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TTL 83: le verger des âmes perdues de Nadifa Mohamed

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est : F comme…

Filsan

…. Femme

Couverture Le verger des âmes perdues

Nous sommes en 1987, à Hargeisa, 2e ville de Somalie. Les vents secs transportent des rumeurs de révolution, mais la dictature n’en reste pas moins ferme sur ses bases. Bientôt, à travers les yeux de trois femmes, nous allons assister à la chute de la Somalie. Deqo, neuf ans, a quitté le vaste camp de réfugiés où elle est née, attirée en ville par la promesse de recevoir sa première paire de chaussures. Kawsar, veuve solitaire prisonnière de sa petite maison volée au désert, est obligée de garder le lit, après avoir été passée à tabac au commissariat local. Filsan, jeune soldate, a quitté Mogadiscio pour réprimer la rébellion qui gronde dans le Nord. Et tandis que fait rage la guerre civile qui va mettre le monde en état de choc, les destins de ces trois femmes s’entremêlent de façon irrévocable.

Je veux pouvoir lire au moins un auteur par pays africain. Le Somali a été coché sur ma carte grâce à ce roman de plus de 300 pages.

Deqo, Kawsar et Filsan, trois générations de femmes, trois destins.

Deqo a 9 ans, Filsan, 25 et Kawsar 58. Elles sont somaliennes et à travers leurs portraits, le lecteur est immergé dans le contexte politico-social du pays, plus précisément de la ville de Hargeisa dans les années 87. On découvre une population souffrant mille maux à cause de la dictature.

La mort est présente à chaque page et c’est dur de lire ce gouvernement qui tue son peuple. Dur de lire cette détresse, ce désenchantement, ces violences envers les femmes et les filles par des hommes et des femmes.

J’ai apprécié la fin du récit et cette rencontre finale entre les 3 héroïnes même si j’ai trouvé qu’elle était un peu forcée. Que Filsan et Deqo arrivent toutes les deux à tomber sur la maison de Kawsar, c’est vraiment le coup du destin.

Le style d’écriture est imagé, poétique, très calibré. J’ai parfois eu l’impression que l’auteur avait fourni un effort extrême pour polir ses phrases. J’ai trouvé sa plume trop stylisée, encadrée. Comme si elle avait peur de perdre le contrôle…

Et vous, qu’auriez-vous proposé pour ce thème ?

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Mur méditerranée – Louis-Philippe Dalembert

A Sabratha, sur la côte libyenne, les surveillants font irruption dans l’entrepôt où sont entassées les femmes. Parmi celles qu’ils rudoient pour les obliger à sortir, Chochana, une Nigériane, et Semhar, une Erythréenne. Les deux amies se sont rencontrées là, après des mois d’errance sur les routes du continent. Grâce à toutes sortes de travaux forcés et à l’aide de leurs proches restés au pays, elles se sont acharnées à réunir la somme nécessaire pour payer les passeurs, à un prix excédant celui d’abord fixé. Ce soir-là pourtant, au bout d’une demi-heure de route dans la benne d’un pick-up fonçant tous phares éteints, elles sentent l’odeur de la mer. Un peu plus tôt, à Tripoli, des familles syriennes, habillées avec élégance comme pour un voyage d’affaires, se sont installées dans les minibus climatisés garés devant leur hôtel. Ce 16 juillet 2014, c’est enfin le grand départ. Dima, son mari et leurs deux fillettes ont quitté leur pays en guerre depuis un mois déjà, afin d’embarquer pour Lampedusa. Ces femmes si différentes Dima la bourgeoise voyage sur le pont, Chochana et Semhar dans la cale ont toutes trois franchi le point de non-retour et se retrouvent à bord du chalutier, unies dans le même espoir d’une nouvelle vie en Europe.

L’entreprenante et plantureuse Chochana, enfant choyée de sa communauté juive ibo, se destinait pourtant à des études de droit, avant que la sécheresse et la misère la contraignent à y renoncer et à fuir le Nigeria. Semhar, elle, se rêvait institutrice, avant d’être enrôlée pour un service national sans fin dans l’armée érythréenne, où elle a refusé de perdre sa jeunesse.

