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Vous mourrez dans dix jours de Henri Djombo

Ce titre m’a intriguée et hantée durant un an. J’ai imaginé mille et un scénarios. Il me fallait ce roman.

Au SILA 2018, j’ai entendu le nom de son auteur. Il était présent sur l’un des stands. Henri Djombo, écrivain et ministre devait participer à la cérémonie de clôture du SILA 2018. Il n’y avait qu’un seul exemplaire du roman. Je n’avais plus de sous mais heureusement la monnaie électronique existe. J’ai donc tapé un sprint digne de celui de Marie José Ta Lou pour avoir cet unique exemplaire.

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À l’annonce, par lettre anonyme, de sa mort dans dix jours, Joseph Niamo, un brillant chef d’entreprise, se coupe du monde et se recroqueville dans sa chambre à coucher. L’enquête intérieure, censée aboutir à l’identification de ses mystérieux détracteurs, se transforme en une véritable analyse de la nature humaine et des mœurs de la société contemporaine. Du fond de son «bunker secret», tel un spectre errant, Joseph Niamo pronostique minutieusement la réaction de sa femme, de ses enfants, du personnel domestique, des membres de sa famille, de ses employés, de ses détracteurs et de la société dans laquelle il vit.

Une société  où la veuve est maltraitée

Vous mourrez dans dix jours

 

Une société où les orphelins sont spoliés de leur héritage.

Une société où celui qui prospère est jalousé, envié, escroqué.

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Joseph Niamo a de nombreux détracteurs. Ses affaires sont souvent l’objet de sabotage. Triste de voir combien l’homme est un loup pour l’homme.  

Les jours passent et on craint que la menace ne s’exécute. Le dixième jour, la mort, tant redoutée, finit par le surprendre. Mais…

 

Vous mourrez dans dix jours est une agréable lecture. Belle écriture fluide qui suscite de l’émotion. La lectrice gourmande et exigeante que je suis en attendait beaucoup plus de l’intrigue. 

Le roman s’attarde sur l’analyse de la nature humaine et des mœurs de la société contemporaine. J’ai apprécié mais espérais plus. L’émetteur de la lettre anonyme par exemple n’est pas démasqué. On a des soupçons tout au long de la lecture qui ne sont ni confirmés, ni infirmés. 

Je m’attendais à des rebondissements et quelques faits de suspense qui ne sont jamais venus. Ce livre ne s’est pas donné cette vocation…

 

GM signature

 

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Enfin lu Le convoi de Marijosé Alie – Prix Ivoire 2016

Le convoi a remporté le Prix Ivoire 2016. J’ai attendu qu’il sorte en livre de poche pour pouvoir le lire et je trouve d’ailleurs que la couverture du format poche représente mieux le décor de l’oeuvre.

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À Campan, minuscule fin fond de l’Amazonie, il y a Marie qui marche et prie pour sa mère qui n’a jamais souri. Félicité qui tient son bazar, aime les hommes et s’occupe de tous les enfants du quartier. Tiouca, le guerrier blanc qui cherche l’oubli, Jonathan le fils révolté du procureur, Suzanne et son histoire. Il y a la vieille, un peu de monde et la vie indolente et chaotique au rythme du soleil, de la grande forêt, du tumulte du fleuve. Il y a aussi le signal de Lulla, fils de chaman. Julie la Parisienne qui n’a peur de rien sauf d’elle-même et Maïla, mannequin sur le déclin, qui arrivent. Et ce frémissement dans l’air, les rumeurs terribles et persistantes qui viennent de partout. D’un convoi qui se déplace dans la brousse avec le pressentiment des vies qu’il va bouleverser. 

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En fermant ce roman, je me suis demandé quoi écrire dans ma chronique. Le convoi est un récit fantastique étrange. Il n’est pas fait pour être raconté, plutôt pour être vécu… 

Le paysage du récit m’est inconnu, les personnages sont nombreux et s’expriment tous. Ils sont amérindiens, brésiliens, français… De prime abord cela déconcerte mais leurs singulières histoires captivent. Chacun porte un fardeau, a un manque à combler. Chacun a une tristesse qui chante au fond de son âme. Une tristesse qui émeut et qui nous lie d’une certaine manière à eux. 

L’intrigue du roman est axé sur le convoi qui se déplace. Un convoi mystérieux pensé par Alakipou qu’on appelle le Poète. C’est lui qui a rassemblé toutes ces personnes venant des quatre coins du monde dans cette jungle amazonienne. Quel est son but ? Fait-il du trafic de drogue ou du trafic humain ? Les indices sont flous, voire complexes mais je n’ai pas lâché le livre parce que la plume de Marijosé Alie est envoûtante. 

