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Le women murder club, tome 1: 1er à mourir

San Francisco, un criminel supprime avec cruauté et sadisme des couples de jeunes mariés durant les premières heures de leur lune de miel. Une jeune inspectrice, Lindsay Boxer, est en charge de l’enquête. Elle est aidée de sa meilleure amie, médecin légiste, d’une journaliste, ainsi que de l’adjointe du procureur, afin d’arrêter l’assassin qui semble insaisissable. Toutes quatre décident de créer le  » Women Murder Club  » ! Faisant fi de leurs supérieurs hiérarchiques qui les freinent, enquêtant hors de leurs heures de travail, elles vont réussir, grâce à leur ténacité et leur intuition, à assembler peu à peu les pièces de cet horrible puzzle.

Comme annoncé dans mon dernier article, c’est la 2e œuvre de James Patterson que je lis mais pas dans l’ordre chronologique de ses parutions. Lune de miel a été écrit après les premiers tomes de la série Le women murder club.

Comme dans Lune de miel, le récit débute par un prologue. Le narrateur s’exprime à la 1ère personne.

Comme dans Lune de miel, le meurtrier décline assez vite son identité, enfin c’est ce que je pensais…

Ce 1er tome retrace la mise en place du women murder club. 4 femmes qui évoluent dans des sphères à dominante masculine ou qui ont besoin de se faire une place dans leur milieu professionnel. Claire est la meilleure amie de Lindsay, l’héroïne principale. J’ai trouvé que l’ajout des deux autres femmes à ce duo s’est fait un peu trop vite. J’ai l’habitude des amitiés qui se tissent lentement; excusez-moi 😀

J’ai apprécié leur diversité : Claire est noire, rondement belle, mariée et mère, Lindsay est divorcée, Jill, mariée et Cindy, célibataire.

Ce 1er tome a deux trajectoires : l’une qui mène à l’enquête policière et l’autre plus personnelle, la vie intime de Lindsay Boxer. Divorcée, sans enfant, elle apprend qu’un mal ronge son être intérieur et le lecteur l’accompagne dans cette phase de désespoir/espérance. Il l’accompagne dans ses amours aussi même si l’auteur rajoute quelques couches de tristesse. En parlant de cet amour contrarié, j’éprouve un sentiment paradoxal. J’ai apprécié cette touche grise qui vient obscurcir le ciel bleu mais en même temps, j’aurais voulu un autre scénario final.

Parlons de l’enquête policière et de cet homme qui prend un malin plaisir à ôter la vie à des jeunes mariés durant leurs premières heures d’union maritale. J’ai apprécié les rebondissements, les fausses pistes, le vrai qui s’habille de faux et vice versa.

Et la tu t’dis que c’est fini car pire que ça ce serait la mort.
Quand tu crois enfin que tu t’en sors quand y en a plus et ben y en a encore !

Ce n’est pas une citation du livre mais un extrait de la chanson de Stromae. 😀

On va de surprise en surprise avec l’auteur. C’est presqu’un tour de montagne russe. Parfois, les ficelles sont trop grosses, trop tirées par les cheveux.

1er à mourir est une bonne entrée en matière pour cette série de près de 20 tomes. J’aurais volontiers enchaîné sur le 2nd tome si je n’avais pas un service presse qui attend patiemment et la reprise des activités du comité de lecture pour le Prix les Afriques 2021.

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Le tunnel – Ernesto Sabato

Juan Pablo Castel est artiste peintre et meurtrier. C’est son histoire qu’il va dépeindre depuis sa cellule. Un autoportrait tout en taches sombres, bardé par endroit de couleurs violentes, d’éclairs de lucidité, que ni sa conscience ni les faits ne peuvent contenir. Un autoportrait au fusain, noir et gris, avec du rouge. Ce rouge qui prendra bientôt plusieurs significations, au fil de son témoignage et de sa volonté de se comprendre : le rouge de la passion et le rouge du sang. Car, dès le départ, Juan Pablo Castel nous dévoile tout. Il est l’assassin de la femme qu’il continue à aimer, malgré la mort, plus que sa vie.

Derrière un pseudo roman policier à l’intrigue dévoilée se cache un ouvrage à l’ambition téméraire : nous donner à voir toute la pensée de l’auteur, son humanisme, sa vision du monde moderne, son existentialisme. À la fois réflexion sur la solitude de l’artiste et sur l’incapacité de son personnage à communiquer, cet livre est aussi une touchante mise en écriture de la passion amoureuse, lucide et cruelle.

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En 2017, j’ai voulu découvrir la littérature sud-américaine. J’ai dressé une liste de livres à découvrir dans laquelle figurait le Tunnel. J’ai enfin pu le lire grâce à ma binôme du swap mythologie grecque qui l’a inséré dans mon colis.

Lors d’un Salon à Buenos Aires où sont exposées ses œuvres, Juan Pablo remarque une jeune femme qui semble intriguée par un point de détail sur une de ses toiles, détail auquel personne n’avait jusqu’ici fait attention.

Enthousiasmé de savoir qu’enfin une personne puisse le comprendre véritablement, il fait de Maria, la jeune femme, une obsession et met tout en œuvre pour la retrouver. Maria devient le centre de son monde.

Il nous raconte la passion dévastatrice qui les a liés dans les rues animées de la capitale argentine. Passion folle, amour exclusif, drogue dure, relation abusive.

Maria est déjà en couple et il accuse de le tromper, de ne pas l’aimer, de lui mentir. Il essaie de trouver des preuves pour justifier sa jalousie maladive.

S’ensuivent des conflits réguliers qui vont déboucher sur le drame.

J’ai apprécié cette lecture rapide, ce récit bien narré où la jalousie mène la danse : le tango de la passion amoureuse puis la valse de la mort.

 

Le portrait de Juan Pablo est intéressant. Misanthrope, nihiliste, vaniteux, égocentrique, il est. Il analyse tout, sans arrêt. Le moindre geste, la moindre phrase, l’intonation de cette phrase, tout est passé à la loupe.

 

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Le portrait de Maria est quant à lui un mystère insondable. J’aurais aimé que le narrateur nous donne des pistes pour cerner sa personnalité, connaître ses sentiments. J’ai refermé le livre avec trop de points en suspens, de questions sans réponse.

Il y a  matière à interprétation, à discussion.  Etudier ce roman à l’école aurait été une  plus-value. J’en ai été convaincue après lecture de cette note de lecture. 

 

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TTL 47 – Take me anywhere avec Ernest J. Gaines

Le Throwback Thursday Livresque est officiellement en pause en ce mois d’août chez Carole du blog My Bo0ks. Pour ne pas perdre mon engouement à participer à ce rendez-vous, j’ai décidé de reprendre en ce mois d’août les thèmes de l’an dernier que je n’avais pas faits

1er août : Famille

8 août : Comme un oiseau en cage

15 août : La meilleure héroïne

22 août : Take me anywhere

29 août : Fantasy, fantastique, magie, SF, irréel, incroyable, miracle, au delà, anges et créatures…

Thème de cette semaine

Allez, venez, on part en Louisiane !

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Jim Kelly, la trentaine, vit dans une plantation de Louisiane. Narrateur du récit, il voit arriver un jour Marcus, jeune noir de Bâton Rouge, qui vient de tuer un type dans une bagarre. Pour éviter la prison, il est assigné à résidence en tant qu’ouvrier agricole.
Orgueilleux et violent, Don Juan devant l’Éternel, Marcus va vite s’opposer à Bonbon, le contremaître Cajun, et séduire sa femme…

Bonbon est amoureux de Pauline, domestique noire. Un amour interdit, connu des gens de la plantation et toléré mais la relation de Marcus avec Louise, la femme blanche du contremaître est jugée provocatrice et inacceptable.

Louise n’est pas heureuse dans son mariage. Comme Marcus, elle a envie de fuir la plantation. Leur fuite va provoquer une catastrophe. 

Un récit tragique où les secrets des uns deviennent chantage pour les autres. Entre désir de vengeance et soif de liberté, il y a de l’amour, du rire, de la beuverie, des coups de poing. 

J’ai apprécié ma lecture, les personnages tant principaux que secondaires sont attachants. 

La plume d’Ernest J. Gaines est une belle découverte. Une écriture limpide, très agréable, un style spontané et plein de fraîcheur.

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Quel livre auriez-vous choisi pour ce thème ? Faites-moi sortir des sentiers battus ! 

fleur v1

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Souvenirs du Vietnam, le meilleur de Danielle Steel ?

Paxton Andrews est une toute jeune journaliste lorsqu’elle est envoyée dans le Vietnam en guerre. Durant sept ans, jusqu’à la chute de Saigon, elle va vivre au contact de l’horreur et de la mort, témoin au jour le jour d’une guerre atroce, qui a marqué pour leur vie tous ceux qui l’ont traversée. Un parcours jalonné également de rencontres avec des hommes qui, chacun à sa manière, l’aideront à s’accomplir.

Comment suis-je arrivée à lire ce livre ? La validation de la case décennie du bingo hivernal sur Livraddict. Aucun livre de ma PAL n’ayant été publié dans ma décennie de naissance, j’ai dû chercher un autre livre qui me ferait passer un bon moment. Après avoir interrogé des lectrices fan de Danielle Steel, Souvenirs du Vietnam m’a accompagnée durant une journée.

A la lecture du résumé qui est concis soit dit en passant on pourrait penser que le récit débute au Vietnam.

Il commence bien avant, à Savannah où Paxton vit avec sa mère distante. On est en 1963 et on découvre une jeune fille de 17 ans qui réclame son indépendance; ne veut pas suivre le chemin conventionnel et insipide que veut lui faire emprunter sa mère. Paxton a d’autres rêves et j’ai admiré sa détermination à vouloir autre chose qu’un mariage et des enfants comme la plupart des jeunes filles de son âge.

Le récit est fortement ancré dans l’histoire politique des Etats-Unis, la guerre du Vietnam.

Paxton suit des études de journalisme et est fortement choquée par les morts successives de JFK; Martin Luther King, Robert Kennedy. Elle trouve absurde l’implication des américains dans la guerre du Vietnam. Une guerre folle, stupide qui fait des milliers de victimes.

Elle profite de son premier amour jusqu’au 1er avril 1968, date où sa vie bascule. Elle part au Vietnam et nous fait voir l’horreur de la guerre. Il y a de l’amour, de l’amitié et entre les deux les drames qui s’enchaînent. On plaint Paxton dont la vie n’est pas sans répit. Les moments heureux sont de courte durée.

Il est impossible de deviner comment l’histoire va s’achever. La certitude n’est pas monnaie courante dans l’intrigue de ce roman. 

Je n’ai lu que 4 romans de Danielle Steel y compris celui-là. Si vous ne deviez lire qu’un roman de cette auteure, je dirais celui-là.

Souvenirs du Vietnam est une histoire dramatique, poignante qui expose les conséquences désastreuses de la guerre.

J’ai passé un bon moment de lecture. La fin est heureuse, j’aurais même voulu qu’il y ait un mariage et un bébé, un peu de rose après toute cette noirceur. 🙂

 

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Un dimanche à Kigali : Le film VS le livre

En cherchant une romance de couple mixte à regarder sur Youtube, je suis tombée sur Un Dimanche à Kigali. Un film de Robert Favreau produit en 2006.

Kigali, printemps 1994. Nous sommes à quelques mois après le début du génocide des Tutsis. Le journaliste québécois Bernard Valcourt, après avoir été bloqué à la frontière tente de retrouver Gentille.

Qui est-elle ? Une jeune femme de 22 ans serveuse à l’Hôtel des Milles Collines où Bernard logeait. Le journaliste réalisait depuis quelques mois un reportage sur le Sida.

Avant de devoir quitter le pays, Valcourt la cherche chez leurs amis communs, dans différents lieux dévastés. Sous forme de flash-back, on découvre leur histoire.

Bernard tombe amoureux de cette jeune femme qui pourrait être sa fille. Elle est belle, élancée. Une romance mixte naît au milieu des tensions croissantes entre les communautés Hutus et Tutsis.

Gentille a une carte d’identité Hutu mais elle a le physique raffiné des Tutsis. La menace d’extinction des Tutsis ne l’exclut pas. Valcourt cherche des moyens de la sauver du génocide. Hélas !

Le film est à la fois doux et violent. Il est intense, poignant et relate l’horreur du génocide rwandais, la cruauté de l’humain. J’ai vu l’ampleur de la folie, de la haine et la beauté de l’amour. Je n’ai pas pu retenir mes larmes jusqu’à la fin.

Le film s’est focalisé sur le silence du Canada, on survole le silence coupable de l’ONU, des Belges et Français ce qui est un peu dommage lorsqu’on veut cerner tous les contours de ce génocide.

Le casting est convaincant, les personnages attachants, les décors simples. Le film n’est pas visuellement époustouflant, il n’est pas comparable à Hôtel Rwanda mais il vaut le détour pour l’émotion qu’il suscite.

 


LE LIVRE

A la fin du film, j’ai fait des recherches sur les acteurs et ai découvert qu’il est une adaptation cinématographique du livre Un dimanche à la piscine à Kigali de Gil Courtemanche. Je me suis hâtée de le lire.

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284 pages de lecture. Le récit débute autour de la piscine de l’hôtel des Mille-Collines avec sa clientèle de coopérants, d’experts internationaux, de bourgeois rwandais. C’est un dimanche tranquille. Ils parlent, rient et boient. Ils ont une vie paisible.

On découvre Valcourt, codirecteur d’une télévision, initiative du gouvernement du Canada dont la première mission devrait être éducative, en particulier dans les domaines de la santé communautaire et du sida. Un projet auquel Valcourt ne croit plus deux ans après son arrivée au Rwanda. Il tourne maintenant un documentaire sur le Sida et ces héros à Kigali.

Valcourt a une obsession : Gentille. Leur attirance est d’abord sexuelle. Dans le film, c’était enrobé, moins brut.

Le sexe est très présent dans le livre. Il y a beaucoup de scènes lubriques. Le sexe est perçu comme un moyen pour se soustraire aux souffrances, c’est également un instrument de domination, de vengeance.

Au fil des pages, on ressent la haine des hutus envers les tutsis et on en connaît l’origine.

Lentement, le narrateur nous dirige vers le génocide, la violence des massacres. Ce génocide a été minutieusement préparé. Des listes avaient été préparées : politiciens de l’opposition, hommes d’affaires, journalistes, curés activistes.

On tuait les hommes d’un coup de feu ou d’un coup de machette, savant et précis. Mais les femmes n’avaient pas droit à une mort claire et nette. On les mutilait, on les torturait, on les violait, mais on ne les achevait pas. On les laissait aller au bout de leur sang, crachat par crachat, pour les punir d’avoir mis au monde tant de Tutsis…

Le scénario du  film s’inscrit à 70% dans la logique du roman. Certains faits du livre ont été modifiés notamment :

  • la peau couleur de café au lait de Gentille. Dans le film, elle est plutôt chocolat noir
  • le mariage de nos tourtereaux et l’adoption de la fille de Cyprien
  • le journal de bord de Gentille…

J’ai apprécié ma lecture. L’auteur a respecté la chronologie du génocide, a mis en évidence la non-implication de la communauté internationale, le silence des journalistes. J’ai moins apprécié les longueurs et la fin que j’ai jugée trop rapide.

Ai-je plus aimé le film que le livre ? Je trouve qu’ils sont complémentaires.

 

Un amour interdit Alyssa Cole

 

Chacun possède dans ses gènes tout le Bien et tout le Mal de l’humanité. L’un et l’autre peuvent toujours surgir comme une tornade apparaît et détruit tout, là où quelques minutes auparavant ne soufflaient que des brises chaudes et douces.

 

Tu vois chaque pays possède une couleur, une odeur et aussi une maladie contagieuse. Chez moi, la maladie c’est la complaisance. En France, c’est la suffisance, et aux Etats-Unis, l’ignorance.

Et au Rwanda ?

Le pouvoir facile et l’impunité. Ici, c’est le désordre absolu.

J’ai le corps long des Tutsis et la détermination paysanne des Hutus. Je me regarde et je sais que je fais un heureux mélange. Et si tous les sangs qui s’entrecroisent dans mes veines ne me font pas de maladies, c’est peut-être qu’ils peuvent s’entendre.

 

Quel livre / film avez-vous découvert cette semaine ? 

 

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La saison des fleurs de flamme – Abubakar Adam Ibrahim

Je suis parfois lasse d’écrire des chroniques après mes lectures. En pareille circonstance, un livre arrive, me choque et me donne l’envie d’écrire. Ça a été le cas avec La saison des fleurs de flamme.

L’oeuvre est scindée en deux parties aux proportions différentes. Des proverbes parfois comiques introduisent chaque chapitre.

Si on n’avait rien su des origines du vautour, il aurait prétendu qu’il venait de Médine, proverbe introductif du chapitre 25

 

Hajiya Binta Zubaïru vit avec sa nièce Fa’iza et sa petite fille Ummi dans un faubourg du Nigéria. Veuve depuis dix ans, elle est cambriolée un jour par Reza, un voyou aux cheveux hérissés. Ce jour-là, Binta renaît. Ses désirs longtemps réprimés au cours de son mariage sont libérés au contact de cet homme.

Binta répond à l’appel des sens, se laisse emporter par la passion. Une idylle érotique et secrète naît entre une bonne musulmane, respectable mère de famille et l’un des seigneurs à San Siro, immeuble inhabité qui est le repaire des dealers.

 

A San Siro, l’herbe était reine. En marge de ce trafic, certains garçons revendaient aussi d’autres produits : codéine, sirops divers, Tramadol et autres mixtures, mais pour le voyou aux cheveux hérissés, l’herbe était le summum

 

Une idylle naît entre une femme de 55 ans et un homme de 25 ans. Trente ans d’écart choquant la bienséance mais minimisés par la passion.

La passion fait fi des différences et de la perception qu’on a de ceux qu’elle possède. Elle ne distingue ni le bien ni le mal.

Pourquoi il faudrait que les choses soient bien ou mal ? Pourquoi elles seraient pas tout simplement comme elles sont ?

Ce qui lie Binta à Reza m’a gênée. Au-delà de leur grande différence d’âge, il flotte entre eux un parfum d’inceste. Binta voit en Reza le fils aîné qu’elle a perdu, celui à qui elle n’a pu témoigner de l’affection à cause de cette tradition arabe qu’est la kunya. Reza voit en Binta la mère absente, celle qui l’a délaissé.

Dans ce roman, il n’est pas que question d’amour illicite. L’auteur dépeint l’atmosphère politique du Nigéria : manipulations et menées pour acquérir le pouvoir, corruption de la police, échecs des politiques sociales, économiques. C’est désolant de voir ces jeunes hommes à qui l’on donne des diplômes sans leur garantir un avenir professionnel.

L’auteur évoque les conséquences des conflits religieux à Jos à travers le traumatisme de Fai’za. Il pointe du doigt le poids des traditions, traditions parfois sordides. J’avoue n’avoir rien compris de la kunya. Le concept est resté flou dans mon esprit. J’ai déploré le fait que l’auteur ne le décrive pas assez. Google est mon meilleur ami mais il n’a pas pu me donner de plus amples informations.

L’histoire se compose de plusieurs drames bouleversants. Au milieu de ces drames, la flamme de l’espoir persiste.

Leila, même si tu sais que le monde doit finir demain, plante un arbre.

 

Les voix de Binta, Leila, Fai’za nous somment de continuer à croire en l’humanité, croire que l’homme est encore capable du meilleur et non du pire. J’ai beaucoup apprécié la pluralité des portraits de femmes dans l’oeuvre.

 

Je découvre la plume de l’auteur et elle est agréable à lire. Le ton employé est mélancolique, tragique. Le langage est souvent imagé, le style logique (phrase enrichie de subordonnés). Quelques longueurs ralentissent la fluidité de la lecture mais n’entachent pas la qualité du roman

La saison des fleurs de flamme est à mettre entre les mains des passionnés de la morale, de la passion, de la politique. Ils risquent d’aimer. 

 

l'auteur du mois

L’auteur, Abubakar Adam Ibrahim, est journaliste. Il a 39 ans. Son premier roman, Season of Crimson Blossoms, a été publié en 2015 par Parrésia (Nigeria) et Cassava Republic (Royaume-Uni). Il lui a valu le prix de littérature NLNG, le plus important prix littéraire nigérian, représentant 100 000 dollars. Il est publié en traduction française en 2018 par les Éditions de l’Observatoire sous le titre La Saison des fleurs de flamme.

 

Pour plus d’informations sur le livre, cliquez ICI

 

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Une bouteille à la mer, roman d’amour émouvant

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Seul sur son bateau, un homme lance une bouteille à la mer. Au gré des vapes et du hasard, la bouteille aurait pu finir sa course n’importe où, et le message qu’elle enfermait ne jamais être lu… Mais elle a échoué sur une plage de Cape Cod. Et transformé la vie de la jeune femme qui se trouvait là. Theresa, journaliste et mère de famille divorcée, découvre, bouleversée, la plus belle lettre d’amour qu’elle ait jamais lue, la lettre d’un homme à la femme de sa vie, qui vient de mourir. Dès lors, elle ne pense plus qu’à retrouver l’auteur de cette lettre. Connaître son histoire, voir quel visage se cache derrière ces mots qui ont éveillé au plus profond d’elle-même un sentiment qu’elle n’ose pas encore nommer… Mais lui, saura-t-il de nouveau aimer et être aimé ?

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C’est l’été, la saison littéraire légère, le temps des histoires d’amour éphémères…. J’ai voulu découvrir l’un des auteurs de romances connus à savoir Nicholas Sparks. Dans le groupe Accro aux livres, une passionnée de lecture m’a recommandé Une bouteille à la mer et je lui en suis reconnaissante.

Theresa est une mère célibataire. Divorcée, seule avec son travail et son fils, elle a envie de renouer avec l’amour. Une bouteille lancée à la mer vient raviver cette envie. L’amour se présente avec une pointe de folie que j’aime bien. 

J’ai souri lorsque Theresa est allée à la rencontre de cet homme qui la charme sans qu’elle ne sache à quoi il ressemble.  Elle m’a rappelé mes audaces amoureuses. 😀

Leur rencontre est romantique, leur rapprochement se fait en délicatesse. L’auteur sait faire rêver. Garrett est un bel homme mais il a aussi ce côté sensible qui ferait chavirer n’importe quelle femme fleur bleue.

Theresa a fait le deuil de son divorce et l’infidélité du père de son fils, Garrett lui n’a pas fait le deuil de sa relation écourtée avec Catherine. Il ne s’est pas encore remis de la mort de celle qu’il a aimé plus que lui-même. Le fantôme de Catherine menace la croissance de cet amour naissant. 

Une rupture s’installe. Je pensais qu’elle aurait été de courte durée, je m’imaginais déjà comment se ferait la réconciliation mais l’auteur a déjoué mes plans. Le dénouement m’a fortement surprise, je ne m’attendais pas à une fin aussi déchirante. Elle m’a laissée pantoise. 

J’ai apprécié ma lecture car elle a réussi à me surprendre et à m’émouvoir. La narration de l’auteur est très descriptive, les néophytes apprendront beaucoup sur l’univers des bateaux et la plongée sous-marine. Le style de l’auteur est fluide. Les pages se tournent d’elles-mêmes.

 

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  • Broché: 285 pages
  • Editeur : Robert Laffont
  • Année de publication: 1999
  • Collection : Best-sellers

 

Vous avez d’autres œuvres de Nicholas Sparks à me recommander ?

 

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Throwback Thursday Livresque #8 : Coup de coeur absolu

 

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Voici le Throwback Thursday Livresque ! Conçu sur le même principe que le Throwback Thursday d’Instagram mais vraiment concentré sur les livres ! Chaque semaine Bettierose books fixe un thème et il faudra partager la lecture correspondante (une seule) à ce thème. Ce que permet ce rdv ? De ressortir des placards des livres qu’on aime mais dont nous n’avons plus l’occasion de parler, de faire découvrir des livres à vos lecteurs, de se faire plaisir à parler de livres !

Cette semaine, le thème est : 

 

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Et le livre qui est une illustration parfaite du coup de coeur est

On ne badine pas avec l’amour, une pièce de théâtre d’Alfred de Musset

 

 

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La pièce se déroule au château du Baron et a pour principaux personnages Camille, sa nièce, une jeune fille de 18 ans qui sort du couvent, et son fils de 21 ans, Perdican, récemment titulaire d’un doctorat. Les deux jeunes gens se retrouvent après dix ans de séparation dans ce château si cher à leurs cœurs, où ils ont grandi, joué, et où ils se sont aimés. Le Baron projette de marier les deux cousins.

Perdican et Camille s’aiment depuis toujours, mais cette dernière, endoctrinée par les sœurs du couvent toutes victimes d’amours malheureuses, a appris à ne pas avoir confiance en les hommes. Elle a donc pris la décision d’y retourner et de vouer sa vie à Dieu.

Camille continue malgré tout de cacher ses sentiments pour Perdican, par pur orgueil. Elle envoie donc une lettre à Louise, une religieuse de son couvent qui l’a fortement influencée par l’exemple de ses propres malheurs pour la dissuader de quitter ce lieu où elle « est en sécurité », lettre où elle explique qu’elle a tout fait pour se faire détester de Perdican, et où elle affirme que ce dernier est au désespoir à cause de son refus de mariage.

Au cours d’une dispute entre Dame Pluche et Maître Blazius, Perdican tombe sur cette lettre. Touché dans son amour-propre, il laisse l’orgueil et la vanité le dominer, et décide de la détromper en séduisant Rosette, une jeune paysanne, sœur de lait de Camille…

Cette pièce m’a impressionnée par sa beauté, sa vivacité, sa qualité, sa puissance, sa vérité. J’ai aimé ces réflexions sur l’amour, le mariage, elles ont inspiré l’écriture de mes romances. 

 

CAMILLE

L’amitié ni l’amour ne doivent recevoir que ce qu’ils peuvent rendre.

 

CAMILLE

Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir ; je veux aimer d’un amour éternel, et faire des serments qui ne se violent pas. Voilà mon amant. (Elle montre son crucifix.)

PERDICAN

Cet amant-là n’exclut pas les autres.

 

CAMILLE

Je vous demandais tout à l’heure si vous aviez aimé ; vous m’avez répondu comme un voyageur à qui l’on demanderait s’il a été en Italie ou en Allemagne, et qui dirait : Oui, j’y ai été ; puis qui penserait à aller en Suisse ou dans le premier pays venu. Est-ce donc une monnaie que votre amour pour qu’il puisse passer ainsi de main en main jusqu’à la mort ? Non, ce n’est pas même une monnaie ; car la plus mince pièce d’or vaut mieux que vous, et dans quelques mains qu’elle passe, elle garde son effigie.

 

PERDICAN

Sais-tu ce que c’est que des nonnes, malheureuse fille ? Elles qui te représentent l’amour des hommes comme un mensonge, savent-elles qu’il y a pis encore, le mensonge de l’amour divin ?

Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueuilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux.

On est souvent trompés en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueuil et mon ennui.

 

 

Quel livre est votre coup de coeur absolu ? 

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Throwback Thursday #6 : Résolutions et nouvelle vie

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Le Throwback Thursday Livresque est un rendez-vous livresque initié par BettieRose Books.

Le but est de parler d’une « ancienne » lecture (pas la toute dernière ou l’actuelle) autour d’un thème qu’elle aura au préalable défini.

Le thème de cette semaine est : Résolutions (un héros/une héroïne qui change au cours du roman, qui s’affirme, se dévoile, apprend de lourds secrets sur son passé, change de vie, traverse une dure épreuve, etc)

 

Et le livre que j’ai décidé de vous présenter est 

 

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Extrait 

Ce jour-là seulement, je compris qu’il est des femmes qui sont faites pour éblouir, pour allumer les passions et qui sont sources de souffrances puis qu’il en est d’autres qui, bien que discrètes, assurent à l’homme une vie tranquille avec non moins de plaisir. Monique était de ces dernières. Monique, si je l’avais voulu, aurait toujours su me soutenir, m’aider à lutter et à vaincre. Oui, l’amour de Monique, c’était la plus belle chose que la vie m’eût donnée. J’en étais conscient maintenant et peut-être était-il trop tard.

Les Frasques d’Ebinto est l’histoire d’un jeune garçon brillant qui rêve d’une réussite éclatante et voit son rêve brisé après une aventure d’une nuit avec Monique, une jeune fille très douce qui l’aime terriblement. La jeune fille étant enceinte, les parents optèrent pour l’union entre les deux enfants.
Ebinto voit s’envoler deux rêves, celui d’avoir une position sociale respectable et celui d’épouser Muriel une fille de bourgeois qu’il aime d’un amour fou.
Obligé d’abandonner ses études pour s’occuper d’une famille qu’il n’avait pas prévue sitôt, Ebinto se transforme en une espèce de monstre. Monique devient son souffre-douleur. 
 
“Il n’y a rien de plus tragique qu’un homme sérieux déçu dans ses ambitions par une réalité médiocre.”
Ebinto se ressaisira mais ce sera bien trop tard. L’irréparable se sera déjà produit.  

J’ai lu ce livre au collège et j’en garde un agréable souvenir. C’est l’une des plus belles oeuvres de la littérature ivoirienne. L’histoire est belle, tragique et émouvante. Les sentiments des personnages sont réalistes. On a tous aimé sans être aimé en retour. 

J’ai ressenti la déception d’Ebinto quand sa vie a pris une autre tournure que celle rêvée. J’ai eu une grande peine pour la douce Monique.

Ce roman édité en 1979 est riche d’enseignement, il depeint notamment le manque d’éducation sexuelle, sujet resté longtemps tabou.

Et vous, quel livre proposeriez-vous pour ce thème ?

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