Publié dans Quand on est célib'

Le célibat ou la vie qui investit

J’aimerais élaborer avec vous le dictionnaire du célibataire. Je vous propose de débuter par un verbe qui commence par la lettre I.

Un verbe qui signifie :

  • Placer des fonds dans quelque chose en vue d’en tirer un bénéfice 

  • Mettre toute son énergie dans une action, une activité

  • Attacher une grande valeur affective à quelque chose

Avez-vous une idée du verbe ? Allez, je vous chuchote un indice : il est dans le titre de l’article 😀

INVESTIR 

J’ai donné du sens à mon célibat le jour où j’ai compris qu’il était ma saison d’investissement pour :

  • apprendre à me connaître,

  • progresser dans ma maturité spirituelle,

  • renforcer mes compétences,

  • partir à la découverte de l’inconnu, voyager et apprendre des autres cultures, 

  • lire davantage de bons livres,

  • mettre toute mon énergie dans mon travail et dans mes activités artistiques,

  • cultiver ma confiance en soi,

  • travailler sur mes défauts,

  • prendre des risques,

  • redonner à mon corps la valeur qu’il mérite malgré ses imperfections.

Vous êtes célibataire et il vous manque une compétence ? Vous avez le temps pour l’acquérir.

Vous êtes célibataire et n’arrivez pas à gérer vos émotions ? Vous avez le temps de lire des livres de développement personnel, de pratiquer ce qui y est écrit, regarder des vidéos inspirantes.

Vous êtes célibataire et douée pour la cuisine, la peinture, l’écriture ? Vous avez le temps pour faire mûrir votre talent.

Profitez du célibat, cette période d’exploration pour diversifier vos activités et loisirs, partir sur un coup de tête et aller au bout du monde. 

Profitez du célibat, cette saison de semence pour vous adonner cœur et âme à une cause sociale. Il y a tant de choses à changer dans ce monde. Quelqu’un, à 100 mètres ou à mille kilomètres de vous a besoin de votre cœur, votre soutien. Allez à sa rencontre.  

On est un célibataire épanoui quand on a soif d’apprendre de nouvelles choses sur soi, sur l’autre, quand on aime explorer des univers inconnus. 

Apprenez, voyagez, maximisez. Investissez dans votre vie. Attachez une grande importance à ce que vous apprenez, ce que vous faites professionnellement, bénévolement. Vous en récolterez les fruits et d’autres également.

« Rien » n’a aucune valeur, « rien » ne peut être donné ou offert. Si vous voulez donner quelque chose à l’autre, il faut que vous l’ayez. Et vous savez quoi ? Votre célibat est l’environnement qui vous permettra de l’acquérir. 

Le célibat est un moment mis à part pour effectuer quelque chose de particulier. Une activité unique, qui ne se présente qu’une seule fois dans notre vie.

Laquelle ? A chacun de creuser cette question et d’y trouver la réponse. 

investir en soi

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Histoires si étranges

Trente-sept histoires étranges… Régina Yaou signe ici un recueil de récits où se mêlent atmosphères étranges et faits troublants selon une approche originale, plus proche du conte que du simple récit fantastique. Dans un surréalisme et avec un regard singulièrement décapant. Le tout exprimé dans un style simple et limpide.

« Une femme surgit du néant un soir pour offrir un bébé à une autre qui n’enfante pas ; Une mère qui retrouve sa fille décédée depuis de longues années ; des « Histoires si étranges » qui invitent au rêve, à l’évasion, à participer à la vie pleine de mystères d’un monde lointain et pourtant proche que nous côtoyons peut-être sans le savoir, que nous aimons parfois imaginer, réinventer au gré de nos insomnies. 

L’auteur nous embarque dans des aventures où revenants, sorciers, êtres bizarres, phénomènes insolites se croisent à tous les carrefours nocturnes. Un délicieux cocktail de frissons….

Histoires si étranges

Parlons du recueil

Est-il possible de rester indifférent au résumé de ce livre ?

Est-il facile de résister à l’envie de ne pas l’acheter ?

Est-il possible de quitter la Librairie sans avoir un lourd remords, sans l’impression de passer à côté d’un excellent moment de lecture ?

Le fantôme du chefLes gens en blanc – L’enfant du soir – Le village inconnu – L’homme sans sang La statue

Ces titres de récit ne vous intriguent pas, ne vous donnent-ils pas froid dans le dos ?

 

Dans chaque récit, il est question de disparition et d’apparition. Des défunts viennent rendre visite à leurs familles, croisent un proche et lui demandent de transmettre ses salutations et des cadeaux à sa famille.

 

Dans chaque récit, l’auteur nous pousse dans les bras du mystique et de la peur. Chaque récit nous laisse aux portes de l’interrogation :

  • Dans quel but l’un des fils du village, mort, revient dans son village ?
  • Comment une statue peut être amoureuse d’une femme ?
  • Comment expliquer qu’un jeune homme croyant tirer sur un ours lors d’une partie de chasse tire sur son frère jumeau ?
  • Comment un homme (une femme) mort (e) arrive à se marier, fonder une famille ?
  • Des inconnus accordent des faveurs à des personnes puis disparaissent sans laisser de trace. Sont-ils des anges gardiens ?
  • Comment Lohokrou se fait tuer par un harpon alors qu’aucun pêcheur ne pêche avec ce genre de matériel ?
  • Les faits relatés dans l’histoire sont-ils réels ?

 

A cette dernière question, Régina YAOU répond oui. Dans sa note, elle affirme que tous les faits rapportés sont réels. Elle a rencontré certains protagonistes. Les noms et les lieux ont été changés pour préserver l’anonymat de ces personnes.

 

J’ai apprécié ma lecture. Le style de l’auteur est simple, les histoires sont très courtes ce qui favorise une lecture rapide. L’auteur a créé l’atmosphère pour que le lecteur voie, sente, goûte, touche et entende ses récits.

Les récits évoquent la mort mais ils sont vivants, le rythme du récit ne subit aucune pause ou transition. Chaque récit présente le mystique d’une manière singulière.

J’ai aimé lire ces histoires, parcourir à travers elles les contrées de la Côte d’Ivoire.

J’ai apprécié ce recueil pour la bonne dose de peur qu’il véhicule. L’intensité de frayeur n’est pas la même dans chaque récit _ j’avoue que je n’ai pas retiré grand chose de certaines histoires _ mais ça n’affecte pas la qualité du recueil.

Quatre histoires m’ont véritablement marquée :

  1. Extrême-onction : les jours d’un nourrisson malade sont comptés. La mère demande au prêtre de donner l’extrême-onction sans savoir que cela changerait leur vie.
  2. L’éternelle voyageuse : Une dame se présente au domicile des Némon. Elle désire rendre visite à son frère, Monan, qui est à Ossiekoua. Cette localité est un trou perdu et non desservi par les véhicules de transport public. Madame Némon (la femme du chef de personnel de l’entreprise où travaille le frère de la dame) décide donc de la faire emmener par le véhicule de liaison et lui propose de passer la nuit chez elle. Le lendemain matin, l’aide domestique fait le ménage dans la chambre qui a accueilli l’invitée. Elle y trouve une robe longue, celle que l’on porte aux morts…
  3. Le don : Matama est une vendeuse de banane plantain et vit dans la précarité. Elle s’occupe de ses petits-enfants, leur mère étant morte. Un jour, une femme lui confie un paquet à garder, un paquet qui va changer sa vie…
  4. L’homme sans sang : un homme désire être l’amant de Rosine. En lui serrant la main pour prendre congé de lui, Rosine s’aperçoit que la main de l’interlocuteur est froide. C’est comme s’il sortait d’un congélateur…

Ces défunts qui n’ont pas visiblement pas envie de quitter leur pays, leur village, leur famille, leur coin de détente préféré m’ont montré combien l’homme aime la vie...

Parlons maintenant de l’auteur 

Régina Yaou  est l’auteur féminin le plus prolifique de la Côte d’Ivoire.

J’ai eu l’occasion de lire plusieurs de ses œuvres  (Lezou Marie ou les écueils de la vie, la révolte d’Affiba, Aihui Anka ou défi aux sorciers, Symphonie et lumière…) et je n’ai jamais été déçue par le contenu de ses histoires. Elle fait rêver, elle conscientise. Ne quittez pas cette terre sans avoir lu une oeuvre de Régina Yaou, vous aurez raté de bons moments de lecture. 🙂

Dites moi, comment allez vous réagir si vous croisez un défunt de votre famille ou de votre cercle d’amis  ?

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Messagerie fantomatique

Jeune auteur de dix-neuf ans, Christy Nemiroff est passionnée depuis toujours par la lecture. Débordante d’imagination, elle a rapidement décidé d’inventer ses propres histoires et contes. Aujourd’hui, elle se lance dans la création de son propre univers au delà de ses premiers écrits publiés.

Elle a gentiment proposé à des lecteurs/blogueurs de lire sa nouvelle  « Messagerie fantomatique ». S’il y a  une chose que je ne refuse jamais de faire c’est de lire alors j’ai sauté sur l’occasion !

J’ai lu cette nouvelle et je vous dévoile mon ressenti.

Messagerie fantomatique

Le titre de la nouvelle est très accrocheur. En le découvrant, j’ai d’abord pensé à une histoire qui fait frémir de peur, une histoire pleine de suspense, une histoire étrange….

Mon hypothèse sur la peur et le suspense était fausse mais pas celle sur le caractère étrange de l’histoire.

Une femme appelle quotidiennement un inconnu, tient un monologue journalier puisque la personne censée être à l’autre bout du fil ne répond jamais.

Est-ce la conséquence de son métier de standardiste ? On s’interroge tout en n’omettant pas de laisser traîner notre oreille, de ne rien perdre du fil de son monologue.

A cet inconnu, elle confie son état de santé physique et moral. On découvre une femme qui a connu une grande tristesse et essaie d’aller mieux, de positiver.

Tu le dis souvent, de toute façon, je suppose que tu as raison et qu’il ne faut pas continuer à mourir quand le corps est encore là.

Le jour suivant, on découvre la face visible de l’iceberg : son prénom, ses consultations chez sa psychologue, la perte brutale de son mari.

La face cachée de l’iceberg ? C’est une Kathleen qui a complètement perdu ses repères. Elle n’est plus dans le monde que l’on connaît mais dans celui du deuil, un deuil qui l’a certainement conduite loin d’elle-même, loin de sa personnalité…

J’ai apprécié cette courte nouvelle pour sa chute, cette douce tristesse qu’elle émane, l’intrigue qui se dévoile au fur et à mesure qu’on avance dans notre lecture, ainsi que pour le thème du deuil exploré.

Cette nouvelle nous prouve qu’un deuil mal géré peut avoir d’immenses dégâts.

J’espère que vous aurez un bon moment de lecture avec cette nouvelle.

Pour vous la procurer, juste un clic par ici .

Quelle histoire sur le deuil vous a touché dans votre carrière de lecteur ?

Publié dans Interviews, Quand on est célib'

L’amour, un parfait inconnu pour moi

amour

Elle est simple, généreuse et sociable. Elle a 26 ans, est malienne et se prénomme Adiaratou. Célibataire depuis très longtemps, elle a aimablement accepté de répondre sans faux-fuyant à nos questions. 
Adiaratou, depuis combien d’années es-tu célibataire ? 
Depuis 26 ans. Je n’ai jamais eu de copain mais j’ai beaucoup d’amis et de prétendants.
Pourquoi n’as-tu jamais accepté les propositions de tes prétendants ?
Parce que je ne suis pas prête. De plus, je ne ressens rien pour eux juste de l’amitié.

inconnu

Tu n’as jamais été amoureuse ? 
Malheureusement pas encore et c’est ce que j’attends avec impatience. Je veux me voir pleurer d’émotion comme les autres le font. Je veux expérimenter l’amour.
Quel est le type d’homme dont tu voudrais tomber amoureuse ? 
Un homme qui fait attention à moi, qui a de l’humour. Un homme sensible, intime, loyal ;  un ami qui m’attire et sera mon âme sœur.
 
Comment définis-tu la solitude ?
Pour moi c’est l’absence totale d’un compagnon nous procurant toute l’aisance sentimentale procurant vitalité et vivacité. Etre dans la solitude c’est être en manque de la personne idéale avec qui on aimerait partager ses sentiments.
Dirais-tu que tu es bien dans ta peau ?
Oui, je le suis à 100%.
Quelle activité te procure un sentiment d’accomplissement ?
Le sport.
Quelle est ta fierté en tant que femme ?
Le fait de garder ma virginité en tant que femme et célibataire.
As-tu l’impression d’être différente des autres femmes parce que tu es célibataire ?
Pas vraiment, pour moi le célibat et le mariage sont deux choses n’ayant rien à voir l’une avec l’autre.
Dirais-tu du célibat : c’est un mal pour un bien ?
Je valide c’est-à-dire qu’en effet, être célibataire a autant ses inconvénients que ses avantages.
Comment ta famille ou tes amis  perçoivent ton célibat ?
Au début d’un très bon œil car pour eux, j’étais encore très jeune, et donc ne pas avoir de copain était à leurs yeux, une excellente manière d’être beaucoup plus concentrée sur les études. Ce n’est plus le cas maintenant car ils pensent que le mariage est lié à un moment .
Quelle est ta fidèle habitude en tant que célibataire ?
La télé. Je regarde beaucoup les documentaires et les émissions de divertissements.
Quel est ton secret pour être une heureuse célibataire ?
Vivre mes passions qui sont surtout d’ordre intellectuel.
Quelle est ta conception du bonheur ?
Pour moi, le bonheur est magique.  Il ne se définit pas, il se vit.
Si tu croisais la femme que tu étais hier dans la rue qu’est-ce que tu lui dirais ?
Je lui dirais que sa personnalité m’a beaucoup marquée et que je suis fière d’elle.
Propos recueillis par Grâce Minlibé – utilisation interdite sans autorisation de l’auteur et l’interviewée.
Publié dans Histoires, Vingt-trois

L’accusé de réception

Grâce Minlibé

Vingt-trois – Chapitre 1

«C’est pas vrai! Je vais arriver en retard!» Dis-je en replaçant le moule dans le four. Je n’ai pas encore peigné ma tignasse et ce cake salé n’est pas encore cuit! C’était pourtant marqué sur la recette qu’il ne fallait que 45 minutes de cuisson!
Je parcours la fiche, vérifie que le thermostat est bien à 6. J’ai respecté la recette à la lettre, pourquoi ça met donc autant de temps à cuire?

Un brin d’inquiétude me fait plisser le front. Je ne peux pas rater ce gâteau. Meg compte sur moi, le cake est la seule entrée qu’elle propose pour son dîner d’anniversaire et s’il n’est pas bon et bah, elle est dans la merde! J’aurais dû m’y prendre un peu à l’avance mais bon je voulais un gâteau tout chaud, moi! Il ne me reste plus qu’à augmenter le thermostat, si le gâteau cuit en moins de 20 mn je me ferai un plaisir de faire une suggestion à marmiton.

Un quart d’heure plus tard, j’ai l’impression d’avoir gagné une épreuve décisive de MasterChef quand je porte un bout de gâteau à ma bouche. L’entrée de Meg est assurée!

J’enfile un chemisier blanc, une jupe bleu marine, j’hésite entre mettre des accessoires blancs, bleu marine ou d’une autre couleur. Je fais sortir une pièce de monnaie puis je me rends compte que ça ne sera pas facile de jouer à pile ou face puisque j’ai 3 choix. Allez, Karlise, dépêche! On est samedi et le tram il n’y en a pas toutes les 2 minutes.

En attendant l’arrivée du tram en direction de François Mitterand, je me fais une rapide mise en beauté, rien de bien raffiné, juste du gloss et une légère touche de fard à paupières. Oui, je peux faire mieux mais bon à quoi ça va servir? A rien, strictement à rien. Je ne me fais jamais remarquer par les hommes qui me plaisent même quand je ressemble à une barbie alors…

Je reçois un message de Meg au moment où le tram est à l’approche. Elle espère que je suis en route et que j’ai respecté le dress code. Bien sûr que je l’ai respecté, il ne me reste plus que le sac à dos pour ressembler à une studieuse lycéenne de Mamie Faitai. Pensé-je en soupirant.

Non mais quelle idée de faire habiller ses invités de cette manière? Oui c’est vrai, elle nous invite à célébrer le 7ème anniversaire de sa rencontre avec Dan, rencontre qui s’est effectuée à la fin d’une journée de cours (elle était au Lycée Mamie Faitai de Bingerville et lui au Lycée Garçons de Bingerville) mais je n’étais pas là quand ça s’est passé et les autres invités non plus. Pourquoi nous faire subir ces tenues?
Mon Dieu, qu’est-ce que ça aurait donné s’ils s’étaient rencontrés au primaire?

Je remue la tête et elle se fige quand mon regard croise le sien. Mes mains tremblent, mes lèvres suivent le mouvement.

Il est là… Me suit-il ou est-ce moi qui suis toujours à sa recherche?
Il a ce sourire empreint de tristesse et d’impuissance qu’il avait quand il a… Oh non! Je ne veux pas me rappeler. Je ne veux pas y penser, pas aujourd’hui…

Je me précipite hors du tram dès qu’il stationne à l’arrêt Michelet-Sciences, je m’éloigne de lui encore une fois…

Devant la porte de Meg, je respire pleinement avant de faire un pas du côté gauche. C’est un petit rituel que j’ai pour prendre de la distance, laisser ma peur sur le côté.

«Vis autrement Karlise, concentre-toi sur le présent.»

Meg vient m’ouvrir après ma deuxième sonnerie. Elle est toute rayonnante, elle a la joie singulière des grands événements, ceux qu’on n’attendait pas et qui ne se présentent à nous qu’une fois.

– Joyeux anniversaire de rencontre Maguéééééééé. Dis-je en lui tendant le gâteau
– Je te rappelle que j’ai un autre prénom et un surnom très raffiné aussi.
– Mais c’est Marguerite que je préfère. Il te va si bien! Dis-je un sourire ironique flottant sur les lèvres.
– Je prends le gâteau, toi, tu peux rentrer chez toi. Fait-elle faussement vexée.
– C’est vraiment une injustice qu’une jeune femme aussi belle que toi puisse s’appeler ainsi.
– Arrête sinon tu vas vraiment rentrer chez toi.

Je lui tire la langue. Ça y est, je suis ancrée bien le présent, je ne pense plus à ce qui s’est passé dans le tram. J’entre dans son coquet studio en esquissant quelques pas de danse. Au cas où on pourrait oublier, la musique diffusée par les enceintes nous rappelle le sentiment que nous célébrons ce soir.

J’ai à peine le temps de ranger ma veste dans sa penderie qu’elle me tire vers le coin cuisine. Je sors des verres lorsqu’on sonne à la porte.

– Ça doit être Dan et ses amis. Va ouvrir s’il te plaît. Je vais sortir quand ils seront installés. Je vais faire une entrée digne d’une reine. Tous les yeux seront braqués sur moi. Allez! Fais vite!

Marguerite Elsa Gnahoré et ses scénarii!! J’accueille avec le sourire Dan, Omar, Athara (la copine d’Omar), Aaron et Samuel.

Le regard plein de désir de Dan quand Meg nous rejoint fait naître une once de jalousie en moi. Meg n’est pas un top model, elle est habillée simplement mais elle a cette touche d’élégance que donne l’assurance d’être aimée…

Ils s’embrassent chastement puis Meg reproche à Samuel de n’avoir pas respecté le «dress code», il devait s’habiller en kaki ou en marron mais pas en bleu et blanc. Un rire général retentit dans la salle quand il nous dit que dans son lycée l’uniforme était unique: bleu blanc aussi bien pour les filles que pour les garçons.

Assise entre Athara et Aaron, je ne m’ennuie absolument pas. Leur simplicité et leur sens de l’humour parviendraient à dérider la femme la plus acariâtre.

Je trouvais un peu débile de fêter son anniversaire de rencontre avec ses amis mais j’avoue que ça me fait du bien d’être là. Je fais de nouvelles rencontres et mes papilles gustatives découvrent de nouvelles saveurs. Le poisson au four de Meg est exquis!
S’il n’y avait qu’elle et Dan, je me serais servie plus de 3 fois.

– On a fini de manger, on a un peu discuté. On peut quitter le registre de chanson très romantique et avoir des chansons plus dynamiques? Lance Omar
– On arrêtera la section romantique après une série de zouk! S’exclame Aaron. Karlise, j’ai décelé dans ta gestuelle une certaine aptitude pour ce type de danse. Tu veux bien qu’on danse ensemble?

Il me le dit avec une lueur assez déstabilisante dans le regard. Merde! J’espère qu’il ne va pas en profiter pour me susurrer des mots doux à l’oreille et m’annoncer avec entrain que je l’intéresse!

J’ai bien fait de ne pas me maquiller ce soir, j’aurais gaspillé fond de teint et mascara. Pfft!! Pourquoi je n’attire jamais les jolis mecs?

Bon, Aaron n’est pas moche mais ce n’est pas mon genre. Je n’ai pas à lever la tête pour croiser son regard et il est un peu trapu. Omar est mon genre mais il est très casé, Samuel n’est pas mal mais il a l’air d’être attiré par Léa, l’amie de fac de Meg qui nous a rejoints au début de l’apéritif.

Je m’imagine dans les bras de Fally Ipupa quand je débute mon premier slow avec Aaron, ça me permet de savourer le moment.
A la fin du 2ème slow, Dan, Omar et Samuel vont au balcon pour fumer, Meg discute avec les filles et moi, je suis avec Aaron qui s’intéresse de plus en plus à ma vie.
Pitié! On est là pour un anniversaire de rencontre pas pour préparer un futur anniversaire de rencontre.

La fatigue se lit sur les visages aux environs de trois heures, il n’y a plus de tram à cette heure-ci alors Aaron est chargé de raccompagner Léa et Samuel de me raccompagner. Aaron est un peu déçu mais ce n’est pas de ma faute si je suis plus sur le chemin de Samuel que sur le sien.

Avant de partir, je remets un petit présent à Meg et le juron qu’elle me lance n’est pas très décent à décrire.
– Tu veux me faire culpabiliser, c’est ça? Dit-elle en regardant la première de couverture du livre: 10 raisons d’être chaste jusqu’au mariage
– Non, je veux juste te remettre sur le droit chemin. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.
– Tu es une vraie tarée.
– Mais tu m’aimes comme ça.

Elle me sourit avant de me prendre dans ses bras. Je lui fais un gros bisou avant de lui dire de prendre bien soin d’elle et de sa relation avec Dan.

Samuel et moi rejoignons sa voiture en silence. Un silence qui se prolonge dans l’habitacle. Nous suivons la route du tram 2 en direction du nord. Il a les yeux fixés sur la route et moi aussi. Je sursaute presque quand il me demande si je suis à l’école centrale comme Meg.

– Non, j’ai fait la fac de droit et je suis en stage de fin d’études dans un cabinet de recrutement.
– Elle est courageuse, Meg. Je n’aurais jamais pensé à faire un doctorat.
– Moi non plus.
– Et vous vous connaissez comment?

Pourquoi je souris? Parce que ça me fait plaisir qu’il engage la discussion! Je lui raconte donc que Meg était un peu comme ma grande sœur à l’internat au Lycée mamie faitai, qu’elle m’a encouragée à poursuivre mes études supérieures en France et qu’elle a été comme ma tutrice dans cette ville où je ne connaissais qu’elle.

Au fil de notre discussion, j’apprends qu’il réside à Rouen, est à Nantes et précisément à Carquefou en visite à un oncle et repart demain dans l’après-midi.

– Voilà, la demoiselle est bien arrivée.
– Merci beaucoup. Dis-je en lui adressant un sourire timide.
– De rien. Enchanté de t’avoir rencontrée.
– Pareil. Rentre bien. Dis-je en ouvrant la portière.

Il attend que je referme la porte de ma résidence avant de démarrer.

***

Deux semaines s’écoulent après le dîner. Un soir, en rentrant du stage, je découvre un avis de passage du facteur. J’ai reçu un recommandé avec avis de réception. Vu l’heure d’ouverture de la poste, je ne pourrai le retirer qu’à la pause de midi.

Le lendemain à midi et quart, je tiens une lettre dans mes mains qui a pour expéditeur un certain Sekongo Tiefigué. Je l’ouvre sans tarder et j’éclate d’un rire nerveux après lecture.

“Dans la vie, tout est signe.”
“Quand on veut une chose, tout l’Univers conspire à nous permettre de réaliser notre rêve.”
“Personne ne peut fuir son cœur. C’est pourquoi il vaut mieux écouter ce qu’il dit.”
Karlise Tié, est-ce que tu veux m’épouser?

Je regarde autour de moi histoire de repérer la caméra cachée, quelques clients entrent dans la Poste, me regardent bizarrement mais je n’en ai cure. Je cherche cette foutue caméra, c’est sûr et certain que c’est un traquenard.

Je commence à avoir mal au cou à force de promener mon regard à la recherche de cette foutue caméra. Non mais c’est qui ce débile qui ose me faire une farce pareille?