Publié dans Ma poésie

Parce que tu ne changeras pas

En attendant la publication d’une nouvelle série de poèmes, je vous présente un poème que j’ai écrit quelques jours après la publication de Chimères de verre.

C’est une réponse à un poème de Stevy Opong : Mea Culpa 

Mea culpa

Je suis désolé de me rendre compte de ta valeur
Que maintenant que tu es partie, mon âme sœur
Pour ces vagues promesses que je n’ai pas tenues
Et pour ces regards tristes que, hélas, je n’ai pas lus

Je suis désolé de ne pas te convenir, alors que tu es
Mon tout, mon début, ma fin ; ma joie porte ton nom
Comment me sentir vivre quand ton départ m’a tué ?
Entre terre et ciel, nos étreintes traçaient un pont

Depuis que tu es partie mes pensées t’appartiennent
Je marche sur mon ego pour t’avouer que tu me manques
Et mes jours s’assombrissent de plus en plus, ma reine
En l’absence du soleil que tu dégages, et que tu planques

Je suis désolé d’être moi, cet imbécile gavé de défauts
Reine de mon cœur, sculpte-moi selon ta convenance
Afin d’entrer dans le moule de tes volontés, et mes sens
Guidés par les seules lois de ton corps et de tes mots

« On n’apprend la valeur d’une chose que quand on la perd »
Je suis désolé de ne comprendre ces paroles de grand-père
Que maintenant que tu n’es plus là, que tu es partie loin
Je suis tellement désolé ma sylphide, mais s’il te plait reviens

Stevy Opong 15/08/14 – 09h49

 

Tu ne changeras pas

J’ai pleuré quand j’ai lu ton mea culpa,
Découvert tes mots pleins de douceur
Mon âme a été émue car pour la première fois
Tes sentiments se sont manifestés avec ardeur

J’ai replongé dans ce passé où j’étais seule à t’aimer
Culpabilisé de ce présent où nous sommes éloignés
Imaginé un futur où nous serions deux, enfin heureux

Et pourtant, je ne retournerai pas près de toi
Je ne rechercherai plus la chaleur de tes bras
Je ne viendrai pas quérir tes câlins savoureux

Quand on aime, on pardonne me disait ma mère
Sais-tu pourquoi il m’est impossible de le faire?
Parce que celui que tu es aujourd’hui disparaîtra.
L’imbécile en toi se réveillera, il réapparaîtra

Tu me demandes de te sculpter,
Toi que Dieu n’arrive pas à dompter?
Me crois-tu capable de faire cet exploit?
Faire d’un enfant un roi?

Tu vénères mon absence plutôt que ma présence
Si je reviens, j’aurai encore droit à ton indifférence
Loin des yeux, près du cœur, tu aimes ainsi
Si je reviens, notre couple marchera avec des « et si »…

Grâce Minlibé 14/12/2014 -16h32

 

Que vous inspire ce poème ? Qu’en pensez-vous ? Dites-moi tout

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

La mère rouge de Cédric Marshall Kissy

La mère rouge

Une mère est recouverte de rouge à deux extrémités de la vie de son enfant : à sa naissance et à sa mort. 

Dans la mère rouge de Cédric Marshall Kissy, il est question du rouge sang causé par la mort, les innombrables pertes en vies humaines causées par la crise politique ivoirienne de 2010. La Côte d’Ivoire, tendre mère, terre d’Eburnie  perd ses enfants. Ils s’entretuent, piétinent leur fraternité, méprisent le caractère sacré de la vie. 

 

Le nouveau schisme sismique 

de l’Eburnie

l’Eburnie en sang

qui sans 

cesse

s’abreuve du sang 

du sang spumescent 

de ses fils incinérés

à coups de haines

de haines homériques

de fiels héroïques

 

 

la voilà

la saison-des-tristesses-aigües

des détresses suraigües

la voilà

la saison-des-prostrations

où corps et âmes 

chantent corps et âme 

l’hymne de la Loi du  Talion

où entonnent les cantiques 

de la mort 

ces voix 

ces racèmes-de-voix

éclatées

ces voix qui hier parlaient le même

le même dialecte

mais qui pour des vétilles

des infantilismes 

n’accordent plus leurs balafons 

et voilà la résurgence de la tour de Babel ! 

 

 

 

Amère est la mer des balles tribales 

qui sifflaient à brûle-pourpoint

qui submergeaient nos souffles essoufflés

qui tordaient le corps à nos vies divisées

décivilisées

désaccordées

qui morcelaient à force d’amours humorales 

la patrie de la vraie fraternité

 

L’auteur en utilisant le canal poétique pour s’exprimer dit le mal de sa terre. Il rappelle au souvenir les morts de Duekoué, les innocents sacrifiés à l’autel de la haine. Il raconte la souffrance du peuple MAIS il ne veut pas que la mort soit le point final.

Il chante à tue-tête L’HYMNE A LA VIE.

mon âme silencieuse a vu trop de deuils

célébrés en trombe en fanfare d’innocents éviscérés

d’enfants pris aux trappes du désespoir 

et dans les serres de guerres anonymes 

je ne veux plus ouïr armes et larmes 

de vivre seulement j’ai envie

vivre pour que vive l’amour

je veux conter ce long chant de vie

 

 

Nous bâtirons un château fort de paix 

où réfugier nos espoirs saignants

il y a tant de mers de larmes bleues à assécher

tant de rires ternes à illuminer de joies à ranimer

que les antagonistes de la vie décampent !

de nos chants d’amour authentique 

nous nous bâtirons une terre neuve 

 

Ce poète veut inculquer l’espoir, ne se fait-il pas d’ailleurs appeler Le Poète de l’Espoir ?

Il garde intact l’espérance de voir sa nation renaître de ses cendres. Il ne veut pas que les enfants de la terre d’Eburnie vivent constamment dans le passé et la douleur mais qu’ils vivent au présent et bâtissent un avenir de paix. 

 

Le poète rappelle aux fils leur devoir : ne jamais vêtir la mère du rouge de la violence, du sang mais  la revêtir de l’orange de l’espérance, du blanc de la paix, du vert de l’espérance, du bleu de la quiétude. 

Il le dit lui-même dans l’avant-propos : souvenons-nous : « notre devoir sera d’être un
modèle », un modèle de paix, de fraternité, d’espérance ; un modèle d’amour… car « la haine, c’est la colère des faibles » (Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin).

 

J’ai apprécié ma lecture pour cette hymne à la vie qu’elle véhicule, j’ai apprécié toutes ces références à la culture des différents peuples de mon pays :  personnage mythique des Bété, divinité féminine chez les Abouré…

 

J’ai été un peu déconcertée par la mise en forme hétérogène des poèmes : certains étaient alignés à droite, d’autres en majuscule, d’autres centrés. J’ignore s’il y a une signification particulière. 

