Publié dans Panaché

Throwback Thursday Livresque 25 : C’est la guerre !

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Le TTL est de retour, ça faisait longtemps ! Il revient surtout à la date anniversaire de ce rendez-vous littéraire ! Je tiens à remercier BettieRose, l’initiatrice de cette sympathique lucarne littéraire. J’ai fait de belles rencontres de blogs et de livres.

Vous pouvez retrouver tous les thèmes ICI et n’hésitez pas à me dire les thèmes que vous avez beaucoup aimés. 

Le thème de la semaine est Comme un air d’automne. Ne m’inspirant pas du tout, je reprends le thème de la semaine dernière que je n’ai pas pu faire. 

C’est la guerre ! (guerre ou conflits, disputes etc). J’ai immédiatement pensé à ce livre lu quand j’étais plus jeune. 

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Ce roman est un témoignage émouvant : celui de Michelle Habiakamé, jeune adolescente rwandaise de quatorze ans qui perd ses parents dans le conflit barbare qui oppose les Hutu aux Tutsi. Ce témoignage posthume, captivant et instructif, est riche en enseignements. Il rappelle l’histoire rwandaise et africaine et apporte un éclairage nouveau sur les affres du conflit interethnique rwandais ; cet ouvrage montre toute l’importance de la recherche de la paix.

J’ai toujours un pincement au coeur quand j’évoque ce livre. Je me rappelle des larmes que mon innocence a versées en pleine lecture.

L’ONU estime qu’environ 800 000 Rwandais, en majorité tutsis, ont perdu la vie durant ces trois mois. D’une durée de cent jours, ce fut le génocide le plus rapide de l’histoire et celui de plus grande ampleur quant au nombre de morts par jour. 

Ce qui s’est passé au Rwanda a été terrible. Il faut aller de l’avant mais il ne faut pas oublier afin que cela ne se reproduise jamais plus.

Je vous propose la lecture d’un poème d’une jeune rwandaise trouvé sur le site Waza Online.

 

Souvenirs et paix par Annick Gikundiro

Ils ne vieilliront pas comme nous, qui sommes condamnés à vieillir,
Au coucher du soleil et au petit matin
Nous nous souviendrons d’eux.

Nous sommes en effet les chanceux et les malchanceux,
Étant ceux qui ont survécu pour raconter les histoires de ceux que nous connaissions

Nous sommes ceux qui portent ces cicatrices des choses vues, faites et perdues

Nous sommes ceux qui ne devons jamais laisser ceux qui ne sont plus là être oubliés par les nouveaux,
Nous sommes ceux à qui on n’aura jamais besoin de rappeler que « Nous nous souviendrons d’eux »

Comme nous sommes ceux qui se souviendront toujours de ceux qui sont de notre famille,

Je ne connais pas vos noms, mais je sais que vous êtes morts
Je ne sais pas d’où vous veniez, mais je sais que vous êtes morts,
C’était l’un pour l’autre, par balles et obus, la folie que vous avez endurée
Côte à côte, par les blessures et la douleur.

Je ne peux pas savoir, je n’y étais pas, c’est au-dessus de ma compréhension
De savoir le tribut qu’entraîne la bataille, l’intention résolue

De continuer, jour après jour, pour tout ce que vous aimiez et espériez
De vivre en paix une vie heureuse, loin de la guerre sanglante

Me voir défiler avec ceux dont je me souviens,
Mais ce n’est avec mes pieds que je bas le pavé de la parade,

Je me demande pourquoi pas moi
Et puis un jour une réponse
« Garde ces souvenirs et transmets-les
Pour que la jeunesse puisse apprendre et retenir »

Me voici à nouveau poussée
Devant les souvenirs d’une nation,
20 ans déjà et nous disons :
« Rappelle-toi avec courage, n’oublie pas, mais continue »

Vous resterez dans nos cœurs et nos esprits
Et dans les rochers et les collines et ruisseaux,
Aussi longtemps que l’amour et l’espoir et les rêves
Demeurent sur la terre et dans le ciel,
Même s’il ne me reste plus rien,
J’ai encore les souvenirs de ce que nous ressentions

Ils ne sont pas loin de nous,
Mais ils font partie de nous
Car l’amour est éternel,
Et ceux que nous aimons sont avec nous

Pendant toute l’éternité.

