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Amour, patrie et soupe de crabes – Johary Ravaloson

 » Antananarivo. Je voulais parler d’une place sans laquelle ma ville n’aurait été qu’une agglomération irriguée de commerce sans réel échange, habitée par des femmes et des hommes qui ne cohabitent pas. La place du 13-Mai m’a fait espérer plus encore : un sens à tout ça, un sentiment d’appartenance à l’avenir, car des ancêtres communs ne suffisent pas pour vivre ensemble. « 

l'Afrique écrit

De Johary Ravaloson, j’ai déjà lu Vol à Vif, Prix Ivoire 2017 et je désirais lire une autre oeuvre de ce bon conteur. 

Le premier personnage rencontré est un chauffeur de taxi abasourdi à cause de la disparition d’une place : la place du 13 mai. Une place historique qui a été rebaptisée Place de l’amour.

Cette place semble imposer une retenue au pouvoir, une peur latente du feu qui à tout moment peut le consumer

Conquérir la Place du 13-Mai c’est faire tomber le pouvoir. Le faire c’est le conquérir. Plusieurs fois déjà. Certains perdront leur vie, d’autres plus rares gagneront une place de ministre. La curie des pompiers incendiaires. Une lutte de places. Plus on s’éloigne du 13 Mai, plus c’est féroce et juteux. C’est si féroce et juteux qu’on oublie le 13 Mai, jusqu’à ce qu’à nouveau la foule afflue sur la place devant la mairie.

On comptait apaiser ainsi de si vieilles douleurs et un si récent sang versé. Place du 13-Mai, s’indignait-on, plus jamais ça !

Le Chauffeur de taxi semble distribuer les rôles. Quatre personnages sont introduits : Nivo Espérance, Justin Rabédas directeur de communication de l’Hôtel de ville et porte-parole du maire PDS, Liva, le chef du service de sécurité de l’Hôtel de ville et Héry, un 4-mis, un enfant de la rue.

Le lecteur n’a pas encore franchi le couloir de la 30e page qu’il assiste à une scène d’une violence inouïe : Héry est violemment frappé par les forces de l’ordre parce qu’il s’en est pris à la clôture de l’hôtel de ville. Laissé pour mort, il est recueilli par Mme Nivo Espérance.

Nivo Espérance est un sarimbavy, un homme efféminé. Né homme, elle se sent femme et veut vivre comme elle l’entend. A travers elle, c’est la thématique de l’identité et de l’affirmation de soi qui est évoquée. J’ai beaucoup été touchée par ce personnage.

Le lecteur découvre le côté urbain d’Antanarivo avec d’un côté les marginaux et de l’autre les puissants.

Il croise des hommes et des femmes, des morceaux de vie qui se croisent, s’entrechoquent.

Amour... Amour de soi, amour de l’autre soi.

Patrie... un groupe d’individus dont l’avidité ne décroît pas; un peuple, des révoltes et une faim qui ne tarissent pas.

Soupe de crabes…. des fouza, des hommes-crabes, de redoutables prédateurs.

Les fouza sautillent, d’autres fouza les écrasent pour sautiller de plus haut. Un fouza se méfie de tout fouza. Et il y a autant de clans fouza que de chefs fouza. Ils ne sont pas bons. Ils veulent tous être chef fouza à la place de tout chef. Ils sont parmi nous et ils veulent tout bouffer ; le riz dans les marmites, le riz dans les réserves, le riz dans les rizières, et même vos futures courses, encore dans le chariot grande taille de chez Jumbo score.

Ce roman dont la charpente est constituée de trente chapitres à la longueur plus ou moins variée a une dimension politique : l’enrichissement des hommes politiques sur le dos des collectivités, la corruption, les jeux d’alliance pour accéder aux bonnes positions, les fausses promesses sont décriés.

Il a également une dimension sociale : la condition des enfants de la rue livrés à eux-mêmes, non insérés dans les programmes sociaux des dirigeants.

Malgré la violence parfois présente, il règne dans ce récit une atmosphère de tendresse, de douceur grâce aux personnages. Chacun réussit à capter l’attention du lecteur avec ses bons et mauvais côtés.

J’ai apprécié le ton fluide de l’auteur qui favorise une accessibilité de l’oeuvre. Néanmoins, il a manqué à mon sens un glossaire pour expliquer les mots et expressions malgaches.

Christmas

Éditeur : Dodo vole 

Collection : Dodo plumitif

Date de publication :  2019

Nombre de pages : 320

Disponible aux formats papier et numérique 

Roman finaliste au Prix les Afriques 2020

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Fela back to Lagos – Loulou Dédola et Luca Ferrara

Le week-end dernier, j’ai participé à la 4e édition du Livr’échange.

J’ai apporté la candeur entachée et je suis repartie avec FELA BACK TO LAGOS!

La bande-dessinée est un genre auquel je me mets petit à petit. Le propriétaire du livre ayant dit un grand bien de l’oeuvre, je m’y suis plongée une fois rentrée à la maison.

Dans la mégalopole tentaculaire de Lagos, au Nigéria, Adedola est ce que l’on appelle un  » Area Boy  » : ces petits voyous des quartiers pauvres prêts à vous trouer la peau pour quelques dollars américains. Son quotidien ultra-violent ne connait de répit que lorsqu’il rend visite à son grand-père, avec qui il partage son amour pour la musique de Fela Kuti, le chantre de l’Afro Beat.
Ensemble, ils discutent pendant des heures de la vie du  » Black President  » et son combat, aussi bien musical que politique, pour le destin du peuple nigérian et africain. Mais le jour où son grand-père meurt, Adedola bascule dans une spirale autodestructrice. On le prétend possédé, prêt à être exorcisé par un pasteur dans l’une de ces cérémonies où l’on fait ingurgiter de l’acide aux jeunes pour les purifier…
Atrocement brûlé, Adedola est finalement laissé pour mort dans l’une des immenses décharges de la ville. Mais dans les limbes, il entend retentir le saxophone de son idole…

Les premières planches présentent Fela Kuti, le roi de l’Afrobeat dont je ne sais pas grand chose. Le découvrir à travers cette bande-dessinée m’a donné envie de lire l’une de ses biographies.

Ensuite Ade, l’adolescent qui se nourrit de la rue, intervient. On découvre un jeune homme, orphelin de père, qui vit de vol. Lorsque son chemin croise celui de Shina Edo et le pasteur Powell, sa vie bascule dans le néant.

Le lecteur est ancré dans la réalité de Lagos avec la violence urbaine, il côtoie également le surnaturel à travers les dieux et déesses yoruba. Il s’engage avec Ade dans une course contre la montre.

Fela back to Lagos a été une sympathique lecture. Plusieurs thèmes sont abordés notamment la vie de Fela Kuti, la mythologie yoruba, la manipulation des religieux et leur hypocrisie, la domination des puissants mais le déroulement de l’histoire trop précipité n’a pas permis l’exploitation des thèmes en profondeur. Le rythme est trop haché, il m’a manqué des transitions.

Certains passages m’ont échappée. Je suis restée sur ma faim quant aux sorts de Shina Edo et du pasteur Powell.

Parlant des dessins, les traits sont semi-réalistes et ne m’ont pas vraiment charmée. Au niveau de la colorisation, il y a une alternance entre couleurs chaudes et couleurs ternes. J’aurais voulu qu’il y ait une prépondérance de couleurs chaudes.

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Love is Power ou quelque chose comme ça

Prenez deux vieilles femmes abandonnées à leur sort, un jeune homme dont l’unique ambition est d’être un arnaqueur du web, des enfants de 14 et 12 ans livrés à eux-mêmes, une mère ivrogne, un professeur qui a une relation extra-conjugale avec l’une de ses élèves, une épouse violentée par son mari dès qu’il endosse son uniforme de policier, un homme qui souffre de mauvaise haleine, des agents des forces de l’ordre corrompus, un couple qui se dispute l’amour de leur unique enfant, un cousin épris de sa petite cousine, un couple interracial qui s’aime sans engagement. Placez les au Nigéria en faisant une escale rapide à Nairobi. Donnez à ces hommes et femmes le temps de s’exprimer et vous obtiendrez Love is Power ou quelque chose comme ça.

Adrian Igoni Barrett fait une étude captivante des mœurs au Nigéria et nous montre les multiples facettes de ce pays. Le Nigéria et son instabilité politique des années 70, ses bandits de grand chemin, ses arnaqueurs, sa population en proie à la misère.

L’amour occupe une grande place dans ce recueil et est exposé avec ses multiples visages : amour interdit, possessif, exclusif. L’amour est interrogé, éprouvé.

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Le sexe est monnaie d’échange, moyen de pression ou plaisir tout simplement.

La plume d’Adrian Igoni Barrett a été une belle découverte. J’ai trouvé son écriture succulente. J’ai eu l’impression à chaque nouvelle de découvrir un auteur différent. Les nouvelles sont de longueur variée et chacune d’elles possède un style singulier.

Mes nouvelles préférées sont : Ce qui était arrivé de pire, le problème de ma bouche qui sent, Godspeed et Perpetua, une histoire d’allées et venues à Nairobi.

 

Ce qui était arrivé de pire

Veuve, Maa Bille se sent abandonnée par ses enfants qui vivent pour la plupart à l’étranger. Elle doit aller au CHU pour une énième opération des yeux mais il n’y a personne pour l’accompagner. 

Cette nouvelle plaisante aborde le “devoir” des enfants envers leurs parents. Des parents qui se sont pliés en quatre pour leurs enfants et qui attendent un peu le retour de l’ascenseur. Leurs enfants doivent-ils toujours être présents pour eux ? Doivent-ils leur rendre tout le bienfait ? J’ai bien aimé la réponse de Maa Bille

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Le problème de ma bouche qui sent

Une nouvelle pleine d’humour où un homme nous confie son problème de mauvaise haleine.

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Godspeed et Perpetua

Une différence d’âge entre un homme et une femme. Un mariage arrangé où va naître lentement l’amour. Puis l’enfant vient et l’amour devient exclusif. Père et fille s’installent dans un monde où la mère n’est pas conviée. Cette dernière se réfugie momentanément dans la religion. Des années s’écoulent et la politique entre en jeu.

Il y a du rire, des larmes dans cette nouvelle. La chute m’a émue.

 

Une histoire d’allées et venues à Nairobi

Un couple mixte où l’homme veut vivre un amour sans engagement, un amour au présent, n’a pas envie de se nourrir de promesses. J’ai apprécié l’interpellation de Leo dans ce magasin où des indiennes ont fait preuve de racisme. Les Indiens et leurs castes de merde !

Ces petites phrases sur l’amour m’ont fait sourire :

« L’amour, c’est revenir même quand tu ne peux pas »

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J’ai reçu ce livre lors du Colore ton swap. Pour en savoir plus, cliquez ICI

L’image mise en avant a été prise au restaurant POINT BARRE au Plateau (Abidjan), un restaurant cosy avec une décoration très littéraire. 

 

signature coeur graceminlibe

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La fille du roi araignée – Chibundu Onuzo

Lagos est un univers avec deux planètes, celle des riches et leur luxe affolant et celle des pauvres et leur misère désolante.

Deux planètes qui ne se rencontrent que par l’entremetteur qu’est l’amour.

À dix-sept ans, Abike Johnson, la fille d’un richissime magnat de Lagos, a l’habitude de se laisser porter par l’immense Mercedes noire de son père dans les rues de la ville. Un jour, alors que la voiture est assaillie par des vendeurs à la sauvette, le regard d’Abike croise celui d’un colporteur : jeune, beau, élégant sous ses haillons, il détonne dans la foule. Lui vit dans un quartier mal famé. Tous les jours, il parcourt des kilomètres en vendant des glaces pour subvenir aux besoins de sa sœur et de sa mère. Abike découvre un univers inconnu qui la fascine et invite à son tour le jeune homme dans son monde.

Le colporteur a un surnom mais est désigné par sa profession tout au long du livre. Une façon de le rabaisser, le cantonner à son environnement ?

Le jeune homme est attachant. J’ai apprécié son courage, son dévouement au service de sa famille. Joke, sa petite sœur est une blague à elle seule. Insolente, elle nous apporte quelques moments de rire.

Ce roman relate avec précision le climat social de Lagos : les familles moyennes vivant au-dessus de leurs moyens, les sollicitations financières de la famille élargie qui s’étendent à l’infini, la solitude face aux problèmes financiers et ces riches dont la fortune repose sur corruption, proxénétisme et autres pratiques douteuses.

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Au début, j’ai cru lire une histoire d’amour young adult sans relief puis est venu le moment où les secrets du passé ont refait surface. La romance s’efface pour laisser la place à un thriller. Nos amoureux doivent choisir leur camp : celui de l’amour ou le rétablissement de la justice.

On a envie d’action. Les masques tombent, les apparences trompent…

Grands manipulateurs et novices en la matière élaborent leurs stratégies.

J’aurais voulu qu’Abby (vous découvrirez qui c’est en lisant le livre) perde à son jeu de séduction, que Runner G sorte glorieux et non honteux de sa vengeance mais l’auteure en a décidé autrement.

Merci à Chibundu Onuzo pour ce voyage divertissant à Lagos. L’alternance des points de vue marqués par un changement de la police d’écriture est un peu déroutante au début mais on finit par s’y habituer.

 

Pour en savoir plus sur le roman, cliquez ICI

 

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La saison des fleurs de flamme – Abubakar Adam Ibrahim

Je suis parfois lasse d’écrire des chroniques après mes lectures. En pareille circonstance, un livre arrive, me choque et me donne l’envie d’écrire. Ça a été le cas avec La saison des fleurs de flamme.

L’oeuvre est scindée en deux parties aux proportions différentes. Des proverbes parfois comiques introduisent chaque chapitre.

Si on n’avait rien su des origines du vautour, il aurait prétendu qu’il venait de Médine, proverbe introductif du chapitre 25

 

Hajiya Binta Zubaïru vit avec sa nièce Fa’iza et sa petite fille Ummi dans un faubourg du Nigéria. Veuve depuis dix ans, elle est cambriolée un jour par Reza, un voyou aux cheveux hérissés. Ce jour-là, Binta renaît. Ses désirs longtemps réprimés au cours de son mariage sont libérés au contact de cet homme.

Binta répond à l’appel des sens, se laisse emporter par la passion. Une idylle érotique et secrète naît entre une bonne musulmane, respectable mère de famille et l’un des seigneurs à San Siro, immeuble inhabité qui est le repaire des dealers.

 

A San Siro, l’herbe était reine. En marge de ce trafic, certains garçons revendaient aussi d’autres produits : codéine, sirops divers, Tramadol et autres mixtures, mais pour le voyou aux cheveux hérissés, l’herbe était le summum

 

Une idylle naît entre une femme de 55 ans et un homme de 25 ans. Trente ans d’écart choquant la bienséance mais minimisés par la passion.

La passion fait fi des différences et de la perception qu’on a de ceux qu’elle possède. Elle ne distingue ni le bien ni le mal.

Pourquoi il faudrait que les choses soient bien ou mal ? Pourquoi elles seraient pas tout simplement comme elles sont ?

Ce qui lie Binta à Reza m’a gênée. Au-delà de leur grande différence d’âge, il flotte entre eux un parfum d’inceste. Binta voit en Reza le fils aîné qu’elle a perdu, celui à qui elle n’a pu témoigner de l’affection à cause de cette tradition arabe qu’est la kunya. Reza voit en Binta la mère absente, celle qui l’a délaissé.

Dans ce roman, il n’est pas que question d’amour illicite. L’auteur dépeint l’atmosphère politique du Nigéria : manipulations et menées pour acquérir le pouvoir, corruption de la police, échecs des politiques sociales, économiques. C’est désolant de voir ces jeunes hommes à qui l’on donne des diplômes sans leur garantir un avenir professionnel.

L’auteur évoque les conséquences des conflits religieux à Jos à travers le traumatisme de Fai’za. Il pointe du doigt le poids des traditions, traditions parfois sordides. J’avoue n’avoir rien compris de la kunya. Le concept est resté flou dans mon esprit. J’ai déploré le fait que l’auteur ne le décrive pas assez. Google est mon meilleur ami mais il n’a pas pu me donner de plus amples informations.

L’histoire se compose de plusieurs drames bouleversants. Au milieu de ces drames, la flamme de l’espoir persiste.

Leila, même si tu sais que le monde doit finir demain, plante un arbre.

 

Les voix de Binta, Leila, Fai’za nous somment de continuer à croire en l’humanité, croire que l’homme est encore capable du meilleur et non du pire. J’ai beaucoup apprécié la pluralité des portraits de femmes dans l’oeuvre.

 

Je découvre la plume de l’auteur et elle est agréable à lire. Le ton employé est mélancolique, tragique. Le langage est souvent imagé, le style logique (phrase enrichie de subordonnés). Quelques longueurs ralentissent la fluidité de la lecture mais n’entachent pas la qualité du roman

La saison des fleurs de flamme est à mettre entre les mains des passionnés de la morale, de la passion, de la politique. Ils risquent d’aimer. 

 

l'auteur du mois

L’auteur, Abubakar Adam Ibrahim, est journaliste. Il a 39 ans. Son premier roman, Season of Crimson Blossoms, a été publié en 2015 par Parrésia (Nigeria) et Cassava Republic (Royaume-Uni). Il lui a valu le prix de littérature NLNG, le plus important prix littéraire nigérian, représentant 100 000 dollars. Il est publié en traduction française en 2018 par les Éditions de l’Observatoire sous le titre La Saison des fleurs de flamme.

 

Pour plus d’informations sur le livre, cliquez ICI

 

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Tristan – Dans le cœur d’un gigolo

Tiré à quatre épingles, ce jeune homme charmant sur la première photo de couverture du roman attire l’attention. Il semble s’appeler Tristan et être un gigolo.

La quatrième de couverture confirme ces impressions.

Résumé de l'oeuvre

Tristan Nkowet alias TnK est connu du tout Libreville. Célèbre pour sa débauche, il est amateur de voitures luxueuses et de femmes mûres. C’est aussi l’un des meilleures amis de la mystérieuse Angela Demona, une jeune entrepreneure flirtant avec la sphère du pouvoir dans la Capitale gabonaise.

Au début, Nuria Yabavi, fraîchement débarquée à Libreville pour des raisons professionnelles, n’est qu’un défi pour notre gigolo. Mais très vite, le jeune homme se rend compte qu’il y a un mystère au fond des yeux de la belle, en essayant de le découvrir cependant, ce sont ses propres secrets qu’il se verra obligé de dévoiler.

l'Afrique écrit

Pour quelles raisons un homme qui a effectué des études supérieures à l’étranger, vit chez sa mère et se fait entretenir par des femmes plus âgées que lui ?

Que cache Tristan ? Son activité professionnelle intrigue. Il bosse avec l’intrigante Angela Demona mais des missions lui sont confiées par un certain NX. 

Est-ce un espion ? Pour qui travaille-t-il ? Quel est son but ? Le mystère règne. Corruption, sorcellerie, concupiscence, révélation des secrets du passé s’invitent au bal du mystère et nous montrent ce qu’une femme est prête à faire pour sortir de la pauvreté, garder l’homme qu’elle aime.   

L’auteure adore la littérature sentimentale. La romance intervient dans ce roman et c’est la première fois qu’une histoire d’amour écrite par Mady Remanda ne fait pas vibrer ma corde sensible.  

Tristan et Nuria ne m’ont pas touchée. J’ai trouvé leur histoire assez basique. Leurs histoires personnelles ont eu plus d’attrait pour moi que leur histoire commune.

Le personnage qui m’a hautement intéressée c’est Angela Demona. Belle, sûre d’elle, véritable femme d’affaires avec les qualités et défauts rattachés au statut. Mi-ange, mi-démon, elle semble cacher de lourds secrets.

Tristan, dans le cœur d’un gigolo a posé les bases de la Saga Double face. Ça a été une lecture fluide, assez rythmée. J’ai maintenant de grosses attentes concernant le tome 2. J’espère que les mystères seront éclaircis, qu’il y aura encore plus de rebondissements et qu’un focus sera fait sur Angela Demona. Je veux percer son mystère.

Christmas

Nombre de pages : 201

Éditeur : Amazon

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Les cris de l’innocente – Unity Dow

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Un polar écrit par une auteure botswanaise ? J’achète ! Il combine mes deux challenges personnels : lire un auteur de chaque pays africain et lire des polars africains.

Le récit débute par la description d’un homme. Au dire de tous, il était un honnête homme. M. Disanka, quarantenaire, était un bon mari, un bon amant, un bon père, un bon homme d’affaires. M. Disanka a tout mais il semble lui manquer quelque chose lorsqu’il contemple la petite fille.

 

Il ne lui voulait aucun mal. Simplement, il la voulait, avait besoin d’elle.

 

Le 2e chapitre est consacré à la description de l’arrogant sous-chef Motlabusa Bokae, l’homme qui aurait pu être chef. Le 3e chapitre au proviseur adjoint Sebaki. Trois hommes ambitieux, trois piliers de la communauté qui projettent d’accomplir une tâche. Laquelle ?

Le lecteur n’a pas le temps de s’interroger davantage car un autre personnage est présenté. Une jeune femme admirable, ambitieuse. Elle s’appelle Amantle et accomplit son service national dans un dispensaire de brousse, du côté des superbes paysages du delta de l’Okavango. Affectée à des tâches subalternes, elle découvre une boîte contenant les vêtements d’une petite fille, couverts de sang. Il s’avère que ce sont ceux de la jeune Neo, disparue cinq ans plus tôt. Un meurtre horrible.

 

Ils ne pouvaient savoir que les ténèbres n’ont pas toujours le courage de garder le mal pour elles.

 

Les villageois pensaient de toute évidence que la fillette avait été tuée pour ce que les Sud-Africains appelaient muti et que la langue setswana désignait sous le terme de dipheko. La police avait classé l’affaire. Véritable empêcheuse de danser en rond, Amantle va relancer l’enquête, au grand dam des autorités locales.

 

Les choses sérieuses commencent. Les crimes rituels perpétrés par des gens haut placés sont dénoncés.

Ces hommes recherchaient des parties du corps, surtout les seins, l’anus et le cerveau de jeunes enfants. Ils étaient connus sous de nombreux noms effrayants, dont les Borakoko : “les hommes du Cerveau”. Leurs pouvoirs étaient tels qu’on n’arrivait jamais à les attraper.  

Amantle aidée par une amie avocate va tenter de coincer les coupables du meurtre rituel de Neo. Leur enquête va tourner au ralenti, faute d’informations. C’est un peu agaçant quand on s’attend à de l’action. 

J’ai ressenti comme un goût d’inachevé au terme de ce roman. Si les coupables sont démasqués, jamais ils ne seront punis. J’ai ressenti de la peine pour la mère de Neo. Au Bostwana, ce sont les riches qui sont protégés…

Les cris de l’innocente est un polar ethnique où trahison, impuissance, injustice et silence se côtoient. Le portrait social du pays est largement décrit. Un pays corrompu où tout le monde profite du système. J’ai pris plaisir à découvrir les coutumes locales du pays mais j’ai déploré le manque de suspense. Il y a quelques effets de surprise mais pas assez de rebondissements à mon goût.

GM signature

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Le chasseur de lucioles, trente jours à Libreville

Comment ce livre est-il arrivé dans ma PAL ?

Je recherche activement les auteurs de roman policier africain en particulier les auteurs francophones. J’ai entendu parler de Janis Otsiemi, il y a deux ans. Son roman, les voleurs de sexe, était finaliste au Prix Ivoire 2016

Je l’ai noté dans ma wishlist mais Owali Antsia m’a plutôt recommandé de lire Le chasseur de lucioles, le meilleur à ce jour selon elle. 

Je l’ai donc inscrit dans ma wishlist d’anniversaire et ma sœur aînée a bien voulu me l’offrir.

 

l'Afrique écrit

Janis Otsiemi nous entraîne au Gabon, un pays que j’ai découvert grâce aux chroniqueuses africaines sur Facebook. J’ai découvert et pris goût à la langue française gabonisée, aux expressions françaises teintées de la couleur locale :

Malparler de quelqu’un : dire du mal de lui

Etre dans le nguimbé : être fauché

Ambianceur : fêtard

Bouya- bouya : embrouilles

combi : complice

cascadeur : homme qui entretient des relations sexuelles avec plusieurs femmes

onusienne : femme légère, frivole

katangaise / tuée-tuée : prostituée

 

 

Le chasseur de lucioles a pour cadre Libreville. Les événements se déroulent du Dimanche 1er juin au lundi 30 juin. 30 jours pendant lesquels j’ai visité les rues des quartiers de Libreville de Nzeng Ayong à Glass en passant par Akébé. 

Dimanche 1er Juin

Un type est retrouvé mort sur la plage du Tropicana. La nature criminelle de cette affaire ne fait aucun doute. Les policiers Louis Boukinda et Hervé Envame sont chargés de l’enquête. Très vite, le lecteur découvre l’identité du tueur et ses futurs projets. On est impressionné par ses attaques à main armée dignes des films d’action américains. J’étais curieuse de savoir comment Boukinda et son collègue mettraient la main sur lui. Hélas, les complices  de ce dernier ainsi que le duo de policiers Koumba – Owoula ne vont pas leur faciliter les choses.

Samedi 7 juin

Une femme est retrouvée morte dans un motel à Nzeng-Ayong. Le duo de policiers Koumba – Owoula est chargé de l’enquête. Les meurtres se succèdent, tous horribles les uns que les autres.

La police de Libreville n’était pas celle de New York. Ici pas de médecins légistes ni de police scientifique. Il fallait faire avec les moyens du bord. Faire usage de son flair pour trouver des indices et les interpréter.

Dans cette affaire criminelle, le lecteur découvre également très vite l’identité du tueur et ses motivations. J’ai donc été spectatrice de l’enquête des policiers. J’ai été un peu frustrée, j’aurais voulu me triturer les méninges afin de découvrir l’identité du tueur et son mobile.

 

 

Janis Otsiemi nous livre un roman policier ethnique qui dépeint les réalités sociétales du Gabon : corruption à grande échelle, cupidité des policiers, pauvreté grandissante qui pousse à la prostitution et au grand banditisme, tribalisme.

 

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J’ai apprécié le découpage chronologique du récit, les proverbes africains qui introduisent les courts chapitres :

Le mal qu’on te fait la nuit a commencé le jour.

 

Le singe qui a une longue queue ne saute pas au-dessus du feu.

 

Durant ma lecture, j’ai ressenti une petite gêne. J’ai eu l’impression que les personnages accusaient les étrangers (les équato-guinéens, les camerounais et les nigérians) d’être responsables de leurs malheurs. Les équato-guinéennes et les camerounaises sont celles qui ont vulgarisé la prostitution dans le pays. Les Nigérians et camerounais sont responsables du grand banditisme. 

Le chasseur de lucioles janis otsiemi

 

J’ai également été choquée par l’une des réflexions d’Owoula sur les prostituées. 

À Libreville, une prostituée est découverte sauvagement assassinée dans un motel de la périphérie. Les agents de la PJ - de fidèles abonnés des bordels de la capitale - pensent tout d'abord à un crime de rôdeur... Quand une seconde fille est retrouvée égorgée dans un autre hôtel du quartier, les policiers sont encore loin d'imaginer qu'ils ont affaire à un client bien décidé à nettoyer la ville de toutes ses lucioles... Celui qui te veut du mal la nuit a commencé à t'en vouloir le jour. C'est dans ce climat de psychose générale que les gendarmes de la DGR enquêtent de leur côté sur le braquage d'un fourgon de la Société Gabonaise de Sécurité dont le butin de plusieurs millions de francs CFA attise bien des appétits...

« Les femmes au foyer sont des putes privées. » La phrase vous choque ou pas du tout ?

 

En conclusion

Le chasseur de lucioles est une lecture fluide et intéressante. Si vous désirez découvrir le Gabon en mode aventure palpitante, ce livre vous ira bien. 

 

Christmas

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Disponible en version grand format et poche. 

Nombre de pages : 208

 

La littérature gabonaise, vous la connaissez peu, beaucoup ou pas du tout ?

 

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Enquête policière en Argentine avec Eduardo Sacheri

Le challenge littérature sud-américaine continue ! Je débarque en Argentine !

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Buenos Aires, 1968 ; Liliana Emma Colotto, enceinte de quelques semaines, est sauvagement violée et étranglée. Benjamin Chaparro, jeune secrétaire au palais de justice, se voit confier l’affaire. Pour tenter d’oublier ses amours contrariées avec Irène, une collègue au charme magnétique, les divagations de son voisin de bureau alcoolique et l’étroitesse d’esprit de sa hiérarchie, Chaparro se lance à corps perdu dans ce sulfureux dossier. Peu à peu, cet homicide devient son obsession : bouleversé par la souffrance du jeune époux de Liliana, il jure de faire condamner le meurtrier. Mais nous sommes dans les années 70, et l’Argentine, en proie à toutes les iniquités, s’enfonce dans la  » guerre sale  » et les années de plomb. Pour venir à bout de ce qui devient l’affaire de sa vie, Benjamin devra affronter inimitiés politiques, trahisons et exil. Trente ans plus tard, il décide de coucher le terrible récit de ce crime sur le papier. Campé dans l’Argentine de la dictature, Dans ses yeux est une magnifique histoire d’amour doublée d’une brûlante réflexion sur la légitimité de la vengeance.

 

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Benjamin Chaparro est comique. Il m’a fait sourire avec ses réflexions sur l’amour, ses critiques à l’égard de ses grands patrons. J’ai apprécié son ironie. 

C’est un amoureux timide. Il aime Irène. J’ai eu envie de le secouer un peu pour qu’il révèle ses sentiments ou passe sérieusement à autre chose. 

Passons au crime, la véritable raison de ce choix du livre. Je désirais lire une enquête policière en Argentine. J’y ai placé de grandes attentes, j’ai été un peu déçue. Le crime est trop vite élucidé. 

Durant l’enquête sur le meurtre de Liliana, l’un des collègues de Chaparro  violente des suspects. Chaparro  le dénonce mais sa plainte n’aboutira pas.

Ce collègue a les bras longs comme on le dit, il a aussi la rancune tenace. Chaparro s’exilera pour protéger sa vie. La tension monte lorsque la machine de la vengeance se met en place mais elle redescend très vite. Je m’attendais à ce qu’il y ait des rebondissements plus corsés, que Chaparro soit dans une course poursuite et que la peur soit au rendez-vous. Hélas ! Chaparro part en exil et c’est tout. 

Picard Facepalm

J’ai été touchée par l’époux de Liliana, par sa douleur, sa solitude, le visage qu’a pris sa vengeance.  Je ne m’attendais pas à ce qu’il aille jusque-là. 

On peut être prisonnier de l’amour, prisonnier de la souffrance…

En conclusion

J’ai un avis assez mitigé. J’ai apprécié le style raffiné d’écriture mais j’ai trouvé l’histoire trop longue et manquant d’intensité. On aurait pu se passer de certains détails. Je trouve dommage que l’auteur ait esquissé certains thèmes comme la dictature militaire des années 70 et le système judiciaire. 

 

Le roman a été adapté au cinéma. Réalisé par Juan José Campanella et sorti en 2009.  

 

L’avez-vous regardé ?

 

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Publié dans Arrêt sur une oeuvre

La Kube du temps pour soi, expérience littéraire décapante

Mes amis ! C’est mon anniversaire aujourd’hui ! Avant de recevoir vos tendres vœux, je vais vous conter mon expérience avec …

La box littéraire

J’ai tellement trouvé ce concept intéressant que j’en ai lancé une à Abidjan. Je voulais m’offrir l’une de mes «concurrents» en France mais le coût d’expédition et le délai de livraison me freinaient.

Un jour, une publication sponsorisée sur Facebook changea la donne. La Kube annonçait des envois internationaux pour 6 euros et 90 centimes et de plus le concept de la box était génial :

  • La Kube travaille en partenariat avec un éditeur qui propose des textes inédits ou des goodies.
  • La Kube présente un édito sur l’actualité littéraire.
  • Un libraire sélectionne un livre rien que pour nous et aucune obligation. On peut choisir son libraire.
  • Chaque mois, il y a un marque-page, du thé, une carte pour correspondre avec notre libraire et d’autres goodies en rapport avec le thème du mois.

J’ai débité ma carte bancaire avec grand plaisir pour recevoir la Kube du mois d’Octobre dont le thème était le temps pour soi.

Anthony, cofondateur de la Kube m’avait dit que les délais de livraison étaient longs. J’avais donc prévu que ma box arriverait en décembre et j’espérais qu’elle vienne avant Noël. J’avoue que j’étais très impatiente. J’avais hâte de découvrir le contenu de ma box.

J’ai été très heureuse d’ouvrir ma box le 21 décembre 2017. Je suis tombée sous le charme de l’agenda 2018 offert par l’éditeur invité du mois  : le temps des cerises. J’aime tout dans cet agenda : la couverture, la texture du papier. Chaque semaine, il y a une citation tirée du fonds poésie de l’éditeur et chaque mois un extrait de l’un de leurs romans. Parfaite combinaison pour la poétesse, romancière et férue de lecture que je suis. Cet agenda ne me quittera jamais.

 

 

Le thé du temps retrouvé est délicieux ! C’est du thé rooibos parfumé à la noix de coco, avec des morceaux de pomme et de chocolat. J’ai fait durer mon plaisir en le consommant à compte-goutte.

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J’ai aussi retrouvé l’encens des lecteurs (je l’ai acheté dans la boutique Kube, oui j’ai rattrapé tous les mois où j’avais loupé les pépites de la Kube 😀 ) dont l’odeur ne m’enivre pas.

Il y avait aussi le kit d’initiation à la réflexologie et la lithothérapie. J’ai outrepassé mes préjugés (vous pouvez m’applaudir pour me féliciter) pour tester et j’ai mis l’agate sous mon oreiller. J’attends de voir les effets 😀

Pour le libraire, j’ai choisi Sarah qui est fan comme moi de littérature africaine. Dans la box, il y a le mot du libraire et j’ai été un peu déçue. Je pensais qu’elle était personnalisée. Oui, je voulais que Sarah me laisse un petit mot, sa brève impression sur le livre.

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J’avais déjà le livre qu’elle m’avait proposé alors je lui ai demandé de glisser dans ma box son coup de cœur littéraire : Congo Inc. Le testament de Bismarck.

Résumé de l'oeuvre

Le jeune Isookanga, Pygmée ekonda, piaffe dans son village de la forêt équatoriale où un vieil oncle prétend régir son existence. Depuis qu’il a découvert l’Internet et les perspectives d’enrichissement immédiat que promettent mille variantes de la mondialisation, il n’a plus qu’un objectif : planter là les cases, les traditions, la canopée millénaire et le grincheux ancêtre pour monter à Kinshasa faire du business. Il débarque donc un matin dans la capitale, trouve l’hospitalité auprès des enfants des rues et rencontre Zhang Xia, un Chinois qui fait commerce de sachets d’eau potable et dont il devient l’associé. L’avenir est à lui !
Pendant ce temps, à Kinshasa et ailleurs, le monde continue de tourner moyennement rond : des seigneurs de guerre désoeuvrés aux pasteurs vénaux, des conseils d’administration des multinationales aux allées du Grand Marché, les hommes ne cessent d’offrir des preuves de leur concupiscence, de leur violence, de leur bêtise et de leur cynisme.
Qui sauvera le Congo, spolié par l’extérieur, pourri de l’intérieur ? L’innocence et les rêves, les projets et la solidarité. La littérature, bien sûr, quand elle est comme ici servie par un conteur hors pair, doté d’un humour caustique et d’une détermination sans faille.

l'Afrique écrit

 

La tradition, le village, la brousse ne permettent aucun lien d’interdépendance avec le reste du monde. La mondialisation, Isookanga ne la vivra qu’à Kinshasa alors il part. Kin la belle ne se dérobe pas, elle ne triche pas, elle se montre à lui sous son vrai visage. Elle lui présente ses enfants de la rue, enfants délaissés parce que qualifiés d’enfants-sorciers et les orphelins, conséquences de la guerre.

L’enfant-soldat est devenu commerçant à la sauvette, la belle jeune fille est devenue une enfant-putain et s’offre au militaire des troupes de maintien de la paix de l’ONU. Chacun utilise son corps à sa manière pour survivre.

Le Congo-Kinshasa est un lieu propice à la mondialisation, ce pays est riche en minerais. Pour avoir la main mise sur ces minerais tant convoités à l’échelle du monde, il faut instaurer le chaos. Un chaos qui ôte des vies, remplit les poches des cupides seigneurs de guerre, des militaires des troupes de maintien de la paix de l’ONU corrompus. Oui, tout le monde veut se remplir les poches.

Le narrateur donne une voix à ces enfants forcés à devenir des adultes, à ces femmes torturées. La violence des souffrances qu’on leur inflige est affreuse et c’est triste de constater qu’elle ne provient pas de l’imagination. Elle est réelle et de nombreuses femmes sont à reconstruire physiquement.

Le narrateur ne nous épargne pas les faits horrifiques de la guerre civile qu’a connus la république démocratique du Congo. Soit on décide d’éviter l’horreur en refermant illico presto le livre, soit on décide de l’affronter. Affronter l’absurde, la bêtise humaine.

Ce roman dresse le portrait d’une société abusée et désabusée. Un portrait qui donne l’envie de gémir mais gémir servirait à quoi ?

Rien alors on rit avec Isookanga et son projet de mondialisation qui débute par la vente d’eau venant de Genève. On rit de ce christianisme devenu un business.

La plume de l’auteur est un régal. J’ai apprécié son esprit caustique,

 

 

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la finesse de ses descriptions, sa maîtrise de la langue française et ses clins d’oeil à la culture congolaise. Le roman est riche d’expressions et proverbes lingala :

Esika okoma te, mapata ekweya (proverbe signifiant qu’on se fait des illusions sur ce qu’on voit de loin).

 

 

Congo Inc. Le testament de Bismarck est un roman à lire et à faire lire. Pour en savoir plus sur l’oeuvre, quoi de mieux qu’interroger l’auteur ?

 

 

La Kube a été une belle expérience et si les délais de livraison pour la Côte d’Ivoire sont ramenés à 10 jours maximum, je prendrai un abonnement mensuel avec plaisir et je continuerai l’aventure avec Sarah. Il faut d’ailleurs que je lui envoie la carte de correspondance libraire. Je veux garder le contact avec elle. 🙂

 


 

Vous avez déjà testé des box littéraires ? Laquelle vous ravit le plus ?

Connaissez-vous In Koli Jean Bofane ? Je compte lire son autre oeuvre Mathématiques congolaises, l’avez-vous déjà lu ?

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