Quant à Dima, au moment où les premiers attentats à la voiture piégée ont commencé à Alep, elle en a été sidérée, tant elle pensait sa vie toute tracée, dans l’aisance et conformément à la tradition de sa famille. Les portraits tout en justesse et en empathie que peint Louis-Philippe Dalembert de ses trois protagonistes avec son acuité et son humour habituels leur donnent vie et chair, et les ancrent avec naturel dans un quotidien que leur nouvelle condition de  » migrantes  » tente de gommer. Lors de l’effroyable traversée, sur le rafiot de fortune dont le véritable capitaine est le chef des passeurs, leur caractère bien trempé leur permettra tant bien que mal de résister aux intempéries et aux avaries. Luttant âprement pour leur survie, elles manifesteront même une solidarité que ne laissaient pas augurer leurs origines si contrastées.
S’inspirant de la tragédie d’un bateau de clandestins sauvé par le pétrolier danois Torm Lotte en 2014, Louis-Philippe Dalembert déploie ici avec force un ample roman de la migration et de l’exil.

l'Afrique écrit

La 4e de couverture est très bavarde et en dit beaucoup sur l’histoire. Elle a néanmoins le mérite de me faire économiser quelques lignes et d’aller directement à l’essentiel.

A chaque fois que trois femmes sont réunies dans un roman, je pense à celui de Marie Ndiaye : trois femmes puissantes.

Ici, il est question de trois femmes migrantes entre 20 et 30 ans. Syrienne, Erythréenne et Nigériane, elles sont. Elles n’ont pas la même religion. Dima est musulmane, Semhar est chrétienne, Chochana est juive. Je remercie l’auteur qui a ajouté un plus à ma culture générale. J’ignorais qu’il y avait des nigérians juifs. 

Ces trois femmes fuient leurs pays respectifs pour protéger leur vie ou avoir un avenir meilleur. 

A travers 11 chapitres où Chochana, Semhar et Dima prennent tour à tour la parole, le lecteur découvre comment elles en sont venues à quitter leur pays et ce qui se passera lors de la traversée.

Mur méditerranée est un roman dense. Tantôt porté par une plume raffinée, tantôt par des mots appartenant au registre familier.

C’est un roman très dur mais nécessaire pour raconter l’enfer des migrants. L’immigration clandestine est un véritable business. Les réseaux de passeurs concurrents sont comme la mafia. Et que dire du sort réservé aux clandestins en transit en Lybie ? Ils sont réduits en esclavage. 

Si j’ai compati à la situation de Chochana, je n’ai pas été touchée par la vie de Dima. J’ai détesté cette  syrienne raciste jusqu’au bout des ongles qui s’est nourrie des préjugés sur les noirs. Ce personnage de papier, je vous assure que je l’ai tuée au moins cinq fois. 

Le personnage qui a réellement attiré mon attention, celui auquel je me suis attaché, celui dont j’ai ressenti chaque mauvais traitement, chaque désespoir, chaque larme est celui de Semhar.

Son histoire m’a révélé l’Erythrée et son service militaire sans fin.

Le sndi, comme les jeunes l’avaient baptisé entre eux : Service national à durée indéterminée. Tu sais quand tu entres, jamais quand tu sors. Officiellement, l’appel sous les drapeaux durait un an et demi. Dans la réalité, tout dépendait de l’homme fort du pays, au pouvoir depuis l’indépendance acquise aux dépens de l’Éthiopie en 1993.

Malgré les risques encourus, ça valait le coup, fit Meaza. Avec Dawit, ils en avaient marre de gâcher leur jeunesse dans ce service militaire sans fin, avec une solde de misère qui pis est. Marre de vivre dans cette prison à ciel ouvert qu’était l’Érythrée, où des barrages et un sauf-conduit spécial filtraient le passage d’une ville à l’autre. Marre de ne voir aucun avenir ouvert devant eux. C’était ça, le plus dur à avaler.
Savoir tous les horizons bouchés. Ne pas avoir les moyens de se retourner, même après la longue période de conscription. L’espoir devrait être le dernier à mourir, non ? Ici, c’était tout le contraire. Quel sens pouvait avoir la vie dans un tel cadre ?

Je me suis attachée à cette jeune fille de 20 ans qui avait soif d’un ailleurs où sa jeunesse s’épanouirait en toute liberté. 

Les italiens et espagnols ont migré pendant des décennies dans le monde en quête d’un monde meilleur.  Pourquoi la migration des africains aujourd’hui ne serait pas légitime ? Chaque migrant porte un désespoir, une histoire qu’il faut respecter.

J’ai beaucoup apprécié Mur Méditerranée qui a été récompensé de trois prix à savoir le Choix Goncourt de la Pologne, celui de la Suisse et le Prix de la langue française en 2019.

Si vous êtes sensible au thème de l’immigration, vous devriez y jeter un coup d’œil.

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Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020

Éditeur : Sabine Wespieser 

Date de publication :  Août 2019

Nombre de pages : 336 (format broché)

Disponible en version grand format, poche et numérique 

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TTL 62 : Doigts d’honneur : Révolution en Egypte et droits des femmes

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est : Combat

J’ai immédiatement pensé à cette bande-dessinée lue en début d’année 

Couverture Doigts d'honneur : Révolution en Egypte et droits des femmes

Juin 2013, au Caire. Deux ans après la chute de Moubarak, l’Egypte redescend dans la rue pour demander le départ de Mohamed Morsi, président récemment élu.

Lassée de cette révolution qui n’en finit pas, Layla préfère se concentrer sur la fin de ses études. Mais Asim, son ami d’enfance obnubilé par la politique, insiste pour qu’elle l’accompagne sur la place Tahrir. Layla se laisse finalement porter par ce vent de liberté et cet esprit de solidarité qui semble régner entre manifestants. Ce qu’elle ignore malheureusement, c’est que la place Tahrir sera le théâtre d’aberrantes violences sexuelles et qu’elle comptera parmi les dizaines de victimes de cette semaine pas comme les autres…

Au cœur d’une Egypte en reconstruction, où l’honneur est dans toutes les bouches, les femmes tentent de se frayer un chemin vers leurs droits les plus élémentaires…

Pourquoi ce livre ?

Deux combats sont menés dans cette BD.

Le premier est mené par le peuple. La population fait entendre sa voix. Lassée des troubles récurrents, minée par la détérioration de l’économie et craignant un péril islamiste, manifeste massivement pour réclamer le départ du président Morsi. 

On soutient l’action de la rue mais pas les actes des hommes qui agressent sexuellement des femmes venues elles aussi manifester. 

Sur la place Tahir, elles ne peuvent pas porter les revendications de la rue, elles doivent mener un autre combat : celui du respect de leurs corps. 

Des hommes exercent le pouvoir que la tradition leur a légué. Leurs doigts ne pointent pas que les politiques en place, ils glissent sur les corps des femmes sans vergogne. Le harcèlement de rue est banalisé, les témoignages des victimes pris à la légère, passés sous silence, étouffés par les autorités judiciaires. J’ai été choquée par l’aversion, le manque de respect des hommes envers le corps des femmes. Il y a encore du chemin pour que le corps de la femme soit respecté.

Le scénario de cette BD engagée est assez didactique. Un dossier sur la révolution égyptienne et les agressions sexuelles notamment des journalistes occidentales dont Caroline Sinz de France 3 ou Sonia Dridi de France 24 figure en fin de BD. 

La BD est majoritairement en noir et blanc. La couleur intervient en petite touche pour mettre en avant le foulard de Layla, le T-shirt des bénévoles d’Amnesty International ou encore le soutien-gorge bleu d’une femme molestée lors d’une intervention des forces de l’ordre à l’occasion d’un rassemblement. 

Une BD révoltante qui montre l’ampleur du combat, ces mentalités à déconstruire….

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TTL 45 – Munyal, les larmes de la patience

Le Throwback Thursday Livresque est officiellement en pause en ce mois d’août chez Carole du blog My Bo0ks. Pour ne pas perdre mon engouement à participer à ce rendez-vous, j’ai décidé de reprendre en ce mois d’août les thèmes de l’an dernier que je n’avais pas faits

1er août : Famille

8 août : Comme un oiseau en cage

15 août : La meilleure héroïne

22 août : Take me anywhere

29 août : Fantasy, fantastique, magie, SF, irréel, incroyable, miracle, au delà, anges et créatures…

 

Thème de cette semaine

Ce thème convient parfaitement au roman que je vais vous présenter. Deux jeunes femmes de ce roman sont comme des oiseaux en cage, privés de leur liberté, obligées à épouser des hommes qu’elles n’aiment pas.