J’ai trouvé un peu lourd le vocabulaire employé. Le vocabulaire est parfois très soutenu, ce qui est un avantage mais aussi un inconvénient pour ceux qui veulent lire l’esprit léger. 

 

Biographie de l’auteur 

Né en 1988 à Grand-Bassam (Côte d’Ivoire), Cedric Marshall KISSY est doctorant ès lettres  à l’université d’Abidjan (Côte d’Ivoire). Il est passionné de littérature, de culture et surtout de poésie, genre qui retient particulièrement son attention, même si la nouvelle et le roman sont aussi dans son champ d’écriture.

Il a été lauréat de plusieurs concours littéraires : 1er prix de poésie au concours littéraire national « Les Manuscrits d’or », déc. 2009 ; 1er rang lors du concours francophone en ligne sur « La plus belle lettre », 2010 ; 1er prix au concours de poésie, par le Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, janv. 2013 ; grand prix littéraire Zadi Zaourou de poésie, par l’Association des Ecrivains de Côte d’Ivoire (AECI), 2014. 

 

Quelques détails de l’oeuvre

Nombre de pages : 66

Publié en mars 2016

Publié par les éditions Eden

GM signature

 

 

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

L’arbre s’est penché de Mariama Ndoye

Montage créé avec bloggif

Toi qui me disais de ton vivant : « Mariama, qu’est-ce que tu écris tout le temps ? Tu n’as pas d’autre occupation ? En tout cas, ne m’écris pas, dé!  » Je passe outre ! Me le pardonnes-tu, maman ? Je veux te faire connaître au monde. Je veux célébrer mon amour pour toi qui maintenant m’étouffe. Seule la plume sert d’exutoire à mes larmes. Guide-la, rends-la belle pour que mes chants d’enfant pour toi soient les chants les plus beaux. Pardonne-moi de te livrer au monde, toi la pudique qui te contentais d’être une mère aimante et une épouse discrète.

 

La mort : royaume du silence, de l’oubli, de la nuit ;  source de tristesse. On est tous conscient qu’on n’y échappera pas mais on n’est jamais préparé à la perte d’un être cher.  

L’arbre s’est penché est un récit où Mariama Ndoye rend hommage à sa mère. Sa mère si forte, si taquine, si croyante, si bienveillante envers les gens de sa famille et les inconnus, sa mère pleine de bons conseils. 

 

Ne confie pas à ton mari tes secrets de famille, il y en a dans la sienne que tu ne connaîtras jamais. Ne délaisse pas le domicile conjugal. Ne confie à aucune amie, ce qui se passe dans ton ménage, ton amie a une amie, son amie a aussi une amie et confidente. D’oreilles attentives à bouches « chuchotantes », ton secret finira par être moins qu’un secret de polichinelle.

En évoquant des anecdotes familiales, Mariama Ndoye trace le portrait d’une mère déterminée, généreuse et irremplaçable. 

Mariama Ndoye montre en rapportant un poème écrit à sa mère que la poésie est la première chose à laquelle on pense quand on veut crier sa douleur  et rendre hommage. 

Affamées depuis la minute qui vit ton rythme cardiaque se muer en ligne continue sifflante comme un adieu

« c’est fini »

« ça ne fait que commencer pour nous »

Début du calvaire de te voir inerte

Ta moue annonciatrice d’un sourire nous fait languir

Ce sourire va-t-il s’afficher ? Nous l’attendons en vain

 

Le récit est plein d’émotions. Il montre l’amour, l’admiration, le respect qu’éprouve une fille pour sa mère. 

Il nous fait lever les yeux au ciel et dire notre reconnaissance au Créateur qui rassasie nos parents de vieux jours. On n’ose pas imaginer comment sera notre vie après leur dernier sommeil. 

Cette lecture est délicate, émouvante et montre combien il est important de vivre intensément chaque jour avec ceux qui comptent pour nous et de ne retenir que le meilleur. 

 

Biographie de l’auteur

Mariama Ndoye, épouse Mbengue est née à Rufisque, Sénégal, en 1953. Sa mère était téléphoniste et son père médecin nutritionniste. Après son baccalauréat A2 obtenu en 1971, Mariama Ndoye a poursuivi des études de lettres classiques à l’Université de Dakar sanctionnées par une licence de lettres classiques en 1975 et un doctorat en 1982. Elle a obtenu en 1977 un certificat de muséologie à l’Ecole du Louvre à Paris et occupé les fonctions de Conservateur du Musée d’art africain de l’IFAN (Institut fondamental d’Afrique noire) à Dakar jusqu’en 1986. Après un séjour de 15 ans en République de Côte d’Ivoire, elle a vécu plusieurs années en Tunisie où elle s’est adonnée à l’écriture tout en découvrant une nouvelle et riche culture. Au cours des ans, elle a participé à plusieurs rencontres littéraires et elle profite maintenant de ses petits enfants, source renouvelée d’amour et d’inspiration. L’œuvre de Mariama Ndoye comprend plusieurs romans, recueils de nouvelles et livres pour les enfants. En 2000, son roman « Soukey » a remporté le prix Vincent de Paul Nyonda décerné par les lycéens du Gabon, et en 2012 « L’arbre s’est penché » a été récompensé du Prix Ivoire en 2012.

 

Quelques détails de l’oeuvre 

Maison d’edition : Editions Eburnie

Date de publication : 2011

Nombre de pages : 130

 

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Anthologie – Penser les mots

 

penser les mots

A quoi comparerai-je « Penser les mots » ?

J’ai l’impression d’être Jésus en énonçant cette phrase. Il disait souvent à quoi comparerai-je le royaume des cieux en parlant à la foule. Ok, je m’égare, revenons donc à notre ouvrage du jour.

Je comparerai ce recueil d’histoires en vers rimés à un manoir. Un manoir à l’architecture originale avec du caractère qui regorge de salles de trésors que l’on peut visiter en une heure ou en une journée selon notre humeur, notre attachement au lieu.

Un manoir où on aurait envie de demeurer parce qu’il connaît notre histoire, il l’a vécue avant nous.

Un manoir qui abrite nos espoirs, il les a possédés avant nous.

Ce manoir contient 50 salles de trésors que l’on retrouve à différents paliers. Au premier palier, vous trouverez A la découverte des mots. Au second palier, A L’EGERIE, au 3ème ECRITS EN VRAC, au 4ème AUX CHERS DISPARUS, au 5ème ECRITS AMERS, au 6ème DUOS. 

J’ai ôté mes souliers de verre, pénétré sans faire de bruit dans « A la découverte des mots« .

