Aucune héroïne noire reconnue par l’histoire universelle. Sur ce constat, SYLVIA SERBIN s’est intéressée à des figures féminines qui ont marqué l’histoire de l’Afrique et de sa diaspora, de l’Antiquité au début du xxe siècle. Les reines Zingha d’Angola, Pokou de Côte d’Ivoire ou Ranavalona III de Madagascar, Madame Tinubu, commerçante et politicienne nigériane du 19e siècle, la mulâtresse Solitude en Guadeloupe et Harriet Tubman aux États-Unis, les Amazones du Dahomey ou encore la Vénus hottentote d’Afrique du Sud, figurent parmi ces vingt-deux portraits de femmes d’influence, résistantes, prophétesses, guerrières, victimes ou mères de héros, pour la plupart inconnues du grand public.
Jamais un tel ouvrage n’avait encore été écrit et c’est avec un réel talent de conteuse que l’auteure a construit, à partir de sources écrites et orales ayant nécessité plusieurs années de recherches, une fresque historique dont la lecture suscite admiration, tristesse, horreur et respect pour ces tempéraments d’exception. Un livre utile et passionnant qui nous dévoile aussi des facettes inexplorées de certaines sociétés de l’Afrique précoloniale, souvent présentées comme inertes et figées alors qu’elles ont connu une incontestable vitalité.
J’ai lu l’édition révisée et augmentée car l’auteure a eu des soucis avec son éditeur. C’est l’une de ses vidéos publiée sur Youtube où elle exprimait les raisons de sa séparation d’avec son éditeur qui m’a permis de découvrir l’auteure et son oeuvre.
Rendre hommage aux femmes noires, montrer qu’elles ne furent pas que soumises et bâillonnées mais qu’elles ont eu du pouvoir d’influence. Faire en sorte que leur souvenir soit encore vivace dans nos mémoires. Quelle noble tâche !
Ecrit sur un ton fluide, ce livre est découpé en huit grandes parties : Reines d’Afrique, femmes de pouvoir et d’influence, les résistantes, prophétesses et mouvements messianiques, guerrières, romances princières, victime, mères de héros. 22 portraits de femme y sont présentés.
Ça a été un plaisir d’y retrouver la reine Pokou, les Amazones du Dahomey et Yennega, l’Amazone burkinabé que j’avais découvert pour la 1ère fois dans Princesses d’Afrique.
J’ai découvert des femmes résistantes comme la mulâtresse Solitude, la reine Ndette Yalla.
J’ai découvert des femmes courageuses à l’instar des femmes de Nder qui ont décidé de mourir en femmes libres plutôt que de vivre en esclaves.
J’ai découvert des femmes charismatiques, intrépides. La reine d’Angola Anna Zigha qui m’a littéralement bluffée.
Des femmes de pouvoir avec un goût insatiable pour les hommes et qui avaient le droit sur leur corps à l’instar de Tassin Hangbe et Malan Alua.
Dans Camarade papa, j’ai eu un aperçu de Malan Alua, reine-mère du Sanwi. Dans ce livre, je l’ai découverte en long et en large.
Reines d’Afrique et héroïnes de la diaspora noire est un livre utile car il efface des pans d’ignorance. Je n’avais jamais rien lu sur Harriet Tubman, la reine Ranavalona III, dernière souveraine de Madagascar les prophétesses et les mouvements messianiques au Congo, en Afrique du Sud et en Zambie, Tassin Hangbe ou encore la Venus Hottentote.
Ce livre historique corrige des connaissances populaires, des préjugés notamment sur les amazones de Dahomey. Pour ceux qui comme moi ont toujours pensé qu’elles se coupaient le sein droit, sachez chers amis que c’est totalement faux. Ces archères étaient simplement des jeunes filles à la poitrine très menue.
Ce livre renforce notre culture générale, fait grandir l’intellect. Il restitue la vérité sur notre passé. Qui a dit que l’Afrique n’a pas eu de civilisation ? Le passé de l’Afrique ne se limite pas à la traite négrière et la colonisation.
Ce livre est un ouvrage passionnant et indispensable à lire et à faire lire. Je ne regrette en aucun cas mon achat. Par contre, j’ai noté deux bémols :
Au sujet de Nefertiti, reine d’Egypte je n’ai pas assez perçu dans le texte qui lui est consacré son influence et son pouvoir.
Au sujet de la reine Kassa du Mali, épouse du mansa Souleiman qui régna sur l’empire du Mali de 1341 à 1360, il est dit qu’elle partageait le trône avec le sultan et les décisions importantes étaient toujours annoncées à leurs noms à tous deux mais des faits, des preuves de son influence ne sont pas donnés à titre d’exemple. On ne perçoit pas assez son statut de femme de pouvoir.
En bonus, je vous partage comment les patronymes des guadeloupéens étaient choisis