Excellent mois de février à tous, je vous souhaite de belles découvertes littéraires.
Mon challenge « littérature sud-américaine » continue. Je reviens au Mexique avec Laura Esquivel.
Dans le Mexique du début du siècle, en pleine tempête révolutionnaire, Tita, éperdument éprise de Pedro, brave les interdits pour vivre une impossible passion. À cette intrigue empruntée à la littérature sentimentale, Laura Esquivel mêle des recettes de cuisine. Car Tita possède d’étranges talents culinaires : ses cailles aux pétales de roses ont un effet aphrodisiaque, ses gâteaux un pouvoir destructeur. L’amour de la vie est exalté dans ces pages d’un style joyeux et tendre, dont le réalisme magique renvoie aux grandes œuvres de la littérature latino-américaine. Chocolat amer, adapté en film sous le titre Les épices de la passion, s’est vendu à plus de quatre millions d’exemplaires dans le monde.
12 recettes gourmandes à souhait pour chaque mois de l’année. J’ai été au début un peu déboussolée, ayant eu l’impression que l’histoire ne se déroulait que sur une année.
Tita, notre héroïne, est une experte en cuisine. Qu’est-ce qu’elle m’a fait saliver avec ses différents plats comme le « mole » de dindon aux amandes et au sésame, son bouillon de queue de bœuf et ses gâteaux ! Quelques-unes de ses recettes ont d’ailleurs un côté aphrodisiaque. J’ai ri de cet effet sur les personnes qui dégustaient ses repas.
Chaque recette introduit un morceau de l’histoire de Tita. Benjamine d’une fratrie féminine, elle se voit attribuer de force un rôle par sa mère autoritaire : s’occuper de cette dernière jusqu’à sa mort. C’est un métier à plein temps, une fonction exclusive. Tita ne pourra donc jamais se marier. Elle doit se consacrer à sa mère. Quelle tradition familiale aberrante !
Comme Tita, on s’insurge contre cette mère égoïste. Comme Tita, on finit par capituler. On plaint cette jeune fille qui ne pourra pas vivre son amour. On partage la soupe de sa colère, sa tristesse. Mélange amer !
Quel supplice de voir chaque jour l’amour de sa vie et ne pas pouvoir le toucher ! On espère voir défaire cette stupide coutume mais elle a été gravée dans le roc.
Observant longuement les formes délicates de la figurine, Tita songeait combien il était aisé de désirer des choses durant l’enfance. Rien n’est impossible alors. Quand on grandit, on comprend qu’on ne peut pas avoir envie de tout, que certains désirs sont interdits, coupables. Indécents.
On aurait aimé que Tita naisse d’une autre mère. Mamá Elena n’a pas l’air d’aimer sa fille. Intransigeante, elle ne lui montre aucun signe d’affection.
Tita noie sa solitude dans la cuisine. Cuisiner devient un moyen d’expression d’amour entre son bien-aimé et elle. Il met dans les compliments qu’il lui adresse tout l’amour qu’il ressent pour elle. Tita s’acharne à cuisiner encore mieux, invente de nouvelles recettes afin de bénéficier davantage de ses marques d’amour.
On se remet à sourire lorsqu’apparaît le médecin John Brown. Il aide Tita à tenir tête à sa mère. C’est un homme en or. J’ai eu un coup de cœur pour ce personnage. J’ai apprécié sa gentillesse, sa loyauté, son amour pur envers Tita. Je pensais qu’ils vieilliraient ensemble mais l’auteure a déjoué mes plans.
J’ai apprécié les retournements de situation, la plume poétique de l’auteure, ses touches d’humour et manifestations paranormales, ses astuces de grand-mère et analogies de la cuisine et l’amour.
Elle tourna la tête et ses yeux croisèrent ceux de Pedro. Elle comprit parfaitement à cet instant ce que devait ressentir la pâte d’un beignet au contact de l’huile bouillante.
Tita sut dans sa propre chair pourquoi le contact avec le feu altère les éléments, pourquoi une poitrine qui n’est pas passée par le feu de l’amour est une poitrine inerte, une boule de pâte sans utilité.
Ses flashforward m’ont par contre un peu perdue.
Chocolat amer c’est la lutte d’une femme pour faire cesser une tradition qui n’a aucun sens et vivre la vie qu’elle a choisie. C’est une tendre élégie qui exalte l’amour frustré, déçu et interdit. Il évoque les relations mère-fille parfois compliquées, les rivalités fraternelles.
C’est un roman à mettre dans les mains des passionnées d’amour et de cuisine.