Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Pour le bonheur des miens

Issue d’une famille pauvre, Fleury est décidée à réussir ses études. Intelligente et studieuse, elle pensait avoir tous les atouts pour réaliser ses rêves. Mais c’était sans compter avec les contingences existentielles. Fleury découvre qu’elle doit sacrifier sa dignité de jeune fille pour se faire une place au soleil et sortir les siens de l’indigence. Entre son honneur et le bonheur de sa famille, quel sera son choix ? Macaire Etty, à travers un récit vivant, porté par une écriture splendide, nous accompagne sur le parcours atypique d’une jeune fille piégée par la vie.

Pour le bonheur des miens

« – Papa, quand vais-je commencer les cours ? »

Première phrase du récit que bon nombre de personnes ont eu la chance de ne pas poser à leur père.

Il est difficile de ne pas avoir un pincement au cœur en lisant les premières lignes du récit, en se mettant à la place de ce père pour qui il est difficile d’assurer la pitance de la famille et l’éducation académique de ses enfants.

On ne peut s’empêcher de penser à tous ces lycéens qui mettent fin à leur parcours scolaire faute de moyens, des lycéens livrés à eux-même et qui sont souvent obligés de suivre le chemin crasse et ténébreux de l’existence.

Grâce à l’aide financière de sa tante, Toto Ama Fleury, notre héroïne arrive à s’inscrire en classe de terminale. Mais cette aide se renouvellera-t-elle à l’université ? Fleury ne veut pas se soucier de cette question qui étouffe le présent. Elle désire se concentrer sur ses études et l’amour qu’elle éprouve pour Khigaly ;  un feu ardent qui hélas s’éteint très vite, la faute à ….

L’amour qui s’en va brutalement, un frère qui se fait arrêter, des études universitaires à payer poussent Fleury à dévaluer son corps et sa dignité. Une situation qui ne sera pas sans conséquences sur sa vie.

J’ai passé un bon moment de lecture et ce grâce à l’écriture vivante et entraînante  de l’auteur. La destination du voyage qu’il nous propose n’est pas originale (des histoires de jeunes filles obligées de se prostituer pour survivre et s’occuper de leurs familles, il y en a par centaines dans le monde de l’écriture) mais le confort du moyen de transport utilisé, le paysage qui s’offre à notre vue et l’ambiance nous interdisent d’interrompre le voyage avant l’heure.

J’ai apprécié à sa juste valeur les descriptions élégamment élaborées des personnages .

Sa démarche disgracieuse lui donnait l’allure d’un chasseur traditionnel. Il avait un visage singulièrement déplaisant où se distinguaient hideusement deux balafres impitoyables ; un visage au milieu duquel s’était formé un certain nez, un nez brutal, un nez indiscret et inutilement généreux. Pour tout dire, Monsieur Bonké était la laideur dans sa forme la plus achevée.

Le niveau de langue est approprié au contexte de l’oeuvre, aucune digression ne coupe le fil du récit.

Les clins d’œil faits aux différents présidents de la République de Côte d’Ivoire m’ont fait sourire : Adodougou, Boignikro, Gbagbokaya.

J’ai apprécié le parcours de Fleury avec ses hauts et ses bas, une vie imparfaite qui sert de leçon de morale à toutes les jeunes filles et femmes : on ne peut espérer de bénéfices et un rendement à long terme d’un corps qu’on a dévalué….

Biographie de l’auteur 

Macaire Etty est critique littéraire. Il anime par ailleurs, depuis plusieurs années des chroniques littéraires dans des quotidiens ivoiriens et collabore avec des maisons d’édition qui sollicitent son expertise. Il est depuis le 02 Avril 2016, le président de l’Association des Écrivains de Côte d’Ivoire. (AECI) Pour le bonheur des miens est son 3ème roman.

Quelques détails sur l’oeuvre

Nombre de pages : 140

Editeur : Vallesse Editions

Collection :  Yenian

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Drôle de printemps suivi de miniatures

Drôle de printemps

D’une séquence à l’autre, l’auteur nous plonge dans le « printemps arabe » avec ses espoirs, ses enjeux, ses dérives et ses folies. Dans un mélange de réalisme, d’humour, de dérision et de fantaisie, Youssouf Amine Elalamy raconte, dans son style bien à lui, les révolutions qui ont bouleversé le monde arabe. 

La révolution était en marche. A la télé, on avait annoncé 200 mille personnes pour la manif de vendredi. Un homme y va pour vérifier si la télé dit vrai. Il y trouve beaucoup de monde mais pas de révolution. Les 200 mille personnes étaient-elles vraiment venues pour faire une révolution ? N’étaient-elles pas venues vérifier si la télé disait vrai et s’il y aurait effectivement 200 mille personnes à la marche ?

