genre d’articles. 

 

 

 

 

 

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Si d’aimer… une lumière dans l’obscurité

Un bon ami m’a dit que si je veux progresser dans mon apprentissage de l’écriture, je devrais lire les chefs d’œuvre et œuvres qui ont reçu des prix.

J’ai décidé de commencer par Si d’aimer… de Hemley Boum.

 

resume-de-loeuvre

L’existence de Salomé, Valérie et Moussa gravite autour de Céline, une prostituée de luxe, héroïne captivante du roman de Hemley Boum.

Trois voix dénouant l’inextricable condamnation d’une maladie incurable, gravée en quatre lettres dans le destin des protagonistes et du continent africain.

Si d’aimer… ne tue pas, c’est au prix d’un cheminement incroyable des aimants, amants et amis, en une exploration passionnante de la culture et de la société camerounaise. A l’horizon, un tout petit paradis vert où faire pousser l’amitié.

 

mon-avis-de-lecture

 

Etre une femme respectable avec des valeurs et des principes

Mener une carrière enviable

Etre l’épouse de l’homme qu’on aime

Etre fidèle à l’église

Ne jamais manquer de rien

Attendre un enfant, entrevoir le futur souriant. Se réjouir à l’idée de porter la vie puis apprendre qu’on porte en soi les germes de la mort…

Quel terrible choc pour Salomé Lissouk dont la vie était jusqu’ici sans écueil ! 

Quel terrible choc d’apprendre que Pacôme, son époux qu’elle vénère, est celui qui a apporté le malheur et  par le biais d’une prostituée !

Sur un coup de tête, l’honnête épouse court chez Céline, la pute la plus célèbre de Douala. Elle veut affronter cette femme sans scrupule qui distribue le SIDA comme un Distributeur Automatique de Billets distribue du cash. Elle y va et revient avec un gros cahier, une écriture qui raconte deux vies…

J’ai toujours pensé que le SIDA devait être une punition pour les débauchés, les dépravés, les infidèles. J’ai toujours trouvé injuste que les épouses honnêtes attrapent cette maladie.

Hemley Boum m’a fait réfléchir autrement

_ Tu as raison, lui répondis-je. Je ne mérite pas, personne ne mérite. C’est bien la preuve que cette maladie n’est pas une sanction. S’il y avait une justice dans tout cela, Céline ne serait pas malade. S’il y avait un seul couple d’innocents, de justes, s’il ne fallait sauver que celui-là pour que l’humanité ait une chance de recommencer autrement, ce ne serait ni toi, ni moi, ni même Pacôme, ce serait Céline et Moussa. Mais ce n’est pas une sorte de sanction divine qui s’abattrait sur l’humanité en déroute, c’est une maladie qui s’abattrait sur l’humanité en déroute, c’est une maladie. Et comme la plupart des maladies depuis la nuit des temps, à celle-là également, les hommes trouveront un remède. Aucun tribunal suprême ne décide qui mourra du sida ou pas.

Avec un style descriptif abouti, un vocabulaire varié, coloré et riche, Hemley Boum dresse le portrait de plusieurs femmes : des femmes qui préservent leur indépendance et se condamnent à être celles qu’on veut qu’elles soient. Elle nous livre leurs secrets, trahisons, espoirs, désillusions, désirs, souffrances, fragilités, combats, forces.  

Elle nous emmène dans les quartiers chauds de Douala et fait parler les réalités sociales, nous expose les dessous de rapports entre les gens, la vie diamétralement opposée des riches et des pauvres.

Elle fait danser notre cœur au rythme de plusieurs mélodies : tristesse, impuissance, compassion, rage, renaissance

Hemley Boum dresse aussi le portrait de plusieurs hommes : des hommes qui abusent de la confiance qu’on leur donne, des hommes amoureux, des hommes qui aiment d’amitié, des hommes protecteurs. J’ai eu un énorme coup de cœur pour Moussa, le protecteur de Céline ; c’est lui le héros de cette histoire.

J’ai beaucoup aimé la pluralité des narrateurs, (Salomé, Valérie et Moussa prennent la parole à tour de rôle) les réflexions sur le mariage, la fidélité. J’ai également aimé les sentiments d’amour, d’amitié, de pardon, d’espérance que diffuse le livre. Oui, il y a une vie pendant la maladie et il faut la vivre intensément.

Ce livre aurait été un gros coup de cœur s’il n’y avait pas eu ces longueurs et ces lourdeurs. L’auteur est pédagogue et elle nous parle longuement du SIDA, j’ai un peu décroché à quelques moments.

Il y a beaucoup à dire sur ce roman. Je préfère m’arrêter là.  Si d’aimer est un bon livre, vous prendrez plaisir à le lire.

 

 

des-details-sur-loeuvre

 

 

lauteur

Après une maîtrise en sciences sociales à l’Université Catholique d’Afrique Centrale à Yaoundé et un troisième cycle de Commerce Extérieur à Lille, puis un DESS de Marketing et Qualité à l’Ecole Supérieure de Lille, Hemley Boum travaille 7 ans au Cameroun. Elle vit à présent en France. Son premier roman, Le clan des femmes a remporté un succès d’estime relativement important : plus de 3000 exemplaires vendus.

 

 

Je suis maintenant curieuse de voir si « Si d’aimer… » a bien mérité le prix Ivoire 2013. Je vais donc me lancer dans la lecture des autres ouvrages finalistes :

1-Josette Abondio (Côte d’Ivoire) – Le jardin d’Adalou
2-Mamadou Aliou Bah (Guinée) – Sortir de l’impasse
3-Flore Hazoumé (Côte d’Ivoire) – Je te le devais bien
4-Badia Hadj Nasser (Maroc) – Le cap des trois fourches,
5-Marcel Nouago Njeukam (Cameroun) – La vierge de Mew-Bell,
6-Janis Otsiemi (Gabon), La bouche qui mange ne parle pas

Les avez-vous lus ?

signature coeur graceminlibe

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Mooh…Mon double

Mooh mon double

Ce qu’en dit l’éditeur 

Plus qu’une alerte, Mooh… mon double, deuxième roman achevé de Jeanne Marie Rosette Abou’ou est un cri qui part du Cameroun lancé à l’endroit de tous les parents et futurs parents du monde entier. De ceux-là qui, loin de militer pour le bonheur intégral de leur progéniture, voudraient quelquefois la conditionner dans le dessein voilé ou dévoilé d’assouvir leur ego, leurs ambitions personnelles ou encore rattraper leurs erreurs. « Mon fils, grâce à toi, tout ce village mangera dans ma main..! »

Plus qu’un cliché, voilà quelques signaux saillants d’un véritable roman controversant à l’intérieur duquel même le lecteur se perd en conjectures. Mais le dessein de l’auteur est de susciter le débat afin que le livre demeure, comme le premier, un véritable donné à penser. 

 

Ce que Grâce Minlibé en dit 

Cette oeuvre affiche les comportements humains qui font plus de mal que de bien, des comportements à l’allure de branches d’un arbre dont les racines sont l’égoïsme.

7 mots la résument :

 

Manipulation

Combien de factures Titima, l’épicier du quartier Eboul-Meyong, n’a t-il pas falsifié ? 

Combien de gens se sont laissé gruger par Akoua le grand sorcier ? Cet homme s’est inventé des pouvoirs mystiques et extorque mille et une choses  à ceux qui implorent son aide en leur miroitant la résolution de leurs soucis. Son entreprise ne connaîtra jamais faillite, des âmes désespérées il y en aura toujours.

Supériorité

Zanga, le père de Mooh n’a qu’une envie, un désir, une obsession : que son fils aîné soit au sommet, ait une vie professionnelle supérieure à tous les autres enfants du village. Il aimerait que son fils soit élevé, admiré, envié mais Mooh, son fils, n’a pas ce trait de caractère. C’est un homme discret, effacé qui se contente de ce qu’il a. Qu’à cela ne tienne ! Zanga s’occupera de l’ascension sociale de son fils en s’endettant jusqu’au cou et en engraissant les esprits fantômes d’Akoua le grand sorcier.

Ce désir de supériorité que Zanga nourrit cache un complexe d’infériorité, une ambition personnelle avortée. Il n’a pas eu le parcours scolaire qu’il désirait…

Oppression 

Face à tant de pression de la part de ses géniteurs, Mooh doute, cède, se perd.

Qui est-il vraiment ? Cette question prend forme dans son esprit, se déforme, devient une ombre hallucinante. Cette question ne suscite pas les vrais réponses chez Mooh. Il s’enferme dans un monde qu’il n’a pas l’habitude de côtoyer et où se mêlent alcool, cigarette, lâcheté, absentéisme professionnel, irresponsabilité. 

Ce Mooh énerve ! On a envie de le secouer, le ramener à l’ordre, lui dire de se conduire en homme, en vrai. 

Abnégation

Face à tant d’égocentrisme, d’égoïsme,  une femme réagit. Bintou, l’épouse de Mooh paye les dettes de son mari au bistrot, prie avec ferveur pour qu’il redevienne le Mooh aimant. Elle fait preuve d’abnégation pour protéger sa famille.

On ne peut s’empêcher de s’identifier à cette épouse et mère dévouée ou de l’admirer. 

Salut 

Il est toujours possible de retrouver son honneur, sa dignité, d’avoir le pardon de son fils qu’on a trahi, d’avoir le pardon de sa femme qu’on a blessée. Il est toujours possible d’avoir une seconde chance, il suffit de reconnaître ses erreurs et de ne pas retourner à ses vomissures. 

Concordance

Nos désirs et leurs moments de réalisation ne concordent souvent pas. Ce qu’on espère ne se réalise souvent pas au moment désiré. Des parents qui s’éteignent avant la promotion professionnelle qu’ils avaient tant désiré, un bonheur aux relents d’amertume…

 

Cocasse

L’intrigue linéaire de cette oeuvre m’aurait ennuyée s’il n’ y avait pas eu la présence de toutes ces situations cocasses : les frasques de Titima, les frasques d’Akoua le grand sorcier. 

 

Mooh … mon double, fiction qui en dit long sur le réel, interpelle les parents aux ambitions démesurées. Il rappelle également que l’homme qui détruit et l’homme qui relève sont les deux facettes d’une seule et même pièce…

 

 

Biographie de l’auteur

Jeanne Marie Rosette Abou’ou est née le 14 août 1969 à Sangmélima, région du Sud-Cameroun. Titulaire d’un Doctorat Ph.D en Droits de l’Homme et Culture de la Paix ; spécialité Gestion des Compétences dans l’Administration Publique. Elle est aussi titulaire d’un DESS en GRH. 

Quelques détails sur l’oeuvre

Nombre de pages : 194

Maison d’édition : Les éditions Fleurus Afrique

 

Quelques citations 

 

Penser pouvoir obtenir le bien pour son enfant en souhaitant que le malheur arrive aux enfants des autres, c’est là la faute !

 

Mais sache que tu peux également te battre toute la vie pour une chose, avec les moyens adéquats sans jamais l’obtenir ! Et c’est à ce niveau qu’intervient la notion de rôle sur terre. Il faut alors tout simplement comprendre que ce que tu veux obtenir n’est pas à toi, ce rôle ne t’était pas attribué. Il s’agit des barrières absolument infranchissables. Si tu les détruis, tu auras attaqué la nature dans son équilibre, et elle en est très jalouse.