Lisez les mots qui m’ont accueillie :

« A toi qui veut être un poète fort excellent,
L’art te requiert l’usage d’un habile talent ;
Lorsque tu te passionneras pour les beaux mots,
Et que tu voudras en produire même à flot.
Sache, petit, que toute poésie sans méthode,
Est laide comme la Méduse et incommode.
Tous ceux pour qui la robe et le sens du vers
Doivent être purs tels un repas dépourvu de vers.

Sois donc plus sévère lecteur qu’un simple écrivain,
De peur d’être sans critique trompé par ta main ;
Ne te laisse pas piéger par tes acrostiches,
Sois veillant au repos de tes hémistiches.

Offre à ton cher public une agréable musique,
Mais aussi un beau paysage à chaque distique,
A travers la riche composition de tes rimes,
Qui à l’oreille et l’œil se perçoivent et s’expriment.

Évite enfin une poétique catastrophe,
En te gardant loin des vers secs à ta strophe;
Au public, œuvre à donner l’aimable envie,
D’écouter ce que tu chantes dans ta poésie.

Dites-moi, comment éviter de se laisser séduire par ces mots ? Comment éviter de ne pas s’installer dans le canapé moelleux à souhait de cette salle de trésor et écouter la musique qui émane de son sein ?

Comment ne pas se laisser emporter par la mélodie, la simplicité et la véracité des mots, ne pas interroger son statut de poète ? 

Je n’ai pu m’empêcher de lire ces textes à haute voix, d’en faire du slam, d’imaginer Grand Corps Malade les déclamer.

J’écris pour dire que la vie vaut la peine qu’on s’y lance ;
J’écris, car cela me permet aussi de croire,
J’écris l’espoir, ce qui m’empêche de choir.
J’écris, car j’ai vu la couleur de la douleur,
J’écris les épines, mais je n’oublie pas la fleur,
J’écris beaucoup la haine, et quelques fois l’amour,
Car j’ai connu trop de peines, et très peu de beaux jours.
J’écris des textes auxquels je mêle des métaphores,
Depuis que j’ai su que la solitude peut être un confort,
J’écris, car je rêve qu’un jour nouveau se lève,
Et je ne ferai pas de trêve, jusqu’à ce que je crève.

 

Écrire,
C’est aussi s’adonner aux lettres,
Donner la chance aux piètres êtres,
De chasser leur mal être.
J’écris, car écrire c’est aussi offrir,
Je donne mes mots à ceux qui ne savent que souffrir.
J’écris et je cris les mots sourds de mes entrailles,
Je ris de mes joies, et pleurs de mes entailles.
J’écris pour réunir, j’écris pour abonnir
J’écris pour tenir, car ce n’est pas prêt de finir.

 

Ô mer, combien à moi tu ressembles !

Pleine de mystères, débordante de secrets ;

N’ébruitant jamais que ces vagues que tu rassembles,

Messagers laconiques, ténébreux et discrets.

Comme avec toi, les hommes n’ont pu,

Sonder le fond de mes sombres abîmes,

Alors, avec moi, certains ont rompu,

Les relations filiales comme celles intimes.

J’ai couru jusqu’ A l’EGERIE et là j’ai contemplé mon reflet dans le miroir, ressorti mes souvenirs :  amours en point de suspension, en point d’interrogation, en point final. 

Mes amours précoces, mes amours tardifs, mes amours avortés, tout était là… dans cette anthologie. 

« Loin des yeux, loin du cœur »

En voici un proverbe bien menteur,

La distance a attisé mes sentiments,

Son absence a accentué mes tourments.

 

Pourquoi si loin d’elle je ne pense qu’à elle ?

Et pourquoi brille si fort cette chandelle ?

Pourquoi dans mon sommeil, je la hèle ?

Et pourquoi j’entends ce chant d’elle ?

 

Après ton départ, les lendemains auraient dû jouer leur rôle,
Tout aurait dû s’effacer, et la vie aurait dû redevenir drôle ;
Hélas, depuis lors elle me semble perdue, ma vie d’antan,
Il m’en coûte de tout oblitérer, de reprendre mon envol,
Aujourd’hui encore, je stagne… alors, j’arrête le temps.

J’avoue être passée comme une flèche au palier ECRITS EN VRAC. Quelques-uns des textes écrits dans cette partie n’ont pas retenu mon attention.

Idem pour le palier AUX CHERS DISPARUS. Un léger vent de tristesse a soufflé en mon âme en lisant ces hommages aux disparus proches ou inconnus de l’auteur mais il a été de courte durée. J’ai un rapport assez étrange avec la mort mais n’en parlons pas ici.  (rires) 

Une orange, des bonbons, un repas sans surprise

Une horloge, une chanson, celle qu’on chante à l’église

Tel est le décor de chez moi, tous les soirs de Noël

Ah ! J’oubliais les omelettes qui dorment dans la poêle

 

Oh Dieu ! Dis au père Noël et à tous, que je suis un bon garçon

Et qu’ici aussi, on aime les cadeaux et pas que des p’tits pains

Que toute l’année on a été sage, et qu’on mérite une rançon

Je ne le dis pas que pour moi, mais aussi pour mes copains

J’ai trouvé ces strophes dans l’une des salles de trésor du palier 5 : ECRITS AMERS. Ai-je besoin d’indiquer qu’ils m’ont émue ? 

Dans cette salle de trésor, il est question de manque, d’attente déçue, de jugement de valeur, d’amour impossible, de destin cruel. 

Au paliers des DUOS, j’ai admiré la profondeur des échanges entre l’auteur et Kiné, l’auteur et Dija.

Dija :

J’ai connu ce sentiment amer, cette dépendance à l’autre
Celui-là qui nous laisse perplexe, et qui nous fait son apôtre
J’ai connu ces liens dits durs comme fer, et je les ai vus s’envoler
Et j’en ai appris que l’on ne peut, si on ne le veut, en être condamné

Marcus :

Dija, il est de ces événements qui surpassent notre pensée
De ces réalités que l’on ne peut hélas rejeter dans le passé
Il restera, entre elle et moi, toujours ce même contentieux
Que nous n’aurons réglé, avant qu’elle ne rejoigne les cieux

L’auteur part à la quête des peines du monde, revient aux siennes sans oublier de nous apporter notre lot. Il écrit comme il le sent, comme il l’entend, comme lui viennent les mots, librement. Et cette liberté  séduit, émeut. Les métaphores dont il use sont si bien pensées. 

Il y a tant de choses à dire sur cette anthologie, je préfère m’arrêter là. Penser les mots est une anthologie à lire, à relire et à faire lire. L’amoureuse des mots et des rimes que je suis s’est régalée. J’espère qu’il en sera de même pour vous. 

