« Boy Diola », c’est ainsi qu’on appelait le villageois de Casamance venu à Dakar pour trouver du travail. Ce villageois, c’est toi, mon père, Apéraw en diola. À force de côtoyer de trop près la souffrance, tu as décidé de partir. Pendant des mois, tu t’es rendu au port jusqu’à ce que ton tour arrive, un matin de 1969. Tu as laissé derrière toi les histoires racontées autour du feu, les animaux de la brousse, les arachides cultivées toute ta jeunesse. De ce voyage tu ne dis rien. Ensuite, tout s’enchaîne très vite. L’arrivée à Marseille, l’installation à Aulnay-sous-Bois, la vie d’ouvrier chez Citroën, le licenciement, la débrouille.
Odyssée depuis le fin fond de l’Afrique jusqu’aux quartiers populaires de la banlieue parisienne, Boy Diola met en scène, avec une pointe d’humour et beaucoup d’émotion, cet homme partagé entre deux mondes et donne ainsi corps et voix à ceux que l’on n’entend pas.

Janvier 2010,
Le récit débute par un naufrage d’un bateau de migrants au Sud de la Corse, précisément sur la plage de Paragan.
Un père à quelques kilomètres (ou plus ?) de ce naufrage repense à son voyage en bateau. Dans les yeux des naufragés, il revoit tous ceux qui ont fait la traversée avec lui en 1969.
L’un de ses fils tombe des nues. Il pensait que son père était arrivé par avion.
Débute alors un récit biographique, un fils qui évoque les pas du père. De sa jeunesse dans son village de Casamance à son quotidien dans la banlieue parisienne.
« Pourquoi vous restez alors que la terre elle donne plus rien ? Y a rien ici. Y a pas de travail. Il faut partir. Chacun n’a qu’à chercher un métier. »
Les jeunes tentent l’aventure ailleurs, pourquoi pas lui ? Et si, en restant sur place, les choses venaient à mal tourner ? L’époque de l’agriculture est révolue, d’autres portes se sont ouvertes. Une autre vie est possible, laquelle, il ne sait pas encore.
Apéraw quitte Kagnarou pour Bignona avant d’aller à Dakar. C’est là qu’on l’a affublé du surnom : Boy Diola.
A Dakar, le rêve du grand voyage s’intensifie
Tous les jours, tu montes sur les bateaux, et avec beaucoup d’aisance et de politesse tu dis que tu cherches du travail, tu cherches à partir. Du travail en Europe, en Amérique
ou en Chine, peu importe.
Dans le bureau des gens comme toi font la queue. Des hommes seulement. Quand vient leur tour, ils exhibent leur passeport en premier geste.
Ensuite ils présentent leurs mains pour qu’on sache s’ils sont ou non travailleurs. Les hommes qui les examinent réfléchissent quelques secondes puis leur montrent une direction. C’est très simple, tu dois attendre ton tour.
Toute la matinée tu te présentes sur les bateaux et tu demandes s’il y a du travail en Europe ou ailleurs. Tu montres ton passeport et tu supplies du regard, tu cherches un métier, tu veux être propulsé vers une nouvelle vie. Tu as été apprenti mécanicien à Dakar et à Abidjan, avant d’arriver à Dakar tu étais menuisier à Bignona, mais depuis toujours tu es agriculteur. Tous les pays ont besoin d’agriculteurs.
Tu peux tout accepter, même les métiers pénibles. Tu es jeune et fort. Une main t’agrippe, un tampon sur ton passeport et te voilà embarqué comme ça sur un bateau.
Boy Diola évoque les conditions d’immigration des années 70, les conditions de vie des immigrés dans la belle France.
Les schémas se ressemblent à la cité. Familles nombreuses, lits superposés, grosse ambiance, père ouvrier, deux épouses et mères femmes de ménage. Je n’ai pas la force de compléter l’équation.
J’ai découvert la culture des Diola grâce à ce livre.
L’auteur a opté pour une narration à la 3e personne. Parfois les discours du père et du narrateur se chevauchent.
Le style de narration est linéaire, simple parfois maladroit. Par ailleurs, la chronologie est mal ordonnée et perd souvent le lecteur.
Boy Diola est un récit intéressant mais qui aurait mérité d’être plus travaillé.

Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020
Éditeur : Flammarion
Collection : Hors collection
Date de publication : Août 2019
Nombre de pages : 192
Disponible aux formats papier et numérique
