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Zébu Boy – Aurélie Champagne

Madagascar, mars 1947, l’insurrection gronde. Peuple saigné, soldats déshonorés, ce soir, l’île va se soulever, prendre armes et amulettes pour se libérer. Et avec elle, le bel Ambila, Zébu Boy, fierté de son père, qui s’est engagé pour la Très Grande France, s’est battu pour elle et a survécu à la Meuse, aux Allemands, aux Frontstalags. Héros rentré défait et sans solde, il a tout perdu et dû ravaler ses rêves de citoyenneté. Ambila qui ne croit plus en rien, sinon à l’argent qui lui permettra de racheter le cheptel de son père et de prouver à tous de quoi il est fait. Ambila, le guerrier sans patrie, sans uniforme, sans godasses, sans mère, qui erre comme arraché à la vie et se retrouve emporté dans les combats, dans son passé, dans la forêt.

Roman de la croyance, du deuil et de la survie, Zébu Boy fait naître les fleurs et se changer les balles en eau. Tout entier traversé d’incantations, ce premier roman qui oscille entre destin et pragmatisme, est porté par une langue puissante et fait entendre la voix mystérieuse qui retentit en chaque survivant.

l'Afrique écrit

Le récit débute par un rappel historique. Le narrateur évoque ces 70 mille indigènes de diverses nationalités qui furent parqués dans des Frontstalags sur le sol métropolitain ainsi que ces rumeurs sur les tirailleurs malgaches.

Vingt-cinq mille hommes succombèrent et tous les contingents furent décimés. Tous, à l’exception des Malgaches. Au recensement suivant, les Allemands s’aperçurent même qu’ils étaient plus nombreux qu’à l’arrivée. On suspecta les soldats des registres d’avoir bâclé le travail. Mais dans le secret des cabanons nègres courait une tout autre rumeur. On disait qu’une poignée de tirailleurs malgaches avait acquis le pouvoir de se multiplier.

Le lecteur découvre ensuite celui qui sera le personnage central du récit : Lahimbelo appelé encore Ambila. De retour à Madagascar après avoir combattu dans la Meuse, Ambila  a été prié d’embarquer prestement pour son île natale, sans la citoyenneté promise, sans un sou, avec juste de vagues promesses de paiement d’arriérés de solde et de primes, des promesses qui ne seront pas tenues. Ambila retrouve son statut misérable d’indigène. Fauché, il se donne pour but de s’enrichir et de reconstituer le cheptel de son défunt père. Pour ce faire, il va vendre des aodys, des amulettes qui protègent les guerriers. Ses amis malgaches en ont besoin en pleine insurrection pour l’indépendance. Déterminé à s’enrichir, il n’a aucun scrupule, il arnaque tout le monde sans aucune distinction.

Cet ouvrage m’a permis de découvrir une partie de l’histoire Malgache : l’insurrection de 1947 et la violente répression militaire.

Et ça permet d’oublier une seconde qu’on sera peut-être les prochains en « salle de réflexion ». C’est comme ça qu’ils surnomment la salle de torture.

On raconte qu’ils balancent des rebelles vivants des avions. Les corps en touchant terre explosent, défoncent le toit des maisons. Ils appellent ça des « bombes démonstratives».

Ce roman a le mérite d’évoquer des faits historiques absents des manuels scolaires notamment le massacre de Thiaroye et ces tirailleurs sénégalais qui ont participé à la répression des rebelles malgaches.

Zébu boy est également l’histoire des croyances ancestrales malgaches. Quelques légendes  sont insérées dans le récit.

Zébu boy c’est l’histoire des combattants des colonies mal remerciés, du peuple malgache aspirant à la liberté.

C’est l’histoire de ceux qui survivent au pire, ceux qui restent et doivent vivre avec l’absence d’un être cher. Si j’ai eu du mal à m’attacher au personnage d’Ambila en raison de sa cupidité et malhonnêteté, j’ai trouvé émouvant les passages où la mort de sa mère est évoquée. 

