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Sommets d’Afrique en BD

Encordés derrière un même scénariste, sept dessinateurs africains partent à l’assaut des sommets que sont le Kilimandjaro (Tanzanie), le mont Cameroun, le Rif (Maroc), l’Emi Koussi (Tchad), l’Atakora (Togo) et le mont Hombori (Mali). Ces six histoires, étonnantes et drôles, s’attachent à donner une image plus verticale de ces pays, une invitation à s’élever vers les cimes.

J’ai acheté cette BD au stand des éditions Harmattan.

Le résumé m’a beaucoup intriguée. Je me demandais comment ces quelques sommets d’Afrique pouvaient être le centre d’un récit. Pour éviter de me remuer les méninges pendant longtemps, j’ai démarré ma lecture.

Tout au long de ma lecture des 6 histoires composant cette bande-dessinée, j’ai été en face de 4 situations :

1/ j’apprécie le style du dessin mais je n’adhère pas à l’histoire ou je reste sur ma faim.

2/ je trouve le récit intéressant mais le style du dessin n’est pas à mon goût

3/ Ni le style du dessin, ni le récit n’arrivent à me satisfaire

4/ j’apprécie à la fois le style du dessin et le récit

Le mont Hombori est l’unique histoire pour laquelle j’ai apprécié à la fois le récit et le style du dessin. Ce n’est d’ailleurs pas ma 1ère rencontre avec le dessinateur, Massiré Tounkara. Pour découvrir la première rencontre, c’est par ici.

1983, monts hombori, centre du Mali.

Gilles veut faire une première à mains nues. Qu’importe cela coûtera. Alain Kondé, son guide, lui explique que les monts sont sacrés pour les gens du coin. Il faut faire des sacrifices, demander l’autorisation aux chefs locaux.

Le chef annonce qu’il n’est pas possible de grimper sur le Tondo. Mais Gilles digère mal ce refus. De nuit, il quitte furtivement sa chambre, part à la rencontre du Tondo à ses risques et périls. Au fil des planches, l’on se demande ce qu’il adviendra de lui. J’ai apprécié l’atmosphère morose du récit.

Et vous, que lisez-vous en ce moment ?

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Les dogues noirs de l’empire : La force noire de Christophe Cassiau-Haurie et Massiré Tounkara

Couverture Les dogues noirs de l'empire : La force noire

Dahomey, août 1914. Bakary, jeune guerrier de l’ethnie Kabyé doit s’engager chez les tirailleurs sénégalais pour éviter que son village ne soit rasé par l’Administration coloniale. Son régiment d’affectation a pour mission d’envahir le Togo voisin, territoire sous protectorat allemand, qu’un simple ruisseau sépare du Dahomey. Les frontières coloniales ne tenant pas toujours compte des réalités locales, Bakary se trouve confronté à son peuple, dont son propre cousin… Cette bande dessinée à la ligne claire évoque cette page méconnue de l’histoire de l’Afrique.

La première guerre mondiale a aussi eu l’Afrique comme terrain de combat. Cette bande-dessinée fait ce rappel historique.

En juin 1910, le général français Charles Mangin, qui dirige les forces militaires dans les colonies africaines, fait un discours maladroit à l’Assemblée Nationale. Il prône la création d’une Force Noire en formant des régiments de tirailleurs africains pris dans les colonies françaises et dit cette phrase très suffisante: « à nous le cerveau, à eux les bras…« 

Quatre ans plus tard, les militaires français et allemands recrutent en masse et en force les jeunes hommes des villages. Ils brûlent les villages qui refusent de livrer leurs hommes.

Deux jeunes kabyé, Bakary et son cousin Babacar, vont être contraints de rejoindre les rangs de l’armée du colon. Les chefs de leurs villages respectifs ont compris qu’il fallait se soumettre à la loi des blancs. Les deux hommes s’engagent… mais hélas chacun dans une armée différente. Les villages de nos deux cousins sont en effet situés dans deux territoires différents : le village de Bakary se trouve au Dahomey (territoire français) et celui de Babacar au Togoland qui est une colonie allemande.

Une famille, deux cousins qui s’affrontent pour l’honneur du colon. Le lecteur est impuissant face à la tragédie qui s’annonce. Terrible de voir toutes ces vies sacrifiées, contraintes de participer à un conflit qui ne les concernaient guère.

Le titre de la bande-dessinée est un clin d’œil à l’un des poèmes de Léoplod Sédar Senghor. Un poème très puissant que j’ai découvert grâce à cette BD. Vous pouvez le lire en entier ICI.

En voici un extrait :

III.

Tue-le Seigneur, car il me faut poursuivre mon chemin, et je veux prier singulièrement pour la France.
Seigneur, parmi les nations blanches, place la France à la droite du Père.
Oh ! je sais bien qu’elle aussi est l’Europe, qu’elle m’a ravi mes enfants comme un brigand du Nord des bœufs, pour engraisser ses terre à cannes et coton, car la sueur nègre est fumier.
Qu’elle aussi a porté la mort et le canon dans mes villages bleus, qu’elle a dressé les miens les uns contre les autres comme des chiens se disputant un os
Qu’elle a traité les résistants de bandits, et craché sur les têtes-aux-vastes-desseins.
Oui, Seigneur, pardonne à la France qui dit bien la voie droite et chemine par les sentiers obliques
Qui m’invite à sa table et me dit d’apporter mon pain, qui me donne de la main droite et de la main gauche enlève la moitié.
Oui Seigneur, pardonne à la France qui hait les occupants et m’impose l’occupation si gravement
Qui ouvre des voies triomphales aux héros et traite ses Sénégalais en mercenaires, faisant d’eux les dogues noirs de l’Empire
Qui est la République et livre les pays aux Grands-Concessionnaires
Et de ma Mésopotamie, de mon Congo, ils ont fait un grand cimetière sous le soleil blanc.

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Les fins limiers – Koffi Roger Nguessan et Christophe Cassiau-Haurie

Couverture Les fins limiers

Le commissaire Koro et l’inspecteur Kouamé, deux policiers aussi dissemblables que complémentaires, mènent l’enquête dans la Côte d’Ivoire de l’après-guerre civile. Avec eux, le lecteur plonge au cœur de la vie quotidienne ivoirienne tout en apprenant l’argot typiquement local : le nouchi. La solution de chacune de leurs six enquêtes n’est livrée qu’à l’ultime page de chaque épisode, ce qui fait de ce livre la première BD africaine à énigme.

 

Mon avis

La filature est la 1ère enquête. Tout de suite j’ai été plongée dans le décor à l’ivoirienne : les mets, les paysages et le nouchi. 

planche fins limiers

Le commissaire Koro et l’inspecteur Kouamé sont très complices. Ils filent un homme qui vend de la drogue. L’énigme est de trouver avec qui il deale et de l’arrêter. Le lecteur doit faire attention aux détails glissés dès la première planche. Un détail m’a échappé, je suis rapidement passée à la seconde enquête pour prendre ma revanche. 

2e enquête : refuge à la basilique 

Cap sur la capitale politique de la Côte d’Ivoire : Yamoussoukro. Un homme entre dans un magasin de souvenirs, vole des objets et se réfugie dans la basilique. 

Sur les lieux, Koro et Kouame trouvent 4 personnes à l’intérieur. Qui est le voleur ? Une  énigme que j’ai réussi à résoudre cette fois. 

3e enquête : les rois de la voltige

Une caisse  de la prévoyance sociale à Cocody a été braquée. Selon la police scientifique, il y a trois braqueurs. Encore une fois l’observation du lecteur lui permettra de résoudre l’énigme.

4e enquête : Convoi à Bouaké

Le camion qui transportait la solde pour les forces armées positionnées à Bouaké a été attaquée. Le commissaire Koro et l’inspecteur Kouamé s’y rendent pour résoudre l’affaire. En trois planches, l’affaire est résolue. Logique et cohérence permettront au lecteur de résoudre l’énigme.

 

5e enquête : BANCO !

Au casino bar le poro, un joueur de poker est soupçonné de triche. Le commissaire Koro et l’inspecteur Kouamé sont sur l’affaire.

 

6e enquête : Vol à Gagnoa

Les plans de la nouvelle machine de torréfaction de cacao ont été dérobés. Le ministre de l’agriculture confie l’enquête au commissaire Koro et son acolyte. Le coupable n’est pas bien loin…

 

Les fins limiers, bande-dessinée de 60 pages, offre une lecture qui allie réflexion et détente.  J’ai apprécié ces enquêtes à la sauce ivoirienne, l’emploi du nouchi (parfois incongru dans les dialogues), les références culinaires ivoiriennes. Une sympathique découverte et lecture pour adolescents et adultes. 

 

Un grand merci à Youscribe et à Canal+ qui m’ont permis de découvrir cette BD sur la plateforme gratuitement. 

 

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