Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Anthologie – Penser les mots

 

penser les mots

A quoi comparerai-je « Penser les mots » ?

J’ai l’impression d’être Jésus en énonçant cette phrase. Il disait souvent à quoi comparerai-je le royaume des cieux en parlant à la foule. Ok, je m’égare, revenons donc à notre ouvrage du jour.

Je comparerai ce recueil d’histoires en vers rimés à un manoir. Un manoir à l’architecture originale avec du caractère qui regorge de salles de trésors que l’on peut visiter en une heure ou en une journée selon notre humeur, notre attachement au lieu.

Un manoir où on aurait envie de demeurer parce qu’il connaît notre histoire, il l’a vécue avant nous.

Un manoir qui abrite nos espoirs, il les a possédés avant nous.

Ce manoir contient 50 salles de trésors que l’on retrouve à différents paliers. Au premier palier, vous trouverez A la découverte des mots. Au second palier, A L’EGERIE, au 3ème ECRITS EN VRAC, au 4ème AUX CHERS DISPARUS, au 5ème ECRITS AMERS, au 6ème DUOS. 

J’ai ôté mes souliers de verre, pénétré sans faire de bruit dans « A la découverte des mots« .

Lisez les mots qui m’ont accueillie :

« A toi qui veut être un poète fort excellent,
L’art te requiert l’usage d’un habile talent ;
Lorsque tu te passionneras pour les beaux mots,
Et que tu voudras en produire même à flot.
Sache, petit, que toute poésie sans méthode,
Est laide comme la Méduse et incommode.
Tous ceux pour qui la robe et le sens du vers
Doivent être purs tels un repas dépourvu de vers.

Sois donc plus sévère lecteur qu’un simple écrivain,
De peur d’être sans critique trompé par ta main ;
Ne te laisse pas piéger par tes acrostiches,
Sois veillant au repos de tes hémistiches.

Offre à ton cher public une agréable musique,
Mais aussi un beau paysage à chaque distique,
A travers la riche composition de tes rimes,
Qui à l’oreille et l’œil se perçoivent et s’expriment.

Évite enfin une poétique catastrophe,
En te gardant loin des vers secs à ta strophe;
Au public, œuvre à donner l’aimable envie,
D’écouter ce que tu chantes dans ta poésie.

Dites-moi, comment éviter de se laisser séduire par ces mots ? Comment éviter de ne pas s’installer dans le canapé moelleux à souhait de cette salle de trésor et écouter la musique qui émane de son sein ?

Comment ne pas se laisser emporter par la mélodie, la simplicité et la véracité des mots, ne pas interroger son statut de poète ? 

Je n’ai pu m’empêcher de lire ces textes à haute voix, d’en faire du slam, d’imaginer Grand Corps Malade les déclamer.

J’écris pour dire que la vie vaut la peine qu’on s’y lance ;
J’écris, car cela me permet aussi de croire,
J’écris l’espoir, ce qui m’empêche de choir.
J’écris, car j’ai vu la couleur de la douleur,
J’écris les épines, mais je n’oublie pas la fleur,
J’écris beaucoup la haine, et quelques fois l’amour,
Car j’ai connu trop de peines, et très peu de beaux jours.
J’écris des textes auxquels je mêle des métaphores,
Depuis que j’ai su que la solitude peut être un confort,
J’écris, car je rêve qu’un jour nouveau se lève,
Et je ne ferai pas de trêve, jusqu’à ce que je crève.

 

Écrire,
C’est aussi s’adonner aux lettres,
Donner la chance aux piètres êtres,
De chasser leur mal être.
J’écris, car écrire c’est aussi offrir,
Je donne mes mots à ceux qui ne savent que souffrir.
J’écris et je cris les mots sourds de mes entrailles,
Je ris de mes joies, et pleurs de mes entailles.
J’écris pour réunir, j’écris pour abonnir
J’écris pour tenir, car ce n’est pas prêt de finir.

 

Ô mer, combien à moi tu ressembles !

Pleine de mystères, débordante de secrets ;

N’ébruitant jamais que ces vagues que tu rassembles,

Messagers laconiques, ténébreux et discrets.

Comme avec toi, les hommes n’ont pu,

Sonder le fond de mes sombres abîmes,

Alors, avec moi, certains ont rompu,

Les relations filiales comme celles intimes.

J’ai couru jusqu’ A l’EGERIE et là j’ai contemplé mon reflet dans le miroir, ressorti mes souvenirs :  amours en point de suspension, en point d’interrogation, en point final. 

Mes amours précoces, mes amours tardifs, mes amours avortés, tout était là… dans cette anthologie. 

« Loin des yeux, loin du cœur »

En voici un proverbe bien menteur,

La distance a attisé mes sentiments,

Son absence a accentué mes tourments.

 

Pourquoi si loin d’elle je ne pense qu’à elle ?

Et pourquoi brille si fort cette chandelle ?

Pourquoi dans mon sommeil, je la hèle ?

Et pourquoi j’entends ce chant d’elle ?

 

Après ton départ, les lendemains auraient dû jouer leur rôle,
Tout aurait dû s’effacer, et la vie aurait dû redevenir drôle ;
Hélas, depuis lors elle me semble perdue, ma vie d’antan,
Il m’en coûte de tout oblitérer, de reprendre mon envol,
Aujourd’hui encore, je stagne… alors, j’arrête le temps.

J’avoue être passée comme une flèche au palier ECRITS EN VRAC. Quelques-uns des textes écrits dans cette partie n’ont pas retenu mon attention.

Idem pour le palier AUX CHERS DISPARUS. Un léger vent de tristesse a soufflé en mon âme en lisant ces hommages aux disparus proches ou inconnus de l’auteur mais il a été de courte durée. J’ai un rapport assez étrange avec la mort mais n’en parlons pas ici.  (rires) 

Une orange, des bonbons, un repas sans surprise

Une horloge, une chanson, celle qu’on chante à l’église

Tel est le décor de chez moi, tous les soirs de Noël

Ah ! J’oubliais les omelettes qui dorment dans la poêle

 

Oh Dieu ! Dis au père Noël et à tous, que je suis un bon garçon

Et qu’ici aussi, on aime les cadeaux et pas que des p’tits pains

Que toute l’année on a été sage, et qu’on mérite une rançon

Je ne le dis pas que pour moi, mais aussi pour mes copains

J’ai trouvé ces strophes dans l’une des salles de trésor du palier 5 : ECRITS AMERS. Ai-je besoin d’indiquer qu’ils m’ont émue ? 

Dans cette salle de trésor, il est question de manque, d’attente déçue, de jugement de valeur, d’amour impossible, de destin cruel. 

Au paliers des DUOS, j’ai admiré la profondeur des échanges entre l’auteur et Kiné, l’auteur et Dija.

Dija :

J’ai connu ce sentiment amer, cette dépendance à l’autre
Celui-là qui nous laisse perplexe, et qui nous fait son apôtre
J’ai connu ces liens dits durs comme fer, et je les ai vus s’envoler
Et j’en ai appris que l’on ne peut, si on ne le veut, en être condamné

Marcus :

Dija, il est de ces événements qui surpassent notre pensée
De ces réalités que l’on ne peut hélas rejeter dans le passé
Il restera, entre elle et moi, toujours ce même contentieux
Que nous n’aurons réglé, avant qu’elle ne rejoigne les cieux

L’auteur part à la quête des peines du monde, revient aux siennes sans oublier de nous apporter notre lot. Il écrit comme il le sent, comme il l’entend, comme lui viennent les mots, librement. Et cette liberté  séduit, émeut. Les métaphores dont il use sont si bien pensées. 

Il y a tant de choses à dire sur cette anthologie, je préfère m’arrêter là. Penser les mots est une anthologie à lire, à relire et à faire lire. L’amoureuse des mots et des rimes que je suis s’est régalée. J’espère qu’il en sera de même pour vous. 

Biographie de l’auteur 

Auteur, entrepreneur, consultant et conférencier, Marcus da Writer est l’une des nouvelles voix de la
littérature africaine. Porte-parole de la jeunesse, c’est autour de thématiques relatives aux jeunes que s’inscrit la plus grande partie de ses oeuvres. Marcus, Ibuka Gédéon Ndjoli de son vrai nom, est l’auteur de « La Jeunesse Africaine a une voix », « Jeunesse & Education », « Sur les traces de MJ », et « Les Histoires de vos vies ».

Kusoma Group, la start-up africaine qu’il dirige, ambitionne de démocratiser l’édition et la lecture. Elle accompagne les auteurs indépendants et éditeurs d’œuvres africaines dans la démocratisation de leurs livres, grâce à une plateforme web et mobile qui comprend un Editeur, une Librairie et une Bibliothèque numériques.

Quelques détails de l’ouvrage

Nombre de pages  : 97

Date de publication : juin 2014.

Format : E-book  

 

signature coeur graceminlibe