J’ai eu beaucoup de mal avec la charpente du roman. Il n’y a pas de chapitre et cette absence rend le texte touffu, parfois confus. Le ton est fluide mais il y a de nombreux mots malgaches dont on ignore la signification. Un glossaire aurait été judicieux.

Deux types de narration sont utilisés dans le roman : point de vue externe et interne (lorsque Ambila devient le narrateur) et je n’ai pas compris ce choix de l’auteure. 

Zébu boy ne figure pas parmi mes meilleures lectures de l’année mais reste un livre à découvrir ne serait ce que pour les faits historiques qu’il met en lumière.

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Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture

Date de publication :  2019

Nombre de pages : 256

Disponible aux formats papier et numérique 

Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020

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TTL 61 : Le savon de la forêt – Isabelle Rochet

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est : Maman

Vous ayant déjà présenté Maman dans l’un des Throwback Thursday Livresque, je vous présente un livre où le portrait d’une mère est fait.

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Un adolescent téméraire poussé à l’aventure par la crise de Vingt-neuf, fait la découverte initiatique du continent noir et de la luxuriante forêt tropicale. Amours, travail, politique, intrigues et rivalités familiales, Le savon de la forêt est le premier volet d’une saga exotique, qui entraîne avec fluidité et originalité le lecteur dans la pittoresque et délaissée Côte d’Ivoire de l’entre-deux-guerres.


 

Printemps, 1930 – Marseille

Hector, 18 ans, est un passager du Médie II, paquebot mixte qui assure la traversée maritime entre Marseille, le Maroc et l’Afrique noire. Hector fait ses aurevoirs à Mireille, sa mère. Il part rejoindre son père à Abidjan qui a décidé de se lancer dans la fabrication du savon. 

Dès les premières pages du récit, le portrait de Mireille est établi. C’est une mère qui défend ses intérêts, et accessoirement ceux de sa famille, bec et ongles, en imposant sa loi. Elle est dans la critique de façon systématique.

Il eut un pincement au cœur lorsqu’il n’arriva plus à la distinguer. Certes, elle l’agaçait à bien des égards par ses bavardages incessants, cette tendance humiliante qu’elle avait à se moquer de tout le monde, y compris de lui-même, et cette hostilité vis-à-vis de son père Anatole, qu’il était loin de partager, mais c’était sa mère et la première fois qu’il quittait le nid familial.  – page 11

 

Hector n’en croyait pas ses oreilles. Mireille ne lui avait jamais fait le moindre compliment. S’il arrivait à susciter l’admiration de sa propre mère, c’est qu’il était en bonne voie ! page 67

 

Hector n’a jamais été proche de sa mère contrairement à son frère qui est très attaché à elle. Au-delà de ses défauts et ses envies de citadine, Mireille a pratiquement élevé ses deux derniers toute seule en l’absence de son époux.  

Le rapport avec le thème de la semaine étant établi, parlons de l’intrigue du roman. 

 

 

C’est une plongée dans l’évolution économique de la Côte d’Ivoire dans les années 30, l’impact de la guerre de 39 dans le quotidien des Africains.

Pour beaucoup d’Africains, surtout pour les plus modestes, qui ne savaient ni lire ni écrire, c’était une guerre entre Blancs, un conflit dont les enjeux leur échappaient, mais qui se traduisait dans leur quotidien par des conditions d’existence plus difficiles. L’impôt avait augmenté, les réquisitions obligatoires sur certains produits agricoles leur étaient imposées, et les critères de recrutement dans les régiments de tirailleurs sénégalais s’étaient durcis. Page 141

L’auteure décrit la Côte d’Ivoire d’avant avant comme on dit à Abidjan. On s’imagine les paysages d’antan, les habitudes des Abidjanais. 

On suit avec attention le passage à l’âge adulte, la vie familiale et ses challenges ainsi que le parcours professionnel d’Hector qui n’est pas de tout repos. Faire prospérer une affaire dans le contexte de la guerre n’est pas chose aisée.

Le savon de la forêt, qui a reçu le prix ivoire en 2019, offre une lecture fluide et agréable mais il m’a manqué un je-ne-sais-quoi.

Néanmoins, je lirai la suite des aventures d’Hector car le cliffhanger donne envie de la lire.

 

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Pauvre et fière – Owali Antsia

Owali Antsia est une écrivaine d’origine gabonaise. Sur sa page Facebook à laquelle je suis abonnée, elle partage ses avis de lecture. Des avis bien construits, de qualité. A travers eux, j’ai perçu une lectrice exigeante.

En parcourant sa bibliographie, j’ai découvert Pauvre & Fière, un roman qui surfe entre le roman social, la romance et le polar.

PAUVRE ET FIERE d'Owali ANTSIA - Cousines de lectures.......

 

Désirant découvrir le polar made in Gabon après le chasseur de lucioles et homicides 241, il a immédiatement été ajouté à ma wishlist. 

Résumé de l'oeuvre

 

Ceux qui ont l’habitude de croiser Kini dans les rues d’Owendo diront d’elle que c’est une jeune fille hors du commun. Déterminée à honorer la mémoire de sa mère dont elle a hérité la dignité et une foi inébranlable face à toutes épreuves, elle porte sur ses frêles épaules la responsabilité de l’éducation de son frère cadet dont elle a l’entière charge depuis que son père, alcoolique notoire et sa sœur aînée, reine de la nuit, ont déserté le domicile familial. A ce quotidien âpre, s’ajoute deux crimes crapuleux commis dans la ville. Ils n’ont de prime abord aucun lien entre eux, sauf peut-être Kini. Mais ça, elle ne le sait pas encore…

 

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Moutsiga-Moussirou Shine Kini est une jeune fille de 21 ans orpheline de mère. Obligée d’arrêter son cursus scolaire pour laisser la chance à son jeune frère d’accéder à l’éducation, elle se débrouille pour subvenir à leurs besoins.

Mais où se trouve le père de famille ? 

Où est ton papa ?
Dis-moi où est ton papa ?
Ah sacré papa
Dis-moi où es-tu caché ?

Dixit Stromae

 

Le père est devenu un chiffon humain. Alcoolique, il déserte la maison, abandonne ses enfants à leur propre sort, revient de temps en temps pour jouer un semblant de rôle de père. 

Kini est une jeune fille courageuse, attachée à sa foi chrétienne et ses valeurs. Elle refuse de gagner l’argent à la sueur de ses fesses. Son pain, elle veut l’obtenir avec dignité contrairement à sa sœur aînée Chanel. J’ai éprouvé beaucoup d’admiration pour cette jeune fille. Son histoire est touchante et est un modèle pour la génération actuelle. 

 

La pauvreté s’attache aux pas de Kini et il semble qu’elle ne soit pas la seule à y être attachée. Les déboires amoureux sont également son lot.

 

A la page 68, je commence à m’impatienter. Le polar s’immisce à quel moment dans le récit ?

Je prends mon mal en patience jusqu’à la page 103 où la courbe de mon intérêt pour le roman remonte. 

Enfin un crime !

Celui d’un homme d’affaires béninois retrouvé sans vie dans une chambre d’hôtel. Kevin Ebang, soupirant de Kini et lieutenant de la police judiciaire prend en charge l’enquête. 

A peine le temps de réfléchir au mobile et aux suspects, qu’un 2e crime se produit ! Je ne boude pas mon plaisir.

Je m’installe confortablement pensant vivre une enquête policière de folie avec des révélations, des fausses pistes. Je m’attends à un casse-tête, à tomber des nues et là…. Déception. L’ombre policière ne plane sur ce roman que sur une trentaine de pages. Potentiel sous-exploité. L’enquête vite résolue comme si on devait se concentrer sur autre chose. Quoi ? La romance ?

 

La romance apporte son lot de rebondissements. Certaines péripéties m’ont arraché un sourire, un rire mais mon cœur n’a pas frémi. Je n’ai pas eu envie de me retrouver à la place de l’héroïne. Les histoires d’amour de Kini ne se distinguent pas de toutes celles que j’ai lues jusqu’ici. Il m’a manqué de l’originalité. Je me rends compte que j’ai développé de grosses attentes concernant le roman. 

De Pauvre & fière, je ne retiens que le volet social. L’histoire est d’ailleurs teintée de l’argot local, les descriptions de Libreville et de ses quartiers sont réussies et nous permettent de nous les représenter sans trop d’efforts. Le style est limpide, apporte de la fraîcheur au récit. 

Ce roman évoque les conditions des orphelins sous nos cieux, le combat d’une jeune fille pour vivre une vie décente. 

Pauvre & Fière est un roman intéressant mais je suis restée sur ma faim. J’en attendais plus de l’auteure.

 

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Les belles choses que porte le ciel – Dinaw Mengestu

En novembre dernier, j’ai commandé la Kube et voici ce que j’ai formulé à Sarah de la librairie Terre des Livres : je remplis ma carte des auteurs africains alors j’aimerais bien recevoir un roman en français de moins de 230 pages d’un auteur de l’une des nationalités suivantes : namibien, tanzanien, mozambicain, tanzanien, ougandais ou éthiopien. Quant aux genres, si ça peut être du contemporain, policier/thriller ou de la romance ça m’irait très bien. Les biographies/ essais à éviter. Pas mon envie de lecture en ce moment.

Après des mois d’attente, j’ai pu déballer mon colis …

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…et j’ai découvert Les belles choses que porte le ciel de Dinaw Mengestu. Cet auteur américain est d’origine éthiopienne.

 

Résumé de l'oeuvre

La jeune Sépha a quitté l’Éthiopie dans des circonstances dramatiques.Des années plus tard, dans la banlieue de Washington où il tient une petite épicerie, il tente tant bien que mal de se reconstruire, partageant avec ses deux amis, Africains comme lui, une nostalgie teintée d’amertume qui leur tient lieu d’univers et de repères. Mais l’arrivée dans le quartier d’une jeune femme blanche et de sa petite fille métisse va bouleverser cet équilibre précaire…
Un premier roman brillant et sensible par un jeune écrivain américain d’origine éthiopienne.

l'Afrique écrit

Sépha, immigré aux USA venu d’Ethiopie il y a près de 17 ans, est notre narrateur principal. Dès les premières lignes, il nous présente à ses deux amis, Ken le kenyan et Joseph de la RDC, immigrants comme lui.

On découvre au fil des pages du récit leurs chemins de vie.

On découvre leurs habitudes, leurs petits jeux. Ils citent par exemple un dictateur puis ils devinent l’année et le pays. A travers ce jeu, on s’aperçoit du nombre impressionnant de coups d’état réussis ou avortés en Afrique. 

Lorsque Judith et sa fille débarquent dans le quartier de Sépha, on imagine le début d’une relation amoureuse pour ce jeune homme célibataire qu’est Sépha. 

Mais les belles choses que porte le ciel n’est pas une romance. C’est un récit sur l’amour et l’amitié, l’immigration, la nostalgie du pays qu’on a dû quitter, la mélancolie de l’exil non désiré mais nécessaire, le sentiment d’entre-deux

« Si ça te manque tellement, lui hurla-t-il un jour, pourquoi tu n’y retournes pas? Comme ça t’auras plus besoin de dire sans arrêt, « C’est comme l’Afrique », et « On dirait l’Afrique ». Mais tu veux pas y retourner. Tu préfères que ça te manque confortablement ici plutôt que la détester chaque jour sur place. »

 

C’est un roman qui évoque les dictatures militaires en Afrique. J’ai découvert succinctement à travers lui les histoires politiques de l’Ethiopie et du Kenya. L’auteur évoque la dictature en Ethiopie dans les années 70 : les arrestations, les enlèvements, les répressions.

Je m’étais porté volontaire pour remettre des tracts à des gens de confiance. Je n’avais que seize ans. Je ne croyais pas encore aux conséquences de nos actes. 

 

J’ai découvert la plume de Dinaw Mengestu, plume lyrique qui fait côtoyer espérance et tragédie. 

La structure du récit est assez complexe puisqu’on fait des aller-retour entre l’instant présent et des événements passés.

Le rythme du récit est parfois lent, on avance à petits pas et le lecteur qui préfère un déroulement accéléré risque de s’ennuyer.

J’ai apprécié ma lecture mais la passivité de Sépha m’a un peu lassée. Il donne l’impression d’être un homme errant aux USA, ne sachant pas quelle orientation donner à sa vie. il vivote, pensant au lieu de se mettre à l’action pour sa vie sentimentale, sa vie professionnelle. 

Je remercie Sarah pour cette découverte et j’ai hâte de poursuivre mon remplissage de ma carte des auteurs africains.

 

GM signature

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Regards de vérité, tome 1 : La candeur entachée

Léa, jeune mère courage n’a qu’une obsession: trouver un nouveau papa pour Moya sa petite orpheline et ainsi fonder un foyer, symbole de respectabilité et synonyme de réussite dans la plupart de nos sociétés africaines.
Au nom du mariage, Léa accepte brimades et humiliations. Au nom de l’amour, elle est aveugle. 
Si aveugle et préoccupée à lécher ses propres blessures, qu’elle ne voit pas ce père trop entreprenant à l’égard de Moya.
Cette histoire, c’est la candeur entachée d’une fillette de 12 ans qui se raconte. C’est le regard de Moya qui découvre douloureusement un monde d’adultes dans toutes ses perversités, ses fragilités et son hypocrisie. C’est l’échec de nos sociétés, l’incohérence de notre justice, le poids de nos traditions…

l'Afrique écrit

Lamazone Wassawaney était l’invitée de Livresque 30. Pendant une heure, nous avons échangé avec elle sur les thèmes de ce premier roman qu’elle offre au public et qu’elle a auto-édité.

Edité au format poche, La candeur entachée _ 1er tome de la trilogie Regards de vérité_ semble avoir été imprimé par un éditeur étranger. L’impression est de qualité, la police d’écriture est assez petite mais pas gênante. 

J’ai désiré avoir ce roman autant pour son aspect visuel que pour son contenu. 

 

L’auteure ne se revendique pas féministe, elle mène un autre combat : dénoncer les violences physiques et psychologiques faites aux femmes, la pédophilie passée sous silence dans notre société en particulier en Côte d’Ivoire et mener des actions concrètes pour qu’elles cessent.

L’auteure par ses mots choisis avec soin nous invite à mener ce combat avec elle. 

La candeur entachée à travers les confidences de Moya et sa mère Léa dresse avec exactitude le portrait de notre société. Une société où le mariage est celui qui donne un sens à l’existence de la femme, une société où la femme doit tout supporter, n’a que des devoirs et aucun droit.

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Ça a été un réel plaisir de faire la connaissance de Yowl, l’amie de Léa. J’aime parfois dans mes lectures rencontrer des personnages qui me ressemblent. Yowl a la même vision de la vie que moi. Elle n’a ni homme ni bébé mais cela ne l’empêche pas d’être heureuse. 

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La candeur entachée est un roman à lire et à faire lire pour les thèmes d’actualité qu’il aborde avec finesse. Le cliffhanger donne sans contredit l’envie de lire le tome 2. J’espère qu’il ne tardera pas.

Je n’ai noté qu’un bémol durant ma lecture : narré à la 1ère personne, j’ai trouvé que le langage soutenu de Moya était inapproprié même si c’est une jeune fille très mûre pour son âge.

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TTL 45 – Munyal, les larmes de la patience

Le Throwback Thursday Livresque est officiellement en pause en ce mois d’août chez Carole du blog My Bo0ks. Pour ne pas perdre mon engouement à participer à ce rendez-vous, j’ai décidé de reprendre en ce mois d’août les thèmes de l’an dernier que je n’avais pas faits

1er août : Famille

8 août : Comme un oiseau en cage

15 août : La meilleure héroïne

22 août : Take me anywhere

29 août : Fantasy, fantastique, magie, SF, irréel, incroyable, miracle, au delà, anges et créatures…

 

Thème de cette semaine

Ce thème convient parfaitement au roman que je vais vous présenter. Deux jeunes femmes de ce roman sont comme des oiseaux en cage, privés de leur liberté, obligées à épouser des hommes qu’elles n’aiment pas.

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Ramla, Hindou et Safira ! Trois femmes, trois histoires, trois destins plutôt liés.

Ramla est mariée à Alhadji Issa, l’époux de Safira. Sa sœur Hindou épousera son cousin Moubarak. A toutes, l’entourage n’aura qu’un seul et même conseil : Munyal ! Patience !

Mariage forcé, violences conjugales et polygamie, Munyal, Les larmes de la patience, brise les tabous en dépeignant à une dimension nouvelle, la condition de la femme dans le Sahel.

D’inspiration sahélienne, Djaïli Amadou Amal est assurément une figure majeure de la littérature camerounaise de ces dernières années. Auteure de romans à succès, Walaande traduit en plusieurs langues, et Mistiriijo, elle dénonce les discriminations faites aux femmes. 

 

« Il est difficile le chemin de vie d’une femme ma fille. Ils sont courts ses moments d’insouciance. Elle est inexistante sa jeunesse. Elle n’a de joie nulle part sauf là où elle l’aura hissée. Elle n’a de bonheur nulle part sauf là où elle l’aura cultivé. A toi de trouver une solution pour rendre ta vie supportable. Mieux encore, pour rendre ta vie acceptable. C’est ce que j’ai fait durant toutes ces années ! J’ai piétiné mes rêves pour mieux embrasser mes devoirs! »

 

Ce roman qui est le lauréat de la première édition du prix Orange du livre en Afrique expose dans un langage simple et un lyrisme profond la condition déplorable des femmes peul en particulier. 

Elles n’ont pas le droit de dire leurs états d’âme, elles n’ont pas le droit de se plaindre. Elles n’ont que des devoirs. Elles sont chosifiées, rabaissées, ne valent rien. Celui qui a de la valeur, celui qui a tout pouvoir c’est l’homme et il en abuse. 

Ces femmes n’ont pas le droit à l’éducation, mariées très jeunes, plongées dans des foyers polygames où elles doivent tout endurer en silence.

Ramla rêvait d’être pharmacienne mais à 17 ans son oncle la marie de force à un cinquantenaire qui a déjà une épouse.

Sa demi-sœur Hindou est mariée de force à son cousin qui va prendre un malin plaisir à la battre. Ses parents lui demandent de supporter, de continuer à aimer son mari, s’en occuper. 

Safira n’est pas instruite. Les femmes naissent uniquement pour l’homme et leurs enfants. Mariée très jeune à son époux, le second mariage de ce dernier bouleverse sa vie. Elle décide de pourrir la vie de sa co-épouse, de reconquérir son mari. 

La lecture de ce roman m’a révoltée et dire qu’il est basé sur des faits réels !

C’est un roman engagé qui donne l’envie de combattre toutes ces coutumes qui avilissent la femme. Elles doivent être bannies.

 

Pour l’acheter, cliquez ICI

 

Quel livre auriez-vous choisi ? Faites-moi sortir des sentiers battus ! 

 

 

Une citation tirée du roman : Les yeux trahissent toujours les faiblesses du cœur, même les plus voilées.

 

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TTL 44 – Ma soeur, serial killeuse -Oyinkan Braithwaite

Happy New Month les amis ! Que ce mois d’août soit ensoleillé que vous partiez en vacances ou pas. 

Le Throwback Thursday Livresque est officiellement en pause chez Carole du blog My Bo0ks. Pour ne pas perdre mon engouement à participer à ce rendez-vous, j’ai décidé de reprendre en ce mois d’août des thèmes de l’an dernier que je n’avais pas faits

1er août : Famille

8 août : Comme un oiseau en cage

15 août : La meilleure héroïne

22 août : Take me anywhere

29 août : Fantasy, fantastique, magie, SF, irréel, incroyable, miracle, au-delà, anges et créatures…

Thème de cette semaine

famille

Je vous présente un ethno-polar où la famille prend une place importante
Couverture Ma soeur, serial killeuse
Korede s’est donné pour mission de protéger sa cadette envers et contre tout, et ce n’est pas une mince affaire. Non contente d’être la plus belle et la favorite de leur mère, Ayoola a aussi la fâcheuse habitude de tuer ses amants. Ainsi, au fil du temps, Korede est devenue experte pour faire disparaître les traces de sang et les cadavres. « Seulement, avec Femi, ça fait trois. Et à trois, on vous catalogue serial killer… »

Korede a une vie à mener, elle aussi : elle est secrètement amoureuse de Tade, le séduisant médecin qu’elle croise tous les jours dans les couloirs de l’hôpital où elle travaille comme infirmière. Aussi, lorsque sa jeune sœur jette son dévolu sur Tade, Korede se trouve face à un dilemme : comment continuer à protéger Ayoola, sans risquer la vie de l’homme qu’elle aime ?

À l’instar d’une Jane Austen des temps modernes, Oyinkan Braithwaite interroge les liens du sang. 

 

 

Les chapitres courts avec chacun un titre et écrits sur un ton simple donnent un rythme dynamique à l’histoire. Les pages se tournent sans manifester le moindre effort. On est attentif aux mots de Korede.

Ayoola est à son 3e crime au début du récit. Comme à l’accoutumée, Korede, sa sœur infirmière l’aide à effacer toutes les traces du crime. Korede est l’aînée et les aînés ont de grandes responsabilités envers leurs cadets surtout sous les cieux africains. 

Korede protège sa sœur, la couvre. Mais qui protège ceux que cette dernière tue ?

Aimer sa famille, la protéger équivaut-il à cacher ses noirceurs ?

Jusqu’à quel point faut-il être fidèle envers sa famille ?

J’ai détesté la fidélité de Korede envers sa petite sœur. Personnellement, je l’aurais dénoncée dès le premier crime. Je suis contre l’injustice.

J’ai détesté le caractère d’Ayoola, une vraie psychopathe. J’ai eu envie d’étrangler, cette manipulatrice.

J’ai passé un bon moment avec ce roman. Je pense qu’une adaptation cinématographique serait intéressante. Une idée que Nollywood exploitera, qui sait ?  🙂

Pour en savoir plus sur le roman, cliquez ICI

Quel livre auriez-vous choisi pour ce thème ? Faites-moi sortir des sentiers battus ! 

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Throwback Thursday Livresque 38 avec Eloisa James

Thème de cette semaine : Humour

J’ai pensé au tome 2 de la SAGA IL ÉTAIT UNE FOIS d’ELOISA JAMES

Couverture Il était une fois, tome 2 : La belle et la bête

À cause d’une malencontreuse méprise, la ravissante Linnet Thrynne est déshonorée. Sa tante trouve alors une solution : Linnet épousera Piers Yelverton, futur duc dont personne ne veut. Et pour cause : victime d’un accident qui l’a laissé boiteux et impuissant, il terrorise son entourage de ses fureurs dévastatrices. Puisqu’il n’a aucun espoir d’engendrer un héritier, il acceptera de donner son nom à une femme qui, pense-t-il, porte la vie.
Ce sera l’union de la Belle et de la Bête.
Sauf que Linnet est aussi pure que la blanche colombe et que son irascible fiancé est loin d’être un monstre…

 

Ce roman est une réécriture moderne du conte classique de la Belle et la Bête.

Pas moyen de s’ennuyer durant cette lecture. Les héros ont une vraie personnalité. Piers marche à l’aide d’une canne. C’est un médecin brillant avec un tempérament infernal. Il  ressemble fortement au Dr House et les notes de l’auteure en fin de livre le confirment.  Elle affirme s’être inspirée de lui. Ce n’est pas très original mais bon…

Si vous appréciez l’humour mordant de Dr House, vous apprécierez sans aucun doute celui de Piers. Il nous fait passer un bon moment avec ses répliques cinglantes, son ironie. C’est un personnage attachant.

 

— Ne dites pas des choses pareilles devant mon fils. Il n’a que trente-deux ans.

— Son corps semble en avoir quatre-vingts. A-t-il beaucoup fréquenté les actrices ?

 

Tu es nouveau, nota Piers après avoir levé les yeux sur lui. Comment t’appelles-tu ?

— Neythen, milord.

— On dirait une maladie terrible. Ou plutôt, un problème intestinal. « Je suis désolé, lord Sandys, votre fils a contracté le neythen et n’a plus qu’un mois à vivre. Non, non, je ne peux rien faire. »

 

— Est-ce que c’est à cause de votre boiterie que vous marchez ainsi ? S’enquit-elle en élevant la voix.

— À votre avis ? répliqua-t-il en s’immobilisant. Vous supposez peut-être que je tangue comme un marin ivre pour le plaisir ?

 

Linnet et sa famille ne sont pas en reste. J’ai apprécié sa personnalité et le couple qu’elle va former avec Piers. Idem pour celui des parents de Piers.

J’ai pris plaisir à lire cette romance historique qui nous plonge dans l’univers de la médecine au XIXe siècle.

Vu que je n’ai pas fait de chronique après ma lecture, je vous partage une chronique positive et une chronique mitigée sur le roman.

 

Pour explorer davantage ce thème sur le blog, vous pouvez cliquer ici

 

Quel livre auriez-vous choisi ? Faites-moi sortir des sentiers battus ! 

 

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Throwback Thursday Livresque 37 avec Ken Bugul

 

Thème de cette semaine : Famille

J’ai pensé au Baobab fou de Ken Bugul.

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J’ai reçu ce livre suite à une récompense de fin d’année en 3eme. Je l’ai retrouvée dans la bibliothèque de mon père l’an dernier. N’ayant aucun souvenir de ce roman, j’ai décidé de le lire cette année.

Au Sénégal, dans le Ndoucoumane, une petite fille en mal de mère grandit à l’ombre d’un baobab séculaire. Petite dernière, un peu en marge, elle découvre l’école française, comme un chemin de traverse qui va la mener aux études supérieures et au grand départ pour le  » Nord référentiel, le Nord Terre promise ». En Belgique, c’est le choc, le désarroi, les mille et une expériences et la découverte que ce Nord des promesses est aussi celui des allusions et des illusions. Drogue, sexe, prostitution…

Dans ce roman autobiographique, Ken Bugul décrit son cruel manque de la famille. 

Elle souffre d’un mal-être profond. Séparée dès les premières années de sa mère, Ken Bugul se sent abandonnée. Elle vit mal l’absence de la mère, n’a jamais été proche de ses frères et sœurs, son père n’a pas été aussi présent qu’elle le voulait. Il était entièrement consacré à la prière.

Ken Bugul se sent sans l’affection des siens, sans repères émotionnels. Elle se sent seule, terriblement seule. L’Occident va accentuer sa solitude. Sa vie devient un concentré de déboires, de ratures. 

Pour moi qui ai vécu dans un cocon familial rassurant, j’ai éprouvé beaucoup de peine pour elle.

Le mal de mère l’a terriblement marquée car elle en parle également dans De l’autre côté du regard

Le baobab fou évoque également la quête d’appartenance à une communauté, les rapports entre l’Afrique et l’Occident et la condition de la femme.

Je me disais que je ne savais pas comment j’arriverais à faire de l’homme un jour cet autre moi-même, celui de qui ma survie dépendrait. Je ne pourrais pas être comme ces femmes, qui le soir, attendaient le mari plus que l’air qu’elles respiraient. 

 

C’était cela l’apprentissage de la femme à l’époque: un être qui acceptait. Quand les vertus de la virginité, les vertus domestiques, les vertus de dépôt de vie, les vertus de la soumission et de l’obéissance étaient acceptées pleinement, on avait atteint le but qui était patience, disponibilité et humilité. 

 

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Quel livre auriez-vous choisi pour ce thème ? Faites-moi sortir des sentiers battus ! 

 

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