Biographie de l’auteur 

Auteur, entrepreneur, consultant et conférencier, Marcus da Writer est l’une des nouvelles voix de la
littérature africaine. Porte-parole de la jeunesse, c’est autour de thématiques relatives aux jeunes que s’inscrit la plus grande partie de ses oeuvres. Marcus, Ibuka Gédéon Ndjoli de son vrai nom, est l’auteur de « La Jeunesse Africaine a une voix », « Jeunesse & Education », « Sur les traces de MJ », et « Les Histoires de vos vies ».

Kusoma Group, la start-up africaine qu’il dirige, ambitionne de démocratiser l’édition et la lecture. Elle accompagne les auteurs indépendants et éditeurs d’œuvres africaines dans la démocratisation de leurs livres, grâce à une plateforme web et mobile qui comprend un Editeur, une Librairie et une Bibliothèque numériques.

Quelques détails de l’ouvrage

Nombre de pages  : 97

Date de publication : juin 2014.

Format : E-book  

 

signature coeur graceminlibe

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Le Crépuscule de l’Homme

Montage créé avec bloggif

« … A tour de rôle, Edith et Evelyne se relayaient auprès d’elle. Le nombre de malades allait croissant. Mais elles se savaient impuissantes : sans la moindre aspirine, le moindre anitibiotique, qu pouvaient-elles faire ? 

L’état d’Emilienne ne cessait d’empirer, Edith posa sa main sur le front de sa mère. « Elle a au moins 40° de fièvre pensa-t-elle, et rien pour la faire baisser ».

Cette respiration sifflante ne présageait rien de bon. Sans médicament, Edith s’attendait au pire. Elle sortit de la grotte et alla à la recherche de son père. Elle le trouva de l’autre côté du camp, assis près de sa tente. Recroquevillé dans sa veste élimée, il ressemblait à un épouvantail cassé, il jeta sur sa fille un regard mi-surpris, mi-irrité. 

– Je te dérange,papa ?… »

 

 

Je garde de bons souvenirs des livres de l’auteur Flore Hazoumé. Je me rappelle encore de ma frayeur en lisant l’une des nouvelles du recueil Cauchemars. Ces doux souvenirs m’ont conduit au Crépuscule de l’Homme.

J’ai pensé que cette histoire avait pour cadre un hôpital en lisant les premières lignes de la 4ème de couverture. J’ai été intriguée en lisant ses dernières lignes.  L’histoire se déroule dans une grotte ? Un camp ? Quel est le cadre spatio-temporel de cette histoire ?

Les premières pages du livre ne me situent pas, j’ignore sur quel continent se trouve  la ville de Bunjalaba. Elles me déroutent également, elles semblent être la fin de l’histoire. Je cesse de me triturer les méninges, me laisse porter par le ton captivant de la narratrice.

Je découvre Edith, étudiante en médecine légale, issue d’une famille bourgeoise, fille d’un père ministre et d’une mère férue d’art africain. Elle est amoureuse de Pascal Tuzbelbe, un étudiant en faculté de lettres avec une personnalité peu commune. Cet homme est intelligent, froid et si mystérieux !

Il marchait le torse bombé, le cou raide. Il avançait droit devant lui, ne regardant ni à droite, ni à gauche. Ses yeux étaient rivés, accrochés à l’horizon comme un but à atteindre, ou bien étaient-ils simplement tournés vers un monde intérieur inaccessible et mystérieux. Il marchait comme on va au combat.

« Mon DIEU » ! murmura Edith, contre quel ennemi invisible se bat-il ?

Pascal vit dans un immonde quartier, là où est le commencement, là où est le germe selon lui. C’est un agitateur de foules, qui multiplie les meeting sur le campus, incite les étudiants  à lutter pour leur dignité et des conditions d’étude confortables.

Des révoltes estudiantines se profilent à l’horizon. On les sent arriver, comme on sent l’arrivée d’une pluie en scrutant les nuages. Les travailleurs réclament également de meilleures conditions de vie. La pluie se transforme alors en un puissant orage.

Les Tsatu, opprimés par les Sutu (le groupe ethnique au pouvoir), se rebellent également. Plus question de parler d’orage, c’est un gros cyclone qui arrive. On sait comment se terminent les conflits ethniques.

Les Tsatu et Sutu m’ont fait penser aux Hutu et Tutsi et la description des caractéristiques de ces deux ethnies ont confirmé mes pensées. L’auteur a fait un clin d’œil à l’histoire culturelle du Rwanda, les guerres fratricides entre les Hutu et Tutsi.

Mon cœur s’est serré en lisant l’excès de violence, les atrocités sans nom. Le lecteur baigne dans le lac de l’horreur et la vengeance.

J’ai été choquée de la facilité avec laquelle Gassana, le père d’Edith semait la graine de la haine dans le cœur des Sutu. Il est tellement plus facile de détruire que de construire… 

Le chaos de la ville de Bunjalaba, tel un virus s’est propagé dans toute l’Afrique et le monde entier. La vie humaine se retire des continents. Puisqu’on n’arrive pas à vivre ensemble, la vie nous est repris. Puisque l’homme n’arrive plus à reconnaître l’humanité en l’autre, il disparaît de la surface de la terre. C’est l’apocalypse. 

Cette vision apocalyptique du monde m’a gênée. Que des innocents meurent comme des coupables m’a attristée. J’aurais voulu que les personnages auxquels je m’étais attachée  restent en vie, hélas ! 

Parlant de personnage, je n’ai pas réussi à élucider le mystère de Pascal, cet homme ni Tsatu, ni Sutu qui soulevait les foules, luttait pour le droit des plus faibles et qui avait signé un pacte avec Gassana. D’où venait-il ? Où est-il parti ? Qui était-il ?  J’ai été un peu déçue que la narratrice nous laisse avec ces zones d’ombre. 

Que dire de la forme de l’oeuvre ? Le style de la narratrice est limpide, dynamique. C’est difficile de lâcher le livre tant qu’on n’est pas arrivé au point final. 

A qui je déconseille ce livre ?

  • A ceux qui dépriment
  • Ceux qui n’aiment pas les devoirs de mémoire
  • Ceux qui n’aiment pas le genre fantastique et les romans historiques
  • Ceux qui ne sortent pas indemne de leur lecture

 

Si vous n’êtes pas dans ces quatre catégories, je vous souhaite une très belle lecture. 

 

Biographie de l’auteur 

Petite fille de l’écrivain dahoméen Paul Hazoumé, Flore Hazoumé est née à Brazzaville en 1959. Lorsqu’en 1984 elle publie son premier recueil de nouvelles, « Rencontres », ils sont peu nombreux à imaginer qu’elle deviendra une figure de la littérature ivoirienne « tant elle semblait timide et pleine de doutes », confie un ami. Depuis, Flore Hazoumé  s’est affirmée, son écriture aussi. Et si elle est peu prolifique, chacun de ses ouvrages est salué par la critique.

 

Quelques détails sur l’oeuvre 

Nombre de pages : 200

Maison d’édition : CEDA

Date de publication : Janvier 2001

 

fleur v1

 

Publié dans Anémone

Jamais un sans deux

jamais un sans deux

Anémone – Chapitre 3 

Je suis rentrée de l’hôpital, il y a neuf jours. Heureusement qu’on n’avait pas commencé à aménager la chambre du bébé, ça m’aurait effondrée. J’ai fait une fausse couche spontanée avant d’avoir eu l’occasion d’annoncer à mes proches que je portais la vie en moi.
J’ai perdu mon bébé avant de l’avoir senti bouger en moi. J’ai échoué dans mon rôle de mère : je n’ai pas pu garder mon enfant, je n’ai pas su maintenir sa vie.

Lary me dit d’éviter ces pensées, je ne suis ni auteure, ni propriétaire de la vie.
Il en a, des paroles de sagesse en réserve. Il les sort pour taire mes larmes mais la sagesse ne me guérira pas. Elle n’effacera pas cette perte, cette 1ère tentative échouée.

J’évite de croiser ma voisine, je me sens tellement moins femme qu’elle. Elle a deux enfants en bonne santé, qu’ai-je moi ?
J’évite de regarder mon ventre. Lui donner des coups ce n’est pas l’envie qui me manque.

«Mon utérus n’était peut-être pas encore tout à fait prêt à garder la vie.» C’est l’unique hypothèse qu’a retenu Docteur Assezo pour expliquer ma fausse couche. Il m’a conseillé d’attendre encore un peu avant de retenter l’expérience. Je ne dois pas paniquer, la prochaine fois se passera mieux, mon utérus sera habitué. M’a-t-il dit avec le sourire.
Pfft ! Attendre, je ne fais que ça…

Je me sens tellement vide ! Je me sentirais inutile sur cette terre s’il n’y avait pas mes bouts de chou de la petite section. Ils sont mon bol d’air frais, je leur donne tout mon amour de femme destinée à être mère. Comment ferai-je quand l’année scolaire prendra fin dans deux semaines ?

****
J’aurais entamé mon sixième mois si la Providence m’avait laissé le choix de donner la vie. Lary aimerait bien qu’on retente l’expérience mais je sais qu’avoir un enfant ne motive pas son désir. Il aimerait qu’on retrouve notre intimité, l’extase ; il ne veut que ça.
Je n’ai pas envie de recommencer, je veux juste continuer, reprendre là où l’on m’a stoppée dans mon élan.
Je lutte contre la tristesse, m’évade comme je peux à travers la lecture et les visites familiales mais mon abîme m’engloutit lorsque je vois ma belle-mère être aussi attentionnée envers son unique petit-fils et dire qu’elle n’a que lui. J’ai l’impression qu’elle fait exprès.
J’ai profité des vacances scolaires pour aller passer du temps à Vavoua, là où ma mère passe ses vieux jours. Elle m’a sermonnée lorsque je lui ai dit que je n’ai plus goût à la vie depuis que j’ai perdu mon bébé. Elle m’a dit : « Une femme ne courbe pas l’échine à la première épreuve. »
Elle a constamment les yeux sur moi, veille à ce que je ne pleure pas. Elle m’a gavée de médicaments traditionnels, ils renforceront mon utérus, m’a-t-elle dit.
Ce séjour d’un mois loin d’Abidjan m’a fait du bien. Je rentre revigorée, prête à être mère à nouveau.

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J’essaie d’être mère mais pas comme la première fois. Je n’impose aucun régime, mode de vie à Lary. Je n’ai pas envie de forcer les choses pour que la Providence me les reprenne à la fin. Je laisse mon corps se reposer, aller à son rythme. Je serai enceinte quand il sera prêt à accueillir une grossesse. Lary est heureux de mon nouvel état d’esprit.
Une nouvelle année scolaire a débuté et j’ai encore la classe de petite section ; la directrice de l’établissement trouve que j’excelle avec eux.
Mackenzie me manque énormément, sa mère l’a inscrite dans une autre école. Je me fais beaucoup de souci pour cette petite fille, j’ignore pourquoi.

Je suis plus que surprise de trouver Lary devant l’école à la fin de la journée. Il n’y est pas venu depuis deux ans ! Nous rentrons en taxi chez nous. Après un bain langoureux, nous sortons bras dessus dessous. 
Je suis émue lorsque nous franchissons le seuil du restaurant du Sofitel Ivoire. Nous n’avons pas eu une telle sortie depuis si longtemps. Il me tire la chaise pour que je puisse m’asseoir, me couve du regard durant tout le dîner. Je saisis encore plus la chance que j’ai d’avoir un homme aussi aimant à mes côtés.

– Je t’aime. Lui dis-je dans un souffle
– J’ai compris ce que c’est qu’aimer avec toi ma Janyce. me dit-il en me prenant la main
– Nous sommes un si joli couple
Et on formera une si jolie famille. Complété-je en mon for intérieur. Le violent désir d’avoir une famille revient lentement à la surface, j’essaie de le canaliser.

– Janyce, tu as entendu ce que j’ai dit ?
– Désolée, mon amour. Je me demandais comment te remercier pour cette belle soirée.

Il sourit, je mets mon doigt dans le creux de sa fossette gauche. Notre enfant l’aura-t-il ? Le visage d’un enfant passe dans mon esprit lorsqu’il m’interpelle encore une fois :

– Ça te dit qu’on passe le week-end prochain à Yamoussoukro ? Je ne travaille pas, on pourrait en profiter pour changer d’air.

Son implication dans notre vie de couple me touche énormément. Je sais qu’il aura la même attitude pour notre vie de famille et je me réjouis d’avance.
J’ai droit à un massage relaxant lorsque nous rentrons à la maison. Mon mari est un trésor et je ne l’échangerai pour rien au monde.

****

Je souris en lissant les plis de ma robe. Lary a insisté pour que je la porte aujourd’hui. Je ne l’ai jamais vu autant amoureux.
La pause de 10 heures vient de commencer, je peux en profiter pour l’appeler. A l’écart des enfants, j’adresse des mots d’amour à mon compagnon de vie.

Abdallah me propose une part de son gâteau à l’ananas. Il a l’air trop appétissant pour que me vienne à l’esprit l’idée de refuser. Je le remercie, engloutis le morceau. Qu’est-ce qu’il est bon ! Je ne dirai pas non à un autre morceau mais comment le demander à Abdallah ? Je n’ai jamais demandé le goûter de l’un de mes petits.

Nous retournons à nos activités d’éveil. Je montre à Matthieu comment colorier en restant dans le cercle lorsque je suis prise d’une nausée. Je vide mon estomac (et peut-être plus) dans les toilettes.
J’accueille la fin de la journée avec enthousiasme. Je ne me sens pas bien, j’ai eu le tournis tout l’après-midi. J’avale des médicaments traditionnels contre le paludisme dès que je rentre.

