Publié dans Interviews

Quand on est poète, on est peintre, scénariste, musicien

Mes amis bien le bonjour ! Ma douce mémoire m’a rappelé une situation énigmatique. Il y a deux ans, ça ne m’avait fait pas rire du tout. J’ai été tellement peinée que j’ai écrit un article sur le sujet.

J’avais contacté le magazine AMINA pour que Chimères de verre apparaisse dans leur magazine. Ils avaient accepté à ma grande surprise de lire l’oeuvre. M R, l’une des journalistes a apprécié l’oeuvre et m’a proposé une interview pour le magazine. J’avais sauté de joie ! Deux mois après l’envoi de l’interview, je n’avais toujours pas de retour du magazine. Où l’interview a-t-elle été publiée ?

J’avais envoyé des mails de relance, j’avais aussi appelé. M R m’avait dit que cela avait été publié en septembre 2015 et qu’elle m’enverrait le PDF. Nous sommes en 2017 et je n’ai toujours rien reçu. 

Ayant beaucoup aimé l’interview, je vous la partage. N’hésitez pas à me laisser vos impressions. 


Parlez-nous un peu de vous. 

Je suis une jeune femme rêveuse et romantique. A 17 ans, j’ai quitté mon pays, la Côte d’Ivoire, pour poursuivre dans un premier temps des études de sciences économiques et de gestion au Maroc puis des études en gestion des risques financiers et contrôle de gestion-audit en France.

Je suis une fervente lectrice depuis mon enfance. A l’adolescence, la lecture a dû partager sa place dans mon cœur avec une autre dame: l’écriture.


C’est avec talent que vous jouez avec la musicalité des mots. Pourriez-vous nous conter votre histoire avec la poésie ?

J’écrivais des chansons quand j’étais au collège mais elles ne comportaient pas de rimes. J’aimais bien les poèmes mais je n’avais jamais pensé en écrire.

A 15 ans, assise à mon poste de garde en tant que Scout lors d’un séminaire religieux à Divo (Côte d’Ivoire), des vers ont jailli de mon esprit. A la fois surprise et émerveillée, j’ai décidé d’écrire ces vers pour ne pas les oublier. En les écrivant, d’autres vers ont suivi; mon premier poème venait de voir le jour.

Au lycée, j’avais fait la connaissance de la poésie romantique et j’avais apprécié ce courant alors quand j’ai eu envie d’écrire pour me décharger des maux de la vie, la poésie s’est imposée comme le canal d’expression par excellence.  


Quelle est votre idée de ce genre littéraire ?

Il mérite d’être davantage promu dans la génération actuelle. C’est un genre riche et complet pour moi car il regroupe tous les arts. Quand on est poète, on est peintre, scénariste, chanteur, musicien et sculpteur à la fois.


Quels sont vos poètes préférés ?

Alphonse de Lamartine, Alfred de Musset et Esther Granek.


Votre père semble avoir été au cœur de votre démarche artistique en vous insufflant la fibre littéraire. Avez-vous un souvenir ou une anecdote à nous raconter à ce sujet ?

Mon père est professeur de français et il a trois grandes bibliothèques où livres, dictionnaires et encyclopédies débordent. Il les consultait régulièrement et je me demandais ce que ces grands livres contenaient. Pour satisfaire ma curiosité, je les ai feuilletés et mon intérêt pour la littérature a débuté ainsi.

Mes frères et moi avions l’habitude de dire «truc» pour nommer des objets et à chaque fois, mon père nous réprimandait. Il disait que chaque objet avait un nom bien précis dans le dictionnaire et qu’on devait le nommer correctement. Cela m’a permis de désigner avec précision chaque chose et de faire attention aux mots que j’emploie…

Pourrait-on dire que l’enfance est l’élément fondateur de votre écriture ?
Si on fait référence à l’enfance en tant qu’innocence, je dirais oui.  

«Chimères de verre» s’ouvre par une citation de voltaire « Il est beau d’écrire ce que l’on pense, c’est là le privilège de l’homme». Aviez-vous eu des réserves quant au fait de vous dévoiler de la sorte ?

Oui, j’ai longtemps hésité avant de publier ce recueil parce qu’il est très intime. Je suis une introvertie, mes peines, mes peurs, mes luttes, je les garde pour moi. En me dévoilant de la sorte, j’ai eu peur de changer le regard que me portent mes amis, ma famille et de livrer une part de moi à des inconnus.

Alfred de Musset a dit: «On naît poète, on devient prosateur». Qu’en pensez-vous ?

 Je pense qu’on naît ce qu’on doit devenir. Après on peut refuser de devenir ce pour quoi on est né. (Sourire)

 

Y a-t-il des lieux ou des moments particulièrement propices à l’écriture ?

 Quand j’écris un roman, il y a des lieux ou des moments qui sont particulièrement propices à mon inspiration. Pour écrire un poème, ce sont plutôt des événements qui sont particulièrement propices.  

Bâtissez-vous vos poèmes avec une architecture prédéfinie ?

