J’ai choisi un livre écrit par un collectif de collégiens et lycéens ivoiriens.
Ce livre N’zassa recueille les meilleurs textes des élèves des lycées et collèges de la Côte d’Ivoire, présentés lors de la 6e édition du concours littéraire Madeleine Tchicaya. Poésie, contes, nouvelles et théâtre sur le thème : « Les alliances interethniques, facteur de cohésion sociale ».
25 textes composent ce recueil collectif : 7 poèmes, 6 nouvelles, 7 contes et 4 pièces de théâtre. Des textes écrits par des collégiens et lycéens de mon beau pays la Côte d’Ivoire avec comme fil conducteur les alliances interethniques.
Mon pays a connu des tensions ethniques qui sont encore loin d’être apaisées à l’heure actuelle. Des tensions qui ne devraient en aucun cas être transmises à la jeune génération. Ce recueil collectif écrit par des jeunes est un signal fort. Les textes de ces jeunes filles et garçons rappelle les alliances existantes, scellées par les ancêtres. Ces alliances représentent en quelque sorte un pacte de non-agression entre les peuples. Au delà de la non-agression, ce pacte autorise ces peuples alliés à plaisanter entre eux.
Dans la nouvelle, éponyme du recueil, tout laisse à croire qu’il y aura des moments tristes à cause des funérailles de grand-mère. Mais les boutades des peuples alliés que sont les yacouba, les gouro, les senoufo et peuhl vont apporter sourire et éclats de rire.
Si la plupart des textes évoque les alliances entre yacouba, gouro et senoufo, d’autres textes évoque les alliances entre les bété, les dida, etc…
Les intrigues débordent d’imagination. Chapeau à ces collégiens et lycéens. Nul doute qu’on a la relève de la littérature ivoirienne.
J’ai apprécié rencontrer poésie, nouvelle, conte et théâtre au même endroit. C’est un livre à remettre à des lycéens et collégiens. Qui sait, ils auront peut-être envie de prendre aussi la plume. 😉
Un jeune chasseur de miel malien. Alou, se dirige vers les ruches sauvages d’un baobab. Circulant en 4×4, armés jusqu’aux dents, des djihadistes foncent sur lui et font exploser l’arbre sacré.
Parmi les débris, Alou découvre, presque intacte, une statuette représentant une femme enceinte. Encouragé par son père, il se rend dans le pays Dogon pour la présenter au sage du village, le hogon, respecté de tous pour sa culture. Le vieil homme reconnaît aussitôt cette Maternité rouge. Elle est l’oeuvre, selon lui, du maître de Tintam, dont une première Maternité se trouve déjà au Louvre, au Pavillon des Sessions.
Pour le vieil homme, la sculpture, en ces temps de barbarie, sera plus en sécurité au Louvre près de sa soeur qu’ici au Mali. Et c’est à Alou, naturellement, que le hogon confie la mission impérative d’emmener la Maternité à Paris.
Pour atteindre son but, le jeune homme, migrant parmi les migrants, ses sœurs et frères d’infortune, devra prendre tous les risques en traversant désert et mer…
Septembre 1960 : le Soudan français (Mali) est dépossédé, pillé de ses œuvres artistiques. Une maternité rouge atterrira au Louvre et une autre, représentant également une femme enceinte, est gardée par un jeune garçon.
Printemps 2015 : Alou découvre, à la suite d’une explosion provoquée par des djihadistes, la statuette gardée par le jeune garçon en 1960 et va être chargé d’une lourde mission…
J’aime les BD colorés mais je fais des exceptions quand la 4e de couverture est très attrayante. Pour mon plus grand bonheur, Une maternité rouge n’est pas en noir et blanc mais en tons de gris avec parfois une teinte de bleu, jaune ou noir.
Dans ce récit, il est question de protection, de préservation du patrimoine dogon contre le fanatisme des djihadistes au Mali. Alou va entreprendre un voyage au péril de sa vie pour cette noble cause. Mais n’y avait-il pas une autre alternative? Confier l’objet à l’ambassade, aux autorités nationales ou de la sous-région ?
Qu’on court vers la mère France alors qu’on demande la restitution de notre patrimoine m’a gênée mais… nos hommes politiques actuels sont-ils des hommes de culture ? La restitution, la protection et la valorisation de notre patrimoine sont-ils au cœur de leurs préoccupations ?
Une maternité rouge évoque le voyage clandestin. Pour passer d’une terre à une autre, il faut traverser désert et mer. Le lecteur découvre les conditions de vies de ces immigrés dans le désert, les naufrages, l’accueil froid en terre d’exil. Immigrés, persona non grata, en France.