Je ne me porte pas mieux les jours suivants. Lary m’a demandé d’aller voir un médecin mais je refuse d’y aller. J’ignore pourquoi mais j’ai peur d’y aller. Je traite mon mal à la cause inconnue avec les médicaments que ma mère m’a remis.
Un fait m’alerte quelques jours plus tard : j’ai une absence de menstruations depuis le mois dernier.

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Je cours aux toilettes avant que mon mari ne se réveille. Je dois vérifier si je suis enceinte. Mon cœur n’a jamais autant battu la chamade. Et si…
Je ferme les yeux, inspire un grand coup avant de regarder le test de grossesse. Je manque de m’évanouir, les deux barres sont là.

Je glisse le long de la porte d’entrée. Je suis enceinte pour la deuxième fois de ma vie. Je porte instinctivement la main à mon ventre, le caresse. Je vais avoir un bébé.

Je vais discrètement voir mon gynécologue le lendemain. Je saute à son cou lorsqu’il me confirme ce que je sais déjà. Je pleure comme une madeleine quand il m’annonce que j’attends des jumeaux ! Oh ! Dieu n’a pas pris plaisir à mes larmes de souffrance. Voyez, ma récompense !

Lary est surpris par le dîner aux chandelles que j’ai organisé pour nous. A sa question « Que fête-t-on ce soir ? » je réponds en lui offrant un paquet cadeau. Il sourit quand il voit le test de grossesse, lit la carte de compliments que je lui ai confectionnée. Il a des larmes dans la voix lorsqu’il découvre l’échographie.

– Je n’arrive pas à y croire.
– …
– On va avoir des jumeaux. poursuit-il
– N’est-ce pas merveilleux ? complété-je un large sourire aux lèvres. Dieu a entendu mes prières. Il est fidèle, Lary. Il remplace doublement ce qu’on perd. On devrait faire une offrande d’actions de grâces à l’église.

– Deux enfants d’un coup, ça veut dire deux fois de plus de couche, une double scolarité à payer, un…
– Pardon ? l’interromps-je d’une voix tonnante. Je vais te donner deux enfants et tu penses immédiatement à tes finances ?! Quel genre d’hommes es-tu ?
– Désolé, j’ai pensé tout haut. Ce n’est pas ce que je voulais dire. réplique-t-il embêté.
– J’aurais dû garder la nouvelle pour moi. Conclus-je. Et ne t’en fais pas pour les charges, je vais faire mon possible pour que mes enfants ne manquent de rien. Celui qui m’a fait la grâce de les avoir pourvoira à leurs besoins.
– Janyce, écoute. Je ne nie pas que j’ai pris en considération toutes les dépenses en double qu’on aura à faire mais je suis content d’être le père de jumeaux.

Il me prend dans ses bras.

– Je ne ferai plus allusion aux finances, je vais profiter du bonheur d’être père. Pardonne-moi ma chérie. conclut-il en me caressant légèrement la joue

Je l’embrasse légèrement. L’excès de joie dans mon cœur ne laisse aucune place à la rancune. Je laisse les valises de sentiments négatifs sur le quai de la gare avant de monter dans le train de ma vie de mère.

****

Ma belle-mère a voulu me mettre au dos lorsqu’on lui a annoncé que j’attends des jumeaux. Elle est si heureuse ! Elle est à mes petits soins, passe régulièrement me faire de bons plats.
Je suis chouchoutée par ma belle-famille et mon mari et j’en profite. Docteur Assezo suit ma grossesse gémellaire avec attention ; je fais le plein de vitamines, me repose au maximum.
J’entame la nouvelle année avec soulagement et confiance. Je suis à 16 semaines de grossesse, ma 1ère grossesse n’a pas dépassé ce cap. Chaque jour, j’adresse des prières de reconnaissance et de demande de protection à DIEU ; mon miracle ira jusqu’au bout. 

****

J’ai ma deuxième échographie aujourd’hui. Je suis toute excitée, je connaîtrai le sexe de mes bébés. Un large sourire se dessine sur mes lèvres lorsque je les vois à l’écran, j’ai hâte de les avoir dans mes bras, de les câliner. Leurs sexes apparaissent bien à l’écran, j’attends des garçons ! Lary sera aux anges.

Je pleure comme une fontaine quand je les sens bouger pour la première fois. Mes enfants sont en vie et en bonne santé. 

Je m’empresse d’acheter à la fin de ma consultation un livre de naissance pour jumeaux avec des illustrations craquantes et des graphismes tendances. Un espace est dédié à chaque bébé, des pages spécifiques retracent leur caractère, évolution et goûts. J’ai hâte d’inscrire leurs premiers mots, premières bêtises. En attendant, je colle mes échographies.

Je retourne à l’école l’après-midi. Les enfants sont très intrigués par la forme de mon ventre, ils m’ont tous demandé ce qu’il y avait à l’intérieur pour qu’il soit aussi gros. J’ai remarqué que les filles le touchaient plus que les garçons, c’est sûrement l’appel du mâle.

Je rentre exténuée du boulot, heureusement que je n’ai pas à cuisiner et faire le ménage. Yasmine, notre aide-ménagère s’occupe de ces tâches. Je dors au moment où Lary rentre du boulot. Ses doux câlins me sortent du rêve magnifique que je faisais.

– Bonsoir ma reine.
–  Je suis toujours ta reine avec ce masque de grossesse et mes kilos en plus ?
– Tu le seras toujours même avec le crâne rasé. Alors vous êtes des princes ou des princesses ? s’enquiert-il en embrassant mon ventre.

Il exulte de joie lorsque je réponds. Il pense immédiatement à leurs prénoms.

– Raphaël et Gabriel, c’est parfait.
– J’aime bien mais ce serait bien qu’on leur donne deux prénoms, non ?
– Ça ne me dérange pas. répond-il entre deux baisers.
– Leurs prénoms pourraient commencer par les initiales de nos prénoms. Le premier aura un prénom qui commence par L et le deuxième par J.
– Léo Raphaël et Jules Gabriel. Comment tu trouves ?
– Ce n’est pas mal. J’espère qu’ils prendront tout de toi : ton teint clair, ton nez, tes petites lèvres. Tu es tellement beau, mon Lary.
– Et tu es également belle, mon étoile. Je suis tellement fier d’avoir une femme au teint d’ébène avec des lèvres pulpeuses et des formes généreuses. J’aime tout de toi.

Nos lèvres se perdent dans le labyrinthe des baisers fougueux. Je me donne sans retenue à l’homme qui fera de moi une mère.

****

J’entame ma 25 ème semaine de grossesse et je suis déjà à bout. Mes pieds sont enflés, j’ai constamment des crampes et la lombalgie.