Oui. Le nombre de vers d’un poème et les rimes utilisées ne sont pas fortuits. La structure de mes poèmes dépend du sentiment que je veux mettre en exergue.

En utilisant une rime en «an» par exemple, je fais allusion à mes gémissements de douleur.

Vous évoquez la fragilité du temps qui passe et les échecs que vous avez vécus. L’écriture vous a-t-elle conféré une force pour aller de l’avant ?

Oui, écrire a été pour moi une thérapie. Aujourd’hui, j’entrevois un avenir radieux parce qu’en écrivant, je me suis débarrassée de tous les ressentiments qui étaient en moi. Ecrire m’a permis de faire cette introspection qui était nécessaire, de laisser mon passé derrière moi et de me porter vers l’avant.

Toute femme a connu un jour dans sa vie une déception amoureuse. Quel message souhaitez-vous leur faire passer ?

Je souhaiterais leur dire d’éviter de sacraliser l’objet de leur amour, de tirer les leçons de leurs déceptions amoureuses et d’éviter de reprendre le chemin qui a conduit à la déception.  Comme a dit Einstein, il ne faut pas faire la même chose encore et encore et en attendre de différents résultats.

 

Dans le joli poème intitulé « Afrique noire », on ressent votre culpabilité d’avoir tourné le dos à l’Afrique mais également la peur d’en être rejeté. Pouvez-vous nous en dire plus ?

 J’ai quitté l’Afrique noire parce que son instabilité politique, ses lacunes en matière d’éducation ne m’offraient pas les bases solides pour la construction de mon avenir. Je voulais le meilleur et l’Afrique ne me le donnait pas. En partant, je me disais que je reviendrais pour les vacances mais pas pour m’y établir. Mon retour définitif en Afrique noire, je le prévoyais dans les années 2020.

J’ai éprouvé de la culpabilité parce que ces pensées me donnaient l’impression d’avoir honte de celle qui m’a engendrée, de laisser l’Afrique noire à son triste sort et de mépriser tout ce qu’elle m’avait donné.  

J’ai acquis de nouvelles habitudes de vie, j’ai changé et j’ai peur que mon Afrique noire ne se reconnaisse pas à travers moi. J’ai peur qu’elle me considère comme une  étrangère, différente d’elle.

A travers ce poème, je m’interroge aussi sur ce qui caractérise un Africain. Est-on Africain parce que la couleur de notre peau est noire, qu’on décide de valoriser ses cheveux crépus ou qu’on s’habille en pagne?

Le thème central de votre recueil repose sur l’inconstance des hommes et leur capacité à vous laisser des stigmates au cœur. « Ne te confie pas à un homme. Garde toi de cette idole » « des autres n’attends rien tu seras déçue » Que répondriez-vous aux lecteurs qui vous taxerait de cynique ?

(Rires) J’ai foi en l’humanité mais cette foi n’est pas aveugle ou du moins elle ne l’est plus. J’ai été très naïve et cette naïveté a fait de moi une victime de la fourberie. A travers le récit poétique de mes mésaventures, je veux interpeller, dire qu’il faut user de vigilance, faire preuve de discernement dans nos rapports avec les autres. J’insiste sur le fait qu’il ne faut pas accorder sa confiance au premier venu.

On dit souvent que le vague à l’âme et la nostalgie sont roi et reine de l’inspiration…

Effectivement, ils sont mes principales sources d’inspiration.  

 

A plusieurs reprises vous qualifiez la femme de « sexe faible ». Pourquoi de tels propos?
Je qualifie la femme de «sexe faible» quand elle cède à la tentation de la facilité, quand elle manque d’audace et laisse une tierce personne décider à sa place.

Quelle est votre idée du féminisme ?

Le féminisme c’est voir la femme comme un être indépendant, libre de pensée, libre d’agir, libre de se mouvoir ; c’est reconnaître la valeur de la femme, son potentiel et lui attribuer ce qu’elle est en droit d’avoir et de recevoir.  

Le féminisme est cette dynamique qui défait ce que j’appelle «l’homméisation», cette croyance ancrée dans les esprits qui fait croire à la femme que son épanouissement dépend strictement d’un homme et qu’elle est l’être qui doit sacrifier le maximum de son bien-être pour celui des autres.

Le féminisme ce n’est pas transformer une femme en un homme, c’est tout simplement valoriser sa féminité et tout ce qui s’y rattache.


Seriez-vous tentée de vous lancer dans l’écriture d’un roman ou d’une nouvelle ?
Oui, mon prochain projet de publication est un roman.

Si vous ne deviez retenir qu’un mot de la langue française?

Grâce (cela n’a rien à voir avec le fait que je m’appelle ainsi. Rires)

Un seul objet sur une île déserte ?

Un livre.



Un petit mot de fin ?

Une vie sans poésie est une cellule de prison sans fenêtre…

Merci infiniment au Magazine Amina pour cette interview.

Merci aux actuelles et futures lectrices de Chimères de verre.


Envie de prendre la place de M R ? Posez-moi toutes vos questions les amis 😉

 

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