Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Comme le bon pain de Mariama Ndoye

« Je dédie ce livre à toutes les « Dames pâtes », qu’elles soient pétries par des mains pures ou moins pures ; qu’importe, le levain fera monter la pâte et le bon pain nourrira le monde. Paraphrasant Térence, j’affirme : « Je suis femme, je veux que rien de ce qui est féminin ne me soit étranger. »
Toute femme, à la lecture de ce livre, se retrouvera à l’une ou l’autre page, ce n’est pas un hasard… J’ai donc peint un panneau de l’immense fresque que constitue l’éternel féminin. »

l'Afrique écrit

Ce roman est arrivé dans ma wishlist après l’avoir vu dans la liste des coups de cœur d’Isaïe Biton Koulibaly l’un des auteurs les plus célèbres de mon pays. J’ai voulu savoir pourquoi il avait adoré ce roman.

J’ai déjà lu une biographie de Mariama Ndoye et j’avais apprécié sa plume. La douceur émane de ses écrits, chose commune aux auteures sénégalaises que j’ai lues.

Dans ce roman, Bigué est la narratrice. Elle m’a fait sourire dès les premières lignes. avec sa forte confiance en elle. Elle est consciente de ses atouts et elle les égrène sans en oublier aucun.

Bigué nous fait des confidences. Des confidences qui lui appartiennent et celles des femmes de son entourage.

On le dit souvent dans mon pays : si ton homme croise le chemin d’une sénégalaise, tu es foutue ! Les femmes sénégalaises savent s’occuper des hommes et ce que Bigué nous confie dans ce livre ne font que confirmer ces dires. Les femmes sénégalaises sont dangereuses ! (rires)

Avec Bigué, on en apprend beaucoup sur l’art conjugal. Les femmes sénégalaises sont aux petits soins de leurs hommes, on leur inculque ces valeurs dès l’enfance. On leur apprend qu’elles doivent lutter pour garder leur mari près d’elle et être la préférée si elles sont dans un foyer polygame. Elles sont donc prêtes à tout pour assurer la stabilité de leur foyer. A la guerre, comme à la guerre !

Bigué nous livre ses états d’âme de femme qui aura bientôt une co-épouse. Elle nous livre les peines des femmes mariées, ces femmes mariées aux hommes volages, polygames.

Ce qu’elle a enduré dans son ménage, le pain ne l’a pas enduré dans le four.

 

Le mot est lâché: la polygamie. Notre mal n’est pas ailleurs, nous ne sommes ni voilées, ni dévoilées d’ailleurs, contre notre gré. Nous ne sommes ni excisées, ni infibulées, ni vendues, ni violées. Non ! Pire que cela ! Nous n’avons pas le droit d’aimer et d’être aimées en paix.

 

Elle nous dresse aussi le portrait de la société sénégalaise :

La vie dans ma société consiste en cela, sauvegarder les apparences au mépris parfois de son propre équilibre mental. Cela s’apprend. Comme tout dans la vie, cela se maîtrise petit à petit puis cela devient une seconde nature, puis une vraie nature, entre-temps on est devenu une autre. La maturité accouche aussi dans la douleur. On mûrit en perdant un être cher, une situation sécurisante, une bonne santé. Moi, j’étais appelée à mûrir en perdant mes certitudes.

 

J’ai bien aimé ce livre qui raisonne sur l’amour. J’ai souri en lisant certains proverbes et réflexions.

Au bout d’un certain temps, il ne reste rien d’un amour, si grand fût-il. Il aura pu se muer en amitié, en tendresse apitoyée, en fraternité, voire se dénaturer en indifférence, haine ou mépris.

 

“Le cœur est un tombeau” nul ne doit voir ce qui s’y trame, ce qui s’y joue, ce qui s’y passe réellement.

 

Aussi dans la famille, notre miroir préféré est-il devenu le regard des hommes. Il est presque plus flatteur que le vrai et pour cause, souvent intéressé.

 

L’intrigue est assez linéaire, du coup je me suis un peu ennuyée à la moitié de l’ouvrage. Heureusement le livre ne compte pas plus de 200 pages. J’ai compris pourquoi Isaïe Biton Koulibaly a aimé ce livre, il aborde son sujet de prédilection : les relations conjugales.

CONCLUSION : Comme le bon pain est une douce lecture. Si vous avez envie d’avoir quelques astuces pour “pimenter” votre vie de couple ou rire des mésaventures conjugales, n’hésitez pas à  lire ce roman.

ATTENTION : Ce livre est fortement déconseillé aux féministes. Elles vont péter une durite ! 

Christmas

Editions : Nouvelles Editions Ivoiriennes

Nombre de pages : 190

Date de publication : 2001

signature coeur graceminlibe

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L’arbre s’est penché de Mariama Ndoye

Montage créé avec bloggif

Toi qui me disais de ton vivant : « Mariama, qu’est-ce que tu écris tout le temps ? Tu n’as pas d’autre occupation ? En tout cas, ne m’écris pas, dé!  » Je passe outre ! Me le pardonnes-tu, maman ? Je veux te faire connaître au monde. Je veux célébrer mon amour pour toi qui maintenant m’étouffe. Seule la plume sert d’exutoire à mes larmes. Guide-la, rends-la belle pour que mes chants d’enfant pour toi soient les chants les plus beaux. Pardonne-moi de te livrer au monde, toi la pudique qui te contentais d’être une mère aimante et une épouse discrète.

 

La mort : royaume du silence, de l’oubli, de la nuit ;  source de tristesse. On est tous conscient qu’on n’y échappera pas mais on n’est jamais préparé à la perte d’un être cher.  

L’arbre s’est penché est un récit où Mariama Ndoye rend hommage à sa mère. Sa mère si forte, si taquine, si croyante, si bienveillante envers les gens de sa famille et les inconnus, sa mère pleine de bons conseils. 

 

Ne confie pas à ton mari tes secrets de famille, il y en a dans la sienne que tu ne connaîtras jamais. Ne délaisse pas le domicile conjugal. Ne confie à aucune amie, ce qui se passe dans ton ménage, ton amie a une amie, son amie a aussi une amie et confidente. D’oreilles attentives à bouches « chuchotantes », ton secret finira par être moins qu’un secret de polichinelle.

En évoquant des anecdotes familiales, Mariama Ndoye trace le portrait d’une mère déterminée, généreuse et irremplaçable. 

Mariama Ndoye montre en rapportant un poème écrit à sa mère que la poésie est la première chose à laquelle on pense quand on veut crier sa douleur  et rendre hommage. 

Affamées depuis la minute qui vit ton rythme cardiaque se muer en ligne continue sifflante comme un adieu

« c’est fini »

« ça ne fait que commencer pour nous »

Début du calvaire de te voir inerte

Ta moue annonciatrice d’un sourire nous fait languir

Ce sourire va-t-il s’afficher ? Nous l’attendons en vain

 

Le récit est plein d’émotions. Il montre l’amour, l’admiration, le respect qu’éprouve une fille pour sa mère. 

Il nous fait lever les yeux au ciel et dire notre reconnaissance au Créateur qui rassasie nos parents de vieux jours. On n’ose pas imaginer comment sera notre vie après leur dernier sommeil. 

Cette lecture est délicate, émouvante et montre combien il est important de vivre intensément chaque jour avec ceux qui comptent pour nous et de ne retenir que le meilleur. 

 

Biographie de l’auteur

Mariama Ndoye, épouse Mbengue est née à Rufisque, Sénégal, en 1953. Sa mère était téléphoniste et son père médecin nutritionniste. Après son baccalauréat A2 obtenu en 1971, Mariama Ndoye a poursuivi des études de lettres classiques à l’Université de Dakar sanctionnées par une licence de lettres classiques en 1975 et un doctorat en 1982. Elle a obtenu en 1977 un certificat de muséologie à l’Ecole du Louvre à Paris et occupé les fonctions de Conservateur du Musée d’art africain de l’IFAN (Institut fondamental d’Afrique noire) à Dakar jusqu’en 1986. Après un séjour de 15 ans en République de Côte d’Ivoire, elle a vécu plusieurs années en Tunisie où elle s’est adonnée à l’écriture tout en découvrant une nouvelle et riche culture. Au cours des ans, elle a participé à plusieurs rencontres littéraires et elle profite maintenant de ses petits enfants, source renouvelée d’amour et d’inspiration. L’œuvre de Mariama Ndoye comprend plusieurs romans, recueils de nouvelles et livres pour les enfants. En 2000, son roman « Soukey » a remporté le prix Vincent de Paul Nyonda décerné par les lycéens du Gabon, et en 2012 « L’arbre s’est penché » a été récompensé du Prix Ivoire en 2012.

 

Quelques détails de l’oeuvre 

Maison d’edition : Editions Eburnie

Date de publication : 2011

Nombre de pages : 130