Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Snapshots – Nouvelles voix du Caine Prize

Six auteurs, six longues nouvelles saluées par le Caine Prize pour la littérature anglophone d’Afrique – émanation du fameux Booker Prize – nous démontre superbement l’originalité et la puissance d’invention de cette toute jeune génération d’écrivains.

Noviolet Bulawayo est une auteure zimbabwéenne qu’il me tardait de découvrir.

Sa nouvelle Snapshots est l’histoire d’une famille zimbabwéenne qui va se disloquer à la suite de la mort du père. La nouvelle est racontée à la deuxième personne du singulier, narration découverte grâce à Emmanuel Dongala et que j’apprécie énormément. « Tu » est une enfant, « tu » est une jeune fille. Appelons-là Sunrise du nom dont elle a été baptisée par Givemore. Cet homme qui a l’âge d’être son père et qu’elle va rencontrer sur Mainstreet à l’âge de 14 ans et demi. Un homme qui va mettre fin à sa triste carrière de vendeuse d’œufs durs. Appelons-là Sunset, cette jeune fille qui a 14 ans et trois quart et qui n’atteindra pas l’âge adulte.

Snapshots c’est l’histoire d’une jeune fille avec en toile de fond les réalités sociales du Zimbabwe, inflation, précarité, grève du personnel soignant, manque d’équipements dans les établissements hospitaliers, les coupures d’eau et d’électricité fréquentes etc…

Hunter Emmanuel de Constance Myburgh

Hunter est bûcheron. Un jour, il découvre une jambe suspendue à une branche de pin, aux trois quarts du tronc. A qui appartient cette jambe ? Pourquoi a t-elle été coupée ? Si l’on obtient une réponse à ces interrogations, d’autres restent sans réponse. J’ai apprécié l’allure policière de cette nouvelle.

America de chinelo okparanta

L’histoire de Gloria et Nena, deux femmes qui s’aiment.

La maman de Nena en est toute triste: sa fille n’aura pas de mari, donc elle pas de petits-enfants. Gloria a l’opportunité d’aller en Amérique où un poste lui est offert. Si Nena a partagé son identité homosexuelle à ses parenrs, Gloria, elle, n’a pas osé le faire car ses parents sont très ancrés dans la foi, Un an plus tard cette dernière est en visite au Nigéria et toutes deux décident qu’elle essayera de la rejoindre là-bas. Nena émet sa demande de visa. Son désir de partir contrarie sa mère. Elle a peur que sa fille ne revienne jamais et peu à peu Nena partage sa peur. Entre partir et rester, quelle est la meilleure option pour elle ?

J’ai été un peu déçue car j’avais déjà lu cette nouvelle dans le bonheur comme l’eau de la même auteure.

Miracle de Tope Folarin

Une église nigériane au Texas qui reçoit la visite d’un pasteur nigérian. Des hommes, des femmes dans l’attente de divers miracles financiers, sociaux, familiaux, etc… Une nouvelle qui évoque la foi des uns, les réalisations mensongères de miracle des autres.

Jours de baston d’Olufemi Terry

Raul est un adolescent de 13 ans qui vit sur une décharge. Raul est un combattant et cette nouvelle relate ses jurs de combat avec d’autres garçons c’est la violence également, la misère des enfants qui est relaté.

La république de Bombay de Rotimi Babatunde

Récit de l’engagement du peuple africain dans la seconde guerre mondiale en particulier celui de Bombay. Ces hommes arrivent en terre inconnue, pour défendre une cause qui n’est pas vraiment la leur, auréolés de multiples croyances. Les préjugés sur les combattants africains m’ont fait penser à Frère d’âme de David Diop. Revenu dans sa ville natale du Nigéria après avoir combattu sur le Front Oublié de Birmanie, Bombay s’installe dans l’ancienne prison de sa ville et y fonde la République de Bombay dont il sera l’unique Président et citoyen. Une nouvelle qui allie avec dextérité sérieux et drôlerie.

Snapshots – Nouvelles voix du Caine Prize est un recueil de nouvelles à lire et à faire lire. Avouons-le, la littérature anglophone africaine est excellente et regorge de talents.

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Le bonheur, comme l’eau – Chinelo Okparanta

J’ai reçu ce roman dans le cadre du Swap Des livres et des thés sur Livraddict. Nous avions opté pour le COLIS AMATEUR :
     – 1 carte
     – 1 MP
     – 2 livres de la WL
     – 2 boites de thés 
     – des goodies en lien avec le thème

Nous avons ajouté chacune un 3e livre et ma binôme a choisi un livre qui n’était ni dans ma WL globale ni dans ma WL spécifique du swap. Elle l’a choisi sur recommandation de sa libraire. 

En mai dernier, j’ai donc accueilli dans ma Pile à Lire Le bonheur, comme l’eau.

Un titre intriguant. J’ai essayé en lisant chacune des dix nouvelles qui composent le recueil de découvrir la raison du choix d’un tel titre. La réponse m’est venue de la 8e nouvelle :

Le bonheur est comme l’eau, dit-elle. Nous essayons toujours de le saisir, mais il nous file toujours entre les doigts.

 

Les personnages de ce recueil sont à la recherche du bonheur. Le bonheur que l’on n’a pas et qu’on refuse aux autres.

Qu’ils soient centraux ou secondaires, ils espèrent qu’on leur accorde ce qu’ils attendent, ce qu’ils désirent mais le bonheur semble capricieux.

Ces dix nouvelles sont très féminines à l’exception de la 9e nouvelle où le narrateur est un homme.

Nos narratrices montrent leurs vies d’épouse, de fille, de femme.

Époux qui considère plus ses richesses matérielles que la vie de sa femme.

Époux axé plus sur son plaisir et qui n’entend pas la douleur de sa femme.

Époux qui bat sa femme et sa fille.

Les mères ont une influence presque dominatrice dans la vie de leurs filles, leur demandent de se marier, faire un enfant, se blanchir la peau ou taire leur orientation sexuelle.

L’homosexualité doit être un thème cher à l’auteure puisqu’il est le thème de deux nouvelles. Pourquoi ne s’intéresse-t-elle qu’au lesbianisme? Est-ce dû au fait que les personnages centraux sont des femmes ?

La foi chrétienne est un thème transversal aux nouvelles. On sent comme un désir de garder sa foi personnelle et ne pas l’imposer à d’autres. On sent une remise en question des principes bibliques pour se concentrer uniquement sur l’amour quel qu’en soit la forme.

J’ai entendu la voix de ces femmes, la vie intime de familles nigérianes, en Afrique ou en Amérique, aux prises avec leurs rêves, leurs traditions et la réalité de tous les jours.

J’ai passé un bon moment de lecture. La plume de l’auteur est fluide, pleine de sensibilité.

C’est mon #MardiConseil. Quel est le vôtre ?