Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Lu le Prix du Jeune écrivain 2018 et…

Je vous l’ai déjà dit les amis, chaque livre nous apprend quelque chose surtout ceux qui reçoivent des prix. Je n’ai donc pas hésité à acheter Toutankhamon, la légende de l’enfant pharaon, Prix national Bernard Dadié du jeune écrivain 2018.

L’auteur nous fait remonter le temps, plus de trois mille ans avant notre ère. Nous sommes en Egypte, sous le règne de Akhenaton. Le pharaon a deux épouses : Mésyt, sa sœur au cœur généreux et Râhmessou, princesse hittite très ambitieuse.

Le prince héritier doit être issu de Mésyt mais cette dernière n’enfante pas. Ses prières aux dieux ne semblent pas trouver de réponse. Râhmessou, elle, réussit à donner un descendant au pharaon. Elle sollicite alors l’aide des forces occultes pour rendre aride les entrailles de so co-épouse mais le destin vient bouleverser ses plans par la naissance de Toutankhamon.

 

A la mort d’Akhenaton, le peuple est inquiet. Qui sera le prince héritier : Amenhotep, vaillant guerrier, ou Toutankhamon, l’enfant fébrile et chétif ?

Nos deux princes nous emportent dans un flot d’aventures afin d’accéder au pouvoir. J’ai été attentive à chacun de leurs pas, leurs mots, pensées et choix. J’ai été subjuguée par la plume alerte et vive de l’auteur. J’ai apprécié ses phrases remplies de la sagesse des anciens.

Les prêtres du temple affirmaient que les dieux se passionnaient pour la curiosité des hommes, et que la foi était plus liée aux réponses à trouver qu’aux vérités établies.

 

La vie garde des choses jalousement pour elle. Elle les dévoile souvent contre le gré des dieux et des hommes.

 

Pouvoir, corruption, spiritualité, respect de la vie et de la nature, combat entre le bien et le mal sont au cœur de cet ouvrage.

Toutankhamon est un excellent conte fantastique, une légende à découvrir. J’ai hâte de lire le tome 2.

 

L’image contient peut-être : 1 personne, assis et intérieur

J’ai participé le mercredi 23 mai à un café littéraire de l’association Point de lecture où l’auteur invité était Seydou Gougna. J’ai pu en apprendre un peu plus sur les coulisses du roman.

L’auteur est passionné de l’Egypte, sa femme passionnée de Cheikh Anta Diop. Il a voulu à travers ce premier roman partager une histoire africaine avec les africains. Son oeuvre est une révolte intérieure, un appel à la vérité. Il lui a fallu 3 à 4 ans de recherche pour construire le roman. Il a préféré faire une fiction historique, ne se sentant pas capable de faire un essai.

Les participants ayant lu l’oeuvre ont comme moi apprécié leur lecture à l’instar de M. Henri Nkoumo, directeur du livre au ministère de la culture et de la francophonie. Selon lui, l’auteur a su mettre l’Egypte antique à la hauteur du regard de tout africain. L’auteur a un destin littéraire, il peut grâce à la puissance de sa plume affronter n’importe quel genre littéraire.

Pour acheter ce premier tome, cliquez ICI

 

fleur v1

 

 

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Mémoire d’une tombe : la légende d’une révolution

Résultat de recherche d'images pour "mémoire d'une tombe"

Il y a des livres que je lis pour m’évader, côtoyer l’inconnu.

Il y a des livres que je lis pour mieux écrire,  Mémoire d’une tombe fait partie de ceux-là.

J’ai choisi de lire ce livre parce qu’il a reçu en 2009 un prix et pas n’importe lequel, le Prix Ivoire créé en 2007 par quatre amoureux du livre, Isabelle Kassi Fofana, Henry N’Koumo, N’Dohou Luisiano et Asta Sidibé.

Tiburce Koffi, brillant narrateur, vous invite à assister à une vision en quatre moments dramatiques.

Venez, n’ayez pas peur, asseyez-vous autour du feu, ouvrez grand vos oreilles, écoutez la légende de Sama Toé, Kansar Tabaldé, Ilboudo Kassiérou, Bélem Kakoudi, Sombo Jean-Benoît, ces amis de lycée  devenus les leaders d’une nation fragile.  

Ouvrez grand vos yeux et contemplez la métarmorphose de Yalêklo, l’un des pays les plus pauvres du monde, à la sueur du travail et du sang.

Venez, voyez comment l’amitié est sacrifiée à l’autel du pouvoir. 

mon-avis-de-lecture

1er chapitre du livre  : je rencontre 4 camarades, membres  du Conseil des chefs historiques de la Révolution du 23 mars 1980. Ils font le bilan critique de cette grande révolution, annoncent une rectification, fortement désapprouvée par l’un des camarades qui semble être le chef, le président de la République. Le parfum âcre de la conspiration se répand lentement. Le narrateur annonce une histoire belle mais sale. Je suis hypnotisée par les notes sombres et enivrantes du djomolo (instrument de musique), emportée par sa poésie et l’art rhétorique du narrateur. 

Avec ses « mots-musique,  mots-couleurs, mots-voyants », il me plonge dans l’univers de Sama Toé, jeune élève studieux, réservé, bon sportif et encadré par le professeur Prévost, ce « Monsieur Afrique » qui a vécu plus de 30 ans sur le continent. Je rencontre également, Kansar, l’âme frère de Sama, la coqueluche du lycée.

Ces jeunes hommes obtiennent leur BAC, partent étudier en Côte d’Ivoire. Après la licence, ils choisissent d’aller à l’Armée à Bouaké. Ilboudo et Bélem épousent leur choix. Grâce à eux, je découvre avec enchantement le portrait de mon pays dans les années 80. 

Les jeunes militaires partent pour un stage d’un an à Cuba. Là, ils suivent des cours d’idéologie qui virent à de l’endoctrinement.

« Le rôle de l’armée, c’est de se battre aux côtés du peuple pour prendre le pouvoir ou le conserver, quand c’est elle qui le détient »

L’oeuvre devient un ouvrage didactique, me permet d’en savoir plus sur l’idéologie marxiste, le communisme, le révolutionnaire Che Guevara . J’apprécie la satire de la politique africaine, les réflexions sur le modèle économique de l’Afrique, les causes de notre retard en commençant par le mauvais business qu’ont fait nos ancêtres lors de la traite négrière . 

Aucun texte alternatif disponible.

 

memoire-dune-tombe

En Afrique, avait constaté Sama, le temps était gelé, distrait, corrompu, élastique à souhait : le temps des funérailles, longues, éprouvantes, dépensières et ruineuses, le temps de la sieste, le temps des mariages, le temps des ragots. Il manquait le temps de l’investissement.

A Yalêklo, l’égoisme pompeux du président rédempteur Hassadé Mohane révolte Sombo, ami de lycée de Sama et Toé. Devenu journaliste, il devient un fervent activiste.  Kansar le militaire concocte avec ses amis, une révolution inspirée des idéologies marxistes. ils veulent changer la destinée de leur pays, relever le challenge d’une révolution réussie en Afrique. Ils y arrivent avec de la détermination et… 

Sama Toé devient le leader, le président de la République , le camarade n°1. Sama est un rêveur actif. Il rêve d’une terre où la nation n’est pas un concept, il rêve d’indépendance économique. Il instaure avec ses camarades dirigeants de nouvelles lois. Le travail devient la première religion du pays. Le pays arbore un nouveau visage…

…Mais le règne de Sama devient trop bruyant. Il y a trop d’interdits, trop de dérives, des fissures qui laissent entrer le lézard. La soif de pouvoir s’empare de l’un des camarades dirigeants…

J’ai eu un pincement au coeur à la fin de l’histoire. Elle m’a persuadé d’une chose : m’éloigner de la politique. 

Mémoire d’une tombe est un coup de coeur. J’ai aimé la saveur des mots, des dialogues. J’ai aimé le mystère qui accompagne certains faits. Tiburce Koffi est un virtuose de la narration. 

 Par contre je l’ai trouvé hyper long (514 pages !) avec des détails dont j’aurais pu me passer comme la collection discographique du père mais…

ça n’altère pas la haute qualité du récit. J’espère que ce livre fera partie de vos dernières lectures de 2016 ou encore des premières de 2017. 

 

lauteur

 

Tiburce Koffi est un écrivain, dramaturge et journaliste ivoirien né en 1955 à Bouaké. Il a animé une émission littéraire sur la RTI, chaine de télévision ivoirienne nationale.

Il a obtenu le Grand Prix RFI du théâtre radiophonique Gabriel Germinet en 1996 pour « Le Paradis infernal ». Il est l’auteur de nombreuses autres pièces de théatre très populaire, de romans, d’un recueil de nouvelles et un essai sur les dérives dans son pays.

 

Voici les autres ouvrages finalistes du Prix Ivoire 2009

  1. Sinaga le cheval sans papiers, littérature pour enfant, Vents d’ailleurs, 2008, 28 pages de Muriel Diallo,
  2. A la poursuite de l’homme de pierre, roman, éd. Présence Africaine, 2009, 28 pages de Stéphane Kalou ;
  3. Le retour de l’enfant soldat, littérature de jeunesse (récit), éd. Valesse, 2009, 102 pages, de François d’Assise
  4. L’héritier, roman, éd. Vents d’Ailleurs, 2009, 146 pages, de Sayouba Traoré

 

Les avez-vous lus ? 

signature coeur graceminlibe

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

L’irréversible sortilège

L'irréversible sortilège.jpgLa fin du XIXe siècle est émaillée par de violents conflits. Les régents africains opposent une farouche résistance à la politique  expansionniste des Européens qui étendent leurs tentacules.

Dans un petit village  d’Afrique sub-saharienne, la venue d’un redoutable seigneur de guerre paraît imminente. Les populations inquiètes optent pour la ruse. Toutefois, l’issue s’avère fatale quand un événement inattendu rend le sortilège irréversible.

Les premières pages nous décrivent le village de Gbêpleu dans l’ouest montagneux de la Côte d’Ivoire en 1897, un village paisible où règne la joie de vivre. Joie de vivre menacée par l’arrivée de deux étrangers et l’approche du redoutable Seigneur de guerre qui s’oppose farouchement à la politique expansionniste des colons .

Ce roman qui se veut historique est agréable à lire pour plusieurs raisons. L’une d’entre elles est la qualité de l’écriture de l’auteur qui a su donner une âme à ses descriptions. On est plongé dans l’atmosphère particulière du village grâce à la description fine de son architecture, son organisation spatiale, ses activités propres, ses faits divers.

L’auteur nous laisse pénétrer dans les différentes familles du village et on découvre leurs modes de vie, leurs fonctionnements. On vit les soirées autour du feu, les rencontres des femmes à la rivière… On découvre ou redécouvre la coutume du peuple Dan.

Ce roman est également agréable pour le suspense qu’il renferme : le Seigneur de guerre viendra-t-il sur les terres de Gbêpleu ? Quelle ruse va utiliser la population de Gbêpleu ? Quel événement rendra le sortilège utilisé irréversible ?

Les réponses à ces questions mettent du temps à venir et le lecteur impatient pourrait être tenté de sauter quelques paragraphes.

Ce récit m’a rappelé mes cours d’histoire à l’école primaire sur Samory Touré et les légendes sur les singes sacrés ;  j’ai apprécié ce voyage dans le passé.

Si vous aimez l’histoire, les traditions, la culture, ce livre est fait pour vous.

Biographie de l’auteur

Félicité Annick FOUNGBE est traductrice et réalisatrice. Elle s’intéresse aux questions qui touchent à l’émergence des peuples et aux droits humains. Elle a produit à cet effet des articles de référence, pour le compte de unmondelibre.org.

L’irrésistible sortilège intervient comme la suite logique de son ouvrage précédent, La légende de Manlé ( Abidjan, Les Editions Balafons, 2013) salué de manière unanime par la critique.

Quelques détails sur l’oeuvre

Nombre de pages : 182

Maison d’édition : Nouvelles Editions Balafons

 

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Mémoires de porc-épic

mémoires de porcépic

Pourquoi ce livre

Après ma lecture de Verre Cassé, j’ai eu envie de me plonger davantage dans l’univers d’Alain Mabanckou. La quatrième de couverture laissait entrevoir une histoire intéressante alors c’est sans hésitation que j’ai retiré ce livre du rayon où il se trouvait. 🙂

Résumé

Une légende populaire africaine affirme que chaque être humain possède son double animal. Un étonnant porc-épic, double d’un certain Kibandi nous livre son histoire. Il est chargé par son alter ego humain d’accomplir à l’aide de ses redoutables piquants toute une série de meurtres rocambolesques. Malheur aux villageois qui se retrouvent sur la route de Kibandi, car son ami porc-épic est prêt à tout pour satisfaire la folie sanguinaire de son «maître»!

Mon avis

Il est fou cet Afflelou  

Il est fou ce Mabanckou! Il a encore réussi à me faire éclater de rire en pleine rue!

«Mémoires de porc-épic» est un récit picaresque où les rites de la culture africaine sont revisités avec humour et dérision.

On se laisse emporter par le destin de cet étrange porc-épic à la fois attachant, bavard, agité, très au fait de la nature humaine et usant de la digression comme arme jusqu’au bout afin de nous peindre, nous les humains, et parfois nous blâmer sans répit.

J’ai beaucoup apprécié ces clins d’œil faits à la culture africaine, ces notes d’ironie sur l’Origine du monde et de l’homme, ces émotions diverses et fugaces qui nous saisissent au long de notre lecture.

Si l’on me demande à qui me ramènent les mots fraîcheur, humour et détente, je dirais les yeux fermés Alain Mabanckou.

Je vous souhaite de rire autant que moi en lisant ses œuvres et de découvrir votre double animal. 😀

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre

Ps : Les taciturnes s’ennuieront sûrement et mettront du temps à finir le livre, il faut avouer que ce porc-épic est un grand bavard 🙂