Peut-on réparer l’irréparable, rassembler ceux que l’histoire a dispersés ? Blanche, rwandaise, vit à Bordeaux après avoir fui le génocide des Tutsi de 1994. Elle a construit sa vie en France, avec son mari et son enfant métis Stokely. Mais après des années d’exil, quand Blanche rend visite à sa mère Immaculata, la mémoire douloureuse refait surface. Celle qui est restée et celle qui est partie pourront-elles se parler, se pardonner, s’aimer de nouveau ? Stokely, lui, pris entre deux pays, veut comprendre d’où il vient. Ode aux mères persévérantes, à la transmission, à la pulsion de vie qui anime chacun d’entre nous, Tous tes enfants dispersés porte les voix de trois générations tentant de renouer des liens brisés et de trouver leur place dans le monde d’aujourd’hui. Ce premier roman fait preuve d’une sensibilité impressionnante et signe la naissance d’une voix importante.
Roman choral. 3 générations prennent la parole, dévoilent leur intimité, habillent leurs douleurs, crient leurs silences. Immaculata, Blanche, Stokely sont unis par les liens du sang. Mère, fille, petit-fils.
3 voix qui évoquent le génocide des tutsi, l’exil, la culpabilité, le deuil, les relations intergénérationnelles rompues à cause de la distance, de l’histoire tragique.
Le génocide des tutsi est un sujet douloureux qu’il m’est parfois difficile de lire. L’auteure ne décrit pas en détail les scènes de violence_ fort heureusement_mais les blessures non refermées. Elle évoque brièvement les pogroms des années 60.
La double culture et la transmission culturelle font également partie des thèmes percutants évoqués dans ce roman.
Pour la mère de Stokely, ça ne s’était pas passé ainsi. Quand le père et la mère ne partagent pas la même langue maternelle, laquelle l’emporte ?
La transmission culturelle, le déracinement sont des sujets d’actualité notamment dans mon pays où rares sont les enfants du 21e siècle qui comprennent leur langue.
En France, l’assimilation fait également perdre les racines.
Tu vois ici des gens arrivent d’ailleurs depuis toujours. Des Italiens, des Russes, des Portugais, des Marocains, des Maliens. Les langues des pères et des mères ont été transmises sur une ou deux générations, elles ont parfois été coupées très vite parce qu’il fallait que les enfants deviennent de vrais Français.
J’ai découvert la belle plume de l’auteure: un style maîtrisé, une écriture aérienne, un langage parfois châtié. Tous tes enfants dispersés est un roman qu’il faut lire lentement pour accueillir les silences, épouser les chagrins.
Éditeur : Autrement
Date de publication : Août 2019
Nombre de pages : 256
Disponible aux formats papier et numérique
Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020