Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Un dimanche à Kigali : Le film VS le livre

En cherchant une romance de couple mixte à regarder sur Youtube, je suis tombée sur Un Dimanche à Kigali. Un film de Robert Favreau produit en 2006.

Kigali, printemps 1994. Nous sommes à quelques mois après le début du génocide des Tutsis. Le journaliste québécois Bernard Valcourt, après avoir été bloqué à la frontière tente de retrouver Gentille.

Qui est-elle ? Une jeune femme de 22 ans serveuse à l’Hôtel des Milles Collines où Bernard logeait. Le journaliste réalisait depuis quelques mois un reportage sur le Sida.

Avant de devoir quitter le pays, Valcourt la cherche chez leurs amis communs, dans différents lieux dévastés. Sous forme de flash-back, on découvre leur histoire.

Bernard tombe amoureux de cette jeune femme qui pourrait être sa fille. Elle est belle, élancée. Une romance mixte naît au milieu des tensions croissantes entre les communautés Hutus et Tutsis.

Gentille a une carte d’identité Hutu mais elle a le physique raffiné des Tutsis. La menace d’extinction des Tutsis ne l’exclut pas. Valcourt cherche des moyens de la sauver du génocide. Hélas !

Le film est à la fois doux et violent. Il est intense, poignant et relate l’horreur du génocide rwandais, la cruauté de l’humain. J’ai vu l’ampleur de la folie, de la haine et la beauté de l’amour. Je n’ai pas pu retenir mes larmes jusqu’à la fin.

Le film s’est focalisé sur le silence du Canada, on survole le silence coupable de l’ONU, des Belges et Français ce qui est un peu dommage lorsqu’on veut cerner tous les contours de ce génocide.

Le casting est convaincant, les personnages attachants, les décors simples. Le film n’est pas visuellement époustouflant, il n’est pas comparable à Hôtel Rwanda mais il vaut le détour pour l’émotion qu’il suscite.

 


LE LIVRE

A la fin du film, j’ai fait des recherches sur les acteurs et ai découvert qu’il est une adaptation cinématographique du livre Un dimanche à la piscine à Kigali de Gil Courtemanche. Je me suis hâtée de le lire.

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284 pages de lecture. Le récit débute autour de la piscine de l’hôtel des Mille-Collines avec sa clientèle de coopérants, d’experts internationaux, de bourgeois rwandais. C’est un dimanche tranquille. Ils parlent, rient et boient. Ils ont une vie paisible.

On découvre Valcourt, codirecteur d’une télévision, initiative du gouvernement du Canada dont la première mission devrait être éducative, en particulier dans les domaines de la santé communautaire et du sida. Un projet auquel Valcourt ne croit plus deux ans après son arrivée au Rwanda. Il tourne maintenant un documentaire sur le Sida et ces héros à Kigali.

Valcourt a une obsession : Gentille. Leur attirance est d’abord sexuelle. Dans le film, c’était enrobé, moins brut.

Le sexe est très présent dans le livre. Il y a beaucoup de scènes lubriques. Le sexe est perçu comme un moyen pour se soustraire aux souffrances, c’est également un instrument de domination, de vengeance.

Au fil des pages, on ressent la haine des hutus envers les tutsis et on en connaît l’origine.

Lentement, le narrateur nous dirige vers le génocide, la violence des massacres. Ce génocide a été minutieusement préparé. Des listes avaient été préparées : politiciens de l’opposition, hommes d’affaires, journalistes, curés activistes.

On tuait les hommes d’un coup de feu ou d’un coup de machette, savant et précis. Mais les femmes n’avaient pas droit à une mort claire et nette. On les mutilait, on les torturait, on les violait, mais on ne les achevait pas. On les laissait aller au bout de leur sang, crachat par crachat, pour les punir d’avoir mis au monde tant de Tutsis…

Le scénario du  film s’inscrit à 70% dans la logique du roman. Certains faits du livre ont été modifiés notamment :

  • la peau couleur de café au lait de Gentille. Dans le film, elle est plutôt chocolat noir
  • le mariage de nos tourtereaux et l’adoption de la fille de Cyprien
  • le journal de bord de Gentille…

J’ai apprécié ma lecture. L’auteur a respecté la chronologie du génocide, a mis en évidence la non-implication de la communauté internationale, le silence des journalistes. J’ai moins apprécié les longueurs et la fin que j’ai jugée trop rapide.