Elle a une maîtrise parfaite de la langue de Molière. Son style est riche, poétique. En tant que jeune auteure, j’ai beaucoup appris. Les escales (chapitres) dans ce voyage sont courtes et permettent de ne pas s’ennuyer. 

Elle fait chanter les mots. Elle exprime le désir sexuel féminin, souligne le brassage des cultures, appelle à l’acceptation des différences, à la connaissance, au respect de l’autre et de la nature. 

Ce qui fait la force de cette oeuvre c’est la diversité des personnalités. Chaque personnage apporte un ingrédient indispensable : Alakipou apporte le mystère, Félicité apporte l’amour, Jonathan apporte la rébellion, etc…

J’ai beaucoup apprécié les personnages en particulier Félicité et Tiouca.

J’ai été un peu déçue par le contenu du convoi. Je m’attendais à quelque chose de plus grandiose.

Le convoi est un sympathique roman. Une lecture idéale pour ceux qui aiment l’étrangeté, les romans d’aventures, les histoires peu communes. 

 

Et vous, que lisez-vous en ce moment ?

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  • Broché: 392 pages
  • Editeur : HC éditions (7 janvier 2016)
  • Collection : ROMAN

 

  • Poche: 448 pages
  • Editeur : Pocket (5 janvier 2017)
  • Collection : BEST

 

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Attention polar : L’esquinte – Edwige Decoux-Lefoul

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Et tout chavirement entraîne les autres dans une tornade dévastatrice…
De Louise qui parcourt le monde pour se reconstruire. De l’obsession de Sacha Malowsky pour elle, qui le conduira à passer un point de non-retour. Il emportera dans une spirale infernale Joy, la sensuelle cambodgienne, Beth Vian-Zerger, le sosie de Louise et tous ceux qui l’approchent. Son pouvoir de séduction, allié à celui de la manipulation va se conjuguer pour alimenter une machination diabolique : manipuler les gens pour arriver au crime parfait. Sonia Conti, la bombe sexuelle qui vit de ses charmes, Arno Bruchini le mafieux, Pauline Lagarde la jeune attachée de clientèle de la banque et Mady Lebolzec, vieille dame riche et élégante, lui serviront de pions pour arriver à ses fins. Et quelles fins !

Trahison et vengeance, amour et humour, rebondissements et retournements, sexe ; la nature humaine dans tous ses états, bons et mauvais.

l'Afrique écrit

La 4e de couverture m’a fait de l’oeil, j’ai succombé.

Le récit débute avec l’arrière plan familial de Louise. On découvre Katia-la-Russe, sa mère qui  était soit merveilleuse de tendresse envers ses enfants, soit terrifiante de colère. 

Louise a pris sa vie en main très jeune, elle aime sa liberté, le mariage ne fait pas partie de son vocabulaire. C’est une femme qui aime la simplicité contrairement à son copain Sasha. Bel homme, matérialiste et carriériste, il aime les femmes qui lui résistent. 

Sasha, très porté sur le sexe rompt son pacte d’harmonie avec Louise. Cette trahison rappelle à Louise, les mots de sa mère :  « Les histoires d’amour finissent toujours mal. » 

Pour s’oxygéner, Louise décide de partir découvrir de nouveaux horizons. L’auteure a eu la délicatesse de ne pas nous plonger dans un cours ennuyeux de géographie. 🙂

Son détour à Paris lui révèle l’existence de son sosie. Là, mon imagination se met en marche, je me demande qui ça peut bien être et comment cela peut affecter l’intrigue de l’histoire. 

Louise s’éclipse et Sasha entre en scène. Au lecteur, il se présente sans masque. Il ne renie pas son obsession dévorante pour Louise, son égoisme, sa détermination à avoir ce qu’il veut sans penser aux autres. 

J’éprouvais de la pitié pour lui lorsqu’il cherchait à retrouver Louise et se faire pardonner mais j’ai fini par le mépriser lorsqu’il a dévoilé son caractère manipulateur en utilisant Sonia Conti, pour arriver à ses fins. Il s’y connaît en stratagème, c’est un personnage effrayant. 

Dans cette oeuvre, les personnages principaux comme secondaires prennent la parole ne serait-ce que sur quelques lignes. Rassurez-vous ce n’est pas un foutoir, le lecteur ne s’y perd pas. C’est d’ailleurs une belle occasion pour mieux comprendre les motivations des personnages. 

J’ai apprécié les retournements de situation, l’enquête méthodique des policiers. J’ai apprécié la nouvelle vie amoureuse de Louise même si je juge la rencontre très romanesque

J’ai moins apprécié le portrait du commandant Justin Braque que j’ai trouvé un peu caricatural. Il y a également quelques moments de l’histoire qui sont un peu tirés par les cheveux comme la visite de Sonia Conti à Ker Barbouille. 

Ce roman policier n’est pas le top des polars mais l’histoire est assez plaisante à lire. C’est un excellent moyen pour découvrir la Bretagne sans se déplacer, observer sans conséquence la nature humaine avec ses bons et mauvais côtés. 

Merci à Publishroom pour ce service presse. 

Un mensonge c’est une part de liberté qui disparait disait Louise

Beth regarda l’accoutrement de Lilou avec consternation. Beth pensait qu’il fallait aider la nature à embellir les choses, Louise trouvait que la nature était naturellement belle pour la repecter telle qu’elle s’offrait. Elle portait donc un Jean propre, un pull-over irlandais en laine blanc cassé et des courtes bottes en peau de mouton retournée. Contrairement à Beth, elle ne se maquillait pas et ne portait aucun bijou. Louise ne s’encombrait jamais de superflu.

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Maison d’édition : Publishroom

Format : Kindle, Epub

En vente sur Amazon, Publishroom.

Nombre de pages : 247

l'auteur du mois

Née à Combourg, au pied du château de François-René de Chateaubriand, Edwige Decoux-Lefoul vit en Bretagne les trente-cinq premières années de sa vie. C’est dans le Pays bigouden, à Pont-l’Abbé et Loctudy qu’elle ancre sa vie et sa famille. C’est également là qu’elle découvre la joie de faire du bateau et qu’elle en fera sa première source d’inspiration.

Le goût de la lecture et de l’écriture par son lieu de naissance, celui de la mer pour ses loisirs, et ses voyages en Asie et en Indes, l’on conduit, au fil des années, à écrire des récits de voyages, des récits de croisières à bord de la Marie-Madeleine, des biographies privés et des romans meurtriers.

Une œuvre importante et privée est réservée à ses trois petits-enfants. Avant, pendant et après leurs naissances. Elle écrit leurs vies, leurs œuvres, leurs familles, le monde dans lequel ils évoluent, avec ses bonheurs et ses malheurs. Des histoires dont ils sont les héros, des contes, des spectacles et autres carabistouilles.

Elle a fait de la communication et de la formation, son principal métier, l’écriture est devenue sa passion.

Elle partage sa vie entre la Bretagne sa terre natale, la Normandie sa terre d’adoption, Paris où elle habite et Saint-Vaast-La-Hougue, port d’attache de la Marie-Madeleine et de ses amis depuis plus de trente ans.

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Publié dans Psyché

Quand le vice séduit la vertu

le vice séduit la vertu

Elle m’attire… J’exprime mal mon ressentiment, « elle me dérange » sied mieux.

Je n’aime pas mon contraire et sa surface lisse. Je n’aime pas les louanges qu’on lui fait, je n’aime ni sa lumière, ni sa pureté.

Comment faire d’elle mon semblable ?

“Vice : plaisir que l’on n’a pas goûté.”

Non, si je lui parle de plaisir elle essaiera de me démontrer que la vertu en regorge. Vaut mieux que je ne joue pas cette carte.

“Le vice est toujours puni. La vertu aussi.”

Une autre carte à éliminer. Elle me dira qu’elle voudra être punie en ne se reprochant rien. Pfft ! Saleté de vertu ! Toujours à vouloir prôner le bien et à juger le mal !

Elle me dérange !

Que faire pour qu’elle embrasse ma nature et disparaisse à jamais ?

Comment l’approcher ? En lui faisant croire que tout ce qu’on dit sur moi n’est que mensonge ?

Et si …

Je suis peut-être sur la bonne piste. Il n’est pas bête de lui faire croire que je ne suis que le reflet du cœur de celui qui me juge. Je suis le bien pour ceux qui agissent bien et le mal pour ceux agissent mal. Mon argument tient-il la route ?

Ne serait-ce pas plus facile de lui dire que je voudrais être comme elle ? Cela marchera à coup sûr, elle a tellement envie de sauver des vies et rallonger sa liste de partisans !

Pfft ! Saleté de vertu ! Toujours à vouloir prôner le bien et à juger le mal !

Je lui dirai toutes mes bonnes intentions. Elle ne sera pas accompagnée de son ami « le discernement », je pourrai faire d’elle ce que je veux.

Je  ferai tomber ses défenses en louant ses qualités ;  je conterai, le visage attendri, toutes ses merveilles ;  les flatteries bloquent l’accès aux voies de la réflexion.

Je lui dirai de me hisser à son niveau, d’exercer toute son influence sur moi. Elle m’ouvrira ses bras, ensemble nous exécuterons la valse de l’illusion que le temps n’arrêtera pas. Nous fusionnerons, collé-serré, nous danserons. Je lui ouvrirai mon intimité pour effacer sa particularité.

J’épuiserai ses forces, je changerai son visage immaculé. Je lui donnerai ce qu’elle a toujours rejeté en moi.

Quand dans mes yeux, elle lira enfin le mal, son cœur sera déjà rempli de moi…

© Grâce Minlibé – Copie interdite sans autorisation de l’auteure.

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Drôle de printemps suivi de miniatures

Drôle de printemps

D’une séquence à l’autre, l’auteur nous plonge dans le « printemps arabe » avec ses espoirs, ses enjeux, ses dérives et ses folies. Dans un mélange de réalisme, d’humour, de dérision et de fantaisie, Youssouf Amine Elalamy raconte, dans son style bien à lui, les révolutions qui ont bouleversé le monde arabe. 

La révolution était en marche. A la télé, on avait annoncé 200 mille personnes pour la manif de vendredi. Un homme y va pour vérifier si la télé dit vrai. Il y trouve beaucoup de monde mais pas de révolution. Les 200 mille personnes étaient-elles vraiment venues pour faire une révolution ? N’étaient-elles pas venues vérifier si la télé disait vrai et s’il y aurait effectivement 200 mille personnes à la marche ?

Et ce pauvre gars qui répétait toujours le même mot : »rêve, rêve, rêve… » Savait-il pourquoi il était là ?

Ce pauvre gars nous explique à la deuxième séquence du livre pourquoi il répétait ce mot. Le ton frais avec lequel il s’exprime nous fait esquisser un sourire, ce sourire se mue en rire au fur et à mesure que l’on avance dans les séquences.

Drôle de printemps c’est 330 micro-récits, des récits quelquefois liés (la séquence suivante est une réplique à la séquence précédente), très souvent dissociés.

Les gens du peuple, les forces de l’ordre, le Leader politique à qui le peuple crie: « Dégage », s’expriment tour à tour et dévoilent leurs fantasmes, leurs frustrations.

Les personnages qui se succèdent dans ces récits sont loufoques, un peu schizophrènes sur les bords. Jugez-en par vous-même :

Tous les jours, je fais la tournée des librairies et je leur prends un exemplaire de mon livre comme ça mon éditeur ne pourra pas dire que c’est un bide. Heureusement qu’on n’a pas publié ma photo sur la 4ème de couverture. Les vendeuses m’auraient reconnu sinon.

Ce n’est pas parce qu’on est barbu qu’on est castré. Si Dieu avait voulu qu’on s’abstienne de regarder les femmes, il nous aurait fait pousser la barbe sur les yeux. Et puis il n’ y a pas que les hommes qui ont de la barbe. Les femmes la portent ailleurs, c’est tout.

Que Dieu bénisse Apple, Blackberry, Samsung, Nokia et tous les smart phones de la Terre. Aujourd’hui, avec une bonne charge d’explosifs et un téléphone portable qu’on actionne à distance, chacun de nos hommes est une bombe à distance, chacun de nos hommes est une bombe à usage illimité. On n’arrête pas le progrès.

A mon arrivée là-haut, personne ne savait où me caser. Mon coeur méritait le paradis, mon appareil génital l’Enfer et d’autres morceaux le Barzakh. A la fin, il a fallu recourir à l’arbitrage de Dieu en personne.

Pour ma carrière de pick-pocket, je ne pouvais pas espérer mieux. Avec ce voile intégral, ils me prennent tous pour une femme. J’ai fait coudre plein de poches à l’intérieur pour le rangement. Des grandes pour les Galaxy Note, des plus petites pour les i-phone.

99% ? Quand on me l’avait annoncé, je n’arrivais pas à y croire. Pas la peine d’être voyant pour voir qu’on avait truqué les résultats. J’avais donné mes ordres pour qu’on me retrouve les 1% et qu’on me les ramène tous ici, les poings liés.

Le désir de révolution ne se ressent pas seulement au niveau politique, il se ressent à l’intérieur de la cellule familiale, dans les rapport homme-femme.

L’abus, la duperie n’ont pas que pour cadre le domaine politique, ils existent également à l’échelle le plus bas de la société.

J’ai apprécié ce livre pour sa fraîcheur, pour les éclats de rire qui effacent les éclats d’obus. Avec ce livre, on imagine ce qui a dû se passer dans les foyers arabes lors de la révolution, tous les non-dits… J’ai apprécié voir le printemps arabe sous cet angle.

Les séquences sont assez courtes  mais on est un peu perdu quand elles sont dissociées.

Beaucoup de séquences tournent autour du sexe, cet aspect m’a un peu gênée.

L’auteur à travers ces micro-récits nous rappelle ceci : il vaut mieux en rire qu’en pleurer…

 

 

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Miniatures 

« Miniatures » est un recueil de  cinquante portraits dont les histoires se recoupent et forment une fresque de la société marocaine contemporaine. De la petite bonne à tout faire au golden boy de la bourse de Casablanca, du cyberdragueur au professeur intégriste religieux, les personnages miniatures dessinés par Youssouf Amine Elalamy se racontent…

Ils nous exposent des fragments de leur vie et nous laissent y lire leur pauvreté, leur dépit, leur foi, leur compassion théorique, leur fatalité…

Leurs points de vue et attitudes sont souvent hilarants. Prenez pour exemple cet homme qui pense que les techniques de reproduction que sont les pratiques sexuelles en multipliant les exemplaires à volonté, remplacent une oeuvre unique, exclusive, par un phénomène de masse ou encore cette femme qui ne mange plus rien (viande ou céréale) parce qu’étant mère, il est inconcevable pour elle de manger les enfants des autres.

[…] Marcel a perdu, en l’espace d’un mois, son père, puis son fils Aimé. Depuis, Marcel, qui n’a pas perdu la foi pour autant, ne se signe plus qu’Au nom du Saint Esprit.

 

A la maison, son père n’a d’yeux que pour  sa sœur, sa sœur n’a d’yeux que pour son frère, son frère n’a d’yeux que pour sa mère, sa mère n’a d’yeux que pour lui qui n’a plus d’yeux du tout. Une chance que la balle qui l’a touché ne l’ait pas tué.

Il y a du rire dans « Miniatures » mais aussi des larmes. Comme dans la vraie vie, tout n’est pas rose…

Publié dans Psyché

Atteinte du syndrome de besoin de reconnaissance

Et moi ? Et moi ?

Ce sont les mots que prononce silencieusement son âme.

Face triste, cœur serré, Elle aurait voulu… elle aurait voulu…

Elle aurait voulu que ces félicitations s’adressent à elle, que ces compliments lui reviennent, que ses actions soient louées.

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Elle aurait voulu qu’on l’auréole, avoir la première place, être sous le feu des projecteurs. En elle, brûle ce désir d’être connue, reconnue, d’avoir son compte d’admiration sans cesse crédité.

syndrome du besoin de reconnaissance

Elle a besoin qu’on lui dise : merci d’exister !

Elle fait triste mine à chaque fois que les rayons de lumière sont projetés sur quelqu’un d’autre tandis que l’étau de l’obscurité se referme sur elle.

Elle ne voudrait pas que je vous le dise mais n’ayant signé avec elle aucun contrat de confidentialité, mes lèvres ne resteront pas scellées.

Je ne le chuchoterai pas à vos oreilles, ce que j’ai à vous dire n’a pas l’allure d’un secret.

Je ne le dirai pas avec une voix mielleuse, mère porteuse de l’hypocrisie.

Je ne le dirai pas d’un ton solennel, je ne suis pas amie avec le protocole.

Je le dirai avec le ton le plus normal qui existe dans ma panoplie vocale : elle a le syndrome du besoin de reconnaissance. 

Selon Lysiane Panighini, une psycho-praticienne, le besoin de reconnaissance ne se fait pas vis-à-vis de n’importe qui, mais plutôt par rapport à des personnes ou groupes « référents ». Des entités reconnues comme ayant une certaine valeur morale, éthique, hiérarchique, culturelle, ou affective, voire tout cela en même temps »

« Plus la personne ou le groupe a une importance pour nous, et plus le besoin de reconnaissance peut être grand. Être reconnu par ces derniers, c’est dans une certaine mesure être aimé et apprécié d’eux. » Sous entendu, « si ces personnes reconnaissent ce que je suis cela veut dire que j’ai une certaine « valeur » et que j’existe à leurs yeux. »

Pour Lysiane Panighini, cette problématique prend ses sources la plupart du temps dans l’enfance. Certains enfants sont survalorisés par leurs parents et deviennent ainsi dépendants de reconnaissance des personnes « référentes » qu’ils aiment le plus ».

Ce besoin devient handicapant lorsque la personne n’est plus apte à s’auto-évaluer à une juste mesure et lorsque la personne s’oublie elle-même au profit de cette quête d’approbation. Elle peut alors en arriver à perdre de vue ses propres valeurs, pour essayer de coller au plus près des personnes référentes. Il peut y avoir aussi une impression de rabaissement, de non respect de soi, et surtout un grand sentiment de tristesse lorsque la reconnaissance ne vient pas.

Comment se débarrasser de ce besoin de reconnaissance qui emprunte le même chemin que la jalousie ? 

Il faut  :

  • Avoir le sens du partage. Se dire sans cesse : je ne suis pas le soleil, la terre ne tourne pas autour de moi. Je ne suis pas le centre du monde, l’autre a autant besoin que moi de compliments.

 

  • Ne pas accorder trop d’importance aux compliments, l’excès nuit.

 

  • Travailler son estime de soi, se valoriser.

 

  • Développer une indépendance par rapport au regard ou aux dires des autres.

 

  • Développer l’humilité.

 

 

 

Ne quittez pas la page si vite ! Je vous soupçonne d’avoir ce syndrome. Faites vite ce test pour que je sois située ! 😀

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Les poux du célibataire

poux du celibataire

Ça démange, ça indispose.

Ça s’accroche, se reproduit à une vitesse record.

Ça résiste, il est souvent difficile de s’en débarrasser.

Leur présence affole.

De quoi est-il question : de poux mais pas ceux auxquels vous pensez.

Ce sont des poux immatériels, invisibles qui indisposent le célibataire : la nostalgie du passé, les émotions, le regard sur la vie de l’autre, l’obsession.

La nostalgie du passé

“La nostalgie ? Ça vient quand le présent n’est pas à la hauteur des promesses du passé.” Neil Bissondath

“La nostalgie est un poison.” Gao Xingjian

“Il y a dans la mélancolie assez de poison pour tuer un homme.” Maurice Toesca

Quand on est célibataire, le repos mental est important. Qu’est-ce que j’entends par repos mental ?  Ne pas passer beaucoup de temps dans le souvenir, oublier le passé et ce qui n’est plus.

Les souvenirs sont dangereux. Un seul regard en arrière peut modifier notre état d’esprit : nous rendre triste ou heureux.

Oublier ce n’est pas renier, oublier c’est ne pas faire une rumination mentale, ne pas penser sans cesse à telle ou telle chose, y consacrer beaucoup de temps et d’énergie. Il n’est pas question de renier l’existence de beaux moments vécus avec vos ex mais de ne pas méditer sur ce que vous aviez et de le comparer à votre situation actuelle.

Oubliant ce qui est en arrière et me portant vers l’avant est ma devise.

Je ne pense plus à mes anciennes relations amoureuses. Je ne laisse aucune place à la nostalgie car je sais qu’elle peut entraîner tristesse et amertume.

Le regard sur la vie de l’autre

Plusieurs copines de notre promotion se marient et immédiatement, la guillotine menace de tomber sur notre espérance. Ce que l’autre a nous renvoie à ce que nous n’avons pas, ce que nous cherchons ardemment.

Porter un regard sur la vie de l’autre n’a rien de nocif s’il est bref mais le regard intensif, lui peut être très toxique.

Le premier regard que l’on porte par exemple sur les photos de mariage d’une amie est généralement adressé à la situation et à la personne. On est d’abord content de voir que la robe de mariée est belle, la cérémonie s’est bien passée puis de voir l’amour que reflète les mariés. Le 1er regard est extérieur, on survole en quelque sorte.

Le deuxième regard que l’on porte va plus en profondeur. Notre esprit va maintenant chercher une correspondance entre l’extérieur et l’intérieur et va conduire au schéma émotionnel suivant :

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Vous voulez le repos émotionnel ? Ne passez pas plus de 5 minutes dans la vie de l’autre, contentez-vous d’un seul regard sur la situation.

Pour n’avoir qu’un seul regard, il faut être conscient que chaque vie est unique et les chemins de vie différents. Nous n’avons pas les mêmes parcours, objectifs, buts, les m souffrances, les mêmes succès alors la vie de l’autre (CTRL+C ) ne peut pas être notre vie (CTRL+V).

Restons concentrés sur nos vies, nous avons tant de choses à faire avec elles…

Les émotions silencieuses : la peur et la tristesse

On retrouve deux émotions permanentes chez le célibataire désespéré : la peur et la tristesse.

Le célibataire désespéré a peur de l’abandon, peur de la solitude, peur de passer à côté de l’amour, de la passion, de la vie de couple et familiale. Le célibataire désespéré a peur que l’avenir sentimental se présente mal.

Comment vaincre cette peur ? Arrêter de spéculer sur l’avenir et réduire le degré d’importance que nous accordons à la vie de couple. Pour aller plus loin dans cette idée, cliquez ici.

La Tristesse, se prolonge de un à plusieurs jours. Imaginez toute l’énergie que l’on perd en étant triste, toutes ces choses sur lesquelles nous passons parce que nous sommes dans cet état !

Comment éviter la tristesse ? En la remplaçant par ce qu’elle n’est pas. Qu’est-ce qu’elle n’est pas ? Je vous invite à le trouver vous-même. 😀

L’obsession

Manger est un besoin mais la boulimie transforme ce besoin en pathologie.

Votre besoin d’avoir un homme ou une femme dans votre vie est normal mais ne transformez pas votre besoin en pathologie, en boulimie.

Que votre besoin d’avoir un partenaire ne soit pas un besoin incontrôlable, une obsession qui puise toute votre énergie. Si vous êtes concentré sur votre désir de trouver le partenaire qu’il vous faut, fonder enfin une famille, vous ne ferez rien de constructif dans votre vie et pourtant comme dit plus haut, nous avons beaucoup de choses à faire de notre vie et elle est très courte.

Quittez la branche de l’obsession et saisissez celle du « lâcher prise« . J’ai trouvé un article très intéressant sur le sujet, ça vous fera du bien de le lire.

Voilà, vous avez tous les ingrédients pour vous débarrasser de ces poux alors …

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Obsession

L’Attente fortement ressentie par le personnage de la nouvelle Obsession… – qui a inspiré le titre de ce recueil – est un leitmotiv partagé par plusieurs autres nouvelles. Dans Marie-Espoir, Comment choisir ? et Tic-tac, après maintes déceptions, la vie s’annonce  enfin prometteuse pour Marie, Sakhine et Aboua. Quant à la cupidité, véritable gangrène sociale, elle fait prendre des risques à Betty, Elisa et Aby, trois jeunes dames pourtant pleines de vie dans Les attaquantes, et même à Jacob pour qui l’argent semble plus précieux que sa santé dans Le matelas. Ainsi va la vie, entre déboires et rayonnements, vices et innocences…

Dans ce recueil de quinze nouvelles, des travers de notre société  comme l’inceste, le mariage forcé, l’escroquerie, côtoient des sentiments nobles tels que l’Amour et le Don de soi, pour montrer que l’Espoir est toujours et encore permis.

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En parcourant la quatrième de couverture, on peut penser que ce recueil est banal, qu’il vaut un autre livre et pourtant …

L’on ferait un «Reading–faux-pas » en sous-estimant la force de cette œuvre.

En parcourant mon blog, vous pourrez voir que j’ai lu plus d’une dizaine de recueil de nouvelles, si vous me demandez celui qui m’a le plus marquée,  je vous dirais : Obsession de Komara Constance Mariam.

J’ai l’habitude de lire des nouvelles avec des chutes brutales, inattendues, Komara Constance Mariam m’a fait découvrir des nouvelles aux belles ouvertures et forts goûts d’inachevé.

La majorité des nouvelles se termine avec une action en suspens, l’auteur donne la liberté au lecteur de trouver la fin qui lui convient.

La plume de l’auteur est simple, sans fioritures ce qui permet au lecteur de se projeter facilement dans les scènes décrites.

L’auteur ne veut pas ennuyer son lecteur et on le sent dans les moindres détails. Chaque héros de nouvelles a une profession différente ce qui nous permet de voyager dans des décors distincts : expert en développement durable, banquière, entrepreneur, professeur à domicile, policier…

Il en est de même pour les sujets évoqués : inceste, recherche d’une ascension sociale, cupidité, corruption, pauvreté, chômage, mariage consanguin…

 Quelles sont les nouvelles que j’ai préférées ?

Marie-Espoir

Je parie qu’avec un prénom pareil, vous m’imaginez pleine d’espoir ! Je vis sur une « Terre d’Espérance »  mais hélas, je ne peux être la mascotte de mon pays tant je suis le pessimisme personnifié !

L’emploi de Marie-Espoir est en-dessous de son niveau d’études, sa vie sentimentale est un désastre.  Désespérée de sa situation, elle se réfugie dans la prière et les veillées à l’église. Là-bas, elle recevra une prophétie qui désignera son mari, un homme auquel elle ne s’attendait pas et le lecteur non plus…

J’ai beaucoup aimé cette nouvelle pour la mise en exergue d’un fait que l’on rencontre souvent dans les églises évangéliques où des couples sont formés sur la base de prophéties divines. Révélation divine ou calcul sentimental effectué par les pasteurs ? Seul DIEU, le pasteur et le couple formé le savent … 😀

Cette nouvelle se termine sur un gros dilemme et j’avoue avoir élaboré plusieurs scénarii pour la suite de cette histoire.

J’y suis, j’y reste

J’y suis et j’y reste ! Vous les jeunes d’aujourd’hui vous êtes ingrats. Comment comprendre que vous voulez me faire quitter la maison qui vous a vu naître ? Dans cette maison, j’ai été pauvre. Dans cette même maison, j’ai eu ma fortune.

Un père de famille refuse de quitter sa maison située dans un bidonville et pourtant sa situation financière lui permet de le faire. Pour quelle raison est-il si attaché à cette maison ? La réponse est à la fin de cette nouvelle

J’ai bien aimé  le côté mystique de cette nouvelle qui fait 10 pages. Là encore, l’histoire s’achève sur un choix que doit opérer l’un des protagonistes de l’histoire et l’on ne peut en tant que lecteur s’empêcher de vouloir choisir pour lui.

Tic Tac parce que j’ai connu la période de chômage et toutes les interrogations qui en découlent.

Comment choisir ? Rester dans une vie de maîtresse frustrée d’un homme marié ou épouser un étranger et vivre une union longue distance avec son corollaire de contraintes, ou alors me mettre en couple avec un collègue avec tout ce que cela impliquera comme déconvenues professionnelles et racontars sur notre compte ?

A la place de l’héroïne, qu’auriez-vous fait ? Moi, je cherche encore … 😀

 

Et pourtant c’est lui. Un homme est accusé d’avoir volé le portefeuille d’un autre. L’accusatrice est formelle mais le portefeuille ne se retrouve pas sur l’accusé. Où se trouve-t-il donc ? Cette nouvelle s’étale sur 2 pages. J’ai beaucoup apprécié sa touche d’humour.

Veuf mais pas trop  Un homme perd sa femme. En plein deuil, il s’aperçoit que celle qu’il a épousé n’était pas vraiment sa femme… J’ai été agréablement surprise par la fin. Là encore, on ne peut s’empêcher de s’imaginer la suite des événements de l’histoire.

Fatalité qui dénonce les conséquences du mariage consanguin. L’histoire m’a beaucoup émue.

Quelques nouvelles ne m’ont pas séduite. Il s’agit de :

Renoncer.  Le récit d’un policier qui se laisse entrainer dans la corruption et décide d’y renoncer. La moralité est forte mais je n’ai pas été transportée émotionnellement.

Mes yeux ont vu. Un amoureux de la nature au point de voir en elle une femme… L’histoire se lit aisément mais elle ne m’a pas emportée.

Le matelas.  Un homme à l’apparence très pauvre et pourtant très riche. J’ai déjà entendu une histoire de ce genre avec le même début, le même corps et la même fin. Je m’attendais à une autre tournure de l’histoire, plus originale.

La grenouille du Marabout. Le début de la nouvelle ressemble à un conte. Je n’arrivais pas à entrer dans l’histoire. J’ai relu les premières pages à deux reprises.

Garba le Jouisseur veut officier comme marabout afin d’assouvir ses fantasmes démesurés. Il utilise donc un subterfuge pour arriver à ses fins. Son manège fait rire, la fin de l’histoire aussi mais je m’attendais à une autre tournure, à une fin plus explosive.

Je vous souhaite une très belle découverte de l’œuvre.

Quel recueil de nouvelles lu vous a marqué ?

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Mémoires de porc-épic

mémoires de porcépic

Pourquoi ce livre

Après ma lecture de Verre Cassé, j’ai eu envie de me plonger davantage dans l’univers d’Alain Mabanckou. La quatrième de couverture laissait entrevoir une histoire intéressante alors c’est sans hésitation que j’ai retiré ce livre du rayon où il se trouvait. 🙂

Résumé

Une légende populaire africaine affirme que chaque être humain possède son double animal. Un étonnant porc-épic, double d’un certain Kibandi nous livre son histoire. Il est chargé par son alter ego humain d’accomplir à l’aide de ses redoutables piquants toute une série de meurtres rocambolesques. Malheur aux villageois qui se retrouvent sur la route de Kibandi, car son ami porc-épic est prêt à tout pour satisfaire la folie sanguinaire de son «maître»!

Mon avis

Il est fou cet Afflelou  

Il est fou ce Mabanckou! Il a encore réussi à me faire éclater de rire en pleine rue!

«Mémoires de porc-épic» est un récit picaresque où les rites de la culture africaine sont revisités avec humour et dérision.

On se laisse emporter par le destin de cet étrange porc-épic à la fois attachant, bavard, agité, très au fait de la nature humaine et usant de la digression comme arme jusqu’au bout afin de nous peindre, nous les humains, et parfois nous blâmer sans répit.

J’ai beaucoup apprécié ces clins d’œil faits à la culture africaine, ces notes d’ironie sur l’Origine du monde et de l’homme, ces émotions diverses et fugaces qui nous saisissent au long de notre lecture.

Si l’on me demande à qui me ramènent les mots fraîcheur, humour et détente, je dirais les yeux fermés Alain Mabanckou.

Je vous souhaite de rire autant que moi en lisant ses œuvres et de découvrir votre double animal. 😀

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre

Ps : Les taciturnes s’ennuieront sûrement et mettront du temps à finir le livre, il faut avouer que ce porc-épic est un grand bavard 🙂