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Ramla, Hindou et Safira ! Trois femmes, trois histoires, trois destins plutôt liés.

Ramla est mariée à Alhadji Issa, l’époux de Safira. Sa sœur Hindou épousera son cousin Moubarak. A toutes, l’entourage n’aura qu’un seul et même conseil : Munyal ! Patience !

Mariage forcé, violences conjugales et polygamie, Munyal, Les larmes de la patience, brise les tabous en dépeignant à une dimension nouvelle, la condition de la femme dans le Sahel.

D’inspiration sahélienne, Djaïli Amadou Amal est assurément une figure majeure de la littérature camerounaise de ces dernières années. Auteure de romans à succès, Walaande traduit en plusieurs langues, et Mistiriijo, elle dénonce les discriminations faites aux femmes. 

 

« Il est difficile le chemin de vie d’une femme ma fille. Ils sont courts ses moments d’insouciance. Elle est inexistante sa jeunesse. Elle n’a de joie nulle part sauf là où elle l’aura hissée. Elle n’a de bonheur nulle part sauf là où elle l’aura cultivé. A toi de trouver une solution pour rendre ta vie supportable. Mieux encore, pour rendre ta vie acceptable. C’est ce que j’ai fait durant toutes ces années ! J’ai piétiné mes rêves pour mieux embrasser mes devoirs! »

 

Ce roman qui est le lauréat de la première édition du prix Orange du livre en Afrique expose dans un langage simple et un lyrisme profond la condition déplorable des femmes peul en particulier. 

Elles n’ont pas le droit de dire leurs états d’âme, elles n’ont pas le droit de se plaindre. Elles n’ont que des devoirs. Elles sont chosifiées, rabaissées, ne valent rien. Celui qui a de la valeur, celui qui a tout pouvoir c’est l’homme et il en abuse. 

Ces femmes n’ont pas le droit à l’éducation, mariées très jeunes, plongées dans des foyers polygames où elles doivent tout endurer en silence.

Ramla rêvait d’être pharmacienne mais à 17 ans son oncle la marie de force à un cinquantenaire qui a déjà une épouse.

Sa demi-sœur Hindou est mariée de force à son cousin qui va prendre un malin plaisir à la battre. Ses parents lui demandent de supporter, de continuer à aimer son mari, s’en occuper. 

Safira n’est pas instruite. Les femmes naissent uniquement pour l’homme et leurs enfants. Mariée très jeune à son époux, le second mariage de ce dernier bouleverse sa vie. Elle décide de pourrir la vie de sa co-épouse, de reconquérir son mari. 

La lecture de ce roman m’a révoltée et dire qu’il est basé sur des faits réels !

C’est un roman engagé qui donne l’envie de combattre toutes ces coutumes qui avilissent la femme. Elles doivent être bannies.

 

Pour l’acheter, cliquez ICI

 

Quel livre auriez-vous choisi ? Faites-moi sortir des sentiers battus ! 

 

 

Une citation tirée du roman : Les yeux trahissent toujours les faiblesses du cœur, même les plus voilées.

 

fleur v1

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De haute lutte – Ambai – littérature 91

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« Ce n’était pas à une forêt ordinaire que Chentiru pensait, mais plutôt à la forêt des poèmes classiques tamouls, au cœur de laquelle une eau pure comme le lait se jette en cascade entre des parois rocheuses où s’accrochent des ruches sauvages. Elle voulait séjourner dans une forêt. Une forêt pour laisser derrière elle les bruits de voitures, de conversations, de pas, d’appareils ménagers. »

C’est ainsi qu’on entre, par la puissance du verbe et de l’image, dans l’univers si singulier d’Ambai. Qui nous mêle sans crier gare à la destinée de femmes on ne peut plus habitées – écrivain, musicienne, éditrice, ou femme au foyer par accident –, bousculant soudain, à la faveur d’un geste, d’un départ, d’un renoncement, leur monde tel qu’il est.

Avec son écriture limpide soudain balayée par un trait percutant, Ambai donne au short cut toute l’ampleur du temps romanesque.

l'Afrique écrit

Premier auteur indien que je lis. Je vous ai déjà dit que l’Inde n’est pas un pays que j’affectionne particulièrement à cause de ses castes. 

Ce recueil me donne-t-il une raison supplémentaire pour ne pas l’aimer ?