Ma belle-mère passe la matinée avec moi. L’après-midi, je le passe avec ma cousine Beryl. C’est mon unique amie et confidente. Elle ne vit malheureusement plus en Côte d’Ivoire mais en Afrique du Sud avec sa petite famille. Elle a bien envie de rentrer au pays mais son mari ne veut quitter le sien que pour les Etats-Unis.

Nous conversons à bâtons rompus durant des heures. Je l’accompagne prendre un taxi en début de soirée. Je rejoins la maison lorsqu’une dame m’interpelle. D’un air inquiet, elle m’annonce que ma robe est tâchée. De quoi ?

Je me mords la lèvre quand elle me dit ma robe d’un vert pâle est toute rouge. J’ignore comment je fais pour arriver à la maison. Yasmine m’accompagne à l’hôpital. Je prie durant tout le trajet, je ne veux pas penser au pire.

Docteur Assezo me prend rapidement en charge. Il me fait une échographie afin de savoir d’où provient le saignement. Je m’alarme lorsqu’il me dit qu’on doit me faire une césarienne pour faire sortir les bébés. C’est trop tôt mais ils ne sont plus en sécurité dans mon ventre. Le visage baigné de larmes, je lui demande d’appeler mon mari. Je veux qu’il soit à mes côtés.

****

Je suis au jardin botanique de Bingerville avec Gabriel, Raphaël et leur papa. Raphaël est suspendu à mon cou, Gabriel à celui de son père. Ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau. A leur naissance, je n’arrivais pas à les distinguer.

Je fais descendre Raphaël un instant pour qu’il joue un instant. Il se met à courir, ne voit pas le trou béant devant lui. Je pousse un cri, ouvre mes yeux.

Lary me presse la main, caresse ma joue. Il n’a pas l’air bien, je pose immédiatement ma main sur mon ventre.

– Où sont les bébés ? demandé-je d’une petite voix
– Janyce, tu ne pourras pas les voir aujourd’hui.
– Pourquoi ? Ils sont dans une couveuse ? L’interrogé-je en essayant de me redresser.
– ….
– Ils sont dans une couveuse ? répété-je
– Janyce, ils nous ont quittés. m’annonce-t-il en serrant les dents. Ils n’ont pas survécu. Le docteur n’arrive pas à expliquer leur mort prématurée.
– Je ne comprends pas ce que tu dis. Où sont mes bébés ?
– Je suis tellement désolé, Janyce. J’aurais tout donné pour que cela n’arrive pas mais…
– Tais-toi !

Je crie comme une forcenée pour ne plus l’entendre. Lary appelle le docteur, ils veulent m’administrer je ne sais quoi. Je m’y oppose, je ne veux que mes enfants à l’intérieur de moi. Mes enfants allaient bien, c’est le médecin qui a voulu les séparer de moi.

Je leur ordonne d’aller chercher mes enfants. J’en ai déjà perdu un, je ne veux pas en perdre deux de plus. Je ne le supporterai pas.

 © Grâce Minlibé

Publié dans Ma poésie

Lire la poésie à petit prix

avis sur chimeres de verre

Bonjour les passionnés. J’ai une bonne nouvelle à partager avec vous.

La version numérique de Chimères de verre est à 1,99 euros !!!! Foncez les amis, ne ratez pas l’occasion de lire Chimères de verre à petit prix. 

 Je sais en lisant vos différentes publications sur vos blogs que la poésie n’est pas votre genre préféré mais je vous invite à découvrir ma poésie.

« Je parle de moi en parlant de vous »

Stevy Opong a dit : La poésie (voire même la littérature en général) doit sortir de son cadre un peu trop intello, coincé et snob pour se faire une place dans le monde actuel. Le monde bouge, la poésie devrait bouger avec lui. Le temps des discours sophistiqués, pédants et complexes est révolu. Les gens ont besoin d’une poésie qui leur parle, dans laquelle ils se retrouvent. Sans forcément avoir à verser dans une forme de simplisme, la poésie peut s’adapter en demeurant correcte tant dans la forme que dans le fond. L’heure n’est plus à faire l’étalage de son habileté à manier la langue française ou de son vocabulaire nanti. Poète, redescend sur terre. Les gens ne veulent que voyager dans l’imaginaire de ta muse. Mais pour cela, il faut que vous parliez le même langage.

C’est ce que j’ai fait de Chimères de verre : un recueil loin des discours sophistiqués, un recueil qui sait tout de vous.  

 

 

 

Vous hésitez encore à acheter ? Lisez donc les avis de

  1. Manou

  2. Alouqua

  3. Afro Plumes

  4. Zélie

  5. Light and Smell

 

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Les mécomptes de Kévin

Les mécomptes de Kévin

Après la mort de son père, Kévin se jure d’atteindre ses objectifs : réussir brillamment ses études, sortir sa mère de la misère et assurer à ses proches un bel avenir.

Mais une rencontre amoureuse trouble ses plans et remet en question tous ses projets. Manipulé et acculé, il doit prendre une décision douloureuse pour se sortir de son dilemme : comment choisir entre l’amour de sa vie et l’honneur familial ? 

 

 

 

 

J’aime ces histoires légères en apparence mais si profondes à l’intérieur !

J’aime ces histoires qui surprennent, remuent le centre de nos émotions.

J’aime ces histoires qui nous donnent envie d’être le maître de l’univers capable de changer les circonstances, réécrire l’histoire, changer le destin. 

Les mécomptes de Kévin a été une belle découverte pour moi, un joli moment de lecture.

J’ai partagé les peines de Kévin, ce jeune homme brillant, candidat au baccalauréat qui tenait à réussir et rendre sa mère fière et qui hélas n’a pu atteindre ses objectifs.

J’ai eu envie d’étrangler Ella, cette jeune fille si égoïste, si … 

 

Le style de l’auteur accessible et le vocabulaire limpide rendent la lecture agréable. On est plongé dans l’histoire, on veut aller jusqu’au bout.  

Je n’ai relevé qu’un seul bémol à l’histoire, le fait qu’elle soit axée à 80% sur l’année scolaire de Kévin, ses cours, ses révisions. J’ai trouvé cette partie assez linéaire. 

De ce roman, je retiens une chose : l’amour peut nous élever, il peut aussi nous écraser…

 

 

Biographie de l’auteur

Fonctionnaire dans une structure internationale en Tunisie, Daniel Tchimou Koto est l’auteur d’un premier roman, Une destinée tragique, paru aux Editions du Panthéon. 

 

Quelques détails sur l’oeuvre 

Nombre de pages : 116

Date de publication : Décembre 2014

Maison d’édition : Les Editions du Panthéon 

Prix : 12,80 euros

 

Et vous, quels sacrifices avez-vous fait par amour ? 

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Mon père ce bébé, une douce lecture

Mon père ce bébé

Au début, ce fut une succession de bonheurs, de découvertes toutes plus surprenantes les unes que les autres. Mon premier mot, mon premier vélo, Papa et Maman, toujours à mes côtés, mon grand-frère Jimmy et surtout Coucou, mon canari. Puis il y eut l’incendie. Aujourd’hui, Coucou n’est plus et malgré Coucou 2, mon nouveau compagnon canin, plus rien n’est comme avant. La cour de l’école, qui résonnait de rires, a laissé place aux couloirs inhospitaliers du collège. Jimmy est parti, loin, avec l’armée. Et maintenant, c’est mon père qui s’absente, de plus en plus souvent, avant de disparaître pour de bon, seul sur un lit d’hôpital. Mais où est-il allé ? A-t-il rejoint Coucou ? Et si, en y croyant très fort, je pouvais le faire revenir ?

Je n’ai pas choisi ce livre c’est lui qui m’a choisi. J’ai « liké » un post de son auteur, Sébastien Tache, dans l’un des groupes de promotion d’auteurs sur Facebook et il a eu la gentillesse de m’offrir la version numérique du livre. 

De quoi parle ce livre ? J’ai préféré ne pas lire son résumé, j’ai voulu me laisser surprendre par l’histoire. 

Le narrateur, Patrick, évoque ses premiers jours sur terre, les petits et grands moments de bonheur en famille. Comme tout être vivant, sa vie évolue ; des événements la bouleversent : le premier amour, la découverte des secrets amoureux de son père, la mort de ce dernier.

Avec une écriture douce, un style fluide, le narrateur nous raconte comment son frère, sa mère et lui ont vécu la perte de cet être si cher.

Ce roman qui se lit très vite est un tableau de l’amour sous toutes ses formes : l’amour filial, l’amour paternel, l’amour  pur ; un amour qui nous choisit. 

Il montre également qu’il y a une joie après la souffrance, une vie après la mort. 

Je ne crois pas en la réincarnation, le fait qu’il y en ait une dans l’histoire m’a légèrement embarrassée mais ça n’ôte rien au charme de la lecture.  

Quelques détails sur l’auteur

Sébastien Tache est un jeune homme de 29 ans qui vit dans le sud de la France. Il travaille dans le monde de la grande distribution. Mon père, ce bébé est son premier roman.

Quelques détails sur l’oeuvre

Nombre de pages : 132

Date de publication : mars 2016

Disponible sur Fnac.com

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Sous le voile de la mariée

Sous le voile de la mariée

La quatrième de couverture ne donne aucun aperçu de l’oeuvre, il n’y a aucun résumé, aucun extrait ; comme seule indication du thème de l’histoire, la couverture du livre et son titre. 

S’agit-il d’un mariage forcé ? D’un mariage de raison ? De quoi parle réellement cette histoire ? 

De l’union civile d’un homme : Jean-Jacques Gozié, cinquantenaire ayant vécu aux antipodes de la morale à une jeune femme, Dian Kirala, qui ne tire sa gloire et son honneur que de son futur mariage. 

Kirala est fière de l’anneau à son doigt, de son nouveau statut de femme. Malheur à celui ou celle qui ose ne pas l’appeler Madame Gozié !

Ce statut qu’elle a acquis au prix des décennies de doute et de résignation, après des nuits de prière et de privation, elle compte le garder jusqu’à la mort. 

Y arrivera-t-elle avec des beaux-enfants et une belle-mère qui la détestent, la présence de l’amour de longue date de son époux  et surtout son orgueil outre mesure ? 

Son adhérence à l’association des femmes mariées du quartier l’aidera-t-elle ?

Ce roman est une satire du mariage en Afrique, ce qu’il a fait des femmes ou ce que les femmes en ont fait.

Elle comprit, que l’essentiel pour une femme, était d’avoir un homme dans sa vie. N’importe lequel. Un homme, son nom suffit, et la femme a devant elle un bouclier, sur elle, un parapluie. Avec un homme, la femme se protège de la lubricité des autres hommes. 

Elle ne se rendait même pas compte qu’elle abusait de son droit de femme mariée comme le feraient ces milliers de femmes oisives qui prennent la bague du mariage comme l’attestation du doctorat qu’elles auraient obtenu après des années d’études. 

Chacune a, sous son voile immaculé, des flots de larmes qui coulent, du sang qui suinte par saccades, des cris qui jaillissent de leur gosier. Nulle part, l’on ne peut trouver une femme qui va et rit comme elle peut, qui chante et danse comme elle veut, sans que l’on ne découvre en elle, un esprit en feu, un cœur affligé.

« Sous le voile » revient à maintes reprises dans l’oeuvre, le narrateur souhaite-t-il que les femmes mariées ôtent leur voile pour voir leurs mariages tel qu’ils sont vraiment ? 

L’envers du décor du mariage et ce qui l’érode est clairement exposé dans l’oeuvre. Est décrit tout au long du roman ce qui met souvent en péril la pérennité d’un couple : l’incompréhension, l’orgueil, le manque de considération de la famille du conjoint, etc…

« Sous le voile de la mariée » aurait figuré parmi mes coups de cœur s’il y avait eu une réelle immersion dans l’univers de l’association des femmes mariées, plus de passion entre Jean-Jacques et Kirala, plus de rebondissements dans leur relation ;  si l’entrée en scène de Fatim Bamba  n’avait pas été si furtive. 

J’aurais également plus ressenti l’histoire si elle était racontée à la première personne du singulier. 

Que dire de la forme ? Le vocabulaire  est très recherché ( « véritable tonneau de Danaïdes », « palinodie », « affamer de martyre le cœur innocent de ses amantes »), cela peut être lassant pour ceux qui aiment la simplicité des lettres. 

Quelques mots sur l’auteur

Mathurin GOLI BI Irié est Adjoint aux Chefs d’Etablissement. Il a à son actif un récit poétique  » Hideur des tropiques » ; un recueil de nouvelles : « mon adultère pour un enfant » ;  trois romans dont « La lycéenne », « Silence, la recréation est terminée » ; une pièce de théâtre : Et l’Afrique se rebella et deux biographies : « Le messager au sommet de l’art » et « Abel Yéplé, la dynastie sans fin ». 

Des détails sur l’oeuvre

Nombre de pages : 152

Editions : SUD EDITIONS

Quelques extraits : « Ne jamais s’étonner de tout sur la terre. Car, tout est possible et ce dont l’on n’a jamais parlé, auquel l’on a jamais rêvé, vit existe, et un jour, se produira. La terre est donc le creuset de tous les conglomérats du possible. En bien ou en mal. »

« On n’a pas souvent conscience de prévoir le retour du mal, quand on est maître du mal. »