Une maternité rouge m’a offert un agréable moment de lecture. J’ai beaucoup plus été touchée par le traitement du thème de l’immigration que par celui de la préservation de la statuette et je vous ai dit pourquoi plus haut. J’ai eu un coup de cœur pour les sublimes planches, le coup de crayon, les couleurs discrètes empreintes de mélancolie, de nostalgie.
Happy New Month les amis ! Que ce nouveau mois soit la terre de concrétisation de vos rêves et projets !
J’ai le plaisir de vous annoncer un nouveau rendez-vous sur le blog : C’est le 1er, je balance tout !
C’est le 1er, je balance tout est un rendez-vous littéraire initié par le blogAllez vous faire lire, dans l’optique d’une entraide féconde entre blogueurs.
Le principe ? Quatre trucs à balancer !
Le Top & Flop de ce que vous avez lu le mois-dernier.
Au moins 1 chronique d’ailleurs lue le mois dernier.
Au moins 1 lien que vous avez adoré le mois dernier (hors chronique littéraire).
Et enfin : ce que vous avez fait de mieux le mois dernier.
Je voulais le débuter en août mais je n’avais pas eu le temps de préparer l’article.
Ce rendez-vous combine deux rendez-vous littéraires : le bilan de lecture du mois que je n’ai jamais fait sur le blog et mapromenade de blog en blog. Vous avez deux en 1 grâce à ce nouveau rendez-vous, n’est-ce pas génial ? 😀
Ce mois, je comptais lire 4 œuvres mais j’ai fini par en lire 7. Mes lectures ont été très romantiques.
Je ne connaissais pas Laura Kasischke mais ça c’était avant que Julie à mi mots vante d’une fort belle manière la qualité de sa plume et son dernier recueil de nouvelles.
Quinze textes, publiés dans différentes revues, qui proposent une autre manière de s’immerger dans l’écriture de Laura Kasischke. Souvent, parce que les fins n’en sont pas réellement. Elles sont laissées là, à la libre interprétation du lecteur. C’est déroutant, intrigant, stimulant.
3- Liens adorés hors chronique littéraire
J’ai découvert une jeune poétesse et l’un de ses poèmes sur mon sujet favori : le célibat.
Je vous laisse découvrir quelques strophes :
Gars mignon que j’apprécie, A finalement une petite amie. Scénario se répétant à l’infini. La malédiction du célibat.
Dans un bus, dans un train, Mon regard il soutient, Mais descend et passe son chemin. La malédiction du célibat.
Nouveau dans un groupe il me plaît. Je ne lui ai quasiment jamais parlé. Il embrassa sa coéquipière sous mon nez. La malédiction du célibat.
C’est un nouveau départ nous discutons, Il est triste son copain a mis fin à sa relation, Du coup il convoite l’autre mignon. La malédiction du célibat.
Je fais régulièrement des tours chez Le Libre Penseur. J’aime beaucoup ses réflexions sur le célibat, les relations amoureuses. Sa dernière réflexion se trouveici
J’avais déjà écrit dans un article que l’amour est tout sauf rationnel. Je le crois encore. C’est pour cette raison que la tête a un rôle à jouer quand le cœur veut à tout prix se jeter dans les bras du premier venu.
La paupiette Culturelle m’a fait découvrir ce qui tourne en boucle dans ses écouteurs. Unesélectionplutôt intéressante.
En 35 photos, THE BROKEN HEELS DIARY montre que le magenta et le fushia subliment toutes les femmes noires. Je vais refaire ma garde-robe, les amis ! 😀
4- Ce que je raconte de beau
La maison d’édition qui va éditerTristesse au Paradisa commencé à travailler surla couverture du roman. J’ai hâte de voir ce que ça va donner.
J’ai eu une nouvelle idée de romance. Je suis hyper excitée. J’ai commencé à écrire quelques idées. J’ai hâte de voir comment l’histoire va évoluer.
J’ai préparé avec soin les goodies de la 4e box littéraire Aïkan. Elle aura pour thème Venu d’ailleurs. Au programme des livres d’auteurs africains à découvrir comme le convoi, les pêcheurs, le tambour des larmes, Lagos Lady, No home, les maquisards.
Je suis aussi associée à un projet humanitaire. Dans quelques semaines, je vous en dirai plus.
Qu’est-ce que vous avez à balancer de votre côté ? Top, Flop, dites-moi tout. 🙂
Dans ce roman où l’intrigue ne laisse point de répit au lecteur, Attita Hino nous offre un sujet passionnant : la résolution d’un meurtre et la puissance dévastatrice de la vérité. Cette dernière provoquera l’écroulement des croyances ancestrales d’une partie des villageois, et sèmera le doute dans l’esprit de nombreux autres. Comme un pagne savamment tissé, l’histoire du héros de ce roman est contée avec détail et minutie, nous plongeant dès les premières lignes dans un univers captivant. La culture du peuple Palébo devient nôtre, et c’est dans les pas de cet homme intègre et courageux que nous vivons, avec lui, les épreuves de sa vie.
« Le grand masque a menti » est une œuvre riche, un livre qui emporte le lecteur dans diverses dimensions, dans une Afrique noire faite d’intrigues et de manipulations, dans une conception harmonieuse du couple assez distincte de celles qu’on connaît aujourd’hui, de l’amour fraternel et de la loyauté inconditionnelle.
J’ai beaucoup entendu parler de ce livre, on m’en a dit beaucoup de bien. Vu qu’il détenait des secrets, je l’ai inclus dans ma box littéraire du mois de Juin et je l’ai lu pour confirmer toute l’attention portée à ce livre. Il a eu leprix national du jeune écrivain 2014et la mention spéciale auPrix Ivoire2014. Une blogueuse m’a dit qu’il méritait de remporter le prix. 😀
Youkou Dibahou, personnage principal de l’histoire est un pêcheur Lépo, vivant dans le village de Lépossô. C’est un paébou (chef de famille) admiré par sa famille. Il a deux femmes mais elles s’entendent à merveille. L’une est la maîtresse du foyer, l’autre la femme du cœur. Elles ne sont pas des rivales juste les femmes d’un même homme. Je les ai admirées, je serais incapable de partager l’homme que j’aime même si l’autre femme est Blanche Neige.
A Dibahou a été confié, la vieille Kounoa. Son père avait hérité de cette femme après le décès de son grand-frère. Son âge très avancé, au-delà de la cinquantaine, ne lui avait pas permis de trouver preneur parmi les hommes de la famille.
La vieille Kounoa s’obstine à être la maîtresse du foyer de Dibahou. Aigrie et méchante, elle injurie à longueur de journée les membres de la famille, insulte les morts qui sont sacrés chez les Lépo, finit par pousser à bout Dibahou. Poussé par la colère, il frappe cette vieille sorcière qui frappe à son tour Dibahou là où ça fait mal, très mal.
Qui pense avoir affaire à une simple histoire sera fort surpris.
La deuxième partie de l’oeuvre est encore plus intéressante, pleine de surprises. Deux parties vont s’opposer : celle du grand masque et la famille de Dibahou. Chaque partie use des moyens en sa possession pour préserver sa vérité. Les convictions s’affrontent et la lutte est violente.
J’ai admiré la force de Dibahou et son courage, sa femme de cœur Mamy n’est pas en reste. Elle aime son mari et n’hésite pas à épouser sa cause.
La vérité surgit, les mystères et croyances se défont. On a mal face à l’injustice, la violence. On ne lâche pas le livre, on a envie de voir comment cette histoire finira et à qui raison sera donné.
Le grand masque a menti est un bon roman du terroir, il nous rappelle nos us et coutumes, ce passé culturel que l’on oublie ou renie, il jette un regard critique sur nos traditions africaines.
J’ai apprécié la pudeur dans la narration des scènes intimes, l’amour que les personnages se portent. J’ai apprécié la fin de l’histoire, synonyme de renouveau.
J’ai admiré l’auteure pour ses proverbes pittoresques. Elle a réussi à donner une âme à ses personnages, on oublie qu’on est dans une fiction, on vit le récit. Elle a réussi à surprendre.
Ce roman n’est pas loin du coup de cœur. Pour la richesse de l’écriture et du contenu, il méritait bien plus qu’une mention spéciale au Prix ivoire 2014 mais il faudrait que je lise tous les ouvrages finalistes au Prix ivoire pour confirmer mes dires. 😀
Éditeur: NEI-CEDA
Année de publication : 2014
ISBN :2844876145 – 9782844876140
Nombre de pages : 269
Le Prix Ivoire pour la Littérature Africaine d’Expression Francophone 2014 a été attribué à la Marocaine Bahal Trabelsi pour son roman Parlez-moi d’amour.
Les autres ouvrages en lice étaient : – Les charmes de Kenza de NADIA ADIB, – L’insondable destin des hommes de KAMA SYWOR KAMANDA, – Le troisième sexe de LEANDRE SAHIRI.
« Je dédie ce livre à toutes les « Dames pâtes », qu’elles soient pétries par des mains pures ou moins pures ; qu’importe, le levain fera monter la pâte et le bon pain nourrira le monde. Paraphrasant Térence, j’affirme : « Je suis femme, je veux que rien de ce qui est féminin ne me soit étranger. » Toute femme, à la lecture de ce livre, se retrouvera à l’une ou l’autre page, ce n’est pas un hasard… J’ai donc peint un panneau de l’immense fresque que constitue l’éternel féminin. »
Ce roman est arrivé dans ma wishlist après l’avoir vu dans la liste des coups de cœur d’Isaïe Biton Koulibaly l’un des auteurs les plus célèbres de mon pays. J’ai voulu savoir pourquoi il avait adoré ce roman.
J’ai déjà lu une biographie de Mariama Ndoye et j’avais apprécié sa plume. La douceur émane de ses écrits, chose commune aux auteures sénégalaises que j’ai lues.
Dans ce roman, Bigué est la narratrice. Elle m’a fait sourire dès les premières lignes. avec sa forte confiance en elle. Elle est consciente de ses atouts et elle les égrène sans en oublier aucun.
Bigué nous fait des confidences. Des confidences qui lui appartiennent et celles des femmes de son entourage.
On le dit souvent dans mon pays : si ton homme croise le chemin d’une sénégalaise, tu es foutue ! Les femmes sénégalaises savent s’occuper des hommes et ce que Bigué nous confie dans ce livre ne font que confirmer ces dires. Les femmes sénégalaises sont dangereuses ! (rires)
Avec Bigué, on en apprend beaucoup sur l’art conjugal. Les femmes sénégalaises sont aux petits soins de leurs hommes, on leur inculque ces valeurs dès l’enfance. On leur apprend qu’elles doivent lutter pour garder leur mari près d’elle et être la préférée si elles sont dans un foyer polygame. Elles sont donc prêtes à tout pour assurer la stabilité de leur foyer. A la guerre, comme à la guerre !
Bigué nous livre ses états d’âme de femme qui aura bientôt une co-épouse. Elle nous livre les peines des femmes mariées, ces femmes mariées aux hommes volages, polygames.
Ce qu’elle a enduré dans son ménage, le pain ne l’a pas enduré dans le four.
Le mot est lâché: la polygamie. Notre mal n’est pas ailleurs, nous ne sommes ni voilées, ni dévoilées d’ailleurs, contre notre gré. Nous ne sommes ni excisées, ni infibulées, ni vendues, ni violées. Non ! Pire que cela ! Nous n’avons pas le droit d’aimer et d’être aimées en paix.
Elle nous dresse aussi le portrait de la société sénégalaise :
La vie dans ma société consiste en cela, sauvegarder les apparences au mépris parfois de son propre équilibre mental. Cela s’apprend. Comme tout dans la vie, cela se maîtrise petit à petit puis cela devient une seconde nature, puis une vraie nature, entre-temps on est devenu une autre. La maturité accouche aussi dans la douleur. On mûrit en perdant un être cher, une situation sécurisante, une bonne santé. Moi, j’étais appelée à mûrir en perdant mes certitudes.
J’ai bien aimé ce livre qui raisonne sur l’amour. J’ai souri en lisant certains proverbes et réflexions.
Au bout d’un certain temps, il ne reste rien d’un amour, si grand fût-il. Il aura pu se muer en amitié, en tendresse apitoyée, en fraternité, voire se dénaturer en indifférence, haine ou mépris.
“Le cœur est un tombeau” nul ne doit voir ce qui s’y trame, ce qui s’y joue, ce qui s’y passe réellement.
Aussi dans la famille, notre miroir préféré est-il devenu le regard des hommes. Il est presque plus flatteur que le vrai et pour cause, souvent intéressé.
L’intrigue est assez linéaire, du coup je me suis un peu ennuyée à la moitié de l’ouvrage. Heureusement le livre ne compte pas plus de 200 pages. J’ai compris pourquoi Isaïe Biton Koulibaly a aimé ce livre, il aborde son sujet de prédilection : les relations conjugales.
CONCLUSION : Comme le bon pain est une douce lecture. Si vous avez envie d’avoir quelques astuces pour “pimenter” votre vie de couple ou rire des mésaventures conjugales, n’hésitez pas à lire ce roman.
ATTENTION : Ce livre est fortement déconseillé aux féministes. Elles vont péter une durite !
J’ai intégré un nouveaugroupe de blogueuses afro/métisséessur invitation de deux blogueuses et je peux vous dire que je ne regrette pas de faire partie de cette petite communauté très animée.
Les créatrices du blogSamba Sisters Touchont pensé ce groupe comme une place qui permet de rassembler en un même lieu, les multiples talents de la blogosphère afro/métissée, dispersés çà et là sur le web. Une place pour découvrir l’univers des talentueuses blogueuseset youtubeuses de la communauté afro/métissée.
Les membres du groupe ont décidé de partager une fois dans le mois leurs univers, à travers un « challenge sans barrières » autrement dit, chacun devra se sentir libre d’interpréter le sujet selon son univers, ou multiples influences :LE RDVBAM CHALLENGE
Les différents challenges sont publiés sur les blogs des participantes le 1er dimanche de chaque mois et sur la fan pageFacebook du Challenge.
Le thème de ce mois estPAILLETTES & SEQUINS. Le thème ne m’inspirait pas du tout mais voulant participer au challenge pour la première fois, j’ai décidé d’adapter l’un de mes écrits publiés sur ma page Facebook au thème.
Je vous laisse découvrir mon récit.
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Détourner mon regard de l’écran lumineux, le mettre sous silencieux quand il se met à insister, ne pas sentir mon cœur qui se contracte de douleur, refuser que des larmes de tristesse me brouillent la vue. Tenter d’oublier son prénom, son visage, tout ce qui lui appartient et loge dans mon âme. Me séparer… Oublier… Adisa a raison. Je n’ai rien à faire avec lui. Aucun avenir commun ne peut être envisagé. C’est impossible, plus maintenant… J’ai essayé de le lui faire comprendre avant-hier après les cours, hélas ! Henri est attaché à moi comme un nourrisson au sein de ma mère. Il m’aime et moi…
J’ouvre grandement la fenêtre de mon studio qui donne sur l’arrière-cour de la résidence. Le vent frais me mord le visage mais je n’en ai cure. Les récents événements de ma vie font un étrange défilé sous mes yeux. J’ai perdu un homme pour gagner une communauté. Je dois être forte, avancer sans regarder en arrière. Je dois me retrouver, revendiquer mon identité. J’inspire un grand coup, referme la fenêtre avant de me diriger d’un pas nonchalant vers la salle d’eau. Là aussi, il y a eu du changement. Fini Garnier, L’oréal, Le petit Marseillais, mes produits de beauté sont uniquement Made in Africa, ma terre nourricière.
Je me dirige vers ma penderie. J’esquisse un sourire (le premier de ma soirée) lorsque mes yeux tombent sur ma jupe droite à sequins argentés, mon top à paillettes dorées, mon legging scintillant vert émeraude. Les paillettes et sequins règnent en maître dans ma garde-robe.
J’abuse des chaussures scintillantes : escarpins, ballerines, sneakers, bottines. J’ai au moins deux fois dans la semaine des paillettes à mes pieds. Ma mère m’y a habituée. Elle a toujours voulu que je brille. Elle me répétait sans cesse : la paillette et le sequin ne supportent pas la médiocrité.
Mon sourire s’évanouit. Je vais devoir me séparer de certains vêtements, ceux que je pourrai pas associer au pagne africain, le nouveau maître de ma garde-robe.
« Qui d’autre que nous pour mettre en avant les produits qui viennent de nos terres ? Il est temps de consommer Africain, uniquement Africain. Délaissez ces habits qui puent l’occident, mettez en valeur le pagne de nos ancêtres.
N’ayons pas peur de ce que nous sommes, n’ayons pas honte de nos idées, ne doutons jamais de nos potentialités. Montrons leur que nous sommes meilleurs qu’eux. » Les mots d’Adisa et sa hargne ne se taisent pas dans ma mémoire.
J’enfile un boubou, des babouches. Verre de bissap et chips de banane posés sur ma table d’études, je dévore les ressources numériques disponibles sur le peuple Ehotile. Je me sens si loin de mes racines, la faute à qui ? Mes parents ont coupé tout lien avec leurs familles restées en Côte d’Ivoire. Ils ne m’ont jamais parlé du pays, de ce qu’on y fait. Tout ce que je sais de l’Afrique, de la Côte d’Ivoire, je l’ai appris à l’école, dans les médias occidentaux.
Ils le font pour me protéger, ils me l’ont affirmé. De quoi ? De qui ? Ils n’ont jamais voulu me le dire. Entre frustration et colère, mon cœur balance. Je suis une française à la peau noire mais ça va changer. Je vais découvrir ma vraie identité, je vais marcher sur les pas de mes ancêtres. Adisa est là pour m’aider à y arriver.
J’engloutis une poignée de chips, mémorise tant bien que mal le vocabulaire gastronomique.
Des coups donnés à ma porte d’entrée me font sursauter. Je n’attends personne.
« Qui est-ce ? » m’entendais-je demander
Mon cœur se met à battre la chamade. Il l’a reconnu, il meurt d’envie de le revoir…
«Chloé, j’ai besoin de te voir. »
Mon cœur me supplie d’ouvrir…
«Ouvre s’il te plaît. »
…mais je ne peux pas.
« Je veux juste te voir, clo… »
Je ne peux pas te revoir, Henri.
«Tu me manques, ça devient atroce »
Sa douleur ne m’est pas inconnue mais je ne peux pas. Je ne dois pas retourner à ce passé artificiel…
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Comment vous trouvez le texte ? Etes- vous fan des paillettes et sequins ?
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Assister à la Nuit du Slam à l’Institut français de Côte d’Ivoire organisée par le Collectif Au Nom du Slam
Sans hésiter, j’ai opté pour le 2e choix. J’aime beaucoup le collectif Au Nom du Slam dont je vous avais présenté le 1er album, il y a quelques mois. Ce collectif vise à promouvoir le Slam, créer des plateformes d’expression pour le Slam et valoriser la culture ivoirienne par le Slam. Le Collectif au Nom du Slam est composé de onze membres dont trois femmes.
J’admire ces femmes et ces hommes qui font chanter les mots. J’aime ces artistes qui vivent leur passion avec détermination.
De 19 h 30 à 20 h 45, j’ai dévoré chacun des mots de Bee Joe, Kpegik, l’Etudiant, Amee, Lyne, Philo, Roi Fort Malik, Noucy Boss… Tels des papillons, leurs mots ont voltigé et exécuté avec sincérité la danse des maux, de la mélancolie, de la persévérance, de la révolte… J’ai souri, j’ai ri, j’ai applaudi leur dextérité.
La nuit du Slam a été un beau spectacle. Parce que vous le valez bien, je vous mets des extraits de ce que vous avez raté.
Extrait 1 : Les mots du slameur Philo
Extrait 2 :Les mots d’Amee sur les effets contraignants de la célébrité
Extrait 3 : les mots de Kpegik ou quand une femme change un homme. Kpegik s’exprime en nouchi, argot ivoirien. Ce texte est l’un de mes coups de cœur de cette soirée.
Extrait 4 : « Christ est mort pour eux » est un texte de l’Etudiant. Ce texte est également l’un de mes coups de cœur de la soirée. L’étudiant est révolté, il dénonce l’injustice sociale. Pour lui, Jésus Christ fait du favoritisme sinon pourquoi n’accorde-t-il pas aux pauvres ce qu’il accorde aux riches ?
J’espère de tout cœur que la route de ces artistes sera très longue et qu’ils vivront avec largesse de leur art.
Et vous que leur souhaitez-vous ?
Avez-vous participé à des événements culturels ce weekend ?
Avec plus de 24000 abonnés sur sa page Facebook, « Les déboires amoureux de Mady » est un classique des chroniques africaines qui a emporté ses lecteurs dans de magnifiques aventures. Rencontre avec l’auteure.
J’aurais beaucoup de mal à me définir, mais si je dois nécessairement le faire, c’est que je suis difficile à cerner (même pour moi-même hein lol). Je suis une jeune gabonaise, passionnée d’écriture, de lecture, et de culture africaine… Ecrire est mon moyen d’expression favori, lire mon passe-temps préféré…
J’ai beaucoup apprécié la chronique les mirages de l’amour. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire cette histoire ?
Disons que j’avais constaté qu’autour de moi, beaucoup de filles, moi y compris, passaient à côté de l’amour véritable, à cause d’un idéal, alors on a un mec idéal en tête, et c’est lui seul qu’on veut avoir. Dès qu’on trouve un qui s’en rapproche, on se fait aveugle même au fait qu’il n’a pas les mêmes sentiments que nous, on se fait des films, d’où les mirages de l’Amour… Au départ c’était cela, et au fil du temps j’ai développé l’histoire en abordant des thèmes comme les disparités culturelles, l’infidélité de la femme qui reste encore quelque peu taboue…Bref, j’ai laissé parler mon imagination en y ajoutant quelques anecdotes de mon « déjà vécu » et des expériences d’amies, de proches ou simplement de lectrices qui demandaient des conseils in box.
Y a-t-il un passage de cette histoire que vous aimez particulièrement ?
A vrai dire j’aime toute l’histoire (lol) mais il y a bien un passage que je préfère, c’est celui où Ozy dit à Cléo « Je veux être son père », en parlant du bébé qu’elle vient d’avoir, alors même que pour tout le monde il s’agit du bébé conçu lorsque Cléo trompe Ozy avec Dan.
Vous voyez cette petite scène résume le message que je voulais faire passer aux hommes dans ce texte. Je ne voudrais pas m’étendre ici, la leçon se trouve dans l’histoire, mais juste leur dire qu’il y a une chose que les hommes doivent se dire, c’est qu’il ne faut pas confondre l’amour avec la faiblesse, la tolérance avec la lâcheté. C’est vrai que l’adultère d’une femme est une chose dure à surmonter pour l’égo d’un homme, pour toutes les raisons sociologiques et sociétales que nous connaissons, mais tout comme les femmes arrivent à pardonner l’infidélité, les hommes devraient réfléchir à deux fois avant de prendre des mesures radicales.
Je ne fais pas ici l’apologie de l’infidélité, je dis juste que, lorsqu’il y a encore des choses à sauver, il faut les sauver, si vous vous aimez et que vous êtes conscients que l’autre a fait un faux pas, aidez-la à se relever, et surtout aidez-la à ne plus sentir le besoin de recommencer…
Laquelle de vos histoires avez-vous été fière d’écrire ou avez-vous adoré ? Pourquoi ?
En réalité j’ai aimé toutes les écrire, chacune pour des raisons différentes. Mais j’aime particulièrement deux de ces histoires : « Les Déboires de Mady » qui reflètent encore aujourd’hui mon immaturité dans la chronisphère, c’étaient mes débuts, mes premiers pas, je suis tombée parfois, j’ai rampé, j’ai marché, j’ai couru, puis j’ai pris mon envol…Quand je relis ce texte je me sens toujours un peu attendrie, attendrie de revoir mes débuts mais surtout mon inspiration de l’époque, un peu maladroite mais déjà assez riche. Et puis il y a « Dans les yeux de Kimia », je pense que mon imagination n’a jamais atteint un tel degré, c’est mon avis. J’étais inspirée, motivée, j’ai tout donné dans ce texte, jamais je n’avais écrit avec autant de passion…ce roman est de loin l’un de mes meilleurs écrits à mon avis…
Laquelle avez-vous écrit avec difficulté ? Pourquoi ?
Je crois que l’écriture en elle-même ne pose pas de problème, c’est surtout l’atmosphère de la chronisphère qui était assez difficile pendant la période où j’écrivais « Venir d’en bas » et surtout « Dans le cœur de Stéphane », j’avais pris assez sur moi et je supportais moins les remarques désobligeantes et les attaques parfois personnelles. J’avais de moins en moins de temps à consacrer à la page et je commençais à me lasser des guéguerres entre « chroliseurs » et entre chroniqueurs ou tout simplement entre les différents acteurs de la chronisphère. Cela me plaisait de moins en moins parce qu’écrire a toujours été pour moi source d’apaisement et bien-être et là ça devenait carrément source de stress, il fallait maintenir la barre haut, se surveiller, bref…cela ne m’apportait plus le plaisir et la joie que j’aime tant sentir lorsque j’aligne des mots pour en faire une histoire… C’est ce qui a été difficile à un moment. Sinon globalement, lorsque j’ai trouvé l’angle d’attaque et la trame principale, je n’ai aucun problème à écrire, cela va tout seul.
Sur quel thème vous n’écrirez sûrement jamais ?
J’aime penser que je n’ai pas de limite, mais pour le moment je ne saurais écrire sur l’homosexualité, du moins pas en faire le thème central de mon récit, je peux le mentionner ou le faire intervenir, mais surtout pas me focaliser dessus. Pourquoi ? Eh beh parce que j’ai encore du mal à en saisir les contours, et mon jugement, je déteste parler des choses que je ne maîtrise pas…Peut-être dans quelques années qui sait ?
Vous venez de publier Mon amour, ma destinée en toi. Pouvez-nous dire en quelques mots de quoi parle cette histoire ?
Oh comme d’habitude, une histoire d’amour à l’Odika (célèbre mets de la gastronomie gabonaise = sauce de chocolat indigène) comme je le dis souvent. Un amour de jeunesse qui s’est trouvé interrompu quelque part, et qui des années après se retrouve sur un même chemin…Rien de très compliqué, ce n’est pas aussi dense que les chroniques, mais bon il paraît que ça vaut le détour !
Vous avez publié essentiellement des romans et de la romance. Pensez-vous publier dans un autre genre ?
(Rires)
Je pourrais…
Mais je doute que je le ferai. Mady Remanda se veut romancière. C’est un auteur de la romance mais essentiellement des romances à l’africaine, je préfère en rester à la littérature sentimentale à l’africaine pour le moment.
Où vous voyez-vous l’année prochaine à la même date ?
Certainement au même endroit…
Quelles sont vos passions en dehors de l’écriture ?
Les voyages… la culture africaine…
Quels sont vos 3 livres préférés d’auteurs africains ?
Ouf !
Quel dilemme y’en a tellement !
Alors je pourrais citer :
« Les frasques d’Ebinto » d’Amadou Koné que je ne pourrais jamais oublier
« Une vie de bonne fortune » de Louisando N’dohou qui est un auteur ivoirien dont j’apprécie vraiment le style et l’inspiration
« Essola » d’Alban Désiré Afene, un très bon auteur gabonais
Permettez-moi de citer « La mouche et la Glu » d’Okoumba Nkoghé un des piliers de la littérature gabonaise…
Y’en a beaucoup…d’autres
Quel est votre top 5 de chansons africaines qui évoquent l’amour ?
L’amour d’une mère de Patience Dabany
Adia d’Oliver Ngoma
Odo de Raquel
Mutoto de Lokua Kanza
Kidiamfuka de Fally Ipupa
Là aussi y en a beaucoup, la musique est une de mes passions aussi.
Petit bonus pour nos lecteurs, nous allons établir votre portrait chinois
Si j’étais un parfum de glace, ce serait … Crème brûlée
Si j’étais un téléphone portable, ce serait … Sony Xperia
Si j’étais un support musical, ce serait … La cithare
Si j’étais une saison, ce serait … le Printemps
Si j’étais un épice, ce serait … Le persil
Si j’étais un philosophe, ce serait … Jean-Paul Sartre
Si j’étais une révolution, ce serait … Celle de Patrice Emery Lumumba
Si j’étais une invention, ce serait … Le téléphone
Si j’étais une des 7 merveilles du monde, ce serait … La muraille de Pékin
Si j’étais une île, ce serait … Mbagnié
Si j’étais un prix littéraire, ce serait … Ceux qui n’existent pas encore
Si j’étais un signe de ponctuation, ce serait … le point de suspension (j’adoorrre !)
Si j’étais une déesse grecque, ce serait … Athéna
Si j’étais un sport collectif, ce serait … Le hand-ball
Si j’étais un art martial, ce serait … Le Kung-Fu
Un petit mot de fin ?
Merci de m’avoir suivie et accompagnée dans l’aventure des « Déboires Amoureux de Mady » A nous revoir sur d’autres plateformes s’il plaît à Dieu.
A vos marques, Prêts, LISEZ ! LISEZ ! LISEZ les auteurs africains, ils ont besoin de vous, il faut que cette littérature fleurisse et s’épanouisse encore plus.
D’Eustache A. Prudencio, auteur béninois d’origine nigériane et brésilienne, je n’ai lu qu’Amours sonnantes et trébuchantes, un recueil de nouvelles réédité en 2011. Je n’avais pas apprécié ma lecture au point de décider de ne pas perdre de temps à en faire une chronique ni sur le blog ni sur ma page Facebook.
Dans ma PAL, j’ai un autre recueil de nouvelles de lui, des recueils de poèmes et un roman : Ailleurs … Un Jour…Peut-être !
Ce roman a été une douce lecture. Au moment de préparer ma chronique, j’ai consulté la préface du livre faite par le journaliste-écrivain Jérôme Carlos et j’ai trouvé qu’elle reflétait parfaitement mon avis sur le livre.
J’ai donc décidé de vous la présenter au lieu de faire une chronique. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? (rires)
{ Eustache A. Prudencio nous entraîne sur le terrain d’un riche et fécond débat de société. Il nous interpelle sur ce qu’il tient pour des contre-valeurs dont devront se délester nos cultures. C’est le pré-requis à leur présence au « banquet de l’universel. » Au nombre de ces contre-valeurs , la dot sortie de son cadre symbolique et habillée des haillons d’une honteuse transaction marchande. Mais ce sont aussi les pratiques en vigueur dans le secret des couvents fétichistes. Elles se révèlent comme de graves et vilaines césures dans l’existence de jeunes citoyens. Ce sont encore de vieilles croyances à la peau dure, véritables freins à l’envol de l’Afrique vers les horizons d’une franche liberté et pour le plein contrôle de son destin.
« Ailleurs… Un jour…Peut-être ! » est avant tout un beau récit d’amour entre Sibavi et Kuao. D’un amour franc et conquérant qui a su avoir raison de nombreux pièges et difficultés. On apprendra que le niveau intellectuel des conjoints n’est pas un obstacle rédhibitoire à leur plein accomplissement. On prendra la pleine mesure du racisme, ce cancer dangereux qui se métastase au gré des préjugés imbéciles. On se délectera de ce bel hymne à la promotion de nos langues nationales.
« Ailleurs… Un jour…Peut-être ! » est un livre court, pour des débats longs, mais de qualité. On ne peut s’y tromper : cette oeuvre belle dans la forme et ô combien pédagogique dans sa démarche porte bien la marque de fabrique de son auteur, Eustache A. Prudencio, l’immortel }
Quelques détails sur l’oeuvre
Nombre de pages : 90
Publié en 1983 par les Editions ONEPI puis une réédition post-mortem en 2015
Quelques mots sur l’auteur
Eustache A. Prudencio était un écrivain-journaliste béninois né le 5 septembre 1922 à Bopa et décédé le 21 mai 2001 à Cotonou. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont des recueils de poèmes et a été récipiendaire de plusieurs distinctions honorifiques et autres prix et a notamment obtenu le diplôme d’honneur de poésie de l’Académie des Jeux Floraux Méditerranéens de la Société des Arts et Lettres de la Côte d’Azur.