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TTL 99 : Funeste opéra d’Antoine Vetro

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: Votre dernière découverte.

J’ai découvert, grâce à la Bibliothèque Encre Noire qui a ouvert ses portes le mois dernier dans ma commune, un polar du Sud plus précisément de la Sicile.

Il n’ira plus à l’opéra : la poitrine déchiquetée par deux coups de calibre 12 tirés à bout portant, le sang coagulé sur son smoking, Monsieur Baldasere Siculisani, pharmacien de son état, gît sans vie. Une histoire de vendetta ? Probablement. C’est souvent le cas en Sicile. La très redoutée Madame le Procureur, Erica Muratori, s’empare de l’affaire avec un zèle inhabituel. Dans le même temps, Salvatore, son mari journaliste, qu’elle méprise cordialement, enquête lui aussi de son côté…

Imagination imprévisible, comédiens, tragédiens, les méditerranéens préparent leurs vengeances, savourant sans le moindre état d’âme l’amertume de la rancune mêlée au plaisir de préparer la riposte. Un roman policier parfaitement orchestré qui se partage entre Narbonne, Montpellier, Paris et la Sicile.

Vous recherchez une enquête policière en plein cœur de la Sicile, une infiltration dans le milieu de la mafia avec des rebondissements ? Désolée, vous aurez plutôt des ex et futur ex qui se détestent, un plan machiavélique à déjouer, des amours naissants, une longue liste de plats de la Sicile qui font saliver soit dit en passant, une préparation d’un opéra, une mère qui tient à venger son fils…. Cette combinaison d’ingrédients m’a conduite à une lecture mitigée.

J’ai eu de l’intérêt pour cette vendetta sicilienne mais j’aurais voulu une enquête policière, me triturer les méninges pour trouver le coupable.

J’ai eu droit à des scènes teintées d’humour mais il m’a manqué du suspense, de la tension.

Je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages. Je les ai trouvés distants, presqu’inertes. Madame le procureur réussit à sortir du lot. Toujours tirée à 4 épingles, son obsession pour le Q.I m’a fait sourire par moment.

Permettez-moi de distinguer trois formes de rancunes. Celle des cathos qui la déguisent en pardon et en font de l’eczéma, aucun intérêt; la rancune chaude, elle, provoque une vengeance immédiate qui soulage, mais présente le risque de manquer sa cible car difficile à maîtriser[…]; et puis il y a la plus délicieuse, celle dont l’amertume se mêle au plaisir de préparer la riposte, la rancune froide.

Avez-vous déjà lu Antoine Vétro ?

Quel livre auriez-vous proposé pour ce thème ?

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TTL 97 : Le mal de peau – Monique Ilboudo

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: Scolaire.

Ce thème m’a fait penser au mal de peau de Monique Ilboudo pour deux raisons. La première: l’un des personnages principaux part faire ses études universitaires en France, la vie estudiantine est évoquée. La seconde, vous la découvrirez dans mon avis.

Couverture Le mal de peau

Le Mal de peau met en parallèle le destin de deux femmes, Sibila, la mère, et Cathy, la fille. Ces deux femmes vont, chacune dans leur époque, se trouver confrontées au colonisateur blanc. A l’image de son peuple, Sibila sera violée par le commandant de cercle. Née de ce viol, Cathy a du mal à vivre sa différence, et n’a qu’un rêve : retrouver son géniteur. A vingt ans, elle traverse la mer et vient étudier en France. Elle découvre Paris et sa banlieue, l’université, et tombe amoureuse d’un jeune Blanc. Mais après la mère, le destin de la fille sera à son tour marqué par les forces sombres de la colonisation.

Deux femmes, une lignée. Le mal de peau c’est leur histoire commune et leurs parcours de vie. On suit de façon alternée la vie de Sibila, la mère de Cathy au Tinga et Cathy qui part faire ses études universitaires en France.

Alternance de lieux mais aussi d’époque. Le Tinga colonial et post-colonial.

Dressons d’abord le portrait de la mère. Une femme que la vie n’a pas épargnée. Son père tente de la marier de force, elle est ensuite violée par un colon. Ces événements ont-ils conditionné sa vie sentimentale ? C’est l’impression qu’on a car Sibila enchaîne les déboires sentimentaux. J’ai eu de la peine pour cette mère célibataire qui tente à travers les hommes qu’elle rencontre de trouver un père pour ses enfants.

Cathy est le fruit d’un acte sexuel non consenti. Métisse, elle subit des rejets à l’école. Elle rêve de connaître son père. Ses études universitaires la mènent en France et elle y rencontre un jeune homme blanc issu d’une famille où le mélange des races ne fait pas partie des vœux.

Dans ce pays qui n’est pas le sien, elle se frotte au racisme, au rejet. Le mal de peau refait surface.

Défis de mère célibataire, racisme dans les années post-coloniales, métissage et sentiment d’entre-deux sont les thématiques de ce roman.

Thématiques intéressantes mais j’ai eu du mal au bout d’un certain temps avec la narration académique, le ton didactique. J’ai hélas trouvé que certaines descriptions étaient inutiles à mon sens.

Je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages. J’ai trouvé que l’histoire de Sibila était plus vivante que celle de sa fille.

Et que dire du dénouement ? Une véritable déception ! Quel était le but de l’auteur: choquer le lecteur, déclencher une avalanche de larmes, rendre son histoire inoubliable ? D’autres péripéties auraient été nettement judicieuses. Oui, une vie qui commence et s’achève dans le malheur, c’est un fait, mais qu’elle nous présente un clap de fin de ce genre, ça n’a aucun sens pour moi.

Quel livre auriez-vous proposé pour ce thème ?

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Nouvelles du monde #4 : Madagascar

Amazon.com: Nouvelles de Madagascar: Récits de voyage (Miniatures ...

Après Nouvelles de Nouvelle-Calédonie, Nouvelles du Mexique et Nouvelles du Soudan, cap sur Madagascar !

Ce recueil, avec des nouvelles inédites d’auteurs vivant à Madagascar ou en Europe, tous hantés par leur île, ses sortilèges, son histoire ancienne et tous soucieux de son devenir, est une photographie de l’île aujourd’hui. La pauvreté, celle des campagnes et celle des villes, l’exode, le tourisme et ses terribles conséquences, la corruption, l’instabilité politique, mais aussi le passé prestigieux, Antananarivo la grouillante « Ville des Mille  » : tels sont les sujets de ces textes qui permettent d’aborder la réalité malgache. Rahamirana, Jean-pierre Haga, Alexandra Malala, Johary Ravaloson, Esther Randriamamonjy et Magali Nirina Marson sont les plumes de ce recueil. Six auteurs, six histoires, un pays : Madagascar. Madagascar et ses zébus, ses épices, sa vanille.

Dans la nouvelle Ambilobe, le narrateur nous raconte son périple à Ambilobe. La ville est à deux heures de Diego Suarez où il a un entretien avec le directeur de l’Alliance française. Il va emprunter un taxi-brousse et faire face à des péripéties dignes de canulars. J’ai beaucoup apprécié la note comique de cette nouvelle.

La nouvelle Destins raconte l’histoire d’un ivrogne, héros à ses dépens.

Dans le rebelle, un jeune homme décide d’emprunter une voie professionnelle autre que celle tracée par ses parents.

Le charretier et la Mercedes est le récit de deux hommes dont l’un pense qu’il n’aura jamais besoin de l’autre. Une courte nouvelle de 8 pages qui rappelle avec humour l’importance de l’humilité.

La nouvelle de Johary Ravaloson est un ensemble de chroniques, plusieurs récits évoquant les fausses promesses des politiciens, la corruption, l’adultère, un couple au bord du divorce…

La nouvelle que j’ai énormément appréciée est celle de Magali Nirina Marson. « Je me déserte » est le titre de la nouvelle. Elle évoque la vie d’Aïna, jeune métisse franco-malgache, découvrant la misère à 11 ans, troquant son corps contre l’argent. Aïna a subi un viol et le symbole qu’elle utilise pour décrire cet acte sexuel sous la contrainte est percutant

Je me souviens encore des allers et retours de la scie dedans, encore ; puis d’un grognement d’animal ; et lourd, le poids sur moi. Il y a eu… brûlure liquide dedans. Je vais mourir, je me suis dit. J’ai cru un moment que c’était fini, mais chacun des hommes avait sa scie à lui… La douleur qui vrille, le ventre qui explose… La scie dedans qui recommence, encore… page 138.

Cette nouvelle évoque également le SIDA, conséquence de rapports non protégés.

Nouvelles de Madagascar, dans son ensemble, offre une lecture sympathique même si les nouvelles sont inégales en terme de profondeur et émotion.

Il me tarde maintenant de découvrir les autres livres de la collection Miniatures.

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Au bord de la rivière Cane – Lalita Tademy

 
A travers quatre générations de femmes noires américaines, cette émouvante saga familiale, riche en rebondissements, raconte la fin de l’esclavage.
En 1837, Suzette est esclave chez de riches planteurs français installés en Louisiane. Ici, les blancs ne brutalisent pas les Noirs, ils les considèrent simplement comme des outils domestiques. Séduite et engrossée par Eugène Daurat, un bellâtre bordelais, elle va donner naissance à Philomène. L’émancipation est en route. Philomène sait se rendre indispensable et, à la mort de ses maîtres, toute la plantation repose sur ses épaules.
Peu à peu, grâce à sa liaison avec Narcisse Fredieu, un fermier blanc fort épris d’elle, elle va mener combat afin d’obtenir de meilleures conditions de vie pour elle et ses enfants. Ce roman épique, inspiré d’une histoire vraie – celle de l’auteur -, s’appuie sur l’extraordinaire force de vie et la soif de progrès de ces femmes qui utilisent les seules armes dont elles disposent : patience, endurance, ruse et séduction pour trouver la force nécessaire à élever seules leur nombreuse progéniture, et à vivre les heures les plus sombres dans la promesse et l’espoir de la liberté.
l'Afrique écrit

Une saga familiale évoquant des femmes qui ne sont pas des personnages de papier, des femmes qui ont réellement existé. Des femmes fortes… 

L’histoire débute dans les années 1850.  

Suzette est la première femme de la lignée ancestrale à être présentée. Née en 1825, nègre de maison, elle va être violée à répétition par Eugène Daurat

À la fin de chacune de leurs relations, il lui disait : Merci, ma chère.
Suzette essayait de deviner ce que l’homme-poupée voulait dire par là. S’il s’agissait d’un véritable remerciement, avait-elle la possibilité, quand il voulait la rencontrer, d’obéir ou non à ses instructions ? Était-elle autorisée à dire tout haut qu’elle n’avait pas envie de s’allonger en cachette pendant qu’il fouraillait et parfois lui faisait mal ? 

Elle n’avait pas la possibilité de lui résister. C’était un adulte, un homme blanc et un ami des Derbanne. Elle ne pouvait pas se confesser à sa mère.

Ce viol subi par Suzette n’est pas inédit. Sa mère l’a aussi subi….

De ces viols vont naître des enfants métis. Si ce métissage n’a pas été recherché par Suzette, sa fille, Philomène va le désirer en vue d’assurer un meilleur avenir pour sa descendance. Philomène est convaincue qu’une peau claire servira à ses enfants. Elle leur donnera accès à une ascension sociale, à plus de liberté. 

Philomène utilisera le désir de l’homme blanc pour blanchir le sang de sa lignée et avoir des droits…. Ruse et séduction vont être ses armes pour atteindre ses objectifs. 

— Sois pas téméraire au point d’imaginer que tu peux gagner le cœur de Narcisse Fredieu, répondit Elisabeth.
— Qu’est-ce que j’ferais du cœur d’un homme blanc ? répliqua Philomène d’un ton tranchant. J’veux sa tête, son esprit. J’suis pas sans ressource, Mémère. Moi aussi, j’peux épier les gens, regarder dans leur âme. Il veut que j’le connaisse, mais il me connaîtra jamais. 

Elle fit lever les bras à Eugène pour lui enlever sa chemise sale.
— T’as des idées préconçues sur la couleur, exactement comme Suzette, dit-elle à Philomène.
— Une peau claire, ça leur servira.
Philomène regarda ses enfants. Leurs cheveux cuivrés étaient raides et ils avaient des traits de type européen et non africain.
— Tous les deux, on croirait des Blancs.
— Ce genre d’idée, grommela Elisabeth, ça vous brise une famille.

La logique de Philomène va s’ancrer dans la famille et se transmettre de génération en génération.

La logique familiale le poussait à épouser une femme aux caractéristiques précises : une peau blanche, des yeux clairs, des cheveux raides, une éducation catholique. Et féconde, pour que la génération à venir augment encore la distance entre eux et les nègres, et se rapproche des Blancs. Il était même envisageable qu’il épouse une Blanche, comme son oncle Nick l’encourageait à le faire.
Des générations avaient été sacrifiées au nom de l’apparence. Cette pensée remplissait T.O.

La seule chose qui lui restait à faire était de purifier le sang de ses propres enfants. Combien de fois sa mère ne lui avait-elle pas dit que le sang était tout ? Bien évidemment, elle parlait du sang blanc. 

J’ai apprécié, le refus de T.O, descendant de Philomène, de faire perdurer cette coutume familiale et d’épouser une noire. 

Au bord de la rivière cane montre un aperçu d’une époque importante de l’histoire afro-américaine. Fin de l’esclavage, instauration de la ségrégation raciale et des relations interraciales perçues comme un crime. 

— Nicolas, il a toujours été gentil avec moi, dit-elle d’un ton collet monté.
— Y a gentil et gentil. Gentil par simple obligeance et gentil sur quoi bâtir une partie de sa vie. Même si Nicolas, il avait du goût pour toi, sa famille, elle le tolérerait pas.

Ce roman dépeint le colorisme, le rejet de la couleur de peau noire parce qu’elle renvoie à l’esclavage, à la souffrance, au plafond de verre…

Au bord de la rivière cane est un roman émouvant, entraînant. Les personnages bien construits ont du caractère à l’instar de Philomène lucide, déterminée, très pragmatique. Le style fluide de l’auteur permet de traverser la rivière de papier de 496 pages sans frôler l’ennui.

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Éditeur : Charleston

Année de publication :  2019

Nombre de pages : 496

Disponible aux formats papier et numérique 

Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020

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L’inconnu de Yellowstone ou le défi d’une héritière ?

J’avais mis une pause aux romances mais ayant besoin de lectures rapides afin de prendre de l’avance dans mon challenge en cours sur Livraddict, il m’en fallait une.

J’ai donc lu L’inconnu de Yellowstone, tome 8 de la saga Westmoreland de Brenda Jackson

Le test de grossesse qu’elle tenait devant elle était formel, mais Savannah Claiborne n’en croyait pas ses yeux : c’était impossible, elle ne pouvait pas être enceinte de cet homme qu’elle n’avait jamais revu après la nuit de passion qu’ils avaient partagée lors du mariage de sa sœur ! Pourtant, il lui fallait se rendre à l’évidence : dans sept mois, elle serait mère. Et soudain, elle se rendit compte qu’elle ne savait pratiquement rien du père de son enfant, rien, sinon qu’il lui avait fait connaître cette nuit-là le sens du mot passion. Rien, sinon qu’il vivait en pleine nature, dans le parc de Yellowstone… Et qu’elle allait devoir le retrouver afin de lui apprendre la nouvelle… 

 

l'Afrique écrit

Savannah a 27 ans et elle sera mère célibataire. C’est ce qu’elle a décidé en découvrant le test du résultat de grossesse mais elle tient quand même à informer le père. Elle n’attend rien de lui, surtout pas le mariage qu’il lui propose. Un mariage blanc ! Durango veut assister aux premiers mois de vie de son enfant.  Ils se sépareront quelques mois après la naissance du bébé.

Il ne sera pas question d’amour. Durango, trentenaire et célibataire endurci n’y croit plus après avoir été blessé. Je commence à me lasser de ce scénario en romance.

Bref ! Qu’auriez-vous décidé à la place de Savannah ? Je pense que j’aurais dit oui vu que Durango a le physique de l’homme parfait, il n’est pas au chômage, a un toit et semble prévenant. 

Savannah hésite, finit par accepter mais pose une condition : aucune intimité ne sera possible entre eux durant toute cette période. 

Durango acceptera-t-il cette condition vu le désir qu’il ressent pour elle ? 

Avouons le, l’intrigue n’a rien d’original. Le scénario où les amants se rendent compte qu’ils se sont aimés dès le premier regard, ça me fatigue ! Attendez, l’amour ne peut pas venir au fil d’une relation qui a commencé de manière charnelle ?

Mais bon le roman se laisse lire. Les personnages sont intéressants et l’histoire est bien écrite.

Durango a un meilleur ami et associé dans l’élevage des chevaux : McKinnon, un métis indien. 

Mon intuition me dit qu’il pourrait faire l’objet d’un autre tome de la saga. Un petit tour sur internet confirme mon intuition. Je fais appel à mon dealeur de romance et en quelques minutes j’ai le livre. Dès les premières lignes, je sens qu’il a du potentiel. Je fais une pause dans ma lecture du tome 8 et me plonge avec avidité dans ce tome 10.

 


 

Le défi d’une héritière, tome 10 de la saga Westmoreland 

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Troublée par l’ironie avec laquelle McKinnon Quinn la dévisage, Casey ne peut s’empêcher un instant de douter. Malgré son arrogance, cet homme l’attire inexplicablement, avec son visage anguleux aux pommettes saillantes, ses yeux noirs comme du jais, sa mâchoire têtue et ses lèvres sensuelles. Pourtant, même s’il éveille en elle d’ardents désirs, Casey sait qu’elle ne doit pas oublier les raisons qui l’ont poussée à venir lui parler. Elle doit absolument le convaincre de l’engager et, s’il pense qu’elle n’est pas à la hauteur, lui montrer de quoi est capable une Westmoreland…

l'Afrique écrit

 

Des personnages avec du caractère, voilà ce qu’on demande dans les romances modernes !

Casey, femme menue arborant la trentaine, est la cousine de Durango. Elle est venue dans le Montana pour se rapprocher de son père dont elle ne connaît l’existence que depuis deux ans. Elle a toujours voulu entraîner des chevaux mais sa mère I’a dissuadée d’embrasser cette carrière. Elle disait qu’il était essentiel dans notre monde d’aller à l’université et d’obtenir des diplômes. Casey a donc mis son rêve entre parenthèses mais, aujourd’hui, elle est plus déterminée que jamais à le réaliser et ce ne sera pas McKinnon qui l’empêchera. 

Quand elle vient lui demander du travail, il refuse catégoriquement mais Casey a de lourds arguments parmi lesquels figure son savoir équestre et sa détermination.

Casey et McKinnon nous captivent dès les premières lignes. On adore quand ils se tiennent tête, on adore quand ils résistent un peu à l’autre avant de s’abandonner à la passion qui les dévore. 

L’héroïne est vierge. Ça peut être ringard, déjà-vu mais il y a encore des pucelles dans ce monde qui comme Casey croient à l’unique amour et se réservent pour lui. Pourquoi les oublier dans les romans, ne pas leur donner une voix ? 

Lorsqu’on lit beaucoup de romance, on cherche parfois à aller au-delà de l’amour. On cherche des thèmes forts et Brenda Jackson l’a bien compris. Ce roman aborde la parentalité dans le cas où l’un des partenaires est porteur d’une maladie rare. 

J’ai passé un très bon moment de lecture. Je n’avais plus envie après de retourner lire L’inconnu de Yellowstone.😀

Si vous devez faire un jour un choix entre les deux tomes de cette saga, choisissez le tome 10. Conseil d’une amie qui veut vous faire gagner du temps.

signature coeur graceminlibe

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Camarade papa – Gauz

Deux narrateurs, deux époques : période coloniale et post-coloniale.

Dans la vie de Dabilly et le fils de Camarade Papa, il y a un avant et un après : l’avant se situe en France  pour Dabilly et les Pays Bas pour le fils de Camarade Papa, l’après c’est la Côte d’Ivoire.

Nos deux narrateurs nous invitent dans leurs mondes respectifs à tour de rôle.

Sa mère morte, le fils de Camarade Papa est envoyé en Afrique pour retrouver sa grand-mère et ses racines, avec une « mission » : observer le monde post-colonial, tout en restant fidèle à son éducation révolutionnaire.

Gauz fidèle à lui-même parle du communisme à travers les yeux d’un enfant qui a une façon bien rouge de parler. Ses mots déroutent. Il faut oublier le français de Verlaine et être à l’écoute de cette langue nouvelle. Une langue originale, un ton bourré d’humour. On passe un bon moment avec ce Citoyen.

Dabilly quant à lui a toujours rêvé partir. 

Vivre et grandir à Abilly, un lieu dont on porte le nom à l’état civil, et ne pas s’y sentir chez soi. J’ai toujours rêvé partir. Au catéchisme, où je suis assidu, j’ai appris que la rédemption des âmes se faisait en partant. Seul, en bande ou avec tout un peuple, de la Genèse à l’Apocalypse, on part pour se sauver, accomplir une destinée.

Il tente donc l’aventure coloniale. Il raconte son arrivée à la Rochelle, en Alsace, la traversée jusqu’à Grand-Bassam. Dabilly nous fait découvrir le Grand-Bassam des années 1880 : factoreries, enseignes commerciales anglaises, enseignes commerciales françaises.

Dabilly est affecté « à un poste dans une zone boisée comprise au nord d’Assinie. » Dans ce pays inconnu, il devra bâtir un poste et le tenir. Dabilly devient un explorateur.

Les français présents sur la côte ont le sens du devoir. Ils ont une mission et doivent l’accomplir. C’est leur obsession commune. 

« Nous devons accélérer l’occupation effective »,

« Nous devons faire barrage au péril anglais »,

« Nous devons sauver nos établissements sur la côte »,

« Nous devons préserver le fruit de nos efforts »…

Comment parler de colonisation sans parler de Binger ? Il passe presque inaperçu dans ce roman. Gauz préfère parler de Treich-Laplène, résident délégué de France, fin stratège. En parcourant le roman, on comprend mieux pourquoi sa sœur Valentine tenait à faire connaître et reconnaître son parcours héroïque et œuvre pionnière. Binger est un usurpateur.

Toutes les réponses passent par Treich. Un saint. Treich sait. Treich connaît. Treich comprend. Treich peut. Treich va. On ne parle pas de lui, on l’invoque.

— Économie de traite, politique de traités. Le modèle est primitif, mais efficace pour le moment. — Pour les traités, il y a Treich. Toujours flanqué de son « cheeeer Anno », il a le don de capter la sympathie des chefs locaux on ne sait trop comment.

Dabilly est profondément humain, cela le rend attachant. Fleur bleue, j’ai apprécié son histoire d’amour discrète, celle qui fera le lien entre le fils de Camarade Papa et lui.

Dabilly va à la rencontre de la population noire. On découvre les appoloniens, les Kroumens, puis le peuple agny. Sont dévoilés leurs organisations, légendes, rituels et mystères.

Ces populations ne voient pas le mal venir de loin.

— Les chefs noirs ne sont pas un problème. Ils croient que nous sommes là pour le commerce avant tout et ils veulent en profiter. Ils n’ont pas encore conscience que nous allons occuper le pays. Pour le moment, c’est plus facile de s’entendre avec eux qu’avec les Anglais.

 

Merci à l’auteur d’avoir mis en avant ces sociétés matriarcales du Sud où la femme a une place très importante. J’ai apprécié le portrait de Malan Alloua très féministe, maîtresse de son corps et de ses pensées.

Camarade Papa au style parlé et imagé m’a fait passer un bon moment de lecture. Je loue la prise de risque de Gauz.

J’ai apprécié le volet culturel de l’oeuvre même si j’ai été perdue à quelques endroits. L’abondance de personnages secondaires a engendré des moments de confusion. Il faut rester concentrée pour ne pas perdre le fil.

J’ai eu l’impression à certains endroits de ne pas saisir où l’auteur voulait en venir. Il m’a fallu relire des passages. La presse dit que l’auteur fait appel à l’intelligence du lecteur. J’ai tu mes incompréhensions de peur de paraître bête. Non, je refuse d’être une Rami* 😀

Camarade Papa est-il un roman engagé ?

Je vous laisse méditer cette définition de l’engagement en littérature : l’écrivain engagé n’impose pas un point de vue idéologique ou politique, il « a choisi de dévoiler le monde et singulièrement l’homme aux autres hommes pour que ceux-ci prennent en face de l’objet ainsi mis à nu leur entière responsabilité». Il appelle l’action, mais prétend ne pas en déterminer le contenu. C’est bien cette habileté que Sartre, dès 1938, reconnaissait à l’écrivain américain John Dos Passos, dont l’entreprise était « de nous montrer ce monde-ci, le nôtre. De le montrer seulement, sans explications ni commentaires », afin de susciter un sentiment de rejet (Source LE ROMAN FACE À L’HISTOIRE de Sylvie Servoise, chapitre 2 Roman engagé et roman à thèse : les frères ennemis)

 

Pour plus d’informations sur Camarade papa, cliquez ICI

Si vous l’avez lu, n’hésitez pas à le signifier en commentaire pour qu’on en discute.

 

* Personnage de soap opera dramatique turque qui souffre de déficience mentale légère.

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