Non. Ambai met en lumière les merveilles de l’Inde. Elle m’a fait découvrir la poésie indienne, la musique carnatique. J’ai découvert un pan de la mythologie indienne à travers la dernière nouvelle du recueil intitulée la forêt. Une nouvelle que je n’ai d’ailleurs pas complètement saisie. Il m’a été difficile de trouver la frontière entre le réel et l’imaginaire.

Ambai n’oublie pas d’évoquer le laid. Elle nous fait découvrir la valeur accordée aux femmes dans ce pays. Elles sont offertes aux hommes. Qui sont-elles pour qu’on daigne leur demander leurs avis ?

Elles ne doivent pas accorder trop d’importance à l’éducation. On leur demande de n’exister qu’à travers leur homme, de ne pas rompre le cordon ombilical. C’est l’homme qui fait la femme. En dehors de lui, elle est fragile.

 

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Il y a des hommes qui ne sont pas prêts à partager des responsabilités au sommet de l’entreprise avec des femmes.

Des hommes ont peur du succès de leurs femmes à l’instar de Shanmugan dans la nouvelle De haute lutte. Il ressent un sentiment d’infériorité face à l’éclatant talent de sa femme. En bon époux hindou, il la cantonne peu à peu à la maison et l’éloigne de la scène… 

Il y a des hommes qui veulent que les femmes restent à la cuisine

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La nouvelle qui m’a le plus touchée est celle de Châyâ, prisonnière de sa vie d’épouse. Il y a des hommes qui tuent les rêves de leurs femmes, les empêchent de se mouvoir. Il ne leur vient pas à l’esprit de se demander ce qui pourrait rendre leurs femmes heureuses.

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Ambai a une écriture très poétique et les traducteurs l’ont fidèlement retranscrit.

 

fleur v1

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Le chœur des femmes – Martin Winckler

Couverture Le choeur des femmes

Ce livre a rejoint ma PAL fin 2017 car le résumé était alléchant. Je l’ai téléchargé sans me soucier du nombre de pages. En 2018, je l’ai mis de côté à cause de ce critère. Vous savez que je n’aime pas les pavés. 😀

A la dernière session du challenge Des gages ta Pal, la gagnante m’a choisi ce livre qui était également dans sa PAL et dont on ne lui a dit que du bien.

Les commentaires sur Livraddict étant plutôt élogieux, j’ai ignoré le nombre de pages et débuté ma lecture.

abandoned antique architecture building
Photo de Pixabay sur Pexels.com

 

J’ai découvert Jean Atwood, interne des hôpitaux et major de sa promo. Elle se destine à la chirurgie gynécologique. Elle vise un poste de chef de clinique dans le meilleur service de France. Mais on l’oblige, au préalable, à passer six mois dans une minuscule unité de « Médecine de La Femme », dirigée par un barbu mal dégrossi qui n’est même pas gynécologue, mais généraliste !

Jean est enragée. Elle ne veut pas perdre son temps à écouter des bonnes femmes épancher leur cœur et raconter leur vie.

Je ne comprends pas que des gamines se mettent à coucher si tôt ; déjà à vingt ans c’est pas une partie de plaisir, alors à quatorze !

 

Arrogante, hautaine, grossière, elle est. Elle fait souvent rire mais ses défauts trop gros m’ont agacée durant la moitié du livre. Heureusement, elle va apprendre au contact du Dr Karma à développer un caractère plus bienveillant.

Parlons donc de ce super médecin à l’écoute et au service des femmes. Il va permettre à Jean de développer les attitudes d’un vrai médecin. Militant pour le respect du corps des femmes et leurs histoires personnelles, l’écoute des patientes et la recherche de leur bien-être. Il montre du doigt toutes les violences gynécologiques faites aux femmes.

Notre boulot, ça n’est pas de lui dire que ce qu’elle ressent est « vrai », ou « faux », mais de chercher pour son bénéfice, et avec son aide, ce que ça signifie.

 

Il rappelle qu’un médecin accompagne son patient et ne doit pas s’ériger en donneur de leçons.

Dr Karma est le médecin par excellence. J’ai trouvé que c’était un peu démesuré. J’ai eu l’impression que tous les médecins étaient méchants et qu’il était le seul médecin compétent et bienveillant dans le monde.

Mais ceux qui font bien leur boulot, on n’entend jamais les femmes s’en plaindre. Le problème, c’est tous ceux qui ne le font pas. Et personnellement, je les trouve beaucoup trop nombreux.

Les thèmes abordés sont pertinents : l’éthique médicale, l’intersexualité, la violence gynécologique, le sexisme, etc… Personnellement, ce livre m’a rappelé combien l’empathie est importante et qu’il fallait apprendre à respecter les choix des autres, à écouter sans juger. Je cite le Dr Karma: “Respecter, ne veut pas dire adhérer.”

Mais j’avoue que j’ai eu du mal avec la structure narrative. Elle m’a empêchée de réellement prendre plaisir à la lecture. Il y a un mélange de genres : récit, chronique, chansons, extraits de poèmes. J’ai trouvé que le tout était mal agencé. Il y a également un trop-plein de descriptions inutiles, une redondance de chroniques qui ont accentué mon ennui.

Par ailleurs, j’ai trouvé l’histoire familiale de Jean trop mièvre.

Tous ces bémols font du chœur des femmes, une lecture mitigée pour moi. 

Avez-vous lu ce roman ? Qu’en avez-vous pensé ?

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La folie était venue avec la pluie

Cette année, je n’ai fait que quelques heures au Salon International du Livre d’Abidjan et j’ai mis ce temps à profit pour acheter les livres d’ailleurs à l’instar de La folie était venue avec la pluie de Yanick Lahens.

La folie était venue avec la pluie

 

Les nouvelles de Yanick Lahens racontent la vie quotidienne haïtienne sans la ménager –avec toute la violence, la misogynie et la misère dont ses récits attestent. Mais, il y a aussi chez elle ce refus qui fait l’espoir. Même s’il ne s’agit que de l’échappée belle de la jeune protagoniste dans la nouvelle éponyme du présent recueil, lorsqu’elle proteste : « la première fois, je ne voudrais pas que ce soit Obner ». Et moi non plus, je ne le voudrais pas. De tout mon cœur. Pour une fois que ce ne soit pas une histoire de viol. Pour une fois. « J’ai douze ans et je me sens forte et belle ». Carolyn Shread

 

l'Afrique écrit

Huit nouvelles, d’environ une quinzaine de pages chacune, montrent une population désœuvrée, vaincue, marquée par la pauvreté et la violence.

L’auteure ne nous cache rien. Transparente, elle expose la nudité de ce pays. On n’a pas idée de la violence qui y règne en maître. Les relations homme-femme sont celles que l’on retrouve un peu partout dans le monde. Les femmes vues comme un objet sexuel, considérées comme des êtres inférieurs à l’homme.

J’ai beaucoup apprécié la nouvelle trois morts naturelles pour sa narration à la deuxième personne. J’ai un gros faible pour ce type de narration.

J’ai été charmée par la belle écriture de Yanick Lahens mais la lectrice exigeante que je suis attendais plus des nouvelles. Je m’attendais à des nouvelles plus poignantes, à des chutes plus saisissantes.

 


 

En cherchant des informations sur l’éditeur, j’ai appris que Yanick Lahens a été invitée à occuper la Chaire Mondes francophones du Collège de France pour l’année 2018-2019. Elle est la première personnalité à animer cette chaire qui entend mettre en avant toute la pluralité, la diversité et la richesse de l’espace francophone.

La leçon inaugurale a pour thème : « Urgence(s) d’écrire, rêve(s) d’habiter ». J’ai écouté et ai été bluffée par le bagage littéraire de cette auteure fière de son pays et sa littérature.

Les cours intitulés « Haïti autrement » sont au nombre de sept. J’ai écouté trois cours qui m’ont permis de mieux comprendre l’évolution et les contours de la littérature haïtienne.

Entre l’ancrage et la fuite

Haïti dans l’imaginaire des autres

La littérature de la diaspora : j’ai découvert des noms d’auteurs, les lieux vers lesquels ils ont immigré : Afrique, Amérique, Europe. J’ai découvert notamment Roger Dorsinville qui situe l’Afrique au centre de l’éthique et de l’esthétique de ces textes.

Son exposé sur René Depestre m’a donné l’envie de découvrir deux de ses recueils de nouvelles.

extrait cours yanick lahens college de france

 

Le 20 Juin prochain, il y aura le colloque. N’hésitez pas à y aller si vous pouvez ou à écouter les rediffusions.

 

GM signature

 

 

 

 

 

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Tête-à-tête inattendu-tome 1 saga Westmoreland

Après avoir lu Serments interdits, j’ai voulu découvrir un autre roman de Brenda Jackson. Quatre de ses romans ont donc débarqué dans ma PAL.

J’ai commencé par le tome 1 de la saga des Westmoreland.

Delaney Westmoreland est diplômée de la fac de médecine. Après huit années d’études intenses, Reggie, son cousin, a estimé qu’un mois au chalet lui ferait le plus grand bien. Sauf que le chalet est déjà habité par le cheikh Jamal Ari Yassir, prince de Tahran.

Son ami Philip, co-propriétaire du chalet avec Reggie, lui a proposé le chalet par amitié. Il avait besoin de s’isoler quelque temps. Chaque fois que la presse a vent de sa présence aux USA, il est harcelé par les journalistes.

Chacun aimerait que l’autre débarrasse le plancher afin de profiter de la solitude. Ils finissent tous les deux par capituler. Le chalet compte trois chambres avec salle de bains privée. Il devrait donc y avoir assez de place pour deux sans crainte.

Sans crainte ? Et les regards pénétrants et torrides échangés ?

Il y a urgence du désir, nos deux protagonistes sont subjugués par le corps parfait de l’autre.

Il y a urgence du plaisir. Nos protagonistes ne perdent pas le temps. C’est la marque de fabrique de Brenda Jackson selon moi. L’attirance est perceptible dès les premières pages.

Delaney et Jamal ont deux cultures différentes. Jamal est habitué aux femmes dociles, soumises et sans caractère. Dans son pays, les femmes font ce qu’on leur dit. Il est habitué à ce que ses désirs soient exaucés.

Delaney n’est pas une petite nature. C’est une femme forte. Féministe jusqu’au bout des ongles, elle refuse les stéréotypes liés au genre. Petite sœur de cinq grands frères, elle a très tôt appris à ne pas s’en laisser conter par les représentants du sexe opposé. J’ai beaucoup apprécié sa personnalité. 

Jamal opina, puis une autre question lui vint à l’esprit.

– Et ta lingerie ?

– Ma lingerie ? répéta-t-elle, manifestement surprise. Quoi, ma lingerie ?

– C’est le style de dessous, euh… – il toussota avant d’enchaîner- le style qu’une femme porte pour séduire les hommes. Pourquoi avoir emporté une telle tenue pour ton séjour au chalet, alors que tu pensais être seule?

– Même s’il n’y a personne pour le remarquer, j’aime être sexy. J’achète mes dessous pour moi, avant de le faire pour un homme.

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Jamal et Delaney vont s’apprivoiser, s’aimer passionnément, devenir un besoin, une drogue, le destin de l’autre.

Puis une autre émotion, plus forte, plus durable, le submergea. Émotion qui jusqu’à ce jour était restée une donnée abstraite et inconnue, mais qui soudain prenait une ampleur, une épaisseur, au centre même de son cœur…

L’amour.

Il l’aimait.

Ce tome 1 de la saga est une belle romance de couple mixte. Lecture fluide et divertissante. Il n’y a pas de rebondissements complexes. Dans la vraie, je pense que le mariage entre un prince arabe et une afro-américaine aurait engendré des remous.

J’ai noté une incohérence.

« Quel moment sublime que la sensation de ce petit bout de chair rose se durcissant sous sa langue ! »

Delaney est afro-américaine et je ne pense pas que le bout des seins des noires soit rose (rires)

 

Ce tome nous fait découvrir les frères Westmoreland qui feront l’objet des prochains tomes. Ils sont drôles, intéressants.

J’ai maintenant envie de lire le tome 3 afin de découvrir Thorn et Tara, l’amie de Delaney qui a un caractère bien trempé. Leurs deux personnalités m’ont plu. Ils feront des étincelles !

J’ai soif de romance de couple mixte. Si vous les voyez quelque part, signalez-les moi.

 

veronica lodge please GIF by Camila Mendes

 

PS : Je préfère la couverture en anglais à celle proposée par Harlequin qui n’a rien à voir les héros du roman. La couverture en anglais illustre l’une des scènes du livre. 

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Bon mercredi en lecture les amis !

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