
Après Nouvelles de Nouvelle-Calédonie, Nouvelles du Mexique et Nouvelles du Soudan, cap sur Madagascar !

Ce recueil, avec des nouvelles inédites d’auteurs vivant à Madagascar ou en Europe, tous hantés par leur île, ses sortilèges, son histoire ancienne et tous soucieux de son devenir, est une photographie de l’île aujourd’hui. La pauvreté, celle des campagnes et celle des villes, l’exode, le tourisme et ses terribles conséquences, la corruption, l’instabilité politique, mais aussi le passé prestigieux, Antananarivo la grouillante « Ville des Mille » : tels sont les sujets de ces textes qui permettent d’aborder la réalité malgache. Rahamirana, Jean-pierre Haga, Alexandra Malala, Johary Ravaloson, Esther Randriamamonjy et Magali Nirina Marson sont les plumes de ce recueil. Six auteurs, six histoires, un pays : Madagascar. Madagascar et ses zébus, ses épices, sa vanille.

Dans la nouvelle Ambilobe, le narrateur nous raconte son périple à Ambilobe. La ville est à deux heures de Diego Suarez où il a un entretien avec le directeur de l’Alliance française. Il va emprunter un taxi-brousse et faire face à des péripéties dignes de canulars. J’ai beaucoup apprécié la note comique de cette nouvelle.
La nouvelle Destins raconte l’histoire d’un ivrogne, héros à ses dépens.
Dans le rebelle, un jeune homme décide d’emprunter une voie professionnelle autre que celle tracée par ses parents.
Le charretier et la Mercedes est le récit de deux hommes dont l’un pense qu’il n’aura jamais besoin de l’autre. Une courte nouvelle de 8 pages qui rappelle avec humour l’importance de l’humilité.
La nouvelle de Johary Ravaloson est un ensemble de chroniques, plusieurs récits évoquant les fausses promesses des politiciens, la corruption, l’adultère, un couple au bord du divorce…
La nouvelle que j’ai énormément appréciée est celle de Magali Nirina Marson. « Je me déserte » est le titre de la nouvelle. Elle évoque la vie d’Aïna, jeune métisse franco-malgache, découvrant la misère à 11 ans, troquant son corps contre l’argent. Aïna a subi un viol et le symbole qu’elle utilise pour décrire cet acte sexuel sous la contrainte est percutant
Je me souviens encore des allers et retours de la scie dedans, encore ; puis d’un grognement d’animal ; et lourd, le poids sur moi. Il y a eu… brûlure liquide dedans. Je vais mourir, je me suis dit. J’ai cru un moment que c’était fini, mais chacun des hommes avait sa scie à lui… La douleur qui vrille, le ventre qui explose… La scie dedans qui recommence, encore… page 138.
Cette nouvelle évoque également le SIDA, conséquence de rapports non protégés.
Nouvelles de Madagascar, dans son ensemble, offre une lecture sympathique même si les nouvelles sont inégales en terme de profondeur et émotion.
Il me tarde maintenant de découvrir les autres livres de la collection Miniatures.
