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TTL 140: Matins de couvre-feu – Tanella Boni

C’est l’heure du Throwback Thursday Livresque ! Cette semaine, le thème est : Z comme…

Zamba

Une femme se retrouve assignée à résidence pour neuf longs mois, victime de l’arbitraire. Dans son pays, Zamba, les gouvernants nommés Anges Bienfaiteurs font régner la terreur. Le chef des miliciens, Arsène Kâ, s’empare des biens privés et tue en toute impunité.

La narratrice écrit l’histoire de sa famille et de son pays. Elle tisse et retisse le lien entre elle et ce peuple de Zamba qui n’en finit pas d’attendre l’aurore. Sensible et poétique, ce roman, en dressant un tableau intime et politique, fait le plaidoyer des peuples de la nuit.

L’auteure dénonce les différents abus et exactions auxquels a été en proie la Côte d’Ivoire, pays qu’elle nomme Zamba dans la fiction.

Tanella Boni dénonce la corruption, la manipulation des consciences, l’atteinte aux libertés individuelles. Ce tableau politique ne m’a pas intéressée. J’ai plutôt développé de l’intérêt pour le tableau intime dressé.

Matins de couvre-feu c’est l’histoire d’une femme au nom absent. Elle est propriétaire d’un restaurant. Un jour, son univers bascule. La vie sociale et professionnelle de la narratrice s’arrête. Prisonnière de ses quatre murs, elle pense aux femmes de sa vie: sa mère, sa belle-sœur, son amie. Ces femmes ont été victimes d’un abandon matériel ou affectif. Elle évoque les difficultés des couples, ces hommes qui n’arrivent pas à aimer les femmes comme il faut.

Le poids de l’éducation pèse toujours si lourd sur la langue d’une femme

L’écriture de Tanella Boni est poétique, à certains moments philosophique. Ma lecture a été intéressante mais pas mémorable. Il m’a manqué un je-ne-sais-quoi. J’ai ressenti l’émotion des personnages mais elle a été fugace.

Quel livre auriez-vous choisi pour ce thème ?

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TTL 139: La compagnie des tripolitaines

C’est l’heure du Throwback Thursday Livresque ! Cette semaine, le thème est : Sorcières

J’ai pensé à la sorcière noire Hadja Kimya dans la compagnie des tripolitaines

A Tripoli, dans les années soixante, on fête la circoncision du narrateur. Pourtant le jeune garçon ne peut se résoudre à quitter le royaume régi par sa mère et ses amis, Fella la « mangeuse d’hommes », Nafissa qui fume et qui boit, Jamila la sensuelle. Toutes tripolitaines d’origine arabe, berbère, africaine, italienne, juive. De ses errances d’une femme à l’autre, dans une société où l’on ne mâche pas ses mots et où le regard porté sur les hommes est sans concession, le petit mâle en devenir forge sa sensibilité. C’est un monde débridé, puritain, une Libye hors temps qui s’exprime dans cette ronde de portraits de femmes. Au-delà des contraintes de la bienséance comme dans l’intimité d’un gynécée, explosent leurs bravades et leurs malices, leurs vengeances et parfois leurs révoltes.

J’ai apprécié cette découverte de Tripoli. L’auteur nous offre un voyage dépaysant à travers les paysage et les divers plats cités.

Il dresse le portrait de femmes tripolitaines aux origines diverses: arabe, berbère, italienne, etc…

Zohra, Hiba, Nafissa, Fella, Zaineb, Filomena, Hadja Kimya, Aziza…

Des femmes vendues, battues, surveillées et d’autres qui ont su arracher leur liberté à des hommes dominants, sans bienveillance.

Le mari de Tante Zohra ne lui laisse presque rien. Le mari de tante Hiba la frappe pour un rien. Zaineb s’est aspergée de naphte pour échapper au mariage.

« Oui, qu’est-ce que je disais, oui, le mariage! C’est affreux, ça, chier des filles qui seront esclaves toute leur vie et des garçons qui vont les faire trimer et tisser l’ennui et la mort! No et non ! Disait souvent tante Nafissa ;

« Toutes les femmes ne peuvent pas faire comme toi, tante Nafissa ! Répondait ma mère d’une voix atone


Ces femmes évoquent leurs amours interdits, contrariés. Elles crient leur besoin de liberté, d’être.

Le petit Hadachinou est au milieu de toutes ces femmes et on espère qu’il grandira en ne reproduisant pas les actes des mâles.

