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Le Noyé d’Arena Blanca – Joseph Hansen

Je suis en mode polar cette année. Et si le livre fait moins de 300 pages, il me tente encore plus.

John Oats s’est-il noyé accidentellement ? La police en est sûre. Pas David Brandstetter, l’enquêteur de l’assurance-vie. Le bénéficiaire est – ou était – le fils du mort, Peter. Il a disparu. C’est le premier suspect. Il y en aura bien d’autres et l’enquête sera longue, tortueuse. Elle entraînera Dave dans les milieux de la librairie, chez les collectionneurs et les bibliophiles, dans un petit théâtre culturel, dans le ranch somptueux d’une vedette de la télévision, et il faudra un nouveau crime pour que la vérité lui apparaisse enfin.

Un agent d’assurance qui mène une enquête ? Déjà vu à travers lune de miel. Mais c’est ma première fois de lire un récit où l’enquêteur n’est pas hétéro.

David Brandstetter a 45 ans et travaille pour la compagnie d’assurance-vie Medallion. Sa vie sentimentale s’étale sur quelques paragraphes du livre, son compagnon et lui ont des cadavres à enterrer. Etant plus sensible aux relations hétéro qu’homo, je n’ai pas trop prêté attention à leur couple et leurs sentiments.

L’enquête en elle-même est linéaire, le rythme assez lent, les rebondissements inexistants. L’action n’intervient que dans les dernières pages, ce que j’ai trouvé dommage.

Les profils des personnages sont variés : libraire, gérant de théâtre, star de la télé, professeur. Leur psychologie est également bien travaillée, chacun a quelque chose à cacher (je pense à mon très cher Hercule Poirot quand j’énonce cette phrase) mais je ne me suis attachée à aucun d’eux. J’ai été spectatrice de leurs histoires à mon plus grand désarroi.

Ce récit est le 1er tome des enquêtes de Dave Brandstetter. La saga comporte 12 titres. Vais-je me laisser tenter par un autre ? Pas sûre, ni le style de l’auteur, ni Dave ne m’ont donné l’envie.

C’était ma première fois avec l’auteur et j’ai trouvé que son style manquait de vivacité.

Avez-vous déjà lu Joseph Hansen ?

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TTL 90 : Seules les bêtes de Colin Niel

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: Mystère

Mystère : Silence, obscurité volontaire faits sur quelqu’un, en particulier…

Synonyme : secret

J’ai pensé à un livre où des vies cachent bien des secrets …

Couverture Seules les bêtes

Une femme a disparu. Sa voiture est retrouvée au départ d’un sentier de randonnée qui fait l’ascension vers le plateau où survivent quelques fermes habitées par des hommes seuls. Alors que les gendarmes n’ont aucune piste et que l’hiver impose sa loi, plusieurs personnes se savent pourtant liées à cette disparition. Tour à tour, femmes et hommes prennent la parole et chacun a son secret, presque aussi précieux que sa vie.

Elle s’appelle Evelyne Ducat. Femme d’un notable du coin parti faire fortune à la capitale et revenu s’installer au patelin, elle a mystérieusement disparu. Elle était partie en randonnée solitaire. A-t-elle fait une mauvaise rencontre ou a-t-elle été emportée par la tourmente qui sévit sur le causse ?

Dans ce roman atypique, on ne suit pas une enquête policière. Tel un psychologue, on voit passer sur notre divan cinq personnages différents les uns des autres qui ont envie de dire quelque chose. Quelque chose en lien avec la disparition d’Evelyne ? Ils nous regardent l’air de dire, laissez les disparus, écoutez ceux qui sont présents. Alors comme un spécialiste, on prend carnet et stylo, on prête l’oreille et on laisse Alice, Joseph, Maribé, Armand et Michel, le mari d’Alice dévoiler les mystères de leurs vies.

De l’assistante sociale en passant par des paysans, une gosse de riche couturière à temps partiel et un aigrefin. Deux femmes, trois hommes qui manipulent ou se font manipuler. Des humains avec des manques à combler. Une solitude qui colle à la peau, une recherche effrénée de l’amour, de l’aisance sociale.

Et parce qu’au fond de nos vies, il y a toujours un morceau de la vie d’un (e) autre, ces cinq voix éclaircissent le mystère de la disparue.

Chacun a eu un contact direct ou indirect de quelques secondes à plusieurs jours avec elle. Un l’a touchée, l’autre l’a goûtée. Un l’a vue, l’autre l’a entendue. Un autre l’a sentie…

Seules les bêtes est un très bon roman choral. J’ai apprécié la fluidité de la plume et le clin d’œil inattendu à ma patrie même s’il est plutôt négatif. Je ne m’attendais pas à un tel retournement de situation. Ca parait de premier abord un peu tiré par les cheveux mais on se laisse prendre au jeu.

Les thèmes abordés sont intéressants: la solitude, les challenges des agriculteurs, la routine conjugale et ce qu’elle entraîne, trahisons et manipulations.

J’ai apprécié la capacité d’adaptation de l’écrivain, le registre littéraire adapté au background de chaque personnage. Je me suis même demandé s’il ne s’était pas fait aider pour la narration d’Armand tant le langage colle à l’histoire et au contexte géographique de ce dernier. 😀

Quel livre auriez-vous proposé pour ce thème ?

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Snapshots – Nouvelles voix du Caine Prize

Six auteurs, six longues nouvelles saluées par le Caine Prize pour la littérature anglophone d’Afrique – émanation du fameux Booker Prize – nous démontre superbement l’originalité et la puissance d’invention de cette toute jeune génération d’écrivains.

Noviolet Bulawayo est une auteure zimbabwéenne qu’il me tardait de découvrir.

Sa nouvelle Snapshots est l’histoire d’une famille zimbabwéenne qui va se disloquer à la suite de la mort du père. La nouvelle est racontée à la deuxième personne du singulier, narration découverte grâce à Emmanuel Dongala et que j’apprécie énormément. « Tu » est une enfant, « tu » est une jeune fille. Appelons-là Sunrise du nom dont elle a été baptisée par Givemore. Cet homme qui a l’âge d’être son père et qu’elle va rencontrer sur Mainstreet à l’âge de 14 ans et demi. Un homme qui va mettre fin à sa triste carrière de vendeuse d’œufs durs. Appelons-là Sunset, cette jeune fille qui a 14 ans et trois quart et qui n’atteindra pas l’âge adulte.

Snapshots c’est l’histoire d’une jeune fille avec en toile de fond les réalités sociales du Zimbabwe, inflation, précarité, grève du personnel soignant, manque d’équipements dans les établissements hospitaliers, les coupures d’eau et d’électricité fréquentes etc…

Hunter Emmanuel de Constance Myburgh

Hunter est bûcheron. Un jour, il découvre une jambe suspendue à une branche de pin, aux trois quarts du tronc. A qui appartient cette jambe ? Pourquoi a t-elle été coupée ? Si l’on obtient une réponse à ces interrogations, d’autres restent sans réponse. J’ai apprécié l’allure policière de cette nouvelle.

America de chinelo okparanta

L’histoire de Gloria et Nena, deux femmes qui s’aiment.

La maman de Nena en est toute triste: sa fille n’aura pas de mari, donc elle pas de petits-enfants. Gloria a l’opportunité d’aller en Amérique où un poste lui est offert. Si Nena a partagé son identité homosexuelle à ses parenrs, Gloria, elle, n’a pas osé le faire car ses parents sont très ancrés dans la foi, Un an plus tard cette dernière est en visite au Nigéria et toutes deux décident qu’elle essayera de la rejoindre là-bas. Nena émet sa demande de visa. Son désir de partir contrarie sa mère. Elle a peur que sa fille ne revienne jamais et peu à peu Nena partage sa peur. Entre partir et rester, quelle est la meilleure option pour elle ?

J’ai été un peu déçue car j’avais déjà lu cette nouvelle dans le bonheur comme l’eau de la même auteure.

Miracle de Tope Folarin

Une église nigériane au Texas qui reçoit la visite d’un pasteur nigérian. Des hommes, des femmes dans l’attente de divers miracles financiers, sociaux, familiaux, etc… Une nouvelle qui évoque la foi des uns, les réalisations mensongères de miracle des autres.

Jours de baston d’Olufemi Terry

Raul est un adolescent de 13 ans qui vit sur une décharge. Raul est un combattant et cette nouvelle relate ses jurs de combat avec d’autres garçons c’est la violence également, la misère des enfants qui est relaté.

La république de Bombay de Rotimi Babatunde

Récit de l’engagement du peuple africain dans la seconde guerre mondiale en particulier celui de Bombay. Ces hommes arrivent en terre inconnue, pour défendre une cause qui n’est pas vraiment la leur, auréolés de multiples croyances. Les préjugés sur les combattants africains m’ont fait penser à Frère d’âme de David Diop. Revenu dans sa ville natale du Nigéria après avoir combattu sur le Front Oublié de Birmanie, Bombay s’installe dans l’ancienne prison de sa ville et y fonde la République de Bombay dont il sera l’unique Président et citoyen. Une nouvelle qui allie avec dextérité sérieux et drôlerie.

Snapshots – Nouvelles voix du Caine Prize est un recueil de nouvelles à lire et à faire lire. Avouons-le, la littérature anglophone africaine est excellente et regorge de talents.

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Lecture commune Signé Poète X – Elizabeth Acevedo

A Harlem, dans un monde qui ne veut pas l’entendre, Xiomara, 15 ans, refuse de rester silencieuse.

Laisser parler ses poings ou écrire, écrire, encore écrire, slamer et enfin trouver sa voix.

Un texte révolté et bouleversant ; un roman en vers magnifiquement traduit qui croit au pouvoir de la littérature ; un livre qui donne à lire un monde où chaque voix peut être entendue et où les mots changent la vie.

 

l'Afrique écrit

J’ai lu ce livre en lecture commune avec Audrey du blog Light and Smell. Nous avons échangé quotidiennement pendant 5 jours nos impressions de lecture. Une expérience enrichissante. Pour lire son avis, cliquez ICI

Je n’en ai pas l’habitude mais je débuterai ma note de lecture par la couverture qui est magnifique. Une couverture artistique, contraste de couleurs mettant en exergue les mots. C’est un bel livre-objet. 

 

Entrons dans l’histoire qui débute au 24 mai. De quelle année ? Rien n’est spécifié mais il semble que l’époque soit contemporaine. 

Première agréable surprise : découverte des strophes, des rimes. Un roman en vers. Original et déconcertant à la fois.

Récit singulier, la narratrice nous embarque dans un beau voyage poétique, elle se raconte comme on lit un poème.

Xiomara, adolescente de 15 ans, nous livre un aperçu de son quartier, ces regards adressés aux filles qui s’habillent trop court, à son corps avec des formes.

Les rapports de notre narratrice avec sa mère sont tendus.

Et cette femme-là, qui me fait si peur,
cette femme à la fois mère et monstre,

 

La mère lui interdit d’avoir tout rapport avec les garçons, l’oblige à être assidue à l’Eglise. Xiomara trouve que sa mère est enfermée dans l’Eglise, elle, elle aimerait pouvoir ne pas porter le poids de l’Eglise, de la dévotion. 

Elle a des doutes sur la Bible, le christianisme, elle ne se retrouve pas dans les femmes de la Bible. 

C’est comme si en prenant de l’âge
              je m’étais aperçue
                                    que l’Église
traite les filles différemment.

 

J’ai été très agacée par le comportement de la mère. Je suis pour qu’on encadre l’adolescent, qu’on lui fixe des limites, qu’on l’oriente mais pas pour qu’on l’enferme dans un schéma de pensée, une vie qu’on aurait voulu vivre.  

Xiomara aimerait qu’on arrête de décider pour elle, elle aimerait pouvoir faire ses propres expériences surtout en ce qui concerne les garçons. Son histoire avec Aman est tendre. Je n’ai pas compris son silence face à une scène d’attouchements au lycée mais j’ai apprécié sa sagesse en ce qui concerne les relations sexuelles. Il n’obéit pas à son désir, sait écouter sa partenaire et n’interprète pas à sa guise ses NON. 

Xiomara est une rebelle, elle se défend avec ses poings, va apprendre à se défendre avec des mots grâce à sa prof d’anglais et le club de poésie. 

 

Dans ce roman singulier, les personnages tant principaux que secondaires apportent de la valeur de l’histoire.

Je me suis retrouvée en Caridad, l’amie de Xiomara. C’est mon personnage coup de cœur pour sa douceur, sa tolérance. 

Un autre personnage secondaire m’a également touchée. Le prêtre Sean. Pour une fois, que l’image d’un prêtre ne renvoie pas à des abus sexuels, que ce dernier assume avec brio son rôle de pasteur, je n’ai pas boudé mon plaisir.

Ce roman Young Adult est plaisant à lire. Il est fluide, évoque des sujets d’actualité tels que l’éducation de la jeune fille différente de celle du jeune garçon, les métiers sexués…

Il me sourit, hausse les épaules. « Je suis venu beaucoup,
pour m’entraîner. Mon père a jamais voulu me payer des cours.
Il dit que c’est un truc de meuf. »
Il a un sourire triste. Et je pense à tout ce qu’on pourrait être
si on nous disait pas que nos corps sont pas faits pour.

…mais j’aurais voulu qu’ils soient plus développés notamment celui de l’homosexualité.

 

Christmas

 

Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020

 

Éditeur : Nathan

Date de publication :  2019

Nombre de pages : 384

Disponible aux formats papier et numérique 

 

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Les Confessions de Frannie Langton – Sara Collins

Frannie Langton

 

Londres, 1826. Toute la ville est en émoi. La foule se presse aux portes de la cour d’assise pour assister au procès de Frannie Langton, une domestique noire accusée d’avoir tué Mr et Mrs Benham, ses employés. Pour la première fois, Frannie doit raconter son histoire. Elle nous parle de sa jeunesse dans une plantation de canne à sucre en Jamaïque, où elle a été le jouet de chacun : de sa maîtresse, qui s’est piquée de lui apprendre à lire tout en la martyrisant, puis de son maître, qui l’a contrainte à l’assister sur nombre d’expériences scientifiques, plus douteuses les unes que les autres. Elle nous parle de son arrivée à Londres, où elle est  » offerte  » aux Benham, comme un vulgaire accessoire, de son amitié avec la maîtresse de maison, de leur même appétit pour la lecture, la culture. De leur passion… Elle se dévoile pour tenter de se souvenir de cette terrible nuit, qui lui échappe complètement. Mais une question la ronge sans cesse, comment aurait-elle pu tuer celle qu’elle aime ?

l'Afrique écrit

Une couverture rouge pour les sentiments passionnels en complète contradiction : amour / colère, sensualité / sexualité, courage / danger, ardeur / interdiction…

Sur cette couverture, ce sont les fleurs qui m’attirent en premier.

C’est en regardant plusieurs fois la couverture que je remarque le crâne.

C’est en avançant dans ma lecture que je fais attention aux ciseaux.

 

Après la Barbade avec Washington Black, je découvre la Jamaïque au temps de l’esclavage.

La Jamaïque était une somme : hommes, cannes, guinées. Qu’un élément vienne à manquer, les autres ne s’additionnaient pas et alors un homme cessait d’en être un.

 

Un énième récit sur l’esclavage parce que l’un des grands drames de l’histoire de l’humanité ne peut pas être mis en sourdine. 

Un énième récit sur l’esclavage pour ne pas que l’histoire soit travestie. Comme dirait Frannie dans ses confessions : « Nous ne nous rappelons pas les choses de la même façon ».

Un énième récit sur l’esclavage mais particulier car il évoque la vie d’une domestique, une « nègre de maison » et les expériences scientifiques faites sur les esclaves morts comme en vie.

Des études de phrénologie, des expériences pour vérifier leur capacité d’intelligence et autres plus horribles les unes que les autres.

Il concédait néanmoins la possibilité d’un intellect plus élevé en cas de mélange du blanc avec le noir, le type de décoloration raciale que Pauw a été le premier à décrire.

Lorsqu’il parvenait à mettre la main sur un corps, il faisait cloquer la peau avec de l’eau bouillante, puis le laissait tremper une semaine dans de l’alcool de vin. 

Tant d’horreurs et dire que les blancs de cette époque se croyaient humains et que les noirs étaient les sauvages !

Ces expériences m’ont rappelé en partie Blanchissez-moi tous ces nègres de Serge Bilé. 

 

Le récit évoque les préjugés racistes à la peau dure. Un amour interdit est également relaté mais il ne m’a pas touchée. Non seulement parce que l’homosexualité ce n’est pas ma tasse de thé mais surtout parce que j’ai détesté le personnage de Mrs Benham. Une psychopathe, manipulatrice, accro à l’opium qui a utilisé Frannie pour satisfaire ses désirs. 

Les confessions de Frannie Langton est un roman gothique dans tous les sens du terme. L’atmosphère du récit est glauque. Le style de Sara Collins est exigeant, cru. Il peut perdre ou lasser mais les sujets abordés sont si profonds que le lecteur est obligé de s’accrocher. 

J’ai souligné un nombre importants de réflexions des personnages sur l’esclavage, les abolitionnistes, la perception de l’homme noir. Ce livre est un concentré d’idées de débat. 

Ce que personne ne veut admettre, c’est que les abolitionnistes ont le même appétit que les esclavagistes pour la misère, simplement ils ne souhaitent pas en faire la même chose.

 

Vous pensez qu’un homme noir est représentatif de tous les autres membres de sa race. Vous ne lui autorisez ni personnalité ni passions. 

 

Les noirs n’écriront pas jamais que la souffrance, et uniquement à destination des blancs, à croire que notre seule raison d’être est de les faire changer d’avis.

 

 

Un amour interdit Alyssa Cole

Ne penses-tu pas que chacun devrait lire un poème par jour ? On ne peut pas vivre que de romans ! Elle avait raison. Un roman, c’est un long verre tiède, un poème, c’est une flèche dans le crâne.

 

Les femmes se concentrent sur ce qui leur manque, les hommes sur ce qu’ils désirent. 

 

Dans tous les hommes il y a de la cruauté. Ceux que nous considérons comme bons sont ceux qui prennent la peine de la cacher.

 

 

détails ouvrage

Éditeur : Belfond 

Date de publication : Avril 2019

Disponible aux formats papier et numérique 

Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020

 

 

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Les détectives sauvages de Roberto Bolaño

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Le jeune Juan García Madero abandonne ses études de droit pour déambuler dans les bas-fonds de Mexico.
Avant de partir, moderne Don Quichotte, en compagnie de la prostituée Lupe, en quête de Cesárea Tinajero, poétesse mythique dont la trace se perd dans le désert… La littérature et la vie sont-elles deux choses différentes ? Ce roman polyphonique, d’une richesse et d’une drôlerie rares, marque le début d’une nouvelle ère dans la littérature latino-américaine. La critique internationale l’a comparé aux grandes oeuvres de Cortázar, de Borges et de Kerouac.
De Barcelone à Paris, d’Israël à la Californie, Roberto Bolano nous offre l’épopée lyrique, tragi-comique, d’hommes en quête de la vraie vie,  » le voyage infini de gens qui furent jeunes et désespérés mais ne s’ennuyèrent jamais » (Enrique Vila-Matas).

l'Afrique écrit

 

Comment ce roman est arrivé dans ma PAL ?

Il y a deux ans, je voulais découvrir la littérature sud-américaine. J’ai fouiné sur le net, repéré des livres qui avaient des avis positifs sur les forums de lecture.

Les détectives sauvages m’avait fortement intéressée car le résumé m’invitait au voyage, à la poésie.

Etant un pavé, j’ai repoussé sa lecture jusqu’au mois dernier où je me suis retrouvée avec une PAL vide. 

 

Ce pavé de 900 pages se divise en trois parties. La première intitulée « Mexicains perdus à Mexico » est le journal intime de l’orphelin Juan Garcia Madero et s’étend de novembre au 31 décembre 1975. Ce jeune homme de 17 ans nous raconte ses errances dans les bas-fonds de Mexico, sa vie sexuelle en plein ébullition, sa désertion de la fac de droit, son adhésion au groupuscule poétique des réal-viscéralistes dirigé par Arturo Belano et Ulises Lima.  

 

La seconde partie intitulée « Les détectives sauvages » est la plus longue. Elle s’étend de 1976 à 1996 et évoque de façon fragmentaire les vies d’Arturo Belano et Ulises Lima. Près de 47 personnes qui les ont croisés une fois ou l’autre nous racontent le bout de chemin qu’ils ont partagés avec ces deux personnages. Certains personnages ont réellement existé comme Octavio Paz.

A part quelques personnages dont j’ai apprécié l’intervention (Naki Echavarne ou encore Joaquim Font), j’ai traversé ce roman fleuve avec ennui. La plupart des anecdotes racontées étaient sans intérêt pour moi.

Certains personnages n’interviennent qu’une fois, d’autres plusieurs fois. Leurs interventions sont disséminées dans les différents chapitres. Je pense que cette partie aurait été moins confuse et plus élaborée si les interventions avaient été classées de manière chronologique. 
Amadeo Salvatierra intervient notamment à 8 reprises. Son récit concerne la période de janvier 1976 mais ses interventions sont disséminées dans plusieurs chapitres. De ce fait, on perd le fil de ce qu’il a dit précédemment.

 

La troisième partie intitulée « Les déserts de Sonora » est à nouveau le journal de Juan de janvier jusqu’à mi-février 1976. Il nous raconte leur fuite pour échapper au mac de Lupe, fuite qui se double de la recherche de l’égérie dans les années 20 des réal-viscéralistes à savoir la poétesse Cesarea Tinajero. 

 

Le sexe est assez présent dans le récit. Les personnages en usent de manière libre et plutôt vulgaire, j’ai trouvé. Le sexe est errance, plaisir, souffrance à l’instar du chemin de vie des personnages. 

Il y a dans ce roman une affirmation de l’homosexualité. Certaines réflexions attribuent à la littérature une orientation sexuelle. J’aurais voulu que cette réflexion soit plus développée.

San Epifanio a dit qu’il existait une littérature hétérosexuelle, une homosexuelle et une bisexuelle. Les romans, en général étaient hétérosexuels, la poésie, par contre était absolument homosexuelle, et les nouvelles, j’en déduis qu’elles étaient bisexuelles…

Je lui ai dit alors que je croyais que les poètes étaient des hermaphrodites et qu’ils ne pouvaient se comprendre qu’entre eux.

 

J’ai apprécié le chapitre 23 pour l’intérêt de l’histoire que raconte chaque personnage mais aussi pour la façon dont chaque personnage achève ses propos.

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« Tout ce qui commence en comédie s’achève en tragi-comédie » Aurelio Baca

 

« Tout ce qui commence en comédie s’achève indéfectiblement en comédie » Père Ordonez

 

« Tout ce qui commence en comédie s’achève en exercice cryptographique » Julio Morales

 

« Tout ce qui commence en comédie finit en film de terreur » Pablo del Valle

 

« Tout ce qui commence en comédie s’achève en marche triomphale, non ? » Marco Palacios

 

« Tout ce qui commence en comédie s’achève en mystère » Hernando Garcia

 

« Tout ce qui commence en comédie s’achève comme un répons dans le vide » Pelayo Barrendoain

 

« Tout ce qui commence comme comédie finit comme monologue comique mais nous ne rions plus » Felipe Müller

 

Dans ce roman, il y a de l’humour, des réflexions intéressantes sur la poésie et la littérature…

 

Il y a une littérature pour les moments où on s’ennuie. Elle est abondante. Il y a une littérature pour les moments où on est calme. C’est la meilleure littérature, je crois. Il y a aussi une littérature pour les moments où on est triste. Et il y a une littérature pour les moments où on est joyeux. Il y a une littérature pour les moments où on est avide de connaissances; Et il y a une littérature pour les moments où on est désespéré. 

 

Le poème est une plaisanterie qui recouvre quelque chose de très sérieux.

 

La vie nous a tous mis à notre place ou à la place qui lui a convenu et ensuite elle nous a oubliés, comme il se doit. 

 

….mais un trop-plein de longueurs, de répétitions et d’ennui. J’ai été heureuse de terminer ce livre. Une chose est sûre : c’est l’unique oeuvre de l’auteur que je lirai.

 

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Rentrée littéraire 2019 chez Grasset: A la demande d’un tiers

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«  La folie n’est pas donnée à tout le monde. Pourtant j’avais essayé de toutes mes forces.  »

C’est le genre de fille qui ne réussit jamais à pleurer quand on l’attend. Elle est obsédée par Bambi, ce personnage larmoyant qu’elle voudrait tant détester. Et elle éprouve une fascination immodérée pour les requins qu’elle va régulièrement observer à l’aquarium.
Mais la narratrice et la fille avec qui elle veut vieillir ont rompu. Elle a aussi dû faire interner sa sœur Suzanne en hôpital psychiatrique. Définitivement atteinte du syndrome du cœur brisé, elle se décide à en savoir plus sur sa mère, qui s’est suicidée lorsqu’elle et Suzanne étaient encore enfants.

La voix singulière de Mathilde Forget réussit à faire surgir le rire d’un contexte sinistre et émeut par le moyen détourné de situations cocasses. Sur un ton à la fois acide et décalé, elle déboussole, amuse et ébranle le lecteur dans un même élan.

l'Afrique écrit

Retrouver ce roman dans la sélection du Prix du roman Fnac 2019 m’a donné envie de le découvrir. 

Je remercie les éditions Grasset et NetGalley pour cette opportunité de lecture.

La narratrice via son humour pétillant nous invite à prendre place dans sa famille pour quelques heures. Elle évoque le passé et le présent de sa famille : le suicide de sa mère, la gestion du deuil dans sa famille, l’internement de sa sœur.

 

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La narratrice est une excentrique. Elle use d’un ton léger pour évoquer la folie, la psychiatrie, les maladies mentales. Il est difficile de la cerner mais impossible de se détacher d’elle. J’ai pris plaisir à la suivre, à l’écouter parler du syndrome de tako-tsubo, sa passion pour les requins, narrer son enfance avec sa sœur Suzanne, ses extravagances, ses passions et la maladie de sa mère, point focal du récit.

Elle retourne sur les lieux, la plus haute tour du château touristique d’où sa mère s’est jetée. Elle interroge la famille, les psychiatres. Aucun d’eux ne porte le même diagnostic. 
Peu à peu, en convoquant tour à tour les personnages de Disney, la Bible ou l’enfance des tueurs en série, en rassemblant des lettres écrites par sa mère et en prenant le thé avec sa grand-mère, elle réussit à reconquérir quelques souvenirs oubliés.
Mais ce ne sont que des bribes. Les traces d’une enquête où il n’y a que des indices, jamais de preuves. La maladie de sa mère reste un mystère pour tous, les psychiatres y compris.

Ce long questionnement sans réponse peut susciter une frustration chez le lecteur.

 

On est loin de la lecture indispensable, du roman à lire avant de mourir. N’empêche qu’A la demande d’un tiers offre une sympathique expérience de lecture.

Christmas

Parution : 21/08/2019

Pages : 162

Prix du livre broché : 16.00 €

Prix du livre numérique: 10.99 €
Lien d’achat : ICI
Actualité :  ce roman fait partie des six romans sélectionnés pour le prix « Envoyé par la poste » qui sera remis le 26 août.

l'auteur du mois

Auteure, compositrice et interprète, Mathilde Forget a reçu le Prix Paris jeunes talents en 2014 pour son EP de chanson « Le sentiment et les forêts ». Elle a suivi un master de création littéraire et publié des nouvelles dans les revues Jef Klak et Terrain vague.

 

 

 

GM signature

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Le bonheur, comme l’eau – Chinelo Okparanta

J’ai reçu ce roman dans le cadre du Swap Des livres et des thés sur Livraddict. Nous avions opté pour le COLIS AMATEUR :
     – 1 carte
     – 1 MP
     – 2 livres de la WL
     – 2 boites de thés 
     – des goodies en lien avec le thème

Nous avons ajouté chacune un 3e livre et ma binôme a choisi un livre qui n’était ni dans ma WL globale ni dans ma WL spécifique du swap. Elle l’a choisi sur recommandation de sa libraire. 

En mai dernier, j’ai donc accueilli dans ma Pile à Lire Le bonheur, comme l’eau.

Un titre intriguant. J’ai essayé en lisant chacune des dix nouvelles qui composent le recueil de découvrir la raison du choix d’un tel titre. La réponse m’est venue de la 8e nouvelle :

Le bonheur est comme l’eau, dit-elle. Nous essayons toujours de le saisir, mais il nous file toujours entre les doigts.

 

Les personnages de ce recueil sont à la recherche du bonheur. Le bonheur que l’on n’a pas et qu’on refuse aux autres.

Qu’ils soient centraux ou secondaires, ils espèrent qu’on leur accorde ce qu’ils attendent, ce qu’ils désirent mais le bonheur semble capricieux.

Ces dix nouvelles sont très féminines à l’exception de la 9e nouvelle où le narrateur est un homme.

Nos narratrices montrent leurs vies d’épouse, de fille, de femme.

Époux qui considère plus ses richesses matérielles que la vie de sa femme.

Époux axé plus sur son plaisir et qui n’entend pas la douleur de sa femme.

Époux qui bat sa femme et sa fille.

Les mères ont une influence presque dominatrice dans la vie de leurs filles, leur demandent de se marier, faire un enfant, se blanchir la peau ou taire leur orientation sexuelle.

L’homosexualité doit être un thème cher à l’auteure puisqu’il est le thème de deux nouvelles. Pourquoi ne s’intéresse-t-elle qu’au lesbianisme? Est-ce dû au fait que les personnages centraux sont des femmes ?

La foi chrétienne est un thème transversal aux nouvelles. On sent comme un désir de garder sa foi personnelle et ne pas l’imposer à d’autres. On sent une remise en question des principes bibliques pour se concentrer uniquement sur l’amour quel qu’en soit la forme.

J’ai entendu la voix de ces femmes, la vie intime de familles nigérianes, en Afrique ou en Amérique, aux prises avec leurs rêves, leurs traditions et la réalité de tous les jours.

J’ai passé un bon moment de lecture. La plume de l’auteur est fluide, pleine de sensibilité.

C’est mon #MardiConseil. Quel est le vôtre ?

 

 

 

 

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Le livre de Memory de Petina Gappah

Ce roman de plus de 300 pages comporte trois parties : 1468 Mharapara Street, Summer Madness, Chikurubi.

3 lieux qui ont été l’avant, le pendant et l’après d’une jeune zimbabwéenne : Memory.

Memory est enfermée dans le couloir de la mort, depuis deux ans, trois mois, sept jours et treize heures pour un crime qu’elle n’a pas commis.

Vernah Sithole, son avocate lui a demandé de relater son histoire à Melinda Carter, une journaliste américaine. Elle lui a dit d’écrire tout ce dont elle pouvait se souvenir dans les moindres détails, de consigner tout ce qui pourrait rendre sa cause sympathique.

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Memory écrit donc et se souvient de son enfance joyeuse à Mukafose. Elle vit dans un quartier précaire avec ses parents, frères et sœurs. Memory nous fait découvrir le quartier et les habitudes de ses habitants. Les pays d’Afrique se ressemblent car l’ambiance décrite n’est pas différente des quartiers populaires de la Côte d’Ivoire, du Nigéria…

Memory nous confie les préjugés et brimades qu’elle subit parce qu’elle est albinos. L’albinisme est mal perçu en Afrique.

Mais, dans mon cas, même les gens qui avaient l’air étrange crachaient chaque fois qu’ils me croisaient. MaiTafadzwa, qui parvenait seulement à procurer à sa famille du lait caillé Lacto et du matemba, marmonnait quelque chose et crachait. La famille Phiri qui faisait généralement la risée de tout le monde parce qu’ils étaient malawi, me regardaient avec des yeux pleins de pitié.

Et quand ma famille faisait de rares visites en dehors du township avec moi, les enfants des autres townships me rappelaient en criant que j’étais une murungudunhu.

J’aurais pris les yeux de Whizi, la claudication de Lavinia, j’y aurais ajouté la cicatrice de Nhau et le bredouillement d’Ivrogne, si seulement j’avais pu, en échange, avoir un peu de couleur sur ma peau. Je priais, chaque fois que je pouvais, pour que Dieu veuille bien assombrir mon teint.

J’ai passé l’essentiel de ma vie à essayer d’être invisible. Mais je n’ai jamais véritablement réussi. Même à Londres ou à Sydney où j’aurais dû me fondre dans la foule, le regard du monde se faisait insistant. Au premier coup d’œil, ma peau ressemblait à celle de n’importe qui, mais à regarder de plus près, mes traits n’ont rien de ceux d’une femme blanche. Je sentais la confusion sur les visages pendant que l’esprit tentait de comprendre ce qui était différent.

Memory nous relate également l’univers carcéral et les terribles conditions de vie des femmes à Chikurubi.

Nous vivons rationnées. Chaque femme dispose d’un demi-rouleau de papier hygiénique, au mieux, de vingt-cinq millilitres de dentifrice par semaine et de quatre serviettes hygiéniques et demie par mois. Et il s’agit bien d’une demi-serviette, avec sa fixation latérale.

Elle décrit également sa vie avec Llyod, l’homme blanc à qui elle a été vendue. Un homme mystérieux, érudit, généreux qui lui a donné une éducation et l’amour des livres. J’ai beaucoup été touchée par cet homme.

Des sujets capitaux sont abordés dans ce roman avec beaucoup de sensibilité : mauvaises conditions de détention, traitement des albinos en Afrique, mariage forcé…

L’auteure nous appelle au respect des différences, nous exhorte à ne pas rester insensible à ce qui se passe dans les prisons. 

 

L’histoire est assez linéaire, l’auteure fait des allers-retours entre le passé et le présent. Il y a énormément de descriptions souvent inutiles, des questions qui restent en suspens mais on ne referme pas le livre sans être émue.

 

Un amour interdit Alyssa Cole

Dans ce pays indépendant, cent pour cent responsabilisé, pleinement indigène et plus noir que noir, une éducation supérieure est ce que les Blancs estiment avoir de la valeur. Comme les Blancs n’accordent pas de valeur aux langues locales, ceux qui ont été le mieux éduqués parmi nous ont dû sacrifier nos langues sur l’autel de ce que les Blancs jugent suprême. Il en était ainsi à l’époque coloniale et il en est de même plus de trente ans après.

 

Christmas

 

Existe en format kindle, broché et livre de poche.

Broché: 352 pages

Editeur : JC Lattès (24 août 2016)

Collection : Littérature étrangère

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GM signature

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Né un mardi – Elnathan John

2003, BAYAN LAYI

Je découvre une petite communauté où des jeunes gens fument, se vantent des gens qu’ils ont tués. Ce sont des enfants dans la rue livrés à eux-mêmes, à la violence. J’ai été choquée par la facilité qu’ils ont à tuer.

A l’approche des élections, ces jeunes sont utilisés par les partis politiques pour coller les affiches et instaurer le désordre, affliger les corrections quand cela est nécessaire.

Dantala fait partie de la bande de jeunes de Bayan Layi. C’est le plus jeune de la bande. Il l’a rejointe il y a deux ans, à peu près au moment où il a terminé ses études coraniques à l’Islamiyya de Malam Junaidu. Il n’avait pas envie de retourner en famille alors il est resté avec ces jeunes. Dantala n’est pas très proche des membres de sa famille éclatée. Il ignore où sont ses frères, ce qu’est devenue sa mère.

Un soir d’émeutes, pris en chasse par la police, il s’enfuit. Il trouve refuge à Sokoto auprès de Sheikh Jamal, un imam salafiste, et son adjoint Malam Abdul-Nur Mohammed.

Dantala dont l’autre nom est Ahmad, apprend l’anglais avec son ami Jibril, développe l’intérêt sexuel pour la femme, psalmodie l’appel à la prière, lit tout ce qu’il peut, il observe la société dans laquelle il vit et nous fait découvrir les dan daudu, les efféminés au Nord du Nigéria.

Je n’ai pu m’empêcher de rire en lisant cet extrait 

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Les années passent. Dantala est heureux mais les tensions entre communautés sunnites et chiites ne cessent de croître. J’ai découvert les différents mouvements musulmans : les tariqa, izala, les chiite ainsi que les bras de fer d’idéologies religieuses. Chaque mouvement veut l’emporter, vider le camp de l’autre.

Lentement, l’auteur nous mène sur la voie de l’islamisme radical. Malam Abdul-Nur Mohammed, moralisateur loin d’être parfait, fait sécession et part à la campagne fonder une secte extrémiste. 

L’islam n’est pas synonyme de paix. – L’islam est synonyme de soumission. De soumission à la volonté d’Allah. Et la volonté d’Allah n’est pas la volonté des infidèles ou la volonté de l’Amérique. L’islam signifie que nous ne nous soumettons à rien ni à personne en dehors d’Allah.

Né un mardi nous montre les dangers du fanatisme, la manière de fonctionner des islamistes et les raisons qui pourraient pousser un jeune à suivre le chemin de l’islam radical : la terreur ou la perte de repère.

Ce roman est violent, il nous fait passer par tant d’émotions : peur, douleur, rire, colère, amour !

J’ai beaucoup apprécié cet amour fraternel qui a lié Jibril et Dantala. Des inconnus peuvent devenir notre famille, des gens pour qui nous serions prêts à risquer notre vie.

J’ai apprécié la loyauté de Dantala envers Sheikh Jamal et Jibril, chose qui a manqué aux politiciens corrompus qui figurent dans le roman. Ils sont habiles dans les promesses qui ont pour durée de vie le temps des élections.

Si seulement on avait un hôpital ici, je ne serais pas obligée de faire ce long trajet aller et retour pour lui apporter des affaires, mais non, quand ils n’achètent pas des voitures et qu’ils ne distribuent pas de la viande pendant les élections et la Sallah, ils ne font rien. Dites-moi, pour l’amour d’Allah, qu’est-ce qu’un peu de viande quand je suis obligée de faire tout ce chemin pour trouver un hôpital ?

Le fatalisme est évoqué, Dieu beaucoup interrogé. A-t-il toujours un pourquoi, un plan, une raison à toute souffrance ?

Elnathan John dresse un portrait réaliste du Nigéria : la survie au cœur de la violence. C’est une lecture utile et inédite pour moi avec ce moudjahid qui est un chrétien converti à l’islam. Du peu de lectures faites jusqu’ici sur le terrorisme ou l’islam radical, je n’avais pas autant appris sur la guerre d’idéologie entre sunnite et chiite. 

 

Quid de la forme du roman ?

L’auteur nous sert un registre dramatique avec quelques notes d’humour. Sa plume est réaliste, accessible. Les descriptions des lieux, de l’atmosphère sont assez élaborées pour nous permettre de bien nous les représenter.

J’ai retrouvé l’ambiance de la cité de la saison des fleurs de flamme. J’ai été agréablement surprise de découvrir à la fin du roman que les deux auteurs sont amis. Qui s’assemble, se ressemble…

J’ai noté un bémol : quand on a aucune culture islamique, on est un peu perdu avec les termes. Un lexique s’imposait pour moi.

Pour en savoir plus sur le roman, cliquez ICI

Bon Vendredi Lecture à tous ! J’ai hâte d’être à 19h TU. Il y a la nuit de l’écrivain à Abidjan. Je vous ferai vivre la soirée sur Twitter. N’hésitez pas à suivre mon compte 🙂

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