Ai-je plus aimé le film que le livre ? Je trouve qu’ils sont complémentaires.

 

Un amour interdit Alyssa Cole

 

Chacun possède dans ses gènes tout le Bien et tout le Mal de l’humanité. L’un et l’autre peuvent toujours surgir comme une tornade apparaît et détruit tout, là où quelques minutes auparavant ne soufflaient que des brises chaudes et douces.

 

Tu vois chaque pays possède une couleur, une odeur et aussi une maladie contagieuse. Chez moi, la maladie c’est la complaisance. En France, c’est la suffisance, et aux Etats-Unis, l’ignorance.

Et au Rwanda ?

Le pouvoir facile et l’impunité. Ici, c’est le désordre absolu.

J’ai le corps long des Tutsis et la détermination paysanne des Hutus. Je me regarde et je sais que je fais un heureux mélange. Et si tous les sangs qui s’entrecroisent dans mes veines ne me font pas de maladies, c’est peut-être qu’ils peuvent s’entendre.

 

Quel livre / film avez-vous découvert cette semaine ? 

 

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Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Entre Chiens et Loups – Tome I ou la suprématie du Noir

Imaginez un monde. Un monde où tout est noir ou blanc. Où ce qui est noir est riche, puissant et dominant. Où ce qui est blanc est pauvre, opprimé et méprisé. Un monde où les communautés s’affrontent à coups de lois racistes et de bombes. C’est un monde où Callum et Sephy n’ont pas le droit de s’aimer. Car elle est noire et fille de ministre. Et lui blanc et fils d’un rebelle clandestin.

l'Afrique écrit

J’ai terminé deux romans avant Entre chiens et Loups et je me sentais lasse d’écrire les chroniques. Malade, j’ai décidé de les remettre à plus tard et de stopper mon activité sur le blog.

J’ai lu Entre Chiens et Loups durant ma convalescence et aussitôt terminé, j’ai eu envie d’écrire les émotions ressenties lors de ma lecture.

Cette lecture restera longtemps dans ma mémoire et je vous dis pourquoi.

Et si le monde tournait à l’envers ? Et si le monde n’était pas dominé par les Etats-Unis, l’Europe mais par l’Afrique, les Noirs ? Et si les dominants devenaient les dominés ?

Et si les immigrants devenaient ceux qui refusaient l’asile ? Je me suis posée ces questions à chaque fois que l’Afrique tendait la main pour une quelconque aide humanitaire, à chaque fois que la belle France s’ingérait dans notre politique oubliant que l’Afrique n’est plus une colonie, à chaque fois que le hashtag #Blacklivesmatter apparaît sur Twitter.

J’ai rêvé d’un monde où les blancs subiraient tout ce que les noirs ont subi pendant des siècles et expérimenteraient ce qu’on appelle le racisme vu qu’ils pensent souvent qu’on exagère. J’ai rêvé d’un monde où ils pourraient enfin marcher dans nos chaussures. Malorie Blackman m’a dessiné ce monde dans cette dystopie.

Dans cet univers, les Primas (les noirs) sont les chefs, la race élue, les Nihils (blancs) sont le néant, la race inférieure.

Les blancs sont méprisés. Leur sont réservés les jobs de bas niveau (femmes de ménage, chauffeurs) Ils n’ont aucun droit, sont suspectés d’être des voleurs à chaque fois qu’ils passent dans les magasins. J’avoue, j’ai souri. Les Noirs ont un instant de répit, dans ce livre, le mal ne les poursuit pas….

Etant noire, j’aime que le mauvais rôle soit enfin attribué à une autre race mais face à tant d’injustices subies par les Nihils, je m’arrête. Je dépasse le stade de race, je redeviens humaine et je me dis qu’aucun Homme peu importe sa race ne doit subir autant d’humiliation, être privé des choses élémentaires comme l’accès à une bonne éducation, la dignité, la confiance. Tous les hommes doivent être égaux peu importe leur couleur de peau.

J’ai éprouvé beaucoup de peine pour Callum, ce Nihil qui ne demandait qu’une meilleure vie et le respect de ses droits humains, j’ai eu de la peine pour sa mère privée de sa famille, j’ai eu de la peine pour Jude, le fils rebelle qui en avait assez de tous les mauvais traitements des Primas et qui à sa manière a tenté de renverser l’ordre établi par la société. 

