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Intempor’elles – Didier de Vaujany

Suite à l’avis élogieux de Lily Un livre sur le roman Intempor’elles, j’ai décidé de l’acheter. Je l’ai reçu dans une magnifique box de la maison d’édition que je vous présentais ICI.

Intempor’elles c’est un recueil de 12 nouvelles qui s’étalent sur 327 pages. Un recueil qui mêle plusieurs genres littéraires Fantasy, Steampunk, Fantastique, Dystopie, Romance, etc…

C’est ce mélange de genres qui m’a attirée. L’envie de découvrir des genres que je ne lis pas habituellement. Ai-je été conquise ? Les lignes suivantes vous le diront…

 

  1. L’Enfant cendrée – Fantasy

Un conte raconté par un dragon-juge, une inimitié entre deux cités séparée par une frontière de cendre. Un amour interdit entre des princes héritiers des cités ennemies. Une histoire qui se lit assez vite, une sympathique entrée en matière mais qui ne m’a pas émerveillée.   

 

2. Le Korrigan ferrailleur – Fantasy/Post-Apo/Steampunk

Une machine forgée par l’ingénieux mage Voldair de Cienn _ paix à son âme_ qui donnera à qui saura l’utiliser, le pouvoir de remonter le temps. Cornaël, dernier survivant de la race humaine est en quête de cette machine et ses recherches nous font découvrir Feleron, le Gnome épris d’une Amazone qui le trouve répugnant. Une histoire qui comporte quelques surprises. Une histoire érotique également.  J’ai apprécié la chute. 

 

3. Le Lys immaculé – Dystopie/Steampunk/Post-Apo

Année 520 de l’ère post-fléau

Une bibliothèque en feu, là où Laura, la femme de Tristen Howard travaille. Tristen est combattant du feu et réussit à extirper des flammes sa jeune épouse même si elle est grièvement brûlée. A l’hôpital, son état s’aggrave, elle aimerait voir un lys immaculé, effleurer la douceur des pétales mais ces lys ont disparu. Tristan promet à sa femme de lui en ramener un et va faire une découverte assez spéciale.

Une nouvelle rapide à lire mais elle ne m’a pas transportée. 

 

4. G6K – Uchronie/Steampunk

Berlin, 1884. 

G6K, une nymphe androïde appartenant à la famille Bayer a été l’arme inconsciente d’un meurtre. La victime s’appelait Luna et elle était la maîtresse de Karl Bayer. Ce meurtre est-il l’oeuvre de Sharon, la femme cocue de Karl ? Stephan, du bureau fédéral et ses deux jeunes enquêtrices essaient de découvrir le coupable. 

Sympathique histoire avec cette allure de roman policier mais la présence de l’érotisme m’a beaucoup gênée. Présence sans valeur ajoutée pour moi. 

 

5. Aurore – Fantastique/Steampunk

New York 2001,

Rêver… cela fait maintenant deux semaines qu’Aurore fait ce même rêve. Depuis qu’elle a acheté cet attrape-rêves à un vieil indien dans une brocante de Manhattan. La nuit, elle devient l’Elfe-Amazone cambrioleuse dans la cité d’Engrenacle. Aurore se constitue un butin qu’elle tente d’utiliser dans la vie réelle. Y parviendra-t-elle ?

J’ai apprécié la chute de cette nouvelle mais encore une fois la présence des scènes sexuelles m’a gênée (onanime, lesbianisme)

Pourquoi cette obsession sur le sexe ?

 

6. Diva – Uchronie/Steampunk

Une nouvelle d’une dizaine de pages. 4 années : 1866, 1966, 2012 et 2053. Une femme qui a abusé de l’amour qu’on lui donnait, une autre qui ne vivra jamais pleinement un grand amour. Deux femmes, facettes d’une même pièce ? 

Un récit lyrique, sympathique à lire mais dans ce recueil je cherche encore l’émerveillement. Je poursuis donc ma lecture. 

 

7. Between the lines (Entre les lignes) – Romance/Aventure/Historique

Ah ! Enfin un terrain que je connais, celui de la romance, de l’historique. Temps de l’esclavage, guerre de sécession. Une histoire d’amour suspendue en plein envol.

 

8. Otages  – Fantastique/SF

Une nouvelle d’une dizaine de pages. Si vous avez prévu de cambrioler, assurez-vous de frapper à la bonne porte…

Une nouvelle que j’ai apprécié pour son caractère fantastique.

 

9. Faille – Fantastique thulhuesque

Au commencement était le sexe. La nouvelle débute une fois de plus par une scène de sexe.

Explain Schitts Creek GIF by CBC

Nous sommes en 2066, Rihanna est morte et des disparitions étranges d’hommes et de femmes se font à Hong Kong, au Chili, à Los Angeles, sur les îles Fidji. Quelle est cette étrange créature qui fait disparaître ces personnes ? Quel est son but ?

Une histoire à suspense, un récit SF qui change de mes lectures habituelles. Sympathique à lire, elle éveille l’intérêt mais rien de vraiment original.

 

10. L’Arme des dieux – SF/Fantastique

2041, Sarah Jenkins nous raconte son histoire, humaine devenue ange gardien…

Un récit sur une dizaine de pages, trop court pour que je m’attache aux personnages. Cette histoire méritait d’être plus développée. J’ai le sentiment qu’elle est restée en surface, trop résumée à mon goût.

 

11. Lila – SF/Post-Apo/Ecolo

Une nouvelle portée sur l’écologie, trouver de nouveaux modes. Une chute très efficace, je n’aurais jamais pensé à la nature réelle de Lila. 

 

12. Eve, nuances de nuits – SF/Fantastique

Une courte nouvelle de 3 pages qui aurait mérité un approfondissement. Une histoire très brève qui m’a laissée sur ma faim.

 

Conclusion ?

Je découvre la plume de Didier de Vaujany : plume soignée, faisant attention aux détails.

J’ai apprécié la calligraphie des histoires. Les séparateurs de chapitres ont la forme d’un élément clé de l’histoire : navette, lys, rouage…

Ce recueil m’aura permis de sortir des sentiers battus mais j’aurais voulu plus d’approfondissement de certaines histoires, moins d’érotisme.

 

GM signature

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Il est à toi ce beau pays, une oeuvre magistrale

« Il est à toi ce beau pays » présente l’Afrique appétissante, gâteau de l’un, débouché économique de l’autre ;  l’Afrique, ce continent dévisagé, remodelé, privé de sa substance. Mère à qui l’on n’a pas laissé le temps de faire le deuil. Après avoir perdu ses fils, on la prive de ses terres.

« Il est à toi ce beau pays » expose le passé douloureux de l’Afrique, glorieux de l’Europe…

On entend d’abord la voix dépressive d’Ota Benga, Pygmée congolais du peuple des Mbuti qui a été notamment exposé au zoo du Bronx de New York en 1906.

La voix puissante et dominatrice des colons se fait aussi entendre, notamment celle de Léopold, roi des Belges. On découvre (ou redécouvre) toute la stratégie politique de l’Occident pour s’approprier ces terres africaines entre 1873 et 1896.

Entre-temps, pour échapper à la soumission irréversible, il fallait mettre en oeuvre un ensemble de principes : civilisation, christianisation et commerce.

« Et surtout, il faut du temps, pour coloniser, continua-t-il pour lui même. Car il ne suffit pas de préparer les expéditions. Il faut préparer l’opinion ! Il faut persuader le peuple du bien-fondé de nos actions outre-mer. Il faut le pétrir de bons sentiments, lui faire miroiter des actions humanitaires à la pelle ! La civilisation, l’aide au développement, le partage des valeurs de la vieille Europe et autres balivernes…

Le partage de nos valeurs ! s’emballa le petit homme. Comme c’est malin ! Qui pourrait refuser une idée si généreuse ?

« Très bien, cet article, très bien, se félicitait Jules Ferry, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, les favoris traînant sur Le Figaro du jour. Il tombe à point pour l’ouverture de la conférence de Berlin. La chance de l’Afrique, c’est la France ! Pas l’Angleterre, pas la Belgique, mais la France ! Il faut que tout le monde le sache !

“Pour mes cinquante ans, je veux devenir roi du Congo.” Dixit Léopold, roi des Belges

Léopold est un homme abject, Jules Ferry également. Je suis désolée mais je n’ai aucune estime pour ceux qui ont favorisé la suprématie blanche.

Mon cœur s’est serré en lisant toute la violence de la colonisation, toute la naïveté des indigènes qui signent des papiers sans lire. Ils avaient confiance, peau noire, cœur blanc…

Jennifer Richard révèle une vérité essentielle :

Peu à peu, il avait compris qu’il n’existait pas de conscience africaine à l’échelle du continent. La solidarité ne fonctionnait qu’à hauteur de tribu. Nombreux étaient les chefs de clan qui effectuaient des rapts dans les villages voisins, en échange de quelques pièces d’étoffe.

 

J’ai constaté une fois de plus avec dégoût que la politique internationale n’a pas changé de 1800 à 2018. 

« Ce que je veux vous dire, c’est que les Européens ont une fâcheuse tendance à dénoncer les atrocités des chefs africains pour donner un vernis de légitimité à leurs invasions. Mais leur immixtion a pour effet de déstabiliser le continent. »

N’est-ce pas ce qui s’est passé avec Kadhafi ?

Ce roman décrit parfaitement la philosophie occidentale :

« Ah, l’Europe ! Bien sûr. Cette entité prométhéenne s’est proclamée juge universel. Et pendant qu’elle accuse, on ne voit pas que ses pieds trempent dans le sang.

– Tu vois l’Europe plus cynique qu’elle n’est.

– Vraiment ? Tu penses que vous avez renoncé à l’esclavage pour le bien-être des Africains ? Vous n’avez fait que supprimer un système qui profitait à certaines nations plus qu’à d’autres. D’ailleurs, vous n’avez pas supprimé l’esclavage. Vous n’avez fait qu’effacer le mot. L’Europe aime les concepts. Enrobe tes meurtres des mots civilisation et liberté, et tu verras, on te pardonnera tout.

“Voyez ? C’est tout le problème avec vous, les Européens. Vous êtes choqués dès qu’on touche un cheveu de vos congénères. Alors, vous vous délectez des supplices qu’ils ont subis, vous vous en repaissez comme des porcs, en faisant semblant d’être traumatisés. Il ne s’agissait pourtant que de sept marchands sans vergogne. Mais les autres ? À l’instant, je vous ai parlé de mille huit cents morts dans notre camp et ça ne vous a fait aucun effet. Pas de réaction, pas le moindre battement de cils. Pourtant, ils ne sont pas morts dans leur sommeil, eux non plus.”

Constat déplorable que j’ai fait ouvertement sur mon blog en parlant de la Somalie.

« Il faisait partie de cette caste de rebuts qui n’avaient pas trouvé leur place en Europe et qui partaient en quête d’aventure, d’argent et de respect. »

N’est-ce pas ce que les migrants font ? Un acte qui a été applaudi hier et qui est désapprouvé aujourd’hui. Comme le dit Emmelie Prophète dans son livre, la libre circulation devrait se faire dans les deux sens !

La communauté occidentale actuelle doit-elle se sentir coupable ? L’un des narrateurs a une réponse : la culpabilité est personnelle, elle n’appartient pas à la communauté.

Chacun devrait donc se poser les questions sur les conditions de vie des personnes qui cultivent les matières premières et nous permettent d’avoir vélo, vêtement, téléphone portable.

 

Jennifer Richard raconte la vie des explorateurs qui ont favorisé cette pénétration en Afrique Centrale : Stanley, Brazza et bien d’autres figures historiques comme David Livingstone, Joseph Conrad.  Elle dévoile leurs obsessions, ambitions, quêtes de gloire, de reconnaissance, de fortune.

J’ai beaucoup appris sur Brazza et Stanley. J’ignorais que le premier était d’origine italienne et que Stanley n’était pas le vrai nom du second.

J’ai perçu une différence d’idéologie entre ces deux hommes. Brazza apparaît plus humain dans ses rapports avec les indigènes.

Jennifer Richard ne parle pas que de l’Afrique, ses enfants partis contre leur gré, ceux qui ont vécu l’esclavage, la ségrégation font entendre leurs voix. Des femmes, des hommes qui doivent survivre, se trouver une place dans une société qui est devenue la leur mais qui ne veut pas d’eux.

J’ai découvert des figures importantes du peuple afro-américain comme W.E.B. Du Bois, Booker T. Washington, George Washington Williams.

L’histoire des Etats-Unis ne pouvant être contée sans la colonisation européenne des amérindiens, l’auteure l’aborde dans ce roman.

 

 

Si je le pouvais, je demanderais un standing ovation pour louer son travail colossal. J’étais bouche bée en parcourant la bibliographie utilisée pour ce roman.

J’ai apprécié sa plume sans fioritures, le vocabulaire adapté à l’époque. Les descriptions des lieux sont suffisamment élaborées pour qu’on se les représente.

Le roman comporte trois grandes parties subdivisées en plusieurs chapitres qui correspondent à des dates. Les chapitres sont très courts et permettent de tenir le rythme de ce gros pavé de 756 pages !

C’est un roman magistral, une lecture utile que Jennifer Richard offre au public, dommage qu’il n’ait pas la médiatisation qu’il mérite. 

C’est presque un coup de cœur pour moi. Je vous le recommande vivement.

 

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BONI, pont culturel entre la Côte d’Ivoire et la Guyane

Mai 2018 – Salon International du livre d’Abidjan.

Serge Bilé reçoit pour sa dernière oeuvre publiée « Boni », le Grand Prix national Bernard Dadié.

J’aime acheter les œuvres qui ont reçu des prix littéraires. Je pense que c’est un exercice nécessaire pour tout auteur débutant.

Je me rends au stand où l’oeuvre est en vente et j’y achète deux autres œuvres de l’auteur au lieu de BONI. Je n’ai pas de coup de foudre immédiat avec l’oeuvre alors je remets mon achat à plus tard.

Au stand des Prix Nationaux Bernard Dadié, j’entends l’auteur parler de sa dernière oeuvre, ce pont culturel entre la Côte d’Ivoire et la Guyane via les Boni. J’entends la mélodie de sa passion pour les faits méconnus de l’Histoire des peuples noirs.

Je me rends compte du travail colossal, de l’énergie que demandent tous ses livres et j’ai envie de l’encourager à ma façon. J’achète donc Boni.

pont culturel entre la Côte d'Ivoire et la Guyane

 

Cette fresque romancée qui va de l’Afrique à l’Amérique du Sud a pour fil conducteur une femme que la mémoire des hommes a oubliée : la mère de Boni.

La première de couverture l’illustre assez bien. Pagne noué autour de la poitrine, son regard est orienté dans le même sens que celui de son fils victorieux. Derrière un grand homme se cache une femme dit l’adage. Derrière un grand homme se trouve une mère exceptionnelle.

A partir des archives et d’éléments d’anthropologie, Serge Bilé imagine la vie de la mère de Boni. Il la fait naître à Kumasi, lui donne le nom d’Adjoua. Elle est la servante d’Akwa Boni, nièce d’Abla Pokou.

Abla Pokou est une princesse Ashanti. A la mort d’Osei Tutu en 1717 se profile une querelle de succession entre ses neveux Opokou Ware et Dakon, le frère d’Abla Pokou. La querelle vire à la tragédie. Dakon est assassiné. Craignant d’être massacrée, Abla Pokou fuit avec sa famille, leurs esclaves et les soldats restés fidèles à son frère. Adjoua fait partie du cortège.

Un nouveau peuple se forme en Côte d’Ivoire : celui des Baoulé et des Agni. Il fait perdurer les traditions Akan.

Hélas, l’exil en Côte d’Ivoire ne va pas durer pour Adjoua. Elle est enlevée par des hommes, va être vendue, sa liberté sera confisquée. Avec elle, on plonge au cœur du système négrier…

Je remercie l’auteur de lui avoir redonné vie à travers cet ouvrage.

J’ai apprécié sa force de caractère, son courage, sa détermination à ne pas oublier d’où elle vient et à l’inculquer à chacun de ses enfants.

Je m’interroge. Combien de jeunes mères aujourd’hui en Côte d’Ivoire font cette transmission de leurs cultures à leurs enfants ? Je constate qu’on a une profonde rupture avec notre passé.

 

Ce livre raconte également le parcours du fils aîné d’Adjoua et celui de son peuple auquel il a donné son nom.

Boni est un chef rebelle qui a marqué l’histoire du Surinam et de la Guyane au XVIIIe siècle. Avec ses hommes, déportés de différentes contrées africaines (Loango d’Angola, des Ewé du Togo, des Fon du Dahomey, des kikongo du Congo ou encore des Akan du Ghana et de la Côte d’Ivoire), il mène la révolte contre l’esclavage, infligeant de lourdes pertes aux colons européens.

Les Boni forcent l’admiration. C’est un peuple panafricaniste sur qui l’Afrique d’aujourd’hui devrait prendre exemple : fondre les cultures pour n’en faire qu’une seule, s’unir pour défendre la liberté commune. Les Boni sont accrochés à leur héritage culturel, ils l’honorent.


 

Ce voyage culturel de l’Afrique de l’Ouest à la Guyane est plaisant tant au niveau du fond que de la forme. J’ai redécouvert via ce livre les coutumes et traditions du peuple Akan. En le fermant, j’ai eu envie de faire des recherches approfondies afin de savoir s’il y a eu des déportés issus de mes deux groupes ethniques.

J’ai apprécié cette biographie romancée, ce mélange de réalisme et de fiction.

Le niveau de langue est accessible, le livre peut se lire dès le collège. Les descriptions des lieux, de l’atmosphère, des personnages sont suffisamment claires pour nous permettre de bien nous les représenter, les transitions sont réussies. La plume de l’auteur est entraînante.

Les amateurs de culture devraient avoir ce livre dans leur bibliothèque.


 

QUELQUES INFOS UTILES

Roman édité par : Kofiba Editions

Nombre de pages : 196

Prochain événement littéraire : l’association point de lecture organise un café littéraire autour de BONI le mercredi 3 octobre 2018 à l’Institut Français d’Abidjan de 16h 30 à 18h.

 

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Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Sombres bourreaux de Serge Bilé : mon avis

Serge Bilé, le nom d’auteur cité au moins une fois par mois par un collègue. Il m’a souvent conseillé ses livres, m’a incité à aimer sa page d’auteur, participer à ses dédicaces.

J’ai repoussé l’échéance mais au SILA 2018 impossible de me défiler surtout que l’auteur est très sympathique. 😀

Serge Bilé

Serge Bilé est l’auteur de seize ouvrages sur le monde noir, africain, antillais et sud-américain. Il se concentre sur l’Histoire des Noirs. Pourquoi ?

Parce qu’il manque des chapitres dans l’histoire qu’on nous a racontée jusqu’ici. (Source : Interview de Serge Bilé, Jeune Afrique, 18 mars 2018)

 

Sombres bourreaux comporte 134 pages. Rendez-vous quelques lignes plus bas pour savoir ce que j’en ai pensé.

l'Afrique écrit

 

Je savais l’existence des Tirailleurs sénégalais, ces colonisés se battant pour l’honneur du colon lors des guerres mondiales. A l’école, j’ai appris les grandes lignes de ces guerres mais j’ignorais qu’il y avait eu des noirs collabos, des fascistes. J’ignorais que des Noirs travaillaient aux côtés des Allemands. L’enseignement ivoirien n’a pas jugé utile de l’inclure dans ses programmes. Je remercie Serge Bilé pour le travail accompli.

 

En Allemagne et en Italie, où les Noirs étaient menacés, certains ont également joué le jeu des nazis et des fascistes, par instinct de survie ou patriotisme.

J’ai découvert comment des africains ont embrassé le fascisme italien à l’instar de Peter, l’ex-prisonnier africain converti au fascisme en 1943 et l’ingénieur métis Adolfo qui a intégré l’armée italienne et participé à l’invasion de l’Ethiopie en octobre 1935. Il l’a fait  sans état d’âme malgré le sang éthiopien qui coule dans ses veines.

L’auteur nous livre des micro-récits d’afro-allemands qui ont souffert des lois raciales : enrôlement dans les zoos humains, stérilisations; des micro-récits d’espion surinamais, milicien martiniquais et gestapiste réunionnais comme le tortionnaire René Hoareau mais le personnage qui sert de fil conducteur au livre est Norbert Désirée.

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Norbert Désirée au milieu

Né en 1909 à Pointe-à-Pitre, il va en 1941 rejoindre la légion des volontaires français (LVF). On le décrit comme un brave soldat. On suit son évolution, ses exploits, son expédition au Stutthof non pour avoir refusé de devenir SS, mais pour avoir au contraire cherché à l’être avec force, malgré sa couleur de peau.

Ma lecture a été intéressante mais il m’a manqué quelque chose que j’ai eu du mal à décrire. Je crois que je suis restée sur ma faim.

Multiples personnages et plusieurs expériences du fascisme, de la Gestapo, de l’espionnage sont présentés mais j’ai eu l’impression de ne pas être allée en profondeur.

Il y a assez de zones d’ombre sur le parcours de Norbert Désirée notamment. J’aurais voulu lire davantage sur lui mais vu les rares archives le concernant et l’absence de ses mémoires, ce serait demander l’impossible à l’auteur.

Un passage a retenu vigoureusement mon attention, c’est une phrase dite par Henry Lémery :

La France ne se négrifie pas, Monsieur le chancelier. L’humanité noire se francise.

Une phrase qui ne ferait plaisir ni aux kemites ni aux panafricanistes…

 

A bientôt les amis, j’ai encore deux livres de Serge Bilé dans ma PAL.

 

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Publié dans Panaché

TAG PKJ: La France. Mais et la Côte d’Ivoire?

PKJ a proposé un TAG sur la France la semaine dernière. Je l’ai détourné avec grand plaisir. On ne parlera pas de la belle France mais de mon beau pays la Côte d’Ivoire. 

La Côte d’Ivoire y a pas son deux comme on dit chez moi et ce n’est pas Meiway qui dira le contraire. 

 

 

Je suis une grande fan de mon pays, je suis tellement fière d’être ivoirienne ❤ ❤ ❤

 

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Bon passons maintenant au TAG sinon je risque de vous donner les 10 raisons pour lesquelles vous adorerez être ivoirien (vous pourrez les retrouver dans la chanson de Meiway, le lien est juste au-dessous) 😀

 

Les questions du tag PKJ

 

1) Citez un livre où toute l’intrigue se passe en Côte d’Ivoire.

Le tueur du remblai de Sakanoko Khioud

Le tueur du remblai

 

2) Citez un livre qui met en scène un personnage ivoirien alors que l’auteur ne l’est pas.

Tchat sous un toit brûlant de Jean-Pierre Tardivel qui est un auteur français.

tchat sous un toit brûlant

 

3) Citez un livre pour lequel un élément de couverture rappelle la Côte d’Ivoire.

Et l’aube se leva de Fatou Keita. La couverture montre la cathédrale Saint Paul du Plateau, le quartier des affaires d’Abidjan.

Depuis combien de temps était-elle dans sa chambre ? Deux jours, trois ? Peut-être cinq … Peu lui importait. Les volets restaient clos, les doubles rideaux tirés …La pénombre. Lorsque le soir tombait, elle ne voyait plus ce corps qui lui faisait horreur et qu’elle sentait vivre et respirer malgré elle. Il pleuvait.

 

4) Citez un livre où l’intrigue se passe en Côte d’Ivoire mais pas à Abidjan.

L’irréversible sortilège de Félicité Foungbe. L’intrigue se passe au village de Gbêpleu dans l’ouest montagneux de la Côte d’Ivoire en 1897

L'irréversible sortilège.jpg

 

5) Citez un livre qui évoque l’Histoire de la Côte d’Ivoire.

 Côte D’Ivoire, l’Agonie du Jardin de Tiburce Koffi

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C’est à une plongée dans plus de cinq décennies d’histoire d’une Côte D’Ivoire où les ivoiriens restaient encore à créer, que nous invite Tiburce Koffi, dans un ouvrage qui réunit tout à la fois la rigueur documentaire de l’essai et les accents lyriques de la prose poétique.

6) Citez un livre dont la couverture est orange, blanche et verte.

Il était une fois… Félix Houphouet Boigny. Une bande dessinée qui évoque la vie du père de la nation ivoirienne. Je l’ai dévorée dans ma jeunesse. 

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7) Citez l’auteur ivoirien dont avez lu le plus de livres.

Regina Yaou

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J’ai lu la révolte d’affiba, le prix de la révolte, histoires si étranges, Dans l’antre du loup, Lezou Marie, l’indésirable, Symphonies et lumière, Opération Séduction

 

8) Citez un livre dans lequel un personnage fait un voyage en Côte d’Ivoire.

Love story à Abidjan 

Love story à Abidjan

Après avoir surpris son épous Marcus, dans le lit conjugal avec une femme, Flora quitte Paris sur un coup de tête pour Abidjan où elle fait la connaissance d’Axel, un beau célibataire dont elle s’amourache. Après douze jours d’un bonheur intense, ne pouvant fouir indéfiniment la réalité, Flora décide de retourner auprès de son époux pour tenter de sauver ce qui reste de son foyer.

 

9) Citez un livre dont le titre comporte les lettres I.V.O.I.R.E.

Un livre dans la voiture de Diomandé Mélama

Un livre dans la voiture

Ce récit autobiographique est celui d’un combattant, tranquille mais tenace, persévérant et réfléchi. Sa détermination à monter son ascenseur social s’inscrit dans la durée. Lire, tout le temps, en tout lieu sans jamais cesser de poursuivre son but : s’instruire afin d’obtenir des diplômes ou réussir à des concours, pour améliorer ses conditions de vie donc celles de sa famille.

 

Alors vous avez aimé cette escapade littéraire en Côte d’Ivoire ?

Ça vous dit qu’on fasse un petit jeu ? Chacun reprend le tag en l’adaptant à son pays. J’ai hâte de vous lire. Bises.

 

GM signature

 

Publié dans Histoires

Je t’avais choisie entre plusieurs

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Tu es au coin et tu boudes.

Tu boudes parce que je t’ai délaissée. J’ai laissé un autre regard que le mien se poser sur toi, te désirer, te posséder. Je n’ai posé aucune objection à ce qu’il te prenne. Je n’ai pas hésité à ce qu’il t’emporte loin de moi, je n’ai été ni jaloux, ni possessif. Je t’ai laissé partir avec lui.

Et pourtant, plusieurs heures plus tôt, je t’avais choisie entre plusieurs. Sourire aux lèvres, ta propriétaire m’avait affirmé que tu étais sa préférée. Elle m’avait donné avec fierté les avantages dont je bénéficierais si je te prenais : tu m’aiderais à lutter contre la fatigue et le froid, comblerais mes besoins quotidiens. Elle m’avait assuré que tu participerais à mon équilibre, que je retrouverais avec toi mon dynamisme.  

Ma curiosité attisée, j’avais tourné mon regard vers toi. Blonde, tu brillais de mille feux. Tu étais si pulpeuse, ma tendre, tu excitais mes papilles. En contemplant ta robe, je n’avais qu’une envie : te l’enlever à toute hâte, goûter ton exquise peau. 

Je n’avais pas négocié ton prix d’achat. Pour moi, tu méritais amplement le prix que m’avait annoncé ta propriétaire. Il traduisait parfaitement ta valeur.

J’avais promis t’honorer comme tu le méritais et ton silence n’était pas synonyme de refus. J’avais imaginé mille façons de te goûter, hélas mes occupations ne me donnèrent pas l’occasion de mettre mes projets gourmands à exécution. Mon téléphone n’arrêta pas de sonner sur le chemin qui me menait à mon lieu de travail. Les tâches à accomplir au bureau s’étaient enchaînés, ne me laissant aucun répit. 

Mes préoccupations professionnelles ont diminué mon envie pour toi, elles t’ont chassée de ma mémoire. Je t’ai oubliée au point de te donner à un autre. Pardonne-moi. J’avais vu dans son regard qu’il t’apprécierait à ta juste valeur, qu’il tirerait le meilleur de toi. Ne m’en veux pas, je t’ai donné à un gourmand digne de ce nom. 

N’aie pas peur, ma douce orange. Il t’honorera avec délicatesse. Je ne serai pour toi qu’un lointain souvenir…

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 What do you expect ? 😀

Vous pensiez qu’il s’agissait d’une femme, d’une voiture ? 

L’idée de ce texte m’est venue en cherchant le sujet d’un article pour ma collaboration BYNF . J’espère qu’il vous a plu.  🙂

© Grâce Minlibé

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Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Le sel de nos larmes – Ruta Sepetys

 

Résumé de l'oeuvre

Hiver 1945. Quatre adolescents. Quatre destinées.

Chacun né dans un pays différent.
Chacun traqué et hanté par sa propre guerre.
Parmi les milliers de réfugiés fuyant à pied vers la côte devant l’avancée des troupes soviétiques, quatre adolescents sont réunis par le destin pour affronter le froid, la faim, la peur, les bombes…
Tous partagent un même but : embarquer sur le Wilhem Gustloff, un énorme navire promesse de liberté…

Inspirée par la plus grande tragédie de l’histoire maritime, Ruta Sepetys lève le voile sur une catastrophe scandaleusement occultée de la Seconde Guerre mondiale, qui a fait au moins six fois plus de victimes que le Titanic en 1912.

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J’ai découvert ce livre grâce à la blogueuse Emi lors de ma balade de blog en blog il y a sept mois (il faut d’ailleurs que je reprenne). Coup de coeur d’Emi, je l’ai placé dans ma wishlist. J’ai sauté de joie quand j’ai su qu’il était disponible à la médiathèque. 

Je l’ai lu cette semaine. Ai-je eu le même ressenti qu’Emi ?

l'Afrique écrit

L’Allemagne et la Prusse Orientale ayant été envahies par l’Armée Rouge, les peuples allemands, polonais, lituaniens se retrouvent condamnés à l’exil. Luttant pour leur survie, ils espèrent être évacués d’urgence par la mer via l’Opération Hannibal.

Le récit repose sur quatre piliers : Joana, infirmière et Lituanienne, rapatriée en Allemagne qui prend plaisir à secourir les autres ; Emilia, la petite blonde au bonnet rose, apeurée, nostalgique de sa Pologne natale ; Florian, le restaurateur d’oeuvres d’art, sauveur de la jeune Emilia et Alfred, le bon soldat Allemand méprisé par ses pairs, sous-estimé et qui veut prouver au reste du monde qu’il a de la valeur. Emilia est celle qui m’a le plus émue.

Ces quatre adolescents qui s’expriment à tour de rôle parlent de leurs patries, leurs nostalgies, leurs visions de la guerre, leurs peurs, leurs fautes, leurs peines, leurs buts, leurs secrets et leur espoir de survie qui se trouve être le Wilthelm Gustloff.

A travers les yeux de ces quatre adolescents, nous observons la misère des réfugiés, la douloureuse séparation des familles, la cruauté, le lourd tribu que payent les civils lors d’une guerre et ça fait mal de lire tant de souffrance. 

Les personnages principaux comme secondaires sont attachants, si réels. On oublie qu’on est dans une fiction. On ressent les émotions qui les traversent. 

Ce roman historique est bien construit : les chapitres sont très courts et captivent, l’alternance de points de vue donne du rythme à l’histoire. On ne voit pas le temps passer.

Il est bien écrit, le style de l’auteure est épuré et simple. 

En conclusion, l’histoire est belle, remplie d’humanité et surtout instructive. Avant ce livre, j’ignorais tout de ce grand naufrage.

J’ai beaucoup aimé ce roman choral, il m’a manqué une avalanche de larmes pour qu’il soit un coup de coeur. Bravo à l’auteure pour ce roman de qualité qui mérite d’être lu.

La culpabilité n’a de cesse de vous poursuivre. (Joana)
Le destin n’a de cesse de vous poursuivre. (Florian)
La honte n’a de cesse de vous poursuivre. (Emilia)
La peur n’a de cesse de vous poursuivre. (Alfred)

Emilia

Je connais les légendes des oiseaux. Les mouettes, ce sont les  âmes des soldats décédés ; les chouettes, les âmes des femmes ; les colombes enfin, les âmes des jeunes filles vierges que la mort vient d’emporter. Existe-t-il un oiseau symbolisant l’âme des filles comme moi ? 

Emilia

Une mère, c’est une ancre dans la vie. Une mère, c’est un réconfort. Une mère, c’est un chez-soi. Une fille qui a perdu sa mère n’est plus qu’une minuscule embarcation sur une mer déchaînée. Il y a des bateaux qui finissent par atteindre le rivage. Et il en est d’autres, comme moi, qui semblent s’éloigner toujours d’avantage de la terre ferme. 

Alfred

Tu appartiens au sexe faible, ce dont je suis heureux. Puissent tes mains ne jamais se refermer en poings ! Puissent tes oreilles ne jamais entendre l’appel du devoir ! Avant la fin de cette guerre, tous les hommes auront l’occasion de révéler leur véritable personnalité. 

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Titre original : Salt to the sea

Publié par Philomel Books pour l’édition originale et Gallimard jeunesse pour la traduction française

Collection Scripto – Gallimard Jeunesse

478 pages

Date de publication : juin 2016

Notes de l’auteur disponibles en fin d’ouvrage

lauteur

Née à Detroit le 19 novembre 1967, Ruta Sepetys est née, dans une famille d’artistes, d’intellectuels et de musiciens. Son père réfugié lituanien, officier menacé de mort par Staline, a été emprisonné 8 ans dans un goulag.

Elle étudie la finance internationale au Hillsdale College et vit quelque temps en Europe. Puis elle part pour Los Angeles afin de travailler dans l’industrie de la musique.

Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre (Between Shades of Gray, 2011), son premier roman et moult fois primé. Son 3e roman Le sel de nos larmes est inspiré de l’histoire de la cousine de son père qui a échappé au naufrage du Gustloff.

Elle vit dans le Tennessee, à Nashville, avec sa famille.

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Publié dans Histoires

Un récit d’hiver #RDVBAM Challenge

Coucou les amis et bienvenue aux nouveaux !

Je participe pour la 2e fois au challenge du RDVBAM, le thème choisi pour ce mois est l’hiver. Parce que vous le valez bien, je vous partage le 1er chapitre d’un roman que j’espère publier cette année. 

*****

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Je sortis de la bouche du métro Wagram, empruntai le chemin qui menait au café «aux caves de Prony».

Je marchais les mains enfouies dans les poches de mon manteau. Un manteau à la fin du mois de mars… Pour cause, une saison hivernale qui s’allongeait, refusait de céder sa place au printemps, au renouveau. 

J’ôtai mes mains de mes poches afin de pousser la porte du café qui était comble. Chacun s’y trouvait pour une raison particulière : se retirer de la vie morne qu’engendrait l’hiver, passer le temps, se réfugier, se retrouver, discuter, s’épancher.

– Bonsoir madame. me dit un serveur. Il y a une table libre juste ici, si vous êtes toute seule.
– Non, merci. J’ai rendez-vous avec quelqu’une. Elle doit être déjà là.

– Très bien. 

Il se dirigea vers une table, j’en profitai pour balayer la pièce du regard. Je cherchais Emi, une bonne amie. Je m’avançai vers la table où elle était assise.

– Ben dis donc, le froid ne passera pas par toi ! s’exclama-t-elle

Je souris. Je portais un col roulé, un gilet et un chandail par-dessus. J’avais deux écharpes autour du cou et un bonnet sur la tête.

– Tu sais bien que je suis frileuse. répondis-je

J’ôtai mes écharpes. Il faisait une de ces chaleurs dans ce café !

– Tu prends quelque chose ?

– Je prendrai un café 

Pour me réchauffer.

– Toi et tes rimes. dit-elle en riant

Je lui fis un clin d’œil. 

 

Ma vie est faite de rimes 

Depuis qu’il m’a plongée dans l’abîme.

 

 

Elle fit signe au serveur qui vint prendre nos commandes. 

– Un café…

– Allongé. précisé-je

– Un café allongé pour la jeune dame et un thé vert à la menthe pour moi s’il vous plaît.

Il repartit, Emi entama la conversation.

 

– Je savais très bien que cette coupe de cheveux t’irait à merveille. Mets-toi de profil s’il te plaît.Tu es magnifique, Cyrielle. ajouta-t-elle quand je m’exécutai. Tu devrais faire cette coupe plus souvent.

Je soupirai. Elle avait procédé par insinuation pour que je fasse cette coupe de cheveux. La semaine dernière, elle n’avait cessé de m’envoyer des messages :

«Cyrielle, ça va ? J’ai vu une coupe de cheveux sur l’une de mes stagiaires. La coupe est magnifique, si tu voyais ! Vous avez la même forme du visage. Je suis sûre qu’elle t’ira très bien.»

«Tu as reçu la photo que je t’ai envoyée ? Bon, elle a réalisé sa coupe avec plusieurs tons de mèche. Je pense, et ce n’est qu’un humble avis, qu’une couleur uniforme t’irait à merveille.»

«Tu m’envoies une photo quand tu finis de te coiffer ? J’ai besoin de savoir si mes intuitions sont bonnes.» 

Sacré Emi ! Nous nous étions rencontrées dans un club de lecture qui se tenait à deux pas de mon lieu d’habitation et à une quinzaine de minutes de son lieu de travail. Nous étions les seules africaines du club, et ivoiriennes de surcroît. Savoir que nous venions toutes les deux de la terre éburnéenne nous avait rapprochées. Nous étions inséparables depuis. Sa présence me faisait un bien fou. Je la regardai avaler quelques gorgées de son thé. Je l’enviais tellement ! J’aurai tellement aimé être comme elle ! N’avoir aucune attache sentimentale et être heureuse malgré tout. 

Elle n’avait aucune attache, contrairement à moi. On m’avait attachée et les liens n’avaient pas été défaits.

«L’amour est une chose solitaire. C’est cette découverte qui fait souffrir.» 

 Cette découverte, je n’aurais jamais dû la faire, pas si tôt. 

«L’amour est plus précieux que la vie, l’honneur plus que l’argent: mais plus précieux que tous deux, la parole donnée. »

 Pourquoi n’avait-il pas respecté sa parole ? 

Pourquoi toutes ces fariboles ? 

– Qu’est-ce que tu racontes de beau ? me demanda Emi, écrasant ainsi la vague de souvenirs amers sur laquelle je surfais.

-Rien de bien intéressant.

Je portai la tasse à mes lèvres. Mon café était brûlant mais je ne retirais pas mes lèvres. J’aimais bien cette sensation. Puisse cette chaleur réveiller mon cœur endurci ! Emi porta également sa tasse à ses lèvres, la reposa immédiatement.

– C’est trop chaud ! Je ne sais pas comment tu fais pour boire des breuvages aussi chauds. Bref ! On dîne toujours ensemble samedi prochain ?

– Bien sûr. 

– Jean-Jacques peut se joindre à nous ?

– Emi, s’il te plaît ! Je ne veux pas le voir et tu sais pourquoi. Nous dînerons toutes les deux, rien que toutes les deux. 

J’avalai quelques gorgées de mon café. Je ne voulais pas voir Jean-Jacques. C’était un cousin d’Emi que j’avais rencontré lors d’un dîner organisé chez elle, nous devions avoir le même âge.

Je n’avais pas de l’aversion pour lui. Bien au contraire, je le trouvais fort sympathique. 
J’évitais de le voir tout simplement parce qu’il me rappelait l’autre. Je n’avais pas envie de le voir à travers lui.

Le regard d’Emi croisa le mien et ses yeux semblaient me dire: Cyrielle, fais un effort. Surmonte ta déception. Je le voulais mais n’y arrivais pas. La plaie était encore béante, des années qu’elle était ouverte et elle n’avait toujours pas cicatrisé.

Je revis mon passé, l’homme qui avait fait la jeune femme que j’étais. Je remontai dans le temps, 10 ans plus tôt…

© Grâce Minlibé

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Que vous inspire ce texte ? Quel titre lui donneriez-vous ? 

Pour voir les participations des autres membres de la communauté, vous n’avez qu’à visiter leurs blogs et chaînes Youtube géniaux !

Deadlines & Dresses : http://deadlines-dresses.com/
Anaïs Thinks : https://anaisthinks.com/
Beauttyan : https://beauttyan.com/
AfroLyne : http://www.afrolyne.com/
Esprit Mode by Sabrina : http://www.espritmodebysabrina.fr/
Made by me 23 : http://www.made-by-me23.com/
Curly Cinnamon : https://curlycinnamon.com/
That’s so Mouss : http://thatsomouss.wixsite.com/blog
Run au Féminin : http://run-au-feminin.com/
Mllevidova : https://mademoisellevidova.wordpress.com/
The Little Dayovo : http://thelittledayovo.com/
Xandrine LA : https://www.youtube.com/channel/UCT_3dusApwn9oSmDUTlXwkQ?disable_polymer=true
GYNIAH : http://gyniah.com/
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Samba Sisters Touch : http://www.sambasisterstouch.fr/
Le Carnet de Cerise : http://lecarnetdecerise.com/
Black Beauty by Swan : http://www.blackbeautybyswan.com/

Publié dans Ma poésie

Retournes-tu souvent au passé ?

 

Au passé

Je retourne souvent au passé
Terre aride qui m’a transformée,
Et a fait de moi un esprit esseulé.

Je revisite tes endroits préférés
Îles désertes où tu m’aimais en secret,
Où ma dignité fut soigneusement dérobée…

Je retrouve tes mots sucrés
Tes promesses au goût acidulé,
Ah ! Combien je les ai vénérées !

L’âme abîmée, le cœur épuisé
Je retourne souvent au passé
Qui pour toi n’a jamais existé…

© Grâce Minlibé 27/03/2015_ 03h59

Publié dans Histoires

RDVBAM Paillettes et sequins, tout ce qui brille

J’ai intégré un nouveau groupe de blogueuses afro/métissées sur invitation de deux blogueuses et je peux vous dire que je ne regrette pas de faire partie de cette petite communauté très animée.

Les créatrices du blog Samba Sisters Touch ont pensé ce groupe comme une place qui permet de rassembler en un même lieu, les multiples talents de la blogosphère afro/métissée, dispersés çà et là sur le web. Une place pour découvrir l’univers des talentueuses blogueuseset youtubeuses de la communauté afro/métissée.

Les membres du groupe ont décidé de partager une fois dans le mois leurs univers, à travers un « challenge sans barrières » autrement dit, chacun devra se sentir libre d’interpréter le sujet selon son univers, ou multiples influences : LE RDVBAM CHALLENGE

Les différents challenges sont publiés sur les blogs des participantes le 1er dimanche de chaque mois et sur la fan page Facebook du Challenge

Le thème de ce mois est PAILLETTES & SEQUINS. Le thème ne m’inspirait pas du tout mais voulant participer au challenge pour la première fois, j’ai décidé d’adapter l’un de mes écrits publiés sur ma page Facebook au thème. 

Je vous laisse découvrir mon récit. 

 

****

Détourner mon regard de l’écran lumineux, le mettre sous silencieux quand il se met à insister, ne pas sentir mon cœur qui se contracte de douleur, refuser que des larmes de tristesse me brouillent la vue. Tenter d’oublier son prénom, son visage, tout ce qui lui appartient et loge dans mon âme. Me séparer… Oublier…
Adisa a raison. Je n’ai rien à faire avec lui. Aucun avenir commun ne peut être envisagé. C’est impossible, plus maintenant…
J’ai essayé de le lui faire comprendre avant-hier après les cours, hélas !
Henri est attaché à moi comme un nourrisson au sein de ma mère. Il m’aime et moi…

J’ouvre grandement la fenêtre de mon studio qui donne sur l’arrière-cour de la résidence. Le vent frais me mord le visage mais je n’en ai cure.
Les récents événements de ma vie font un étrange défilé sous mes yeux. J’ai perdu un homme pour gagner une communauté.
Je dois être forte, avancer sans regarder en arrière. Je dois me retrouver, revendiquer mon identité. J’inspire un grand coup, referme la fenêtre avant de me diriger d’un pas nonchalant vers la salle d’eau. Là aussi, il y a eu du changement. Fini Garnier, L’oréal, Le petit Marseillais, mes produits de beauté sont uniquement Made in Africa, ma terre nourricière.

Je me dirige vers ma penderie. J’esquisse un sourire (le premier de ma soirée) lorsque mes yeux tombent sur ma jupe droite à sequins argentés, mon top à paillettes dorées, mon legging scintillant vert émeraude. Les paillettes et sequins règnent en maître dans ma garde-robe. 

Une robe à sequins

J’abuse des chaussures scintillantes : escarpins,  ballerines, sneakers, bottines.  J’ai au moins deux fois dans la semaine des paillettes à mes pieds. Ma mère m’y a habituée. Elle a toujours voulu que je brille. Elle me répétait sans cesse : la paillette et le sequin ne supportent pas la médiocrité.

 

Des baskets dorées

 

Des sandales brillantes à talons

Mon sourire s’évanouit. Je vais devoir me séparer de certains vêtements, ceux que je pourrai pas associer au pagne africain, le nouveau maître de ma garde-robe.  

« Qui d’autre que nous pour mettre en avant les produits qui viennent de nos terres ? Il est temps de consommer Africain, uniquement Africain. Délaissez ces habits qui puent l’occident, mettez en valeur le pagne de nos ancêtres.

N’ayons pas peur de ce que nous sommes, n’ayons pas honte de nos idées, ne doutons jamais de nos potentialités. Montrons leur que nous sommes meilleurs qu’eux. » Les mots d’Adisa et sa hargne ne se taisent pas dans ma mémoire.

J’enfile un boubou, des babouches. Verre de bissap et chips de banane posés sur ma table d’études, je dévore les ressources numériques disponibles sur le peuple Ehotile.
Je me sens si loin de mes racines, la faute à qui ?
Mes parents ont coupé tout lien avec leurs familles restées en Côte d’Ivoire. Ils ne m’ont jamais parlé du pays, de ce qu’on y fait. Tout ce que je sais de l’Afrique, de la Côte d’Ivoire, je l’ai appris à l’école, dans les médias occidentaux. 

Ils le font pour me protéger, ils me l’ont affirmé. De quoi ? De qui ? Ils n’ont jamais voulu me le dire. Entre frustration et colère, mon cœur balance.
Je suis une française à la peau noire mais ça va changer. Je vais découvrir ma vraie identité, je vais marcher sur les pas de mes ancêtres. Adisa est là pour m’aider à y arriver.  

J’engloutis une poignée de chips, mémorise tant bien que mal le vocabulaire gastronomique.

Des coups donnés à ma porte d’entrée me font sursauter. Je n’attends personne.

« Qui est-ce ? » m’entendais-je demander

Mon cœur se met à battre la chamade. Il l’a reconnu, il meurt d’envie de le revoir…

«Chloé, j’ai besoin de te voir. »

Mon cœur me supplie d’ouvrir…

«Ouvre s’il te plaît. »

…mais je ne peux pas.

« Je veux juste te voir, clo… »

Je ne peux pas te revoir, Henri.

«Tu me manques, ça devient atroce »

Sa douleur ne m’est pas inconnue mais je ne peux pas. Je ne dois pas retourner à ce passé artificiel…

*****

Comment vous trouvez le texte ? Etes- vous fan des paillettes et sequins ?

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The Little dayovo : http://thelittledayovo.com/
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paillettes-et-sequins

 

Bonne découverte ! 

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