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Le fils de-la-femme-mâle de Maurice Bandaman

La littérature n’est pas une parole qui peut ou doit être fausse, à l’opposé de la parole des sciences ; c’est une parole qui, précisément, ne se laisse pas soumettre à l’épreuve de vérité ; elle n’est ni vraie, ni fausse, poser cette question n’a pas de sens : c’est ce qui définit son statut de fiction. Todorov

L’épigraphe situe le lecteur. L’univers dans lequel il entre n’est ni vrai ni faux. Plus loin, le narrateur tel un griot s’écrie : « Ecoutez ! Ecoutez ! Gens d’ici. Et gens d’ailleurs. Ecoutez ma voix. Je vais vous dire une histoire. Cette histoire est un conte. Cette histoire est comme un conte ! Elle dit vrai. Elle dit faux. Le vrai n’est pas forcément vrai. Et le faux n’est pas forcément faux ! Le vrai et le faux sont un couple !

Averti, le lecteur se laisse embarquer dans ce long conte et d’autres contes mis en abyme. Ce conte romanesque est l’histoire de trois générations d’homme portant le même nom : Awlimba Tankan.

Awlimba Tankan 1er du nom, vit à Glahanou, petit village des pays de la forêt et de la savane. Sa femme attend un enfant. Un soir, pris d’une furieuse envie d’aller chasser, il vivra une aventure d’où il en sortira avec un enfant hermaphrodite.

Awlimba Tankan 2e du nom refusera le savoir de l’occident et partira pour une quête initiatique de 7 ans où 7 maîtres lui apprendront divers enseignements

De retour de sa quête, il s’unira à une femme-mâle et donnera naissance à Awlimba Tankan 3e du nom qui instaurera un climat de justice, de paix et de solidarité dans le village.

Le fils de-la-femme-mâle est un texte polymorphe. Les codes du récit romanesque et de la tradition orale africaine se mêlent. Il a également l’allure du mythe, de la légende.

C’est un récit audacieux où l’invraisemblance, l’extravagance, le surnaturel et l’insolite construisent un monde parallèle. Un monde où l’on rencontre des personnages mythiques à l’instar de Mami Wata et des personnages contemporains comme Nelson Mandela.

Si le texte est empreint de poésie, il est également marqué par le langage cru, très vulgaire. Les personnages n’éprouvent aucune gêne à appeler un sexe un sexe et tout le champ lexical qui va avec. Je n’ai pas compris ce choix dans un récit qui je pense se veut esthétique.

Le fils de-la-femme-mâle, grand prix littéraire d’Afrique noire en 1993, offre une lecture détente. Grand merci à Youscribe et Canal+ qui m’ont permis de le lire 🙂

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Throwback Thursday Livresque 36 avec Maurice Bandaman

 

Thème de cette semaine : Imaginaire

Les littératures de l’imaginaire ne sont pas mes lectures préférées. Je ne suis pas une experte alors avant d’écrire ce billet, j’ai vérifié via Wikipédia si le livre à présenter pouvait s’inscrire dans les littératures de l’imaginaire.

Voici la réponse de Wikipédia : Il est néanmoins aussi possible d’y inclure les contes et les mythes ainsi que, plus spécifiquement, les récits surréalistes et le réalisme magique

Je peux donc vous parler de L’Etat Z’héros ou la guerre des gaous de Maurice Bandaman

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Dans L’état z’héros ou la guerre des gaous, l’auteur retourne à son écriture première, celle du conte-romanesque qui l’a révélé au monde. Il retrouve son style ample et plein de fougue, son verbe loufoque, ses images percutantes, cette « voix unique » qui fait de lui un grand conteur moderne.
Avec ce guide roublard et singulier qui sait brouiller les pistes, le romancier nous conduit dans des mondes étonnants où réalisme et surréalisme se croisent, fusionnent, se décroisent… Sous cet écheveau, le lecteur se fait une idée de l’histoire agitée de la Côte d’Ivoire qui fut coincée dans les serres de la guerre…

 

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Le livre a l’aspect d’un conte mais également d’un roman. Il commence par un chant  d’Akèdèwa. Pauvre qu’il était, Dieu l’avait rendu immensément riche. Il abusa de son pouvoir, et la punition de Dieu fut sa déchéance extrême.

Il se retrouve auprès de Kanégnon dont il devient le bras droit lorsque celui-ci accède à la présidence de la République de Boubounie. Un pays imaginaire qui ressemble fortement à la Côte d’Ivoire.

Akèdèwa est décrit comme une personne mystique, un prêtre de sciences occultes qui a le don d’ubiquité.

Kanégnon est un homme étrange, un prototype de ‘Thieni Gbanani’. Sa mère l’a porté pendant 21 ans, et depuis le sein de sa mère, c’est un redouté opposant au pouvoir en place.

On imagine que lorsqu’il accédera au pouvoir, il ne reproduira pas les erreurs de son prédécesseur. Hélas, Kanégnon fait pire. C’est un assoiffé du pouvoir, prêt à tout pour le garder.

Kanégnon nous fait voir les pires sacrifices humains et les méandres du mystique. Il nous fait assister à des orgies, nous dégoûte de la politique.

J’ai trouvé le règne de Kanégnon long. Il a fini par m’ennuyer. La thématique abordée est intéressante mais j’avais hâte de quitter l’atmosphère lugubre du roman. 

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Le pouvoir peut-il s’exercer sans abus ? Est-il incompatible avec les valeurs morales ?

 

Quel livre auriez-vous choisi pour ce thème ? Faites-moi sortir des sentiers battus ! 

 

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