J’ai éprouvé de la haine pour le père de Sephy, cet homme qui abuse de son pouvoir.

J’ai été attendrie par l’amitié entre Sephy et Callum, émue par leur amour interdit par leur société.

Ce roman est bouleversant, j’ai eu la larme à l’œil à la fin. J’ai eu tellement de mal pour Callum. L’auteure a traduit fidèlement sa détresse comme tous les sentiments présents dans le roman.

De plus, la lecture est très rapide. Je vous la recommande avec une vive énergie.

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Version originale : anglaise
Titre : Noughts & Crosses
Éditeur : Doubleday
Date de parution : 2001

Version française
Éditeur : Milan
Existe en format numérique et papier

L’origine de l’histoire racontée par Malorie Blackman

J’avais eu l’idée d’écrire une histoire sur l’esclavage pendant un certain temps, mais la réaction de mes amis était pour le moins tiède.
« L’esclavage est dans le passé », « Pourquoi voulez-vous ressasser quelque chose de si douloureux? », « Pourquoi les noirs parlent-ils toujours de l’esclavage? »

Presque tout le monde à qui j’ai parlé à ce sujet était du point de vue «Passons à autre chose.» Mais je voulais écrire une histoire sur l’héritage de l’esclavage. Je crois vraiment que le sujet de l’esclavage est terriblement important – surtout de nos jours. Je pense que cela donne un contexte à la pensée et aux attitudes occidentales modernes concernant d’autres races et cultures.

Mais les commentaires que j’ai reçus ont semé la graine de l’idée de morpion dans mon esprit. Il m’est venu à l’esprit que l’histoire que j’avais en tête serait plus difficile à écrire et, je l’espère, à lire si je jouais avec les perceptions que les gens avaient de la société présentée dans l’histoire. Je voulais transformer la société telle que nous la connaissons en tête dans mon histoire, avec de nouveaux noms pour les grandes divisions de la société, c’est-à-dire Noughts (la sous-classe) et Crosses (la majorité, la société dominante). La race et le racisme sont des problèmes émotionnels que la plupart des gens détestent aborder mais je pense qu’ils devraient, aussi douloureux soient-ils. Je voulais que la société de mon livre soit vue de deux points de vue différents (Callum et Sephy) pour montrer comment nos perspectives colorent notre pensée. L’adage, «vous ne pouvez pas vraiment connaître quelqu’un jusqu’à ce que vous ayez marché dans leurs chaussures», est comme tous les clichés la plupart du temps vrai. Je pense que c’était l’idée que j’avais en tête quand je me suis mis à écrire Noughts and Crosses. Je pense que c’est Nietzsche qui a dit: « Il n’y a pas de vérité, seulement des perspectives. » Et plus vous avez de perspectives, plus vous vous rapprochez de la vérité.

Pour en savoir plus sur cette interview de l’auteure en anglais, cliquez ICI

 

GM signature

 

 

Publié dans Ma poésie

Sœurs ennemies

 

soeurs-ennemies

 

 

Ont-elles oublié…

L’une pleure et aussitôt l’autre rit
L’une plante, illico l’autre arrache
L’une arrive et aussitôt l’autre part
L’une a des plans, illico l’autre les défait

L’une aime et l’autre hait ? Non ! La haine est partagée
Quelqu’un discrédite l’une ? Eh bien ! L’autre renchérit
«Elle est mauvaise » affirme Clara avec véhémence
«C’est une hypocrite » dit Elisabeth pleine d’aversion

Clara compte avec soin toutes les fautes d’Elisabeth
Elle se rappelle du jour où elle l’a traitée de voleuse
Elisabeth relève précieusement toutes les offenses de Clara
Elle se souvient du jour où elle l’a traitée de sorcière

Elles se regardent sans se voir
Dans leurs yeux a disparu la lueur
De l’affection

Elles se parlent sans s’entendre
Dans leurs cœurs s’est éteinte la flamme
De l’indulgence

Clara et Elisabeth sont assises côte à côte
Malheur à celle qui osera effleurer l’autre !
Bonté divine ! Ont-elles oublié qu’elles sont des sœurs ?

© Grâce Minlibé 07/03/2015_ 02h45

Publié dans Interviews

Escale au Sénégal : rencontre avec une slameuse

Yacine Niang

Yacine Niang est une jeune femme sénégalaise née à Saint-Louis.

Mélomane et cinéphile, elle adore l’écriture et particulièrement le slam,  art d’expression orale populaire.

 

Rencontre avec l’artiste. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comment êtes-vous arrivée au Slam ?

En réalité, je n’ai jamais pensé faire du Slam. D’ailleurs, je n’ai jamais pensé écrire tout court. J’étais en classe de quatrième lorsqu’un concours de poésie a été lancé. Contre toute attente, mon poème a été retenu pour faire partie de la compilation. De là est venu mon amour pour l’écriture.

L’idée de faire du slam est arrivée lorsque j’étais en classe de 1ère.  C’était à l’occasion d’un autre concours qui a été organisé par l’institut français de Saint-Louis.  Les candidats devaient composer un poème de 20 vers avec les dix mots de la francophonie. J’ai tenté ma chance, je suis sortie troisième de ce concours. Je n’y croyais pas trop car le Slam était un terrain inconnu pour moi. Depuis ce fameux concours, je n’ai plus arrêté.

 

 

Qu’est-ce qui vous fascine dans le slam ? 

 

Ce qui me fascine dans le slam c’est la Liberté qu’on a. Dans le Slam on peut écrire ce que l’on veut sans tenir compte d’aucune règle. Mais ce qui me plait le plus, c’est le moment de la déclamation. Le rapport qu’on a avec le public. La sensation qu’on offre à ce même public et leur réaction sont juste magnifiques.  Ce qui me plait aussi dans le slam, c’est le fait de laisser exprimer ses émotions, le fait de les dire et de se mettre à nu devant tout un monde.  Mais surtout, la puissance que l’on donne aux mots qu’on utilise.

 

Y a-t-il des auteurs qui influencent votre écriture ?

Je ne dirai pas qu’il y a un auteur particulier qui influence mon écriture mais si je devais choisir, je dirai Grand Corps Malade. Je n’écris pas comme lui, cela est sûr. Nous n’avons pas le même style mais je l’écoute très souvent et il m’arrive parfois de vouloir adopter son style.

 

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Je puise mon inspiration partout et n’importe où. En fait, c’est le quotidien des gens qui fait mes textes. L’inspiration peut venir d’une dispute d’un couple, de la disparition de quelqu’un… Je n’ai pas une source d’inspiration précise, ce sont les faits quotidiens que traduisent mes pensées.

 Quels sont vos thèmes de prédilection ?

Je suis plutôt un poète lyrique. Donc je parle autant de l’amour que de la haine. Autant de la vie que de la mort.  Mais il y a aussi beaucoup de moi dans mes écrits.

 

Vous avez publié récemment un recueil de slam. D’où vous est venue cette envie de publication ? 

 

En réalité, je n’avais jamais pensé sortir ce recueil. A la base, j’écrivais juste pour moi. Il m’était même difficile de montrer cela à mes proches tellement j’avais peur du jugement des autres mais au fur et à mesure que j’avançais dans mes écrits je ne pouvais plus les cacher. J’ai commencé à en montrer quelques uns à mes sœurs puis à ma mère et comme elles appréciaient, je me suis senti pousser des ailes. J’ai commencé à écrire chaque jour un peu plus de textes.

L’idée de faire un recueil est venue grâce à un ami. Il m’a toujours conseillé par rapport à mes écrits. Il a fait le projet sien, m’a donné l’envie de faire part de mes pensées à toute une communauté.

 

« Demande-le-moi » : pourquoi ce titre ? 

Ce titre pour faire savoir au lecteur qu’il peut me demander tout ce qu’il veut et qu’il trouvera la réponse en lisant le recueil. Ce titre contient aussi ma manière de penser la vie, de la concevoir.

De quoi parle l’oeuvre ? 

L’œuvre est faite de haut et de bas, de joie et de peines. Il y a des moments qui reflètent le côté obscur de la terre et des moments où je traduis et fais l’éloge de l’amour. Le contenu du recueil c’est moi. A travers ce recueil, je décris comment je perçois le monde.

 

 

Avez-vous une cible particulière ? 

Je n’ai pas de cible particulière.  Cela commence du tout petit au plus âgé. J’utilise des mots assez simples qui ne nécessitent pas l’utilisation d’un dictionnaire pour comprendre le sens des textes. C’est assez limpide et clair afin de permettre à tout un chacun de pouvoir s’y retrouver.

 

 

Quels sont vos prochains projets de publication ?

Un autre recueil mais pas du même style.  Je pense à faire un recueil audio afin de permettre aux personnes qui n’aiment pas lire d’écouter le recueil. D’autres projets sont aussi en attente mais sont plus liés à mon domaine de prédilection : Les arts et la Culture.

Quel est votre texte préféré ? 

Il s’intitule « Mon nouvel ange »

Je l’ai senti las, il grelottait

Ses yeux étaient vers le levant, fixant l’ange qui l’appelait

Il s’agrippait à mon bras, tirant très fort sur mon poignet

Et son souffle était si lourd, que pleurer, je n’ai su que m’y résigner

 

Il était là, allongé sur le lit,

Son corps abattu le lâchait, et fragile, il était devenu

Je n’avais qu’un souhait : lui rendre ses années vécuces

Hélas, cela n’était qu’une autre de ces illusions qui hantent mon esprit

 

Il était désormais trop tard

A présent je le vois comme un bébé

Un balbutié, qu’il essaie, mais échoue

Aucun son audible ne parvient à sortir de sa bouche

 

Il rumine ses pensées

Se collant à moi comme si j’étais sa destinée,

A son chevet, je voudrais loger

Pour lui réciter ses innombrables versets.

 

Ses dernières prières, il les a faites avant de s’en aller

Maintenant, il est l’un de ces beaux anges des cieux

De là haut, il nous fixe et bénit nos âmes

De lui on se souvient comme s’il était encore là

Il nous a ravi le bonheur de nous réveiller à ses cotés

Une boule me hante, elle est angoisse et j’en perds la tête

Mes nuits deviennent jour et le jour tout s’assombrit

Tout est fini car de lui, Il s’est emparé

 

Je me suis rendue à son ultime demeure

Et j’ai vu ses nouveaux compagnons à ses côtés

J’ai senti la courge dont il faisait jadis montre

Et cela m’a rassuré de savoir que sur nous il veille

 

Je frissonnais, je le sais,

Je ne me contenais hélas déjà plus,

J’ai revu le regard perçant qu’il projetait

Dans mon rêve le jour où il nous a quittés

 

Il n’est plus là, je n’arrive toujours pas à l’imaginer

Que vais-je devenir ? Qui de ses prières va me rassurer ?

Il est parti sans un seul mot de dit

Avec un sourire enfantin, comme pour dire : Rassurez-vous

 

C’est fini, j’en suis consciente

Dans sa nouvelle demeure, il se repose

Pour moi, il ne fait juste qu’un sommeil

Car son travail l’a beaucoup fatigué.

 

Je préfère ce texte parce que je l’ai dédié à mon grand-père. Un honnête homme que j’ai beaucoup apprécié. Il a marqué mon existence. 

 

Quelles sont vos passions en dehors de l’écriture ?

J’aime bien écouter de la musique ou regarder des films. Parfois je me mets à la lecture, j’ai une préférence pour la romance.

Petit bonus pour nos lecteurs, nous allons établir votre portrait chinois

 

Si j’étais une saison, ce serait été

Si j’étais une épice, ce serait poivre

Si  j’étais philosophe, ce serait Nietzsche

Si j’étais une révolution, ce serait la révolution française

Si j’étais une invention, ce serait un IPhone

Si j’étais une chanson, ce serait The Climb de Miley

Si j’étais une des 7 merveilles du monde, ce serait les jardins suspendus de Babylone

 

Un petit mot de fin ?

Je tenais à vous remercier de m’avoir accordé cette interview. Je vous remercie également d’avoir eu confiance en ce que je fais sans pour autant me connaitre. Je remercie aussi  Ibuka qui a permis cela et toutes les personnes qui m’ont soutenue et ont accordé de l’importance à ce que je fais.

Pour finir, je dis à ceux qui liront ceci de croire en leurs rêves. Peu importe ce que le monde dit ou dira, ce qui compte c’est ce que l’on pense de nous-même et de ce que nous faisons. Si tu as une passion, vis la et vis la profondément.

 

Propos recueillis par

signature coeur graceminlibe

 

 

 

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Publié dans Arrêt sur une oeuvre

De l’autre côté du regard

Ken Bugul aime la vie ; ce sentiment simple, enveloppant, gouverne « De l’autre côté du regard » et lui confère une aura singulière.

Dialogue subtil entre une fille et sa mère morte, le roman se déroule comme une prière amoureuse où les membres d’une famille sont tour à tour requis, interrogés, décrits, aimés pour ce qu’ils sont. Au-delà de ce que chacun a pu donner ou prendre aux autres, seule compte leur vérité propre, leur trajectoire dans une vie qui se prolonge après la mort, de l’autre côté du regard.

De l'autre côté du regard

Après avoir lu Riwan ou le chemin de sable qui m’a beaucoup intriguée, j’ai voulu connaître  un peu plus  Ken Bugul.

J’ai eu plusieurs retours positifs concernant  Le Baobab fou mais il était indisponible à la FNAC. Sur l’étagère réservée aux livres de l’auteur se trouvait De l’autre côté du regard. La quatrième de couverture étant assez intéressante, j’ai quitté la FNAC avec cette oeuvre en main.

J’ai pris mon temps pour lire cette œuvre parce qu’elle a l’allure d’un long poème qui demande à être analysé, déchiffré.

Je me suis attardée sur chaque phrase pour ressentir chaque mot de la narratrice, pour faire mienne son expérience de petite fille ayant vécu loin de sa mère.

La narratrice décrit la femme qu’elle est : une femme qui a toujours été en manque de l’affection de sa mère ; une femme jalouse de sa nièce qui devrait être la petite-fille de sa mère mais  fut autre chose pour elle !

Ma mère ne m’avait pas beaucoup parlé.

Ma mère ne parlait qu’avec Samanar.

Moi,  ce que je voulais c’était ma mère.

Je voulais que ma mère s’occupât de moi.

Ce que je voulais, c’était détourner ma mère de ma nièce Samanar.

Ce que je voulais, c’était avoir ma mère à moi, enfin.

La narratrice s’interroge sur les raisons qui ont poussé sa mère à l’abandonner sur le quai d’une gare et sur l’amour que cette dernière éprouvait pour elle.

Quand survient la mort de sa mère, les interrogations de la narratrice s’intensifient. Le souvenir de sa mère la hante davantage. Une nuit, au cours d’une  pluie, elle a l’impression d’entendre la voix de sa mère.

Le monologue de la narratrice fait place à un doux murmure, un doux dialogue entre mère et fille…

J’ai aimé lire cette confidence familiale, ce regard porté sur le lien entre une mère et  sa fille, un frère et une sœur, une tante et une nièce…

Moi qui avais vécu la plus grande partie de ma vie sans les miens !

Sans communication, sans complicité.

Sans vécu, sans histoire commune.

Une famille à laquelle j’appartiens, mais qui n’est pas vraiment ma famille.

Comme je le veux !

Je n’ai pas senti les odeurs de la nuit avec ma famille.

Je n’ai pas vécu les moments essentiels avec ma famille.

J’ai jeté un regard vers les miens et j’ai compris que j’étais riche de nos communications, de notre complicité, de notre vécu, notre histoire commune. Ce livre m’a rappelé combien être entouré des siens est si important !

L’histoire est linéaire, les rebondissements sont inexistants mais cela n’empêche pas de  passer un bon moment de lecture. Le ton de la narration rend l’histoire très prenante.

J’ai aussi apprécié les notes d’humour de Ken Bugul.

 

Je n’aime pas la plaisanterie. Elle est souvent de mauvais goût.

Tout le monde ne sait pas plaisanter, à mon avis.

Il faut allier intelligence, finesse d’esprit, raffinement et générosité pour plaisanter.

Une plaisanterie doit faire rire et non faire ricaner.

Avez-vous déjà lu Ken Bugul  ? Lequel de ses livres avez-vous préféré ? 

Quelle autobiographie vous a marqué dans votre parcours de lecteur passionné ?

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Odette Toulemonde _ Concerto à la mémoire d’un ange

Quand vous avez une forte envie de lire un recueil de nouvelles et qu’un auteur connu, assez apprécié par des bibliophiles en a écrit, que faites-vous ?

Comme moi, vous videz l’étagère de la médiathèque de votre ville qui abrite ses recueils. 🙂

J’ai lu Odette Toulemonde et autres histoires, Concerto à la mémoire d’un ange. De quoi parlent-ils? Les lignes ci-dessous vous en diront davantage.

Odette Toulemonde et autres histoires

Ce recueil de nouvelles compte 8 récits: récits qui peignent l’amour, récits singuliers et touchants.

Le premier récit est celui de Wanda Winnipeg, une milliardaire intransigeante qui a relooké aussi bien sa plastique que sa biographie, a su utiliser les hommes pour accéder à la gloire dès son adolescence. Bien des années plus tard, elle rencontre le premier homme dont elle s’est servie pour parvenir à ses fins. Que se passera-t-il ?

Cette histoire expose deux passions différentes: la passion pour l’ascension sociale et la passion pour l’art. L’histoire révèle de belles surprises comme la générosité sincère de la milliardaire intransigeante…

C’est un beau jour de pluie est l’histoire d’une trentenaire désabusée, incapable de ressentir des perceptions positives. L’imperfection, elle ne voit que ça; elle ne peut s’empêcher de mépriser, critiquer, vitupérer. Puis, un jour elle rencontre un homme à l’optimisme indécrottable…

J’ai bien aimé cette histoire parce qu’elle contient de l’inattendu et m’a fait réaliser une chose: dans un couple, on ne partage pas que l’intimité, on partage aussi le caractère…

L’intruse… une trentenaire appelle la police parce qu’une vieille femme s’est introduite chez elle et se cache dans le placard. Que fait-elle là ?

Après les 10 premières pages, on croit savoir comment se terminera l’histoire, aux dernières lignes on est « agréablement » surpris de sa tournure.

Le faux… un amant lâche, manipulateur, avare au point de donner des cadeaux sans valeur. Sauf pour un seul objet… On sait comment se terminera l’histoire et cette fois-ci on n’a pas tort…

Tout pour être heureuse c’est la formule qu’utilisait  les amies de notre héroïne à tout bout de champ. Elles l’affirmaient parce qu’elles ne voyaient que l’apparence, elles ignoraient son secret. Cette histoire est surprenante ! Elle rappelle combien de fois nos exigences envers l’autre sont égoïstes, irréalistes.

La princesse aux pieds nus…  Une nuit d’amour, une trace indélébile, une obsession, un désir aveugle, des apparences trompeuses… La fin de cette histoire est étonnante !

Odette Toulemonde… Une grande fan d’un romancier. C’est une histoire assez banale mais j’ai apprécié le fait que l’auteur souligne le point suivant: le but d’un auteur c’est de faire planer et non donner des maux de tête !

Le plus beau livre du monde… Des combattantes pour la liberté sous le régime soviétique, qui, prisonnières veulent rédiger des messages pour leurs filles. L’histoire ne m’a pas emportée malgré la fin inattendue.

Eric-Emmanuel Schmitt

Quel rapport entre une femme qui empoisonne ses maris successifs et un président de la République amoureux ? Quel lien entre un simple marin et un escroc international vendant des bondieuseries usinées en Chine ? Par quel miracle une image de sainte Rita, patronne des causes désespérées, devient-elle le guide mystérieux de leurs existences ?

Tous ces héros ont eu la possibilité de se racheter, de préférer la lumière à l’ombre. A chacun, un jour, la rédemption a été offerte. Certains l’ont reçue, d’autres l’ont refusée, quelques-uns ne se sont aperçus de rien.

Quatre histoires liées entre elles. Sept personnages qui ont embrassé la bonté et la noirceur. Sept personnages qui sont passés du détachement à la passion, de l’admiration au dédain.

J’ai apprécié ces histoires_ surtout Concerto à la mémoire d’un ange_ pour l’effet inattendu qu’elles offrent mais aussi pour les questions qu’elles creusent: Passe-t-on radicalement du mal au bien ? Avons-nous un pouvoir complet de métamorphose ? Changeons-nous volontairement ?

Ces histoires peignent toute la complexité du genre humain. L’imperfection de l’Homme à aimer comme il faut, son regret qui survient trop tard, ses ambitions démesurées, son goût pour les reconnaissances posthumes.

L’auteur a pris d’adjoindre son journal d’écriture. On y retrouve des anecdotes et des jeunes auteurs comme moi auront plaisir à apprendre de l’expérience de l’auteur.

J’ai assez lu d’amour pour la saison. Prochaine lecture: un bon thriller!

A bientôt.

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre