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TTL 96 : J’écris de profil – Placide Konan

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: E comme…

Ecrire. Ca tombe bien, je connais un poète ivoirien qui écrit de profil.

Couverture J'écris de profil

Alors, tour à tour, sont convoqués dans un cri-oxymore Césaire et Soyinka, Négritude et Tigritude, Oralité et Ecriture pour dire une nouvelle histoire, une scripto-oralité, dans laquelle l’écrit, l’oral et la négrité s’embrassent en ECRITUDE:
J’écris au secours
En jetant cette canne à vers
Avec l’espoir
De repêcher une lettre
Au moins
De notre histoire
La vraie
De notre alphabet
De notre alphabet nègre
Qui compte quatre lettres
N-O-I-R
(…) Ces mots, ces vers, ces paroles sont tirés de J’écris de profil, le livre-poème de Placide Konan, l’eau dormante qui sait devenir un volcan impétueux.

Le poète évoque en 81 pages l’aventure ambiguë, l’étrange destin de l’homme Noir qui se décline en douloureuses séquences: le drame des étudiants noirs, les souffrances de la jeunesse noire, les misères du monde noir, et cet incroyable sentiment d’échec du monde noir.

Au bord des routes

Rouge sables

Nos pères

Semblent être morts

Nègres

Pour rien

Ou peut-être

Pour quelques Euros

On ressent dans ce poème-fleuve, le bouillonnement intérieur du poète.

Mais je sais qu’un jour Dieu me dira

Pourquoi je suis noir

Pourquoi

J’ai tout le soleil de la terre

Et que Mon soleil est une étoile

Qui tarde à briller

Dans l’Ombre blanc ciel

Fumant ma vie

J’écris de profil a été une intéressante découverte mais pas mémorable.

Quel livre auriez-vous proposé pour ce thème ?

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TTL 87 : La reine des souris de Camilla Grudova

 Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: Printemps

Je mets en avant un livre avec une couverture qui contient du vert, couleur que j’associe au printemps

Couverture La reine des souris

Il fit bouillir notre certificat de mariage dans la bouilloire en disant qu’il ne travaillerait pas dans un cimetière le restant de sa vie uniquement pour nourrir les enfants de Mars et, finalement, il partit pendant que j’étais descendue faire des courses, lui acheter de la salade et du café.

Dans un modeste appartement poussiéreux rempli de livres et de babioles vit un couple de latinistes légèrement hors du temps. Quand la femme tombe enceinte de jumeaux, le mari l’abandonne et elle doit élever seule ses deux enfants, dans le plus grand dénuement. Rien que de très banal.
Mais ajoutez à cela un mélange de vos cauchemars les plus sombres. Un croque-mort, le cadavre d’une femme naine aux airs de leprechaun, un orgue hanté, des enfants-monstres, une narratrice-louve assoiffée de sang, dévoreuse de pigeons, de rats et de bébés. Les épouvantails disposés à chaque tournant de cette nouvelle ont de quoi donner le frisson. Ce qui frappe encore davantage, c’est le naturel déconcertant avec lequel Camilla Grudova les brandit, à la manière dont on raconterait les épisodes d’un rêve dès le réveil. Un récit, en fin de compte, d’une implacable simplicité : celui d’une femme aliénée par le couple, le travail et la maternité, de celle qui enfant se rêvait Reine des souris et qui, mariée à un «homme idéal» sentant les fleurs pourries et la pierre froide, est devenue mère, autant dire bête féroce aux désirs infanticides, loup-garou qui trouvera son salut, comme de juste, dans l’écriture.
On ressort avec un rire nerveux de ce court texte qui transforme le réel en fantastique, l’horrible en drôle, et vice-versa.

Deux jeunes étudiants en latin qui se marient. Le versant féminin du couple est d’origine modeste, le versant masculin est issu d’une famille aisée. Le couple vit dans son cocon. Ils ont des projets de vie notamment celui de partir à Rome. Mais dans nos vies, il y a toujours une part d’imprévisible. Une grossesse s’annonce et chamboule tout…

Le versant masculin du couple est de plus en plus étrange, méconnaissable et son départ m’a fait penser à des vers d’Esther Granek

Toi c’est distant…
Toi c’est changeant…
Toi c’est rêvant et esquivant…

Toi c’est pensant…
Toi c’est taisant…
Toi c’est tristesse qui me prend…

Toi c’est fini.
Fini ? Pourquoi ?
Toi c’est le vide dans mes bras…
Toi c’est mon soleil qui s’en va…
Et moi, je reste, pleurant tout bas.

L’homme s’en va, la femme reste. L’homme fuit, la femme assume. Elle élève ses enfants tant bien que mal toute seule avec l’aide de sa mère. A-t-elle trouvé un équilibre après la douloureuse séparation ? On est tenté de dire oui mais des événements invraisemblables se produisent au point où il devient difficile d’établir une frontière nette entre le réel et le fantastique.

La reine des souris est un texte avec de l’humour…

Aucun de nous deux n’avaient de jumeaux dans la famille. C’était le latin qui avait fait ça, décréta Peter, des cygnes ou des dieux barbus me rendaient-ils visite dans mes rêves ? Il se comporta comme si je l’avais trahi de manière mythologique.

Un humour noir, glaçant…

C’est un texte agréable à lire mais très étrange, je ne suis pas sûre d’en avoir saisi toute la quintessence.

Et vous, qu’auriez-vous proposé pour ce thème ?

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TTL 86 : La venus d’Ille de Prosper Mérimée

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: M comme…

Mérimée

 » … C’était bien une Vénus, et d’une merveilleuse beauté. Elle avait le haut du corps nu, comme les anciens représentaient d’ordinaire les grandes divinités. Rien de plus suave, de plus voluptueux que ses contours ; rien de plus élégant et de plus noble que sa draperie. Quant à la figure, jamais je ne parviendrai à exprimer son caractère étrange, et dont le type ne se rapprochait de celui d’aucune statue antique dont il me souvienne. Tous les traits étaient contractés légèrement : les yeux un peu obliques, la bouche relevée des coins, les narines quelque peu gonflées. Dédain, ironie, cruauté, se lisaient sur son visage. En vérité, plus on regardait cette admirable statue, et plus on éprouvait le sentiment pénible qu’une si merveilleuse beauté pût s’allier à l’absence de toute sensibilité. – Si le modèle a jamais existé, dis-je à M. de Peyrehorade, que je plains ses amants ! Elle a dû se complaire à les faire mourir de désespoir. Il y a dans son expression quelque chose de féroce, et pourtant je n’ai jamais vu rien de si beau « …

Prosper Mérimée… Un auteur conseillé par Frédéric Grah Mel, biographe ivoirien, lors d’une rencontre littéraire. Frédéric Grah Mel a dit qu’il était l’un des meilleurs en termes de nouvelle, ce qui a aiguisé ma curiosité. J’ai donc commencé par la Vénus d’Ille.

L’histoire se déroule à Ille, une petite ville du Roussillon. Le narrateur, un archéologue, s’y rend car il a rendez-vous avec M. de Peyrehorade, un antiquaire qui doit lui montrer des ruines antiques se trouvant dans la région. En chemin, on lui apprend que M. de Peyrehorade a découvert récemment, sur ses terres, une statue de Vénus en bronze qui date probablement de l’époque romaine. Cette étonnante statue, d’une étrange beauté, hante les imaginations, déchaîne les passions, alors que se préparent les noces du jeune Alphonse et de Mlle de Puygarrig. Est-elle une bienveillante représentation de la déesse de l’Amour, comme l’affirment les archéologues ? Est-elle maléfique, comme le prétendent les habitants du village ?

La réponse ou plutôt multiples interprétations se dessinent sous les yeux du lecteur quand des incidents plutôt étranges se produisent.

L’écriture est fluide, simple et efficace. L’intrigue se met en place lentement. Les cultures de l’époque même si décrites de façon succincte sont bien mises en avant.

La nouvelle fut agréable à lire mais je me suis restée sur ma faim. J’aurais aimé que le côté fantastique qui apporte justement du suspens et de l’attrait à l’histoire soit plus développé.

Et vous, qu’auriez-vous proposé pour ce thème ?

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TTL 85 : La preuve par le miel de Salwa Al Neimi

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: Un livre que tout le monde a aimé mais que tu as détesté !

Mes lectures sont pour la plupart des livres qui rassemblent moins de 30 lecteurs (sur Livraddict). Le livre que je vais vous présenter n’a donc pas été lu par un grand monde mais a majoritairement des notes excellentes sur Livraddict.

C’est d’ailleurs pour cela que j’ai eu envie de le découvrir.

Une intellectuelle syrienne se passionne en secret, du moins le croit-elle, pour l’étude des traités érotiques arabes anciens. Jusqu’au jour où elle est très officiellement invitée à participer à un colloque sur le sujet. C’est l’occasion pour elle d’évoquer sa vie passée, sa liberté, ses plaisirs et ses désirs, en une rêverie superbe où s’entremêlent les souvenirs nostalgiques d’un amant mystérieux et les citations des chefs-d’œuvre de la littérature sensuelle arabe. C’est également un prétexte pour s’amuser, au fil des histoires qu’elle a recueillies et glissées dans son récit à la manière des Mille et Une Nuits, de la place qu’accordent au sexe les sociétés arabes actuelles.

Ce livre a été une déception. J’en attendais beaucoup plus de ce roman ou essai vu le résumé alléchant. Quand je lis dans le résumé à la manière des Mille et Une Nuits, je m’attends à un récit captivant, un voyage des sens. Hélas, je ne les ai pas rencontrés dans ce livre.

Je pensais découvrir un peu plus la littérature érotique arabe d’hier à aujourd’hui. Je sors de cette lecture avec quelques citations tirées de cette littérature.

La narratrice évoque son expérience personnelle: ses réflexions, ses souvenirs avec son amant qu’elle dénomme le penseur mais cette expérience n’est ni sucrée, ni épicée. Rien d’explosif, d’incandescent.

Je n’ai ni ressenti, ni appris grand chose en lisant ce récit. Il ne fait évidemment pas partie de mes recommandations de lecture.

Et vous, qu’auriez-vous proposé pour ce thème ?

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TTL 84 : En couple avec moi-même de Marcela Iacub

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: Saint-Valentin

Au-delà de la fête des amoureux, la Saint-Valentin c’est la fête de l’amour, n’est-ce pas ? Amour avec grand A, amour de l’autre, amour de soi ?

Je vous présente un livre qui évoque l’amour de soi : En couple avec moi-même de Marcela Iacub.

Couverture En couple avec moi-même

Après son divorce, une quadragénaire s’apprête à chercher un nouveau conjoint. Elle ignore qu’elle ne vaut plus rien ou presque sur le « marché matrimonial », ainsi que les difficultés relationnelles en tout genre qui l’attendent. Or, loin de se résigner, l’héroïne de ce récit trouve une solution révolutionnaire : se mettre en couple avec elle-même. Elle ne se contente pas de trouver le bonheur de cette curieuse manière ; désormais, elle est persuadée qu’à l’avenir, chacun comprendra que cette recette est la seule viable pour l’humanité toute entière.

Je porte un intérêt particulier au célibat, ce qui m’a d’ailleurs poussé à créer ce blog et une section pour les célibataires. Cet attrait pour le sujet m’a donné l’envie de découvrir En couple avec moi-même, un livre situé entre l’essai et l’autobiographie. J’ai eu envie de découvrir la vision du célibat de l’auteure.

L’auteure est une quadragénaire divorcée qui désire se remettre sur le marché matrimonial. Hélas, rien ne se passe comme elle le désire.

Dès le début de ma nouvelle vie, j’ai compris qu’un obscur tribunal de l’amour m’avait condamnée à vouloir ceux qui ne voulaient pas de moi, et à fuir comme la peste ceux qui me voulaient.

Elle évoque le difficile chemin de sa solitude et les moyens usés pour s’en séparer notamment en remplaçant le manque d’amour par l’amitié. Hélas, ses amis ont une vie familiale bien remplie et ne sont pas toujours disponibles.

J’ai compris sans doute trop tard qu’une fois la première jeunesse terminée, l’ensemble de nos liens de sociabilité dépend de notre situation conjugale. Comme si la société complotait pour que tout un chacun se range dans un couple.

Se sentant isolée comme Robinson Crusoé, elle décide au bout de quelques mois de se mettre en couple avec elle-même.

Cette union tardive est le plus beau cadeau que j’aie reçu de la vie

L’auteure se parle à elle-même. Elle s’encourage, s’envoie des mots d’amour. Elle se prépare des petits plats pour se surprendre. Elle profite comme une fanatique de ce que l’humanité fait de mieux.

J’ai apprécié cette mise en avant de l’estime, de l’amour de soi…

L’amour que tout être humain ressent envers lui-même ne devrait jamais être conditionné à quoi que ce soit. Autrement, il n’est pas véritable. Ce n’est pas de l’amour mais de l’esclavage. Les maîtres changent de nom et de visage à chaque fois que l’on retrouve un nouveau partenaire.

Nous n’attendons rien des autres rien de vraiment important. Cela ne veut pas dire que nous n’en attendons rien. Mais ce qui est fondamental, ce qui nous tient vivants, ce qui nous octroie la joie de vivre trouve sa source de nos noces avec nous-mêmes.

Le bonheur collectif passe aujourd’hui par l’amour vrai et fou envers soi-même.

Je trouve qu’il est important de s’aimer avant d’aimer l’autre mais j’ai trouvé certaines idées de l’auteure sur le couple très radicales. Selon elle, le couple contemporain permet de trouver un biais pour s’aimer à travers l’autre, grâce à l’autre. Les gens s’aiment par l’intermédiaire d’une autre personne. Cela peut être vrai pour certaines personnes mais de là à l’ériger en vérité universelle…

A lire ses propos, j’ai eu l’impression qu’elle était persuadée de la disparition du couple dans un avenir proche. On peut choisir de ne pas être en couple mais dénigrer l’essence du couple et la relation à deux, là, j’adhère moins.

J’ai parcouru la toile pour en savoir plus sur l’auteure et apparemment les thématiques de ses livres sont assez étranges. L’avez-vous déjà lue ?

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TTL 83: le verger des âmes perdues de Nadifa Mohamed

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est : F comme…

Filsan

…. Femme

Couverture Le verger des âmes perdues

Nous sommes en 1987, à Hargeisa, 2e ville de Somalie. Les vents secs transportent des rumeurs de révolution, mais la dictature n’en reste pas moins ferme sur ses bases. Bientôt, à travers les yeux de trois femmes, nous allons assister à la chute de la Somalie. Deqo, neuf ans, a quitté le vaste camp de réfugiés où elle est née, attirée en ville par la promesse de recevoir sa première paire de chaussures. Kawsar, veuve solitaire prisonnière de sa petite maison volée au désert, est obligée de garder le lit, après avoir été passée à tabac au commissariat local. Filsan, jeune soldate, a quitté Mogadiscio pour réprimer la rébellion qui gronde dans le Nord. Et tandis que fait rage la guerre civile qui va mettre le monde en état de choc, les destins de ces trois femmes s’entremêlent de façon irrévocable.

Je veux pouvoir lire au moins un auteur par pays africain. Le Somali a été coché sur ma carte grâce à ce roman de plus de 300 pages.

Deqo, Kawsar et Filsan, trois générations de femmes, trois destins.

Deqo a 9 ans, Filsan, 25 et Kawsar 58. Elles sont somaliennes et à travers leurs portraits, le lecteur est immergé dans le contexte politico-social du pays, plus précisément de la ville de Hargeisa dans les années 87. On découvre une population souffrant mille maux à cause de la dictature.

La mort est présente à chaque page et c’est dur de lire ce gouvernement qui tue son peuple. Dur de lire cette détresse, ce désenchantement, ces violences envers les femmes et les filles par des hommes et des femmes.

J’ai apprécié la fin du récit et cette rencontre finale entre les 3 héroïnes même si j’ai trouvé qu’elle était un peu forcée. Que Filsan et Deqo arrivent toutes les deux à tomber sur la maison de Kawsar, c’est vraiment le coup du destin.

Le style d’écriture est imagé, poétique, très calibré. J’ai parfois eu l’impression que l’auteur avait fourni un effort extrême pour polir ses phrases. J’ai trouvé sa plume trop stylisée, encadrée. Comme si elle avait peur de perdre le contrôle…

Et vous, qu’auriez-vous proposé pour ce thème ?

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TTL 82: Meurtre en Mésopotamie – Agatha Christie

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: Livre de poche

Et j’ai décidé de faire un p’ti clin d’œil à Agatha Christie.

Couverture Meurtre en Mésopotamie

En arrivant sur le chantier de fouilles de Tell Yarimjah, Miss Amy Leatheran ouvre de grands yeux. Quoi de plus dépaysant pour une jeune infirmière que ce pays exotique, cette équipe d’archéologues installée loin de tout ? Et quelle mission singulière que d’avoir à veiller sur la belle Mrs Leidner, en proie à des hallucinations et des terreurs diverses… Miss Leatheran va tâcher de s’acquitter au mieux de ses fonctions. Mais, de masques terrifiants paraissant à la fenêtre en menaçantes lettres anonymes, les angoisses de Mrs Liedner vont finir par l’étreindre à son tour. Et lorsque cette dernière sera assassinée, Amy aura le rare privilège d’assister de près à une enquête de l’illustre Hercule Poirot…

C’est toujours un plaisir de retrouver les intrigues policières menées par le célèbre détective Hercule Poirot.

Indicateur spacio-temporel ? Années 30-40, Irak.

Cette énième enquête prend place au sein d’une mission archéologique. La narratrice, Amy Leatheran, infirmière de profession, a été recrutée pour tenir compagnie à la femme du chef de la mission, le docteur Leidner.

L’équipe composant la mission est composée d’une dizaine d’hommes et de femmes dont il faut assimiler les noms et prénoms. Cela demande un peu de concentration.

Une ambiance délétère règne au sein de cette petite communauté et à en croire les membres de la mission, Mrs Leidner en est la responsable. Mrs Leidner n’est pas très aimée alors quand elle vient à mourir, tous les yeux sont tournés vers les membres de l’expédition. Mais la fenêtre était fermée, les domestiques bavardaient dans la cour, non loin de la porte de la chambre de la malheureuse et tout le monde semble avoir un alibi parfait. Qui est donc l’auteur du crime ?

Crayon en main, plan de la maison sous les yeux, interrogatoires des membres en tête, j’ai tenté de découvrir le coupable. L’intrigue est bien menée mais j’ai trouvé le dénouement un peu tiré par les cheveux.

J’ai apprécié le décor singulier de cette histoire qui est assez dépaysant, le savant dosage des descriptions des lieux et du métier d’archéologue. Par contre, il est vrai que les contacts avec les locaux sont très limités et l’on sent bien la condescendance liée à l’impérialisme anglais.

Et vous, qu’auriez-vous proposé pour ce thème ?

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Swap Le livre qui voulait faire le tour du monde

Holà ! 

Il y a presque deux ans, j’ai souhaité embarquer dans l’aventure d’un swap plutôt original sur Livraddict: le livre qui voulait faire le tour du monde.
Le principe: faire voyager un livre autour du monde. Ce livre sera accompagné d’un carnet dans lequel chaque personne rédigera son avis sur sa lecture. Et, petit plus, ajoutez une photo du livre quelque part dans votre ville (devant l’hôtel de ville, dans un parc, etc.) afin de faire de ce carnet un véritable carnet de voyage. Vous pouvez même vous amuser à écrire une partie journal où le livre nous racontera ses plus beaux souvenirs en votre compagnie. 

En plus du livre et du carnet (que vous ne garderez pas), le colis doit contenir au moins :
– Des marque-pages
– 1 ou 2 surprises
– 1 ou 2 gourmandises
– Un petit mot

Le livre ET le carnet voyagent ensemble, d’une personne à l’autre.

L’aventure s’est étirée dans le temps pour diverses raisons mais le livre et le carnet ont enfin marqué une halte à Abidjan en décembre dernier !

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J’ai reçu de Tshuna du thé vert bio et une bougie qu’elle a confectionnée.

Le carnet

J’ai été ravie d’en savoir un peu plus sur les participantes à ce swap et de découvrir leurs avis sur le livre. 

Le livre 

Couverture Le restaurant de l'amour retrouvé

Une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d’un chagrin d’amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l’art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière. Rinco cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champ de navets enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur en réveillant leurs émotions enfouies.

Mon avis

Vous désirez me poser une colle? Posez-moi une question sur la littérature japonaise. Comme auteur japonais, je ne connais qu’Aki Shimazaki et encore je n’ai lu qu’une œuvre de cette auteure.

C’est ce presque vide qui m’a poussé à découvrir le restaurant de l’amour retrouvé à travers le swap.

Dès les premières lignes, on se laisse porter par la douceur de la plume de la narratrice qui a perdu la voix depuis un chagrin d’amour. On assiste à son retour chez sa mère, avec qui la relation n’est pas au beau fixe. On est curieux de voir comment les choses vont évoluer entre sa mère et elle et surtout pour le restaurant qu’elle veut ouvrir.

L’Escargot est un restaurant très spécial. La cuisine de Rinco, notre héroïne, est personnalisée en fonction du client. Elle ne sert qu’un repas par jour. Et les repas cuisinés avec discernement, de façon généreuse ont un certain pouvoir sur les convives: ils soignent l’âme.

Rinco nous entraîne dans une aventure thérapeutique culinaire. La lecture est très gourmande. Les plats imaginés, concoctés mettent l’eau à la bouche.

Le rythme de narration est très lent mais les pages se tournent grâce à la fluidité de la plume de l’auteure.

J’ai apprécié les divers thèmes abordés notamment le partage, la confiance en soi. L’amour est au centre du récit et sous ses diverses formes. Amour de la cuisine, premier amour, amour filial etc…

J’ai passé un bon moment avec ce livre.

Ma lecture terminée et après avoir rempli le carnet de voyage, j’ai passé la main à Julie qui vit en Allemagne. Elle m’avait suggéré de lui faire découvrir mon beau pays à travers le colis. Je crois que c’est chose faite. 🙂

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En bonus numérique, elle a reçu un autre exemplaire du magazine cordon bleu

L’image contient peut-être : nourriture

Si vous avez envie de découvrir ces incontournables, faites-le moi savoir 😉

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TTL 81: Yao, Visa refusé de Didier Viodé

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: Une maison d’édition à l’honneur

J’ai choisi de vous parler de la maison d’édition Harmattan en faisant un focus sur l’une de ses collections : L’Harmattan BD

Grâce à cette collection, j’ai découvert un genre sur lequel je ne m’étais pas vraiment penchée et surtout des talents d’auteurs africains.

Cette collection compte 39 titres et j’en ai lu 10 jusqu’ici.

Permettez que je fasse un focus sur Yao, visa refusé de DidierViodé

Couverture Yao, visa refusé

Artiste peintre engagé, vivant dans un bled où le marché de l’art est inexistant, Yao rêve de voyager, afin d’exposer ses œuvres en Occident. Cet album évoque, sous forme d’histoires courtes, tous les obstacles et péripéties rencontrés par Yao pour l’obtention de son visa. Un style caricatural et humoristique qui dénonce les difficultés et les inégalités pour l’obtention d’un visa et les conditions précaires des artistes en Afrique.

L’herbe est plus verte ailleurs, Yao en est convaincu. A Abidjan, l’art ne nourrit pas son homme. Le marché de l’art n’est pas aussi dynamique qu’en Occident. Alors, Yao rêve de partir mais pas par la voie clandestine. Le président français Nicolas Sarkozy, dans un discours a promis une carte de séjour de 3 ans intitulée « compétences et talents», aux étrangers hautement diplômés, tels que les docteurs, les ingénieurs, les chercheurs, les artistes…Yao est convaincu d’avoir en tant qu’artiste, le fameux sésame: le visa.

Tout joyeux, il se présente au consulat mais les refus s’enchaînent. Découragement n’est pas ivoirien, comme on dit chez nous. L’envie de Yao ne faiblit pas. Son état d’esprit est admirable.

A travers lui, ce sont les questions d’immigrations qui sont posées, la politique culturelle des pays africains interrogée, la poursuite des rêves évoquée.

Avec une ironie corrosive, Yao montre que la libre circulation des hommes n’existe que dans un seul sens: celui de la France vers l’Afrique et pas inversement.

J’ai beaucoup apprécié les réalités décrites avec humour mais pas le graphisme. Je ne suis pas une grande fan de la caricature.

Yao, visa refusé - Par Didier Viodé – Editions L'Harmattan

Et vous, quelle maison d’édition auriez-vous proposé pour ce thème ?

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Et m***! – Richard Russo

Au lendemain de l’élection de Donald Trump, David et sa femme Ellie reçoivent à dîner deux couples d’amis et anciens voisins partis vivre dans une banlieue plus cossue. Ils se sont tous connus à l’université où ils enseignaient et sont désormais à la retraite. La question que chacun se pose, c’est comment le pays a pu en arriver là. Après le départ des Schuulman et des Miller, Ellie s’attarde à ranger les restes du dîner et, au moment d’éteindre les lumières et d’aller se coucher, détecte une drôle d’odeur dans l’air du jardin. David, depuis la fenêtre de leur chambre, la voit s’arrêter près du jacuzzi et se figer en apercevant dans l’eau une offrande des moins ragoûtantes. Éternel optimiste, David n’en fait pas une affaire et cherche à rassurer sa femme. Quand l’incident se reproduit quelques jours plus tard, il propose à Ellie un voyage chez leur fille à Los Angeles pour se changer les idées, et à leur retour tout semble normal dans la maison. Jusqu’au jour où une grosse chaleur les pousse à allumer la clim. Quelques heures plus tard, la maison est envahie de mouches à m***. Ellie repart aussi sec à Los Angeles, laissant à David le soin d’élucider l’affaire et de vendre la maison. Leur pancarte de soutien à Hillary Clinton avant les élections y serait-elle pour quelque chose ? Ou bien un ancien étudiant qui chercherait vengeance ? La réponse est encore plus banale. Une erreur, aux conséquences dévastatrices dans la vie de David. L’humour noir imprègne cette fable politique qui explore les failles – aussi discrètes que profondes – qui peuvent fracturer l’amitié, la famille, la communauté.

Couverture Et m*** !

Narration à la 1ère personne. Je me retrouve tout de suite dans mon élément. David est le narrateur principal. Sa femme, Ellie, est plus atteinte que lui par la déprime post-électorale. Donald Trump a été élu et l’entourage de David et sa femme _entendons par là des amis et anciens amis_ n’arrivent toujours pas à comprendre comment ils ont pu en arriver là.

On a élu ce type. Il se vante « d’attraper des femmes par la chatte » et on a voté pour lui. Des femmes ont voté pour lui.

Les quatre années vont être longues, se disent-ils mais il est inutile de paniquer.

L’atmosphère tendue causée par le nouveau climat politique s’éclipse un instant pour laisser la place à une situation saugrenue. Une longue et impressionnante merde orangée flotte à la surface du jacuzzi. Selon Ellie, c’est une merde humaine. Qui a donc pu entrer dans leur demeure pour faire cette chose dégoûtante ? Pourquoi répète-t-il l’acte ? Est-ce leur punition pour avoir soutenu Hillary ?

L’acte prend une coloration politique. Les convictions politiques des amis sont soupçonnées, interrogées, remises en question. Les amitiés de longue date, les couples vacillent.

L’idée de départ était bonne mais j’ai été déçue par le dénouement de cette nouvelle d’une cinquantaine de pages. La cause de l’incident, qui est l’une des péripéties principales de la nouvelle, est assez banal comme dit dans le résumé. Je m’attendais à une raison plus élaborée.

Une lecture en demi-teinte qui ne restera pas très longtemps en mémoire.