Je prie pour la réconciliation et l’unité de mon peuple, afin que nous ne nous faisions plus mal, pour que personne n’ait plus jamais peur. 

 

Quel livre auriez-vous proposé pour ce thème ou pour le thème Comme un air d’automne ?

 

GM signature

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Le Crépuscule de l’Homme

Montage créé avec bloggif

« … A tour de rôle, Edith et Evelyne se relayaient auprès d’elle. Le nombre de malades allait croissant. Mais elles se savaient impuissantes : sans la moindre aspirine, le moindre anitibiotique, qu pouvaient-elles faire ? 

L’état d’Emilienne ne cessait d’empirer, Edith posa sa main sur le front de sa mère. « Elle a au moins 40° de fièvre pensa-t-elle, et rien pour la faire baisser ».

Cette respiration sifflante ne présageait rien de bon. Sans médicament, Edith s’attendait au pire. Elle sortit de la grotte et alla à la recherche de son père. Elle le trouva de l’autre côté du camp, assis près de sa tente. Recroquevillé dans sa veste élimée, il ressemblait à un épouvantail cassé, il jeta sur sa fille un regard mi-surpris, mi-irrité. 

– Je te dérange,papa ?… »

 

 

Je garde de bons souvenirs des livres de l’auteur Flore Hazoumé. Je me rappelle encore de ma frayeur en lisant l’une des nouvelles du recueil Cauchemars. Ces doux souvenirs m’ont conduit au Crépuscule de l’Homme.

J’ai pensé que cette histoire avait pour cadre un hôpital en lisant les premières lignes de la 4ème de couverture. J’ai été intriguée en lisant ses dernières lignes.  L’histoire se déroule dans une grotte ? Un camp ? Quel est le cadre spatio-temporel de cette histoire ?

Les premières pages du livre ne me situent pas, j’ignore sur quel continent se trouve  la ville de Bunjalaba. Elles me déroutent également, elles semblent être la fin de l’histoire. Je cesse de me triturer les méninges, me laisse porter par le ton captivant de la narratrice.

Je découvre Edith, étudiante en médecine légale, issue d’une famille bourgeoise, fille d’un père ministre et d’une mère férue d’art africain. Elle est amoureuse de Pascal Tuzbelbe, un étudiant en faculté de lettres avec une personnalité peu commune. Cet homme est intelligent, froid et si mystérieux !

Il marchait le torse bombé, le cou raide. Il avançait droit devant lui, ne regardant ni à droite, ni à gauche. Ses yeux étaient rivés, accrochés à l’horizon comme un but à atteindre, ou bien étaient-ils simplement tournés vers un monde intérieur inaccessible et mystérieux. Il marchait comme on va au combat.

« Mon DIEU » ! murmura Edith, contre quel ennemi invisible se bat-il ?

Pascal vit dans un immonde quartier, là où est le commencement, là où est le germe selon lui. C’est un agitateur de foules, qui multiplie les meeting sur le campus, incite les étudiants  à lutter pour leur dignité et des conditions d’étude confortables.

Des révoltes estudiantines se profilent à l’horizon. On les sent arriver, comme on sent l’arrivée d’une pluie en scrutant les nuages. Les travailleurs réclament également de meilleures conditions de vie. La pluie se transforme alors en un puissant orage.

Les Tsatu, opprimés par les Sutu (le groupe ethnique au pouvoir), se rebellent également. Plus question de parler d’orage, c’est un gros cyclone qui arrive. On sait comment se terminent les conflits ethniques.

Les Tsatu et Sutu m’ont fait penser aux Hutu et Tutsi et la description des caractéristiques de ces deux ethnies ont confirmé mes pensées. L’auteur a fait un clin d’œil à l’histoire culturelle du Rwanda, les guerres fratricides entre les Hutu et Tutsi.

Mon cœur s’est serré en lisant l’excès de violence, les atrocités sans nom. Le lecteur baigne dans le lac de l’horreur et la vengeance.

J’ai été choquée de la facilité avec laquelle Gassana, le père d’Edith semait la graine de la haine dans le cœur des Sutu. Il est tellement plus facile de détruire que de construire… 

Le chaos de la ville de Bunjalaba, tel un virus s’est propagé dans toute l’Afrique et le monde entier. La vie humaine se retire des continents. Puisqu’on n’arrive pas à vivre ensemble, la vie nous est repris. Puisque l’homme n’arrive plus à reconnaître l’humanité en l’autre, il disparaît de la surface de la terre. C’est l’apocalypse. 

Cette vision apocalyptique du monde m’a gênée. Que des innocents meurent comme des coupables m’a attristée. J’aurais voulu que les personnages auxquels je m’étais attachée  restent en vie, hélas ! 

Parlant de personnage, je n’ai pas réussi à élucider le mystère de Pascal, cet homme ni Tsatu, ni Sutu qui soulevait les foules, luttait pour le droit des plus faibles et qui avait signé un pacte avec Gassana. D’où venait-il ? Où est-il parti ? Qui était-il ?  J’ai été un peu déçue que la narratrice nous laisse avec ces zones d’ombre. 

Que dire de la forme de l’oeuvre ? Le style de la narratrice est limpide, dynamique. C’est difficile de lâcher le livre tant qu’on n’est pas arrivé au point final. 

A qui je déconseille ce livre ?

  • A ceux qui dépriment
  • Ceux qui n’aiment pas les devoirs de mémoire
  • Ceux qui n’aiment pas le genre fantastique et les romans historiques
  • Ceux qui ne sortent pas indemne de leur lecture

 

Si vous n’êtes pas dans ces quatre catégories, je vous souhaite une très belle lecture. 

 

Biographie de l’auteur 

Petite fille de l’écrivain dahoméen Paul Hazoumé, Flore Hazoumé est née à Brazzaville en 1959. Lorsqu’en 1984 elle publie son premier recueil de nouvelles, « Rencontres », ils sont peu nombreux à imaginer qu’elle deviendra une figure de la littérature ivoirienne « tant elle semblait timide et pleine de doutes », confie un ami. Depuis, Flore Hazoumé  s’est affirmée, son écriture aussi. Et si elle est peu prolifique, chacun de ses ouvrages est salué par la critique.

 

Quelques détails sur l’oeuvre 

Nombre de pages : 200

Maison d’édition : CEDA

Date de publication : Janvier 2001

 

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Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Tchat sous un toit brûlant

Un jeune lycéen du quartier Cocody, Paterne tchatte avec un correspondant en France et se vante d’une relation solide avec un « benguiss » auprès de ses deux meilleurs potes de lycée. 

Tiburce détective privé à Abidjan et son adjoint Marcel sont mis au défi par leur ami Bamba commissaire de police pour mener une enquête sur un meurtre étrange. Cissé Fini un ex-petit lieutenant de la rébellion a été retrouvé inanimé dans un hôtel de complaisance de Marcory. 

Un ancien émissaire d’une ONG, André revient à Abidjan cinq années après un retour en France non programmé mais que les événements de novembre 2004 ont précipité. 

A Bassam dans la mine de Tongin ou à Bouaké un serial killer épris de justice personnelle et de mise en scène macabre. Tiburce fait appel à son ami Sosthène de Mérignac détective parisien afin de l’aider dans ses investigations nébuleuses.

Si le lien entre tous ses personnages semble peu plausible l’Internet aura fortement contribué à les fédérer. Par d’étranges arcanes, le destin de chacun de ces protagonistes croise celui de l’autre à un moment de leurs parcours. 

Le style du roman est vif, les intrigues s’entremêlent ,le lecteur est convié à une narration au rythme cinématographique. 

Humour et cauchemar sont au rendez-vous, drame et dérision se liant en un ballet macabre, une sorte de « tchat chacha » au rythme à la fois langoureux et destructeur. 

tchat sous un toit brûlant

Internet, fenêtre ouverte sur le monde, lieu d’échange, lieu du savoir, lieu du vice, bulle de mensonge…

Flirt virtuel entre un jeune lycéen résidant en Côte d’Ivoire et un homme mûr résidant en France, détective privé sur les traces d’un cambrioleur fantôme, des péripéties qui nous conduisent lentement au nœud de l’histoire…

Tchat sous un toit brûlant est une enquête policière qui a pour toile de fond la guerre civile ivoirienne de 2002. D’anciens rebelles, reconvertis en opérateurs économiques prospères, sont tués. Quel est le mobile du crime : réparation d’injustice, règlement de compte ?

Les détectives Tiburce, Marcel, Sosthène de Mérignac et l’équipe du commissaire Bamba inspectent, suspectent, examinent, interrogent, s’interrogent, dévoilent.

Ils nous font douter, nous rassurent puis nous font douter encore. L’auteur fixe nos yeux sur un présumé suspect, on est convaincu qu’il est bel et bien l’auteur des crimes jusqu’à l’instant où le véritable criminel est démasqué.

Ce roman policier raconte et montre ce qu’est devenue la Côte d’Ivoire après sa crise politique de 2002, ses bons et mauvais côtés : sa joie de vivre et son hospitalité qu’elle a préservées, ses villes et villages aux visages changés, l’état de ses infrastructures, le changement de la structure des forces de l’ordre où l’on compte d’anciens rebelles. Les victimes de la guerre vivent avec les abus et violences subis et n’obtiennent pas justice, les coupables échappent à la justice et s’enrichissent en toute impunité.

Le lecteur ne connaissant rien de la Côte d’Ivoire trouvera en ce livre un véritable guide touristique. L’auteur s’est attelé à faire des descriptions fines de chaque endroit visité par les personnages.

J’ai apprécié revisiter mon pays et ses belles couleurs, j’ai éprouvé de la peine  et un fort sentiment d’injustice à l’évocation des pertes en vies humaines et des meurtriers toujours en liberté.

L’épicurisme est très présent dans ce roman, d’André à Vandy en passant par Sosthène de Mérignac.

extrait tchat sous un toit brûlant

Parlant des personnages, j’aurais aimé que le détail de la vie des enquêteurs Tiburce et Sosthène de Mérignac prennent plus de place dans le roman que celles de Paterne et ses amis.

L’auteur utilise le nouchi (langage ivorien) à certains moments du récit. A certains endroits, je l’ai senti comme un morceau de vieux tissu raccommodé sur une pièce de tissu neuve.

 

En résumé, j’ai apprécié ma lecture de Tchat sous un toit brûlant mais j’aurais aimé lire une histoire plus épicée, plus intense. Contrairement à ce que dit la 4ème de couverture, je n’ai pas trouvé la narration très cinématographique.

C’est le premier livre de la « Collection Enigmas«  des Editions NEI-CEDA que je lis.

Visitez la page et déterminez ma prochaine lecture. 🙂

Jean-Pierre Tardavel
Jean-Pierre Tardivel à l’une de ses dédicaces à Abidjan
Publié dans Ma poésie

Il était trop tôt pour mourir

8

Mon pays a connu une guerre civile en 2002,

une guerre qui a scindé le pays en deux.

Des familles ont été déchirées,

des femmes ont été violentées.

Parce que j’écris pour ne pas oublier, j’ai décidé en 2008 (ou 2009 je ne me souviens plus de l’année exacte 🙂 ) d’évoquer cette situation à travers un poème.

J’ai écrit quatre strophes comme pour faire un résumé de la situation.  Je n’en dis pas plus, je vous invite à découvrir à ce poème.

Le recueil de poèmes  disponible en format papier et numérique est en vente sur Amazon.fr  http://www.amazon.fr/Chimeres-Verre-Grace-Minlibe/dp/2332813047

Sur le site de l’éditeur

http://www.edilivre.com/chimeres-de-verre-grace-minlibe.html#.VIhjg_l5PGE

et sur Fnac.com

http://livre.fnac.com/a7942586/Grace-Minlibe-Chimeres-de-verre

J’attends avec hâte vos commentaires.

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre