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Il est à toi ce beau pays, une oeuvre magistrale

« Il est à toi ce beau pays » présente l’Afrique appétissante, gâteau de l’un, débouché économique de l’autre ;  l’Afrique, ce continent dévisagé, remodelé, privé de sa substance. Mère à qui l’on n’a pas laissé le temps de faire le deuil. Après avoir perdu ses fils, on la prive de ses terres.

« Il est à toi ce beau pays » expose le passé douloureux de l’Afrique, glorieux de l’Europe…

On entend d’abord la voix dépressive d’Ota Benga, Pygmée congolais du peuple des Mbuti qui a été notamment exposé au zoo du Bronx de New York en 1906.

La voix puissante et dominatrice des colons se fait aussi entendre, notamment celle de Léopold, roi des Belges. On découvre (ou redécouvre) toute la stratégie politique de l’Occident pour s’approprier ces terres africaines entre 1873 et 1896.

Entre-temps, pour échapper à la soumission irréversible, il fallait mettre en oeuvre un ensemble de principes : civilisation, christianisation et commerce.

« Et surtout, il faut du temps, pour coloniser, continua-t-il pour lui même. Car il ne suffit pas de préparer les expéditions. Il faut préparer l’opinion ! Il faut persuader le peuple du bien-fondé de nos actions outre-mer. Il faut le pétrir de bons sentiments, lui faire miroiter des actions humanitaires à la pelle ! La civilisation, l’aide au développement, le partage des valeurs de la vieille Europe et autres balivernes…

Le partage de nos valeurs ! s’emballa le petit homme. Comme c’est malin ! Qui pourrait refuser une idée si généreuse ?

« Très bien, cet article, très bien, se félicitait Jules Ferry, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, les favoris traînant sur Le Figaro du jour. Il tombe à point pour l’ouverture de la conférence de Berlin. La chance de l’Afrique, c’est la France ! Pas l’Angleterre, pas la Belgique, mais la France ! Il faut que tout le monde le sache !

“Pour mes cinquante ans, je veux devenir roi du Congo.” Dixit Léopold, roi des Belges

Léopold est un homme abject, Jules Ferry également. Je suis désolée mais je n’ai aucune estime pour ceux qui ont favorisé la suprématie blanche.

Mon cœur s’est serré en lisant toute la violence de la colonisation, toute la naïveté des indigènes qui signent des papiers sans lire. Ils avaient confiance, peau noire, cœur blanc…

Jennifer Richard révèle une vérité essentielle :

Peu à peu, il avait compris qu’il n’existait pas de conscience africaine à l’échelle du continent. La solidarité ne fonctionnait qu’à hauteur de tribu. Nombreux étaient les chefs de clan qui effectuaient des rapts dans les villages voisins, en échange de quelques pièces d’étoffe.

 

J’ai constaté une fois de plus avec dégoût que la politique internationale n’a pas changé de 1800 à 2018. 

« Ce que je veux vous dire, c’est que les Européens ont une fâcheuse tendance à dénoncer les atrocités des chefs africains pour donner un vernis de légitimité à leurs invasions. Mais leur immixtion a pour effet de déstabiliser le continent. »

N’est-ce pas ce qui s’est passé avec Kadhafi ?

Ce roman décrit parfaitement la philosophie occidentale :

« Ah, l’Europe ! Bien sûr. Cette entité prométhéenne s’est proclamée juge universel. Et pendant qu’elle accuse, on ne voit pas que ses pieds trempent dans le sang.

– Tu vois l’Europe plus cynique qu’elle n’est.

– Vraiment ? Tu penses que vous avez renoncé à l’esclavage pour le bien-être des Africains ? Vous n’avez fait que supprimer un système qui profitait à certaines nations plus qu’à d’autres. D’ailleurs, vous n’avez pas supprimé l’esclavage. Vous n’avez fait qu’effacer le mot. L’Europe aime les concepts. Enrobe tes meurtres des mots civilisation et liberté, et tu verras, on te pardonnera tout.

“Voyez ? C’est tout le problème avec vous, les Européens. Vous êtes choqués dès qu’on touche un cheveu de vos congénères. Alors, vous vous délectez des supplices qu’ils ont subis, vous vous en repaissez comme des porcs, en faisant semblant d’être traumatisés. Il ne s’agissait pourtant que de sept marchands sans vergogne. Mais les autres ? À l’instant, je vous ai parlé de mille huit cents morts dans notre camp et ça ne vous a fait aucun effet. Pas de réaction, pas le moindre battement de cils. Pourtant, ils ne sont pas morts dans leur sommeil, eux non plus.”

Constat déplorable que j’ai fait ouvertement sur mon blog en parlant de la Somalie.

« Il faisait partie de cette caste de rebuts qui n’avaient pas trouvé leur place en Europe et qui partaient en quête d’aventure, d’argent et de respect. »

N’est-ce pas ce que les migrants font ? Un acte qui a été applaudi hier et qui est désapprouvé aujourd’hui. Comme le dit Emmelie Prophète dans son livre, la libre circulation devrait se faire dans les deux sens !

La communauté occidentale actuelle doit-elle se sentir coupable ? L’un des narrateurs a une réponse : la culpabilité est personnelle, elle n’appartient pas à la communauté.

Chacun devrait donc se poser les questions sur les conditions de vie des personnes qui cultivent les matières premières et nous permettent d’avoir vélo, vêtement, téléphone portable.

 

Jennifer Richard raconte la vie des explorateurs qui ont favorisé cette pénétration en Afrique Centrale : Stanley, Brazza et bien d’autres figures historiques comme David Livingstone, Joseph Conrad.  Elle dévoile leurs obsessions, ambitions, quêtes de gloire, de reconnaissance, de fortune.

J’ai beaucoup appris sur Brazza et Stanley. J’ignorais que le premier était d’origine italienne et que Stanley n’était pas le vrai nom du second.

J’ai perçu une différence d’idéologie entre ces deux hommes. Brazza apparaît plus humain dans ses rapports avec les indigènes.

Jennifer Richard ne parle pas que de l’Afrique, ses enfants partis contre leur gré, ceux qui ont vécu l’esclavage, la ségrégation font entendre leurs voix. Des femmes, des hommes qui doivent survivre, se trouver une place dans une société qui est devenue la leur mais qui ne veut pas d’eux.

J’ai découvert des figures importantes du peuple afro-américain comme W.E.B. Du Bois, Booker T. Washington, George Washington Williams.

L’histoire des Etats-Unis ne pouvant être contée sans la colonisation européenne des amérindiens, l’auteure l’aborde dans ce roman.

 

 

Si je le pouvais, je demanderais un standing ovation pour louer son travail colossal. J’étais bouche bée en parcourant la bibliographie utilisée pour ce roman.

J’ai apprécié sa plume sans fioritures, le vocabulaire adapté à l’époque. Les descriptions des lieux sont suffisamment élaborées pour qu’on se les représente.

Le roman comporte trois grandes parties subdivisées en plusieurs chapitres qui correspondent à des dates. Les chapitres sont très courts et permettent de tenir le rythme de ce gros pavé de 756 pages !

C’est un roman magistral, une lecture utile que Jennifer Richard offre au public, dommage qu’il n’ait pas la médiatisation qu’il mérite. 

C’est presque un coup de cœur pour moi. Je vous le recommande vivement.

 

GM signature

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Un ailleurs à soi – Emmelie Prophète

Tout un peuple se prépare à fuir, s’inventant un ailleurs à défaut d’un avenir. Partir est un mythe auquel personne n’échappe. Au Ayizan, chic restaurant de Pétion-Ville, se font et se défont les voyages. Lucie sert les clients le jour et vend son corps la nuit. Maritou fuit la haine de Jeannette et la pitié de Clémence ses demi-sœurs. Elle vomit son angoisse et sa solitude jusqu’à sa rencontre avec Lucie. Elles s’apprivoisent jusqu’à s’aimer. Un ailleurs à soi, miroir où se tissent illusions et vœux de départ.

l'Afrique écrit

Ses cheveux sont crépus et courts comme les hommes, ses seins menus. Maritou ne porte pas de vêtements féminins, elle est un garçon manqué. Elle est attirée par les femmes en particulier Lucie.

Lucie est grande et mince avec des fesses généreuses. Sa relation charnelle avec Maritou est à l’opposé de celle qu’elle vit avec les hommes. Elle leur donne son corps en échange de l’argent.

Les deux femmes sont issus d’univers familiaux difficiles.

Maritou est le fruit d’une infidélité conjugale, sa demi-sœur Jeannette la hait. Elle est marginalisée dès l’enfance à cause de ses vomissures récurrentes et son surpoids.  

Lucie a eu un père odieux et violent qui vraisemblablement la battait, voire la touchait. Un contexte familial où elle vivait une vie résignée.

Maritou conte ses envies d’ailleurs à Lucie. Elle aimerait aller là-bas, n’importe où. Elle aimerait être là où elle ne serait pas marginalisée, serait capable de faire ce qu’elle veut, d’être ce qu’elle veut.

Le ton du roman est très mélancolique. On sent un peuple complètement désabusé. Les haïtiens veulent être partout sauf chez eux. Comment tout un peuple en est arrivé là ?

Julien, barman au Ayizan essaie de dissuader les jeunes via des dévotions et des offrandes aux ancêtres mais ils continuent de s’en aller jour après jour voir ailleurs. Le quartier se vide. Les ténèbres de nos vies illuminent les ailleurs…

Julien était triste et ne savait pas comment l’exprimer, comment expliquer à Bernadette, à Mario, à ceux qui travaillaient à la cuisine, au bar, dans son quartier, dans le pays, qu’ils avaient eux aussi de bonnes raisons d’être tristes. On ne devait pas avoir pour but dans la vie de quitter son pays, d’abandonner les loas, la terre, sans essayer, sans trouver une formule, créer du rêve. 

Le roman traite de l’immigration et milite pour la libre circulation des personnes.

Personne au final ne devrait être forcé de rester sur un seul territoire, fixé à sa communauté de naissance. Il faudrait toujours pouvoir choisir, vivre après tout est un grand mouvement.

Il est facile pour des occidentaux d’immigrer et d’être chez eux sur la terre qui les accueille comme c’est le cas pour Quentin, le propriétaire  du Ayizan et amant de Lucie. Cela devrait être le cas pour tout le monde.

La condition féminine est également évoquée. L’indépendance vis-à-vis des stéréotypes liés aux devoirs et rôles des femmes (soumission des épouses, la cuisine comme job des filles) est revendiqué.

Un ailleurs à soi c’est le carrefour des solitudes, des regrets, des rancunes contenues. C’est également le désir de liberté géographique, sexuelle. Ça a été une rapide et sympathique lecture. L’histoire est un bloc, il n’y a aucun chapitre. Le vocabulaire est varié. Il n’y a pas assez de descriptions des lieux, on est concentré sur les sentiments des personnages.

Emmelie Prophète est une plume à découvrir. Son style est fluide, tendre. 

Pour plus d’informations sur le roman, cliquez ICI

 

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Loin de Douala – Max Lobe

Roger est le fils aîné de Ngonda Moussima Bobé, femme dont la parole écrase celle de son mari.

L’école n’est pas son fort. Il a vingt ans et vient d’obtenir le brevet. Jean, son cadet de deux ans vient d’avoir le baccalauréat.

Sa passion c’est le sport. Il est né pour le foot. Il s’entraîne clandestinement. Il rêve d’être une grande star du ballon rond. Sa mère s’y oppose catégoriquement.

Nous voulons tous un bon avenir pour nos fils : qu’ils se lèvent le matin, enfilent leur costume-cravate, prennent leur mallette et aillent travailler. C’est ça, avoir un vrai-vrai boulot.

 

L’entêtement du fils provoque la colère de la mère. Elle a pris pour habitude de le tabasser pour un oui ou un non. Entre mère et fils, il y a de la colère, des coups, du rejet, de la souffrance.

Roger souffre de la comparaison perpétuelle entre son frère et lui. Il souffre de la sévérité de sa mère envers lui. Son frère est le préféré, la fierté. Ne l’appelle-t-elle pas Choupi ?

Ngonda a le génotype d’un monstre. Abonnée aux églises évangéliques où satan est aperçu partout, elle voit en son fils un enfant du malheur.

Un jour, Roger est porté disparu. Jean et Simon, leur frère-ami, apprennent que Roger a boza.

Boza c’est l’aventure. Tout un périple complexe qui mène les bozayeurs, par petites étapes, du Cameroun jusqu’en Europe en passant par le Nigéria. Malgré le déprimant retour des bozayeurs machanceux, rien n’entame la ferveur des partants.

Partir s’en aller coûte que coûte. Partir en Mbeng. Partir chez le blanc même s’il faut boza,même si l’on a des diplômes en poche. Surtout si on a des diplômes. Il faut partir pour croire en son avenir. Dans ce pays, doivent-ils se dire, ils ne deviendront rien. Rien du tout.

Jean et Simon vont à la recherche de Roger.

Yaoundé – Ngaounderé – Garoua – Maroua. Dans chacune des villes, Jean nous décrit l’atmosphère des quartiers, l’attitude des habitants. Le narrateur mixe français courant et camfranglais, langage populaire réaliste qui cadre avec le contexte du récit.

On est immergé dans la vie quotidienne des camerounais. On prend une bière, on mange au “tourne-dos” avec eux. On rit beaucoup dans ce roman et c’est l’un de ses points forts.

On s’esclaffe mais on a aussi peur de Boko Haram. La menace terroriste plane et cela effraie Jean au fur et à mesure qu’ils se rapprochent du Nigéria.

Jean est loin d’être téméraire, il se repose sur Simon. Il est encore très loin de s’intéresser aux femmes. Jean est homosexuel, il l’assume en silence.

L’homosexualité n’est pas le sujet favori en Afrique. C’est par contre un thème récurrent chez Max Lobe. Il clame son homosexualité ; il l’écrit aussi.

Loin de Douala est un roman très léger, il se lit vite. Les 25 chapitres qui forment la charpente du livre sont courts et facilitent la fluidité de la lecture.

J’ai apprécié mon temps de lecture mais je suis restée sur ma faim concernant Roger. Je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler.

C’est le premier roman que je lis de l’auteur et je ne pense pas que je lirai délibérément le prochain. Auteur transgressif à sa manière, il promet dans son prochain livre (l’histoire d’un jeune homme noir qui mène une vie de débauche) le retour de scènes d’amour plus crues, à plusieurs.

Dans un article du Jeune Afrique de Mai 2018, on relatait ses propos :

Max Lobe considère aussi son dernier roman comme une entorse à la « littérature africaine », qui privilégie trop souvent, selon lui, les sujets graves tels que la guerre, la colonisation, la sorcellerie, les enfants-soldats, la famine. « Pourquoi faudrait-il occulter les histoires d’amour, s’interdire d’écrire sur une mère qui pleure son fils, sur des filles qui tombent enceintes et sont abandonnées, en somme, sur la vie quotidienne ? interroge-t-il. Les auteurs anglophones tels que Chimamanda Ngozi Adichie sont parvenus à passer outre cette injonction à ne traiter que de sujets graves. Les auteurs francophones devraient eux aussi y parvenir. »

En tant qu’écrivaine de romans d’amour, je plussoie.  Partagez-vous son avis ?

 

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Le tueur en série de la cité perdue

Je lis rarement des œuvres guinéennes, l’opportunité m’a été donnée au SILA 2018. Le volume du livre (moins de 100 pages) et le résumé m’ont poussé à acheter Le tueur en série de la cité perdue de Mamady Koulibaly. C’est un roman policier et je suis activement à la recherche de polar africain francophone.

l'Afrique écrit

Souleymane est un jeune guinéen qui a abandonné les bancs de l’école au secondaire. Il aimerait réussir mais de façon très rapide. Il aimerait gagner de l’argent assez rapidement. Son père a beau lui demander de continuer ses études, le jeune homme refuse. Il tente d’aller en Occident, il échoue à deux reprises mais ne démord pas. Il croit à l’Eldorado européen.

Un candidat à l’immigration est comme un chercheur d’or. Que les éboulements surviennent et emportent des âmes ; si le chercheur d’or n’y laisse pas sa vie, il poursuivra courageusement sa quête du bonheur. Il en est de même du migrant. La pirogue ou le navire peuvent tanguer ou même chavirer sous la pression des flots agités. Si le migrant s’en sort indemne, il voudra continuer l’aventure dans l’espoir de fouler un jour l’autre rivage de la Méditerranée.

 

Son ami Philippe tente de le raisonner, il peut réussir en restant au pays, demander l’aide de son oncle pour ouvrir un commerce. Il y a un hic, Souleymane s’est embrouillé avec son oncle. Philippe lui conseille d’aller voir Koro Sina, un charlatan qui facilitera leur réconciliation mais Koro Sina a d’autres plans d’acquisition de richesse.

Souleymane va les suivre et commettre des meurtres que le commissaire Youssouf et l’inspecteur Simakan s’emploieront à élucider.

Nous avons là un bref roman policier. Il ne fait ni frémir, ni réfléchir. Le meurtrier est connu d’avance, les meurtres vite résolus. Ce qui importe dans ce roman c’est le voyage et non la destination. L’auteur nous fait découvrir la Guinée Conakry, les maux qui la minent et aborde un sujet d’actualité : l’immigration clandestine.

J’ai apprécié ma lecture même si j’aurais voulu qu’elle soit plus haletante.

Pour l’acheter, cliquez ICI

 

Lisez-vous souvent des polars africains ? 

 

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Le moabi cinéma de Blick Bassy : Yéh malé !

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«Dites-moi, qui? Répondez-moi, qui donc? Qui a décidé qu’il fallait un visa pour aller d’un endroit à un autre? Est-ce que Jules Verne ou Hergé ont dit ça? De la Terre à la Terre, il n’y a pas besoin de visa. De la Terre à la Lune, il n’y a pas besoin de visa. Hein, mbenguiste, toi qui connais, dis-nous, qui…?
– Qui a fait quoi? s’enquit le costumé tiré au moins à huit épingles.
– Qui est venu ici ramasser nos ancêtres pour les vendre et en faire des esclaves? Qui… mais… qui lui a donné un visa pour entrer dans ce « condrè »? Et qui l’a autorisé à y pourchasser nos héros? Les Nyobè, Wandjié, Félix-Roland Moumié… Qui? Vous allez dire que je radote. Allez dire! Car ces gens dont je parle, ont-ils eu besoin d’un seul visa pour nous humilier et nous ruiner? Ont-ils fait la queue pour prendre un laissez-passer, un sauf-conduit, un sauve-qui-peut? Répondez-moi avant que je ne fasse un malheur.»

Et en avant la musique!… La musique des mots avec notre drôle de héros, le candide et rusé Boum Biboum, et ses amis et sa famille hauts en saveur, qui nous projettent du cœur de la forêt africaine à travers la comédie du monde.

l'Afrique écrit

Mon challenge l’année dernière était de lire des prix littéraires. Le Moabi cinéma, Grand prix littéraire d’Afrique noire 2016, faisait partie de ma wishlist. Je l’ai trouvé dans une librairie ivoirienne cette année. 

L’humour est omniprésent dans ce roman de 240 pages. Boum Biboum et ses 4 amis Kamga, Obama, Rigo, Simonobisick nous invitent à découvrir leurs vies qui espèrent expérimenter l’épanouissement en France. Au Cameroun, ce sont des chômeurs, il n’ y a que les bières et le football qui rythment leurs vies. 

Les camerounais immigrés de France qui viennent en vacances au pays leur exposent une vie parfaite en France, une vie de riche où tout semble accessible. L’herbe est verte en France, le ciel est toujours bleu. La France est exotique, la vie y est excellente, c’est l’avenir. Les jeunes camerounais veulent goûter au rêve européen. Ils s’usent dans les demandes de visa, essuient les refus humiliants, se remotivent, tentent à nouveau. 

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La découverte d’un arbre étrange qui diffuse des images de l’Europe va changer la vie de Boum Biboum ainsi que celles de plusieurs camerounais. L’Europe est souffrance, errance, sacrifice, peur, humiliation pour les immigrants. Enfin pas tous, certains réussissent à avoir une vie convenable. 

 

J’ai apprécié ce voyage au Cameroun qu’offre ce roman. Un trajet bien rempli avec l’évocation de thèmes percutants : immigration,  le business des églises de réveil,  la misère du peuple, l’opulence des politiciens, etc…

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J’ai apprécié cet humour à la camerounaise, l’usage du camfranglais, un mélange de français, d’anglais et des langues du Cameroun. Cela peut être perturbant pour les non-initiés. Un lexique en fin de page aurait été utile.

Ma lecture a été intéressante dans l’ensemble même si quelques longueurs et répétitions m’ont lassée.

 

La citation à méditer

Comment être soi dans une société où la notion de singularité est brouillée dès notre naissance. « Tu es pluriel, assume-le et tu découvriras tes différentes facettes », disait mon père.

 

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L’Ombre d’une différence de Sefi Atta

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Soucieuse de son confort et de son indépendance, Deola vit à Londres, tenant ainsi à distance son pays, le Nigeria, et sa famille installée à Lagos. Marquée par une jeunesse ballottée entre deux mondes, elle manoeuvre, dans ses relations professionnelles et amicales, pour éviter de s’exposer, de cristalliser sa différence. Sous ses dehors impassibles, rires, indignations, espoirs, affections et doutes se bousculent en une émouvante effervescence. De retour au Nigeria dans le cadre d’une mission, elle retrouve sa famille, qui commémore le décès de son père, et elle cède à la tentation d’une aventure amoureuse. Cette rencontre, véritable grain de sable dans la vie bien rodée de Deola, l’amène à se libérer du carcan qu’elle s’était imposé, à dépasser son insidieuse frustration pour s’engager dans une voie risquée, mais choisie.
Avec une sobriété ciselée, une tenue remarquable, un humour incisif, une vraie tendresse pour ses personnages et pour les villes de Lagos et de Londres, Sefi Atta explore les questions de l’exil, de la famille, de l’amitié, de la féminité, de l’altérité, restant au plus près du bruissement entêtant de la vie.

l'Afrique écrit

Ce roman dresse le portrait de la société nigériane où le christianisme moderne occupe une place importante. Deola n’est pas pratiquante, elle croit en Dieu un jour sur deux. Ses réflexions parfois judicieuses sur le christianisme hypocrite, tapageur m’ont beaucoup fait rire :

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Deola, fille de bourgeois, est une immigrée à Londres. L’immigration…  Les occidentaux sont toujours des expatriés, des émigrés donc et les Africains des immigrés. Je me demande quand est-ce que la tendance va s’inverser…

Deola à travers sa propre expérience et celle de son amie Subu nous montrent comment se vivent l’immigration nigériane en Angleterre ou aux USA, l’ostracisme et le racisme. Certains nigérians en immigrant se comportent comme des Anglais, d’autres tiennent à préserver leur origine. Dans le milieu professionnel, parfois, le plafond de verre est brisé, parfois non.

Deola travaille dans une ONG qui audite des projets humanitaires dans le monde, le Nigéria y compris. Une nation riche de pétrole, pleine de potentiel qui tend encore la main. Jusqu’à quand ?

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La narratrice nous expose les habitudes hilarantes et paradoxales des nigérians à Lagos comme à Londres. Elle dresse surtout le portrait de femmes indépendantes. Des femmes qui choisissent qui elles veulent aimer, refusent de se plier aux directives des autres quand il s’agit de leurs vies. Elles font le choix de rester seule, de quitter un mariage où l’homme ne les respecte pas. 

Notre héroïne, elle, fait face à plusieurs choix : quitter Londres pour Lagos, abandonner la solitude pour un compagnon, garder un enfant non désiré ou pas.

 

Ce roman m’a séduite par son humour, sa fluidité, ses personnages pittoresques, les thématiques qu’il aborde. J’ai passé un agréable moment de lecture. Etant dans ma période « romance » j’aurais voulu vivre davantage le nouvel amour de Deola. Il a été plutôt bref pour moi. 

Vous avez une amie immigrée, trentenaire ou quadragénaire célibataire ? Ce livre est top pour son cadeau de Noël.

