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Au petit bonheur la brousse – Nétonon Noël Ndjékéry

A la croisée des idiomes et des accents, entre la Suisse et son idéal de blancheur et d’ordre, et le Tchad marqué par l’arbitraire d’une histoire postcoloniale « mal apprivoisée », Nétonon Noël Ndjékéry narre les aventures de Bendiman, un enfant tchadien ayant grandi à Genève et s’étant nourri des mythologies des bons petits Helvètes : Guillaume Tell, la Mère-Patrie, la Croix-Rouge, etc. Un soir, son père est rappelé au Tchad avec toute la famille. A l’aéroport de N’Djaména, une voiture noire emporte ses parents. Recueilli par un oncle, il mène son enquête pour découvrir que son père et sa mère sont enfermés pour « Raison d’Etat »
Commence alors pour Bendiman une quête pour faire sortir ses parents de prison dans un pays qu’il ne connaît finalement pas, en guerre civile, tourneboulé par un afflux massif de pétrodollars, où le droit n’a jamais vraiment quitté les livres pour entrer dans la vie quotidienne des gens
Ndjékéry livre un récit picaresque, plein de saveur entre les helvétismes et l’oralité des griots. A mi-chemin entre le conte et le récit d’initiation, Bendiman est le héros malgré lui d’une chevauchée entre les langues et les imaginaires moraux.

l'Afrique écrit

Liliane Kanda et Zakaria Solal ont été pupilles de la Nation tchadienne. Ils ont bénéficié des largesses du Parti. Zakaria a d’ailleurs été nommé chef comptable à l’ambassade du Tchad en Suisse. Leur fils, Bendiman Solal, y naît et vit une enfance heureuse. L’Afrique, il la connaît de manière superficielle. Il l’imagine de façon exotique à travers la savane, les animaux de la jungle. Sa manière occidentale d’appréhender l’Afrique m’a légèrement gênée.

Bendiman va être confronté au dilemme de ses racines. Est-il Suisse ou Tchadien ?

Tu ne peux te réclamer d’une terre qu’une fois que tu lui as rendu ce qu’elle t’a donné à boire et à manger 

Cette phrase énoncée par un compatriote le mine malgré les mots rassurants de sa mère

Tu n’es pas tenu de choisir entre tes appartenances. 

Ce roman pose la question de l’identité, la double culture. Peut-on être la somme de plusieurs identités ? Comment additionner les cultures ? Doit-on être redevable à notre pays d’origine ou à celui qui nous a vus grandir ? 

Adolescent, Bendiman se rend au Tchad avec ses parents. Au sortir de l’aéroport, Bendiman est séparé d’eux. Ses parents ont été arrêtés pour raison d’Etat !

Commence la descente aux enfers de Bendiman. Eloigné de ses répères, projeté dans un pays à l’opposé de son environnement familier, Bendiman peu tchadien et beaucoup suisse va devoir user de tous les moyens que lui permet son âge pour retrouver ses parents. 

Bendiman tout au long de sa quête va rencontrer des personnages pittoresques notamment M’sieur Polycarpe, l’instituteur et son chapeau que chaque élève doit remplir chaque matin parce que « Toute peine mérite salaire »

Au petit bonheur la brousse nous plonge dans une république bananière. Bienvenue au Tchad où le président se soucie plus de ceux qui menacent sa longévité au pouvoir que des besoins de la population. On découvre un peu le processus de recrutement des rebelles. On ressent l’impuissance du peuple. J’ai eu beaucoup de peine pour Ben et sa famille.

Ce roman picaresque qui suscite l’intérêt de par les thèmes évoqués est très dense, tant au niveau de la forme que du fond. Le récit contient en effet diverses références historiques, géographiques, anthropologiques, sociétales qui constituent un lot d’informations à assimiler. Si les chapitres au nombre de 31 sont plutôt courts, les phrases de l’auteur sont très longues et le vocabulaire très littéraire. L’auteur étale son savoir. Le langage est très imagé. Parfois, les tournures de phrase sont agréables à lire, parfois lourdes à digérer. 

Malgré quelques petits bémols (j’ai par moment éprouvé de la lassitude en raison des temps morts dans les péripéties) Au petit bonheur la brousse réussit à offrir un sympathique moment de lecture.

Christmas

Éditeur : Hélice Hélas

Date de publication : Mars 2019

Nombre de pages : 376

Disponible aux formats broché, poche et numérique 

Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020

fleur v1

Publié dans Quand on est célib'

Mère,épouse: qui êtes-vous en dehors de ces étiquettes?

Coucou chers abonnés ou lecteurs en visite ! Aujourd’hui, point de lecture. La section « célib à terre » en jachère me réclame.

Un dimanche, en pleine conversation avec moi-même, je suis arrivée à cette conclusion : ce n’est pas que ça.

La vie d’une femme consiste à avoir une famille mais… ce n’est pas que ça.

La vie d’une femme consiste à élever ses enfants, prendre soin de son mari, de son foyer mais… ce n’est pas que ça.

Toute femme a ce besoin naturel de se marier (la cérémonie de mariage de rêve, on en a rêvé au moins une fois dans notre vie), avoir un foyer, des enfants.

C’est un besoin commun et légitime mais la vie d’une femme ne se résume pas à ça dans mon entendement.

 

Il est bien de chercher à se marier, avoir des enfants mais être une femme va bien au-delà.

Le but de la vie n’est pas le mariage et la descendance, je le crois fermement. Ne réduisez pas votre vie à cela. Votre but est bien plus grand. 

 

Chaque femme doit aller plus loin dans ses désirs et chercher son « Ce n’est pas que ça« .

Ce que je choisis de nommer « Ce n’est pas que ça » c’est cette chose unique qu’on doit faire en ce monde.

Chaque être humain a un but sur cette terre et la femme n’est pas exclue. Chaque femme doit faire son possible pour tendre vers ce but et l’accomplir.

Chaque femme doit révéler son « Ce n’est pas que ça ». Je dis bien, chaque femme ; le but d’une vie n’est pas réservé à une quelconque classe. 

Etre la fille d’un homme ou d’une femme influent (e), la femme d’un homme influent, la mère d’un homme ou d’une femme influent a de la valeur mais être une femme influente a encore plus de valeur.

Comprenez-vous où je veux en venir ?

Ok, je m’explique.

 

Avez-vous une identité en dehors de ces multiples casquettes ?

 

Si on vous enlève votre statut de femme marié, que vous reste-t-il ?

En dehors de votre vie d’épouse, de votre vie de mère, quelle femme êtes-vous ? Que faites-vous ?

Existez-vous à travers votre rôle d’épouse, de mère ou existez-vous en tant que femme ?

 

Ne vous satisfaites pas du statut que vous procurent votre compagnon, vos parents ou vos enfants. Ne vous cachez pas derrière eux, prenez votre place et brillez.

 

Avez-vous réellement réfléchi à la personne que vous étiez réellement ? 

 

Votre identité se construit pendant votre saison de célibat, là où il n’y a ni mari ni enfant, là où vous êtes seule face à vous-même. Voilà pourquoi, il est important de faire attention à ce que vous semez pendant cette période. 

Si vous orientez bien votre célibat, vous prendrez conscience de la personne que vous êtes réellement. Vous écouterez mieux votre intuition. Ne subissant l’influence de personne, vous en apprendrez davantage sur vos goûts, vos désirs, vos envies et vos besoins réels. 

 

Si vous êtes encore célibataire, avant de chercher à avoir des enfants et de vous marier, cherchez à savoir le but de votre vie parce qu’un mari et des enfants viendront se greffer à votre but et pas l’inverse.

 

Parce que la répétition est une vertu pédagogique, je vous invite à relire cet article écrit aux premières heures du blog : Avoir un B

GM signature

 

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Et ma langue se mit à danser de Ysiaka Anam

Peut-être qu’entrer profondément dans la langue de l’Autre, c’est risquer de voir disparaître sa langue à soi ; celle qui résonne dans notre tête et nous rappelle qui on est. Peut-être n’y a-t-il rien de plus affolant que de voir disparaître sa langue. C’est perdre un chez soi.

 

De notre narratrice on ne connaît qu’une lettre de son nom : Z.

D’origine africaine, elle arrive en France à un âge où la mémoire n’a pas laissé de trace. 

Z. grandit en s’éloignant de sa terre d’origine, sa langue maternelle. L’immigration, l’intégration entraînent souvent l’oubli du « soi » d’origine. On ôte une peau pour en revêtir une autre. Il faut choisir son camp, la double culture est parfois mal perçue.

Z. est entre deux eaux. Elle ne sait pas véritablement ce qu’elle est. En France, elle se sent noire, ressent une différence continue avec les autres. Elle a l’impression de ne pas être tout à fait à sa place.

Tout me rappelle que je ne suis « pas d’ici ».

Son identité ? Z. ne sait comment la définir. Les parents immigrés ont peur de ne plus se reconnaître dans leurs enfants. Ils leur demandent de ne pas devenir comme des blancs, de garder leur africanité. 

 

Ne deviens pas comme eux, dit-il. Ne deviens pas comme eux, les Blancs. Réussis aussi bien qu’eux, montre-leur que tu peux faire comme eux. Mais, ne te prends pas pour eux. Ne crois pas que tu es comme eux. Ni qu’ils te considèrent pleinement comme des leurs. Ne te confonds pas avec eux. N’oublie pas qui tu es, vraiment,

Et d’où Tu viens, Toi, d’où On vient, Nous.

Mais comment garder l’identité des parents quand on n’en maîtrise pas assez bien la langue, les manières, les codes, lorsqu’on ne connaît pas leur histoire ?

Comment se construit-on à partir d’un si grand trou sur celui qui nous a engendré ?

 

Face à cette demande impossible, chacun se débrouille, mais toujours mal. Il y a ceux qui ont refusé dur comme fer de trahir le premier camp, qui devra rester leur référence, coûte que coûte. Il y a les autres, qui ont choisi de s’évader pour se réfugier dans l’autre camp. Et puis il y a aussi ceux qui sont restés à côté, hors-jeu, ou sur la ligne de démarcation. C’est cette place-là que j’ai choisie, moi. Une non-place. Double compromis : double refus.

Et ma langue se mit à danser s’inscrit dans l’actualité du moment. Il pose des questions essentielles comme l’a fait Je suis quelqu’un d’Aminata Aidara.

Il souligne l’importance de l’affirmation de soi, la transmission de l’identité culturelle, historique. Il met en évidence les effets secondaires de l’intégration. L’écriture d’Ysiaka est belle, poétique, son style poli.

Ce n’est pas la lecture du siècle mais elle demeure une lecture intéressante.

 

fleur v1

Publié dans Panaché

TAG PKJ : Découvrez 12 LIVRES A LIRE EN 2018

Je ne comptais pas passer par ici aujourd’hui mais je n’ai pas réussi à résister au clin d’œil que m’a fait le tag PKJ sur Twitter. Je vous parle très souvent des livres que j’ai lus mais je ne vous présente pas assez les livres que je compte lire ou ma wishlist. Si cela vous intéresse, je pourrais instaurer une rubrique. 

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Comme l’an dernier, PKJ propose un tag pour mettre en avant 12 livres qu’on aimerait lire en 2018.

 

1) Le livre le plus attendu de l’année.

Grand bug sur cette question. Je n’en sais rien, je ne fais pas attention aux sorties littéraires. Par contre, il y a bien un livre que j’attends avec impatience : le prochain roman de Chimamanda Ngozi Adichie. Va-t-elle sortir de sa zone de confort ?

Chimamanda Ngozi Adichie

 

2) Un livre PKJ.

Je lis quasiment jamais des PKJ. Pour rectifier le tir, cette année, je ne dirai pas non à… 

Warcross - tome 01

La vie est dure pour Emika, 18 ans, criblée de dettes, et qui survit comme chasseuse de primes dans les entrailles de Manhattan. Aussi, bien décidée à fuir cette réalité, la jeune femme chausse ses lunettes connectées et plonge dans l’univers fantastique du jeu en réseau le plus incroyable
jamais inventé : Warcross. Mais quand elle pirate la finale du grand tournoi de l’année, elle est repérée par l’intrigant créateur du jeu : Hideo Tanaka, un jeune et beau génie dont les fans se comptent par millions. Emika sent pourtant que les intentions d’Hideo dépassent le cadre de Warcross et pourraient bien faire vaciller la frontière fragile entre réel et virtuel…

 

3) Une série que vous aimeriez terminer.

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COPYRIGHT LECTURES D’UNE VIE

Je n’ai lu que le 1er tome. Si je m’en tiens à mon calendrier de lecture, je lirai la suite entre mai et juin. 

 

4) Un livre d’un auteur que vous aimeriez découvrir.

 

1770, Saint-Domingue. Zarité Sedella, dite Tété, a neuf ans lorsqu’elle est vendue comme esclave à Toulouse Valmorain, jeune français tout juste débarqué pour prendre la succession de son père, propriétaire terrien mort de syphilis. Arité va découvrir la plantation, avec ses champs de canne à sucre et les esclaves courbés sous le soleil de plomb, la violence des maîtres, le refuge du vaudou. Et le désir de liberté. Car entre soldats, courtisanes mulâtres, pirates et maîtres blancs, souffle le vent de la révolte. Lorsque Valmorain, réchappé de l’insurrection grâce au courage et à la détermination de son esclave, parvient à embarquer pour La Nouvelle-Orléans, Tété doit le suivre. Mais la lutte pour la dignité et l’émancipation ne peut être arrêtée… Aventure, exotisme, magie, L’île sous la mer est un magnifique portrait de femme, une histoire d’amour et fresque historique, qui entraîne le lecteur de Saint-Domingue à la Louisiane, des plantations de canne à sucre aux maisons de jeux de la Nouvelle-Orléans, des demeures de maîtres aux bordels de mulâtresses.

 

5) Un livre que vous vouliez lire en 2017 mais dont vous avez repoussé la lecture.

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La longueur m’avait découragée en 2017 mais je suis décidée cette année !

 

6) Un livre qui traite de sujets d’actualité.

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Une histoire essentielle pour comprendre les Américains d’hier et d’aujourd’hui, explorer avec une originalité et une maîtrise époustouflantes, les fondements et la mécanique du racisme.

 

7) Le nouveau livre d’un auteur dont vous avez lu tous les livres (ou presque).

J’ai vu sur Twitter qu’il y aura du nouveau en avril pour Guillaume Musso. Si on me l’offre, je ne dirai pas non. 

 

 

8) Un livre dans votre genre de prédilection.

 

Never Cry: Back to Seattle par [Deryckere, Angie L.]

 

Je m’aime, tu m’aimes, nous nous aimons ! Vous devinez le genre ? 😀

Chaque jour, Anna se lève en ayant conscience que le monde extérieur n’est plus le même. Elle est persuadée qu’elle ne retrouvera plus le goût de vivre, qu’elle se contentera jusqu’à son trépas d’être là pour veiller sur ses enfants.

Plus d’un an après la mort de Jack, la douleur est toujours présente. Chaque jour, elle vit mécaniquement sans y penser, mais quand elle prend un instant pour ressasser les souvenirs de son défunt époux, la colère de l’absence l’envahit telle une larve sournoise… dévastatrice.

Cependant, elle ne pleure pas. Elle lui a promis.

Et cette promesse, Caleb est prêt à l’aider à la briser, afin de la libérer de ce passé qui la hante à chaque seconde. Mais sera-t-elle prête à le laisser faire ? Voudra-t-elle affronter le temps ? Sera-t-elle prête à se reconstruire et débuter une nouvelle vie sans son âme sœur ? Caleb, de toute façon, ne lui laissera pas le choix.

 

9) Un livre qu’on vous a conseillé.

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À Libreville, une prostituée est découverte sauvagement assassinée dans un motel de la périphérie. Les agents de la PJ – de fidèles abonnés des bordels de la capitale – pensent tout d’abord à un crime de rôdeur…
Quand une seconde fille est retrouvée égorgée dans un autre hôtel du quartier, les policiers sont encore loin d’imaginer qu’ils ont affaire à un client bien décidé à nettoyer la ville de toutes ses lucioles… Celui qui te veut du mal la nuit a commencé à t’en vouloir le jour. C’est dans ce climat de psychose générale que les gendarmes de la DGR enquêtent de leur côté sur le braquage d’un fourgon de la Société Gabonaise de Sécurité dont le butin de plusieurs millions de francs CFA attise bien des appétits…

Il m’a été conseillé par Owali Antsia. Ma sœur me l’a acheté pour mon anniversaire. 

 

10) Un livre dont vous ne savez pas grand chose.

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Il a reçu le Prix Ivoire 2017 mais je ne sais plus de quoi il parle.

 

11) Un livre écrit par un auteur de votre nationalité.

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12) Un livre que vous avez déjà lu en 2018 (bien joué!).

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Belle découverte. J’ai hâte de vous présenter ma note de lecture. 

 

Quels livres présentés avez-vous déjà lu ? Lesquels vous font envie ? Quels sont les 12 livres que vous aimeriez absolument lire cette année ? 

J’aimerais bien faire des lectures communes cette année. Si vous êtes sur Livraddict, n’hésitez pas à m’envoyer une demande et consulter ma PAL. 🙂

GM signature

Publié dans Histoires

RDVBAM Paillettes et sequins, tout ce qui brille

J’ai intégré un nouveau groupe de blogueuses afro/métissées sur invitation de deux blogueuses et je peux vous dire que je ne regrette pas de faire partie de cette petite communauté très animée.

Les créatrices du blog Samba Sisters Touch ont pensé ce groupe comme une place qui permet de rassembler en un même lieu, les multiples talents de la blogosphère afro/métissée, dispersés çà et là sur le web. Une place pour découvrir l’univers des talentueuses blogueuseset youtubeuses de la communauté afro/métissée.

Les membres du groupe ont décidé de partager une fois dans le mois leurs univers, à travers un « challenge sans barrières » autrement dit, chacun devra se sentir libre d’interpréter le sujet selon son univers, ou multiples influences : LE RDVBAM CHALLENGE

Les différents challenges sont publiés sur les blogs des participantes le 1er dimanche de chaque mois et sur la fan page Facebook du Challenge

Le thème de ce mois est PAILLETTES & SEQUINS. Le thème ne m’inspirait pas du tout mais voulant participer au challenge pour la première fois, j’ai décidé d’adapter l’un de mes écrits publiés sur ma page Facebook au thème. 

Je vous laisse découvrir mon récit. 

 

****

Détourner mon regard de l’écran lumineux, le mettre sous silencieux quand il se met à insister, ne pas sentir mon cœur qui se contracte de douleur, refuser que des larmes de tristesse me brouillent la vue. Tenter d’oublier son prénom, son visage, tout ce qui lui appartient et loge dans mon âme. Me séparer… Oublier…
Adisa a raison. Je n’ai rien à faire avec lui. Aucun avenir commun ne peut être envisagé. C’est impossible, plus maintenant…
J’ai essayé de le lui faire comprendre avant-hier après les cours, hélas !
Henri est attaché à moi comme un nourrisson au sein de ma mère. Il m’aime et moi…

J’ouvre grandement la fenêtre de mon studio qui donne sur l’arrière-cour de la résidence. Le vent frais me mord le visage mais je n’en ai cure.
Les récents événements de ma vie font un étrange défilé sous mes yeux. J’ai perdu un homme pour gagner une communauté.
Je dois être forte, avancer sans regarder en arrière. Je dois me retrouver, revendiquer mon identité. J’inspire un grand coup, referme la fenêtre avant de me diriger d’un pas nonchalant vers la salle d’eau. Là aussi, il y a eu du changement. Fini Garnier, L’oréal, Le petit Marseillais, mes produits de beauté sont uniquement Made in Africa, ma terre nourricière.

Je me dirige vers ma penderie. J’esquisse un sourire (le premier de ma soirée) lorsque mes yeux tombent sur ma jupe droite à sequins argentés, mon top à paillettes dorées, mon legging scintillant vert émeraude. Les paillettes et sequins règnent en maître dans ma garde-robe. 

Une robe à sequins

J’abuse des chaussures scintillantes : escarpins,  ballerines, sneakers, bottines.  J’ai au moins deux fois dans la semaine des paillettes à mes pieds. Ma mère m’y a habituée. Elle a toujours voulu que je brille. Elle me répétait sans cesse : la paillette et le sequin ne supportent pas la médiocrité.

 

Des baskets dorées

 

Des sandales brillantes à talons

Mon sourire s’évanouit. Je vais devoir me séparer de certains vêtements, ceux que je pourrai pas associer au pagne africain, le nouveau maître de ma garde-robe.  

« Qui d’autre que nous pour mettre en avant les produits qui viennent de nos terres ? Il est temps de consommer Africain, uniquement Africain. Délaissez ces habits qui puent l’occident, mettez en valeur le pagne de nos ancêtres.

N’ayons pas peur de ce que nous sommes, n’ayons pas honte de nos idées, ne doutons jamais de nos potentialités. Montrons leur que nous sommes meilleurs qu’eux. » Les mots d’Adisa et sa hargne ne se taisent pas dans ma mémoire.

J’enfile un boubou, des babouches. Verre de bissap et chips de banane posés sur ma table d’études, je dévore les ressources numériques disponibles sur le peuple Ehotile.
Je me sens si loin de mes racines, la faute à qui ?
Mes parents ont coupé tout lien avec leurs familles restées en Côte d’Ivoire. Ils ne m’ont jamais parlé du pays, de ce qu’on y fait. Tout ce que je sais de l’Afrique, de la Côte d’Ivoire, je l’ai appris à l’école, dans les médias occidentaux. 

Ils le font pour me protéger, ils me l’ont affirmé. De quoi ? De qui ? Ils n’ont jamais voulu me le dire. Entre frustration et colère, mon cœur balance.
Je suis une française à la peau noire mais ça va changer. Je vais découvrir ma vraie identité, je vais marcher sur les pas de mes ancêtres. Adisa est là pour m’aider à y arriver.  

J’engloutis une poignée de chips, mémorise tant bien que mal le vocabulaire gastronomique.

Des coups donnés à ma porte d’entrée me font sursauter. Je n’attends personne.

« Qui est-ce ? » m’entendais-je demander

Mon cœur se met à battre la chamade. Il l’a reconnu, il meurt d’envie de le revoir…

«Chloé, j’ai besoin de te voir. »

Mon cœur me supplie d’ouvrir…

«Ouvre s’il te plaît. »

…mais je ne peux pas.

« Je veux juste te voir, clo… »

Je ne peux pas te revoir, Henri.

«Tu me manques, ça devient atroce »

Sa douleur ne m’est pas inconnue mais je ne peux pas. Je ne dois pas retourner à ce passé artificiel…

*****

Comment vous trouvez le texte ? Etes- vous fan des paillettes et sequins ?

Pour lire les articles des autres membres de la communauté, cliquez sur les liens. 

The Little dayovo : http://thelittledayovo.com/
Un Huit Mars : http://unhuitmars.blogspot.fr/
Lovely Colibri : http://www.lovelycolibri.com/
That’s So Mouss : http://thatsomouss.wixsite.com/blog
Deadlines & Dresses : http://deadlines-dresses.com/
Elisamodish : http://elisamodish.fr/
Esprit Mode by Sabrina : http://www.espritmodebysabrina.fr/
DIY avec Krol : http://kroldiy.com/
GYNIAH : http://gyniah.com/
Le Carnet de Gladys : http://lecarnetdegladys.com/
Le fourre-tout de Gayou : https://lefourretoutdegayou.wordpress.com/
King Cheryry : https://kingcheryry.blogspot.fr/
Lisenailsart : http://lisenailsart.blogspot.fr/
Silence Brisé : https://silencebrise.com/
The Beautyfull World : http://thebeautyfullworld.com/
Samba Sisters Touch : http://www.sambasisterstouch.fr/
JoOh-Caramel : https://curlycinnamon.com/

 

 

paillettes-et-sequins

 

Bonne découverte ! 

signature coeur graceminlibe

 

 

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Marie-Josée la métisse

On m’appelait « toubabou deni » … « café au lait »… « métèque »… « tomate pourrie ». Moi, je n’étais ni blanche ni noire… Pour les uns, j’étais une pauvre Blanche égarée parmi eux, alors que pour les autres, je n’étais qu’une Noire éclaircie. Pas plus ! …

De père inconnu et éduquée par une grand-mère très affectueuse, Marie-Josée a connu des moments difficiles dans sa vie. Elle voulait absolument connaître son père, elle n’eut que des larmes. Quant à son premier mariage, il fut un échec à cause d’un époux frivole et pervers à souhait. Intelligente, belle et dévouée à son travail, elle fait la rencontre de monsieur Kouassi. 

Celui-ci pourra-t-il enfin la rendre heureuse ? 

Marie-Josée la métisse

Le métissage ! J’ai toujours été impressionnée par l’intelligence de la nature qui réussit à mêler des sangs, des gênes ; je me suis toujours demandé ce que ça faisait d’être le fruit de deux cultures totalement différentes. Peut-on souffrir d’être métis ? 

Oui. 

La plupart des enfants métis ont été recueillis dans des orphelinats ouverts à leur intention par des colons. Certains enfants n’ont jamais été reconnus par leurs géniteurs, d’autres abandonnés par leurs mères. 

Les métis n’ont pas très bonne réputation en Côte d’Ivoire, ils sont souvent qualifiés de frivoles, indexés, mis à l’écart, objet de convoitise ou de jalousie.  

C’est cette réalité que décrit l’auteur dans cette oeuvre avec un style simple, sans fioritures.

Marie-Josée, l’héroïne, égrène en présence de monsieur Kouassi, ce soupirant avec qui elle se sent si bien, le long chapelet de sa vie et dans les moindres détails.

Elle relate la rencontre de ses géniteurs, leur amour stoppé par son arrivée brusque, le refus de son père d’assumer sa paternité car étant déjà marié, l’abandon de sa mère qui n’a pas voulu l’amener avec elle dans son nouveau foyer malgré l’insistance de son nouvel époux, la tendre éducation assurée par mémé Tanan (la tante de sa mère), ses difficultés d’intégration au primaire, au lycée, à l’université, sa rencontre avec son époux, ses difficultés conjugales, ses tentatives pour retrouver son père. 

Son parcours est assez touchant, on imagine bien combien ça doit être difficile de se sentir à l’écart, de vivre avec une moitié de ses origines.

 

Si le thème du livre à savoir les difficultés, préjugés auxquels le métis fait face est traité en profondeur, l’on ne peut pas dire autant pour les péripéties finales.

La nouvelle vie amoureuse de Marie-Josée, pour donner un exemple, est traitée en surface, presqu’expédiée. 

Un « happy end » est-il l’unique critère à prendre en compte pour dire que la fin de l’histoire  est réussie, bien achevée ? Je m’interroge.

Ce bémol mis à part, ce livre offre une lecture rapide, détente, sans prise de tête. 

Vous le jugerez d’une grande utilité si vous venez de lire un gros pavé, si vous êtes dans les embouteillages ou à la queue d’une longue file d’attente. 

 

Quelques détails sur l’oeuvre

Editions : Les éditions MATRICE

Nombre de pages : 96

 

 

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

La ronde des jours

La lecture d’un recueil de poèmes à 12 ans et la lecture de ce même recueil à 25 ans ne peuvent être identiques. La sensibilité poétique est censée évoluer, se bonifier avec le temps.

Voulant remettre en question cette conviction, j’ai relu la Ronde des jours de Bernard B. Dadié, le guetteur du siècle, le premier écrivain de ma nation : La Côte d’Ivoire.

La ronde des jours

Où peut-on voir  un être célébrer l’univers et la terre qui l’a vu naître,

Célébrer sa peau noire

Et lui rendre toute la gloire ?

Où peut-on voir un être conditionné qui aspire à la liberté ?

Un homme qui aime la Vie, la Joie, l’Amour ?

Où peut-on lire 28 mélodies délicates, savoureuses et tendres émanant d’une révolte intérieure, évoquant le temps qui nous échappe ?

Dans la ronde des jours.

Des jours qui se succèdent et portent en eux des sentiments différents : désir de vivre, désir d’affirmer son identité, désir d’aimer ses origines, sa couleur de peau et son Afrique, désir de chérir et magnifier l’élue de son cœur, volonté d’aller au-delà des apparences. 

Les 28 poèmes de la ronde des jours offrent une belle lecture, des images poétiques très fortes.

Elles ne sont point

                 des ruelles pour les peines

                 des canaux pour les larmes

                 des rigoles pour les haines

                 des cordes pour pendus

                  ni des portions

                 ni des tranches

                  ni des morceaux

                                de ceci… de cela…

Les lignes de nos mains

                      ni Jaunes

                      Noires

                       Blanches

ne sont point des frontières

des fossés entre nos villages

des filins pour lier des faisceaux de

                                                                 [rancœurs.

Ces poèmes sont une réelle source d’inspiration ;  ils m’ont donné l’envie d’habiller mes poèmes d’une autre matière.

Le Sage a le cœur si vaste,

Si vaste,

Qu’il embrasse l’univers entier

Et c’est pour lui,

Faiblesse

Que d’aimer un seul être.

 

Je suis l’homme dont on se plaint,

Parce que contre l’étiquette

L’homme dont on se rit,

Parce que contre les barrières

 

Viens, sur la terre des mortels,

Inspirer un amant

Qui se meurt dans l’attente

Du jour faste des phrases éternelles

 

Le noir de mon teint n’est pas

un signe de malheur.

Le ciel s’est teint de noir

Du noir de mon teint

J’ai eu un véritable coup de cœur pour Mon rêve et Le monde, c’est toi mon amour : des mots doux pour montrer l’immensité de l’attachement du poète à son aimée.

Ce recueil de 56 pages date de 1956 mais le temps qui passe n’altère pas son cœur et sa saveur ; il est toujours d’actualité et il m’a transportée.

Pour éviter de passer des heures et des heures à parler de ce séduisant recueil de poèmes, je vous passe le relais. Enivrez-vous ! 🙂

Publié dans Quand on est célib', Revue cinéma

Célibataire : mode d’emploi

Il y a une bonne façon d’être célibataire, une mauvaise façon d’être célibataire, et puis… il y a Alice ! Et Robin. Lucy. Meg. Tom. David. New York est plein de gens seuls qui recherchent l’âme soeur – que ce soit pour une histoire d’amour, une aventure d’un soir ou une relation à mi-chemin entre les deux… Et entre les flirts par SMS et les histoires sans lendemain, ces irréductibles au mariage ont tous besoin d’apprendre Comment se comporter en célibataire dans un monde où les définitions de l’amour ne cessent d’évoluer. Un vent de libertinage souffle de nouveau sur la ville qui ne dort jamais !

célibataire mode d'emploi

« J’ai pensé à toi en découvrant ce film, je t’accompagne le voir si tu veux » 

C’est la phrase que m’a adressée une amie. Eh oui, dans mon entourage, dès qu’on entend ou lit le célibat, on pense à moi. 🙂

Célibataire : mode d’emploi est une comédie (genre que j’apprécie énormément) et il évoque le célibat (sujet pour lequel j’ai un vif intérêt). Je n’ai donc pas hésité une seconde à aller le voir.

Le film raconte l’histoire d’un groupe de célibataires, ayant chacune leur vision des choses. Il y a  :

  •  Alice (Dakota Johnson), la célibataire par choix qui met une pause à sa relation afin de se connaître véritablement  ;
  • Robin (Rebel Wilson), la fêtarde qui n’a absolument aucune envie de s’attacher ;
  • Meg (Leslie Mann), la grande sœur médecin d’Alice qui se convainc de vouloir être seule et indépendante ;
  • Lucy (Alison Brie), celle qui est persuadée de pouvoir rencontrer l’homme parfait grâce aux sites de rencontre.

Ce film  interroge les célibataires : comment vivre son célibat, quel sens lui donner ? Pourquoi se définir à travers nos relations amoureuses ? Pourquoi a-t-on si peur de se retrouver seul ? Ces questions constituent le nœud de l’histoire.

Ce film est plein de leçons :

  • En amour, on vit comme on meurt, on perd comme on gagne.
  • Le but du célibat n’est pas le libertinage.
  • Nos perceptions, nos convictions sont parfois nos prisons.

Il est plein de tendresse : la scène où le bébé détruit la forteresse de Meg m’a touchée.

Il rappelle qu’il est important d’apprécier soi-même sa compagnie avant de vouloir l’offrir à l’autre, d’être son premier amour.

J’ai apprécié ce regard posé sur le célibat, l’exhortation implicite qu’il véhicule : être célibataire c’est profiter de cette saison unique et la vivre de la plus bonne des manières. 

On aime dans Célibataire mode d’emploi, on rit aussi.

Robin (Rebel Wilson) a joué son rôle à la perfection ! Elle est complètement déjantée et hyper drôle. J’ai beaucoup ri grâce à elle, je n’ose pas imaginer ce que le film serait si elle n’y était pas.

Robin s’adressant à Alice au spa : « Qu’est ce que c’est que ça ? C’est comme si tu avais brossé tes cheveux et qu’ils s’étaient envolés et posés sur ton pubis. »

Je m’attendais à être pliée de rire du début à la fin puisque le film est une comédie mais ça n’a pas été le cas, il y a eu quelques séquences vides.

J’aurais aimé également que le thème du célibat soit plus exploité.

Pour résumer, ce film est un bon divertissement pour les célibataires. A toutes ces femmes qui liront cet article ou qui iront voir le film au cinéma, sachez une chose : notre célibat doit être une source  de joie et non une source de pleurs.

Si vous avez déjà vu le film, j’aimerais bien savoir ce que vous en avez pensé. Si vous ne l’avez pas encore vu, courez le voir. Vous passerez à coup sûr un bon moment.

célibataire mode

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Americanah

Elle prenait les deux partis, pour plaire à tout le monde ; elle choisissait toujours l’apaisement plutôt que la vérité, soucieuse d’être en harmonie avec tous.

Chimamanda Ngozi Adichie est le contraire de «Elle». L’écrivain refuse d’être subtile, la vérité ne l’est pas.

Oh ! Je m’enflamme, romps avec mes habitudes. C’est l’effet Chimamanda !

Revenons donc à nos vieilles habitudes : je vous laisse découvrir la quatrième de couverture avant d’exposer en détail mon avis sur l’œuvre.

Ifemelu quitte le Nigéria pour aller faire ses études à Philadelphie. Jeune et inexpérimentée, elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l’Amérique, qui compte bien la rejoindre.

Mais comment rester soi lorsqu’on change de continent, lorsque soudainement la couleur de votre peau  prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés ?

Pendant 15 ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux Etats-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De défaites en réussites, elle trace son chemin, pour finir par revenir sur ses pas, jusque chez elle, au Nigéria.

Chimamanda Ngozi Adichie

Ouvrir un livre et se voir, ouvrir un livre et retrouver le connu…

J’ai adoré Americanah pour la description des parcours d’étudiants africains qui partent étudier en Occident ou en Amérique parce que c’est leur rêve ou tout simplement parce que le système universitaire de leur pays est défaillant. Des étudiants qui débarquent dans une civilisation différente de la leur et qui doivent s’adapter, s’intégrer.

Tu es dans un pays qui n’est pas le tien. Agis comme il faut si tu veux réussir.

Americanah montre comment il peut être tentant de vouloir être une autre personne quand notre singularité dérange, combien rester soi est une lutte, comment notre terre d’intégration peut changer notre mode de vie, notre mentalité et même changer notre regard sur notre terre d’origine quand nous rentrons au bercail.

J’ai apprécié Americanah pour les récits d’immigrants qui se voient obligés de prendre l’identité d’un autre pour pouvoir  travailler légalement, contracter des mariages blancs pour avoir des papiers. Americanah montre comment les contraintes de l’immigration peuvent nous pousser à faire n’importe quoi.

Americanah montre la détermination d’immigrants expulsés qui projettent de revenir et de tout recommencer parce qu’ils n’ont rien à perdre.

J’ai apprécié ce livre pour ces rappels d’ineptie que les gens débitent souvent par bêtise ou par ignorance.

Vous avez chaud ? Pourtant, vous venez d’Afrique !

Vous n’avez pas de sourcils frisés ? Eh ben, je pensais que c’était le cas vu que vous avez des cheveux frisés.

 

J’ai aimé Americanah pour sa critique et sa réflexion profonde et puissante sur des clichés portant sur la race.

Mais pourquoi faut-il que je transcende la race ? Vous voyez, comme si la race était un breuvage qu’il vaut mieux servir tiède, adouci par d’autres liquides, sinon les Blancs sont incapables de l’avaler.

L’homme dit aussi au professeur Hunk : « Pourquoi faut-il que nous parlions toujours de race ? Ne pouvons-nous pas être simplement des êtres humains ? »

Et le professeur Hunk répond : «C’est exactement le privilège des Blancs, que vous puissiez faire ce genre de réflexion.» La race n’existe pas véritablement pour vous parce qu’elle n’a jamais été une barrière. Les Noirs n’ont pas ce choix.

Si la vieille rengaine «l’esclavage est un truc du passé » refait surface, demandez à votre ami de mentionner qu’une quantité de Blancs continuent à hériter de l’argent que leurs familles ont gagné il y a un siècle. Si cet héritage perdure, pourquoi pas l’héritage de l’esclavage ?

J’ai aimé Americanah pour sa critique de certaines églises évangéliques en Afrique appelées également églises de réveil qui tirent profit de la foi aveugle et du désespoir des hommes.

Chimamanda Ngozi Adichie a un humour fin, délicat, à l’aspect d’un frisson qui vous parcoure délicatement la peau et vous laisse une sensation agréable.

La mère d’Ifeoma : « Prions et répandons sur les routes le sang de Jésus.

Le père  réplique : « les routes seront plus sûres, moins glissantes, si elles ne sont pas recouvertes de sang. »

Sa mère demanda : «  Il est chrétien ?

-Non. C’est un adorateur du diable.

– Jésus tout-puissant ! s’écria sa mère.

Tu aurais pu simplement dire que Ngozi est ton nom tribal, Ifemelu ton nom de jungle et en proposer un de plus comme nom spirituel. Ils avalent n’importe quoi dès qu’il s’agit de l’Afrique.

Il se plaint toujours que ses livres n’ont pas de succès. Je lui ai dit qu’il faut qu’il écrive des choses terribles sur son peuple s’il veut réussir. Il doit expliquer que les Africains sont les seuls responsables des problèmes de l’Afrique, et que les Européens ont davantage aidé l’Afrique qu’ils ne lui ont nui. Il deviendra célèbre, les gens diront qu’il est tellement honnête !

J’ai aimé Americanah parce qu’il m’invite à m’aimer entièrement, sans artifice, et pas qu’un peu. M’aimer de la tête aux pieds, de face comme de profil, intérieurement et extérieurement.

Amoureuse de l’amour, j’ai aimé assister aux retrouvailles d’Ifemelu avec son grand amour.

Que dire de ces multiples personnages qui en mêlant leurs vécus forment une belle charpente ?

J’ai beaucoup admiré Obinze pour sa candeur, sa droiture de cœur ; il m’a attendrie, m’a fait rêver.

J’ai beaucoup aimé Curt pour son caractère idéaliste et lisse : j’entre dans ta vie et je la transforme, je la peins d’un blanc pur.

J’ai apprécié Ifemelu pour sa franchise, sa fraîcheur d’esprit, son côté pragmatique.

Cette 3ème œuvre de Chimamanda que j’ai lue est une belle fresque sur les sociétés nigérianes, américaines, occidentales et je peux dire que c’est ma préférée.

J’ai trouvé ce livre plus vivant, plus drôle, plus romantique que les deux autres que j’ai lus. Par contre, je l’ai trouvé trop long, il y avait trop de péripéties à mon goût mais ça se justifie. Les nombreux sujets évoqués sont vastes et l’auteur avait visiblement beaucoup de choses à dire.

En parlant de longueur, une question me vient à l’esprit : faut-il qu’un roman ait plus de 400 pages pour qu’il soit réussi, jugé bon ?

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

satan était un ange

Rouler, droit devant. Doubler ceux qui ont le temps. Ne pas les regarder. Mettre la musique à fond pour ne plus entendre.

Tic tac…

Bientôt, tu seras mort.

Hier encore, François était quelqu’un. Un homme qu’on regardait avec admiration, avec envie.

Aujourd’hui, il n’est plus qu’un fugitif qui tente d’échapper à son assassin. Qui le rattrapera, où qu’il aille. Quoi qu’il fasse. La mort est certaine. L’issue, forcément fatale. Ce n’est plus qu’une question de temps. 

Il vient à peine de le comprendre.

Paul regarde derrière lui ; il voit la cohorte des victimes qui hurlent vengeance. Il paye le prix de ses fautes. Ne pas pleurer. Ne pas perdre de temps. Accélérer. L’échéance approche. 

Je vais mourir. 

Dans la même voiture, sur une même route, deux hommes que tout semble opposer et qui pourtant fuient ensemble leurs destins différents. Rouler droit devant, admirer la mer. Faire ce qu’ils n’ont jamais fait. Vivre des choses insensées. Vivre surtout…

Car après tout, pourquoi tenter sans cesse de trouver des explications? 

Satan était un ange

Après avoir lu Purgatoire des Innocents du même auteur, je m’attendais à recevoir une dose fulgurante de peur, d’horreur et d’adrénaline en lisant cet ouvrage.

Karine Giebel m’a fait voir autre chose sans se dénuer de son talent.

Ce livre n’est peut-être pas le summum de l’horreur, de la montée d’adrénaline mais il m’a tenue en haleine surtout après les 50 premières pages. Ce que je pensais être la fin n’était que le début, les actions s’enchaînaient, le calme était de courte durée.

Karine Giebel m’a menée sur la route de la tristesse amère, m’a rappelée tous ces enfants qu’on force à être adulte. En usant du genre policier, elle  dénonce un trafic immonde dont les conséquences sont subies en partie par mon continent, l’Afrique,  avec le concours de ses dirigeants politiques habités par leur désir égoïste.

J’ai apprécié l’histoire pour ce fait qu’elle dénonce mais aussi pour les destins des personnages principaux. J’ai plus été touchée par l’histoire de Paul que celle de François.

Amoureuse de la poésie, j’ai apprécié les vers de Baudelaire au début des chapitres.

Un paragraphe m’a choquée :

Tu sais Paul, satan était un ange… Comme tous les anges, il avait une mission à remplir sur Terre … DIEU l’aurait envoyé parmi les hommes pour leur insuffler les énergies négatives. La haine, la jalousie, la colère… Pour tenter les hommes et leur apprendre justement à résister à toutes ces tentations néfastes. Mais Lucifer, à force d’inspirer cela aux hommes, aurait fini par pécher… Alors, DIEU l’aurait précipité aux Enfers … Mais Il lui a pardonné. Et au moment du Jugement dernier, satan reprendra sa place auprès du Seigneur… Tu vois, Petit, satan était un ange… Et il le redeviendra.

En lisant ça, je me suis dit qu’il faut le prendre au second degré.  J’espère que cette partie n’est que de la fiction et que l’auteur n’y croit pas du tout sinon il lui faudra prendre des cours de catéchèse ou changer de classe  si elle les prend déjà parce que c’est pas du tout la réalité.

Mis à part ce petit paragraphe qui a titillé mes convictions spirituelles, j’ai apprécié la lecture de ce roman. Si vous le trouvez quelque part, n’hésitez pas à le lire.

Attention, vérifiez que satan qui était un ange n’est pas dans les parages… 😀

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre.