Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Fela back to Lagos – Loulou Dédola et Luca Ferrara

Le week-end dernier, j’ai participé à la 4e édition du Livr’échange.

J’ai apporté la candeur entachée et je suis repartie avec FELA BACK TO LAGOS!

La bande-dessinée est un genre auquel je me mets petit à petit. Le propriétaire du livre ayant dit un grand bien de l’oeuvre, je m’y suis plongée une fois rentrée à la maison.

Dans la mégalopole tentaculaire de Lagos, au Nigéria, Adedola est ce que l’on appelle un  » Area Boy  » : ces petits voyous des quartiers pauvres prêts à vous trouer la peau pour quelques dollars américains. Son quotidien ultra-violent ne connait de répit que lorsqu’il rend visite à son grand-père, avec qui il partage son amour pour la musique de Fela Kuti, le chantre de l’Afro Beat.
Ensemble, ils discutent pendant des heures de la vie du  » Black President  » et son combat, aussi bien musical que politique, pour le destin du peuple nigérian et africain. Mais le jour où son grand-père meurt, Adedola bascule dans une spirale autodestructrice. On le prétend possédé, prêt à être exorcisé par un pasteur dans l’une de ces cérémonies où l’on fait ingurgiter de l’acide aux jeunes pour les purifier…
Atrocement brûlé, Adedola est finalement laissé pour mort dans l’une des immenses décharges de la ville. Mais dans les limbes, il entend retentir le saxophone de son idole…

Les premières planches présentent Fela Kuti, le roi de l’Afrobeat dont je ne sais pas grand chose. Le découvrir à travers cette bande-dessinée m’a donné envie de lire l’une de ses biographies.

Ensuite Ade, l’adolescent qui se nourrit de la rue, intervient. On découvre un jeune homme, orphelin de père, qui vit de vol. Lorsque son chemin croise celui de Shina Edo et le pasteur Powell, sa vie bascule dans le néant.

Le lecteur est ancré dans la réalité de Lagos avec la violence urbaine, il côtoie également le surnaturel à travers les dieux et déesses yoruba. Il s’engage avec Ade dans une course contre la montre.

Fela back to Lagos a été une sympathique lecture. Plusieurs thèmes sont abordés notamment la vie de Fela Kuti, la mythologie yoruba, la manipulation des religieux et leur hypocrisie, la domination des puissants mais le déroulement de l’histoire trop précipité n’a pas permis l’exploitation des thèmes en profondeur. Le rythme est trop haché, il m’a manqué des transitions.

Certains passages m’ont échappée. Je suis restée sur ma faim quant aux sorts de Shina Edo et du pasteur Powell.

Parlant des dessins, les traits sont semi-réalistes et ne m’ont pas vraiment charmée. Au niveau de la colorisation, il y a une alternance entre couleurs chaudes et couleurs ternes. J’aurais voulu qu’il y ait une prépondérance de couleurs chaudes.

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Le Destin d’Orïsha, tome 1 : De Sang et de Rage de Tomi Adeyemi

Il fut un temps où la terre d’Orïsha était baignée de magie. Mais une nuit, tout a basculé, le roi l’a faite disparaître et a asservi le peuple des majis. Zélie Adebola n’était alors qu’une enfant. Aujourd’hui, elle a le moyen de ramener la magie et rendre la liberté à son peuple ; même si face à elle se dresse le prince héritier du trône, prêt à tout pour la traquer. Dans une Afrique imaginaire où rôdent les léopardaires blancs et où les esprits ont soif de vengeance, Zélie s’élance dans une quête périlleuse…

Pour une fois, je vais d’abord parler de l’auteur. Tomi Adeyemi est née aux USA et est d’origine nigériane. Ses parents ne lui ont jamais appris sa langue maternelle. C’est à l’âge adulte qu’elle va effectuer ce voyage en esprit vers sa terre natale. Elle a étudié la mythologie et la culture de l’Afrique de l’Ouest à Salvador, au Brésil, grâce à une bourse. C’est cette expérience qui l’a inspirée à écrire Children of Blood and Bone. Son histoire personnelle me montre combien la transmission culturelle est importante. Combien il est important de valoriser notre culture africaine et la transmettre aux générations actuelle et future.

Cendre a initié une lecture commune sur ce roman via Livraddict et ce fut une belle opportunité pour moi d’aller à la rencontre de ce roman de 500 pages. La fantasy n’est pas mon genre favori mais la littérature africaine je l’explore de fond en comble. L’Afrique, j’aimerais qu’elle soit présente, vivante dans chaque genre littéraire alors je lis chaque auteur qui exploite ces genres.

Commençons par l’univers créé. J’ai beaucoup apprécié cette mise en avant de la mythologie yoruba. Le mysticisme africain a souvent une connotation négative. Le fait de l’insérer dans la fantasy donne un autre angle d’appréciation. L’auteure a également rendu crédible son univers via les mets présentés, les tenues vestimentaires. Elle n’insiste pas assez sur les paysages à mon sens mais ce n’est pas gênant. Je n’aime d’ailleurs pas les longues descriptions de paysage.

Quid de la romance ? Le lecteur a droit à deux romances prévisibles. Si celle de Zélie est très précipitée, celle d’Amari a le mérite de s’installer progressivement. J’ai trouvé la romance de Zélie très mièvre, j’avais hâte d’en finir. Puisqu’on parle des personnages, j’ai eu un coup de cœur pour Roën, il apporte une fraîcheur dans le récit.

Quid de la quête ? L’histoire se déroule à Orishä, un vaste royaume dont les villes portent pour certaines les noms des villes du Nigéria actuel. A Orishä, la magie a disparu, les devins sont persécutés, discriminés. Le roi Saran, père d’Amari et d’Inan a éradiqué la magie mais notre héroïne Zélie a pour objectif de la faire revenir. Une quête qui s’avère périlleuse.

Roman choral, narration alternée car le lecteur vit le récit à travers 3 narrateurs : Amari, Zélie et Inan. Le récit est très fluide, les chapitres courts donnent du rythme à l’histoire. J’ai peur des pavés en général mais celui-là se lit aisément.

Les rebondissements sont nombreux mais il faut avouer qu’il y a certaines péripéties invraisemblables. J’ai eu du mal à me représenter cette arène avec des bateaux qui se livrent bataille. La scène avec les mercenaires sur les bateaux était trop surréaliste à mon goût.

Je me demande bien ce qui a motivé le choix de l’auteur pour le choix du prénom de Zélie. L’histoire met en avant la culture des yoruba mais Zélie est la seule à avoir un prénom d’origine latine.

Si le roman se déroule dans un pays imaginaire, il tire son inspiration d’événements réels. Selon Adeyemi, le mouvement Black Lives Matter était au premier plan de son esprit, elle fait un parallèle entre les violences policières aux USA contre les Afro-Américains et le traitement des gardes envers les devins.

De ce que j’ai compris devin et kosidan ont la même couleur de peau à quelques nuances près, ce serait donc plutôt du tribalisme ou de la xénophobie et non du racisme. L’utilisation du terme cafard a confirmé mes propos car les hutu avaient l’ignoble habitude de désigner les tutsi de la sorte. La dénonciation de l’injustice, de la discrimination véhiculée dans ce roman est un message qui me touche.

J‘ai passé un bon moment de lecture dans l’ensemble et je lirai certainement le tome 2 pour découvrir la suite des aventures de Zélie et Amari.

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