Christmas

 

Éditeur : ACTES SUD

Date de publication : Mai 2014 

Nombre de pages : 368 

Traduit de l’anglais (Nigeria) par : Charlotte WOILLEZ

Existe aussi en format numérique. Voir ICI

 

 

 

GM signature

 

 

 

 

 

 

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La cueilleuse de thé, portrait d’une femme forte

Couverture Cueilleuse de thé

Au Sri Lanka, l’ancien Ceylan, Shemlaheila est cueilleuse de thé dans une plantation. Depuis dix ans déjà, elle ploie sous les lourds sacs de feuilles de thé et sous le joug des contremaîtres, mais, à l’aube de ses vingt ans, la jeune femme a d’autres rêves. Elle est bien décidée à partir, à échapper à la condition de celles qui, dans les théiers et dans les maisons, sont au service des hommes. Elle ne sera pas cueilleuse de thé toute sa vie, comme sa mère, comme toutes ces femmes asservies qui n’ont d’autres horizons que les interminables rangées de théiers…

Du Sri Lanka à Londres, à la découverte d’un pays complètement différent du sien, Shemla va découvrir une autre culture, d’autres personnes et surtout d’autres envies. La cueilleuse de thé qu’elle a toujours été choisira-t-elle de revenir au pays, ou de se créer une nouvelle vie ?

l'Afrique écrit

J’ai éprouvé beaucoup de peine pour Pokonaruya, cueilleuse de thé, victime d’un mariage arrangé. Elle est brimée par sa belle-mère et son époux de pacotille Datu-Guemi, un homme détestable au plus haut point. J’ai adoré la punition qu’a réservé Shemlaheila à ce dernier. Cet homme méritait le pire, il a humilié tant de femmes !

J’ai admiré la force de Shemlaheila, son NON catégorique face à la fatalité. Elle sait qu’elle a le pouvoir de changer son destin, celui qu’on colle par facilité aux femmes. Elle veut vivre sa vie, ses rêves et elle s’en donne les moyens même quand le parcours est difficile.

C’est une femme attachée à ses racines, forte, courageuse, une féministe comme on les appelle aujourd’hui. Elle est déterminée et non bornée. Elle réajuste ses ambitions quand il le faut. 

Avec elle, j’ai revu mon aventure d’immigrée, le bonheur des rencontres, la richesse d’une culture différente de la mienne. 

Plus tard, viendraient l’exaltation du retour, la joie de son enrichissement, la gratitude pour ce qu’elle était devenue. Elle n’avait pas seulement appris la langue, elle n’avait pas seulement engrangé des connaissances, elle avait appris la liberté d’être femme.

Son histoire d’amour n’était pas évidente. L’auteure m’a mise sur une fausse piste, a réussi à créer la surprise. Eh oui, une histoire d’amour peut en cacher une autre.

Par contre, je suis restée sur ma faim. Il y a quelques instants d’amour mais ils sont brefs. J’aurais voulu en savoir plus sur l’histoire d’amour de Shelma et D.

J’ai moins aimé la fin, je l’ai trouvé très précipitée.

Le livre est plutôt axé sur la quête d’indépendance de Shelma que sur l’amour. Ce n’est pas de la romance mais ça ne veut pas dire que ce n’est pas du romantisme. 

Cueilleuse de thé est très complet en terme de romantisme. Il en respecte les thèmes et principes à savoir la mélancolie, la nostalgie, le moi en souffrance, la nature, le désir de fuite, le voyage, le rêve et la spiritualité.

 

CONCLUSION : Ce livre nous rappelle les conditions des femmes dans le monde qui doivent être améliorées. Les femmes doivent pouvoir jouir de leurs droits, les hommes doivent arrêter de croire que le corps des femmes leur appartient, les jeunes filles doivent étudier et non se marier si tôt.

Ce roman est à lire et à faire lire à toutes les femmes qui luttent pour que d’autres femmes soient libres et heureuses. 

signature coeur graceminlibe

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Throwback Thursday Livresque #11 Océan, montagnes ou grand air

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Voici le Throwback Thursday Livresque ! Conçu sur le même principe que le Throwback Thursday d’Instagram mais vraiment concentré sur les livres !

Ce que permet ce rdv ? De ressortir des placards des livres qu’on aime mais dont nous n’avons plus l’occasion de parler, de faire découvrir des livres à vos lecteurs, de se faire plaisir à parler de livres !

Le thème de cette semaine est : Océan, montagnes ou grand air

augrandair

J’ai failli passer mon tour mais je me suis souvenue d’un beau livre qui évoquait l’océan Atlantique : Celles qui attendent 

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Résumé 

Arame et Bougna, mères de Lamine et Issa, clandestins partis pour l’Europe, ne comptaient plus leurs printemps ; chacune était la sentinelle vouée et dévouée à la sauvegarde des siens, le pilier qui tenait la demeure sur les galeries creusées par l’absence.

Coumba et Daba, jeunes épouses des deux émigrés, humaient leurs premières roses : assoiffées d’amour, d’avenir et de modernité, elles s’étaient lancées, sans réserve, sur une piste du bonheur devenue peu à peu leur chemin de croix.

La vie n’attend pas les absents : les amours varient, les secrets de famille affleurent, les petites et grandes trahisons alimentent la chronique sociale et déterminent la nature des retrouvailles. Le visage qu’on retrouve n’est pas forcément celui qu’on attendait…

 

Dans ce roman qui a pour thème central l’émigration, les voix de celles qui attendent quelque part en Afrique un homme, un mari, un fils parti à l’aventure pour l’Europe s’expriment. De jeunes sénégalais qui bravent l’Atlantique pour rejoindre l’Espagne, pour sombrer ensuite dans la clandestinité.

 

Le livre est plein d’émotions fortes. Fatou Diome nous décrit avec délicatesse l’attente cruelle, l’attente qui blesse, l’attente qui dévore. Elle décrit le fonctionnement de la communauté sénégalaise, l’illusion de l’eldorado européen, la vanité du paraître, l’amour, les sacrifices perpétuels des femmes. Son écriture est lumineuse, limpide. Les personnages sont vivants, difficiles de les effacer de la mémoire après la lecture. 
 

Issa savoura son effet. Il n’avait pas bien préparé son discours, mais le mot Europe fut son meilleur talisman. La fiancée, subjuguée, acquiesça de tout son coeur. Amoureuse et pleine d’espoir, Coumba ne sentit pas les mains calleuses du pêcheur fauché lui gratter les joues en essuyant ses larmes de joie. Elle se voyait déjà, princesse rayonnante, un soir de couronnement, parée de ses plus beaux atours, accueillant son amoureux, de retour d’Europe et riche à millions.

Les coups de fil s’étaient largement espacés. Les femmes accusèrent le coup. Mais on finit toujours par s’inventer une manière de faire face à l’absence. Au début, on compte les jours puis les semaines, enfin les mois. Advient inévitablement le moment où l’on se résout à admettre que le décompte se fera en années; alors on commence à ne plus compter du tout. Si l’oubli ne guérit pas la plaie, il permet au moins de ne pas la gratter en permanence. N’en déplaise aux voyageurs, ceux qui restent sont obligés de les tuer, symboliquement, pour survivre à l’abandon. Partir c’est mourir au présent de ceux qui demeurent.

 

 

On relate, on discourt, on commente avec tant d’emphase la pénibilité de l’accouchement, qui n’est jamais qu’une douleur éphémère. Mais nul ne songe à prévenir les futures mères de leur carrière de veilleuses de nuit, qui démarre avec les premières tétées nocturnes et dure toute la vie. Enfanter, c’est ajouter une fibre de vigile à notre instinct naturel de survie.

 

Outre leur rôle d’épouse et de mère, elles devaient souvent combler les défaillances du père de famille, remplacer le fils prodigue et incarner toute l’espérance des leurs. De toute façon, c’est toujours à la maman que les enfants réclament à manger. Féminisme ou pas, nourrir reste une astreinte réservée aux femmes. Ainsi, dans certains endroits du globe, là où les hommes ont renoncé à la chasse et gagnent à peine leur vie, la gamelle des petits est souvent remplie de sacrifices maternels.

 

Il n’est pas vrai que les enfants ont besoin de leurs père et mère pour grandir. Ils ont seulement besoin de celui qui est là, de son amour plein et entier.

Ceux qui nous oublient nous assassinent

Et vous, quel livre proposeriez-vous pour ce thème ? 

GM signature

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Throwback Thursday Livresque #7 – Années 90, année rebelle

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Le Throwback Thursday Livresque est un rendez-vous livresque initié par BettieRose Books.

Le but est de parler d’une « ancienne » lecture (pas la toute dernière ou l’actuelle) autour d’un thème qu’elle aura au préalable défini.

Le thème de cette semaine est : années 80 ou années 90 (date d’écriture ou date de l’action)

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Très contente que Betty ait validé mon thème !!!

 

J’ai décidé de vous présenter un roman écrit en 1998 dont je suis fière d’avoir un exemplaire

 

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Résumé 

Enlevée par les frères du vieux Sando à qui on l’avait mariée de force il y a vingt ans, Malimouna avait fui son mari. Aujourd’hui, bien qu’adulte et mariée par amour à Karim, la tradition l’oblige à rejoindre son véritable époux de gré ou de force dans son village de Boritouni. Cet événement permet à Malimouna de regarder dans le rétroviseur pour faire la rétrospective de sa vie. Une existence de femme rebelle. Rebelle contre l’excision, le mariage forcé, la polygamie, l’infidélité conjugale, le racisme qui minent les mariages interraciaux, la violence sur les femmes. Tous ces maux qui entravent l’épanouissement des femmes.

Le pays d’où vient Malimouna est imaginaire. C’est quelque part en Afrique. 

Rebelle est un livre courageux, un roman féministe qui porte haut la voix des femmes. Là où les femmes se taisent, Fatou Keita à travers Malimouna crie à gorge déployée pour dénoncer les maux de femmes. Ceux qu’on excuse…  Rebelle est un roman qui dénonce les traditions qui font du mal à la femme.

Le parcours initiatique de Malimouna rappelle tous les combats de la femme : la lutte contre les discriminations, les idées reçues et les violences perpétrées contre des millions de femmes corvéables ; la lutte pour l’égalité, la liberté, l’indépendance, la justice, l’accès à l’instruction.

J’ai admiré la force de Malimouna qui n’hésite pas à dire non. Elle prend des coups, les rend autant que possible avec diplomatie. J’ai beaucoup aimé sa relation avec Philippe, à l’époque, j’étais une grande fan des couples mixtes 😀

Les nombreuses thématiques développées font de Rebelle, un roman complet. Ce roman est révoltant, touchant, plein de sensibilité. On n’en sort pas indemne de cette histoire. 

Et vous, quel livre proposeriez-vous pour ce thème ? 

signature coeur graceminlibe

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Deux femmes puissantes

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Marie Ndiaye et Chimamanda Ngozi Adichie, deux femmes influentes et hyper douées dont il faut avoir au moins lu une œuvre.

L’une écrit en tant qu’être humain. Elle n’écrit ni en tant que femme, ni en tant que femme noire. Elle ne se définit pas comme une femme africaine. Dans sa vie, l’origine africaine n’a pas vraiment de sens,  aucune culture africaine ne lui a été transmise car elle n’a pas vécu avec son père d’origine sénégalaise.

L’autre écrit en tant que féministe africaine, féminine et heureuse.

J’apprécie l’une pour la force de son style littéraire et l’autre pour l’engagement que revêtent ses écrits.

J’ai lu deux de leurs œuvres qui ont reçu des prix littéraires.

3 femmes puissantes – Marie Ndiaye (Prix Goncourt 2009)

Trois récits, trois femmes qui disent non. Elles s’appellent Norah, Fanta, Khady Demba. Chacune se bat pour préserver sa dignité contre les humiliations que la vie lui inflige avec une obstination méthodique et incompréhensible.

Dans chacun de ces récits, des phrases sont répétées comme pour attirer notre attention sur l’action qu’elles décrivent ou celles qui les ont précédées.

Norah part au Sénégal car son père a à lui parler de choses importantes et graves…

Ce père implacable et terrible qui a quitté la France des années plus tôt en emportant une part d’elle, ce vieillard égoïste qui n’aime ni n’estime guère les filles…

A son arrivée, son père lui annonce qu’elle doit aller à Reubeuss (une prison). Pour voir qui? Quel acte a été commis?

Vous le saurez en lisant l’histoire de Norah.

La deuxième histoire est celle de Fanta et de son conjoint Rudy. Je dirais plutôt que c’est l’histoire de Rudy car c’est lui qui évoque sa vie, ses peurs, ses échecs et sa volonté à être un homme bien et à rendre Fanta et leur fils Djibril heureux.

Cette histoire ne m’a pas vraiment emportée mais elle est agréable à lire.

La troisième histoire, celle de Khady est la plus déchirante. Khady, une épouse qui rêvait d’être mère. Khady, une femme pleine de force, combattante. Khady, une femme qu’on a décidé de faire partir…

Ce livre de Marie N’Diaye est à lire et à faire lire.

 

L’hibiscus pourpre – Chimamanda Ngozi Adichie (Meilleur premier livre du prix littéraire Commonwealth Writers’ Prize en 2005)

Kambili a quinze ans. Elle vit à Enugu, au Nigeria, avec ses parents et son frère Jaja. Son père, Eugene, est un riche notable qui régit son foyer selon des principes d’une rigueur implacable. Sa générosité et son courage politique en font un véritable héros de sa communauté. Mais Eugene est aussi un fondamentaliste catholique, qui conçoit l’éducation de ses enfants comme une chasse au péché. Quand un coup d’Etat vient secouer le Nigeria, Eugene, très impliqué dans cette crise, est obligé d’envoyer Kambili et Jaja chez leur tante. Les deux adolescents y découvrent un foyer bruyant, plein de rires et de musique. Ils prennent goût à une vie simple, et ouvrent les yeux sur la nature tyrannique de leur père. Lorsque Kambili et son frère reviennent sous le toit paternel, le conflit est inévitable…

Kambili est la narratrice principale, avec la douceur et l’innocence d’une jeune fille, elle nous ouvre les portes de sa maison, dévoile l’intimité de sa famille. On découvre un père intransigeant, extrémiste catholique qui voit la paille dans l’œil de l’autre mais ne se préoccupe pas de la poutre qui est dans le sien.

Il régente sa maison comme un camp militaire. Tout doit être à sa place, fait comme il faut et il s’emploie à des méthodes pas très catholiques pour aboutir à ses fins.

J’ai commencé ma lecture pas très enjouée mais comme on le dit l’appétit vient en mangeant. Au fil de ma lecture, le détachement que j’avais au tout début des pages a laissé place à une reconnaissance, une acceptation, une indignation, une profonde tristesse face à cette violence domestique, à ce premier amour qui ne pourra pas être vécu, à cette vie qui prend une tournure à laquelle l’on n’aurait jamais pensé.

A travers une écriture sensible et émouvante, Chimamanda Ngozi Adichie nous fait réfléchir sur notre perception de la religion, la politique et notre identité culturelle.

L’hibiscus pourpre est un livre à lire et à faire lire.

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre