Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Mes seuls dieux de Anjana Appachana

Couverture Mes seuls dieux

Pleines d’inventions narratives, les nouvelles d’Anjana Appachana entrelacent enchantement amoureux et cruauté inconsciente, songeries amères et tendres, conflits cocasses ou tragiques. Elles nous font découvrir l’Inde du point de vue de la femme, de l’enfance vulnérable aux déboires des épousailles ; de la fillette qui s’invente une vie sentimentale en lisant Jane Eyre au moment où sa soeur aînée se marie, à celle qui porte une dévotion folle à sa mère, au point de la croire en communication directe avec le panthéon des divinités hindoues ! 

Mon avis

Le temps passe et s’envole souvent avec mes raisons de découverte d’un livre. Je ne me souviens plus de la première fois où j’ai entendu parler de Mes seuls dieux. Une chose est cependant sûre : il a atterri dans ma PAL en janvier dernier et il a été mon gage dans le challenge Des gages ta PAL sur Livraddict.

Huit nouvelles composent ce recueil qui offre un aller-simple en Inde. Des nouvelles de longueur plus ou moins égale.

Bahu

Une femme enfermée dans un mariage où les beaux-parents font la pluie et le beau temps.
J’ai beaucoup apprécié cette nouvelle qui montre l’impact de la belle-famille dans un mariage. Une belle entrée en matière. 

Mes seuls dieux 

La nouvelle qui donne son nom au recueil évoque une fille aimant sa mère passionnément. Une nouvelle bien écrite mais qui m’a laissée indifférente. 

Sharmaji

Sharma est un homme qui se plaint de sa situation professionnelle. Il a 25 ans d’expérience professionnelle et est toujours considéré comme un simple employé. Pour montrer son mécontentement, Sharma passe plus de temps à la cafétéria qu’à son bureau. Une nouvelle qui apporte une touche d’humour au recueil. 

La prophétie

Deux jeunes femmes vont consulter un astrologue avant d’aller consulter un gynécologue. Cette nouvelle évoque les mariages arrangés, les dessins avortés. 

Le fantôme 

Plusieurs thèmes sont traités à savoir l’esprit communautaire comme ce sahib qui ne loue sa barsati qu’aux madratis, les mariages arrangés, l’éducation des enfants, une tâche plus assignée à la mère qu’au père, l’homme qui gagne moins que sa promise, l’Inde dans l’imaginaire des britanniques…

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Sharmaji & les sucreries de diwali 

On retrouve Sharma de la 3e nouvelle qui passe ses journées à contempler, boire du thé à la cantine plutôt qu’à travailler. Il a enfin obtenu une promotion. Sharma est sous-chef de bureau mais il se plaint encore. 

Incantations

Une jeune fille croyant au romantisme va déchanter quand sa sœur aînée va subir un viol.

Sa mère

Une jeune indienne part continuer ses études en Amérique et le monde s’effondre pour sa mère. Elle a peur que sa fille délaisse les coutumes indiennes au profit des mœurs américaines 

Anjana Appachana décrit l’Inde moderne.

Pas de portrait de la pauvreté mais ceux de femmes. La place de la femme dans la société, les mariages arrangés, la gestion de la belle-famille, l’indépendance, les tabous notamment le viol sont les thèmes de ces nouvelles. Dans chaque nouvelle, j’ai apprécié la présence de femmes fortes qui refusent qu’on leur dicte comment mener leur vie. J’ai apprécié la plume de l’auteure.

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Publié dans Arrêt sur une oeuvre

De haute lutte – Ambai – littérature 91

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« Ce n’était pas à une forêt ordinaire que Chentiru pensait, mais plutôt à la forêt des poèmes classiques tamouls, au cœur de laquelle une eau pure comme le lait se jette en cascade entre des parois rocheuses où s’accrochent des ruches sauvages. Elle voulait séjourner dans une forêt. Une forêt pour laisser derrière elle les bruits de voitures, de conversations, de pas, d’appareils ménagers. »

C’est ainsi qu’on entre, par la puissance du verbe et de l’image, dans l’univers si singulier d’Ambai. Qui nous mêle sans crier gare à la destinée de femmes on ne peut plus habitées – écrivain, musicienne, éditrice, ou femme au foyer par accident –, bousculant soudain, à la faveur d’un geste, d’un départ, d’un renoncement, leur monde tel qu’il est.

Avec son écriture limpide soudain balayée par un trait percutant, Ambai donne au short cut toute l’ampleur du temps romanesque.

l'Afrique écrit

Premier auteur indien que je lis. Je vous ai déjà dit que l’Inde n’est pas un pays que j’affectionne particulièrement à cause de ses castes. 

Ce recueil me donne-t-il une raison supplémentaire pour ne pas l’aimer ?

Non. Ambai met en lumière les merveilles de l’Inde. Elle m’a fait découvrir la poésie indienne, la musique carnatique. J’ai découvert un pan de la mythologie indienne à travers la dernière nouvelle du recueil intitulée la forêt. Une nouvelle que je n’ai d’ailleurs pas complètement saisie. Il m’a été difficile de trouver la frontière entre le réel et l’imaginaire.

Ambai n’oublie pas d’évoquer le laid. Elle nous fait découvrir la valeur accordée aux femmes dans ce pays. Elles sont offertes aux hommes. Qui sont-elles pour qu’on daigne leur demander leurs avis ?

Elles ne doivent pas accorder trop d’importance à l’éducation. On leur demande de n’exister qu’à travers leur homme, de ne pas rompre le cordon ombilical. C’est l’homme qui fait la femme. En dehors de lui, elle est fragile.

 

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Il y a des hommes qui ne sont pas prêts à partager des responsabilités au sommet de l’entreprise avec des femmes.

Des hommes ont peur du succès de leurs femmes à l’instar de Shanmugan dans la nouvelle De haute lutte. Il ressent un sentiment d’infériorité face à l’éclatant talent de sa femme. En bon époux hindou, il la cantonne peu à peu à la maison et l’éloigne de la scène… 

Il y a des hommes qui veulent que les femmes restent à la cuisine

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La nouvelle qui m’a le plus touchée est celle de Châyâ, prisonnière de sa vie d’épouse. Il y a des hommes qui tuent les rêves de leurs femmes, les empêchent de se mouvoir. Il ne leur vient pas à l’esprit de se demander ce qui pourrait rendre leurs femmes heureuses.

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Ambai a une écriture très poétique et les traducteurs l’ont fidèlement retranscrit.

 

fleur v1

Publié dans Panaché

Mix and Match : clin d’œil aux femmes fortes

Le Mix and Match revient ! Le principe reste le même : deux livres, deux personnages, une rencontre. 

J’ai choisi comme thème le féminisme et deux livres me sont venus à l’esprit: La tresse et Cueilleuse de thé.

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Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.

Shemlaheila est cueilleuse de thé dans une plantation. Depuis dix ans déjà, elle ploie sous les lourds sacs de feuilles de thé et sous le joug des contremaîtres, mais, à l’aube de ses vingt ans, la jeune femme a d’autres rêves. Elle est bien décidée à partir, à échapper à la condition de celles qui, dans les théiers et dans les maisons, sont au service des hommes. Elle ne sera pas cueilleuse de thé toute sa vie, comme sa mère, comme toutes ces femmes asservies qui n’ont d’autres horizons que les interminables rangées de théiers.

J’ai admiré la force, le courage, la révolte intérieure, le non à la fatalité de ces deux femmes. Vu les nombreux points qu’elles ont en commun, il fallait absolument qu’elles se rencontrent. C’est chose faite grâce à mon imagination 😀

Elles se rencontrent donc à Delhi lors d’une manifestation contre les agressions sexuelles que subissent les femmes. Elles découvrent qu’elles ont un but commun : le désir de changer les conditions des femmes et des enfants dans ce pays. Unissant leurs forces, les deux S vont bouleverser l’ordre patriarcal de la société indienne, lutter contre le sexisme, l’analphabétisme des femmes, le mariage précoce des enfants, le gynécide. 

Déterminées à donner plus de droits aux femmes et enfants indiens, elles feront le maximum pour changer les mentalités même au péril de leur vie.  

 

Et vous, quels personnages issus de livres différents allez-vous unir sur ce thème ?

 


Parlons en

Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs grandes villes indiennes dimanche 15 avril pour protester une nouvelle fois contre les violences faites aux femmes. Cela fait suite à deux horribles affaires d’agressions sexuelles sur mineures. L’un des cas a particulièrement outré l’opinion publique – il s’est déroulé au Cachemire, et la fille, âgée de 8 ans, a ensuite été tuée, car elle était musulmane. (Source RFI)

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Quatorze personnes ont été arrêtées après le viol dans l’est de l’Inde d’une adolescente qui a ensuite été brûlée vive, a annoncé ce samedi une source policière consultée par l’Agence France-Presse (AFP), dernière affaire en date dans une série d’agressions sexuelles contre les femmes dans le pays. La jeune fille, âgée de 16 ans, a été enlevée de chez elle le 3 Mai alors que sa famille assistait à un mariage, avant d’être violée dans une forêt de l’Etat de Jharkhand, a précisé la police locale.

La famille s’est alors plainte auprès du conseil des anciens du village qui a ordonné vendredi à deux accusés d’effectuer cent abdominaux et de verser une amende de 50.000 roupies (750 dollars). Furieux devant cette sentence, les accusés ont roué de coups les parents de la jeune fille. Ils se sont précipités vers la demeure (de la victime) et l’ont brûlée vive avec l’aide de complices. (source BFMTV)

OMG ! Cent abdominaux,  c’est une punition, ça ?! 

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La police locale a annoncé qu’une seconde jeune fille avait été violée et brûlée le même jour. La jeune fille, qui «souffre de brûlures au premier degré sur 70% du corps», lutte actuellement pour survivre a déclaré un responsable policier du Jharkhand à l’AFP. Après le viol de la jeune fille de 17 ans, les forces de l’ordre ont procédé à l’interpellation d’un jeune homme de 19 ans, vivant dans le même quartier. «Il a versé du kérosène sur la fille et l’a brûlée»

 

J’espère que les femmes vont refuser de se taire et qu’il y aura des hommes féministes dans ce pays qui vont soutenir leur lutte. Au 21e siècle, c’est inadmissible de mépriser autant la vie des femmes.

 

 

fleur v1

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

La cueilleuse de thé, portrait d’une femme forte

Couverture Cueilleuse de thé

Au Sri Lanka, l’ancien Ceylan, Shemlaheila est cueilleuse de thé dans une plantation. Depuis dix ans déjà, elle ploie sous les lourds sacs de feuilles de thé et sous le joug des contremaîtres, mais, à l’aube de ses vingt ans, la jeune femme a d’autres rêves. Elle est bien décidée à partir, à échapper à la condition de celles qui, dans les théiers et dans les maisons, sont au service des hommes. Elle ne sera pas cueilleuse de thé toute sa vie, comme sa mère, comme toutes ces femmes asservies qui n’ont d’autres horizons que les interminables rangées de théiers…

Du Sri Lanka à Londres, à la découverte d’un pays complètement différent du sien, Shemla va découvrir une autre culture, d’autres personnes et surtout d’autres envies. La cueilleuse de thé qu’elle a toujours été choisira-t-elle de revenir au pays, ou de se créer une nouvelle vie ?

l'Afrique écrit

J’ai éprouvé beaucoup de peine pour Pokonaruya, cueilleuse de thé, victime d’un mariage arrangé. Elle est brimée par sa belle-mère et son époux de pacotille Datu-Guemi, un homme détestable au plus haut point. J’ai adoré la punition qu’a réservé Shemlaheila à ce dernier. Cet homme méritait le pire, il a humilié tant de femmes !

J’ai admiré la force de Shemlaheila, son NON catégorique face à la fatalité. Elle sait qu’elle a le pouvoir de changer son destin, celui qu’on colle par facilité aux femmes. Elle veut vivre sa vie, ses rêves et elle s’en donne les moyens même quand le parcours est difficile.

C’est une femme attachée à ses racines, forte, courageuse, une féministe comme on les appelle aujourd’hui. Elle est déterminée et non bornée. Elle réajuste ses ambitions quand il le faut. 

Avec elle, j’ai revu mon aventure d’immigrée, le bonheur des rencontres, la richesse d’une culture différente de la mienne. 

Plus tard, viendraient l’exaltation du retour, la joie de son enrichissement, la gratitude pour ce qu’elle était devenue. Elle n’avait pas seulement appris la langue, elle n’avait pas seulement engrangé des connaissances, elle avait appris la liberté d’être femme.

Son histoire d’amour n’était pas évidente. L’auteure m’a mise sur une fausse piste, a réussi à créer la surprise. Eh oui, une histoire d’amour peut en cacher une autre.

Par contre, je suis restée sur ma faim. Il y a quelques instants d’amour mais ils sont brefs. J’aurais voulu en savoir plus sur l’histoire d’amour de Shelma et D.

J’ai moins aimé la fin, je l’ai trouvé très précipitée.

Le livre est plutôt axé sur la quête d’indépendance de Shelma que sur l’amour. Ce n’est pas de la romance mais ça ne veut pas dire que ce n’est pas du romantisme. 

Cueilleuse de thé est très complet en terme de romantisme. Il en respecte les thèmes et principes à savoir la mélancolie, la nostalgie, le moi en souffrance, la nature, le désir de fuite, le voyage, le rêve et la spiritualité.

 

CONCLUSION : Ce livre nous rappelle les conditions des femmes dans le monde qui doivent être améliorées. Les femmes doivent pouvoir jouir de leurs droits, les hommes doivent arrêter de croire que le corps des femmes leur appartient, les jeunes filles doivent étudier et non se marier si tôt.

Ce roman est à lire et à faire lire à toutes les femmes qui luttent pour que d’autres femmes soient libres et heureuses. 

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