Et ce pauvre gars qui répétait toujours le même mot : »rêve, rêve, rêve… » Savait-il pourquoi il était là ?

Ce pauvre gars nous explique à la deuxième séquence du livre pourquoi il répétait ce mot. Le ton frais avec lequel il s’exprime nous fait esquisser un sourire, ce sourire se mue en rire au fur et à mesure que l’on avance dans les séquences.

Drôle de printemps c’est 330 micro-récits, des récits quelquefois liés (la séquence suivante est une réplique à la séquence précédente), très souvent dissociés.

Les gens du peuple, les forces de l’ordre, le Leader politique à qui le peuple crie: « Dégage », s’expriment tour à tour et dévoilent leurs fantasmes, leurs frustrations.

Les personnages qui se succèdent dans ces récits sont loufoques, un peu schizophrènes sur les bords. Jugez-en par vous-même :

Tous les jours, je fais la tournée des librairies et je leur prends un exemplaire de mon livre comme ça mon éditeur ne pourra pas dire que c’est un bide. Heureusement qu’on n’a pas publié ma photo sur la 4ème de couverture. Les vendeuses m’auraient reconnu sinon.

Ce n’est pas parce qu’on est barbu qu’on est castré. Si Dieu avait voulu qu’on s’abstienne de regarder les femmes, il nous aurait fait pousser la barbe sur les yeux. Et puis il n’ y a pas que les hommes qui ont de la barbe. Les femmes la portent ailleurs, c’est tout.

Que Dieu bénisse Apple, Blackberry, Samsung, Nokia et tous les smart phones de la Terre. Aujourd’hui, avec une bonne charge d’explosifs et un téléphone portable qu’on actionne à distance, chacun de nos hommes est une bombe à distance, chacun de nos hommes est une bombe à usage illimité. On n’arrête pas le progrès.

A mon arrivée là-haut, personne ne savait où me caser. Mon coeur méritait le paradis, mon appareil génital l’Enfer et d’autres morceaux le Barzakh. A la fin, il a fallu recourir à l’arbitrage de Dieu en personne.

Pour ma carrière de pick-pocket, je ne pouvais pas espérer mieux. Avec ce voile intégral, ils me prennent tous pour une femme. J’ai fait coudre plein de poches à l’intérieur pour le rangement. Des grandes pour les Galaxy Note, des plus petites pour les i-phone.

99% ? Quand on me l’avait annoncé, je n’arrivais pas à y croire. Pas la peine d’être voyant pour voir qu’on avait truqué les résultats. J’avais donné mes ordres pour qu’on me retrouve les 1% et qu’on me les ramène tous ici, les poings liés.

Le désir de révolution ne se ressent pas seulement au niveau politique, il se ressent à l’intérieur de la cellule familiale, dans les rapport homme-femme.

L’abus, la duperie n’ont pas que pour cadre le domaine politique, ils existent également à l’échelle le plus bas de la société.

J’ai apprécié ce livre pour sa fraîcheur, pour les éclats de rire qui effacent les éclats d’obus. Avec ce livre, on imagine ce qui a dû se passer dans les foyers arabes lors de la révolution, tous les non-dits… J’ai apprécié voir le printemps arabe sous cet angle.

Les séquences sont assez courtes  mais on est un peu perdu quand elles sont dissociées.

Beaucoup de séquences tournent autour du sexe, cet aspect m’a un peu gênée.

L’auteur à travers ces micro-récits nous rappelle ceci : il vaut mieux en rire qu’en pleurer…

 

 

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Miniatures 

« Miniatures » est un recueil de  cinquante portraits dont les histoires se recoupent et forment une fresque de la société marocaine contemporaine. De la petite bonne à tout faire au golden boy de la bourse de Casablanca, du cyberdragueur au professeur intégriste religieux, les personnages miniatures dessinés par Youssouf Amine Elalamy se racontent…

Ils nous exposent des fragments de leur vie et nous laissent y lire leur pauvreté, leur dépit, leur foi, leur compassion théorique, leur fatalité…

Leurs points de vue et attitudes sont souvent hilarants. Prenez pour exemple cet homme qui pense que les techniques de reproduction que sont les pratiques sexuelles en multipliant les exemplaires à volonté, remplacent une oeuvre unique, exclusive, par un phénomène de masse ou encore cette femme qui ne mange plus rien (viande ou céréale) parce qu’étant mère, il est inconcevable pour elle de manger les enfants des autres.

[…] Marcel a perdu, en l’espace d’un mois, son père, puis son fils Aimé. Depuis, Marcel, qui n’a pas perdu la foi pour autant, ne se signe plus qu’Au nom du Saint Esprit.

 

A la maison, son père n’a d’yeux que pour  sa sœur, sa sœur n’a d’yeux que pour son frère, son frère n’a d’yeux que pour sa mère, sa mère n’a d’yeux que pour lui qui n’a plus d’yeux du tout. Une chance que la balle qui l’a touché ne l’ait pas tué.

Il y a du rire dans « Miniatures » mais aussi des larmes. Comme dans la vraie vie, tout n’est pas rose…

Publié dans Ma poésie

La coupe est pleine

la coupe est pleine

Qu’on ferme les volets et me laisse dormir.

Visiteurs du jour, n’ayez pas cet air abasourdi

Rassurez-vous, je ne couve aucune maladie.

Je n’ai pas un trop-plein d’alcool dans mon foie 

Juste un trop-plein de désillusion dans ma foi

Je ne veux pas m’épancher, laissez-moi dormir !

Éloignez-vous, la coupe est pleine,

J’ai besoin d’une longue accalmie,

Du silence de mes espérances et peines

Du gommage de la liste des souhaits émis.

S’il vous plaît, abandonnez mon intérieur

Continuez votre vie, allez donc à l’extérieur

Ne commettez pas l’erreur de dire que je suis une privilégiée,

Qu’il y a des gens qui vivent pire que moi et sont défavorisés.

Vous ai-je dit que je préfère être amblyope plutôt que non-voyant ?!

Si ça vous enchante, ajoutez-moi à la liste des ingrats et incroyants,

Je ne veux qu’une chose : qu’on éteigne la lumière, me laisse dormir !

Je ne m’éveillerai qu’au moment où le destin voudra bien me faire sourire…

© Grâce Minlibé 25/08/15 _ 01h00

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L’innocente

« Puis à mesure qu’approche l’année de mes 10 ans, les photos prennent des couleurs, leurs contours se précisent, magie du malheur, je n’ai qu’à les toucher du doigt, pour qu’elles reviennent à la vie, pour qu’elles se mettent à parler, pour que leurs voix me ramènent loin, très loin, là-bas, à Oyem… »

Dans la vie d’Elora, il y a un « avant » et un « après ». 

Avant, l’héroïne du roman est une fillette espiègle et naïve issue d’une famille de la classe moyenne au Gabon. Nous sommes dans les années 90, sa vie baigne dans un halo de douceur, rythmée par l’école, les jeux, les disputes avec sa soeur, Flavie, et les rêveries alimentées par les téléfilms brésiliens et les photoromans de sa mère qu’elle lit en cachette.

Survient un drame familial qui vient bouleverser cet équilibre…

L'innocente
L’héroïne du roman

Y a t-il un âge pour découvrir l’horreur,

Quelle saison de la vie doit servir la douleur ?

A quel âge doit-on porter le fardeau du malheur,

A quelle saison de la vie doit-on expérimenter la souffrance ?

A quel âge doit-on connaître le rejet et l’errance ?

N’importe quel âge mais pas celui de l’enfance,

Le temple de l’innocence…

Sans s’être annoncé, sans avoir été invité ou désiré, un drame fait irruption dans la vie d’une fillette. S’ensuivent dix longues années de misère, de privation, d’humiliation…

Parce qu’elle est une enfant, on décide pour elle;

Parce qu’elle est une enfant, on dispose d’elle…

Ce livre est bouleversant. Il est impossible (sauf si on est un être humain ne présentant aucun signe d’empathie) de rester étranger aux vicissitudes d’Elora Moussavou. On partage ses larmes, ses coups, son impuissance…

Cette biographie peint la condition humaine,  la pire version de l’Homme, son égoïsme,  son silence face à l’atrocité,  la méchanceté dont Il peut faire preuve.

Parce qu’une pièce a toujours deux côtés, le livre présente la meilleure version de l’Homme, sa sensibilité, son humanisme.

Avec tantine Bernadette, j’avais appris qu’on pouvait faire du mal aux autres, juste comme ça, gratuitement… Mâ Eliane m’avait enseigné que le contraire était tout aussi vrai. On pouvait faire du bien, juste comme ça, gratuitement…

Je crois aux anges gardiens. Je crois que même au fond du trou le plus sombre et le plus profond, il y a toujours cette personne qui vous tend la main, qui vous empêche de sombrer, qui vous interdit de plonger.

J’ai découvert à travers ce livre deux catégories d’anges protecteurs:

  • les anges gardiens: ceux qui pansent nos blessures, nous aident à oublier nos tourments, à les alléger.
  • les anges « exterminateur »: ceux qui nous poussent à nous révolter, à crier: ça suffit!

Elora a eu un ange gardien: Naguy , elle a aussi eu un ange « exterminateur »: Zéphirin. Ce livre est à lire rien que pour faire la rencontre de ce jeune homme extraordinaire. Il vous fera pleurer de rire.

Oui, il y a du rire au cœur des tourments. Il y a aussi de l’amour …

L’auteur n’a pas la prétention de prouver qu’elle mérite un siège à l’Académie Française, elle n’a qu’un but: rester le plus près de la réalité possible d’où l’utilisation de mots empruntés à l’argot gabonais. Il y a bien sûr un glossaire pour les non-initiés 🙂

En somme, l’histoire d’Elora est un vrai concentré d’émotions, elle nous engage à œuvrer pour la préservation de l’innocence de l’enfant.

Pour suivre l’actualité du roman, voir ici

Pour en savoir plus sur l’auteur, voir ici

Je vous souhaite une belle lecture

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre

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Juste avant le bonheur

Cela fait longtemps que Julie ne croit plus aux contes de fée. Caissière dans un supermarché, elle élève seule son petit Lulu, unique rayon de soleil d’une vie difficile. Pourtant, un jour particulièrement sombre, le destin va lui tendre la main. Ému par leur situation, un homme généreux les invite dans sa maison du bord de mer, en Bretagne. La chance serait-elle enfin en train de tourner pour Julie?

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Les premières lignes du roman nous présentent Julie, une jeune fille qui fait partie des gens que le destin épargne peu; Paul, un homme seul depuis un mois et qui gère assez bien sa solitude; Jérôme, un homme qui supporte mal sa nouvelle vie depuis un drame et un enfant  plein de vie.

L’enfant plein de vie est le fils de Julie, l’homme plein de solitude est le fils de Paul.

Ces 4 personnes qui se connaissent à peine, se retrouvent à partager un séjour en Bretagne. Au départ, ce n’était que Paul et son fils qui devaient faire ce voyage mais Paul a invité Julie et son fils parce qu’il est  ému par la situation de cette jeune fille mère célibataire. Il a envie de l’épauler, lui venir en aide, la séparer de son porte-monnaie qui ne se remplit pas facilement.

Qu’est-ce que ce voyage leur apportera? L’occasion de voir la mer pour Ludovic, le fils de Julie; l’occasion pour Paul de retrouver ce rayonnement intérieur qu’il avait perdu depuis 30 ans, l’occasion pour Julie de vivre un conte de fée, l’opportunité pour Jérôme de pleurer et se décharger du poids qu’il traîne depuis qu’elle est morte.

Ce voyage est une grande bouffée d’air pour chacun jusqu’au jour où survint le drame, où l’un d’entre eux va devoir apprendre à vivre sans son rayon de soleil…

Ce roman m’a touchée, m’a rappelé combien la vie est éphémère, combien les rencontres ne sont pas le fruit du hasard, combien il est nécessaire d’être entouré, combien la chaleur d’un animal ne pourra jamais remplacer la chaleur d’un humain.

L’écriture fluide de l’auteur et  les courts chapitres permettent une lecture rapide. Même si la tristesse est le sentiment omniprésent dans l’histoire, le livre est agréable à lire parce qu’il y a des couples qui se forment, des heureux événements qui se préparent.

La vie continue malgré les coups durs que le destin fait subir.

Si je devais résumer le livre en une seule phrase, je dirais: le bonheur est une présence.

Le privilège de la beauté: atténuer le mauvais caractère.

Un bord de mer n’est jamais silencieux, jamais. La vie non plus, ni la vôtre, ni la mienne. Il y a les grains de sable exposés aux remous et ceux protégés en haut de la plage. Lesquels envier? Ce n’est pas avec le sable d’en haut, sec et lisse, que l’on construit les châteaux de sable, c’est avec celui qui fraye avec les vagues car ses particules sont coalescentes. Vous arriverez à reconstruire votre château de vie, parce que la tempête vous a rendue solide. Et ce château, vous le construirez avec des grains qui vous ressemblent, qui ont aussi connu les déferlantes de la vie, parce qu’avec eux, le ciment est solide.

Le passé laisse une trace comme les pas dans le sable, mais c’est vers l’avenir que l’on marche.

Le temps n’aide pas à oublier mais à s’habituer. Comme les yeux qui s’accoutument au noir.

Le commun des mortels s’imagine que plus le temps passe, et mieux ça va, mais ces émotions-là ne suivent pas une ligne droite ascendante, mais une sinusoïde, avec des sommets et des creux de vague.

Si ce livre figure dans votre PAL, n’hésitez pas à le faire sortir sauf si vous êtes ultra-sensible 🙂

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre

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Les anges meurent de nos blessures.

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Il se faisait appeler Turambo, du nom du village misérable où il était né, dans l’Algérie des années 1920. Il avait pour lui sa candeur désarmante et un direct du gauche foudroyant.

Il fréquenta le monde des Occidentaux, connut la gloire, l’argent et la fièvre des rings, pourtant aucun trophée ne faisait frémir son âme mieux que le regard d’une femme.

De Nora à Louise, d’Aïda à Irène, il cherchait un sens à sa vie.

Mais dans un monde où la cupidité et le prestige règnent en maîtres absolus, l’amour se met parfois en grand danger, l’amitié aussi…

Avec des phrases percutantes, Yasmina Khadra déballe une profonde réflexion sur le genre humain.

Dans les années 20-30, une race se disait ouvertement supérieure aux autres. Il est dommage de voir qu’en 2015, les choses n’ont pas vraiment changé…

L’auteur peint la vie de misère qui s’attache à nos pas, ces circonstances fâcheuses qui ne nous lâchent pas.  A travers tous ces visages en souffrance qu’il nous fait voir, on lit ceci : le pauvre ne demande rien de mirobolant, il veut juste une vie décente

La quête sentimentale de Turambo nous fait explorer les différents obstacles que rencontre l’amour. Avec Nora, notre héros connaît l’amour pubère, un amour qui lui est arraché par sa famille car il ne peut pas offrir à sa belle le destin qu’elle mérite.

Avec Louise c’est le coup de foudre, un amour qu’on lui interdit de développer parce qu’il n’appartient pas à la classe de la jeune demoiselle.

Avec Aïda c’est l’amour délicat; une affection mal interprétée, un amour qui n’est pas réciproque. C’est un amour que Turambo doit également abandonner car la jeune dame dont il s’est épris ne veut pas dépendre d’un homme, ne veut pas d’une autre vie que ce qu’elle a.

Avec Irène c’est l’amour passion, un amour qu’on lui demandera de mettre de côté parce que carrière et vie de famille ne font pas bon ménage…

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L’auteur décrit des personnes  qui aveuglées par la cupidité et le vice ont perdu leur humanité.  Il nous interpelle sur notre quête de l’ascension sociale, met l’accent sur l’importance d’une famille.

Tu peux avoir autant de patries que tu veux, si tu n’as pas de famille tu n’es personne.

Encore une fois, je n’ai pas été déçue de Yasmina Khadra et je m’apprête à lire une autre de ses œuvres.

J’hésite entre l’Equation africaine et la Part du mort. Quel titre attire votre curiosité?

Grâce Minlibé,

Auteure de Chimères de verre

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Ce que le jour doit à la nuit

Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

Quand un livre fait partie du Top 10 d’une écrivaine talentueuse, il faut chercher à savoir pourquoi…

Quand un livre traite de l’un de vos thèmes préférés, il est indispensable d’aller à sa rencontre.

Je suis donc allée à la rencontre de «Ce que le jour doit à la nuit » et je ne suis pas revenue bredouille.

L’histoire débute en Algérie dans les années 30, l’époque est lointaine, le pays nous est étranger mais les réalités que le livre décrit ne me sont pas inconnues.

La fatalité, la pauvreté, le fait d’espérer fortement quelque chose et de ne récolter que tristesse et tourment.

Espérer, croire en un futur meilleur, persister puis abandonner parce qu’à bout de force.

J’ai soupiré à chaque page tournée parce que les tourments du père de Younes (le narrateur) m’ont ramenée à mon propre vécu. Comme Younès j’ai eu à dire : «Ce n’était pas une vie; on existait, et c’est tout »

Lire cette tristesse et cette incapacité à changer son destin m’auraient épuisée s’il n’y avait pas eu l’apparition du premier amour contrarié par une curiosité sexuelle, un amour innocent qu’il faut cependant taire parce qu’il a le goût de l’interdit.

J’aurais voulu réécrire la vie de Younes et d’Emilie mais hélas il y a des choses que l’on ne peut point changer…

Ce livre est entré dans mes favoris. Fait-il partie du vôtre ? N’hésitez pas à me laisser un commentaire pour me donner votre avis.

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