J’ai reçu ce roman dans ma Kube de Juillet, il a été choisi par Laura de la Librairie Le Failler. Sarah, ma fidèle libraire dans l’aventure Kube n’étant pas disponible, un autre libraire m’a été attribué. J’avoue que j’ai eu peur car Sarah si je ne m’abuse est la seule libraire du réseau Kube dont le genre littéraire de prédilection est la littérature africaine. J’étais un peu déboussolée. J’appréhendais la proposition de Laura mais elle a répondu à mon envie qui était formulée comme suit : Je remplis ma carte des auteurs africains et j’aimerais lire un roman (ou recueil de nouvelles) en français de moins de 350 pages d’un auteur de l’une des nationalités suivantes: sierra-léonais, cap-verdien, namibien, tanzanien, centrafricain, kenyan ou gambien. Quant aux genres, autobiographies/biographies/essais/livres de développement personnel à éviter.
Laura a opté pour la Tanzanie avec les Girofliers de Zanzibar d’Adam Shafi Adam.
Kijakazi, née à Zanzibar dans une famille d’esclaves, est la plus fidèle servante du Seigneur Malik et de son fils, Fouad. Tandis que ceux-ci vivent comme des princes de la récolte des clous de girofles, leurs esclaves ne connaissent que brimades et tâches harassantes. Mais sur la plantation, certains jeunes se laissent gagner aux théories révolutionnaires venues de la ville…
À travers ce récit aux airs de conte de fées, Adam Shafi Adam relate un événement peu connu de l’histoire contemporaine : la révolution de janvier 1964, qui marqua la rupture brutale avec le sultanat féodal de Zanzibar et l’instauration d’une République populaire.
Kijakazi est née dans une famille d’esclaves. Persuadée que l’esclavage est son lot, elle n’existe que pour donner satisfaction à son maître, le Seigneur Malik, à sa femme et à leur fils Fouad qui deviendra le maître à la mort de ses parents.
Fouad et Kijakazi sont les personnages principaux de l’histoire. Un jeune homme et une vieille femme, un dominant et une dominée. Fouad, ce riche planteur arabe qui abuse de ses serviteurs et Kijakazi, esclave usée avant l’âge. Si j’ai trouvé le personnage de Fouad très détestable, j’ai eu beaucoup d’empathie pour Kijakazi. J’ai espéré pour elle une vie émancipée, plus rayonnante que celle qu’elle vit avec son maître et j’ai été heureuse que l’auteure lui dessine un avenir en arc-en-ciel.
Ce récit est l’occasion de découvrir la révolution du 12 janvier 1964 au Zanzibar. L’auteur nous fait vivre l’agitation prérévolutionnaire, les rassemblements clandestins ou publics organisés par le Mouvement Nationaliste des Patriotes, le déclenchement de l’insurrection, la mise en place de la réforme agraire où le peuple afro-shirazi se réapproprie ses terres. J’ai apprécié lire la déchéance de Fouad.
Les Girofliers de Zanzibar est un récit intéressant mais j’ai trouvé que le style de l’auteur manquait de poigne. J’aurais voulu que la narration soit plus alerte.