Célyne est une française de 32 ans, célibataire depuis mai 2014. Curieuse, franche et ambitieuse, elle nous confie sa vision du célibat.

A quoi pourrais-tu associer le célibat ?
Une solitude positive.
Nouvelle réforme de l’orthographe : le mot célibat est banni. Par quoi le remplacerais-tu ?
Indépendante ou Autonome.
Te retrouver seule, c’est…
Une bulle d’oxygène, pas une finalité.
Comment gères-tu tes complexes ?
Hum, je ne sais pas si on peut appeler cela des complexes, mais bon, parlons-en … Physiquement, je n’en ai pas. Je n’ai jamais eu de complexes concernant mon physique. Sur ce point, je dois être une des femmes hors norme à ne pas avoir de problème avec son physique …
Mentalement, c’est ma timidité : jusqu’à ce qu’il y a peu de temps, c’était le fait d’aborder un homme qui me plaît, qui était impossible pour moi. Dire à un homme qui m’intéresse mentalement et physiquement que je voudrais quelque chose de sérieux avec lui est impossible.
Quel est le sentiment qui t’a animée les premiers jours après t’être retrouvé célibataire ?
Il n’y en a pas eu un, mais trois.
Une déchirure inexplicable. Je n’arrive toujours pas à l’expliquer même après trois ans de séparation … De toute ma vie, il n’y a eu que deux hommes avec qui je n’avais ce sentiment de bien-être, de liberté, d’être moi à 100%, de ne pas avoir à anticiper mes propos, mes gestes et habitudes.
Il y a eu également ce vide … là aussi c’était inexplicable, car je ne comprenais pas moi-même ce qui s’était passé … ma moitié m’avait abandonnée, trahie, menti. J’ai eu l’impression d’être seule au monde.
Enfin, il y a eu ce sentiment de culpabilité : si j’avais fait, si j’avais dit, des si qui n’en finissaient pas. Ce n’était jamais de sa faute mais de la mienne. J’avais oublié que le couple était composé de deux personnes pour répondre de son succès ou échec.
Ces sentiments t’habitent-ils aujourd’hui ?
Un seul : la culpabilité sur certains points. Entre-temps j’ai analysé la situation. J’ai compris certaines choses et surtout déculpabiliser. On est deux dans une histoire d’amour alors les deux ont leur part de responsabilité dans le succès ou l’échec de cette relation. Du coup, certains sentiments de culpabilité sont partis et d’autres sont restés, car je sais que c’est en partie de ma faute si on en est arrivé là.
Aujourd’hui, je regrette encore fortement certaines de ces erreurs et me suis promis de tout faire pour ne pas les recommencer à l’avenir si un nouvel Amour se présente.
Te sens-tu différente des autres femmes parce que tu es célibataire ?
Cela dépend des personnes avec qui je suis. Avec certaines, j’ai l’impression parfois d’appartenir à une « espèce bizarre ». Celles-ci pensent que c’est un choix de ma part d’être célibataire depuis longtemps.
Du coup, j’ai droit à toutes sortes de questions. Mais avec elles, les questions tournent rarement au sujet des sentiments. Elles me questionnent plus généralement sur ma sexualité que sur mes sentiments. Je trouve cela étrange d’ailleurs. Comme si être célibataire signifiait être accro au sexe, être une personne qui « enchaîne » non-stop les histoires sans lendemain sans aucun sentiment.
Selon mon humeur, je réponds en jouant le jeu … ou pas …
Avec d’autres femmes, je suis considérée comme une personne « normale » qui n’a tout simplement pas encore trouvé son âme-sœur. Discuter avec elle, devient alors facile, (même lorsque je suis de mauvais poil) et me rassure également parfois. Eh oui, en tant que célibataire, j’ai également parfois besoin d’être rassurée. D’ailleurs, quel que soit le statut, nous en avons besoin, car rien n’est jamais acquis …
De mon point de vue personnel, je ne me sens pas différente des autres femmes, car j’ai également des sautes d’humeur, je crie, je pleure, je rigole, je taquine, mes hormones m’en font également voir de toutes les couleurs, … donc non pour moi je suis comme toutes les femmes ! Seul mon statut est différent.
Quelle est ta fierté en tant que femme ?
Il y en a deux : mon indépendance et le fait d’être actrice de ma vie. Ma mère m’a appris très tôt à devenir indépendante ! En tant que mère célibataire, travaillant le soir, elle n’a pas eu le choix et cela m’a énormément servi !
Enfin, depuis que j’ai réalisé un bilan de compétences, tout est clair. Il y a eu comme un déclic, une évidence. C’était comme si j’étais en hibernation et que je n’arrivais pas à me réveiller. Grâce à ce bilan de Compétences, j’ai réussi à sortir de ce long sommeil pour prendre les choses en main. Ce réveil m’a pris 6 ans, mais depuis je ne rêve plus : je vis mes rêves. Pas tous, certes, mais je me donne tous les moyens pour les vivre et ça me fait un bien fou.
Comment tes proches perçoivent ton célibat ?
La majorité d’entre eux n’est pas choquée. Pour eux, l’important c’est que je sois heureuse, avec ou sans conjoint !
Il y a bien évidemment une ou deux personnes qui ne comprennent pas, mais elles n’arrivent pas à m’atteindre, car j’ai un point de vue bien arrêté sur le sujet. Être en couple ou avoir un enfant n’est pas une finalité en soi. Selon eux, je dois impérativement avoir un enfant à 35 ans. Je réponds généralement qu’en 2017, on peut avoir des enfants jusqu’à 42 ans. Il faut simplement se renseigner sur le sujet. Et faire un enfant, parce que la société essaye de nous l’imposer n’a pas de sens selon moi. Je leur explique également que pour l’important est que je sois heureuse et bien dans mes baskets. Le reste suivra naturellement et ça j’en reste persuadée.
J’ai également l’exemple de ma mère : une femme autonome, indépendante et très heureuse !
Qu’apprends-tu pendant cette période de célibat ?
Que j’étais capable de monter des meubles IKEA en solo, que j’étais également capable de faire de la peinture by myself et que j’étais également une bonne cuisinière ☺
Sérieusement (mais le début était également sérieux), je dirais que je suis devenue plus sûre de moi. Je sais ce que je veux, mais également ce que je ne veux pas. Je suis devenue plus ambitieuse et plus investie dans mes actions qui étaient inachevées et imprécises.
En y réfléchissant bien, j’ai le sentiment d’être une version améliorée de moi et qui s’améliore de jour en jour !
Quel est ton secret pour être une célibataire heureuse ?
Avoir accepté la réalité du statut de célibataire : ce n’est pas la fin de notre vie. Au contraire, c’est un moment privilégié avec moi-même que j’ai pris plaisir à analyser et à comprendre. Je suis convaincue que si à 80 ans (si Dieu veut bien que j’aille jusque-là) je suis toujours célibataire, je ne serai pas pour autant malheureuse, mais accomplie dans ce qui était prévu pour moi.
Que dirais-tu aux femmes qui vivent mal leur célibat ?
Ce n’est pas une fin en soi (je me répète, mais c’est ce que je pense), c’est une étape de la vie, de SA vie. Un peu comme le mariage, la naissance d’un enfant, le décès d’un proche, …
Qu’il faut qu’elle profite de cette période pour apprendre à mieux se connaître afin d’y voir plus clair pour la prochaine étape.
Si tu croisais la femme que tu étais hier dans la rue que lui dirais-tu ?
Pourquoi as-tu mis tant de temps à te réveiller ?
Une question que tu aurais envie que je te pose ?
Selon toi, quel sera ton prochain statut dans un futur plus ou moins proche ?
Et tu répondrais…
Maintenant que je me connais mieux, je suis prête pour n’importe quel statut (sauf la polygamie, non, non, non) : mère célibataire, en couple avec au moins deux enfants, célibataire accomplie et heureuse 🙂
Propos recueillis par Grâce Minlibé. Copie interdite sans autorisation de l’auteure et l’interviewee.