J’ai trouvé la lecture de ce roman intéressante mais elle ne laissera pas un souvenir impérissable.

Quel livre auriez-vous choisi pour ce thème ?

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TTL 129: Fatima ou les Algériennes au square

C’est l’heure du Throwback Thursday Livresque ! Cette semaine, le thème est : Fleurs

J’ai pensé à Fatima ou les Algériennes au square car il me semble apercevoir des bourgeons de fleurs sur la couverture 😀

On est au début des années 80.
Banlieue parisienne. La Courneuve. Fatima et ses amies algériennes de la cité se retrouvent au square. C’est leur patio. Elles sont les premières immigrées héroïnes de la littérature française. Dalila, 7 ans, la fille de Fatima, ne quitte pas le flan de sa mère. Elle écoute les histoires du quartier. Violence et tendresse dans l’exil. Bavardages, rires, cris, colères, bagarres, viols ; flics…Dalila, battue par son père, a décidé de gagner.

Le choc des cultures arabe/kabyle et française.

Des algériennes qui ont suivi leurs époux en France et qui le vivent plus ou moins mal. L’intégration est parfois si difficile.

Des filles qui sont surveillées, jugées sévèrement quand elles s’éloignent des traditions, osent braver les interdits. Les parents veillent à ce qu’elles ne perdent pas leurs racines algériennes.

Un roman intéressant de prime abord mais j’en attendais beaucoup plus dans sa construction.

Je ne m’attendais pas à cette absence de chapitres, à ces très longues phrases qui m’ont obligé à lire les passages à deux ou trois reprises car je perdais le fil. Je m’étais imaginée ces femmes prenant tout à tour la parole au fil des chapitres et évoquant leurs propres vies au lieu d’évoquer celles des autres.
Pas sûre que je lirai l’auteure à nouveau.

Quel livre auriez-vous choisi pour ce thème ?

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TTL 128: Ève de ses décombres – Ananda Devi

C’est l’heure du Throwback Thursday Livresque ! Cette semaine, le thème est : Amitié

J’ai pensé à Eve et ses amis Sad et Savita.

 » Je suis Sadiq. Tout le monde m’appelle Sad. Entre tristesse et cruauté, la ligne est mince. Eve est ma raison, mais elle prétend ne pas le savoir. Quand elle me croise, son regard me traverse sans s’arrêter. Je disparais. Je suis dans un lieu gris. Ou plutôt brun jaunâtre, qui mérite bien son nom: Troumaron. Troumaron, c’est une sorte d’entonnoir ; le dernier goulet où viennent se déverser les eaux usées de tout un pays. Ici, on recase les réfugiés des cyclones, ceux qui n’ont pas trouvé à se loger après une tempête tropicale et qui, deux ou cinq ou dix ou vingt ans après, ont toujours les orteils à l’eau et les yeux pâles de pluie.  » Par Sad, Eve, Savita, Clélio, ces ados aux destins cabossés pris au piège d’un crime odieux, et grâce à son écriture à la violence contenue au service d’un suspense tout de finesse, Ananda Devi nous dit l’autre île Maurice du XXIe siècle, celle que n’ignorent pas seulement les dépliants touristiques.

Ce livre a presque faillir faire une éternité dans ma wishlist.

Roman choral où 4 adolescents se racontent, exposent leurs parts de violence et celles des autres. On n’envie pas du tout leur présent encore moins leur avenir.

Eve est le personnage central. C’est une amie de Sad et de Savita. Eve offre son corps afin de pouvoir poursuivre ses études. Sa mère fait face à des difficultés financières.

Son amitié avec Savita comme elle le dit elle-même la maintient en vie. Les moments passés ensemble lui permettent de s’évader, d’oublier l’univers masculin et tous ses désirs scabreux.

Il y a aussi Sad, son ami qui voudrait être son amoureux et son amant. Eve l’obsède au point d’être le sujet de sa poésie.

Le registre de langue est soutenu, le langage imagé.

Ce roman ne fait que 152 pages mais il est dense. C’est un texte à déshabiller, à disséquer. Je pense qu’il ferait un bon sujet de discussion et d’analyse pour les universitaires.

J’ai découvert la plume aiguisée d’Ananda Devi mais je ne suis pas sûre de vouloir retenter l’expérience. J’aime de temps en temps lire les romans avec une maîtrise de la langue française. Je les admire, dans mon coin, en espérant pouvoir écrire ainsi un jour. J’aime quand émane de cette maîtrise de la langue française une beauté, et de cette beauté un émerveillement. C’est cet émerveillement qui m’a manqué avec Ananda Devi.

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TTL 117: La dernière reine de Philippa Gregory

Avec un jour de retard, voici mon Throwback Thursday Livresque ! Cette semaine, le thème est : Q comme…

Queen.

« Il veut que je meure. L’unique raison pour laquelle il m’accuse d’un crime passible de la peine de mort est qu’il veut me tuer. Henri, qui a fait exécuter deux de ses femmes et qui attendit qu’on lui annonce la mort de deux autres, entend désormais me faire subir le même sort. »

À trente et un ans, Catherine Parr est une jeune veuve et vie l’idylle parfaite avec Thomas Seymour. Mais lorsque Henri VIII, le souverain d’Angleterre qui a conduit quatre de ses femmes au tombeau, l’invite à l’épouser, elle doit se résigner à un choix qui n’en est pas un. Brillante et indépendante d’esprit, elle est une cible toute désignée pour ses adversaires politiques qui l’accusent d’hérésie, crime puni par le bûcher et dont l’ordre d’exécution est signé… par le roi. Catherine devra déjouer les pièges de la Cour si elle veut un jour retrouver son amant.

Je n’aurais jamais lu ce roman historique de plus de 600 pages s’il ne m’avait été offert dans le cadre du concours estival organisé par VendrediLecture il y a 3 ans. Et le lot était une surprise sinon je n’aurais pas participé. 😀

Je ne vous l’ai jamais caché, j’évite les pavés. Et j’ai d’ailleurs mis du temps avant de débuter le roman. Il m’a fallu une période de congés pour enfin le débuter et le terminer.

La dynastie des Tudor, je l’ai découverte à travers le film deux sœurs pour un roi. A part Catherine d’Aragon, les sœurs Boleyn, je ne savais rien des femmes d’Henri VIII. Ce roman axé sur sa dernière épouse m’a fait prendre quelques marches dans l’escalier du savoir.

Catherine Parr, veuve pour la 2e fois, pense enfin être libre de vivre un mariage d’amour avec Thomas Seymour. Mais le roi Henri VIII, qui a jeté son dévolu sur elle, en décide autrement.

Contre mauvaise fortune bon cœur, elle s’investit dans ce mariage et veut user de sa position de Queen pour permettre à la réforme de gagner du terrain en Angleterre. Mais les défenseurs de Rome ne sont pas bien loin…

Le lecteur est embarqué dans les intrigues de la cour avec les manipulations, les complots. Il y a du suspense, de la tension autour du sort de la reine. Il découvre Catherine Parr, une femme intelligente qui va réussir à survivre à ce mari qui a vu toutes ses femmes mourir.

J’ai beaucoup apprécié le volet religieux de ce roman. Les méditations de la Parole, les interprétations des saintes écritures. J’ai apprécié la mise en avant de l’érudition de la femme. Fleur bleue, l’histoire d’amour mise en sourdine ne m’a pas laissée indifférente.

Des bémols ? Je pourrais citer les redites et les longueurs. Ces éléments exclus, ce pavé reste une bonne découverte historique.

Avez-vous déjà lu la saga Tudor de cette auteure ?

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Huit monologues de femmes-Barzou Abdourazzoqov

« Creusez-vous un peu la tête, un peu de fantaisie que diable, rajustez-vous. Et n’ayez peur de rien. Croyez en vous. Vous conquerrez le monde. Et alors on verra qui aura la peau de qui… »

Huit femmes entrent en scène. Avec beaucoup de verve et d’humour, malgré la vie qui ne les a pas ménagées. Elles viennent tour à tour raconter leur histoire – et se donner en exemple plus qu’en spectacle. Car elles n’ont, à vrai dire, rien perdu de cet espoir qui, entre accès de rage et jubilation, leur prête une liberté de ton au pouvoir salvateur.

Les monologues ont l’habitude de m’ennuyer mais ces 8 monologues de femmes sont une exception.

Huit femmes. Qui sont-elles ? Des anonymes. Des mères, des épouses qui s’épanchent. Un mari qui s’évapore dans la nature, un mari délaissé qui vous cocufie, un mari qu’on aimerait tromper et qui peut nous prendre en flagrant délit, des malheurs qui s’enchaînent, une fille qui a disparu ou encore s’amouracher d’un mioche, ça ne vous ferait pas monologuer, vous ?

J’ai ri avec ces femmes, j’ai aussi pleuré avec elles car deux des récits de vie sont émouvants.

Le troisième monologue est mon préféré. J’ai beaucoup apprécié cette femme résiliente face aux vicissitudes de la vie. J’ai d’ailleurs souligné l’une de ses phrases :

Car le malheur, ça ne dure pas, tout comme la joie, du reste. Ce qui demeure, c’est la conscience de soi, la patience, la foi peut-être. Mes chères amies, je connais le sort de beaucoup d’entre vous, je le connais mieux que personne. Mais je vous le redis encore une fois, le salut est dans la Foi, dans l’Espérance, dans l’Amour.

Ce recueil se lit très vite, il ne s’étale que sur 80 pages. Bien à insérer entre des pavés. Pour ma part, ça a été une belle découverte.

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La défaite des mères – Adrienne Yabouza & Yves Pinguilly

Après la box d’Août, j’ai mis une pause de deux mois à mon abonnement. Je n’avais pas encore lu le livre reçu en Août et j’avais d’autres livres à lire. Septembre est passé. Octobre a pointé son nez et lorsque j’ai vu les goodies de la Kube d’Octobre sur Instagram, j’ai flanché. J’ai passé commande.

Mon envie de lecture est toujours la même: je remplis ma carte des auteurs africains. Il me reste une dizaine de nationalités pour la terminer.

Sarah, ma fidèle libraire dans l’aventure Kube n’étant toujours pas disponible, une libraire Kube m’a été attribué. L’un de ses genres littéraires de prédilection étant la littérature étrangère, je n’avais pas de crainte. Le lendemain, en consultant le statut de ma commande, je me suis aperçue qu’il y avait eu changement de libraire. Un libraire Kube avec pour genres littéraires de prédilection la littérature française et le feel-good. Pour ne rien vous cacher, j’ai flippé. Connait-il assez la littérature africaine pour me proposer un excellent titre ?

Il m’a choisi la défaite des mères. Grâce à ce livre, je peux cocher la République Centrafricaine sur ma carte. Mais le contenu du livre est-il bon ?

Au lendemain des indépendances, Niwalie naît à Kinshasa, avant de grandir en République ­centrafricaine. Son père, chasseur de léopards, devient le garde du corps de la Première dame du pays… et disparaîtra bientôt de la vie de son enfant. Niwalie grandira essentiellement auprès de sa mère, puis donnera elle-même naissance à quatre filles. C’est donc une histoire de femmes que nous raconte ce livre. Sauf qu’il ne s’arrête pas là. C’est l’Afrique centrale des années 1970, son personnage principal. Un pays en proie à un empereur mégalo et ­tyrannique qui échange de grandes claques dans le dos avec « Végéheu, le roi de France ». La violence, la pauvreté, la guerre, l’exil. La peur d’être une femme dans ce monde-là, la peur d’être la mère de quelqu’un dans ce monde-là, surtout quand ce quelqu’un n’est pas un homme. Sans jamais se départir de son humour et de sa poésie, Niwalie dresse le portrait au vitriol d’une société sur le point d’à nouveau basculer.

J’ai eu un peu de mal avec la narration et ce style parlé, imagé qui m’a d’ailleurs fait penser à Ahmadou Kourouma. L’humour et la dérision sont fortement sollicités pour évoquer ces présidents dictateurs en RDC et République Centrafricaine avec la complicité de VGE, que dis-je Vegeheu, roi de France.

L’Afrique Centrale des années 70-80 est au cœur du récit. J’aurais voulu que les dates soient précisées car difficile de se retrouver pour qui ne connaît pas parfaitement l’histoire politique de ces 2 pays.

Cette Afrique Centrale est racontée par Niwalie. Une enfant qui aimait apprendre mais n’a pas eu la chance de poursuivre ses études scolaires ; une jeune fille qui va être donnée en mariage sans avoir son mot à dire et connaître des maternités précoces ; une jeune femme qui va se battre pour rester en vie et préserver ses filles quand vont éclater des affrontements en République Centrafricaine. J’ai eu de l’empathie pour cette femme.

Je n’ai pas du tout compris le sens du titre du roman. Je n’arrive pas à comprendre les défaites des mères qui sont présentes dans le roman.

Je m’attendais également à ce que les portraits des sœurs de Niwalie, de ses filles soient faits. A part l’une de ses sœurs qui est brièvement évoquée, on ignore ce que sont devenues ses autres sœurs.

La défaite des mères fait moins de 200 pages et c’est un avantage de taille pour moi qui aime les romans courts. La lecture n’a pas été déplaisante mais ce n’est pas un livre que je recommanderai d’instinct.

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TTL 110: Until I saw your smile

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: Lecture de Noël

Pour moi, romance rime avec Noël. Par ailleurs, certaines péripéties du livre que je vous présente se passent durant la période de Noël.

Chez Smith’s Sweet Treats and Coffee, vous trouverez le meilleur café de Brooklyn et les pâtisseries maison les plus fraîches. C’est plus qu’un commerce pour la propriétaire Angela Smith. C’est sa maison et son refuge, qu’elle risque de perdre à cause de l’arnaque de son propriétaire. Mais un nouvel habitué de son café propose de couvrir l’augmentation de son loyer si Angela le laisse y rencontrer ses clients. Si Matthew McConnell n’était pas un avocat aussi persuasif – et aussi gentil, drôle et sexy – elle ne songerait pas à le laisser entrer.

Depuis qu’il a quitté un cabinet d’avocats très bien payé pour se mettre à son compte, Matthew n’a pas réussi à s’en sortir, tant sur le plan professionnel que personnel. Ce qu’il préfère dans sa vie amoureuse, c’est régaler Angela avec ses histoires de rencards foirés autour d’un café fumant et parfumé. Derrière son sourire captivant se cache une femme intelligente et sensuelle dont il aimerait se rapprocher. Et lorsqu’un douloureux secret de son passé est soudainement dévoilé, il a l’occasion de prouver qu’il est l’homme qu’il lui faut, dans tous les domaines…

Comment ce livre est arrivé dans ma PAL ?

Les couples mixtes étant très peu représentés en littérature francophone, j’ai jeté mon dévolu depuis quelques années sur la littérature anglo-saxonne.

Ayant obtenu un abonnement de 6 mois à la plateforme Youscribe après avoir été lauréate de la plume de l’amour, j’ai fait une petite recherche sur la littérature sentimentale. J’ai découvert une dizaine de titres dont Until your smile de J.J. Murray.

J’ai apprécié l’humour de certaines scènes notamment les rencards foirés de Matt. Après, je pense que 2 ou 3 rencards foirés auraient suffi. Malheureusement, il y en a plus et on se lasse de ces rencards foirés qui ont tous la même conclusion.

Je ne suis pas une adepte des coups de foudre. J’aime quand les sentiments s’installent progressivement mais dans cette romance, l’auteur a un peu trop forcé sur le progressif. Au chapitre 10, il n’y avait toujours pas de rapprochement amoureux entre Angela et Matt et cela a entrainé mon désintérêt pour certaines péripéties de l’histoire. J’avoue avoir survolé certaines parties parce que je voulais atterrir assez vite dans le vif du romantique, de la romance.

Matt & Angela sont attendrissants. Ils forment un joli couple, j’ai aimé leur complicité, le soutien mutuel qu’ils se portent mais je n’ai pas été éblouie. J’en attendais beaucoup plus de la construction de leur idylle. Je vais néanmoins poursuivre ma découverte de la bibliographie de l’auteur car un homme qui écrit du BWWM, c’est un événement exceptionnel.

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TTL 109: Du miel sous les galettes – Roukiata Ouédraogo

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: O comme…

Ouedrago. Roukiata Ouedraogo.

Couverture Du miel sous les galettes

Roukiata est née au Burkina-Faso. De sa plume, légère et nostalgique, elle raconte avec tendresse et humour ses années d’enfance, son pays, ses écrasantes sécheresses et ses pluies diluviennes, la chaleur de ses habitants, la corruption et la misère.
Elle raconte sa famille, sa fratrie, ses parents, l’injustice qui les frappe avec l’arrestation de son père. Mais, surtout, elle raconte sa mère.
Cette femme, grande et belle, un  » roc  » restée seule pour élever ses sept enfants, bataillant pour joindre les deux bouts, en vendant sur le pas de sa porte ses délicieuses galettes. Des galettes au miel qui, pour la jeune Roukiata, auront toujours le goût de l’enfance et du pays natal.

Cette autobiographie de plus de 200 pages est un bel hommage à la résilience de la femme, épouse et mère. La mère de la narratrice ne courbe pas l’échine face à la difficulté, elle n’hésite pas à clamer haut et fort ce qu’elle pense.

La narratrice navigue entre son passé où la mère est racontée et son présent où l’artiste française d’origine burkinabè qu’elle est, est la marraine de la Journée internationale de la Francophonie.

On lit sa fierté d’être marraine d’un tel événement, son attachement à la Francophonie et à la langue française

Je suis le prototype de la francophone qui a réussi grâce au français, grâce à la France aussi. Sans la maîtrise de cette langue, je n’aurais jamais pu avoir un public et j’aurais dû me limiter à mon pays. Sans la puissance des réseaux culturels et des médias français, je n’aurais jamais eu cette audience.

Dans son discours précédant la lecture de la dictée de cette journée internationale, elle évoque ce que représente la Francophonie pour elle : union, communion, outil de partage, héritage commun à faire fructifier.

La narratrice évoque également son expérience personnelle et son engagement face à l’excision en fin d’ouvrage. Hélas, de façon très brève. Ce thème fort et important aurait mérité un développement.

Du miel sur les galettes est un roman accessible à tous. Le niveau de langue est courant, le style sans fioritures.

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Les Jango – Abdelaziz Baraka Sakin

Couverture Les Jango

Les Jango sont décidément impayables. On les reconnaît à leur élégance tape-à-l’œil et à leur sens de la fête. Et ce sont les femmes qui mènent la danse, dans la Maison de la Mère, au cœur de toutes les rumeurs.
Les histoires les plus folles courent d’ailleurs sur Safia, élevée au lait de hyène, Alam Gishi l’Éthiopienne experte en amour, ou l’inénarrable Wad Amouna. Lorsque soudain souffle le vent de la révolte…
Dans les effluves de café grillé, de chicha parfumée et de gomme arabique, se joue une comédie humaine dont les Jango, « sages à la saison sèche et fous à la saison des pluies » sont les héros.

Le Jangawi ou Jangojoray – singulier de Jango – porte différents noms selon les mois et les saisons : on l’appelle Katakaw entre décembre et mars, lorsqu’il travaille dans les plantations de canne de Kanana et les sucreries de Khashm al-Girba, Assaleya ou al- Jounayd.
On l’appelle Fahami entre avril et mai, lorsqu’il est recruté comme oum bahatay – c’est le nom qu’on donne ici aux charbonniers – pour débroussailler les nouvelles plantations ou les terres en friche, et transformer troncs et branchages en charbon végétal.
On l’appelle Jango ou Jangojoray de juin à décembre, c’est-à-dire depuis les premières pluies jusqu’à la fin de la saison de la récolte du sésame.

Une fois que l’on sait ce qu’est un Jango, on part à la découverte des différents personnages et dans chacun d’eux résonne le mot liberté :

  • Liberté de choisir notamment à travers Al Aza qui a refusé de suivre les avis de son père et ses frères qui voulaient la marier
  • Liberté de commercer pour ces femmes qui vendent de l’alcool local et sont envoyées sans cesse en prison. 
  • Liberté d’être à travers Wad Amouna, l’efféminé
  • Liberté de corps. Le sexe, la jouissance sont très présents dans ce livre.

L’auteur également revendique sa liberté d’écrire malgré la censure. C’est un choix osé qu’il fait à travers ce livre.

J’ai découvert les jango et leur quotidien mais aussi le quotidien de femmes qui n’ont visiblement que 3 choix de vie: devenir des Jangojorayya, fabriquer de l’alcool ou se prostituer. 

L’auteur évoque également l’importance de respecter les us et coutumes, la culture des autres

ce que je considérais comme un mal selon ma propre éducation pouvait être perçu autrement dans d’autres cultures, selon d’autres valeurs.

Le style est entraînant. On est parfois entre fable et réalité à travers le récit des divers personnages mais certains faits m’ont gênée : j’ai notamment été choquée du viol sur mineur qui a été banalisé.

Les personnages sont intéressants à suivre mais j’ai déploré le fait qu’il n’y ait pas souvent de réelle transition pour introduire un personnage.

J’aurais aimé que les femmes se racontent elles-mêmes. Aussi, il reste à mon sens des zones d’ombre dans leurs vies. Je fais surtout référence à Safia.

Ce roman est finaliste du Prix les Afriques 2021.