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TTL 134: Un autre tambour

C’est l’heure du Throwback Thursday Livresque ! Cette semaine, le thème est : W comme…

William,

Le prénom de l’auteur d’Un autre tambour.

Du jour au lendemain, les résidents noirs d’une petite ville imaginaire d’un État du Sud désertent, à la suite de l’acte de protestation d’un jeune fermier, descendant d’esclave.
Juin 1957. Sutton, petite ville tranquille d’un état imaginaire entre le Mississippi et l’Alabama. Un après-midi, Tucker Caliban, un jeune fermier noir, recouvre de sel son champ, abat sa vache et son cheval, met le feu à sa maison, et quitte la ville. Le jour suivant, toute la population noire de Sutton déserte la ville à son tour.
Quel sens donner à cet exode spontané ? Quelles conséquences pour la ville, soudain vidée d’un tiers de ses habitants ?
L’histoire est racontée par ceux qui restent : les Blancs. Des enfants, hommes et femmes, libéraux ou conservateurs, bigots ou sympathisants.
En multipliant et décalant les points de vue, Kelley pose de façon inédite (et incroyablement gonflée pour l’époque) la « question raciale ».
Un roman choc, tant par sa qualité littéraire que sa vision politique.

11 chapitres où l’auteur Noir ose penser à la place des Blancs.

11 chapitres où des Blancs évoquent l’exode massif des Noirs. Entre ségrégation et liberté, des Noirs ont fait leurs choix.

Ils écoutent et suivent la musique de leur tambour intérieur même si elle est différente de celle des autres.

Les Blancs assistent à ce départ massif, spontané et silencieux, et se perdent en conjectures.

La raison de leur départ n’étant pas explicite, j’ai commencé à perdre de l’intérêt pour l’histoire. Heureusement, l’intervention de David Willson, membre de la famille qui a autrefois acheté l’Africain, ancêtre de Tucker, à un négrier a sauvé la mise.

Le dernier chapitre de ce roman est violent, les hommes de la véranda désemparés face à leur ville dépossédée de Noirs, vont penser à ce qu’il leur manque, à ce sentiment de supériorité qui fait sa malle en même temps que tous ces Noirs et vont s’adonner à ce que le raciste prend plaisir à faire. J’ai trouvé la fin assez poignante.

Un autre tambour a été une intéressante découverte dans l’ensemble mais j’ai un petit bémol: j’aurais voulu que l’auteur décrive la vie des blancs après cet exode.

Quel livre auriez-vous choisi pour ce thème ?

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Le Noyé d’Arena Blanca – Joseph Hansen

Je suis en mode polar cette année. Et si le livre fait moins de 300 pages, il me tente encore plus.

John Oats s’est-il noyé accidentellement ? La police en est sûre. Pas David Brandstetter, l’enquêteur de l’assurance-vie. Le bénéficiaire est – ou était – le fils du mort, Peter. Il a disparu. C’est le premier suspect. Il y en aura bien d’autres et l’enquête sera longue, tortueuse. Elle entraînera Dave dans les milieux de la librairie, chez les collectionneurs et les bibliophiles, dans un petit théâtre culturel, dans le ranch somptueux d’une vedette de la télévision, et il faudra un nouveau crime pour que la vérité lui apparaisse enfin.

Un agent d’assurance qui mène une enquête ? Déjà vu à travers lune de miel. Mais c’est ma première fois de lire un récit où l’enquêteur n’est pas hétéro.

David Brandstetter a 45 ans et travaille pour la compagnie d’assurance-vie Medallion. Sa vie sentimentale s’étale sur quelques paragraphes du livre, son compagnon et lui ont des cadavres à enterrer. Etant plus sensible aux relations hétéro qu’homo, je n’ai pas trop prêté attention à leur couple et leurs sentiments.

L’enquête en elle-même est linéaire, le rythme assez lent, les rebondissements inexistants. L’action n’intervient que dans les dernières pages, ce que j’ai trouvé dommage.

Les profils des personnages sont variés : libraire, gérant de théâtre, star de la télé, professeur. Leur psychologie est également bien travaillée, chacun a quelque chose à cacher (je pense à mon très cher Hercule Poirot quand j’énonce cette phrase) mais je ne me suis attachée à aucun d’eux. J’ai été spectatrice de leurs histoires à mon plus grand désarroi.

Ce récit est le 1er tome des enquêtes de Dave Brandstetter. La saga comporte 12 titres. Vais-je me laisser tenter par un autre ? Pas sûre, ni le style de l’auteur, ni Dave ne m’ont donné l’envie.

C’était ma première fois avec l’auteur et j’ai trouvé que son style manquait de vivacité.

Avez-vous déjà lu Joseph Hansen ?

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De bons voisins de Ryan David Jahn

New York, années 1960. Kat Marino, qui rentre tard chez elle, est agressée au couteau par un inconnu. L’homme s’enfuit, mais il reviendra une heure plus tard, pour la violer et l’achever de plusieurs coups de couteau. Mais que s’est-il passé pendant les soixante minutes où Kat est restée seule à agoniser dans la cour de sa résidence ? Malgré l’heure tardive, de nombreux témoins se sont penchés depuis leur fenêtre et ont vu la jeune femme et son agresseur. Pourquoi personne n’a appelé la police ? Quelles pensées occupaient ces hommes et ces femmes pour qu’aucun d’entre eux ne porte secours à leur voisine ?

13 mars 1964

Kat, gérante de nuit d’un bar dans le Queens, rentre chez elle. Elle est fatiguée, pense à prendre un bain mais une silhouette imposante a des projets macabres pour elle. Il est environ 4 heures de la nuit quand elle est violemment agressée par un inconnu dans la cour de son immeuble.

Plusieurs de ses voisins l’ont vue ainsi que son agresseur. L’un d’entre eux a même dit à ce dernier de laisser la fille tranquille mais personne n’a appelé la police, pensant qu’un autre voisin, aussi témoin de la scène le ferait. Personne n’a réagi, chacun occupé à vivre sa vie et à résoudre ses problèmes.

Patrick qui s’occupe de sa mère malade et qui se demande s’il va répondre à la convocation à la visite médicale des forces armées ; Diane Myers qui ne supporte plus sa vie de couple; Thomas Marlowe qui s’est inventé une vie parce qu’il se sent coupable ; Peter et Anne occupés à expérimenter l’échangisme ; Frank qui va vérifier si sa femme a percuté un bébé.

Et pendant deux heures de temps, Kat, elle, lutte pour survivre.

J’ai l’habitude de regarder Chroniques criminelles, j’imagine souvent la douleur des victimes mais dans ce livre je l’ai éprouvée. Appeler à l’aide et se retrouver seule au monde. S’observer mourir, quelle tragédie ! J’en veux tellement à ces voisins nombrilistes.

De bons voisins est un livre poignant! J’ai tellement eu mal pour Kat! Et dire que c’est inspiré d’une histoire vraie, celle de Kitty Genovese, qui a défrayé la chronique dans les années 60 et donné naissance à la notion d’ « effet du témoin ».

De bons voisins c’est l’histoire d’une jeune femme, d’une ville et de sa violence aveugle, c’est l’histoire de flics corrompus, de la criminelle passivité. Ce roman est à ne surtout pas lire quand on est déprimé.

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TTL 105: Africville de Jeffrey Colvin

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: K ou L comme…

J’ai pensé à Kath Ella, l’un des personnages principaux du roman Africville

Années 1930. Kath Ella refuse de suivre son destin tout tracé de fille de couleur et quitte Africville, un quartier fondé par d’anciens esclaves en Nouvelle-Écosse, au Canada. Après une histoire d’amour marquée par le deuil, elle donnera naissance à un fils, Omar, qui sera rebaptisé Étienne.

Années 1960. Étienne, dont la pâleur lui permet de passer pour un Blanc, vit en Alabama. Il est déchiré entre ses racines noires et la peur de perdre la vie qu’il est en train de construire.

Années 1980. À la mort de son père, Warner se lance dans une quête de ses origines, qui le mènera dans ce qui reste d’Africville mais aussi dans une prison d’État au fin fond du Mississippi.


Trois destins, trois personnages aux prises avec la réalité sociale de leur époque et les aléas de la vie. Pas de pathos, ni de velléité moralisatrice. Les héros de ce roman sont des êtres vrais, de chair et de sang.

En toile de fond, Africville, à la fois aimant et repoussoir, dont l’empreinte se transmet de génération en génération.
Avec ce premier roman triptyque vibrant, fruit de plus de vingt ans de recherches, Jeffrey Colvin s’impose comme une nouvelle voix de la littérature américaine, dans le sillage de Colson Whitehead et de Ayana Mathis.

Kath Ella Sebolt naît en 1918. Jeune fille brillante, elle a l’ambition d’intégrer une université grâce à une bourse, parcours très difficile lorsqu’on est noire dans les années 30, même au Canada.

J’ai découvert à travers son histoire les problématiques raciales au Canada. J’ai trouvé intéressant que cela soit abordé, étant plus habituée aux problématiques raciales aux USA en littérature.

D’un flirt, naîtra son unique enfant, baptisé par son père adoptif : Etienne.

Où était le mal ? Tant de gens font les corbeaux sans avoir à en pâtir. Quel mal y a-t‑il à dissimuler une petite part de soi-même ? Et à quoi bon s’offusquer si un enfant fait le corbeau sur sa lignée ?

Faire le corbeau, c’est se faire passer pour un Blanc et c’est ce qu’a décidé de faire Etienne. Il choisit de vivre la vie qu’il veut quitte à décider s’il est noir ou pas. Sa lignée noire tombe presque dans l’oubli…

Ce roman, c’est son histoire mais avant tout celle de sa mère Kath Ella, de son fils Warner et de sa grand-mère Zera. Ce roman c’est aussi l’histoire d’Africville: sa genèse et sa fin.

Africville évoque les discriminations raciales, questionne l’identité, l’appartenance. D’un côté, nous avons le reniement des racines par une génération, de l’autre la quête des origines par la génération suivante.

Cinq grandes parties forment la charpente de ce roman de plus de 300 pages. La narration omnisciente a rendu ma lecture laborieuse. En voulant éviter de tomber dans le pathos, l’auteur nous fait passer à côté de choses essentielles dans un roman: la profondeur, l’émotion.

J’étais distante des personnages, incapable de partager leurs états d’âme. La construction des personnages tant principaux que secondaires manque d’épaisseur. Ils sont peu aboutis.

J’ai eu du mal à m’attacher à Kath Ella mais contrairement aux autres personnages, je trouve que sa vie est beaucoup plus développée par l’auteur. J’ai d’ailleurs terminé le livre sans savoir qui étaient vraiment Marcelina et Eva.

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TTL 58: En mission séduction – Brenda Jackson

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est : Une histoire d’amour

 

J’ai immédiatement pensé à En mission séduction de Brenda Jackson.

 

 

J’ai lu la traduction française mais la couverture d’Harlequin France n’étant pas assez représentative des personnages, je préfère vous partager la couverture originale. 

Résumé 

David Holloway _alias Flipper pour ses coéquipiers_ fait partie des forces spéciales de la Marine de guerre américaine, les SEAL. Il est convoqué par l’Amiral Norris Martin pour une mission spéciale.

D’après le rapport préliminaire des agents du Bureau renseignement de la Marine, Key West serait le théâtre d’actes d’espionnage. Quelqu’un transmet des informations Secret-Défense à la Chine mais l’Amiral refuse de croire que le suspect désigné est coupable. Pour lui, impossible de croire que Swan Jamison, sa filleule de 24 ans, propriétaire d’une boutique de bijoux sur l’île soit coupable. 

David a donc trente jours pour prouver l’innocence de Swan et débusquer le traître. Mais saura-t-il se concentrer sur sa mission et ignorer la beauté renversante de Swan ? 

 

Mon avis 

L’attirance physique entre David et Swan s’installe rapidement. Ils ne vont pas s’engager dans des réflexions philosophiques avant de tomber dans les bras l’un de l’autre. J’apprécie de moins en moins les romances qui débutent par l’attirance sexuelle. J’ai trouvé aberrant que David se rende compte de ses sentiments pour Swan à la fin d’un acte sexuel. 

Le couple qu’ils forment est sympathique à suivre mais j’aurais voulu ressentir leur amour, l’envier, ce qui n’a malheureusement pas été le cas. Je n’ai pas ressenti la profondeur de leur amour. Ils ne m’ont pas fait rêver. 

C’est la 8e romance de Brenda Jackson que je lis. Ai-je trouvé qu’elle se démarque des autres histoires ?

Non. Elle avait du potentiel mais je trouve qu’il a été sous-exploité. 

La mission spéciale de David apporte mystère et lot d’aventures au récit mais les raisons du complot contre Swan manquent de profondeur. Scénario niais pour moi. 

Swan est métisse et la famille caucasienne de son père n’a jamais voulu établir de lien avec elle. Je pense qu’il aurait été intéressant d’explorer ce rejet. 

Les personnages secondaires que sont les coéquipiers de David sont intéressants à suivre. Ils sont soudés, forment une famille. Leur relation apporte de la chaleur au récit, chose que j’ai grandement appréciée.

En conclusion : En mission séduction est une sympathique histoire d’amour à lire sans nourrir de grosses attentes.  Une histoire pour les moments où on ne veut pas se prendre la tête.

 

En mission séduction est le tome 3 d’une série de cinq tomes : The Westmoreland legacy et j’ai découvert que j’avais également la traduction du tome 1 de la série dans ma PAL… 

 

Quel livre auriez-vous proposé pour ce thème ?

 

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Throwback Thursday Livresque 34 – Cycle 2 – Bleu

Coucou par ici ! Oui, vous avez bien lu le titre. Ceux qui suivent ce rendez-vous hebdomadaire doivent sûrement se dire que je me suis trompé de semaine car les couleurs à l’honneur cette semaine sont le marron, le vert, l’ocre. 

N’ayant pas de lecture non récente sur ces couleurs et ne pouvant réaliser le rendez-vous la semaine prochaine, j’ai décidé de prendre de l’avance 😛

Image associée

Bleu comme…

J’ai immédiatement pensé au tome 1 de Marquer les ombres de Veronica Roth. 

 

Dans une galaxie dominée par une fédération de neuf planètes, certains êtres possèdent un “don”, un pouvoir unique. Cyra, sœur du tyran qui gouverne les Shotet, et Akos, de la pacifique nation de Thuvhé, sont de ceux-là. Mais leurs dons les rendent, eux plus que tout autre, à la fois puissants et vulnérables.
Tout dans leurs origines les oppose. Les obstacles entre leurs peuples, entre leurs familles, sont dangereux et insurmontables.

Pourtant, pour survivre, ils doivent s’aider… ou décider de se détruire.

 

Le bleu est assez présent dans ce roman. La couverture du livre, l’une des neuf planètes, Pitha, est également connue sous le nom de « planète océane » à cause de l’eau qui la recouvre. 

Le bleu est la couleur préférée des Shotet, ils suivent le ruban-flux à travers la galaxie jusqu’à ce qu’il vire au bleu.

Maintenant que je vous ai exposé les raisons de mon choix, je devrais peut-être vous dire ce que j’ai pensé du livre non ?

N’étant pas une adepte de la Science-Fiction, j’ai eu beaucoup de mal à me représenter l’univers du roman. J’ai dû durant la première partie du roman faire des allers-retours entre la carte de la galaxie et le glossaire car il y a bon nombre de choses à assimiler : les noms des planètes, leurs spécificités, les liens qu’ils ont les uns avec les autres, etc…

L’écriture est fluide et marquée par une alternance de narrateurs : Cyra et un narrateur externe qui nous donne le point de vue d’Akos.

Les personnages ont une personnalité bien particulière que leur confèrent leurs don-flux (pouvoir unique à chaque personne). Akos annule le don-flux des autres, Vas ne ressent pas la douleur, Cyra inflige la douleur, Cisi, la grande sœur d’Akos a le don d’apaiser, de mettre en confiance.

J’ai apprécié les notions de don-flux et de destin qui ne sont pas très loin de la réalité. Le destin est-il tout tracé, peut-on le modifier ?

Veronica Roth

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Ma lecture a été intéressante…

Une fois la moitié de l’ouvrage passée, il y a plus d’action: manigances, manipulations. Il y a également une romance prévisible qui se tisse progressivement.

…mais pas addictive. Je ne lirai sûrement pas le second tome mais je salue l’imagination de l’auteure. Je n’imagine pas tout le travail qu’il y a derrière pour dresser une telle histoire sans s’emmêler les pinceaux.

 

L’avez-vous lu ? Qu’en avez-vous pensé ?

Quel livre auriez-vous associé aux couleurs de cette semaine ?

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Lecture commune de Underground Railroad – Prix Pulitzer 2017

J’ai repéré ce livre grâce à l’émission la Grande librairie. Je l’avais inscrit dans ma liste de livres à lire cette année et Ève, une fidèle abonnée sur Facebook et à ma box littéraire, m’a proposé une lecture commune.

Nous avons débuté la lecture le 5 Mai, Eve l’a lu en moins de 3 jours. Il m’a fallu une semaine pour le lire, faute de temps.

 

DE QUOI PARLE LE TEXTE ?

 

Underground Railroad est une fiction historique. Récit très utile pour moi puisque j’ignorais l’existence du chemin de fer clandestin.

Cora est le personnage principal. Jeune esclave de 16 ans, née dans une plantation de coton de Géorgie. Un jour, Caesar, esclave arrivé à la plantation il y a un an et demi lui dit qu’il va s’échapper via l’Underground Railroad et qu’il aimerait qu’elle vienne avec lui. 

C’était la grand-mère de Cora qui parlait à travers elle, ce dimanche soir où Caesar mentionna le chemin de fer clandestin, l’Underground Railroad, et où elle dit non. 

« J’ai pas l’intention de me faire tuer par Connelly, ni par la patrouille, ni par les serpents. » Cora plissait encore les yeux d’incrédulité face à la bêtise de Caesar quand elle reçut son premier bol de soupe. Le Blanc passe ses journées à essayer de vous tuer lentement, et parfois de vous tuer plus vite. Pourquoi lui faciliter la tâche ? Voilà au moins une chose à laquelle on pouvait dire non.

 

Trois semaines plus tard, elle dit oui. C’était la voix de sa mère, Mabel, qui parlait à travers elle. Mabel s’était échappée, il y a environ 6 ans de la plantation, laissant sa fille toute seule. On ne l’avait jamais retrouvée. 

Cora va quitter la Géorgie à bord du chemin de fer clandestin, mis en place par des blancs. On découvre alors toute la terminologie de ce chemin de fer :

  • les gens qui aidaient les esclaves à trouver le chemin de fer étaient les « agents » 
  • les guides étaient les « chefs de train »
  • les lieux secrets étaient les « stations » 
  • les « chefs de gare » cachaient les esclaves chez eux

 

Arrivée en Caroline du Sud, elle découvre une ville où des noirs et des blancs cohabitent. Elle s’y sent bien, n’a pas envie de continuer son chemin vers la liberté mais la désillusion va frapper à sa porte. 

S’ils avaient été raisonnables et avaient poursuivi leur voyage, Caesar et elle seraient déjà dans les États libres. Comment avaient-ils pu croire que deux misérables esclaves étaient dignes de la générosité de la Caroline du Sud ? Qu’une nouvelle vie existait si près, juste derrière les limites de la Géorgie ? Ça restait le Sud, et le diable avait de longs doigts agiles. Et puis, après tout ce que le monde leur avait enseigné, comment ne pas reconnaître des chaînes quand on les leur fixait aux poignets et aux chevilles… Celles de Caroline du Sud étaient de facture nouvelle – avec des clefs et des cadenas typiques de la région – mais elles n’en remplissaient pas moins leur fonction de chaînes. Ils n’étaient pas allés bien loin.

 

Elle dormit très mal. Sur les quatre-vingts couchettes, les femmes ronflaient et s’agitaient sous les draps. Elles s’étaient mises au lit en se croyant libres, hors d’atteinte des Blancs, de leur contrôle et de leurs injonctions concernant ce qu’elles devaient faire et être. Convaincues qu’elles maîtrisaient le cours de leur vie. Mais ces femmes demeuraient un troupeau domestiqué. Non plus une pure marchandise comme naguère, mais du bétail : élevé et stérilisé. Parqué à l’intérieur de dortoirs comme dans un clapier ou des cages à poules.

 

C’est comme ça qu’agissent les tribus européennes, disait-elle. Ce qu’elles ne peuvent pas contrôler, elles le détruisent.

 

Son maître Randall a donné l’alerte. Cora est une fugitive et est activement recherchée par le chasseur d’esclaves Ridgeway. Ce dernier n’ayant pu retrouver la mère, retrouver la fille devient son ultime but.

La peur s’installe. Les prières commencent, on a peur qu’il la retrouve. Quand cela arrive, la peur devient effroi. Quel sort son propriétaire va-t-il lui réserver ?

On suit attentivement chacune des péripéties. On gémit de douleur en lisant les avis de recherche des fugitifs, le sort qui leur est réservé ainsi qu’aux blancs qui les cachent.

J’ai eu une immense peine pour Homer, ce jeune garçon attaché à Ridgeway. C’est son homme de main. Il l’accompagne partout dans ses sales besognes. Il est admiratif de son maître, comme s’il était son créateur. A travers lui, on se se rend bien compte de l’impact psychologique de l’esclavage.

A plusieurs reprises dans le récit, les blancs qualifient de bêtes les Noirs oubliant que ce sont eux qui les ont abrutis pour pouvoir mieux  les manipuler.

 

Colson Whitehead nous montre le visage de l’Amérique d’autrefois, un visage qui n’a pas perdu ses marques…

 

Sur la forme, le livre se lit plutôt aisément, il y a quelques longueurs mais elles ne sont pas gênantes.

Underground Railroad est un roman nécessaire. Pour l’acheter, cliquez ICI

 

Ève a adoré. C’est un coup de cœur et le roman lui a donné envie de lire d’autres livres sur l’esclavage. J’ai également d’autres livres dans ma PAL sur l’esclavage mais je lirai d’autres livres avant eux. J’ai besoin de souffler. 

 

Connaissiez-vous le chemin de fer clandestin ? Avez-vous lu d’autres œuvres de Colson Whitehead ? 

 

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